Shopping is physical interaction, exercise of decision-making capacity, sating of the desire to acquire ...

​Je gronde contre sa peau : Elle. Lentement, je passe ma langue sur la morsure infligée, et probablement légèrement douloureuse pour une fois. Et toi. Si tu ne fais rien pour la contrôler. Je ne le tuerais pas réellement pour ça, on le sait tous pertinemment, en revanche je ne plaisante pas quant aux envies de meurtres qui m'animent à l'égard d'Ymke. Et je ne plaisante pas non plus en lui faisant comprendre qu'il est grand temps qu'il l'envoie clairement se faire foutre. Ce petit jeu entre eux me rend malade et je ne le supporterais pas toute la soirée. Il ne peut pas seulement se contenter de dodeliner de la tête en souriant, faisant mine de ne pas comprendre, lorsqu'elle lui fait des sous-entendus qui mettent tout le monde mal à l'aise, moi la première. Non, ça ne me suffit pas. Et ça m'est bien égal qu'il doive garder avec elle de bonnes relations pour son boulot, pour sa famille ou que sais-je. J'ai besoin de savoir où il se situe, pour qui et pour quoi il se bat.

Je perds mes moyens sous l'impulsion de son baiser trop fougueux pour me laisser de marbre, passe mes deux mains sous son pull pour toucher sa peau sans plus me soucier qu'on puisse nous voir ou nous juger. C'est pas un jeu, Slavenko. Ce n'est pas pour lui plaire, l'exciter ou flatter son ego que je montre les crocs. Je reste blessée, profondément, par la façon dont il a réagi à tout ça, et s'il ne le comprend pas très vite je crois qu'on va avoir un sérieux problème. ​Son corps se presse plus fort contre le mien et mes doigts se crispent un instant sur sa peau, un sursaut de désir me soulevant la poitrine. Je secoue la tête, libère l'une de mes mains pour la glisser dans ses cheveux en revenant chercher sa bouche, plus langoureusement cette fois. J'en ai pas l'impression.... De bien m'en sortir. Vraiment pas.

​Contrôler Ymke, comme si je le pouvais. Autant me demander de contrôler un ouragan imprévisible. imprévisible ? Non pas exactement, je sais où elle veut en venir, je ne sais juste pas à quelle extrémité elle serait prête. Après tout, elle a beau vouloir jouer un jeu dangereux pour mettre du piment dans sa vie, il n'en reste pas moins qu'elle est observatrice à la Haye et qu'elle touche des pots de vins. Malheureusement, je ne peux pas utiliser cet argument de chantage pour la calmer, parce que ça nous implique aussi largement. Impasse.

L'ombre de sourire disparait comme elle est venue au rappel de Nina. "Je sais bien que c'est pas un jeu." Il serait plus facile de faire semblant que c'en est un, qu'on se fait assez confiance pour ne pas être blessé par une femme ou un homme trop entreprenant, mais c'est faux. Si quiconque approchait Nina, je referais proprement le portrait de ce dingue, parce que Nina reste à moi, j'ai envie de le croire. Je frémis sous le baiser de Nina, je me laisse absorbé, emporté par elle, avec ce besoin qu'elle me veuille, qu'elle sorte les griffes pour moi. Cela répare en partie la blessure faite par ce divorce inepte. "Tu ne devrais pas tant t'inquiéter moj andjeo, elle est furieuse parce que tu es plus sexy qu'elle, et que c'est toi que j'aime. Je suis désolé parce que je pensais qu'elle serait à l'ambassade russe. Elle se compromet drôlement en venant ici. Bah, bientôt ça va être l'heure d'aller à l'église et après le repas est uniquement familial, enfin avec les Tigrovi. La boite reste ouverte mais le QG ne sera que pour nous. Tu as déjà été à une messe de Noël?"

J'imagine bien qu'il ne peut pas maîtriser les actions de Ymke, m'enfin lui dire de fermer sa gueule, formulé différemment s'il veut, c'est une chose qu'il aurait du faire depuis longtemps. Rien n'est plus irrespectueux que les sous-entendus qu'elle ose faire devant moi, et si j'ai laissé filer pour ce soir, notamment à cause de la présence de Jelenko, ce ne sera pas le cas la prochaine fois. Et je ne veux pas nécessairement dire par là que je m'en prendrais à elle, non, parce qu'à mes yeux, reste quand même que celui qui la laisse faire, c'est Slavenko.

Je mords ma langue pour me retenir de répliquer que je ne m'inquiéterais pas tant s'il n'avait pas laissé la situation s'amplifier comme il l'a fait, elle ne se permettrait même pas ce genre de remarques s'il avait mis les choses au clair dès le début. Je hausse négligemment les épaules. Sa présence dérange toujours moins que la mienne... Je fais néanmoins remarquer dans un soupir. On me bouscule légèrement, la foule me ramenant plus près encore de Slavenko et je me serre contre lui dans un brusque besoin de câlin, mon humeur oscillant étrangement entre désir de sexe brut et désir de tendresse... Un effet de la redescente, peut-être ? Je ne sais pas trop. Uniquement familial, tu crois que ton père me laissera manger ? Je demande dans un sourire légèrement moqueur. Je secoue la tête. Pas à une messe orthodoxe, non... Embrasse-moi, moja duša, molim te.

​"Ta présence dérange pas zlato. Va pas te faire des fausses idées, c'est juste que tu es mystérieuse à leurs yeux. Laisse-les apprendre à te connaitre, srce." J'ai un rire étouffé, éraillé par son sarcasme dont j'apprécie la noirceur. Je préfère l'humour noir et les piques à la fadeur de la résignation, elle le sait, c'est bien comme ça qu'elle m'a séduite au premier contact. Je réponds sur le même ton "non, il te demandera d'aller à la cuisine pour nous servir, femme. Qu'est-ce que tu crois ?" N'étant pas très croyant, juste assez pour un serbe, je réponds avec un demi-sourire "Humm je te préviens, c'est chiant, sauf avec Camenko." A sa requête adorable, je fonds d'amour, le regard tendre. Je la saisis à la taille, la hisse au dessus de moi avant de la faire redescendre doucement, me surplombant jusqu'à ce que nos lèvres se touchent, jusqu'à ce que nos langue se nouent. Je mordille sa lèvre inférieure, perds un instant le souffle avant de le récupérer dans le sien. Une grosse bouffée d'amour soulève ma poitrine dans un soupir irrésistible. Moi aussi je pense qu'on serait bien sous les draps à faire l'amour, mais je suis aussi fier qu'elle soit là à cette fête familiale importante, une des plus importantes avec la Slava du Klan, et l'anniversaire de mon père. C'est important, on ne peut pas faire comme avant, tout séparé au risque de finir comme des étrangers. J'ai besoin qu'elle fasse partie aussi de cet aspect de ma vie. "ti si divna moj andjeo."

Mystérieuse, mh ? Je répète, amusée par la tournure presque poétique qu'il parvient à donner à sa réponse, quand on sait bien tous les deux qu'il n'en est rien. Je ne suis pas mystérieuse aux yeux de Jelenko, à ceux de Mirko encore moins. L'amour que Slavenko me porte, son entêtement à vouloir rester avec moi malgré leurs réticences, ça en revanche, c'est un mystère pour eux. Mais moi, en tant que personne, je suis seulement la petite américaine dépourvue de tout intérêt qui empêche Slavenko de se marier à une serbe et d'assurer à sa famille un héritier décent. Il n'y a rien de mystérieux dans tout ça. Je suis d'ailleurs surprise qu'ils l'aient laissé partir sachant que j'étais enceinte, j'imaginais Mirko du genre à tout faire pour mettre la main sur cet enfant... Mais peut-être ne leur a-t-il simplement jamais parlé de mon avortement ?

Je plisse les yeux de rire à sa réponse. Si j'ai déjà accès à la cuisine, c'est qu'il m'accepte mieux que je ne le pensais ! En réalité je dois dire que je m'attends au pire, dans la paranoïa absolue qui est la mienne dès que cela concerne les Drazavic. Et s'ils me refusaient l'entrée dans l'église ? S'ils ne voulaient pas de moi au repas de Noël ? J'essaie de ne pas y penser maintenant, de faire confiance à Slavenko pour une fois...

Mais ça n'a de toute façon plus d'importance quand il me soulève entre ses mains pour me porter à ses lèvres. J'ai glissé mes doigts sur sa nuque et je me liquéfie dans ce baiser qui efface un instant mes doutes et mes craintes. Mes pieds retrouvent le sol et je me tends vers lui aussitôt, attirée irrésistiblement. Je suis contente que tu m'aies laissée venir malgré tout... Oh bien-sûr je sais qu'avec le divorce il a longuement hésité, et je ne vais pas mentir en disant que je suis enchantée d'être là. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que je suis heureuse de compter encore suffisamment pour lui pour qu'il veuille de moi à ses côtés ce soir. Quitte à affronter plus tard les questions désapprobatrices de sa famille, je le sais.

Je n'ai effectivement rien dit à ma famille au sujet de la grossesse de Nina, au sujet de l'avortement. Si j'ose dire dans mon entourage que je ne veux pas d'enfants, c'est balayé d'un revers de main, d'un argument. Ils ne peuvent pas entendre que je n'ai pas envie d'être père, que je ne sais pas quoi faire de cette responsabilité d'engendrer non seulement pour une famille mais aussi d'un idéal politique, sans parler de notre vie faite de violence, bref d'imposer à un autre être le poids d'un clan. Si à NY je pouvais encore échapper à tout ça, avoir renoué à ma famille me rend bien plus vulnérable sur le sujet, puisque vu mon âge, je subis des attaques constantes. Nina ne le sait pas, mais elle trouve au moins grâce aux yeux de mon père dans le fait qu'elle soit jeune et à même de porter des enfants. Je crois qu'il lui pardonnerait tout si elle tombait enceinte. "Tu sais faire la gibanica"


​Je ne sais pas quoi répondre à son merci, mitigé dans mes sentiments vis à vis de la situation. D'une part parce qu'il y a une partie de ma réaction qui était clairement une blessure d'amour-propre et de crainte vis à vis du regard des autres - un homme qui ne "tient" pas sa femme dans mon monde, clairement c'est compliqué. Ensuite parce que c'est finalement plus difficile pour elle que pour moi. Au moins ai-je pu discuter avec Camenko, qui lui parle ensuite à mon père, dans cette communication triangulaire complexe pour tout ce qui touche les sentiments. Mon père peut me signifier qu'il aimerait un petit-fils, mais il ne va certainement pas me demander pourquoi je m'entête avec Nina si à ses yeux ça ne marche visiblement pas. Comment pourrait-il prendre autrement le fait que je sois parti les rejoindre à Sarajevo sans Nina, suivi de la décision récente de cette dernière pour le divorce. Évidemment que c'est incompréhensible ! Je ne pense pas qu'il ait jamais aimé comme moi j'aime Nina. Ma mère, la mère de Camenko, j'imagine qu'il les a aimé d'une certaine façon, sa façon, mais ce n'est pas vraiment la même chose. Elles n'ont été que les instruments appréciés d'un but.

J'esquisse un sourire en plaisantant à demi "ça aurait été ennuyeux sans toi, zlato." J'aperçois Camenko qui me fait de grands gestes pour attirer mon attention. Je lui réponds d'un signe que j'ai capté et je préviens Nina "Ah c'est l'heure. Tu as une veste srce ? La mienne est restée dans la voiture, tu peux la prendre si tu veux, il fait souvent froid dans cette église." On prend notre voiture, je préfère être indépendant pour les transports. Sur le chemin, je fume une cigarette, en bon accro, et ma main se perd sur la cuisse de Nina en répétant, presque innocemment, je le jure. "C'est l'Eglise qui est derrière la maison"

​Je dodeline dans la tête sans rien dire, pas certaine pour autant qu'ennuyeux soit le terme exact. Je ne pense pas qu'il se serait ennuyé sans moi, à dire vrai au contraire, j'imagine qu'il est même plus à l'aise ici quand je ne suis pas là. Mais je ne commente pas, j'essaie pour une fois de me contenter de ce qu'on m'offre, et ce qui compte c'est que je suis finalement ici avec lui, non ? Honnêtement, Ymke mise à part, je ne regrette pas d'être venue, j'espère sincèrement qu'à partir de la messe à l'église je n'aurais plus à la croiser, c'est tout...

Je secoue la tête dans un sourire mutin, regard brillant de la même lueur joueuse chaque fois que je joue les princesses capricieuses. J'ai une veste mais la tienne me tiendra plus chaud... Bon d'une part c'est vrai, ensuite il résiste au froid mieux que moi de toute façon, mais surtout j'ai toujours aimé lui piquer ses fringues. Pour le style on repassera mais c'est une manière de déclarer à tout le monde qu'on est ensemble, au cas où ce ne serait pas bien clair. Du coup, dès que j'arrive dans la voiture, j'enfile sa veste qui, en effet, me réchauffe délicieusement. Je pose ma tête sur son épaule, ferme à demi les yeux, fatiguée mais encore suffisamment alerte pour tenir éveillée. J'espère ne pas devoir écourter la soirée. Je souris à sa phrase faussement innocente, frémis du contact de ses doigts sur ma jambe. Humm je sais moja duša, mais si on passe par la maison, je te laisse plus ressortir... Alors tiens-toi sage.​

Non sans un haussement de sourcil amusé, je me tiens sage, c'est à dire que ma main se fige mais ne quitte pas sa cuisse. Pas tant que je n'y suis pas obligé pour faire mon créneau, nous garant dans la rue fortement encombrée de l'Eglise. La foule afflue, les serbes sont un peuple traditionnel plus que croyant et personne ne raterait la messe de minuit  !

Je fais le tour de la voiture pour ouvrir la portière à Nina et l'aider à sortir, parce que je suis foutrement mal garé, en pente, une roue sur le trottoir. Pas des plus pratique pour s'extirper de l'habitacle avec une robe courte et des talons. J'en profite aussi pour l'attirer et la retenir contre moi assez longtemps pour lui voler un baiser. Nous sommes encore assez loin de l'attroupement pour que je me le permette. "volim te mon ange." Je passe un bras autour de ses épaules pour l’entraîner vers la place devant l'Eglise imposante. Ça sent le vin  chaud et la Rakija ainsi que les marrons grillés à cause des petites boutiques de vente postés là. On rejoint d'ailleurs Cam, Jelenko et Mirko qui est finalement à l'heure. Je dois lâcher Nina pour une accolade virile à mon oncle et j'en profite pour lui souffler - un bas grondement - à l'oreille d'être gentil et il sait très bien de quoi je parle. Quand je le lâche, je prends Nina par la main pour l'attirer à mes cotés. "Mon oncle, tu connais déjà Nina..." "Oui bien sur... Bonsoir Nina, ce sera un peu différent de l'année dernière, fêter Noël sur place."

​Heureusement que Slavenko vient m'aider à sortir parce que j'ai beau avoir un excellent sens de l'équilibre, je crois que je ne m'en serais pas exactement tirée avec grâce vu la façon dont il s'est garé ! Je prends appui sur ses bras et le laisse m'aider à sortir de la voiture, me réceptionnant contre lui pour une étreinte brève mais foutrement apaisante. Je me niche contre son torse, soupire de sentir la douceur de sa bouche sur la mienne... Et au geignement plaintif qui m'échappe lorsqu'il me relâche, je me félicite de ne pas l'avoir laissé nous embarquer à la maison. J'ai bien-sûr terriblement envie d'aller m'enfouir sous la couverture avec lui, mais je sais aussi à quel point c'est important ce soir pour lui et je veux lui montrer que je ne cherche pas à me défiler à tout prix.

Bien évidemment, Mirko est là, un accident de voiture imprévu aurait été trop beau pour être vrai... Quoi ? Mais non je suis pas cruelle, m'enfin ! Je suis de suite plus tendue mais je m'efforce de sourire malgré tout, polie. Je me retiens même de préciser que ce n'est pas l'année dernière que nous avons fêté Noël ensemble. Non, l'année dernière Slavenko a fêté Noël ici, avec eux, sans moi, et ça n'a dérangé personne d'ailleurs qu'il soit loin de sa femme, presque laissée pour morte à l'autre bout du monde... Ok calmons-nous. Je me contente de répondre par un léger hochement de tête, et nous n'avons de toute façon pas le temps de nous attarder à l'extérieur parce que la messe va débuter. Je reste fermement accrochée au bras de Slavenko, avec cette sensation désagréable que je vais disparaître s'il me lâche maintenant. ​

Je cille légèrement à la remarque de Mirko, un doute m'effleurant sur sa formulation nébuleuse à l'oubli qui ne lui ressemble pas. Mais le flot de la foule nous entraine dans l’Église et je n'ai pas le temps de m'y attarder. Sur le perron, je me retrouve avec un gobelet de Rakija chaque que Camenko vient de me fourrer entre les mains, tandis qu'il donne à Nina un de ces beignets gras et sucrés spécialement préparés lors des fêtes. Le sucre glace fait une trainée blanche de neige. Je passe à nouveau un bras autour des épaules de ma femme, la serrant contre moi pour faire oublier l'absence d'alliance dans ce lieu saint. Le sentiment d'amertume du divorce me mord un peu plus fort quand je sais que j'aurais pu l'emmener ici comme ma femme légitime. Pay the price Kovacs.

La messe débute et j'avoue que je suis dans la lune, je n'écoute rien, même pas les pitreries de Camenko, soufflées à voix basse pour expliquer à Nina les "subtilités de la messe orthodoxe" sur un ton drôle jusqu'à ce que mon père le rappelle à l'ordre d'un regard sévère teinté d'amusement devant ce fils cadet au tempérament solaire si différent du mien. Je l'envie de tout prendre à la légère. Dans l'Eglise, sa russe est là mais pas seule et il n'ose pas échanger de regard avec elle. J'aperçois aussi Ymke avec son mari et l'ambassade Russe au complet mais c'est moi qui détourne le regard. Ma main vient doucement enserrer la nuque de Nina, geste possessif qui la ramène vers moi. La liturgie est en serbe et en russe et je baisse les yeux pou sourire à ma femme, un peu perdue je suppose. Nous sommes entourés de branche de la famille que Nina ne connait pas. Un cousin de mon père et ses fils. Ma tante, demi-sœur de Jelenko et Mirko, ses enfants et ses petits enfants qui forment un troupeau chahuteur et rieur se partageant les bonbons que les mères distribuent pour essayer de les faire tenir tranquille. Mon pouce caresse la peau douce du cou de Nina dans un geste rassurant et tendre.

Dès que la messe est finie, c'est la cohue pour sortir, un joyeux brouhaha où les gens se parlent, s'interpellent bruyamment, se souhaitent un bon noël. Je sauve ma petite cousine de 6 ans, Heyda, en la soulevant dans mes bras, et dans le même temps, je demande à Nina. "Hey srce, c'est pas ton associé là-bas ? Il est russe non ?"

Même nichée contre Slavenko, je suis loin d'oublier la présence de Ymke, que je ne pensais naïvement pas voir à l’Église. Je suis d'ordinaire une femme très fière, en tout cas en apparence, et je fais en sorte de toujours marcher la tête haute, de faire preuve de cette assurance qui donne l'illusion que je me sens à ma place peu importe le lieux et les personnes qui m'entourent. C'est vrai, orpheline baladée de foyers en foyers, j'ai grandi dans une certaine pauvreté (relative en comparaison de Slavenko qui a lui connu la guerre, certes) et je me fonds pourtant très bien dans la masse lors de soirées mondaines. J'ai trop longtemps été humiliée pour ne pas avoir d'ego et même attrapée par Ivo qui me réclamait du pognon, je me comportais encore comme si j'étais bien plus qu'une simple junkie endettée. Mais la famille de Slavenko, son entourage, les coutumes de son pays parviennent toujours à faire ressortir l'immense manque de confiance en moi que j'ai en réalité toujours eu. Ma robe et mes talons ne m'aident pas à passer inaperçue et pourtant je baisse les yeux, me tasse sur mon siège en essayant de disparaître. Le fait de ne pas comprendre la langue, mes cours ne me permettent pas de saisir la teneur de la messe, n'aide pas beaucoup non plus.

Il semblerait que même Camenko tente plus de m'intégrer et me faire sentir à ma place que son frère ! Ses plaisanteries ont au moins le mérite de me tirer quelques sourires amusés, même si bien malgré moi mon regard revient sans cesse à Ymke qui commence sérieusement à m'obséder. Je me demande 1500 fois durant la messe pourquoi je suis là, et mes pensées divaguent dangereusement. Je me répète inlassablement que les choses auraient pu être différentes s'il m'avait emmenée avec lui. On aurait pu faire un vrai mariage religieux ici, j'aurais accepté ça, sa famille aurait peut-être fini par m'accepter... En le voyant ensuite soulever la gamine, je songe douloureusement à l'avortement. Encore. Trop de souvenirs, de regrets, de remords me hantent pour que ce ne soit pas une épreuve quotidienne.

Je cille un instant, cligne des yeux pour reprendre contact avec le moment présent, difficilement. Je tourne la tête, aperçoit Dimitri et mon regard s'éclaire instinctivement. Si, c'est lui. Il me voit, me fait signe de loin et je m'écarte légèrement pour attendre qu'il puisse me rejoindre malgré la foule qui se presse à l'extérieur. Il m'enlace chaleureusement, salue Slavenko plus poliment. Je ne pensais pas te voir ici, tu aurais dû me dire que tu venais. Je hausse les épaules. A vrai dire je ne pensais pas t'y voir non plus. Il sourit, aperçoit la petite dans les bras de Slavenko et fronce les sourcils d'un air interrogateur qui me blesse plus qu'il ne le devrait, sans doute. On doit y aller, passe une bonne soirée Dimitri. Ce n'est pas vraiment le lieu ou le moment pour discuter et on regagne le froid glacial du dehors, qui me fait frissonner aussitôt. Dimitri s'éloignant, je me tourne vers Slavenko qui n'a plus personne dans les bras, sans doute a-t-il rendu la petite à ses parents... On retourne au QG maintenant, c'est ça ?

Je laisse Nina saluer Dimitri, serre la main brièvement de se dernier avant de me tourner pour rendre Heyda à sa grande sœur qui s'en charge. Puis nous sortons de la nasse de l’Église pour regagner la voiture d'un pas hâtif tant il fait froid. "Oui, c'est là qu'a lieu la fête parce que c'est assez grand. C'est fermé au public, il n'y aura que la famille et les Tigrovi et leurs familles bien sur." Autant dire un sacré paquet de monde ! " Je te présenterais mes cousines et mes tantes. Heu... enfin si tu veux... Je ne veux pas que ça te mette mal à l'aise." J'imagine que c'est effrayant tant d'inconnus en une fois. Quand on arrive, une fois garé et approchant de l'entrée du QG, on croise Stanislav. C'est lui aui a frappé Nina et dont j'ai en retour fracturé la mâchoire. Il nous aperçoit et affiche un air soudain tout penaud qui tranche avec son physique massif d'homme de main qui n'a clairement pas inventé l'eau chaude. Pourtant, malgré ça, ça a toujours été un bon camarade même si depuis, et malgré ses excuses, nous sommes en froid. Il faut dire qu'avant je sortais beaucoup. Dès que j'avais du temps libre en fait. Aujourd'hui je rentre à la maison pour voir Nina, et je ne sors presque plus.

Stanislav se dandine maladroitement et s'approche, à ma grande surprise. Il parle à Nina mais en me regardant, sans doute a-t-il peur que je prenne mal qu'il pose les yeux sur elle ou alors il sait qu'elle ne comprend pas le serbe, bien que depuis - mais il l'ignore - elle a fait beaucoup de progrès. "Désolé pour l'autre fois, je savais pas que Slavo était ton mari. Tu lui dis s'te plait Slavo ? Je suis désolé." Très sincèrement j'ai envie de sourire devant son air maladroit mais je me contente de traduite à Nina. "Il s'excuse, il t'as pas reconnue l'autre fois"

Les quelques mètres qui nous séparent de la voiture suffisent à rougir mes mains et mes joues, et je m'emmitoufle plus étroitement encore dans la veste du slave dès que je suis installée. Un bonnet et des gants, c'est ça que tu aurais dû m'offrir à Noël ! C'est absolument ridicule parce que j'ai en réalité tout ce qu'il me faut à l'appartement, mais je ne les porte jamais pour de telles occasions. Vous imaginez à quel point ça jurerait avec ma tenue, sérieusement ? Impensable.

Je secoue la tête dans un sourire à ses précautions. Mais non, au contraire, avec plaisir. Je ne pensais pas, pour être honnête, qu'il avait tant de famille, même ici à Sarajevo. Pour tout dire ça me semble assez surréaliste quand on sait l'enfance que j'ai eu. Je crois qu'une partie de moi a toujours un peu rêvé de ça, cette famille de substitution... Ce serait presque parfait quand on y pense. Slavenko a une grande famille, hyper soudée, tout ce que je n'ai jamais eu... L'ennui c'est que je m'y sens comme une intruse à chaque fois que je les vois, et ce depuis le premier jour. Je peux bien faire ce que je veux pour leur plaire, je suis américaine et ça joue déjà trop en ma défaveur, mais en plus je ne suis pas foutue de rester sagement à la maison pour m'occuper de lui, et encore moins de lui faire des enfants ! Autant dire que je ne suis pas prête d'être bien vue...

Bien-sûr, je reconnais Stanislav lorsqu'il s'approche, et je comprends ses excuses avant même que Slavenko ne les traduise. Vous n'imaginez pas l'effort de concentration que je fais pour lui répondre en serbe, non sans quelques fautes sans doute : Il n'y a pas de mal, c'est oublié. J'esquisse même un sourire que je veux avenant à son attention. Il a failli foutre une raclée à une nana sans raison valable à mes yeux, mais je commence à capter que leur mode de pensée n'est pas le même que le mien, mh. Stanislav semble réellement surpris, sans que je sache si c'est de ma réaction ou de mon serbe approximatif, et il s'éloigne, aussi penaud qu'il est venu. Une fois qu'il est entré, nous sommes un instant seul à l'extérieur et je profite de cette solitude éphémère pour attirer Slavenko contre moi. Mes bras s'enroulent autour de son cou et je tire doucement sur sa nuque pour l'inciter à se voûter sur moi et pouvoir goûter sa bouche. Je l'embrasse langoureusement et murmure en effleurant tendrement sa peau : Normalement après ce soir, tout le monde saura qu'on est ensemble, pas vrai...?

Je hausse un sourcil en regardant Stan s'éloigner avant de secouer légèrement la tête. Ce type est incroyable. Mais je suis content qu'il se soit excusé auprès de Nina même de cette façon étrange.

Mon nez contre le nez de Nina, vouté sur elle, j'esquisse un sourire en répondant "ça sert à ça les fêtes de famille." les mariages aussi... mais c'est exclu. J'encadre le visage de Nina de mes mains pour un autre baiser avant de la relâcher et de prendre sa main pour l'amener à ma suite. "tu te débrouilles bien en serbe, scre; tu ne devrais pas hésiter à parler, c'est comme ça que tu vas progresser." L'apprentissage des langues, c'est mon seul don avec la brutalité, si on peut appeler ça un don. J'ai compris très jeune que se faire comprendre, c'était un moyen d'obtenir ce qu'on voulait. C'est moi qui allait parler et négocier avec les soldats américains, anglais et même français qui possédaient ce qu'on convoitait durant la guerre. J'ai appris le russe pour pouvoir comprendre ceux en qui je n'avais pas confiance, j'ai appris l'italien en travaillant avec Ario pour les mêmes raisons. Je ne veux pas que Nina se sente exclue et je sais que ça passe principalement par la compréhension du serbe.

Il fait chaud et il y a du monde mais l'espace est grand. On est toutefois arrêté tous les deux mètres par des embrassades où à chaque fois je présente Nina, et les personnes qui nous arrêtent. Ma tante et ma cousine avec la petite fille de tout à l'heure, un cousin éloigné, un vieil oncle à moitié sénile et sourd de mon père, des Tigrovi et leurs femmes. Je fais le traducteur quand le besoin s'en fait sentir et on trinque à peu près à chaque fois et parvenir sans être bourré jusqu'au buffet relève de la ruse et de l'exploit. "Tu as faim mon ange ?"

Je ne serais pas d'accord s'il le disait à voix haute, que c'est à ça que les mariages servent. Notre mariage secret, expéditif à Las Vegas -même s'il était merveilleux à mes yeux- ne m'a fait connaître auprès de personne ! Et une alliance à mon doigt n'aurait, ce soir, rien changé au fait que personne ne saurait qui je suis. La seule différence, c'est qu'il aurait pu me présenter comme sa femme sans avoir à rougir. Mais il m'avait présentée comme telle la première fois, ça n'a pas empêché Sonja de s'accrocher à lui en tortillant des fesses, ni Stanislav de m'oublier par la suite et de m'en coller une. Je suis encore convaincue aujourd'hui que notre mariage ne valait quelque chose qu'à mes yeux. Mais pas aux siens puisqu'il est parti, ni aux yeux du reste du monde.

Je dodeline de la tête. J'ai pas tellement envie de me ridiculiser... C'est surtout pour ça que je n'ose pas parler serbe, je ne veux pas avoir l'air idiote, donner à sa famille un prétexte pour rire de moi et me décrédibiliser un peu plus encore. Mirko serait capable d'embrayer sur une conversation hyper compliquée à laquelle je ne comprendrais rien, seulement pour me faire taire, j'en suis convaincue ! Pourtant comme je veux aussi bien faire, je m'efforce pour la suite des présentations de répondre en serbe chaque fois que je m'en sens capable. Ne serait-ce que pour dire "[i]enchantée de vous rencontrer", donner mon nom, répondre que oui ça va merci... Ce genre de choses en somme. Les conversations s'écourtent vite, Dieu merci !

Contrairement à mon mar... A Slavenko, je supporte assez mal le fait de boire autant, surtout après la cuite que je me suis tapée la veille, et je suis passablement éméchée lorsqu'on arrive au buffet. Ca se voit à mon regard brillant et à mes joues roses si on est attentif, mais je crois que j'arrive encore à faire bonne figure. Je hoche vivement la tête, un sourire aux lèvres, déjà bien plus détendue. Mmh, dis-moi ce qu'il faut que je goûte absolument. Et je crois qu'éponger un peu l'alcool ne me fera pas de mal ! Il va y avoir autre chose après ? Un discours ? Des photos ? Des cadeaux ? Des combats ? C'est vrai quoi, je ne sais pas ce qu'ils font d'habitude !

A chaque mot de serbe, j'encourage Nina d'une pression de ma main sur sa hanche, d'une caresse discrète. Moi je ne crois pas que les gens vont se moquer, à l'inverse je pense que ça leur fait plaisir si ils voient qu'elle fait un effort pour s'intégrer. Je la présente comme ma femme, parce que c'est plus simple, je n'ai pas envie de dire ma copine, ou compagne, ou je ne sais quel terme réducteur. J'ai du mal avec le fait qu'elle ne soit plus ma femme - réellement - et je ne sais pas quoi dire d'autre sans susciter des questions que je n'assumerais pas. Dans l'ambiance de Noël, et comme ce n'est pas de la famille proche à qui je me confierais, il n'y a que Camenko qui endosse ce rôle de confident, il n'y a pas de questions ou de regards étonnés, c'est un soulagement.

"Il y a tout ce que tu connais, comme au Noël à NY. De la gibanica, les poivrons farcis, mais aussi de la soupe, du Cesnica c'est du pain traditionnel, de la sarma, c'est des choux farcis à la viande et au riz, ça ça éponge bien zlato - je ne suis pas dupe de ses joues rouges et de son regard brillant - il y a des fruits secs, des gâteaux, des salades aussi... et comme toujours, y a dix fois trop ! Qu'est-ce qui te ferait plaisir srce ?  

Je secoue la tête doucement en essayant de résumer les fêtes "non pas de cadeaux, on n'en fait pas. Mais oui après ils vont mettre la musique pour ceux qui veulent danser, alors ça va être un mix entre des chansons pour les ainés, et pour les jeunes... Plus ça avance en soirée, plus c'est pour les jeunes, j'te rassure. Et tout à l'heure aussi, quand il y aura moins de monde, y aura surement des combats, et les photos, ça se peut que certains en prennent, Mon petit cousin Julijan est photographe. "

Ses caresses me rassurent et me font plaisir, parce que j'ai envie qu'il voit que je fais des efforts, réellement, pour me faire ma place, sinon dans sa famille au moins dans cette ville, dans ce pays. Je suis toujours assidûment mes cours de langue même si je n'y vais plus que deux fois par semaine -ce qui est déjà pas mal si vous voulez mon avis- et chez nous quand j'ai du temps j'essaie même de cuisiner quelques plats typiques d'ici. Le simple fait que j'ai loué des locaux pour l'agence et ramené les filles avec moi montre bien, de toute façon, que je ne fais pas semblant d'essayer que ça fonctionne cette fois, je crois. Avec toute l'ambivalence perpétuelle qui me caractérise, je suis paradoxalement emplie d'une petite joie ridicule chaque fois qu'il me présente comme sa femme. Parce qu'il y a toujours ce pronom possessif qui me revendique comme sienne et que j'en ai besoin. Même si je ne regrette pas ma décision, j'avoue que les symboles d'appartenance commencent à sérieusement me manquer.

Je plisse le nez en parcourant le buffet du regard. Tout ? C'est vrai, je crois que l'alcool m'a ouvert l'appétit. Je n'ai pas envie de m'embêter à prendre une assiette et des couverts, alors je jette mon dévolu sur ce qui peut se manger avec les doigts en quelques bouchées. Je partage chaque fois avec Slavenko pour lui faire goûter comme s'il ne connaissait pas en m'exclamant : Hm, ça aussi c'est super bon, tiens, regarde ! Et il se prête au jeu sans rechigner.

Je roule des yeux dans un sourire amusé. Eh, je peux danser sur toutes les musiques, tu sais. Musique de jeune, ça ne veut rien dire, c'est une question de goût, et je suis loin d'aimer tout ce qui se fait actuellement ! Moi je veux des photos, mon téléphone en fait des jolies. Et pour appuyer les propos, après m'être essuyé les doigts avec une serviette, je le sors de mon sac histoire de l'avoir à portée de main. De loin, j'aperçois Camenko en train de discuter avec d'autres Tigrovi et je le désigne d'un mouvement de menton. T'es pas forcé de te coltiner ton américaine toute la soirée, tu sais ? Va faire un tour et discuter si tu veux, je m'occuperais t'en fais pas. J'imagine qu'il doit aussi avoir envie de retrouver ses camarades sans que je lui traîne dans les pattes. Je sais qu'il sort moins depuis que je suis là, pour ne pas dire plus du tout, mais je vous assure que ce n'est certainement pas moi qui l'en empêche pourtant !

Je goute d'autant plus volontiers que j'ai faim et que j'ai bu, l'alcool décuplant mon appétit. "C'est très bon, oui, tiens goûte ça aussi srce, je suis sur que ça va te plaire." Au passage, je félicite la femme de Stefan qui s'est coltinée une partie de la cuisine avec d'autres épouses. Elle me sourit en retour englobant Nina dans le même sourire et me remercie. Elle ne parle pas anglais, Nina est sans doute surprise mais peu le parle à part les étudiants qui rêvent de se casser de BiH.

"Tu crois vraiment que peux danser sur de la musique traditionnelle serbe ? Même moi je peux pas !" Je ris, parce que franchement, après vingt au USA, je suis tout de même plus critique dans mes choix musicaux. "laisse donc les grand-mères en profiter. Tu danseras un slow avec moi ! " Sur n'importe quelle musique d'ailleurs, ça nous a jamais empêché. Mon regard suit le sien et je souris en voyant mon frère sans doute en train une fois de plus d'amuser la galerie par une anecdote croustillante. "Non, non ça va, zlato, en plus tu peux venir les voir avec moi ! Tiens fais nous une photo d'abord" Je prends la pose avec elle pour un selfie avant que je ne me resserve à boire avant que nous rejoignions le groupe de Tigrovi où est Camenko, Stefan, ainsi que Cvetko et Stan.

Je dodeline de la tête dans une grimace amusée. Mouais t'as raison, la musique traditionnelle je vais peut-être passer mon tour en fait... Je présume de mes capacités je crois bien ! Encore que je pourrais tenter le coup, hein, mais j'ai peur que le résultat me ridiculise pour de bon, et je risquerais d'être bannie des fêtes de familles pour le reste de ma vie. Or, on a beau avoir divorcé, je n'ai pas encore renoncé à l'idée de faire ma vie avec lui... Je n'y ai jamais réellement renoncé d'ailleurs, c'est bien pour ça que ça a été si compliqué en cure de désintox et, par la suite, durant mes séances de psychanalyse. On n'a cessé de me répéter que j'étais dans le déni et que je ne pourrais pas guérir tant que je n'en sortirais pas.

Je souris, ravie que ce soit lui qui réclame une photo de nous, et je nous ressers à boire à tous les deux avant qu'on ne rejoigne les gars. Je tente du mieux que je peux de me mêler à la conversation, aidée par les frères Drazavic qui me font tour à tour la traduction de ce que je ne comprends pas, et je dois dire que j'apprécie Camenko de plus en plus. Je réponds en serbe quand j'y arrive, prends une photo de tous les hommes ensemble, puis une de Slavenko avec son frère seulement parce que je ne crois pas en avoir vu beaucoup d'eux deux, alors qu'ils s'entendent visiblement très bien. Une partie de moi est soulagée d'ailleurs qu'il l'ait eu avec lui en mon absence, je pressens Camenko bienveillant envers Slavenko, sincèrement, à l'inverse de son oncle ou de son père par exemple.

La soirée se déroule bien mieux que je ne le pensais, même Mirko ne se montre pas désagréable, il faut dire qu'il ne vient finalement pas beaucoup traîner avec nous et c'est tant mieux. Encore un peu plus éméchée, je finis par entraîner mon ex-mari à l'écart pour un câlin rapide mais intense dans les chiottes, je suis rapidement revenue sur ma déclaration du premier rendez-vous prétextant que je valais mieux qu'un sex in the ladies room...