Toute opportunité est bonne a saisir (legence)

La décoration du Bar Louange de L'hôtel Europe est d'un style moderne et classe avec son mobilier épuré. Les couleurs de boiserie donnent à l'endroit un côté cosy et de confidence. Je balaye la salle du regard puis regarde ma montre. Je suis légèrement en avance et la personne avec qui je dois boire un verre n'est pas là. Je tourne la tête légèrement la tête vers l'homme qui assure ma sécurité. Il me fait un léger signe de tête, signal qui confirme que l'endroit est “sans danger”. Igor me laisse choisir ma table et s'installe au bar de façon à m'avoir en ligne de vue. Maintenant deux ans, que je traine dans tous mes déplacements, son acolyte Boris et lui. J'ai fini de m'habituer à les voir dans mon quotidien. Mon père me les avait imposés après l'accident qui a coûté la vie à mon mari.

Je déboutonne mon manteau pour l'enlever et le poser sur le dossier du fauteuil où je m'installe. Je sors un dossier de mon sac à main XL. Si je dois attendre, autant utilisé ce temps pour avancer mon travail. Mon téléphone se met a vibré. Un sms m'annonçant le retard de mon amie apparait sur l'écran. Je pianote une réponse rapide pour signaler que je suis au bar. Le serveur vient prendre ma commande. Je me décide pour un verre de Blanc.

Je décide d'appeler la maison familiale où je vis avec mon fils et mon Père. C'est Ana, notre gouvernante qui décroche. Je bavarde avec elle au sujet du déroulement de la journée de mon fils âgé de quatre ans.

Depuis qu'il était arrivé à Sarajevo, Legence vivait à l'hôtel, luxe suprême permis par des capitaux directement importés des Caïman, ou d'une autre île paradisiaque pour ce qui était de détournement d'argent.
Il faisait franchement froid dans cette ville le soir, quoique toujours moins qu'à New York – cette ville affreuse qui voulait la peau de ses habitants – mais le trafiquant regrettait la chaleur réconfortante de sa ville natale.
Enfin il ne fallait plus y penser, il ne pouvait pas vraiment y retourner et ça serait sans doute pas le cas avant bien longtemps. Il laissa Rotschild pousser la porte de l'hôtel pour lui, s'engouffra dans le hall en amenant avec lui accrochée aux fibres de son manteau une vague de froid.

Il porta un regard métallique distrait sur une jeune femme habillée comme un oiseau de paradis manifestement prête à aller parader dehors en bravant le froid ; Rotschild fit presque comme s'il était bien élevé en lui tenant la porte.

Pussycat avisa une femme dont la physionomie ne lui était pas inconnue ; voyant que son séjour en ville risquait de se prolonger, il s'était décidé à se renseigner. Et c'était si ses souvenirs étaient bons, une avocate, autrement dit quelqu'un qu'il était toujours utile de connaître. Il décida d'y aller au culot, un peu comme d'habitude, l'ennui étant qu'elle était au téléphone. Il fit un geste à l'intention d'un serveur de lui amener la même chose qu'elle, et s'avança vers elle avec un léger sourire.

« Bonjour, excusez-moi de vous déranger. »

Sa maîtrise de la langue locale – enfin d'une des langues locales plus exactement – était marquée de son accent américain, mais finalement pas trop catastrophique.

Concentrée sur le résumé du déroulement de la journée de mon fils que me fait Ana, je ne prête pas d'attention aux Clients qui vont et viennent dans le bar et le Hall de l'hôtel. Mais Igor qui assure ma sécurité, lui y prête une extrême attention. Alors, quand l'Américain ainsi que son acolyte s'approchent de ma table, il se redresse l'air de rien et pose une main discrète sur la crosse de l'arme qu'il porte sous sa veste. Il se tient à réagir a tout mouvement suspect ou signe de ma part.

Lorsque l'homme s'adresse à moi, je lève une main légèrement agacée pour lui intimer silencieusement l'ordre de patienter. Le temps de donner les dernières consignes à ma gouvernante.

Qu'il ne se couche pas trop tard et dite lui que même s'il dort je viendrai l'embrasser en rentrant...... Non inutile ..bonne soirée Ana.

Je raccroche et lève le regard sur l'importun. Arborant une expression neutre, je l'observe sans un mot attendant qu'il poursuive son approche. Nous nous trouvons dans un bar un soir de semaine. S'agit-il d'un plan drague ? Ou m'aborde-t-il pour une raison "professionnelle"?

Pussycat fronça le nez, déçu de voir que la notion de multitâches chez les femmes se perdait de plus en plus, mais voulut bien se taire en scannant de son regard métallique les traits de la dame qui parlait manifestement d'un enfant, à …
Il ne savait qui. Une femme, peut-être sa petite amie, mais dans ces cas-là de une : elle détonnait franchement dans le paysage serbe, de deux : elle parlait très mal à sa copine.
Alors peut-être une employée, tout simplement...
Il reprit son sourire de chat du Cheshire.

« Excusez-moi je suis cavalier », il s'interrompit le temps de récupérer son verre, « mais je vous ai vue et je n'ai pas résisté, voilà : je sais que vous êtes avocate et j'aurais vraiment besoin de vous. Vous voulez bien convenir d'un rendez-vous à une heure plus convenable ? »

Il jeta un regard calme et froid au type qui gardait manifestement le périmètre vital de la dame, Rotschild à l'affût mais mué en statue en pierre suffisamment loin pour ne pas entendre la conversation de son patron.

Ses vêtements et ses chaussures sont de bonnes manufactures. Bien que son serbe est correcte, je note un accent américain. Son aisance corporelle et son sourire charmeur me donne l'impression que l'on ne doit pas lui refuser grand-chose. Je remercie le serveur avant de lui répondre avec un sourire poli.


Je crois que le mieux serait que vous appeliez mon bureau demain matin.
Je m'apprête à lui donner ma carte de visite quand je vois le regard qu'il lance à mon garde du corps. Je secoue la tête à l'intention de ce dernier pour lui assurer que tout allait bien.


Je vais vous donne ma carte de visite dis-je pour qu'il reconcentre son attention sur moi.
Je déloge l'une de mes cartes professionnelles et inscrit au dos j'écris le numéro du Cabinet de mon Père à Sarajevo. Je n'avais pas encore édité mes nouvelles cartes de visite. Je lui tends en soutenant sans ciller son regard.


Voici Mr ?
Il m'avait abordé pour une raison professionnelle. Il semble savoir qui je suis. Peut-être a-t-il vu ou lu un reportage sur l'une de mes affaires. Bien qu'ici, je suis encore bien discrète contrairement à mon père.

Legence afficha un sourire qu'il avait fort joli, prenant son meilleur air innocent après avoir dévisagé de traviole le garde du corps de la dame ; pourquoi une avocate avait besoin d'un gorille, c'était une excellente question & il se proposait d'y apporter rapidement une réponse.

« J'ai toujours préféré me présenter en personne, mais je n'y manquerais pas. »

Il baissa un regard d'acier vers la carte de visite, qu'il glissa dans la poche pectorale de sa veste, cachée et contre son cœur. Evidemment la réputation du père de la dame avait tout de suite interpellé Pussy ; il faut dire qu'il avait le chic pour copiner avec les gens bruyants et voyants.
C'était un genre de don !
Il se redressa, balaya du regard la salle personne ne semblait en vue pour rejoindre la jeune femme. Donc il fit comme d'habitude et décida de pousser sa chance :

« Je peux vous offrir quelque chose ? Je sais qu'il serait plus convenable de discuter demain matin, mais tant que je vous ai... »

Pussycat laissa échapper un rire clair, sonore :

« Je suis américain, c'est un genre de tic chez nous. »

Comme elle désignait le fauteuil en face d'elle, il y prit place, sans faire de signe à Rotschild qui resta à sa place, habitué aux manières étranges de son patron qui pouvaient parfois s'apparenter à une tentative de suicide en bonne et due forme.
Pour le coup il allait juste discuter avec une jolie femme, il avait fait bien pire.

« ça peut tout à fait se comprendre : je m'appelle Legence Ellroy, je suis promoteur immobilier. Je suis depuis quelques mois à Sarajevo. »

Des fois qu'elle ait entendu parler de lui, si possible en bien...

« Et j'aurais deux trois questions pour vous, si c'est possible évidemment. »

Il lui fit un sourire engageant.

Pussy se cala dans son fauteuil avec son air de top modèle, souriant à l'avocate exactement comme si elle avait été une amie chère retrouvée au bar d'un hôtel – peut-être était ce qu'elle avait prévu avant son interruption.
Legence, qui passait sa vie à bosser, ne savait même pas comment jalouser ce genre de personnes qui savaient comment prendre du temps pour eux, des super héros sans doute.

« Et vous ne me connaissez pas mais je suis bon payeur, je vous assure. Je ne profiterai pas de vos conseils gratuitement. »

Presque galamment – mais en fait surtout avec ce sens rusé du commerce tout américain – il ne précisa pas qu'il ne pensait de toute manière pas ça possible ! L'avocate avait l'air très gentille, mais aucun avocat connu de Pussy n'était « gentil ».
Ils laissaient volontiers ce trait de caractère aux professions plus humaines.

« Voilà figurez-vous que je pensais à me lancer en politique dans la région, mais j'ai entendu dire qu'il fallait avoir la nationalité... c'est valable aussi au niveau de la municipalité ? »

Je joue avec mon verre de vin blanc attendant qu'il m'annonce la raison pour laquelle il m'importune. J'émets un léger rire moqueur quand il m'annonce ses “attentions politiques”.
Oui c'est l'une des conditions “légales” pour déposer sa candidature

Ce n'est pas courant qu'un “étranger” brille ce genre de poste. En général, ils préfèrent les pots de vin.
Il y a plusieurs solutions pour devenir citoyen de notre nation.

Je bois une gorgée de mon verre avant de continuer.
Dans votre cas, on élimine le droit du sol. Sauf si vous avez un parent de nationalité serbe.
Il nous reste la naturalisation. Pour cela, il faut avoir un permis de résidence permanente, Résider depuis trois ans dans le pays et renoncement de l'ancien pays de résidence ou une preuve de la perte de l'ancienne nationalité.

Je fais une pause pour lui laisser le temps assimiler les informations que vient de lui donner.
Mais je pense que votre meilleure solution est le mariage avec une citoyenne du pays. Vous pourrez avoir la double nationalité.
Il reste une dernière solution qui est la naturalisation pour intérêt national mais c'est rarement obtenu.

Pussycat inclina gracieusement la tête sur le côté alors qu'il admettait ne pas être né de parents de cette région du monde.
Rien d'aussi exotique, Leg était américain sur plusieurs générations, et ses parents n'avaient strictement jamais aidé en rien – ils continuaient ainsi sur leur lancée, les égoïstes. Il fronça des sourcils à l'énoncé des secondes conditions, pas vraiment chaud pour lâcher sa précieuse nationalité américaine qui pour le coup était un avantage décisif – outre être un mâle blanc cis-genre et hétér... oups ça non hihi !
Restait l'idée de se marier, qui certes ne souriait pas vraiment à Pussycat – il aurait fallu voir sa tête quand Wyatt s'était mis en tête de lui demander, et Wyatt n'était pas n'importe qui pour lui – mais qui présentait l'avantage de ne pas coûter trop d'efforts.
Suffisait de bien penser à la séparation des biens.

Il sourit largement à l'avocate :

« J'imagine qu'il faut être un grand sportif ou un cerveau exceptionnel, et je ne suis ni l'un ni l'autre malheureusement pour moi !
Merci maître. Je passerai demain à votre bureau pour discuter de ça plus avant. Qu'est-ce que vous pensez de l'actuelle municipalité de Sarajevo ? »

Son œil gris métal pétillait de malice, et il avait l'air quant à lui de passer une fort bonne soirée.

L'avocate, directe et absolument pas effrayée par ses manières de chat des rues, lui plaisait bien finalement. Même si vu son métier son côté sans langue de bois était sans doute une ruse de femme rompue à l'éloquence...
Legence eut un sourire qui lui faisait pétiller les yeux dans une expression absolument incongrue chez un tel truand ; mais on lui aurait presque donné le bon Dieu sans confession, avant de capter l'éclat métallique de son regard du moins...

« Je vois, merci de votre avis éclairé et franc... Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps, vous avez été déjà très patiente. »

Il eut un petit rire somme toute mélodieux et agaçant à la réflexion de la jeune femme.

« Ne vous inquiétez pas, c'est prévu. Et si jamais vous me soutenez, ça serait avec grand plaisir ! »

A force de l'observer et d'étudier sa gestuelle pour évaluer ses attentions premières. Je me fais la réflexion que je le trouve séduisant. Peut-être un peu trop précieux, mais il se dégage de lui une aura féline dans laquelle on a envie se lover. Son sourire charmeur, ses mouvements mesurés et sa désinvolture typiquement américaine devait faire fondre le cœur d'une bonne partie de la gent féminine. Mais il y a quelque chose –peut-être dans son regard – qui alerte ma prudence, mais en d'autre circonstance attiserait mon désir.

Ravie de vous avoir “aiguillez” .. Répondis-je quand il me remercia et semble prendre congé.


Je porte un instant mon regard sur l'homme qui l'avait accompagné. Il n'avait pas bougé d'un iota depuis le début de la conversation.
Vous m'avez aidée à combler une attente infructueuse. La personne que j'attendais c'est décommandé.


Je rassemble les dossiers que j'avais sortis de ma mallette pour m'occuper et les range à l'intérieur de cette dernière. Je recule mon siège et me lève puis attrape mon manteau. La note des boissons que j'ai commandées seront mises sur la note au nom du cabinet.