Shopping is physical interaction, exercise of decision-making capacity, sating of the desire to acquire ...

Je suis presque surpris quand elle reparle de Ymke, parce que j'ai déjà chassé cette dernière de mes pensées. "Mais bien sur zlato ! Je n'ai jamais été qu'à toi, rien qu'à toi." Même séparés, je ne me suis jamais "donné" à une autre. Il n'y a jamais eu qu'elle pour me donner envie d'être avec quelqu'un, exclusif aussi. Je suis triste que Nina puisse douter et en être malheureuse, mais de façon ambivalente, un peu malsaine sans doute, je suis aussi heureux qu'elle affirme sa volonté de me posséder. Sinon à quoi bon ?

J'essuie ses joues où il n'y a pourtant pas de larmes, ses yeux brillants seulement et je prends dans mes bras alors qu'elle me lave à son tour. J'en vibre de cette drôle de joie profonde que je n'ai jamais expérimenter qu'auprès d'elle. Elle se jette dans mes bras brusquement et je la serre contre moi "Je n'ai rien, srce, je suis seulement tombé d'une clôture. Tu m'as manqué aussi, je me demandais si tu allais rentré, j'ai" Je soupire doucement "j'ai vraiment eu très peur que tu ne rentres pas." J'imagine que je serais retourner à NY, peut-être, je n'imagine pas être assez borné ou con pour ne pas y aller, mais avec moi, on ne sait jamais ! Je me surprends tout seul parfois, hum !

J'allume l'eau pour nous rincer et une fois que c'est fait, nous sortons. J'enveloppe Nina d'une serviette éponge moelleuse, je la soulève dans les bras, comme une mariée, comme je le fais parfois, et je l'emmène dans la chambre. Je n'ai pas l'intention qu'on s'habille tout de suite ! Je m'emploie à sécher le reste des gouttes d'eau sur sa peau avec ma bouche et le bout de ma langue. Je la roule sur le ventre une fois que j'ai laissé ma trace sur sa chair, nouvelle morsure bien marquée. Je m'attaque à ses fesses appétissantes, les pétrir, les mordiller, les malaxer, les dévorer. C'est sans hâte pour laisser une nouvelle fois le désir resurgir, il n'est jamais loin, rien que la vue du corps alanguie et pâle de Nina me fait bander. Je frotte ma queue qui se durcit contre ses fesses, dans une promesse muette, une attente des délices qu'on se donne. Je m'écarte, me penche, lubrifie le passage convoité de ma langue, lentement.

J'ai cru mourir en les voyant tous les deux, je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel je serais s'ils s'étaient embrassés sous mes yeux. Il m'assure qu'il n'y a rien eu, et je le crois, mais il va me falloir du temps pour effacer ces images de mon esprit, et pour oublier qu'il a voulu plaire à une autre, se sentir désiré par une autre. C'est assez difficile de l'admettre, mais ça fait longtemps déjà que je n'ai plus le sentiment qu'il est à moi, que nous sommes l'un à l'autre. C'est sans doute ça, le plus douloureux, parce qu'avant même dans nos pires disputes, cette certitude persistait. J'ai terriblement besoin de la retrouver, je sais que je ne serais apaisée -et je crois que lui aussi- que lorsqu'elle sera de nouveau ancrée dans ma chair, sans le moindre doute possible. Et à mes yeux, l'alliance à mon doigt ne suffisait plus à la garantir.

Je ne sais pas quoi lui répondre pour le rassurer, je refuse de lui mentir et à tout dire je n'étais moi non plus pas certaine de rentrer. Je ne serais pas partie sans le prévenir, jamais, mais s'il n'était pas parti en mission, si je n'avais pas eu ce temps de la réflexion, je ne sais pas si je serais retournée à l'appartement. Je cherche le contact de sa peau, soupire des idioties irréalisables : Je voudrais partir avec toi en mission... Tu ne veux pas m'engager comme infirmière ? Je m'occuperais de toi le soir, la nuit avant que tu repartes... Je passe mon temps à m'inquiéter pour toi. Chaque bleu sur sa peau me fait frémir de la peine de n'avoir pas pu être là pour l'apaiser à temps. Je ne supporte pas qu'il soit blessé, même juste un peu, même quand lui ne semble pas en souffrir.

De retour dans notre lit je peux oublier mes craintes, me laisser rattraper par le désir qu'il fait renaître du bout de ses doigts et de sa langue. Le visage et les mains enfouies entre les draps, je me cambre en tendant ma croupe vers sa bouche, des soupirs de bien-être m'échappant. La drogue fait déjà moins effet et je ressens une légère appréhension de la douleur qui va inevitablement suivre, tout en étant impatiente de la ressentir malgré tout. J'expire brusquement et change d'avis en m'arrachant à ses mains. Attends. Je me retourne, profite de son incompréhension pour inverser les rôles et m'installer sur lui. Face à son regard interrogateur je souffle : Je veux te voir... Je tends la main pour le guider entre mes fesses, ma respiration bloquée dans ma gorge. Je veux le voir, et je veux qu'il me voit aussi.

J'ai un rire bas, ronronnant "ce n'est pas possible zlato, je ferais exprès de me blesser pour que tu me soignes, et mes camarades seraient jaloux. Je ne craignais rien avec le message que tu m'as envoyé" Ne pas me faire buter, si elle me l'ordonne, je lui obéis, et je ne craignais rien en sachant qu'elle voulait que je revienne. Je n'ai que des bobos superficiels habituels aux missions, à mon job en général. Rien qui valent la peine qu'elle s'inquiète.

Attelé à ma tâche, elle s'arrache à moi et j'en gronde de mécontentement en me laissant faire. C'est qui vient sur moi, et me guide. Un arc électrique d'excitation pure me parcourt. Le regard accroché au sien, je suis en miroir ma progression en elle très lente, je ne veux susciter aucune douleur, rien que du plaisir. Ma main empaume un sein que je torture doucement et je viens lécher sa bouche haletante tandis que je me cale au fond de ses reins. Ce sont des baisers voluptueux, des caresses légères pour lui faire oublier l'inconfort de ma présence, la transformer en désir brut, en besoin de plus. Je fais durer le plaisir en bougeant lentement sous elle, après deux étreintes j'ai les ressources pour me maitriser. A chaque doux à-coup son sexe frotte mon ventre. Les mains à présent sur le bas de son dos, je la ramène contre moi, collée serrée sans cesser mes baisers sensuels. Je laisse la pression monter délicieusement, jusqu'à ce que les gouttes de sueurs roulent dans mon cou, que ma respiration se fasse grondante, que je sois douloureusement dur en elle. Alors mes mains se crochètent à ses hanches, s'incrustant dans sa chair de lait, y laissant des bleus qui font échos aux miens pour mieux intensifier le rythme jusqu'à l'explosion finale de plaisir.

Je hausse les épaules, boudeuse. Ça m'est égal qu'ils soient jaloux, ils n'ont qu'à s'en trouver une pour eux, d'infirmière. Ce n'est pas un rôle qu'il me déplaît d'endosser, par jeu ou pas d'ailleurs. Avec lui je n'ai pas besoin de me battre sur un pseudo sexisme ridicule, pas pour ces sujets-là en tout cas, et je veux bien jouer les infirmières si tant est qu'il me laisse un peu m'occuper de lui. J'esquisse un sourire mutin, frotte mon nez contre sa peau en proposant d'une voix rieuse : On n'est pas obligés de le dire, tu me donnes rendez-vous, je me cache dans ta chambre et tu me rejoindras en douce, mh ? En réalité je deviendrais folle, on le sait tous les deux, et il est fort probable qu'il n'aurait de toute façon même pas le temps pour ce genre de choses... Mais disons que ça me plaît de fantasmer, là, tout de suite.

Le plaisir et le désir vrillent brusquement mes nerfs quand il se guide en moi, et je mords ma lèvre au sang pour faire refluer les sensations trop puissantes. Je suis accro à cette prise de possession terriblement intime, délicieuse. Et si j'adore quand elle est faite avec violence et brutalité, c'est aussi exquis dans un moment comme celui-là où nos regards se happent et où il n'y a aucune rage entre nous, aucune douleur. Mon corps l'accueille sans heurts, ses mouvements s'amplifiant à mon rythme avec un naturel désarmant. Il n'y a pas le moindre inconfort dans son étreinte et je me laisse aller sans crainte, accompagnant ses coups de reins d'ondulations inexorables qui le poussent toujours plus loin. La vague de plaisir qui nous emporte tous les deux m'arrache un cri extatique et je m'abats sur lui en tremblant, à bout de souffle.

Je l'enlace aussitôt qu'elle s'abat sur moi, les spasmes de plaisirs me parcourant, ondulant de sa peau à la mienne, de ma peau à la sienne sans que je sache où je commence, ce qui est moi ou elle. L'orgasme nous fusionne dans ce délicieux moment si éphémère. J'enserre sa nuque de ma large main, la masse, la caresse dans un geste possessif. Dans cet état de béatitude, flottant dans les endorphines, je somnole sans lâcher Nina, sans desserrer ma prise sur elle. Comme à chaque mission, j'ai peu dormi et les émotions ont ce don de me casser. Ce n'est pas grave, il n'y a pas d'horaire précis pour la fête, nous n'arriverons pas les premiers, c'est même mieux, comme ça on sera directement noyé dans le flot. Et puis comme ça Nina a le temps d'évacuer la vodka ingurgitée avant que je n'arrive ! Je vous jure que c'est mieux avant de remettre ça à Noël !

Je dois dormir une petite heure, avec cette habitude toute militaire des sommeils courts, presque programmés. Je suis collé à Nina et je la réveille en la bécotant tendrement, avec des mots d'amour susurrés, émerveillé qu'elle soit là et qu'on soit réconcilié. Je crois qu'en rentrant, je n'y croyais pas, même quand elle a jeté ses bras autour de mon cou. C'est ça mon problème, ma tendance à voir les choses toujours en noir, négativement, de ne pas avoir assez confiance en nous. Comme à NY, et il faut que je change ça. Pour que ça marche, il faut que j'y crois et ça commence par emmener ma femme à la fête de Noël qu'organise ma famille et mes amis. "Moj andjeo, faut qu'on se prépare... "

Je n'ai moi non plus pas beaucoup dormi en son absence, mon rapport au sommeil -comme à la nourriture- a toujours été très compliqué, et il n'est plus qu'artificiel depuis le jour où il a quitté New-York. Dans ses bras, je m'efforce de ré-apprendre à dormir sans substances, pour l'instant seulement en diminuant les doses... Ce qui n'est pas exactement le cas aujourd'hui, je vous l'accorde. Je peux enfin récupérer un peu d'énergie, apaiser mon esprit tourmenté aussi, le nez enfoui contre sa peau, et je proteste en grognant quand il me réveille, même de la plus belle des façons. Je l'enlace plus fort, frotte mon nez dans son cou comme si je voulais me faire un nid juste là. Mmh, je sais... Je ne proteste pas trop, même pas pour la forme, parce que je ne veux pas qu'il change d'avis et renonce à m'emmener avec lui.

Alors je m'arrache à ses bras, déjà bien plus sobre que lorsqu'il est arrivé à l'appartement, et après un ultime baiser je me lève pour quitter le lit. Pendant qu'il s'habille dans la chambre je vais me préparer dans la salle de bain, le temps de réfléchir à ce que je vais porter, je peux au moins me maquiller. Je ne le fais jamais à outrance, et je ne mets surtout jamais de rouge à lèvres avec Slavenko parce qu'on passe notre vie à s'embrasser et qu'il en aurait de partout... Mais j'ai récemment acheté un rouge à lèvres sans doute hyper toxique puisqu'il prétend ne pas marquer du tout, aussi je tente le coup des lèvres peintes en rouge ce soir. Un coup de brosse dans mes cheveux courts suffit à les discipliner et je file fouiller mon dressing en quête d'une tenue pour ce soir. Comment je m'habille ? Quelque chose de classe ? De discret ? De... Brillant ?

Je m'habille d'un pantalon neuf, pour une fois pas un treillis, mais un truc en laine bleu foncé, avec un tee-shirt blanc par dessus lequel j'enfile un pull. C'est propre et ce n'est pas un costume, parce qu'après ces semaines à jouer les gardes du corps, j'en ai marre d'être habillé en pingouin. Je suis en train de passer une ceinture quand Nina me rejoint. A sa question je souris en relevant la tête "d'éblouissant, mon ange." C'est la première vraie réunion de famille à laquelle on va assister ensemble et je tiens à faire oublier que Nina et moi sommes divorcés. C'est compliqué comme situation, et pas que pour moi bien que je ne l'ai pas dit à Nina, j'imagine qu'elle s'en doute. En plus, j'avoue que quand Nina s'habille de mille feux, mon ego est forcément flatté et en plus je profite d'une vue exceptionnelles, que des bénéfices.

Je prends des chaussettes dans le tiroir et les enfile. Puis, je déniche mes rangers dans le hall. Je les nettoie un peu, histoire d'être clean. Allant et venant dans l'appart, j'explique à Nina "tu sais qu'on va à la messe de minuit ? C'est une tradition. Ce qu'il y a de marrant c'est qu'on va à l'Eglise près de la maison. Après on retourne au QG finir la soirée, ça ira zlato, t'es pas trop fatiguée ?" En plaisantant à demi, je demande "Tu veux un cachet contre la gueule de bois ?"

Je plisse le nez d'amusement à sa réponse, parce qu'il est très bien habillé lui-même mais que c'est finalement une tenue assez classique en comparaison de ce qu'il me demande de porter ! Pourtant ça ne me dérange pas, rien ne m'importe plus que de lui plaire, et surtout de faire bonne impression ce soir. Je ne suis pas idiote, je sais bien les enjeux que représente cette soirée pour notre couple... Je me demande si sa famille sait déjà que nous avons divorcé, s'il en a parlé ou bien s'il a fait en sorte de garder le secret. J'appréhende les réflexions auxquelles j'aurais forcément droit, surtout de la part de Mirko je présume... Mais j'ai bon espoir de me sentir soutenue par Slavenko pour une fois, en opposition à toutes les fois où à New-York j'ai eu la sensation d'être seule contre tous.

Je trouve dans mon dressing une robe achetée à New-York et que je n'ai pas mise depuis mon arrivée ici. Cuivrée, elle brille moins que la robe d'or et d'argent que je portais à Las Vegas, mais est loin de passer inaperçue pour autant. Les manches sont longues parce que l'hiver à Sarajevo est rude, mais la robe est courte, moulante, et profondément décolletée dans le dos... Tout ce qu'il aime, si mes souvenirs sont bons, et je sais qu'ils le sont. Tout en m'habillant, je lui tire la langue. Si, je suis fatiguée, mais j'ai l'habitude, ça va aller t'inquiète. Et j'veux bien un cachet, ouais. Histoire de pouvoir recommencer à boire une fois sur place !

Je lui apporte un verre d'eau et un cachet, me figeant à l'entrée de la porte de chambre, le regard braqué sur une Nina réellement éblouissante. Je pose le tout sur la table de chevet avant de m'approcher de ce pas de loup, prédateur. Je la saisis, une main agrippant son poignet pour l'attirer vers moi, l'autre main sur son dos divinement nu. Ma peau glisse sur la sienne et je prends le risque d'enrayer son maquillage par un baiser passionné. "Ti si divna, srce, ti vi divna" Oh oui elle est belle, divine, unique. Mon cœur s'est foutrement emballé à sa vue et j'ai des palpitations rien qu'à la regarder, sculpturale dans le métal étincelant. "J'ai bien envie d'être en retard mais j'crois que ça serait mal vu" Pourtant, je ne peux pas m'écarter d'elle, je suis hypnotisé par son regard, sa présence, son odeur, son air de princesse, de chatte capricieuse. Je penche la tête pour embrasser son cou, toujours accroché à son poignet, son corps contre le mien. J'entends le tissu de sa robe crisser, j'entends les battements de son cœur, ou du mien ? Je mords brusquement son cou, sans douleur pourtant, juste une pression, aspirant la chair dans un suçon. J'amène sa main au renflement de mon pantalon, et relâchant son poignet, je glisse vers le dessous de sa robe, cherchant sa cuisse, le nu d'une fesse au dessus d'un bas, je l'espère.

Il se fige en découvrant ma tenue et je crains un instant d'en avoir trop fait. J'ai tendance à oublier que les moeurs à Sarajevo ne sont pas les mêmes qu'aux Etats-Unis, et que nous allons à une réunion de famille, peut-être ma robe est-elle inappropriée à ses yeux...? Je mords ma lèvre, mes yeux interrogateurs levés sur lui avant que nos regards ne se croisent et que je lise le désir dans ses prunelles. Je le laisse me tracter vers lui, fracasser ses lèvres sur les miennes dans un baiser qui me coupe le souffle. Sa bouche n'arbore aucune trace de rouge et je bénis l'invention de cette merveille qu'est le maquillage sans transfert.

La chaleur qui émane de son corps m'électrise, et je presse contre ma paume le renflement entre ses jambes dans un soupir d'approbation. Ce qui serait mal vu, c'est que tu disparaisses au bout de dix minutes parce que j'aurais trop envie de toi... Du bout des doigts, je commence déjà à défaire sa fermeture éclair, ma main libre glissant sous son pull pour trouver la peau chaude de son flanc. Un couinement m'échappe quand sa main glisse sous ma robe, rencontre le tissu de la culotte que je porte, à son grand désespoir je le sais... Malgré tout elle est fendue et j'ose espérer que ça compense. Je lève la tête, attends qu'il se voûte sur moi pour mordre sa bouche avec voracité. Laisse-moi faire, moja duša, je ne voudrais pas que tu passes une mauvaise soirée... Sur ces mots je tire son pantalon, accrochant le boxer dans le même mouvement, pour libérer sa queue qui se tend déjà vers moi. J'enveloppe son sexe d'une caresse ferme, lape sa bouche d'un coup de langue joueur. Est-ce que tu me veux, Slavo...?

J'esquisse à peine un sourire, en général le désir m'empêche d'être d'une franche gaieté (bon ok, en temps normal je ne suis pas un bout en train non plus !) "ce qui serait gênant c'est d'avoir la trique à l'église..." Le sang bat mes tempes à ses gestes, la fermeture éclair qui descend lentement, l'effleurement de sa main sur ma peau. L'excitation grimpe d'un cran entre ses doigts experts. Je pétris sa fesse que j'ai atteins, ma main glisse sous le tissu de la culotte, contrariant. Je le redresse, penché cependant vers Nina, la toisant dans la volonté de la dominer physiquement alors qu'elle prend l'ascendant sur moi par le plaisir. Sa bouche sur la mienne me donne l'image de ses lèvres glissant sur ma queue et mon ventre se crispe, la boule incandescente enfle, brûlante en son creux.

Je grogne, soupire, perturbé par des désirs contradictoires. A sa question, je hoche la tête silencieusement avant de me décider. Mon regard s'obscurcit alors que mon sang pulse plus fort dans mes veines à ma décision. Fermement, presque brutal, je pousse Nina vers la commode, dos à moi "je te veux" J'embrasse furieusement son cou, collé à elle alors que je remonte sa robe d'un geste péremptoire. D'un coup de rein, je m'enfonce en elle jusqu'à la garde sans ménagement. La sensation des chairs s'écartant et se refermant sur moi est délicieuse. J'entame un va-et-vient rythmé, sans contrainte, destiné à me faire jouir fort, vite, avec cette brutalité que j'aime particulièrement et que j'essaye souvent de contrôler pour rester synchro. Mais cette fois je m'en fous, je ne m'occupe que de mon plaisir, de la montée fulgurance, du désir qui me tenaille les reins si fort que je perds tout contrôle. C'est fou l'effet qu'elle est capable de me faire !

Il y a cette lueur de défi qui brille dans nos regards respectifs, ce refus de lâcher prise, de son côté comme du mien, qui fait délicieusement vibrer mes nerfs. C'est à celui qui prendra les commandes, on le sait pertinemment. Je me vois déjà tomber à genoux devant lui pour le prendre dans ma bouche et lui faire rendre les armes, mais il est plus rapide que moi en me poussant contre le meuble, m'arrachant un grognement de mécontentement. Le rebord de la commode me scie le ventre quand il plonge en moi et j'expire un gémissement animal de plaisir et d'inconfort tout à la fois. Les bras tendus sur le côté pour m'accrocher à la commode qui a déjà accueilli nos ébats plus d'une fois, je me cambre pour tendre ma croupe vers lui, rouler des hanches pour me donner l'illusion de maîtriser quelque chose.

Mes fesses claquent violemment contre son bassin à chaque coup de reins, et le plaisir grimpe avec une violence telle que c'en est douloureux. Haletante, je me penche en avant, le buste écrasé contre le meuble, les doigts crispés à en faire blanchir mes phalanges, tous mes sens en ébullition... Mais il jouit avant moi et finit par glisser hors de mon corps, me laissant sur ma faim. Je ne me sens pas la force de jouer ce soir, de partir à cette soirée en étant frustrée et en manque, j'aurais déjà suffisamment d'épreuves à affronter comme ça au sein des Tigrovi ! Alors je me tourne pour lui faire face, jeter mes bras autour de son cou, et venir dévorer sa bouche haletante dans une supplique silencieuse mais terriblement explicite.

Je lâche la bride à mon désir et l'orgasme n'en est que meilleur, brut, fulgurant. Je m'écrase contre le corps de Nina mais elle se tourne pour me faire face et à peine le temps de sortir du flash incandescent qui m'a grillé les neurones qu'elle m'embrasse à pleine bouche, frémissante. Je réagis d'instinct, comme je la connais ! Au début de notre relation, elle prenait ma main, me guidait pour achever son plaisir, aujourd'hui, je sais exactement comment agir, je n'y pense même pas. Une main entre ses cuisses, ma bouche sur sa bouche pour un baiser voluptueux, je la masturbe avec langueur, sans hâte inutile, m'accordant à ses mouvements ondulatoires jusqu'à ce qu'elle jouisse.

Je la ramène vers moi pour l'embrasser encore, amoureusement, le regard doux, presque amusé aussi. "Volim te" Je malaxe sa fesse d'un geste possessif avant de tapoter gentiment dessus et daigner la relâcher pour me rhabiller. Je fourre mon tee-shirt tant bien que mal dans mon pantalon avant de tirer sur mon pull, ça ira bien ! Y a des chances que je vire mon pull après deux verres, c'est à dire cinq minutes, je vais pas trop me prendre la tête. Malgré l'appréhension que ça dérape à la soirée, je suis pourtant content d'y aller, avec cette joie enfantine propre à Noël, même si j'évite d'être exubérant ! Une fois que nous sommes prêts, on prend la caisse pour rouler jusqu'au Pussynight. On se gare à l'arrache entre deux caisses à moitié sur le rue. Le quartier est à nous ce soir !

La musique est déjà tellement forte qu'on l'entend du dehors. A peine un baiser pour Nina une fois extrait de la voiture, et on se fait happer par un camarade à moi, Durad. On échange quelques mots, en serbe, il salue Nina en lui souhaitant un bon Noël, assez saoul déjà pour passer outre sa timidité légendaire au sein du groupe. Pourtant, il est redoutable au combat. En rentrant dans la boite, je chuchote dans le cou de Nina, ma main dans le creux de son dos pour la déclarer mienne. "Ta robe fait déjà des merveilles, tu as fait parler Durad ! La nuit de Noël est propice au miracle"

Dans ces moments-là, quand nos corps et nos désirs s'accordent avec une telle perfection, je retrouve la complicité d'autrefois. Ce lien si évident entre nous qu'il me semble tangible, comme une liane de désir qui nous attacherait l'un à l'autre, sans cesse. Repue, flottant encore sur les délicieuses vagues d'endorphines induites par l'orgasme, je me sens de taille à affronter la soirée qui nous attend. Et pourtant Dieu sait que je ne l'envisage pas comme une partie de plaisir, bien au contraire, c'est à mes yeux une véritable épreuve, comme un rite de passage auquel il me faut me plier si je veux une chance que notre histoire fonctionne. Je retourne dans la salle de bain vérifier que je suis présentable malgré ce petit interlude, me recoiffe, change de culotte et de bas, remets un peu de ce rouge à lèvres terriblement pratique... Et j'enfile enfin mes chaussures, parce que j'aurais eu l'air fine à me pointer pieds nus à la soirée de Noël.

Etrangement, la musique qui me vrille les tympans, le fait que la fête soit déjà bien entamée me rassure. Plus il y a de monde, et d'alcool, plus j'ai de chances de me fondre dans la masse, c'est parfait. Même si je sais déjà que Slavenko va être fort demandé ce soir, le contact de ses doigts sur ma peau -Dieu bénisse les dos nus- suffit à me rassurer. Je ne suis pas encore suffisamment à l'aise avec le serbe pour tout comprendre des conversations dans un tel vacarme, mais s'il ne s'éloigne pas trop de moi, je devrais tenir le coup. Je fronce les sourcils, demande dans un sourire : Mmh pourquoi, il est muet d'habitude ? Je tends le cou pour mordre sa mâchoire, joueuse. Et ce n'est pas la robe qui fait des merveilles enfin, c'est moi. Je lape subrepticement le coin de peau dans lequel je viens de planter mes dents.

Je suis complètement redescendue des substances ingérées mais je me sens bien, pour l'instant en tout cas. J'aperçois quelques visages connus qui me sourient, Aleska notamment avec lequel j'ai eu une aventure ridicule avant de retrouver Slavenko. Et puis Ashley, l'une des filles qui bosse pour moi et qui s'est visiblement entichée des Tigrovi. En même temps c'est sûr que ça lui fait des extras plutôt sympas, et eux ont l'air ravis de pouvoir sauter une américaine. Tu nous trouves à boire ? Je demande en me tournant de nouveau vers le slave.

"Non il est pas muet, sauf avec les étrangers et les filles, et en général de toute façon il préfère laisser les autres parler. J'te dis que c'est un miracle. Tu fais des merveilles " Je veux bien concéder que c'est elle et pas la robe. Je suis sous son charme, complètement. On attire quelques regards mais je ne me suis confié de mes déboires amoureux qu'à mon frère et à Ymke. Je n'ai pas parlé du divorce à mes camarades et personne n'a remarqué la disparition de mon alliance si ce n'est Sonja mais elle ne m'a pas interrogé, elle a interrogé Cam qui bien sur me l'a répété. Nous sommes des pro de la communication triangulaire.

"D'accord, je nous trouve ça, mais je risque de me faire happer, alors pardonne moi si je suis long !" Et en effet, en louvoyant vers le bar, je me retrouve à devoir faire des accolades à tour de bras et à souhaiter une pléiade de Joyeux Noël avant de réussir à atteindre le comptoir. J'appelle une des filles, une nouvelle assez jeune dont j'ai oublié le nom, et je lui demande deux verres de vodka tassés. Tandis qu'elle sert, j'aperçois mon père et Camenko qui me fait un geste. Ils sont à l’entrebâillement de la porte qui donne vers la partie privée du QG et je réponds par signe que j'arrive. Je m’efforce de rejoindre d'abord Nina avec les verres. "Tiens mon ange. Viens, on va voir mon père et Cam..." Je lui prends la main qui est libre du verre pour l'emmener à ma suite.

On rejoint Camenko et Jelenko et si le regard de ce dernier est froid sur Nina, l'accueil de Camenko, exubérant et chaleureux comme une vodka flambée me réconforte. "Salut Nina, ça fait plaisir de t'avoir pour Noël. Enfin un second Noël pour toi !" Mon père intervient d'un hochement de tête avant de me taper sur l'épaule, en un geste affectueux pas si rare, croyez le ou non. "Ah fils, te voilà. Camenko trépigne depuis deux heures en attendant de pouvoir ouvrir la bouteille de Vodka que j'ai amené. De la  Stoli Elit Himalaya." Enfin il daigne se tourner vers Nina, estimant avoir sans doute assez marqué sa froideur, et jugeant qu'il ne va pas déclencher un cataclysme le soir de Noël alors que je tiens la main de ma femme, ou dois-je seulement dire l'amour de ma vie "Nina, soyez la bienvenue à ce Noël."  

Je prends le compliment avec plaisir, même si je ne suis pas dupe de la réalité. Son ami est de toute évidence déjà bien saoul, et je ne crois pas que ce soit ma robe (ou même moi) qui l'ait rendu bavard. Cela dit c'est surprenant, je suis pleine de préjugés visiblement mais je ne pensais pas qu'il pourrait y avoir un homme aussi timide au sein des Tigrovi ! Beaucoup d'entre eux sont très... Disons exubérant dans le besoin qu'ils ont d'exprimer sans cesse leur virilité. Hum t'en fais pas, reviens-moi et tu seras amplement pardonné. Je l'attends sagement tandis qu'il s'éloigne, en m'efforçant de ne pas le perdre de vue. Je ne crois pas risquer quoi que ce soit ici ce soir, physiquement parlant en tout cas, mais j'appréhende forcément de rester seule en l'attendant. À l'époque, Mirko était du genre à m'aborder seule pour faire passer des messages désagréables. Je ne sais pas s'il le ferait encore aujourd'hui ou s'ils ont tous décidé de se comporter comme si je n'existais pas.

Je ne me fais heureusement aborder par personne, on me lance des regards curieux, désapprobateurs parfois et j'ai également droit à quelques sourires mais personne n'ose venir me causer. Je ne vais certainement pas m'en plaindre ! Merci, je te suis. Je récupère mon verre en essayant de ne pas le renverser tandis qu'il m'emmène voir sa famille. Je me demande encore s'il ne regrette pas de m'avoir demandé de venir, mais je fais sincèrement de mon mieux pour faire bonne figure. La présence de Camenko m'y aide beaucoup, il m'est sympathique depuis le départ et il fait toujours beaucoup d'efforts pour me mettre à l'aise. Mon regard s'illumine à ses salutations chaleureuses. Le plaisir est partagé, j'avais beaucoup aimé fêter le Noël orthodoxe à NY, je n'aurais pas voulu le louper à Sarajevo ! C'est une vérité, d'une part, mais aussi une façon de rappeler l'air de rien à Jelenko qui me snobbe que je ne suis pas une passade, un plan cul passager, et que malgré notre séparation je fais partie de la vie de son fils depuis des années. Manipulation vous dites ? Bah, je suis entourée de Drazavic.

Lorsque son père daigne enfin m'adresser la parole, je réponds dans un hochement de tête avec un léger sourire. Merci. Ne voulant sans doute pas laisser la tension s'installer, Camenko prend le relais. Bon, allons ouvrir cette bouteille ! Et il nous entraîne complètement de l'autre côté de la porte, où se trouvent déjà plusieurs Tigrovi et leurs accompagnatrices.

J'ai l'habitude de l'attitude formelle de mon père, de sa façon de vous snober quelques secondes juste assez pour signifier sa désapprobation avant de passer à autre chose, son attitude devant le monde ou quand ce n'est pas le moment d'une mise au point. Avec ses fils, la mise au point finit toujours par arriver, et je sais déjà que c'est moi qui devrait essuyer une discussion sur ma relation avec Nina. Il faut savoir que mon père n'aura pas renoncé à l'idée d'une descendance, que je fonde de famille, et Camenko aussi. Lui fréquente une russe, une alliée naturelle. Il a omis de dire à mon père qu'elle est mariée et je garde son secret. Cam et moi nous soutenons mutuellement et je lui lance un regard reconnaissant tandis qu'on va vers le salon des Tigrovi.

Mon père va chercher la bouteille, un magnum hors de prix, et j'adresse un sourire à Camenko. "tu es venu seul?" "Hummhumm j'ai préféré ne pas gâcher Noël. Vous faites déjà assez sensation tous les deux, sans offense Nina, mais personne de la famille aurait parié sur votre venue !" "Cam" "Hein? Non mais j'en suis très content. ça détourne l'attention de Papa vers vous. Il ne pense plus qu'il veut la rencontrer. Merci !" Je secoue la tête en pressant Nina contre mon flanc, protecteur et rassurant, amoureux. "Pffff... Tu vois ça Nina comme mon frère est bête ? Humm Ujakn'est pas là ?" "Non, il a envoyé un sms, il nous rejoindra à l'église !" Mon père revient avec des verres et la bouteille et un large sourire éclaire les traits de ma canaille de frère. Chose notable, il y a un verre pour Nina, les choses ne vont pas si mal !

J'essaie de rester discrète, ce qui est de toute façon dans mes habitudes puisque j'ai dû apprendre à me fondre dans la masse pour gagner ma vie ! Mais au-delà de ça je ne me sens pas à l'aise en présence de Jelenko, et je suis en prime particulièrement épuisée ce soir. Disons que les derniers jours ont été mouvementés, et que j'ai encore une légère gueule de bois. Je respire déjà un peu mieux quand il s'éloigne, même si je sais qu'il va malheureusement revenir ! Je me tourne vers Camenko tout en ne me décollant pas d'un centimètre de Slavenko. Je me focalise sur la chaleur de son corps contre le mien, sur sa main accrochée à ma taille et son odeur qui m'enveloppe encore tant qu'il est si proche de moi. J'arque un sourcil pourtant à la remarque de Camenko, je réalise à quel point je suis naïve parce que je ne pensais pas que les Drazavic parlaient de moi en mon absence. Non, j'étais juste convaincue d'être parfaitement invisible à leurs yeux, celle dont ils prétendent qu'elle n'existe pas. Ah non, pourquoi ? Moi non plus je n'aurais pas parié sur ma venue, mais je suis curieuse de savoir ce que Slavenko raconte à mon sujet pour que tout le monde pense qu'il ne m'amènerait pas à Noël.

Je sais que Camenko fréquente quelqu'un mais Slavenko ne m'en a jamais trop parlé et je me demande pourquoi il ne veut pas non plus qu'elle rencontre Jelenko. Aucune femme ne trouve donc grâce à ses yeux ? Bon sang, tous les jours je déplore de n'avoir jamais rencontré la mère de Slavenko, je crois que je l'idéalise complètement. Je me serre un peu plus fort contre Slavenko dans un léger sourire, hochant la tête sans renchérir. Jelenko revient de toute façon à ce moment là et mon sourire de convenance s'évapore à la vision de Ymke dans son sillage. Je me crispe toute entière, mon regard noir braqué sur elle qui offre un sourire enjôleur à tous les Drazavic.

Nina est bien naïve en effet. Quand il s'agit de descendance et de mariage, la question est sérieuse chez les Drazavic. Camenko hausse les épaules d'un geste délié qui fait son charme. "A cause de votre statut c'est compliqué. " Je me renfrogne un peu en pensant que Camenko parle trop et qu'il pourrait se montrer plus discret sur ce que je lui confie. Mais lui aussi a déjà beaucoup bu je crois, et il ne voit pas l'importance ou la nécessité du secret. "En plus, Mirko sera là tout à l'heure, Slavo m'a dit que vous ne vous entendiez pas avec lui. Vous verrez quand vous le connaîtrez mieux, vous l'apprécierez." Là c'est Cam qui est naïf, mais il aime beaucoup mon oncle parce que c'est ce dernier qui s'est occupé de lui quand mon père a été mis en taule. C'est lui qui l'a mis en internat à Londres, qui lui a payé des études, l'a formé.

Si dans un premier temps, je suis presque soulagé de voir mon père revenir, très vite la sensation s'évapore en voyant Ymke. Ma main se crispe inconsciemment sur la taille de Nina. Le sourire de Ymke pourait dégeler la banquise mais n'a aucun effet. "Slavenko, je suis contente de voir que vous allez bien. Quand j'ai vu votre collègue l'autre soir, j'ai eu peur que vous ne soyez malade." Jelenko hausse aussitôt un sourcil, concerné par l'organisation de ses équipes. "Tu n'as pas été à ton poste ?" je me tiens raide, posture presque militaire sous le regard inquisiteur de mon commandant  "Non j'ai eu un empêchement et j'ai demandé à Cvetko de me remplacer." Le regard de mon père nous enveloppe Nina et moi. Ymke adresse un autre sourire à Nina. "bonsoir, je suis Ymke VanHagen, je parie que vous êtes Nina. Slavenko me parle tellement de vous."

"Bon et cette vodka ? Hein ? Je vais la servir. Donne la moi, Votre mari n'est pas là Ymke ?"

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*en italique = en serbe
sinon en anglais

J'ai un regard interrogateur à l'intention de Slavenko, je pensais que notre "statut" ne regardait que nous, je ne vois pas en quoi il est nécessaire d'en disserter avec les autres. En plus de ça il y a toujours une partie de moi qui reste terriblement en colère quand on me répète que le mariage est sacré alors qu'ils l'ont tous encouragé à abandonner sa femme sur un autre continent. Ils prétendent avoir des valeurs mais ils les arrangent bien à leur sauce et ça a le don de m'agacer prodigieusement, encore que le terme est faible. Les vœux que l'on prononce en se mariant promettent qu'on veillera sur l'autre, qu'on sera là quoiqu'il advienne, pour le meilleur et pour le pire. Et chaque fois que je pense à cette signification, je ne peux que me rappeler de pourquoi j'ai tenu à divorcer quand même, et pourquoi je ne regrette finalement pas de l'avoir fait. À la mention de Mirko, un sourire crispé pince mes lèvres. Je ne crois pas, non. Puisqu'il semble de toute façon tout dire à son frère, inutile de jouer l'hypocrisie. Je sais que je n'apprécierais jamais Mirko, mais je crois également qu'on n'apprendra jamais à mieux se connaître. Ni lui, ni moi ne ferons l'effort.

L'arrivée de Ymke fait complètement basculer la situation, et au-delà de l'angoisse qui me serre douloureusement les tripes flambe une colère sourde. Donc ma présence ici est remise en question, voire indésirable au point que même Slavenko ait hésité à m'emmener avec lui, mais cette salope est la bienvenue ? Un goût âcre de bile envahit ma bouche, d'autant que je ne parviens à comprendre que la moitié des paroles échangées. J'ai soudain la furieuse envie de m'arracher aux bras de Slavenko qui ont pourtant raffermi leur prise sur moi, mais ce serait admettre que je la perçois comme une rivale. Et même si c'est foutrement vrai, plutôt mourir. Je suis douée pour jouer la comédie mais cette fois ça me touche de trop près, me blesse trop fort pour que j'en sois capable. Décidément, Slavenko est bien bavard. Je n'imagine que trop bien ce qu'il a pu lui dire à mon sujet, sans doute m'a-t-il dépeinte comme la pétasse égoïste qui a osé lui briser le cœur en demandant le divorce. Est-il allé chercher le réconfort auprès d'elle, l'approbation d'une autre chaque fois qu'on s'est disputés ? Je me sens acculée et l'oxygène me manque cruellement. Il a eu un empêchement, lui aussi, mais ça ne fait rien, je suis en excellente compagnie.

Je sens la colère de Nina comme une aura. Bien sur qu'il m'arrive de me confier parfois à mon frère, sans doute parce que - même si nous nous sommes découverts sur le tard - c'est la seule personne à pouvoir me comprendre, à vivre avec les mêmes contraintes familiales et militaires à la fois. A qui pourrais-je parler si ce n'est à lui ? De la même façon que je l'écoute quand il me raconte son béguin pour une russe mariée, et pas n'importe quelle russe, mon Dieu, je me demande s'il n'est pas plus dans la merde que moi !

Je deviens muet dès que la situation se tend entre Ymke et Nina et que cette dernière me désavoue par sa phrase pleine de colère rentrée à mon égard. Mon bras retombe de sa taille et mon visage se ferme à tous. Je n'ai pas envie de jouer l'os qu'on se partage et je suis mal à l'aise au centre des piques qui fusent discrètement. Le mari d'Ymke a toujours des empêchements, il se tient complètement en dehors de la vie de sa femme et je ne suis même pas étonné de la réponse qui a pourtant un coté subtilement narquois qui ne m'échappe pas. Camenko verse des verres de vodka, ce qui nous permet de trinquer sous l'impulsion de mon père. "Bon Noël à tous" tout le monde reprend en chœur bon noël et j'avale cul sec mon verre. Dans la foulée j'allume une clope, Camenko m'en taxant une dans la foulée. Ymke me demande avec grâce en désignant mon paquet. "Je peux ?"

​Slavenko me relâche sans que j'en sois réellement surprise, cela dit il ne pouvait pas s'attendre à ce que je le pardonne pour Ymke si rapidement. Que j'accepte de tenter de passer à autre chose, oui, mais la blessure reste parfaitement tangible et la présence de cette femme ici ne fait qu'empirer les choses. ​L'hypocrisie dont elle fait preuve me donne la nausée. Bien-sûr elle sait parfaitement qui je suis, tout comme elle a toujours su que Slavenko n'était pas libre, ce qui ne l'a pas empêchée de tout faire pour le foutre dans son pieu. Et je me sens particulièrement ridicule ce soir, parce qu'elle sait également qu'il s'est laissé faire, qu'il n'a même pas tenté de repousser ses avances, et je passe pour l'ex-femme naïve qui ne se doute de rien. Mais pourquoi suis-je surprise ? Après tout ce n'est pas la première fois, et certainement pas la dernière, que je me sens humiliée par le comportement, volontaire ou non, du slave.

A l'image des autres, je vide mon verre d'un trait et taxe moi aussi une cigarette dans le paquet de Slavenko qui semble être devenue le paquet commun. Le regard qu'Ymke pose sur lui est bien trop insistant, et des furieuses envies de meurtres me soulèvent la poitrine. Elle échange en serbe avec Jelenko et l'évidence me frappe que je suis clairement l'intruse de ce petit rassemblement. Pourtant si je n'ai pas envie de me battre, je refuse également de laisser ma place. Comme je ne me suis pas éloignée de Slavenko, malgré mon envie de le faire, je peux discrètement glisser ma main sous sa veste, dans son dos. Je suis en colère contre la terre entière, blessée aussi, mais je l'aime malgré tout et je reste à ses côtés, je crois que c'est ce que je veux lui faire comprendre et c'est sans doute beaucoup de pression pour une simple caresse, j'en conviens. Je n'ose pour autant pas parler, de crainte d'être ignorée ou ridiculisée encore en posant des questions qu'ils jugeront tous idiotes. J'ai envie de m'intéresser à leurs traditions pourtant mais je ne crois pad Jelenko assez bienveillant pour ça, et ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie concernant le fait que je suis américaine. Alors je me tais, je m'efface, mal à l'aise de toute façon.

Bien sur que la situation est étrange et malsaine, il faudrait être con pour ne pas s'en rendre compte. C'est en partie ma faute puisque je n'ai pas su signifier à Ymke que Nina comptait plus que tout et que je ne mettrais pas en péril mon mariage pour un plan cul. Hum, oui, mon mariage, oui, je vois ce que vous voulez dire mais ça ne change pas vraiment la donne, vous voyez ?

Le geste de Nina, pour discret qu'il soit me surprend et je tourne mon visage vers elle pour croiser son regard. La compréhension passe entre nous, en tout cas, j'en ai l'impression et mon regard s'adoucit, teinté d'amour pour elle. Irrésistiblement, je me penche pour l'embrasser sur la tempe, humant furtivement l'odeur de ses cheveux, il sent le gel douche avec lequel on s'est lavé tout à l'heure. La voix de mon père me sort de ce souvenir récent et je prête attention à lui et à Ymke qui est à ses cotés. Le regard de celle-ci est flamboyant même si elle arbore un sourire détaché. "Slavo, tu écoutes ? Ymke demandait si tu serais de service demain." "Non, désolé, mais j'ai dit à Damir que je retournais sur le terrain, d'ailleurs j'ai déjà repris. C'est Cvetko et Tomas qui vont s'occuper de ta protection, Ymke. J'ai toute confiance en eux." "Oui,Cvetko est un garçon adorable. Il n'a pas ton expérience, mais il veut bien faire, c'est touchant." Je cille, manque de rougir tant son ton est ambigu. J'ai peur qu'elle ne finisse par mettre Nina en colère ou pire qu'elle lui distille le doute sur quelque chose qui ne s'est pas passé. J'esquisse un sourire froid avant de m'extraire de la nasse en demandant à Nina "Bon, Mirko nous rejoindra à la messe et on a encore une bonne demi-heure avant de s'y rendre. Si on allait danser srce moje ?"

Pendant ce court instant durant lequel il est voûté sur moi, l'environnement si hostile autour de moi s'estompe. Je tourne légèrement la tête de l'autre côté dans un geste furtivement tendre, laissant son visage cacher le mien quelques secondes pour me soustraire aux regards qui nous scrutent. Je voudrais disparaître, on aurait mille fois du rester à l'appartement, j'aurais pu le retenir sous nos draps, lui faire oublier l'heure qui défilait, j'en suis convaincue. Il m'en aurait voulu un peu sans doute mais on n'est plus à ça près dans le compte des reproches que l'on se fait, et je lui aurais fait de nouveau oublier sa rancœur dans mes bras. Emprisonné entre mes cuisses, il ne m'en aurait pas voulu longtemps... L'idée me traverse brièvement l'esprit avant que la réalité ne nous attrape et nous enlève ce ce doux instant volé, bien trop court pour m'apaiser.

Je réprime un grondement de frustration qui me ferait passer pour une sauvage quand Ymke l'interpelle encore, et le sous-entendu qu'elle se permet de glisser dans sa phrase hérisse ma chair de colère. Je lui lance un regard assassin et heureusement Slavenko nous éloigne d'elle parce que je pense que j'aurais pu lui sauter à la gorge. J'ai envie de hurler, de pleurer, de frapper quelqu'un aussi et je tourne les talons en bouillonnant d'une rage que j'ai de plus en plus de mal à contenir. Elle y parvient à merveille, à distiller le doute, je n'ai plus suffisamment confiance en Slavenko pour le croire sur parole et l'angoisse qu'il ait couché avec elle me ronge lentement mais sûrement. On quitte le QG pour retourner du côté boîte de nuit, où la salle est pleine à craquer. La foule mouvante nous engloutit rapidement et je me colle contre le slave. Sur la pointe des pieds, je fourrage du nez contre son cou pour dévoiler sa gorge dans laquelle je plante mes dents. Fort. Je vais la tuer.

Je m'éloigne avec ce sentiment de soulagement et de trouille mêlée, tenant fermement la main de Nina dans la mienne, le dos raide, emprunté parce que je sens le regard des autres nous suivre. Je suis heureux que Nina ait mis cette robe, qu'elle soit si étincelante, mon trésor, pour déclarer au monde que je suis comblé, il n'y a qu'à la regarder. je crois qu'Ymke enrage à la voir si jeune, si belle, c'est une nouvelle provocation, un nouveau coup dans son ego, mais je me moque bien de son ego. J'ai juste peur qu'elle ne blesse Nina un peu plus.

La foule de la boite de nuit nous absorbe et j'en suis soulagé. La morsure brutale de Nina me fait grogner d'un mélange de déplaisir et d'acceptation. "elle ou moi ?" J'ai plutôt l'impression que c'est moi qui paye le prix. Je me voûte sur Nina, l'entoure de mes bras en venant chercher un baiser brutal pour me rassurer, prendre mon dû sans trop réfléchir pour une fois. Je relâche sa bouche, mais reste nez contre nez, lèvres proches des siennes, ondulant à peine, même pas au rythme de ma musique seulement à celui des autres danseurs qui nous heurtent. Une ombre de sourire passe sur mon visage trop grave, dans l'éclairage stroboscopique et agressif de la salle. "J'te trouve très excitante quand t'es jalouse." Ma prise se raffermit, l'attirant contre moi, la pressant, mon bassin contre son corps, cherchant la chaleur et l'odeur familière. "Je trouve que tu t'en sors très bien n'empêche. I ja volim te, duso." Je l'aime furieusement de tous ces efforts qu'elle fait pour moi, parce qu'elle sait l'importance de ma famille dans ma vie et de ma difficulté à tout concilier.