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Leyla
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Leyla
Messages : 858
Date de naissance (rp) : 29/02/1996
Localisation (rp) : Un peu partout, mais surtout où tu m'attends pas !
Emploi (rp) : Serveuse dans un bar.
Statut civil (rp) : Mariée.
Life : Walking on the street

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Contexte Lun 14 Jan - 19:09

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Toutes les nuits du monde

Le cylindre sous pression de la bombe lacrymogène prenait lentement la chaleur de la paume de la main de Leyla tandis qu'elle égrenait sur les routes enneigées des étapes de son passage par petites traces pointues de ses bottes à talons. Elle n’était jamais sortie sans depuis qu'elle avait eu l'âge de déambuler seule dans les rues de Sarajevo, de la même manière qu'on ne sortait pas sans capote un soir où on devait pécho. Tsais s’pas bizarre ici, d’sortir bien armée tant qu’on sait agir au moment v’nu, avait toujours dit sa mère en repliant chaque matin un journal dont la une dépeignait un nouvel attentat, une nouvelle explosion d'un trafic inhumain, une nouvelle embarcation de sans papiers dynamitée à la frontière. Mais on a tous nos problèmes, finissait sa mère en écrasant sa clope exportée par wagons hors du pays pour lui redonner un peu de thunes. Quand certains utilisaient des obus ou des explosifs, d'autres utilisaient des couteaux, des bombes au poivre. On avait tous nos problèmes ; en dehors de ça, toutes les rues étaient dangereuses, toutes les nuits étaient les mêmes.

Leyla traversa la route pour éviter le chantier jamais terminé des vieilles ruines datant de la guerre, même si cela lui faisait faire un détour. On risquait moins sa vie quand on savait où aller, où ne pas aller ; quelles personnes côtoyer, quelles personnes il ne fallait pas faire chier. Ces dernières avaient tendance à régler leurs histoires à coups de bombes, de tanks trafiqués, de chiens enragés sur les terrains vagues désaffectés, ou de manières plus insidieuses, discrètement dans les rues sombres, où dans des magouilles politiques dont elle ne comprenait rien.
Leyla n’avait aucun problème ni aucune arme de cette taille, alors elle contourna ce point chaud et risqué, la tête enfoncée dans les épaules, les cheveux noirs ruisselant déjà de flocons blancs épars. Ou de cendres, supposa-t-elle en passant à côté d'un vieux cylindre de métal enflammé, autour duquel quelques sans abris qui avaient d’autres préoccupations tentaient de se réchauffer.

Son cœur se réchauffa lui aussi à la simple vue de la place historique, nimbée de lumière, enfin. Les visiteurs du forum animé ne semblaient se soucier de rien, ou du moins ne le montraient-ils pas. Quelques uns, habitués d’un bar ou d’un étalage nocturne, la saluèrent, car aussi grande qu’était la ville, tous finissaient par se connaître, au moins de vue. Elle se fit demander un chemin par quelques touristes, qui fréquentaient toujours aussi fortement le pays comme si la guerre n'avait jamais eu lieu, et les aiguilla de quelques signes maladroits ourlés d’un sourire. Car Leyla y croyait encore ; elle ne se faisait pas d’illusions sur les horreurs du monde, mais n'y participait pas ; elle n’y était pas indifférente, mais préférait se soucier des petites choses, comme de la lueur à la fenêtre de cet immeuble qui correspondait à son appartement, et où l'attendait son mari, qui au départ trimait pour partir et qui finalement, commençait à se faire à l’ambiance de cette ville à la fascinante étrangeté. Comme beaucoup de monde.
Quand la porte de l’immeuble se referma derrière elle, son espace sonore fut envahi par une énième engueulade des concierges qui semblaient ne s’exprimer que comme ça. Elle gagna l’ascenseur dont elle salua l'écriteau “FERMÉ POUR DÉGRADATIONS” d’un soupir.

Quelque soit la ville dans laquelle on créchait, il y avait des envies, mais aussi des racines ; il y avait des orages, mais aussi des rayons de soleil ; il y avait des risques, mais aussi des espoirs.
Oui, songea Leyla en refermant la porte de la cage d’escaliers sur le vacarme du concierge qui frappait sa femme, sa mère avait raison.
Toutes les nuits du monde étaient dangereuses.
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