POKER FACE | Reina

Assis derrière son bureau, il observe les écrans des différentes caméra de surveillance de La Féria. Le monde s'agite sous ses yeux, il est fier, le sourire en coin, un verre de vodka à la main, ici, Nikolaus est dans son élément, il est comme un marionnettiste à qui on a laissé champ libre. Le plus difficile, lorsqu'on joue à ce genre de jeu, c'est d'être suffisamment subtil pour que les gens ne se rendent compte de rien, il faut souffler la victoire, insuffler l'espoir, avant de tout reprendre dans une défaite aussi inattendue que cruelle, c'est comme ça que l'argent rentre dans les caisses, ils se plaisent à croire que ça dépend de leur talent au jeu, jamais quand il n'en a pas décidé ainsi. 

Pourtant, le maître du jeu est bientôt dérangé. Il relève la tête, en entendant quelqu'un frapper à la porte de son bureau, pensant que la consigne avait été clair: il ne voulait pas être dérangé. 
- Patron? C'est une gonzesse, elle veut jouer contre vous.
Il arque un sourcil, avale sa vodka d'une traite:
- Et alors? Je joue pas contre tout les guignols qui veulent se battre contre moi j'crois, alors c'est pas pour perdre mon temps avec une greluche. Raccompagnez là au machine à sous, c'est plus facile pour les gonzesses.
Il fronce les sourcils, entendant des talons claquer sur le sol du hall qui mène sur son bureau: 
- Pourquoi est-ce que je te paye exactement si cette pimbêche est déjà là? Allez dégage la moi. J'ai pas de temps à perdre, tu sais que je joue pas contre n'importe qui.  
Elle pourrait l'entendre, il n'en a rien à foutre.

Il n'y a qu'une chose pour mettre Nikolaus de plus mauvaise humeur que le simple fait de le déranger: le déranger pour une histoire de femme.
S'il fut le mari aimant, maladroit, mais fou amoureux, d'une femme aujourd'hui décédée, le temps avait fait de lui une sorte d'ours mal léché, refusant de s'adresser à la gente féminine autrement qu'en grognant ou en insultant. Généralement, cela suffisait à ce qu'elles fondent en larmes, et une fois que c'était fait, elles n'essayaient tout simplement plus de lui parler. Aussi le patron de la Féria, toujours habillé de costume ajustés, et aux yeux trop clairs laissait son charme à l'abandon, et aucune femme ne pensait à s'en plaindre, parce qu'elles s'arrêtaient très souvent aux apparences.
Et tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Lorsqu'il relève les yeux sur celle qu'on vient d'amener dans son bureau, Nik fronce immédiatement les sourcils. Grandes, des jambes à damner un saint, des talons hauts fins comme des aiguilles, une robe foutrement courte et foutrement voyante, une cascade blonde, un maquillage outrancier,tout indique ici qu'il fait face à un travesti, comme ceux que sa mère fréquentait au cabaret lorsqu'il était enfant. Outre ces deux grands yeux clairs qui le ciblent, cette gonzesse est l'oppose absolu de celle qu'il a aimé. Et rien que pour cela, il n'a aucune considération pour elle.
Cependant, il tique en l'entendant répondre. Elle ne l'insulte pas? Elle ne quitte pas la pièce en criant que c'est un rustre? - Mademoiselle, Reina... Je suis flaté de votre considération, mais je joue rarement. Et uniquement contre des adversaires à ma taille. Il serait cruel de plumer une dinde qui n'a aucune chance de s'en sortir, n'est-ce pas? Provoquer, encore un peu, jusqu'à ce qu'elle s'agace, parte, et le laisse tranquille. Voilà un plan exemplaire. - Allez donc pailler ailleurs, je n'ai pas de temps à perdre à écouter cancaner les poules. Il détourne les yeux, se verse un nouveau verre de vodka.
Elle devrait déjà être partie.

Les yeux rivés sur son bureau, et sur les écrans des caméras de surveillance, Nikolaus attend que le silence retombe sur son bureau. Ça semble être le cas, jusqu'à ce qu'une voix maniérée aux accents slaves raisonnent de nouveau à ses oreilles.
Elle n'est pas encore partie?
Paradoxalement, elle vient de gagner son attention. - Vous êtes encore là? Le sourcil qu'il arque, surpris, est le témoin d'un étonnement sincère. D'habitude, elles partent.

Et son acharnement à vouloir jouer contre lui aussi retient son attention.
Le patron de la Féria a la réputation d'être un joueur redoutable, et rare sont ceux qui prennent le risque de se faire plumer. Si elle insiste c'est qu'elle croit qu'elle a ses chances. Deux choses qui font de cette gonzesse un cas à part.
Bon ça et le fait que ce ne soit techniquement pas vraiment une gonzesse. - Voyez-vous ça. Son insistance atypique a quelque chose d'intriguant.

Ses cheveux blonds ramenés vers l'arrière, Nikolaus relève ses yeux clairs vers ceux de la demoiselle pour mieux la regarder.
L'avantage de ce genre de fille, c'est qu'elles savent très bien comment fonctionnent les hommes. Y compris les hommes dans son genre. Elle vient de s'attaquer à sa fierté, et ça marche. - Reina, ne nous fâchons pas. Ne commencez pas par traiter de lâche le patron de la maison. Il sort un second verre qu'il pose sur le bureau, se sert une vodka: - Supposons que j'accepte, pour quoi voulez-vous jouer? Je vous serre quelque chose? Elle n'a pas peur de lui.
Elle n'a pas peur de lui, alors elle a le droit d'essayer de le convaincre.

Habituellement ce sont des hommes qui viennent pour essayer de se confronter à lui. Enfin des hommes qui ne cachent pas leur queue, et qui ont plutôt tendance à penser avec elle qu’a la cacher sous une jolie robe. Habituellement ce sont des clients qui veulent de venger d’avoir perdu un peu trop.
La proposition qu’elle lui fait est d’une autre nature. Et c’est peut-être ce qui est peu à peu entrain de la rendre un peu plus excitante à ses yeux. - Vraiment? Et bien sachez que moi aussi. Et vice versa. S’il ne veut pas de quelque chose, aucune chance que ça n’arrive.
Alors il va falloir qu’elle soit convaincante.

D’un petit coup de talon dans le sol, il recule un peu le fauteuil du bureau pour lui laisser une place dans son périmètre vital. Il esquisse un sourire en coin, laisse aes yeux glisser impudiquement sur le bout de cuisse que sa robe dévoile: - Poker et vodka? Vous êtes une pimbêche de goût. Se permet-il de souligner avec un rire taquin.
C’est elle qui a dit qu’il avait raison, donc elle ne devrait pas se vexer.
Si elle se vexe c’est qu’il aura eu tort de lui accorder mon attention.

Servant le second verre, il le lui tend, croisant l’eclat de ses yeux qu’elle a jolis, il faut le dire. - A vrai dire Reina, je vais vous avouer que je ne manque pas d’argent. Alors il va falloir trouver autre chose. Rendez cette partie assez attrayante et je jouerais contre vous. Sa vache zdorovie. Lance-t-il en Russe, en portant son verre de vodka à ses lèvres. - J’ai passe l’age de jouer pour des broutilles, surprenez moi.
L’homme reste méfiant, mais elle a son attention, et c’est deja beaucoup pour une jolie blonde.

Autrefois, il aurait immédiatement accepté cette partie. Contrairement aux apparences, Nikolaus n'avait pas toujours été cet ours mal léché qu'il était désormais: c'est en devenant veuf qu'il est devenu aussi détestable, aussi orgueilleux aussi. Avant de la perdre, il n'aurait pas seulement accepté cette partie, il aurait même proposé à Reina de travailler au casino, conscient du succès que peuvent avoir les travestis dans les établissements comme le sien.
Aussi, à force d'insister, Reina semble parvenir à faire sauter quelques unes des barrières, mais il n'a pas encore accepté, et le plus dur reste à venir. Nikolaus ne joue jamais pour rien, et puisque c'est elle qui a proposé cette partie, alors c'est elle qui doit finir de le convaincre.

Le rire clair du travesti lui arrache un sourire mince qu'il a pris l'habitude de cacher derrière le masque des apparences. Ca fait un certain temps qu'un rire féminin - car celui-ci l'était indéniablement - n'a pas retenti dans ce bureau. Des cris, des insultes, des gifles, ça, oui. Des rires, beaucoup plus rarement. - Des employés compétents? Un éclat de rire s'échappe de sa gorge. - J'ai tout ce qu'il me faut à vrai dire. Si vous l'emportez, qu'est-ce que vous voulez? Ses yeux passent de la surface de son verre de vodka à sa cuisse dénudée, et remontent le long de sa robe pour accrocher ses yeux clairs: - Si je gagne, vous m'accompagnez à la soirée de l'ambassadeur. de Russie. Un tournoi de poker y est organisé. En tout bien tout honneur. J'ai besoin d'une cavalière, pas d'une pute; Difficile sur ses adversaires, Nikolaus a la désagréable sensation de perdre la main, et si elle a été capable de retenir son attention une fois, peut-être y parviendra-t-elle encore, mais surtout, il devine la gueule de l'ambassadeur en le voyant  débarquer avec un travesti. Et ce trouble sera un indéniable atout pour le jeu.
Puisque la survie de sa réputation ne lui permet pas de s'y rendre seul, alors autant que la pimbêche qui l'accompagne ce soir là soit supportable.

Les doigts tapotant contre la paroi du verre de vodka, il attend sagement le verdict. Généralement, les gens qui décident de l’affronter veulent se refaire en argent. Mais il serait étonnant qu’une adversaire aussi déroutante veuille quelque chose d’aussi trivial que du fric. Oh, ça rend toujours service, mais Reina à l’air d’être la par un véritable amour du jeu.
Il esquisse un sourire en coin: - Une place aux tables de vos choix, quand vous voulez. Je ferais savoir que vous m’avez battu, et vous pourrez revenir vous confronter à moi si vous le voulez. Je dois bien vous avouer que je suis le meilleur adversaire que vous trouverez ici. Il avale le fond de son verre: - Vos conditions sont acceptées.

Nikolaus est un misogyne de première, et un grognon invétéré mais c’est aussi quelqu’un qui aime profondément le jeu. Et par conséquent, il n’est pas question de se foutre de la gueule de Reina si elle le bat. Il y a de rares choses, comme le poker et la danse, sur lesquelles son sens de l’honneur l’emporte encore sur son sale caractère. - Fort bien! Faites comme chez vous, je nous fait dresser une table. Vous n’êtes pas contre un peu de public ?
Un sourire mutin étire ses lippes, alors qu’il pose sur Reina un regard plein d’intérêt, pour la première fois depuis qu’elle a franchi la porte, et cet intérêt n’a plus rien de feint. Il se sasit d’un téléphone de service et souffle quelques consignes en bosniaques avec un accent russe marqué.
Quelques secondes plus tard, le téléphone retrouve son socle. Nikolaus se lève, fait face à Reina, se mettant à sa hauteur: - Notre table nous attend. Permettez? Son pouce se glisse doucement à la commissure de ses lèvres, avec fermeté, chasse la très légère bavure de maquillage causée par la vodka: - Il serait déplaisant pour nous deux que l’on croit que je vous accorde cette partie pour les mauvaises raisons.

Nikolaus chasse sa reconnaissance d’un vague geste de la main. Reina a troublé sa soirée mais elle semble en mesure de la rendre un peu plus intéressante, ou du moins, un peu plus amusante, et quand l’ennui pèse autant sur les épaules d’un homme, les distractions sont toujours appréciées.

D’un geste précis il chasse le rouge à lèvre, peu enclin à supporter les rumeurs ce soir. La réputation de joueur du patron est inflexible, et il n’a aucune envie qu’on s’imagine que ses parties s’achètent sur un joli minois ou un pipe bien réalisée. Qu’importe qui gagnera, c’est le jeu, mais il n’est pas question que cela fasse jaser dans la salle. - Je pense que nous devrions nous en sortir effectivement! Ponctue-t-il d’un clin d’œil en la laissant passer devant.
S’avançant derrière Reina, Nikolaus laisse tomber son regard de glace sur ceux dont il entend un commentaire malvenu. Il s’installe à la table, face à elle, et ses lippes s’étirent dans un vrai sourire, sourire d’un loup affamé qui va mordre.

Les cartes sont distribuées.
Aucune galanterie ne me pousse à la laisser jouer la première, et je commence à jouer. Le croupier a nos cotes annonce fièrement: - Monsieur, Mademoiselle, faites vos jeux. Les fauves sont lancés.
Nikolaus ne lache plus sa proie des yeux, fait un trait d’humour, de temps à autres. Il avait imaginé Reina moins résistante. Et visiblement, l’assemblée aussi. Elle parvient même à le décontenancer un peu, en début de partie. - La Feria aurait-elle enfin un adversaire à ma taille a me proposer? Pique-t-il volontairement pour faire taire les commentateurs dont bon nombre se sont déjà opposés à lui avec bien moins de succès.
Les tours s’enchaîne, le public change quelque peu, la partie est plus longue qu’il ne l’avait pensé, et dans son élément, Nikolaus devient presque charmant.
C’est ce qu’ils ont entre les mains qui va décidé de qui l’emporte cette fois. Son sourcil s’arque en voyant le Carré posé par Reina. - Vous êtes une femme surprenante. Révélant ses cartes, il dévoile une Quinte Flush.
Les applaudissements retentissent, Nikolaus s’en moque, sa réputation apprécie. Et pourtant, lorsqu’il se lève pour venir serrer la main de son adversaire; il précise à haute voix: - Je l’emporte mademoiselle Kiralyno. Mais vous êtes une très bonne joueuse. La Feria serait ravie que vous reveniez à ses tables. Je vous offre un verre? Nik’ sait qu’il aura sa mise. Mais il sait aussi qu’accorder à Reina une place a ses tables, après cette partie, attirera forcément des joueurs.

Les yeux clairs de Nikolaus brillent un peu plus qu’avant la partie. Rien à voir avec le charme de l’adversaire ou les compliments des clients, tout ça lui passe au dessus. C’est l’excitation du jeu, la sensation de satisfaction qui se saisit de lui en posant les dernières cartes. On le félicite, une fois, deux fois, il chasse les intéressés d’un vague signe de la main.
- La maison vous offre les consos pour ce soir, faites vous plaisir. Je ne suis pas revêche, et vous avez bien fait de venir me proposer cette partie. Rien que cet aveu est une preuve de considération, et elles sont peu nombreuses à pouvoir se vanter d’en avoir de sa part.

Nik commande un nouveau verre de vodka, pas d’infidélité à sa mère patrie s’il veut tenir sur ses quilles ce soir.
Un sourire en coin fleurit sur ses lèvres alors qu’il l’entend évoquer son gain: - Vous savez ce qu’on dit de moi, Reina? Curieux, j’arque un sourcil, soutient son regard quelques secondes, avant de reprendre dans un sourire plus franc lorsqu’elle pose la question: - C’est le nom d’un bordel dans une œuvre littéraire française qu’affectionnait ma mère. Cet endroit n’a rien à voir avec une maison de passe, tout ce qui se passe ici est légal. Je leve mon verre pour trinquer avec elle: - Mais le jeu est une amante plus sulfureuse que certaines prostituées pour les hommes. Ajoute-il avec un regard pour la salle. - Dans cette œuvre la, pour avoir le droit de coucher avec la patronne, on joue aux dés. Amusant n’est-ce pas? Vous trinquez avec moi? Dans la salle, les jeux ont repris.
Le murmure lancinant des rumeurs est lancé.
C’est rare que le patron soit en salle, plus rare encore qu’il soit à côté d’une charmante créature dans une robe aussi courte.

Un éclat de gorge sonore retentit alors que Reina parvient à arracher un rire au patron du casino. Il relève un œil attentif vers elle, un sourire en coin sur le visage: - En plus de provoquer le patron en lui proposant une partie, vous le traitez de revêche. D’aucun dirait qu’en plus d’être une pimbêche, vous êtes suicidaire Reina. Il se fout bien du fait qu’on l’ait entendu.
Nikolaus a déjà tué, mais jamais gratuitement. Et si on lui colle sur le dos le meurtre de la plus précieuse personne de sa vie, il sait qu’il en est innocent. Le reste...

D’un œil distrait, Nik surveille la salle alors que l’autre garde Reina dans son angle de vision. Il porte doucement la main à son cou, déboutonne un deuxième bouton de chemise parce que la vodka monte joyeusement dans ses veines: - Ça n’est pas vous qu’ils surveillent. C’est moi. Oh, il y a probablement quelques mauvaises langues qui s’attardent sur la feminite construite du travesti mais dans le fond, il n’est pas le premier à entrer ici. Nik laisse entrer qui le veut. Tant que la tenue de soirée soiree est distinguée. - On raconte que j’ai tué ma femme. Comprenez bien que depuis, à chaque fois que je suis en charmante compagnie, on cherche à savoir comment je vais m’en débarrasser. La désinvolture n’a d’egal que le je m’enfoutisme de l’homme à ce sujet. - Je ne vous ai pas encore fait hurler ou fondre en larmes donc ils sont curieux. Sans doute parce qu’elle a simplement résisté aux premières insultes.

Il fait tinter son verre contre celui de la jeune femme et avale un enfant rasade de vodka, dans un sourire flatté de ce compliment qui est probablement le seul qu’il ne mettra pas sous le compte d’une tentative de flatterie. - Vous pourriez gagner en précision. Vous êtes une bonne joueuse, et vous savez bluffer, mais les gros poissons ont besoin de plus que ça. C’est pour ça que je lis veux à mes côtés pour le tournoi de l’ambassadeur. La décence aurait apprécié qu’il dise que c’etait poir sa bonne compagnie.
Au diable la décence.

Tout faussement vexé qu'il est, Nikolaus ne bouge pas, toujours adossé au bar à savourer sa vodka. Reina n'est pas timide, et paradoxalement, cela fonctionne sur le maître des lieux. Sans doute parce qu'elle n'essaie ni de faire des ronds de jambe, ni de se rendre plus parfaite qu'elle ne pourrait l'être. - Insolent, je ne sais pas. Sincère, sans doute trop pour votre bien, mais je n'ai pas envie de mordre ce soir. Précise-t-il dans ce qui ressemble, à s'y méprendre, à une œillade charmeuse.
Il faut avouer qu'il est un peu rouillé sans doute.

Il ignore ce qu'elle pense de ces rumeurs, ni même si elle en était avertie, mais elle ne prend pas la fuite.
Peut-être parce qu'elle en veut à son fric, à son casino, ou à ses tables de jeux, mais il a déjà trop bu pour réflechir aux raisons qui la poussent à ne pas prendre ses interminables jambes à son cou. C'est relativement satisfaisant. - C'est une qualité trop rare chez les femmes de nos... La vodka manque de passer à côté alors qu'il arque un sourcil.
Est-ce qu'elle vient de lui faire des... avances?
Que ce soit un travesti n'est pas le problème, loin de là, mais... est-ce qu'elle vient de lui faire des avances, à lui?

Nikolaus se reprend, passant une main dans ses cheveux pour les décoiffer avec... un semblant d'harmonie. Répondre quelque chose. Répondre quelque chose. - Je vais devoir revoir mes méthodes pour vous faire fuir alors. Mouais, bon. Il aurait sans doute dû lui dire qu'il était curieux d'entendre ça.
Mais flirter n'est plus vraiment son fort. Pourtant, il ne perd pas une miette de ce regard brillant qu'elle lui lance, et qui fait percer un éclat animal dans les yeux trop clairs de Nikolaus.

Le sujet est un peu plus maîtrisé lorsqu'ils en reviennent au jeu alors qu'il hausse les épaules avec malice: - Je vous emmène pour leur donner l'illusion que je vais perdre. Un homme aux côtés d'une aussi belle femme a rarement la tête au jeu. Il avale une gorgée de vodka: - Ils penseront que je ne vois que vous, et je me débrouillerais pour en donner l'illusion. Ils vous reluqueront, forcément un peu, parce que je fais entrer une nouvelle charmante créature dans le cercle et que par conséquent, vous attiserez les envies, toute scandaleuse que vous soyez, et ils baisseront leur garde. Un sourire lupin étire les livres du vieux: - Il n'y a rien de plus bandant que d'enculer des hommes qui pensent être les rois du pétrole.

La dernière qui a essayé de le draguer a fini par lui jeter son verre de martini au visage, c'est comme ça que ça se passe en principe, parce qu'il n'est plus assez récéptif, parce qu'il est clairement goujat, et qu'elles se vexent avant d'avoir obtenu ses faveurs, qu'elles en veulent souvent à son argent, et qu'au fond, elles pensent toutes qu'il a tué sa femme, alors elles ne sont pas en confiance.
On dit qu'il ne faut pas leur jeter la pierre, il la leur jette en pleine gueule, et si possible, avec un boulet lesté au bout pour qu'elles coulent, le plus loin de lui possible.
C'est un peu différent quand ce sont de jeunes hommes qui le draguent. Et sa légendaire misogynie s'accorde à penser que c'est peut-être pour ça que ça se passe pas trop mal avec Reina, parce qu'elle a le charme d'une femme, sans son mauvais caractère, du moins, de ce qu'il peut en voir.

Il arque un sourcil, esquisse un sourire, amusé: - Il va falloir que je passe à l'étape mufle vulgaire pour vous faire fuir? Peut-être que c'est la vodka, ses jambes interminables, la longueur de sa robe, l'odeur sucrée de ses cheveux, ou simplement ses grands yeux clairs, mais Nik tente le tout pour le tout, et lui colle une main au cul, attendant la gifle avant de souffler, d'une voix un peu plus rauque, comprenant cette fois clairement où elle cherche à en venir: - Vous n'avez clairement pas besoin que je vous confirme que vous êtes bien plus bandante. N'est-ce pas? La gifle va venir, ça se passe toujours comme ça, pas vrai?
Pourtant, elle n'est pas encore venue, même si Reina peut clairement distinguer les prémices d'un émoi d'excitation dans l'éclat des yeux du russe.
Amusé, il hausse les épaules: - Votre réputation? Vous savez, la haute société Russe est un monde d'apparence. Et de ce point de vue là, je n'ai pas d'inquiètude vous concernant. Je n'ai jamais vu une pimbêche prendre le risque d'être moins belle que les autres pervenches de la soirée. Provocation enore, la gifle devrait venir.
Pas vrai?

Et rien ne vient.
Toujours pas. Si ce n'est un petit éclat de désir dans le regard du Russe dont la main reste tout à fait sagement - ou pas - campée sur le galbe de la fesse de Reina. Les regards se tournent vers eux, mais il n'a jamais eu peur des mauvaises langues. Demain, tous se demanderont s'il a tué le travesti ou non, une rumeur de plus, une de moins, dans le fond, qu'importe. 

Il hausse les épaules en portant son verre à ses lèvres, avale une longue rasade d'alcool avant de répondre, cherchant son paquer de cigarette: - Vous n'êtes pas mal placées pour les obtenir en tout cas. Aveu débridé par l'alcool, il plante ses yeux trop clairs dans ceux de la jeune femme pour voir l'effet que ses mots ont sur elle. 
Reina lui plait.
Elle en fait trop, elle est presque iréelle, mais elle lui plait pour toutes ces raisons. Et parce qu'il est certain qu'elle baise incroyablement bien.

- Oh ça! Non je ne m'en fais pas. Il marque une pause: - Vous êtes connues, c'est indéniable, vous avez un trop bon niveau pour ne pas l'être. Mais, nous parlons d'une tablée d'homme. Sa main se resserre infimement sur la fesse de la jeune femme. Il précise avec malice: - Il y a une chose qui leur tourne la tête plus que le poker. Ce sont les jolies femmes. Est-ce que? - Et vous n'aurez pas à faire trop d'effort pour ça, me semble-t-il. Avec délicatesse, et dans un mouvement svelte, Nikolaus se rapproche encore un peu de Reina. Il hésite. Ses yeux accrochent les siens. L'alcool pulse dans ses tempes. Il se penche cette fois contre le travesti, avale l'espace qui les sépare et souffle à son oreille, la mâchoire heurtant doucement le visage de la jeune femme: - Je commence à avoir envie de vous. C'est très contrariant, vous savez?

Dans la rue, il serait indéniablement dangereux pour le Russe de montrer son attrait pour le travesti, et ce même s'ils sont nombreux à faire le trottoir sur le bitume de Sarajevo, mais à la Féria, c'est un peu différent: avant toute chose parce qu'il est maître en sa demeure et que les gens tiennent trop au fric et au jeu pour prendre le risque d'être foutu dehors.


Reina semble presque ronronner sous ses paroles, et ça n'est pas arrivé depuis qu'elle est morte. Et pour cause, généralement, depuis ce jour, il se démerde pour faire peur aux femmes. Ou pour les payer suffisament cher pour qu'elles fassent semblant de ne pas avoir peur quand il les approche avec cette allure de loup.
Mais là, c'est pire: Reina semble en avoir envie. 
- Mes appartements sont à l'étage. Si mademoiselle veut bien se donner la peine. Il lui offre son bras, relâchant finalement ses hanches. 
Sous les regards médusés de l'assemblée, Nikolaus traverse la salle aux côtés de Reina, et disparaît derrière une lourde porte qu'on referme derrière eux. Les gens jasent probablement déjà, mais le self control du vieux loup bat de l'aile.
Il chasse le portier d'un regard, et plaque la jeune femme contre le mur qui se trouve dos à elle, en appuyant sur le bouton de l'ascenseur: - On ne vous a jamais dit qu'il était dangereux de suivre les inconnus? Nous pouvons peut-être nous tutoyer pour ce soir... Précise-t-il, amusé, en venant laisser trainer sa bouche dans le creux de sa gorge. 
De sa peau, un parfum sucré, et fruité irradie.
Le Russe oublie ses emmerdes, il n'y a qu'elle. 
Une nuit d'oubli.