Octobre tiendra sa revanche - Slavina

Il est loin d'être le seul à être tendu, mais ce n'est pas exactement pour les mêmes raisons. Déjà, nos emplois du temps à tous les deux sont chargés depuis quelques jours, j'ai enfin loué un local, recruté une fille, convaincu deux autres de me suivre à Sarajevo et avec les élections si proches elles ne chôment pas. J'ai mes cours de serbe tous les jours, ainsi que pas mal de rendez-vous. Il va falloir que je retourne à NY bientôt, probablement juste après les élections mais je n'en ai pas encore parlé à Slavenko qui est lui aussi très occupé. Ce soir n'est pas exactement l'occasion de se retrouver parce qu'on passe la soirée avec les Tigrovi, il faudra encore un peu de temps avant qu'on ait un moment pour nous je crois. Je suis surtout anxieuse parce que j'espère sincèrement qu'il a compris ce que j'avais à dire lors de notre dernière dispute. Les putes seront forcément là et j'ai peur de péter les plombs... 

Quoiqu'il en soit je suis à l'heure et j'ai tout juste le temps de sortir de la voiture qu'il se jette sur ma bouche. Son baiser me coupe le souffle, accélère les battements de mon cœur et fait flamber le désir avec une violence qui me laisse groggy. On ne s'est que croisés brièvement ce matin et franchement s'il voulait me baiser sur la banquette arrière je n'y verrais pas d'inconvénient ! Je cligne des yeux quand il me relâche, mes mains douloureusement crispée sur sa veste et je suis tellement retournée que je ne comprends pas tout de suite pourquoi il me parle de son père. Hein..? Euh oui, oui bien-sûr. Je hoche la tête sans trop réfléchir et je ferme la voiture. Je lisse nerveusement ma jupe, en essayant d'oublier le goût de ses lèvres sur les miennes. Putain comment il fait à me mettre dans un tel état rien qu'avec un baiser ?! Je glisse mon bras dans son dos pour me coller à lui, moi aussi je marque mon territoire, et on file à l'intérieur.

Je passe mon bras aussi autour de sa taille et c'est la première fois qu'on marche à nouveau de ce pas de tortue qui nous était si familier. Cette semaine a été intense même si nous avons chacun été occupé de notre coté. Nos retrouvailles dans le lit nous a embrasé à chaque fois et je sens bien que mon âme est à nouveau prisonnière de ses grands yeux sombres. Et à tout dire j'en suis heureux. Je mate sa tenue, la jupe crayon hyper sexy, le chemisier et j'ai un haussement de sourcils appréciateurs. "Ti si lepa, tu viens du bureau directement ? J'adore ta tenue" Quel contraste avec mon treillis noir, mes rangers, mon sous-pull col montant moulant. J'ai été dehors toute la journée, mais je sens que je vais regretter ce choix de vêtements d'ici une demi-heure. Dans la boite de nuit, c'est relativement calme parce que ça n'ouvre officiellement que quand une heure. Pourtant, la musique fonctionne, le bar est ouvert et il y a déjà les trois-quart des Tigrovi, les putes, quelques amis proches et soutien de notre leader. Des collègues des Srbska Cast (Honneur serbe sont là aussi) et je peux vous dire que je serre farouchement Nina contre moi en promenant un regard noir et clair sur l'assemblée.

Je croise quelques amis mais sans rien dire d'autre que des ça va ? et des salut, geste amical à l'appui. Je présente aussi Nina à deux d'entre eux. Puis quand on arrive vers le bar, je demande à ma femme. (j'adore le dire, ma femme) "Srce, tu veux visiter ? Ici c'est seulement le nightclub, mais bon en haut c'est le bordel, mais on a aussi le local des Tigrovi à coté." Peut-être que ma main est un peu trop basse sur ses reins pour que ce soit totalement innocent, encore qu'à coté on a plus de chance de tomber sur mon père, mais au moins ce sera réglé une bonne fois pour toute.

Mon regard s'éclaire d'une lueur joueuse à son ton appréciateur, qui suffit à me faire frissonner tant je suis en manque de sa peau. On est à 24h sans sexe, au moins, autant dire que même si je sais me tenir je bouillonne ! Oui, je ne voulais pas être en retard. Ce que je ne dis pas, c'est que je me suis pourtant changée au bureau... Enfin disons que j'ai juste apporté quelques changements à ma tenue. Entre autre, j'ai passé des bas au lieu des collants que je portais toute la journée et j'ai ôté autre chose. Je me hisse sur la pointe de mes escarpins pour susurrer à son oreille d'une voix mielleuse : La jupe te plaît ? J'ai rien en-dessous... Et non, ça ne me pose pas de problème. La jupe est moulante elle ne risque pas de s'envoler et à moins de s'allonger par terre personne ne verra que je ne porte rien... En revanche ça se devine au fait qu'aucune trace de sous-vêtements n'est visible quand je marche.

Je lui souris, l'air de rien, parce que je crois que je viens de m'assurer qu'il ne mâtera pas les autres filles... En tout cas je l'espère. Ce soir je m'efforce de sourire à tout le monde, j'essaie de faire bonne impression, de me montrer polie quand il me présente... Sans avoir l'air d'être trop gentille pour autant. Tout un calcul. Mmh Mmh, avec plaisir... Si tu m'offres une vodka pour la route. Je prends tout ce qu'il me donne, tout ce qu'il veut bien me révéler, alors s'il me permet de visiter un peu plus que les lieux qui sont ouverts au commun des mortels, je prends !

D'une simple phrase, elle a changé mes perspectives. La présence de mon père devient secondaire juste par l'absence signifiée d'un bout de dentelle. Mes doigts descendent un peu plus, pas trop, je ne voudrais pas qu'on pense que ma femme est une pute. Il y a des limites avec lesquelles je ne peux pas jouer ici, devant les autres. Mais je peux savamment nous isoler. J'y réfléchis déjà. "Une vodka ? Humm volontiers, tu parles déjà en vraie serbe moj andjeo"

Autant le dire, ici mon américaine de femme fait figure d'extra-terrestre surtout en cette période. Ça fait des années que Dodik et le parti sont dans la ligne de mire des USA et sous le coup de sanctions financières. Ça s'est accentué avec cette campagne politique. Je m'approprie une bouteille et deux verres propres et lui en verse un très généreusement dosé. Je me vois déjà lécher la vodka sur les vallons de ses seins, et je frémis intérieurement, les yeux qui louchent malgré moi sur son décolleté. Les autres filles n'existent pas quand Nina est là, je les laisse volontiers aux autres Tigrovi, sans hésitation, sans regret. Je veux Nina, je ne suis plus enragé qu'après Nina. Je me retiens autant que possible de la toucher et pourtant tout mon corps semble attiré, mes postures dénotent ce fait, je suis sans cesse tourné vers elle, penché vers elle. Je trinque avec elle, avale mon verre rapidement. J'essaye de faire mine de rien, d'avoir un air détaché. "Ça a été ta journée ? Tu es prête pour Dimanche ?" Les soirées auront lieu Dimanche soir après les résultats, victoire et défaite les conditionneront moi je serais dans la rue, j'ai refusé de me cantonner simplement au service d'ordre. Je serais sur le terrain, au cœur de l'action si jamais ça chauffe.

Je plisse le regard, amusée en demandant : Attends, mh... Daj mi vodka ? Il me semble, si je n'ai pas tout compris de travers, que ça veut dire sers-moi une vodka. Mais je ne serais pas surprise qu'il me reprenne sur les subtilités, à priori les mots diffèrent souvent selon la personne à laquelle on s'adresse. Quelle langue compliquée par rapport à l'anglais si vous voulez mon avis ! Mais j'ai décidé d'arrêter d'avoir peur que Slavenko se moque de mon accent ou de mes phrases approximatives. Si je veux progresser il faut que je m'entraîne et j'aime autant le faire avec lui parce que je sais qu'il ne me jugera pas. Et si je me débrouille bien, il me récompense d'un sourire fier, ce qui m'emplit de joie.

Je récupère mon verre de vodka dans un sourire mutin, parce que je vois parfaitement son regard qui glisse sur mes seins, tente de les deviner à travers le tissu qui n'est, heureusement, pas transparent. Je ne vide pas mon verre aussi rapidement que lui, si je dois rencontrer son père j'aime autant être parfaitement lucide, et j'acquiesce à sa question. Longue, mais ça va. Toutes les filles ont du boulot pour dimanche. Je hausse les épaules, ça veut dire que je n'en aurais pas vraiment, à part être disponible au cas où elles auraient besoin de moi. J'avale une gorgée de vodka avant de demander : Et toi ? Ça se calme à partir de lundi ou non ? Tout en parlant je regarde autour de nous, les regards toujours intrigués qui se posent sur nous mais me mettent moins mal à l'aise aujourd'hui. Alors, tu me fais visiter ?

J'ai un sourire entre le fier et l'amusé quand elle me commande une vodka d'un air solennel. J'adore quand elle se met à parler serbe, on a commencé à dire quelques mots à la maison, des choses simples, ne serait ce que se dire bonjour, merci, nommer la nourriture quand on cuisine. J'adore chaque mot qu'elle prononce dans ma langue, ça m'emplit de ravissement à son égard.

J'acquiesce, je me doutais que toutes ses filles seraient prises. J'ai déjà donné des noms et des adresses à Nina mais de toute façon, je crois que son agenda était déjà rempli jusqu'au 07, date à laquelle elle allait repartir. Mais elle reste et moi je la mange du regard. "On verra, ça dépendra des résultats et des manifs qui vont suivre. On craint la réaction du père de David et de ses suivants." J'ai un geste des mains, c'est très difficile à prévoir. Moi je suis confiant malgré tout sur l'élection de Dodik, depuis que l’Église Orthodoxe le soutient, ça devrait passer crème. Reste juste ces observateurs étrangers qui font chier le monde. Autant la commission du Congrès que celle de La Haye ou des NU. Tout le monde se bouscule au portillon. "Et puis ça va rester tendu tout le temps des négociations entre la Serbie et le Kosovo. Si les nations commencent à échanger des territoires...pourquoi pas nous ? Tu saisis ?"

J'avale une autre vodka et je me lève pour emmener Nina dans le local Tigrovi. On passe la porte à l'arrière du bar. Un escalier monte aussitôt à gauche "vers chez les filles" et nous on prend le couloir qui va tout droit et mène à un grand local de type ancien atelier d'usine réaménagé en loft industriel découpé fictivement en zones, le coin cuisine, celui avec les canapé et l'écran géant, le baby foot. J'aperçois mon père dans son bureau qui a une grande fenêtre interne en verre, comme un bocal, c'est le centre des opération ce bureau mais il est seule et je ne crains pas de trop le déranger. Plus petit que moi, il en impose pourtant avec ses rides taillées à la serpe, son regard d'aigle et son air aussi intelligent qu'inflexible. Je presse la main de Nina, je suis soudain très nerveux. C'est très important pour moi "Viens srce, Je vais te présenter mon père."

Je n'ose, pour l'instant, parler serbe qu'avec lui -et le prof qui me donne des cours de langue évidemment-. Je sais que même les phrases apprises, je n'oserais pas les répéter à une serveuse pour commander à manger par exemple. J'ai ce besoin de perfection complètement ridicule qui m'empêche de m'exprimer face aux autres tant que tout n'est pas impeccable. J'aurais l'air de quoi si je parle en serbe et qu'on me répond sans que j'y comprenne rien ? Non, mais je fais beaucoup d'efforts pour apprendre vite, vraiment. Déjà une heure de cours par jour dans mon emploi du temps pourtant chargé, je trouve que ça montre bien tout ma bonne volonté !

J'acquiesce en essayant de ne pas laisser paraître mon inquiétude. Pour moi après les élections les choses vont clairement se calmer, les premiers temps je vais être moins occupée et j'ai peur de tourner en rond ici toute seule... Et qu'il me manque trop. Mais je ne dis rien, je sais très bien qu'il n'a de toute façon pas le choix. J'imagine, oui... Avant, je lui aurais demandé d'essayer de trouver du tout pour nous quand même... Peut-être que j'aurais organisé quelque chose, juste deux jours rien que tous les deux comme on le faisait souvent. Mais je ne m'en sens plus vraiment le droit aujourd'hui, ni celui de demander, ni celui de prendre cette initiative moi-même. Les choses entre nous se sont tassées, ça ne veut pas dire que je suis guérie, que je lui fais confiance ou que je n'ai plus de blocages, malheureusement.

J'observe avec intérêt le local des Tigrovi, sans trop de surprise après tout j'imaginais ça comme ça je crois, et j'étrécis le regard quand il désigne son père dans son bureau. Je tente de distinguer ses traits, de cerner les ressemblances avec Slavenko et moi aussi je suis soudain très anxieuse. Je serre sa main dans la mienne en m'efforçant de garder un visage impassible mais c'est difficile quand je sais que cet homme, d'avance, ne m'aime pas.

Naturellement, instinctivement, ma posture change quand on entre dans le bureau. Elle devient plus militaire, plus rigide. Bien sur dans un premier temps, je parle en serbe avant de switcher en anglais. "Komandant?  Tata, ne smetam ti? Ovde sam da vas upoznam sa svojom zenom. Nina, mon père, Jelenko Drazavic, Commandant des Tigrovi. " Je carre les épaules, soutiens le regard de mon père. On a déjà eu quelques discussions et il sait que je ne reviendrais pas sur ma décision, si sur le sujet s'il se braque. Il croise mon regard avant de tendre la main à Nina pour la saluer. Le nœud dans mon bide se dénoue. S'il n'est pas ravi, il joue au moins la carte de la politesse et je vais m'en contenter pour le moment. "Nina, la femme de mon fils... Bonsoir."

Il me demande dans la même phrase "Tu es venu pour les pré-festivités ?" Le sourire est le même que le mien - ironique - celui là je sais de qui je le tiens. Je souris, plus détendu et je secoue la tête "Non, pas celles auxquelles tu penses. Je passe juste saluer quelques amis et faire visiter à Nina." Je cherche le regard de celle-ci pour l'encourager dans une caresse virtuelle. "Ce weekend va être chargé pour elle aussi. Toutes ses filles bossent dimanche." Cette fois Jelenko s'adresse directement à Nina, ce qui est bon signe à mon avis "Hum, j'ai entendu que vous aviez fourni des filles au Russe. C'est vous Come With me ?" Je sais très bien que c'est une question dont il connait la réponse et donc s'il fait la "conversation", c'est plutôt bien. Il ne s'enquiquinerait pas à faire ça s'il avait décidé de faire son Mirko et de déclarer une guerre froide à Nina. Je suis bien content que mon oncle soit à Banja Luka. Et peut-être que Camenko parviendra à le raisonner !

Au moins malgré le temps passé je lis toujours en lui aussi clairement qu'autrefois. Je remarque sans même avoir besoin de le regarder les changements dans son comportement, la tension qui habite ses muscles soudain, durcit son regard. J'appelais ça passer en mode militaire quand on état à New-York. C'est exactement ce qu'il est en train de faire et dans d'autres circonstances, j'aurais sans doute un sourire indulgent pour lui. Ma tenue ne m'aide pas à me faire discrète, cela dit je ne crois pas que je serais passée inaperçue pour autant si j'étais venue habillée en jean et pull, alors... Moi aussi, je suis soulagée de la main tendue, ça paraît rien mais si vous rencontrez Mirko un jour vous verrez que c'est beaucoup ! Je lui serre la main en esquissant un léger sourire. Ravie de vous rencontrer enfin. Et ce n'est même pas un mensonge ! Même si, à cause de ce que je sais, je suis naturellement méfiante envers ce type, il n'en reste pas moins le père de Slavenko et pour moi qui n'ait pas eu de famille ça signifie quelque chose. C'est sans doute ce que Slavenko n'a pas compris à l'époque... Je n'ai jamais voulu le couper de sa famille, de sa patrie, seulement de ceux qui lui voulaient du mal. Et clairement, Mirko lui était nocif.

Je hoche la tête, même si moi aussi je me doute qu'il connaît la réponse, en fait je serais surprise qu'on ne se soit pas renseigné sur moi dans le coin... C'est moi, oui. J'ai fourni des filles à beaucoup de monde, les élections marchent bien pour nous. Je ne sais pas si Slavenko lui a dit que j'allais rester ici, s'il sait que je vais tenter d'installer l'agence à Sarajevo... Et pour l'instant on n'a toujours pas abordé le sujet de son salaire, je n'ai pas la moindre idée de combien il gagne ! Sans parler de montant, je ne sais pas s'il gagne quelque chose tout court, en fait.

Je suis soulagé de la tournure de la rencontre. Les deux protagonistes font des efforts, même si mon père est froid. Il était peu probable de toute façon qu'il saute dans les bras de Nina en l'accueillant comme la sainte madone. Non. Mais il a admis qu'elle était ma femme et ça c'est signe qu'il a compris que je ne changerais pas ma décision quelque soit la pression imposée. je crois qu'en cette période, il n'a pas non plus envie qu'on se déchire et qu'on entre en conflit. On doit faire front ensemble vers l'extérieur.


"Je veux bien le croire. Surtout si vous avez des américaines comme m'a dit mon fils. Pour une fois que les politiques peuvent baiser des américains plutôt que se faire baiser par eux, ils ne vont pas s'en priver." Mon père a le même humour douteux que moi mais c'est un peu prématuré je trouve. Je gronde gentiment "Tata..." Jelenko hausse un sourcil, l'air sévère. "Quoi ? Nina ne va pas s'en formaliser, n'est-ce pas ?" Je souris malgré moi parce que perso, je trouve la blague plutôt bonne. "Tu vas au bar tout à l'heure ?" "Je finis ça et j'irais prendre un verre oui, vous restez un peu ?" "Humm oui, peut-être. Je vais faire faire le tour à Nina déjà...on verra après." Je pose ma main dans le dos de Nina, caresse et signe de départ du bureau. "A tout' alors."

Mon regard se plisse d'amusement à la pique qu'il me lance. J'ai très envie de répondre, vraiment, parce que la répartie acerbe ne m'a jamais fait défaut. Seulement contrairement aux Drazavic qui ont parfaitement compris qu'ils pouvaient se permettre de me marcher dessus puisque Slavenko ne prendrait pas ma défense (non c'est vrai, si ça devient trop conflictuel il me renverra aux USA... Bien-sûr que je l'ai encore mauvaise, non mais vous croyez quoi ?!). Donc, contrairement aux Drazavic, moi j'ai parfaitement compris que je ne pouvais pas tout me permettre au risque qu'on m'accuse de ne pas faire d'efforts et même de faire preuve de mauvaise volonté pour m'intégrer. Ah, les prochaines semaines passées à m'écraser vont être absolument exquises. Jusqu'au jour où ça va leur exploser à la gueule -et à la mienne- mais c'est une autre histoire, n'est-ce pas ?

Je secoue donc poliment la tête. Non, il m'en faut plus que ça. Ces hommes ont tant à me reprocher sur mon influence dans la vie de Slavenko que ma nationalité est bien de le dernier de mes soucis. Surtout que j'ai, depuis, appris les origines de mes parents, et qu'en plus je ne peux de toute façon rien changer au fait que je suis américaine ! Je penche légèrement la tête en guise de salutations et j'avoue que je ne suis pas mécontente de sortir de ce bureau. En fait c'est ça qui me déplaît chez ces types. Ça se sent, dans leur attitude, leur façon de parler... Ils pensent que leur statut au sein des Tigrovi s'applique partout dans le monde. J'admets qu'il a été aussi agréable qu'il peut l'être (en tout cas j'imagine), cela dit.

Nina ne croit pas si bien dire (penser). Mon père est un leader.  Mieux (ou pire, à vous de voir) c'est une figure de l'héroïsme national serbe. Il est un héros de guerre et ça malgré (ou grâce à) la condamnation pour crimes de guerre et les dix-huit années d'emprisonnement à La Haye. Ici, en Bosnie, en RS, il représente quelque chose, quelque soit le camp où on se place. Son statut est inscrit en lui - j'ose pas dire dans ses gènes, ce serait foutrement trop lourd à porter pour moi ! Le combat pour notre indépendance, il continue à le mener. Je suis en tout cas heureux qu'il ait sous entendu nous offrir un verre, c'est bien qu'il accepte Nina malgré tout. Je sais qu'il le fait pour moi et je lui en suis reconnaissant.

On sort du bureau et je me penche pour embrasser à la volée la tempe de Nina, un sourire aux lèvres. Je n'ose pas montrer plus mon soulagement d'abord parce que je n'ai rien dit à Nina sur mes petites prises de becs avec mon père, ensuite parce que j'ai encore en tête sa remarque railleuse et acerbe concernant mes relations avec mon père. Le bon toutou plus que le bon soldat pour elle. Alors je préfère la boucler que me prendre une autre remarque. "On continue la visite ? Par là c'est le stock, la salle de sport et l'infirmerie, mais on va monter d'abord." Je l'entraine, il y a un autre escalier en fer et en colimaçon et je la laisse passer devant moi en lui faisant un geste de monter. Je peux mater ses fesses ainsi, je n'oublie pas qu'elle ne porte rien sous sa jupe. En haut il y a des chambres individuelle, et aussi un dortoir avec plus de place, des vestiaires et des douches. Le couloir communique avec la partie des putes par une porte à verrou. Parfois, on entend les plus bruyantes d'entre elles, parfois la porte est ouverte pour que les Tigrovi aillent se satisfaire.

Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que la fin justifie les moyens, pas tous les moyens en tout cas. Qu'ils pensent que leur cause est juste m'est égal au regard des crimes commis, parce que oui pour moi ça a un sens et une importance. J'ai juste trop souvent tendance à oublier que Slavenko est loin d'être blanc comme neige. Autrefois, je le voyais comme un homme qui n'avait pas eu le choix. Il a été élevé comme ça, il fait ce qu'on lui dit de faire. Mais il a eu le choix quand nous étions ensemble à New-York, et c'est lui qui a pris la décision de rentrer -sans moi- alors mon opinion à ce sujet a grandement changé depuis et disons que j'ai sans doute beaucoup moins d'empathie à son égard.

Heureusement Slavenko ne fait pas de commentaires quand on sort, c'est un sujet beaucoup trop conflictuel et je pense qu'il en est conscient. Oh, vous avez une salle de sport ? Je me suis inscrite à côté de l'appartement mais je ne vais dans tous les cas pas venir m'entraîner chez les Tigrovi. D'une part je ne pense pas que j'en aurais le droit, d'autre part je n'en ai surtout aucune envie ! Il m'entraîne vers les chambres et je demande sans aucune arrière-pensée (la présentation de son père a calmé mes ardeurs) : Vous avez des chambres attitrés ou c'est... En fonction du moment ? Dans tous les cas je suis certaine que même s'il y avait des chambres attitrées, Slavenko aura choisi le dortoir. Je me mords la lèvre quand il me montre la porte qui mène à la partie des putes, j'ai envie de lui dire qu'il ne dormira plus ici... Mais soyons sérieux, s'il veut se taper une pute, il n'a pas besoin de passer la nuit là pour le faire, je suis assez lucide sur le sujet. C'est stupide d'empêcher son mari de sortir de peur qu'il fasse une connerie. Si un type veut tromper sa femme -ou une femme son mari- il trouvera un moyen de le faire.

Je ne demande pas que Nina comprenne ou cautionne, je ne suis pas certain que quiconque en dehors d'une personne née ici et ayant vécu la guerre ou l'après-guerre puisse comprendre ni nos revendications, ni nos méthodes. Qu'elle m'accorde déjà un statu quo par son silence sur mes activités me suffit, je ne vais pas trop en demander !

"Hummhumm c'est un mot bien pompeux mais on a quelques appareils où pousser de la fonte et des sacs de frappe, ce genre de trucs. " On oublie le fitness si vous voyez ce que je veux dire ! "Les chambres ? Non c'est en fonction du moment. En général le dortoir suffit mais parfois si t'es pas seul, ou bien" - je hausse les épaules - si t'as pas envie de dormir au dortoir, ça arrive - Mon père a son appartement mais dans le bâtiment d'à coté. Je suis Nina, et comme il n'y a personne ici, j'attrape Nina par le poignet pour la stopper et venir me coller à elle. je ne la lâche pas, ma main libre venant caresser la rondeur affriolante de ses fesses moulées dans la jupe sans trace de sous-vêtement sous mes doigts. Je pose mon menton sur son épaule, respire son odeur avant de poser mes lèvres chaudes sur son cou. "tu veux voir ... ?" J'épouse son corps, relâche son poignet pour chercher un bouton de son chemisier près de ses seins, je rêve d'y glisser les doigts.

A mesure qu'on s'éloigne de son père, je retrouve un peu de mon humeur mutine, principalement parce que je me détends. Je tourne la tête vers lui, esquisse un sourire joueur, moqueur aussi. Oh rien que ça...? Je viendrais te mater un jour pendant que tu pousses de la fonte, mh ? J'suis sûre que t'es hyper sexy. De toute façon, il n'y a globalement pas un seul instant où je ne le trouve pas sexy. Même quand on s'engueule, même quand je suis en colère contre lui -ce qui arrive souvent- je suis irrésistiblement attirée par sa peau. C'est un truc de dingue et c'est aussi hyper déstabilisant au quotidien.

Une décharge électrique me traverse l'échine quand il enroule ses doigts autour de mon poignet pour m'attirer à lui. Voilà, c'est exactement de ça que je veux parler. Je me cambre ostensiblement pour presser mes fesses contre la paume de sa main dont je peux sentir la chaleur à travers le tissu de la jupe. Voir quoi...? Les chambres ? Je tourne la tête, l'incitant à faire de même pour venir chercher sa bouche. Lentement, je passe la pointe de ma langue sur ses lèvres dans un soupir d'envie. L'une de mes mains se pose sur son flanc, l'autre glisse de façon bien plus évidente sur son treillis. J'empaume son entrejambe d'un geste plus franc, me colle contre lui.

Je ris tout bas avant de prendre un air faussement dubitatif. J'aime assez qu'elle me dise d'une façon autre que "beau" que je lui plais. "Ah bon, tu aimes ça les hommes qui soulèvent de la fonte toi ? J'te ferais une séance privé, zlato moje" Oh que oui, bien volontiers ! Elle me rend dingue avec son sourire mutin, sa tenue sexy, sa façon de gentiment me chauffer (elle y parvient très bien ! )

Son esquisse de baiser me fait beaucoup trop d'effet, je crois qu'elle peut s'en rendre compte vu comme elle se presse contre moi et finalement me saisit ! Je réagis aussitôt au quart de tour, gonflant sous la pression de ses doigts. J'ai un grondement satisfait et je pose mes mains sur ses reins, la plaque contre moi. "Pas que la chambre !". J'ouvre une des portes qui s'ouvre, tout le monde est en bas, j'allume la lumière sur une chambre simple mais avec tout le confort, lit, armoire, douche et lavabo. Je referme la porte et je mets le verrou intérieure avant de virer mon sous pull qui me tient déjà bien trop chaud. Comme un taurillon en rut, je fonce ensuite sur Nina pour me planter devant elle. Ma main épouse la courbe de sa nuque alors que mon regard posé sur elle noircit de désir. Je le gronde une nouvelle fois, ma main glisse vers son chemisier que je crève d'envie de déboutonner depuis tout à l'heure. Juste un peu, juste assez pour voir ses seins magnifiques entre les pans.

Mmh tu savais pas ? J'adore ça. Je pourrais le corriger, lui dire que c'est lui qui me plaît et pas n'importe quel type en train de faire de la muscu... Mais je crois que je manque suffisamment de confiance en moi (en nous) pour avoir besoin de titiller sa jalousie de temps à autre. On fera ça ensemble, mh ? J'mettrais un petit short bien moulant et tu m'aideras à pousser de la fonte. Tout transformer en jeu érotique c'est encore le meilleur moyen de tenir l'anxiété à distance, et pour nous ça a toujours très bien fonctionné.

Ah non, pas que la chambre ? C'est toi le guide, Slavenko, je te suis... J'ai un sourire mutin alors qu'il m'entraîne dans une chambre. Il a un air de prédateur lorsqu'il fond sur moi, mais je ne me sens pas du tout d'humeur à jouer les agneaux dociles ce soir, loin de là. Je le laisse défaire mon chemisier avant de reprendre ses lèvres dans un baiser-morsure qui me chauffe les sangs. Mes mains glissent sur ses flancs, caressent possessivement son dos avant de redescendre défaire la fermeture éclair de son treillis. Je passe ma main sous son boxer pour l'empaumer et un grondement satisfait m'échappe quand je le sens gonfler contre mes doigts. Je lèche sa bouche encore. J'ai envie de ta bouche sur moi...

Ses baisers sont plus souvent des morsures que des doux baisers, parce que je sais qu'elle me fait payer inconsciemment (ou consciemment) ces quatorze mois passés loin d'elle. Des doux baisers viennent parfois, après, et encore plus rares des mots d'amour. Ce n'est pas grave, je m'en moque complètement quand le désir rugit aussi fort, quand elle défait mon pantalon avec autant d'empressement pour me faire gonfler dans sa main trop douce. Elle joue avec moi, léchant mes lèvres avec une telle intensité que c'est comme si je sentais sa bouche de velours sur ma queue. "Moi aussi" J'admets bien volontiers que je voudrais bien sa bouche sur moi ! Ah c'est pas ça la réponse ?

J'esquisse un sourire qui disparaît très vite sous la vague de désir. Je ne sais pas être joueur ou mutin quand il me tenaille si fort, brûlant, faisant battre mon sang si fort que je ne m'entends même plus penser ! (surement parce que j'arrête de penser dans ces moment là !) Je veux ses mains encore se promenant sur ma peau. Alors pour tergiverser, je la pousse lentement vers le mur, très lentement, goûtant ses lèvres encore au passage, ma langue léchant la sienne en prémisses à d'autres délices. Une fois qu'elle a heurté le mur, je glisse une main dans l'échancrure de son décolleté et je reprends mon baiser, effleurements, puis plus langoureux. Mon souffle se fait plus lourd, plus chaud, plus intense. Sous le bout de mes doigts, la peau de ses seins est douce, la pointe se dresse quand je passe dessus avec un peu plus d'insistance. A mesure que je la sens réagir, moi aussi je bande plus fort, cercle délicieux du plaisir. Mon corps écrase le sien soudainement, mon torse épousant ses seins, et la main glissée dans son chemisier file sous sa jupe, remonte dans un mouvement possessif autour de sa cuisse, s'enroule autour de sa fesse, sépare les globes crémeux en malmenant le tissu. Contre sa bouche, je ronronne "tourne toi et pose tes mains contre le mur."

Je ne me laisse pousser contre le mur que parce que son baiser, d'un érotisme et d'une langueur à me damner, me fait tenir tranquille. Des lianes de feu s'enroulent sous ma peau, embrasent mes reins à tel point que je couine contre sa langue. Mon bas-ventre s'est enflammé à une vitesse affolante, et je ne crois pas que ma fébrilité soit uniquement due aux 24h que je viens de passer loin de sa peau. Je suis affamée, si impatiente que j'en tremble et je ne sais pas par quel miracle je résiste encore. Sa façon de m'embrasser me rend dingue, je n'imagine que trop bien la sensation de sa bouche entre mes cuisses et j'en brûle d'anticipation. Je passe un bras possessif autour de son cou pour le ramener vers moi, l'attirer plus fort contre moi alors que mes seins se tendent pour réclamer encore les caresses trop douces de ses doigts.

Tous mes muscles se tétanisent d'anticipation quand sa main file sous ma jupe et j'écarte instinctivement les jambes dans un grondement plaintif. J'ai un mal fou à m'arracher à sa bouche mais je m'exécute malgré tout quand il m'ordonne de me retourner. Je pivote, me colle au mur en posant mes mains à plat sur ce dernier. À ce stade je ne sais plus si je veux qu'il s'agenouille pour la caresse égoïste réclamée plus tôt ou si je veux qu'il me prenne sans attendre. Je déteste le fait d'être encore habillée quand je voudrais sentir son corps s'écraser contre le mien. Je suis déjà trempée et sans sous-vêtements il m'est impossible de dissimuler mon état. Je tourne la tête pour croiser son regard, pourtant j'ai encore suffisamment de fierté (et de rancœur sans doute) pour ne pas le supplier de me baiser. Mais tout dans ma posture le supplie de me toucher maintenant, de ma croupe indécemment tendue vers lui à mon regard noir qui cherche le sien, en passant par mes lèvres entrouvertes en une invite tentatrice à s'y glisser.

J'aime quand elle se fait possessive, exigeante et soumise tout en même temps. Je sais que c'est le désir qui parle quand elle se laisse faire, quand elle obtempère à mes ordres et c'est grisant. J'adore son regard d'invite, sa posture indécente. "Oui comme ça... C'est très bien chérie..." J'ai envie de la récompenser de sa docilité et mon baiser s'enflamme alors que j'effleure son sexe déjà trempé et pulsant. Elle a un hoquet contre ma bouche mais j'aspire sa lèvre inférieure alors que j'enfonce doucement un doigt en elle. Les chairs palpitent et se crispent autour et j'ai un frisson d'exaltation. Je la masse un peu plus fort avant d'ôter ma main pour me laisser tomber à genoux derrière elle. Je glisse mes deux mains sous la jupe, je la remonte en malaxant ses fesses très fort alors que je les dévoile. La jupe se retrousse sur ses hanches et j'ai le champs libre.

Je mords ses fesses à pleine bouche, léchant la peau de lait, la mordillant ensuite, jouant avec les globes crémeux en les écartant, les pétrissant, les ramenant l'un contre l'autre. J'commence à immiscer mes doigts, ma langue, venant la goûter plus intimement par petits à coups. Je la sens excitée, trempée et je suis dans tous mes états. J'aime l'avoir à ma merci comme ça. Je l'excite savamment sans lui accorder l'orgasme, j'ai d'autres projet, je bande bien trop fort pour ne pas vouloir profiter de son corps brûlant et demandeur. Mon pouce vient jouer à la pénétrer, son sexe, ses fesses, doucement, plus durement, plus encore plus doucement. Je la touche, l'effleure, lèche la cyprine. "Dis le Nina...Dis le que tu veux que je te baise. Demande le moi, demande le moi..." la faire céder, je veux la faire céder, entêté après cette idée.

Je retiens mon souffle, dans l'expectative, sans avoir la moindre idée de ce qui m'attend pour la suite. Slavenko est toujours capable de tout, du meilleur comme du pire, de me torturer comme de se montrer soudain tendre et de répondre à tous mes désirs. Un hoquet de surprise fuse entre mes lèvres quand il s'agenouille finalement derrière moi et je me tends, mes fesses se crispant quand il remonte ma jupe pour me dévoiler à sa vue. Ma respiration se raccourcit aussitôt, mon corps se tend vers lui et mes doigts se crispent sur le mur comme s'ils cherchaient à s'y accrocher. Malheureusement ce dernier ne m'offre pas la moindre prise et je me sens déjà sur le point de vaciller tant le désir me tenaille puissamment.

Je ferme fort les yeux en essayant de ne pas déjà gémir mais je n'ai plus la maîtrise de mon corps ou de ses réactions. Au manque de la journée passée sans lui s'ajoute le manque des quatorze mois passés loin de sa peau, qui se rappelle à moi chaque fois qu'on se sépare pour quelques heures, chaque fois qu'on se retrouve, accompagné de l'angoisse que je ressens de ne plus jamais le revoir. Je n'arrive toujours pas à me dire qu'il ne va pas partir à nouveau. Mon ventre se contracte douloureusement, mon sexe palpite contre sa bouche et je mords ma lèvre au sang avant de finalement échapper un long gémissement plaintif. Je tends les fesses vers lui, ondule pour venir chercher sa langue, ses doigts, en haletant. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai été excitée, affamée à ce point-là. Le front appuyé contre le mur, tout mon corps tendu vers lui, j'ai déjà rendu les armes quand il me demande de l'implorer. Je n'ai plus la moindre volonté et je couine, les jambes tremblant si fort que je ne sais pas comment je tiens debout : Baise-moi, j't'en prie baise-moi Slavenko, baise-moi.

"D'accord, c'est très bien srce moje, ti si moja." J'embrasse encore sa chair, en récompense alors que mes muscles trembles et se crispent d'anticipation du fait qu'elle m'a obéi et supplié avec cette voix changée absolument bandante. Je me relève et je baisse mon froc déjà largement ouvert, mon caleçon sur les genoux. Je pousse plus brutalement Nina comme le mur dans un grognement excité. Elle tremble, et c'est fabuleusement excitant. Je mords son cou, pétris ses seins entre les pans du chemisier malmené, froissé. Comme elle presse ses fesses contre moi, je n'attends plus, trop impatient. Je me fraye un chemin entre ses fesses et prends d'assaut l'entrée la pus intime. Les muscles se crispent, regimbent avant de palpiter furieusement et m'absorbent alors que j'entre d'une poussée lente mais inexorable. Je bute à la garde avec un cri rauque de soulagement. Je me force à marquer une pause pour la laisser m'accepter. Je souffle dans son cou "Jebote, Nina, jebote, t'es bonne, allez srce...ti si moja, ti si moja." J'entame des coups de reins lents et durs, marqués, qui s'accélèrent rapidement malgré ma volonté de contrôle. Je malaxe toujours ses seins, gémis contre son cou. Mon bassin écrase les fesses de Nina, fort à chaque pénétration qui me vaut un cri étouffé. Pui ma main vient se glisser en renfort entre ses cuisses. Parce que je sens le plaisir montrer trop vite trop fort, que je la baise à présent violemment pour chercher l'orgasme, que mes coups de boutoirs sont plus brefs, rapides et fort. Et l'extase m'emporte dans son torrent incandescent, tout le poids de mon corps écrase Nina contre le mur alors que je la cloue une ultime fois. Je jouis dans son corps, en spasmes chaud, mes doigts fourrés dans son sexe sente la double palpitation, je gémis de plaisir.

Je me retire avant que ça soit déplaisant pour elle et Je la soulève dans mes bras pour l'emmener sur le lit. A petit pas parce que j'ai l'air d'un pingouin avec mon pantalon à mi-jambes ! J'accompagne le mouvement pour me vautre sur Nina, enfouir mon visage dans ses seins, sentir son odeur divine, nos odeurs. Je pense qu'on a du entendre nos cris sur tout l'étage et j'en ressens une espère de fierté.

S'il décidait de me faire languir encore maintenant, je crois que je crèverais sur place. J'ai largement dépassé la limite, toute patience, tout mesure m'ayant désertée et je suis incapable d'attendre encore. J'ai le besoin vital, viscéral de le sentir en moi, d'unir nos corps enfin. Le moindre contact, le moindre effleurement me fait gémir alors que dire de ses mains qui prennent possession de mes seins, de son corps qui se presse contre le mien, de sa bouche qui dévore ma chair ! J'aspire à une baise brutale, violente et je pousse un long feulement de douleur et de satisfaction mêlés quand il force le passage entre mes fesses. Je me cambre plus encore vers lui, appuie plus fort sur le mur en me tendant avec avidité. L'une de mes mains finit pourtant par lâcher pour se poser sur la sienne, sur ma poitrine. Je la serre fermement, murmure d'une voix éraillée : Sam tvoj, je suis à toi, à toi... Dans une heure, demain, dans une semaine je nierai peut-être, mais à ce moment précis j'en suis incapable, et pire, j'aspire à lui appartenir. Corps et âme.

Je ne songe même pas à retenir mes cris, de toute façon je crois que j'en serais parfaitement incapable. Des larmes perlent au coin de mes yeux, mon corps palpite furieusement autour du sien alors que je geins des "oui" et des "encore", inlassablement jusqu'à ce que le souffle me manque. Une vague brûlante déferle sur moi et je jouis en longues contractions qui l'enserrent plus fort et achèvent de me faire perdre l'équilibre. Seul ses bras m'empêchent de m'effondrer et je m'accroche à lui désespérément quand il m'emporte pour me poser sur le lit.

J'entoure son corps de mes bras, de mes jambes, encadre son visage de mes mains tout en étant incapable de chercher sa bouche parce que je peine à reprendre mon souffle. Mes oreilles bourdonnent, le sang bat mes tempes douloureusement et mon cœur menace de s'échapper de ma poitrine.

Je l'enlace contre moi, ne relève les visage que quand elle le prend entre ses mains. Je croise son regard, aussi sombre que le mien, noyé de plaisir et d'un tas d'émotions indéchiffrables, comme dans le mien. C'est moi qui revient chercher sa bouche avec langueur, sensualité, douceur aussi. Je caresse la bordure de son visage à la lisière de ses cheveux, comme ça, du bout des doigts, et je souffle des volim te d'une voix sourde éraillée, basse, sérieuse. L'instant est grave. Je l'aime et je suis à elle, et elle est à moi. Je veux tellement qu'elle soit à nouveau à moi ! "Ti si moja"


Je savais que la visite échouerait ici dès lors qu'elle est arrivée, dès lors qu'elle m'a embrassé. Et je ne suis pas sur d'avoir envie de redescendre boire un verre au bar. D'ailleurs, de mon air toujours grave, d'achève de déboutonner le chemisier froissé et j'en écarte les pans. Je le glisse en arrière pour l'ôter, dévoilant les épaules de crème pure. Je caresse sa peau avec lenteur, sérieux, l'examine, la touche, l'effleure. Je la vénère avec toute la force de mon adoration pour Nina, la poitrine étouffant d'amour, le cœur battant sourdement. Je défais le bouton de sa jupe toujours roulée sur ses hanche et je l'enlève en m'arrêtant pour embrasser la lisière des bas qui marque la délimitation entre lycra et peau de lait divine. Je décide de les lui ôter et je les roule jusqu'au pied dans un déshabillage possessif et sensuel. Quand elle est nue, je monte vers elle pour demander gravement. "déshabille-moi"