To new beginnigns - Slavina

On s'entête, affamés, désespérés aussi je le sais bien, et le sentir dans le même état que moi a au moins le mérite de me rassurer, je ne suis peut-être pas complètement folle finalement. On se dévore, toute fatigue m'ayant désertée parce que j'ai bien trop besoin de lui pour perdre du temps à dormir quand je peux le passer à réapprendre sa peau. Je renais inlassablement au désir sous ses mains, insatiable et gênée de l'être quand j'aurais voulu feindre l'indifférence. Mais mon corps n'a jamais su lui mentir, pour l'instant le mieux que je parvienne à faire est de ne pas le supplier explicitement, c'est dire où j'en suis !

Les quelques instants qu'il nous reste s'écoulent ainsi, dans une nouvelle étreinte qui manque encore à mon goût de la douceur dont j'ai viscéralement besoin. Je suis accrochée à sa peau, encore, quand l'heure vient pour lui de partir. Je fronce les sourcils, essaie de ne pas avoir l'air complètement accro, ni trop désespérée, et je demande quand même, une pointe d'espoir mal dissimulé dans la voix : Je peux prendre une douche avec toi...? Il doit aller se doucher de toute façon, non ?!

Nous n'avons pas pris de douche ensemble depuis que je suis parti. Pas même depuis qu'on habite à nouveau ensemble. Je n'ai pas demandé, pas osé la rejoindre non plus quand j'ai bien vu qu'elle se refusait subtilement à cet instant d'intimité importante pour nous. C'est comme les mots d'amour, je ne les demande pas, je les accueille avec bonheur quand elle m'en donne un comme aujourd'hui. Il n'y a seulement que dans le sexe qu'elle s'abandonne à moi même si les mots manquent, même si la fébrilité nous ronge, même si on se cherche avec désespoir et passion. Quand on baise, je sais qu'il y a toujours ce lien fort entre nous. Que s'il est abimé, distendu par la peur d'avoir mal il est présent et solide.

Mon cœur rate un bond, deux, s'affole tout seul tandis que la question fait résonner une joie pure en moi. Peu importe l'heure, j'acquiesce gravement "bien sur" Après le je t'aime d'aujourd'hui, c'est un nouveau pas vers moi et j'en ai la gorge nouée. On s'extirpe du lit pour gagner la salle de bain qui est une douche avec un lavabo à coté, rien de plus. Je mets le chauffage électrique en route, petite soufflerie qui réchauffe rapidement la pièce, et j'allume l'eau avant de me glisser dans le petit habitacle en plastique. Je me colle au carrelage froid pour laisser de la place à Nina. Ce qu'il y a de bien c'est que c'est tellement petit qu'on va forcément être collés l'un à l'autre ! A nouveau j'ai une bouffée d'amour et des battements de cœur désordonnés quand elle me rejoint.

Moi aussi, j'ai le palpitant qui s'affole lorsqu'il accepte. Je pensais honnêtement qu'il refuserait, parce qu'il risque d'être en retard si on s'attarde, et je crois que c'est parce que j'anticipais tellement un refus que je n'ai pas bien réfléchi avant de demander... Pourtant j'en crève d'envie, là n'est pas la question. Seulement il y a des choses que j'ai peur de lui permettre, parce que j'ai trop peur de ce qu'il adviendra si tout foire une nouvelle fois. J'ai peur de créer de nouveaux souvenirs, de retrouver ces gestes passés qui autrefois me semblaient si purs et qui ont aujourd'hui le goût amer du mensonge et de la tromperie. C'est difficile pour moi, je crois qu'il ne se rend pas bien compte. Lui est seulement parti en laissant derrière lui une histoire inachevée. Mais pour moi son départ, la façon dont il est parti surtout, a sali l'intégralité de notre mariage, et les souvenirs que je devrais chérir sont devenus douloureux.

Je me lève, fébrile, pour le suivre dans la salle de bain, le cœur battant à tout rompre parce qu'une douche avec lui me semble plus intime encore que de coucher dans son pieu ! Sa douche est minuscule et quand je m'y glisse avec lui, nos corps se touchent aussitôt. Je fais remarquer dans un sourire pour détendre l'atmosphère, la voix un peu trop tremblante pour qu'il soit dupe cela dit : Tu vois, on a bien fait de choisir le deuxième appart'... La douche est très grande et y a une baignoire... L'eau est déjà tiède quand elle coule sur nous et je demande dans un nouveau sourire : Plus chaud ?

Je suis collé au mur, un robinet douloureusement coincé contre ma (suspens)
hanche (!!!) , et j'enlace Nina d'une main posée sur ses reins. J'ai un frisson de plaisir à la tenir ainsi dans la douche. Je m'exécute pour mettre l'eau plus chaude, alors même que je pensais qu'elle l'était suffisamment ! "Humhum la douche est bien grande c'est vrai, mais c'est bien aussi les petites douches." Je le dis en l'attirant contre moi avec un sourire, mon corps faisant rempart de l'eau malgré lui. Je me voûte, prends sa bouche avec une vibration intense de tout mon être. Je souffle avec une drôle d'hésitation comme pour lui demander l'autorisation alors que la plupart du temps je prends sans demander, histoire de ne pas me heurter à un refus. C'est souvent comme ça que je fonctionne ! Mais cette fois c'est très différent, c'est un cap à passer et je veux passer ce test haut la main. "Je peux te laver ? Tu peux choisir le gel douche. Le mien, ou le tien" elle a amené ses affaires qui parsèment quelques coins de l'appartement mais de façon encore très éparse, ce qui n'est pas sans m'inquiéter. Dans le nouvel appartement, ce sera différent. Ce sera le nôtre, je m'accroche à cette idée. J'espère en tout cas parvenir à le faire mien, quand je n'ai jamais vraiment eu de lieu que je considérais comme une maison, même le chalet si je dois dire la vérité. Peu importe où je loge, je m'investis émotionnellement très difficilement dans un lieu, j'en ai trop souvent changé.

Il me ramène un peu plus contre lui et je secoue doucement la tête dans un sourire. T'en fais pas, je te promets de me coller à toi même dans la nouvelle douche. Ce sera juste plus confortable parce que là on peut très difficilement se tourner. En fait si j'y réfléchis je ne suis même pas sûre qu'on puisse baiser dans cette douche, pas sans se blesser au passage en tout cas ! Je tends les bras, les passe autour de son cou autant pour l'enlacer que pour trouver quoi faire de mes mains. Je ne peux pas seulement les glisser dans son dos sans me brûler contre le mitigeur alors il faut bien trouver autre chose... Bon sang, moi j'ai terriblement hâte qu'il ait déménagé.

Je suis surprise, non pas qu'il veuille me laver mais qu'il pose la question. Si tous mes muscles se tendent brusquement d'appréhension, je vois mal comment le lui refuser à présent que j'ai accepté de le suivre sous la douche. Je regarde derrière lui pour attraper l'un des tubes de gel douche et le lui tendre. Ma voix est rauque, basse quand je réponds. Le tien. C'est son odeur, son parfum que je veux sur ma peau pendant qu'il ira bosser, et comme je sais que e n'aurais pas le temps d'une autre étreinte avant qu'il s'en aille, je ruse comme je peux. Mon regard est noir, gravement posé sur lui avec cette pointe de mélancolie qui ne me quitte jamais vraiment.

Son air trop grave, trop triste me poigne mais je sais qu'il faudra du temps, de la patience. Je m'efforce de l'être à chaque instant. "J'espère bien que tu te colleras à moi. C'est comme le lit...sinon je commande un tout petit lit d'une personne, pour que tu serres contre moi." Je hoche la tête content qu'elle choisisse mon savon, j'aime mon odeur sur sa peau. J'aime l'idée qu'elle veuille la mettre sur elle. J'en verse généreusement dans le creux de ma main gauche avant de reposer le flacon en équilibre, coincé contre le tuyau de la douche.


Je passe religieusement mes mains pleines de savon sur ses épaules blanches, ça mousse, ça glisse. La sensation me fait frémir d'une joie profonde, une satisfaction très particulière. Je dis lentement, avec sérieux "j'aime bien te laver. j'ai toujours aimé ça. Tu trouves ça bizarre ?" Moi je trouve ça étrange, et je ne m'explique pas pourquoi ça m'emplit d'un tel sentiment à chaque fois. C'est une explosion contenue d'amour qui se répand en moi, un sentiment très pur de tendresse, d'attention, de possessivité et de protectionnisme exacerbé. Mais je me sens aussi dépendant quand j'ai ces gestes là, à ma merci et je mets à chaque fois mon cœur à ses pieds. C'est le sentiment que j'éprouve quand je glisse sur ses flancs pour laver ses hanches, me voûtant un peu plus pour qu'elle garde ses bras autour de mon cou.

Dis pas n'importe quoi, tu rentres même pas dans un lit une place ! Je pense, sincèrement, qu'en longueur en tout cas ce sera bien trop petit ! Ou alors ses pieds pendront dans le vide, l'horreur. Non, le grand lit qu'on a acheté est parfait... Comme ça je me collerais à toi quand tu seras là, et quand j'attendrais que tu rentres, ou si tu pars plus tôt que moi le matin, je pourrais faire l'étoile de mer et prendre toute la place. C'est vrai qu'on se retrouve toujours serrés l'un contre l'autre au milieu du lit, mais quand on n'est pas en train de dormir le fait que le lit soit grand est vraiment plus pratique. Et puis j'aime avoir de la place, pourtant en réalité même quand je suis seule j'ai tendance à me recroqueviller au milieu...

Je retiens mon souffle, retrouvant tout mon sérieux quand il s'emploie à me savonner. Ma peau se hérisse brusquement en chair de poule sous ses paumes pourtant chaudes, pleines de mousse. Je hausse les épaules, une moue indécise aux lèvres. Je sais pas... Sans doute un peu, oui... Après un court silence j'ajoute pourtant : Mais moi aussi j'aimais beaucoup ça. On lui a beaucoup reproché de m'infantiliser mais je crois que j'en avais besoin, j'aimais qu'il prenne soin de moi, qu'il me couve, veille sur moi parce que personne ne l'a jamais fait avant lui et que ça manquera toujours cruellement à la construction de celle que je suis aujourd'hui. Pourtant ça m'a rendue terriblement dépendante, et la chute n'en a été que plus douloureuse lorsqu'il est parti. Je sais aujourd'hui que je ne peux plus le laisser me traiter comme une petite chose à protéger, pourtant Dieu sait comme ça me faisait du bien de pouvoir m'en remettre ainsi à lui, en totale confiance. Pensivement, je glisse mes doigts dans les longueurs de sa nuque, tentant en vain de voir ce moment comme un jeu érotique pour ne pas me sentir trop vulnérable... Mais on sait bien tous les deux que ce n'est pas ce dont il s'agit. Pourquoi ça te plaît...? Je finis par demander pour briser le silence.

"Bien sur que si je rentre dans un lit une place srce moje, tout collé contre toi ! " J'ai un rire amusé et surpris "vraiment tu fais l'étoile de mer ? J'aimerais voir ça ! Comme ça je ferais pareil quand c'est moi qui t'attendrais" je ne veux pas qu'elle pense qu'elle doive toujours m'attendre et jamais le contraire. C'était déjà une source de dispute dans le Bronx quand elle trouvait que je n'étais pas assez présent malgré tous mes efforts. Et ici ? Comment ça va se passer ? Tout m'inquiète ce soir, peut-être le stress du nouvel appartement qui se concrétise si vite !

Je frotte ses reins, remonte bien plus tendrement sur son ventre et je viens laver ses seins jusqu'à en hérisser les pointes. J'imagine que oui, un œil extérieur doit trouver ça pervers. je note la phrase au passé, la laisse flotter douloureusement sans pourtant cesser de la laver. Je dodeline de la tête à sa question. Il n'est pas si simple d'y répondre. Pourquoi est-ce que j'aime ces gestes là ? "Tu as la peau douce, et j'aime te toucher." Bien sur je pourrais invoquer le sexe, le désir, mais ce n'est même pas ça. Je peux me passer du sexe en lui même, c'est vraiment l'acte de la savonner qui me fait plaisir. "Je m'occupe de toi... Mon pouce sur la pointe de son sein s'est arrêté pour la torturer tout doucement, ma main soutient le globe crémeux et plein de mousse que je viens embrasser. La pointe de ma langue passe, trace un sillon dans les bulles au goût de savon. Mon souffle est plus court quand je demande, anxieux même si je tente de le cacher. "Est-ce que tu aimes encore que je te lave ?"

Je secoue doucement la tête. En longueur je suis sûre que tu rentres pas. Ou alors de façon très inconfortable. Je fronce le nez, un léger sourire aux lèvres. Non, c'est même pas vrai... Je me roule en boule au milieu du lit parce que je crève de froid. Peu importe la saison, la température de la chambre, depuis qu'il est entré dans ma vie, je ne sais pas être seule dans un lit sans mourir de froid. J'ai besoin de sa chaleur, toujours. C'est en partie pour ça que la kétamine m'est nécessaire pour trouver le sommeil depuis plus d'un an. Je n'ai pas encore arrêté d'ailleurs, je dors bien trop mal sinon... Je ne lui en ai pas parlé, je ne me cache pas spécialement pour autant, je ne sais pas s'il sait, s'il devine seulement...

Je souffle d'un ton boudeur :Toutes les femmes ont la peau douce... Ou presque... Je me demande combien se sont douchées avec lui, combien d'entre elles ont eu droit à ce traitement-là mais je n'oserais jamais poser ouvertement la question, j'ai bien trop peur de la réponse. Bien malgré moi, je sens ma peau réagir à ses caresses, la pointe de mon sein se dresser sous ses doigts et le désir qui s'enroule à nouveau autour de mes reins. J'hésite, vraiment, sur la façon de répondre à sa question, je ne sais pas jusqu'où je peux pousser l'honnêteté, j'ai encore peur qu'il finisse par utiliser mes aveux de faiblesse pour me blesser. Pourtant je prends le risque malgré tout, en entortillant nerveusement ses cheveux autour de mes doigts. Ça me fait peur... J'ai peur de... De me réhabituer à ce que tu prennes soin de moi... Et donc même si je ne le formule pas, ça signifie bien que j'ai peur qu'il m'abandonne encore.

Je secoue la tête négativement "non, personne n'a la peau si douce que toi" que ce soit homme ou femme. Et aucune autre n'a la blancheur nacrée de Nina. Aucune n'a sa fragilité émouvante, sa force rebelle aussi. Personne n'a se mélange aussi attirant. Personne ne me plait autant qu'elle. Le désir et l'amour n'ont rien à avoir avec ma fuite, ou alors par leurs excès uniquement. La tempête des émotions, la passion, ce n'est pas si simple à gérer que ça pour quelqu'un comme moi. J'imagine qu'elle le sait et que ça lui fait peur, que je sois une nouvelle fois dépassé. Moi aussi j'ai peur.

"Je sais." Difficile de lui donner des promesses convaincantes. On commence tout juste à se ré-apprivoiser et elle a bien plus de réserve que moi, ce qui est normal puisque c'est moi qui suis abruptement parti. Je mords ma lèvre inférieure, l'air concentré sur ce problème tandis que ma main s'alanguit sur son ventre, à la lisière de son sexe, et devient un poids chaud qui ne demande qu'à glisser encore plus bas, lourdement. "Je comprends." Dire que je ne ferais pas deux fois la même erreur n'est pas si convaincant à mes propres oreilles. Je suggère alors en glissant ma main un cran plus bas dans la toison douce. "Tes pas obligée de te réhabituer...tu peux juste...me laisser faire ?"

Je ne sais pas quoi lui répondre, est-ce qu'au fond ça a la moindre importance ? Je ne suis pas sûre d'en être capable lorsqu'il me demande de ne pas me réhabituer. Je ne sais pas ce que je veux, ce que je fais. Je sais que je ne voudrais pas d'une histoire fade, je sais que la passion est toujours douloureuse et que c'est pourtant cette brûlure qui m'était devenue indispensable. D'un autre côté je ne peux m'empêcher de me protéger du mieux que je peux, réfréner mes désirs, étouffer mes sentiments et les élans qui me pousseraient vers lui. Chacun de ses gestes me rappelle ce qu'on avait, ce qu'on a perdu. Comment pourrais-je être confiante quand lui-même ne semble pas sûr de lui ? J'ai la sensation qu'il ne sait pas pourquoi il a sauté dans cet avion, que lui non plus ne sait pas ce qu'il veut, ni ce qu'il fait. À nos débuts aussi j'étais apeurée mais c'est parce qu'il était si sûr de ce qu'il voulait qu'il m'avait finalement été facile de m'en remettre à lui. J'ai cru que ce serait pareil aujourd'hui mais ça ne l'est pas, quatorze mois ont passés comment est-ce que ça pourrait l'être ?

Je ferme les yeux, mon front contre le sien, le souffle soudain plus lourd parce que sa main s'aventure trop loin. C'est trop facile comme ça, me faire oublier mes craintes dans le plaisir ne fonctionne qu'un temps, il le sait bien ! Moi aussi je le sais et pourtant déjà la chaleur envahit mon bas ventre, je me laisse aller contre lui, mes seins contre son torse, mes mains revenant s'accrocher à sa nuque. Slavenko... Il y a tout mon besoin de lui dans ce mot, tout mon désir, toutes mes angoisses aussi. C'est une supplication douloureuse. Pour qu'il arrête, qu'il continue, qu'il ne me fasse plus de mal.

Je ne lui demande pas de ne pas se réhabituer. Moi j'aimerais qu'elle se réhabitue, qu'elle oublie ma défection ou la pardonne au point de me donner une seconde chance totale, mais je sais que c'est presque impossible, en tout cas en si peu de temps ! Alors je lui dis juste de faire comme elle peut et que je m'en accommoderais.

Un instant je ne sais pas ce qu'elle veut et puis ses seins heurtent mon torse, ses mains s'accroche à moi et son corps s'alanguit et je sais au moins ce que lui veut ! Et je lui offre cette satisfaction, ce plaisir, parce que ça au moins, je peux lui donner. Lentement, sans hâte cette fois, sans violence, parce que le lieu et l'avoir lavée a apaisée ma fureur sexuelle, l'a endormie tout au moins.

Quand l'orgasme l'a emportée, quand le savon a rincé nos peaux collées, je nous extirpe de la douche minuscule avant d'envelopper Nina dans une serviette et de l'emporter dans le lit inconfortable de la chambre. Je l'y dépose doucement, en m'asseyant à coté d'elle pour la prendre dans mes bras, d'un geste réconfortant plus que câlin. "faut que j'aille bosser srce. Est-ce que ça va aller ?" Je m'inquiète parce qu'elle est pale, qu'elle semble perturbée.

Les yeux clos parce que j'ai du mal à soutenir son regard, je me laisse aller contre son torse, m'en remets à lui au moins le temps de ce plaisir plus égoïste. Je tiens difficilement sur mes jambes mais la paroi de la douche dans mon dos a le mérite de m'empêcher de vaciller. Je geins, halète contre ses lèvres, laisse le plaisir me submerger pour diluer mes peurs jusqu'à ce qu'une nouvelle extase m'emporte à nouveau. La violence de l'orgasme me laisse chaque fois groggy, à bout de forces. Je me souvenais pourtant de l'intensité de la passion qui nous lie, mais avec le temps j'en étais venue à croire que j'amplifiais la réalité, modifiant les souvenirs... Ce n'est pas le cas du tout.

Je m'accroche à lui, peinant à reprendre mon souffle, écorchée vive après cet instant où il m'a mise à nue, le cœur battant trop fort, à fleur de peau. Je me serre contre lui, me shoote à son odeur dans la crainte de ne plus jamais la sentir, le bonheur de l'avoir retrouvée aussi. Je voudrais qu'il reste, je ne me sens pas la force de rester seule, de quitter ses bras mais je cède d'avance, je sais que c'est un caprice ridicule que je ne peux pas me permettre. Alors je hoche vaillamment la tête, me fend d'un sourire que j'espère convaincant en répondant d'une voix encore trop rauque : Mais oui, t'en fais pas, j'ai des cartons à préparer, mh ? Je tends le cou pour réclamer un dernier baiser et je ramène la couverture sur moi. Je vais préparer les cartons, mais pas tout de suite... Pendant qu'il s'habille, je me mords la langue pour ne pas lui demander s'il va rentrer, cette fois, prenant sur moi de ne pas l'étouffer avec mes angoisses.

Je ne peux pas la rassurer avec une heure parce que je ne sais jamais quand je rentre, ce que je fais. Ma vie est ainsi faite aujourd'hui, des ordres, des missions que j’exécute, pas d'horaires. Je caresse la joue de Nina d'un geste doux, inquiet. Je ne suis pas du tout sur que cette vie lui convienne même si contre toute attente elle a décidé de venir tenter l'aventure. Pourtant, je suis prêt à faire au mieux pour aménager ma vie et mon emploi du temps pour passer du temps avec elle, et lui donner sa place. "Je te ramène les cartons, je descends en prendre chez Flavio et ceux que j'ai encore dans son garage." Je l'embrasse et m'habille pour aller au meeting politique, treillis noir, tee-shirt, gros pull et veste à capuche, mes rangers. Je ne prends pas mon flingue, seulement mon couteau et un poing américain fourré dans la poche de ma veste. Je descends chez Flavio et je remonte les cartons que je fous dans l'entrée ainsi qu'une pizza. "j't'ai pris une pizza au cas où t'as faim. Je la mets dans la cuisine !" Je l'embrasse une dernière fois avant de filer, parce que je suis déjà en retard et que j'ai intérêt à me magner le cul. Déjà mon portable scintille de messages ! Fais chier....

La nuit sera plus longue que prévue, vu que je me retrouve au poste. Ce ne sera que sur le matin que je pourrais rentrer après de longues explications, l'intervention de notre avocat et un rapport à mon père. Rapport qui se termine en discussion houleuse, l'agacement se faisant sentir des deux cotés après une nuit blanche. Il cède toute fois parce qu'il ne peut pas faire autrement, mais le salaire escompté est vraiment de base, ce qui veut dire que je vais devoir trouver des extras. Tant pis, c'est lui qui l'aura voulu. Je l'envoie même bouler concernant une mission dans l'après-midi, parce que la journée est consacrée à mon emménagement, notre emménagement à Nina et moi.

Comme je m'en doutais, je n'arrive pas vraiment à me rendormir une fois qu'il est parti. C'est étrange de me retrouver dans cet appartement, le sien, toute seule, sans avoir la moindre idée de quand il est censé rentrer... Je m'occupe en faisant les cartons, j'y fourre tous ses vêtements, les miens, les quelques autres affaires qui lui appartiennent mais au final on n'a pas tant de choses à déménager que ça. On va vraiment devoir tout acheter. Je ne m'intéresse pas à la pizza parce que je suis trop perturbée pour avoir faim, malheureusement il y a si peu de choses à bouger que j'ai fini assez rapidement.

Alors je commence à m'inquiéter, forcément. Je n'ose pas lui écrire, j'ai trop peur de le déranger, qu'il ne puisse de toute façon pas me répondre... Il me l'aurait dit s'il ne rentrait pas de la nuit, non ? Il aurait dû me donner une plage horaire, une heure approximative, ou... Me dire que s'il n'était pas rentré après six heures je devais prévenir quelqu'un, j'en sais rien ! Je suis complètement paniquée. Tiraillée entre la peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, et celle qu'il ne revienne tout simplement pas. Je me lève d'un bond quand j'entends enfin la clé dans la serrure, les yeux cernés de ma nuit blanche, le teint pâli par l'inquiétude. J'essaie, vraiment fort, de ne pas lui sauter au cou, pour ne pas avoir l'air complètement folle, mais je le rejoins quand même à grandes enjambées pour enrouler, silencieusement, mes bras autour de sa taille.

J'essaye de ne pas faire de bruit parce que je pense qu'elle doit encore dormir et je suis surpris de voir que non. Je la récupère contre moi, avec étonnement de son empressement à me serrer si fort alors que je prends seulement conscience qu'elle a du s'inquiéter. "Hé srce. Salut..." J'embrasse le haut de son crane et la presse contre moi d'un geste réconfortant. Je reste une minute à la tenir dans mes bras en silence avant de proposer "Un café ça te dit pas ?" Je m'écarte mais lui je lui prends la main pour l'attirer vers la cuisine où trône la machine à expresso. J'ai sans doute les traits tirés et j'ai une croute séchée (mais propre et nettoyée, j'y ai veillé au QG) à l'arcade sourcilière, mais sinon, j'ai l'air d'aller tout à fait bien ! Je vais tout à fait bien !

J'ai un air désolé en sortant une clope de mon paquet et en ouvrant la petite fenêtre de la cuisine. "Tu n'as pas l'air d'avoir dormi beaucoup zlato..." Oui je crois bien que je la gronde un peu de faire si peu de cas d'elle. D'autant que la pizza n'a pas bougé d'un pouce et que quand j'ouvre le carton, elle est intacte. Je soupire et j'en prends un morceau que j'avale froid, c'est égal. Je fais couler deux cafés en m'appuyant les reins contre le meuble de cuisine. J'esquisse un sourire, mon regard s'adoucissant sur Nina parce que je devine que ce n'est pas facile. J'essaye de positiver sur un sujet plus sympa "alors on déménage aujourd'hui ? Tu crois qu'on a assez avec la bagnole ou que je devrais prendre une camionnette ? C'est pas loin, je crois qu'on s'en sort avec quelques voyages non ? Et il faut que je m'occupe de résilier ici...Un des Tigrovi a besoin d'un appartement, il est pas contre le reprendre vu que c'est juste à coté du QG."

Je ferme les yeux, tente d'étouffer le soulagement irrationnel que je ressens à le voir enfin. Je ne lui fais pas le moindre reproche, il n'est pas en retard puisqu'il n'avait pas donné d'heure, seulement je ne suis plus habituée à m'inquiéter autant pour lui et je crois qu'il va me falloir un peu de temps pour prendre le pli. Il me laisse, Dieu merci, le temps de reprendre mes esprits et j'acquiesce dans un sourire. Ouais, volontiers. Tandis qu'il s'écarte de moi pour fumer, je prends le temps de l'inspecter en fronçant les sourcils. Je remarque la blessure à son arcade mais ça n'a pas l'air grave, alors je ne dis rien. Oh, sûrement le décalage horaire... Fais gaffe Nina, c'est pas une excuse que tu pourras sortir pendant des semaines ! Je demande, l'air de rien, sans doute pour tenter de voir à quel point il a l'intention de m'inclure dans sa vie : Ça s'est bien passé ?

Je croise les bras sur ma poitrine, par-dessus le débardeur que je porte, et je hausse les épaules. Non, je pense que ta voiture suffit, y a juste les cartons du lit qui prennent de la place mais ouais, on fera un autre voyage, c'est pas très grave. Je fronce le nez, réfléchissant. On va vivre dans les cartons un moment, y a pas de placard dans les chambres... En fait y en a nulle part je crois bien. Sauf les meubles de cuisine. Donc pour ranger nos fringues et tout le reste, ça va être compliqué. Faut qu'on s'occupe de foutre l'internet là-bas aussi, j'en ai besoin pour bosser. Je récupère ma tasse de café fumant, bien consciente que je vais avoir besoin d'énergie aujourd'hui !

J'ai un sourire amusé en repensant à la soirée. "ouai ça été, un meeting politique quoi...c'est toujours" Je cherche le bon mot en effleurant machinalement mon sourcil "mouvementé !" Ce n'est pas ce qui m'a le plus ennuyé de la soirée. Non l'affrontement verbal avec mon père m'inquiète le plus. Pour l'instant c'est clair qu'il a d'autre chat à fouetter et en plus mon oncle est en mission Dieu seul (et mon père) sait où. J'appréhende un peu après le scrutin des élections quand Mirko sera rentré. Pour l'instant ce fut seulement houleux mais au final j'ai eu gain de cause. Je ne comprends pas cet entêtement alors qu'il ne connait même pas Nina, il n' eu que des échos par Mirko! Je soupçonne que ça dérange ses plans, mais lesquels ? Un mariage arrangé ? Pouah, mais quel plan stupide si c'est ça ! Je n'ai pas besoin d'être marié et amoureux de Nina pour refuser cette idée ! S'il y a bien une chose que j'ai toujours refusé c'est me marier pour faire des gosses pour les besoins de la Famille !

Laissant ces considérations de coté, je préfère nettement me concentrer sur le déménagement ! Un grand sourire éclaire mes traits parce que je suis content qu'on s'éloigne un peu du QG et surtout que Nina ait un endroit où elle se sente bien. Je vois bien qu'ici c'est pas génial. "On achètera ce qu'il faut dès que possible, en attendant humm oui, les cartons feront l'affaire. On s'y met tout de suite ? Enfin si t'es pas trop crevée ? Je préfère, si je dors maintenant, tu vas pas me sacquer du lit avant...piuf ! trop tard ! Faut internet, et on doit pouvoir prendre un truc câblé pour avoir les chaines américaines ? Sinon tu vas t'ennuyer. La tv est à moi... Je vais déjà aller vider la bagnole là-bas. Tu viens ou tu m'attends ici zlato ? " j'avale d'un trait mon café, termine ma clope rapidement avant de piocher une autre part de pizza.

Je hoche pensivement la tête, ne demandant pas de précisions qu'il ne veut pas me donner de lui-même. J'en conclus que pour l'instant, il a surtout prévu de me garder bieeeen en marge des Tigrovi. D'un côté ça me soulage, parce que je crois que plus je me tiens loin d'eux et mieux je me porte, d'un autre côté je n'ai jamais trop aimé les secrets et les cachotteries entre nous. Ca a toujours fini par nous exploser à la gueule d'une façon ou d'une autre et je pressens que ce sera la même chose ici. Mais il faudra sans doute du temps, là aussi, pour qu'on trouve un équilibre et qu'il décide ce dont il peut me parler ou non. Je ne veux pas être tenue à l'écart de cet aspect de sa vie, bien trop important pour lui, mais je ne peux le forcer à rien.

Non, je préfère venir, comme ça je peux faire un coup de ménage rapide en attendant. J'aimerais emménager dans un appart' aussi propre que possible, et profiter qu'il soit vide pour faire le nécessaire. T'as c'qu'il faut en produits d'entretien d'ailleurs ou pas ? J'ai pas regardé, tiens, y a un supermarché pas loin du nouvel appart' ? J'aimerais autant pouvoir faire le plus de choses possibles à pieds parce que je ne connais pas encore bien la ville et j'ai un peu peur de me perdre si je dois prendre la bagnole pour aller faire des courses ! Je bois, moi aussi, mon café rapidement et je lance : J'vais m'habiller et je suis prête. Tu dois prendre une douche avant de partir ?

Je ne cherche pas à lui cacher quoique ce soit, pas volontairement en tout cas. C'est juste que je ne vois ce qu'il y a d'intéressant à raconter de ma soirée pour elle. Les missions et les évènements liés glissent sur moi une fois rentré à la maison. La mission de ce soir était de la pure routine, la baston aussi, quant à me retrouver au poste...bah ce n'est pas la première fois ! S'agissant de la discussion avec mon père, c'est différent. Je ne veux pas miner Nina c'est certaine surtout je ne peux en tirer aucune conclusion au final, si ce n'est spéculer. Inutile de se prendre la tête avec ça pour l'instant, je saurais assez vite à quoi m'en tenir. Je suis content d'avoir un salaire, même bas, qui va me permettre au moins de subvenir à une partie de nos besoins. Pour le reste, je me débrouillerais pour trouver du fric, je l'ai toujours fait.

"Non, je la prendrais plus tard..." Je suis pas frais, c'est vrai, mais si je me pose, si je prends une douche, sur que je vais vouloir dormir après ! Je préfère m'acquitter de mes tâches d'abord "Y a une grande douche de l'autre coté, et un bain y parait alors..." Je me frotte le cou d'un air ennuyé "j'ai pas grand chose en produits ménagers...mais y a une épicerie pas loin, enfin un genre de minimarket ?" Je ne sais pas comment on appelle ça un petit supermarché en ville.

Pendant qu'elle s'habille, je rassemble les cartons, les ferme, je débranche également la télé et range les dernières choses comme nos tasses et la cafetière. On descend et avec la bagnole déjà chargée des meubles et on gagne le nouvel appartement. Entre temps, j'ai appelé l'agent immobilier, et le temps de faire les courses au supermarché, il déboule avec les clefs et le contrat. On signe et je paye la caution - j'avais prévu le coup quand même, j'ai emprunté du pognon à Cam. Je décharge la première fournée et je laisse Nina en plein ménage pour aller chercher le reste de l'autre coté.

Mon regard s'illumine à la mention de la baignoire. Oh, oui, on prendra un bain pour inaugurer l'appart' et parce qu'on l'aura bien mérité après le déménagement, tu crois pas ? Je vois ce dont il veut parler lorsqu'il mentionne l'épicerie alors je hoche la tête et je vais m'habiller rapidement pour qu'on puisse partir. J'enfile un jean et un tee-shirt à manches longues, ce sera quand même plus pratique pour déménager que de mettre une robe même si je sais qu'il aurait préféré ! L'appartement n'est pas hyper loin, une dizaine de minutes seulement alors c'est pratique pour tout transporter. Il me dépose à l'épicerie pendant qu'il va payer la caution et le reste, et je peux remonter à pieds avec mes achats. De quoi faire le ménage, en somme, mais aussi des boules parfumées pour le bain et deux sandwichs au cas où il aurait faim tout à l'heure.

Je me mets au ménage, ce qui est assez rapide. La peinture ayant été faite il y a vraiment peu de temps, je n'ai pas besoin de lessiver les murs. Je me contente d'un coup de javel dans les salles de bain et dans la cuisine, de nettoyer les rares meubles présents et qui se trouvent tous dans la cuisine aussi, je fais les vitres rapidement et ensuite je passe seulement un coup de balai et de serpillière. C'est vraiment plus pour la forme, histoire de dire qu'on emménage dans quelque chose de clean. Je préviens quand j'entends la porte : Attention le couloir est mouillé ! Enlève tes chaussures !

On s'organise avec naturel et c'est plaisant de voir qu'on en est capable ! Je crie à la porte "je vais chercher le reste dans la caisse d'abord, avant de rentrer..."   je m'exécute en entassant les cartons dans le couloir devant la porte d'entrée. Quand j'ai fini, que la bagnole est garée, je peux revenir et ôter mes rangers (ouai ayez des rangers, vous y réfléchirez à deux fois avant de les enlever ! ) Je les pose à coté de la porte et prudemment, je rentre à pieds de chaussettes pour rejoindre Nina "hé tu as drôlement bien bossé. Je vais monter le lit maintenant ok ?" Et après je m'y écroulerais pour pioncer au moins trois heures ! Peut-être quatre, le grand luxe !

Je bloque soudain sur une question existentielle et je reviens dans le salon ! "Srce...quelle chambre on prend ?"

J'ai un sourire quand il me rejoint enfin, en chaussettes pour ne pas déjà tout pourrir derrière lui, et j'avoue que je me sens bien mieux dans cet appartement que dans l'autre. C'est plus grand, plus lumineux, bien plus accueillant... On prend la plus grande des deux, celle qui est tout d'une seule pièce. L'autre elle est bizarrement séparée en deux. Je le laisse s'occuper de monter le lit, j'espère que ce sera rapide, les meubles Ikea c'est toujours la merde, et moi je termine mon petit ménage tranquillement.

Quand c'est fini, je vide ce que je peux vider, à savoir que je range les produits d'entretien sous l'évier de la cuisine, les produits d'hygiène dans la salle de bain avec la douche (je pense qu'on n'utilisera celle avec la baignoire qu'occasionnellement et j'y mets seulement les boules parfumées pour le bain), et le peu de vaisselle qu'on a dans les placards de la cuisine. Pour le reste, ça doit malheureusement rester dans les cartons pour le moment. Comme Slavenko n'a pas fini de monter le lit, je vais le voir rapidement pour le prévenir : Je vais redescendre faire quelque courses, ok ? Je fais vite. T'as besoin de quelque chose ?

Je transporte donc les cartons dans la plus grandes des deux chambres et je m'attelle à les défaire pour monter le lit. Et vous savez quoi ? Je galère ma race !!! je ne sais pas si c'est la fatigue, si le plan est mal foutu ou si je suis juste con mais je misère à comprendre et monter correctement le lit. Quand Nina vient me prévenir, je suis assis en tailleur, plongé dans des explications sibyllines et je grogne un vague assentiment en répondant distraitement "prends moi du coca s'te plait..." Bon Kovacs - Drazavic - si tu veux pioncer, il faut monter ce pieu ! Après des péripéties que je vous épargne, je parviens à enfin comprendre le truc et à partir de là, c'est tout de suite plus efficace !

En nage, mes fringues collants à mon dos, j'ai quand même fini par ôter ma veste mais j'ai mon pull encore, je reviens boire de l'eau dans la cuisine, directement au robinet. Muni de mes clopes, je vais jusqu'à cette étrange terrasse toit. Sur mon téléphone, je cherche le numéro pour faire installer internet et le câble et le temps de fumer j'appelle pour ça. Ensuite je m'occupe des formalités pour l'autre appartement ce qui fait que je passe encore une bonne demi-heure au téléphone. Je reviens dans le salon, et j'avoue que n'avoir même pas un canapé où m'écrouler de fatigue me manque !

Je termine d'abord de ranger et je file donc à la supérette, un peu anxieuse comme à chaque fois que je crains qu'on ne me cause en serbe, et je fais mes courses en ne regardant personne pour éviter qu'on me parle ! Je prends du Coca, bien-sûr, mais je reprends aussi du gel douche et du shampoing pour la seconde salle de bain, histoire qu'on misère pas à aller en chercher en foutant de l'eau partout en traversant l'appartement... J'achète une bouteille de vodka, je ne sais pas ce qu'elle vaut mais il faudra bien qu'on inaugure l'appartement ce soir, et puisqu'on a déjà de l'électroménager, je prends quelques trucs histoire de pouvoir faire à bouffer les prochains jours. Petit-déjeuner compris. Je pense aux trucs de base mais qui nous aurait manqués, genre du PQ !, du sopalin, du liquide vaisselle et une éponge, bref ces conneries-là. Je marmonne un "merci" en serbe au caissier, et j'espère seulement que je ne viens pas de le remercier de m'avoir insultée ou un truc du genre ! Dans tous les cas c'est pratique cette épicerie juste en bas, on galérera pas trop si on a oublié quelque chose. Je mets plus de temps que je ne devrais, parce que j'en profite pour faire un tour de quartier et tenter de repérer les commerces intéressants. Je me balade, essaie d'appréhender les lieux...

Quand je retourne dans l'appartement, Slavenko est en nage au milieu du salon et je fronce les sourcils, essayant de réfréner mon inquiétude sans grand succès ! Je vais ranger mes achats pour ne pas déjà commencer à laisser traîner du bordel, et en passant devant la chambre je vois qu'il est quand même venu à bout de la bête ! J'en profite donc pour déballer les draps neufs, la couverture, les coussins et tout installer. Les bras enfin libérés de mes fardeaux, je retourne dans le salon pour l'enlacer dans un sourire. Tu dois être mort, t'étais dehors toute la nuit... Et si on allait tester ce nouveau lit pour une vraie sieste, mh ? Moi non plus, je n'ai pas dormi.