Starting all over again - Slavina

"Super !" Je ne suis pas mécontent de rentrer faire une pause à la maison. Je suis très ambivalent en ce moment. Je suis suffisamment bien pour avoir envie de sortir et ne pas rester cloîtrer mais je me fatigue vite une fois dehors. Mais chaque jour ça va mieux.

A la maison, je suis heureux qu'elle se pende à mon cou et j'enroule mes mains autour de sa taille, me penchant à peine pour la surplomber d'un air joueur et provocateur, comme pour l'inciter à se hausser sur la pointe des pieds pour venir chercher un baiser. Je hausse un sourcil avant de répondre d'un air amusé et gouailleur "Un feu ? Quel genre de feu srce ?" Je l'attire contre moi, la soulève vers moi pour l'embrasser à couper le souffle. Le désir surgit avec la brutalité d'une charge de rhinocéros. Il était simplement tapis en attendant le droit de s'exprimer, tenu en laisse parce qu'on était dehors. Ainsi hissée vers moi, je la pousse lentement sans quitter sa bouche vers le mur. Je prends ses mains pour les lever au dessus de sa tête. Je les tiens d'une mains alors que je mordille sa bouche, la lèche, mêle ma langue à la sienne. Mon autre main glisse sur son flanc, vient possessivement envelopper un sein. "Est-ce que tu parles de ce genre de feu ?"

Bien-sûr j'espère qu'il va me prendre dans ses bras et m'embrasser... Mais je ne m'attends pas à ce qu'il réagisse si vite, si fort. Ses mains se referment sur mes flancs et mes talons quittent le sol quand il me soulève vers lui pour fracasser sa bouche sur la mienne. Mon cœur loupe un battement. Ou dix. Et je me presse contre son torse en gémissant de bonheur. Je ne suis plus habituée à ce que le désir rugisse si puissamment, à ce qu'il me submerge toute entière, ni à une telle frénésie de sa part. Depuis qu'il est blessé je fais toujours trop attention à ne pas lui faire mal, et on ne peut pas dire que nos étreintes soient particulièrement brutales, parce que je fais toujours en sorte de ne pas le laisser faire. Je crains trop pour lui, j'ai eu trop peur de le perdre.

Cette fois pourtant, sans doute à cause de l'effet de surprise, je n'ai pas le temps de me maîtriser, et je suis déjà brûlante lorsque mon dos heurte le mur. Il prend mes poignets dans sa main, lève mes bras au-dessus de nos têtes et ce geste à lui seul suffit à envoyer des décharges électriques dans mes reins. Tout devient soudain trop urgent pour que je songe même à me moquer de sa répartie grivoise. Je me cambre, me tends plus fort pour mordre ses lèvres et je hoche la tête vivement, prête à acquiescer à tout ce qu'il veut, incapable de parler.

Il a suffit qu'elle jette ses bras autour de mon cou pour que j'oublie ma fatigue. L'adrénaline se mêle au désir dans un rush délicieux. L'entrée une nouvelle fois assiste à cette fureur contenue de la passion qui me consume pour Nina. Je relâche ses mains uniquement pour parce que j'ai besoin des deux miennes pour lui ôter sa veste. Je gronde un avertissement viril contre sa bouche "bouge pas..." Je me débarrasse méthodiquement des couches de vêtements dont elle s'enveloppe sous prétexte qu'il fait froid. Sa veste donc, en tout premier, sa robe ensuite, son débardeur.

Enfin, avec une lenteur volontaire - non rien à voir avec le fait que la terre est basse - je me penche en tirant sur l'épais collant qu'elle a revêtu (vivement l'été) Je sais qu'elle va trouver ça excitant de me voir à genoux, mes lèvres pressées sur son ventre, les yeux levés vers elle pour voir le plaisir progresser sur son visage. Moi ça m'excite. D'ailleurs c'est presque agressivement que ma bouche se pose sur sa culotte, mord son sexe sans douleur, glissant ma langue sous la dentelle fine pour mouiller ses chairs et surtout me repaître de son goût. "Moj andjeo, moj endjao ti si divna." Mes mains ont empaumé ses fesses pour les presser, attirer ses hanches vers moi. J'aspire son sexe dans ma bouche, la lèche pleinement, sans concession, sans douceur non plus, avide.

On rejoue inlassablement la même scène dans le hall de tous nos appartements, dans l'entrée des chambre d'hôtels qu'on loue aussi, incapables d'attendre d'avoir rejoint le lit. Intenables. L'impatience me gagne, je voudrais que nos corps soient déjà liés mais il me lâche, m'abandonne pour ôter mes vêtements quand il suffirait de retrousser ma robe, de tirer sur mon collant pour le déchirer... Je geins de frustration tout en le laissant faire, mais je ne reste pas docilement immobile comme il me l'a demandé. Non, j'enroule mes bras autour de son cou, fourre mes mains dans ses cheveux puis sous son pull, en quête de sa peau. Je tire sur ses fringues que je ne peux pas lui ôter tant qu'il est occupé à se débarrasser des miennes.

Il échoue à mes pieds et mes mains accrochent ses épaules, s'agrippant au vêtement qu'il porte à défaut de pouvoir agripper sa peau. Je bascule les hanches en avant, rejette la tête en arrière, la posant contre le mur en me tendant vers lui quand sa bouche prend possession de mon sexe. Je dois fermer les yeux, me mordre la joue au sang sous l'afflux de sensations qui m'envahit. Un râle de plaisir m'échappe et je couine de me sentir brûlante, trempée, déjà trop avide de le sentir en moi. Je n'ai pas la patience, ou pas les mots, pour lui demander de remonter alors c'est moi qui descend. Je le repousse et me glisse sur ses cuisses, relève son menton vers moi pour prendre sa bouche dans un baiser furieux où je me goûte sur sa langue. Ma main libre s'affaire, entre nous, à déboutonner son pantalon.

Comme je ne prends quasiment plus d'anti-douleur - sauf parfois un le soir - je n'ai plus de souci d'érection retardée, youpi. Et Nina est mon super aphrodisiaque permanent et aussi fort indiscipliné. Elle n'attend pas que je me relève et vient s'installer sur moi, à califourchon. Je me jette contre sa bouche comme elle relève ma tête. Elle est tellement belle et sexy que mon bat s'affole à un rythme infernal. Le désir est chaud, boule incandescente dans le creux de mon bas-ventre qui durcit. Nina me libère du tissu et tout en la dévorant, je parviens à arracher ma veste, mon pull, mon tee-shirt qui tombent en vrac avec ses fringues. Sa culotte craque quand je l'écarte pour venir entre ses cuisses. Je la soulève, l'installe sur moi, forçant d'une poussée le passage pour me loger en elle. "Oui, oui c'est bien, c'est bon chérie" Je gronde de plaisir, mes mains s'affolant sur sa peau d'albâtre, de son cul, de son dos, de sa nuque sur laquelle je referme ma main d'un geste si possessif qu'il en semble brutal. Je ne bouge pas. Je cherche le regard de Nina du mien, embrasé. Je l'amène vers moi, mon torse se colle à ses seins, je mange sa bouche avant d'intimer d'un ton provocant "Jebi mi, baise-moi" J'adore quand elle vient comme ça, bouger sur moi, quand elle danse sur moi. Je crois qu'elle le sait, j'ai toujours ce sentiment qu'elle connait ou devine tous mes désirs. Elle y répond toujours si parfaitement qu'elle est forcément un peu sorcière.

Dieu merci il ne me repousse pas, ne cherche pas à me faire languir encore, je crois que j'en serais devenue complètement folle. Il m'aide au contraire à le débarrasser, enfin, de ses fringues, et se guide entre mes cuisses pour se planter jusqu'à la garde au fond de mon ventre. Je pousse un cri entre plaisir et soulagement quand nos corps se lient enfin, Je voudrais enrouler mes bras autour de son cou, me presser contre lui mais sa supplique -ou son ordre je ne sais pas- m'en empêchent et j'ai besoin de m'appuyer sur ses épaules pour y répondre. Je me tiens à lui pour me soulever plus haut et revenir m'empaler sur lui, plusieurs fois, pas trop rapidement mais profondément. Les vagues de chaleur me brûlent les nerfs et je me voûte, pose mon front sur le sien en tentant de les faire refluer pour faire durer encore. Il m'a trop manqué, j'ai l'impression qu'on n'a pas baisé depuis des jours alors qu'on a fait l'amour hier soir ! Mes doigts remontent vers sa nuque, glissent dans ses cheveux et je happe sa bouche pour un baiser plus langoureux avant de recommencer à bouger. Mes fesses heurtent durement ses cuisses à chaque à-coup qui le plante plus loin dans mon ventre, mes seins tendus frottent contre son torse, mes doigts accrochant sa peau à la faire rougir.

La jouissance est fulgurante, raz-de-marée qui me submerge quelques coups de reins plus tard et m'arrache un cri étranglé. Il est rare que je vienne avant lui et j'ondule encore quelques instants pour qu'il me rejoigne, ne ralentissant mes mouvements que lorsque je le sens tressaillir dans ma chaleur. A bout de souffle, je m'immobilise tout à fait, enfouissant mon visage dans son cou. Mon besoin de fureur assouvi, c'est toujours celui de tendresse qui refait surface pour prendre toute la place.

Je gronde de plaisir sous ses soins. Mes mains plantées sur ses hanches, je l'aide à se soulever, la laissant aller et venir à sa guise, la laissant mener le rythme. J'aime qu'elle s'empare de notre désir comme ça, je trouve ça infiniment excitant quand elle mène la danse, quant elle se laisse aller sans tabou ni fausse pudeur, ce qui est toujours le cas avec Nina, c'est extraordinaire. Je jouis dans un râle rauque, avant de l'enfouir contre mon torse en sueur, palpitants de battements sourds et rapides. Le temps de quelques baisers et je glisse hors d'elle, les lois de la physique étant impitoyables.

Allez Drazavic, sois un homme... Je me remets sur pieds en portant Nina, et ça me demande un véritable effort mais je me sais capable de l'accomplir sans risque. Ma cicatrice ne peut pas se rouvrir à ce stade, c'est juste les muscles qui rechignent ayant été au repos et dorlotés trop longtemps. Je suis empêtré dans le bas de mon froc et mes rangers, ce qui est ridicule. Je sautille jusqu'au canapé où nous nous effondrons.Je m'allonge à moitié, le dos contre un coussin et Nina que j'allonge sur moi, sa tête sur mon épaule pour que je puisse caresser son cou dans un geste tendre et câlin. "volim te...est-ce que le feu était assez chaud srce ?" Je ris tout bas, saturé d'endorphines et de plaisir, repu, heureux comme je l'ai été assez rarement dans ma vie.

Je cousine une légère protestation quand il se relève en le soulevant dans ses bras, sa blessure se rappelant à moi aussitôt. Malheureusement il ne m'écoute absolument pas et on se retrouve tous les deux vautrés sur le canapé. Je continue à flipper, moi, que ça cicatrice rouvre, même si je sais que c'est tout à fait ridicule. Je me blottis dans ses bras, reprenant doucement mon souffle et le fil de mes pensées éparses. Cette fois je pouffe à sa vanne ridicule et j'acquiesce en levant la tête pour mordiller son épaule au hasard. Humm c'était très chaud... Mais ça me réchauffera pas pendant des heures hein. Je suis bien trop frileuse pour ça et il pleut des cordes dehors en plus ! Il a raison cela dit, les températures extérieures se sont réchauffées ces derniers jours et peut-être qu'il finira un jour par faire chaud dans ce pays ! Je pose mon menton sur son torse, relève sur lui un regard brillant. Alors c'est vrai, on part à Bali...? Je crois que c'est réellement notre premier voyage romantique depuis qu'on s'est remis ensemble et j'ai terriblement hâte d'y être. Je plisse le nez en demandant : Je peux te montrer les locations que j'ai trouvées ? J'avais... Enfin j'avais sauvegardé ça dans mes favoris, au cas où tu vois...

"Au cas où hein ? Oui, on part à Bali ! L'argent que t'as gagné au poker et qui m'a valu une balle, je crois que tu peux bien le dépenser à emmener en vacances ton fiancé fauché... Oui ? " Non parce que sans bosser, je touche le minimum pour vivre et il va falloir que je rachète une caisse, sans compter la baraque à venir. J'ai mis un peu de coté depuis que Nina est revenue dans ma vie mais pas encore assez. Ma cambrioleuse de femme a toujours su subvenir à ses luxueux besoin bien mieux que je ne sais le faire. C'est dur pour mon ego, mais je commence à faire avec... Je vais finir gigolo.

Je tapote ses fesses "va chercher ton pc, je vais allumer la cheminée, femme frileuse." Je me lève et passe aux chiottes avant de m'atteler à faire un feu digne de Nina. J'allume une clope et assis en tailleur devant le foyer, je prépare ce qu'il faut. "Tu sais je crois que tout va me plaire. Tu devrais me montrer directement celle que tu préfères. Je vois pas pourquoi ça me plairait pas moj andjeo."

Je me rembrunis à sa plaisanterie que je trouve de très mauvais goût. J'ai pas gagné d'argent, j'en ai juste pas perdu. Puisque comme il le dit si bien, il s'est pris une balle pour empêcher l'autre de réclamer du fric. Mais je n'ai pas gagné un centime lors de cette partie truquée. J'étais au contraire censée tout perdre si je les écoutais. Le plus douloureux c'est que je ne peux rien dire d'autre, il a raison, c'est à cause d'une partie de poker qu'il a failli crever, et je ne me le pardonnerais jamais...

Pour ce qui est de mes goûts de luxe, je n'ai jamais songé à me faire entretenir, encore moins par lui. Durant une courte période, quand il était à la tête du Klan notamment, il a bien gagné sa vie et m'a couvert de cadeaux, mais ça n'a pas duré longtemps. Depuis que je l'ai retrouvé ici, j'ai l'impression qu'il gagne encore moins d'argent qu'à New-York. D'un côté ça m'est égal parce que je subviens très bien à mes besoins, d'un autre je trouve que c'est inadmissible de gagner si peu compte tenu des risques encourus. Il dit que c'est parce qu'il passe du temps avec moi mais même quand il part en mission je n'ai pas l'impression qu'il gagne tant que ça. Quant à moi je ne le dis pas mais avec tous nos projets je vais très vite me retrouver à sec et j'ai intérêt à prévoir de gros coups pour me renflouer les poches. Le voyage à Bali c'est pas donné, mais on a aussi un mariage à organiser, une maison à acheter, des travaux à financer dedans sans doute, une voiture et potentiellement un voyage de noces. La vente de mon appartement ne couvrira jamais tout ça.

Je me défais de ses bras et file dans le bureau chercher mon pc portable. Je passe aux toilettes et boire un verre d'eau avant de revenir m'installer en tailleur sur le canapé. Je pose un plaid sur mes jambes et j'allume l'ordinateur. Le truc c'est que je sais pas trop lequel je préfère... Y a des trucs qui me plaisent dans tous ! En plus comme il est encore en convalescence, on risque de ne pas beaucoup quitter la location je crois.

"Ah zut ! J'ai compris de travers en plus, on aura même pas un cocktail ? On ira au casino srce. Tu nous gagneras de quoi en comptant les cartes et je te protègerais." Je n'en veux absolument pas à Nina de la balle prise et il ne me vient pas à l'idée que ma plaisanterie est de mauvais gout. L’enchaînement des événements c'est fait comme ça, et alors ? Je peux me faire tirer dessus n'importe quand.

Etre avec Nina ça veut dire avoir des besoins en argent. Pas vraiment parce qu'elle tant le luxe que ça mais c'est surtout parce qu'elle m'incite à faire des projets plutôt que vivre au jour le jour. Si je n'ai que moi à gérer, le QG me convient très bien et tant que je suis nourris logé blanchi, de quoi d'autres aurais-je besoin ? Bien sur l'idée d'acheter une maison, de faire un gosse implique une nécessité de ressources très différente. Alors je fais des missions pour le taf mais aussi un peu de trafic annexe comme avec ce promoteur immobilier rencontré à une soirée et que "j'aide" contre rémunération. J'ai donc un peu de pognon de coté. Pas beaucoup mais c'est mieux que y a six mois. J'ai de quoi acheter une bagnole d'occasion.

Une fois le feu allumé, je range le matériel dans son carton et je viens m'asseoir près de Nina, sur le canapé non sans m'être équipé d'une clope et d'un cendrier. "Et tu comptes sur moi pour choisir ? oulà tu prends des risques ! Montre moi ça moj andjeo..." Je passe un bras derrière Nina et me colle contre elle pour mieux regarder sur le pc ce qu'elle a déjà sélectionné.

Je profite qu'il soit en train de préparer la cheminée pour ouvrir les différents onglets des logements que j'ai trouvés à Bali. Quand il revient vers moi, j'essaie de nous installer confortablement... Surtout parce qu'en fait j'ai terriblement besoin d'être contre sa peau. Je me niche donc entre ses bras, le plaid toujours sur mes jambes, l'ordinateur en équilibre sur mes genoux, et mon dos appuyé contre son flanc. Sa main libre est enroulée autour de moi tandis qu'il fume de l'autre, et je ferme les yeux quelques instants sans lui répondre encore, savourant ce moment délicieux où on peut simplement se retrouver l'un avec l'autre. Je tourne la tête, réclame un baiser silencieusement avant de me focaliser sur l'écran.

Voyons voir... J'ouvre le premier onglet dans un sourire. Celui-ci, c'est le plus original on va dire. C'est une espèce de cabane en pleine jungle, bon en mode luxe tu t'en doutes... Il me plaisait beaucoup mais il est peut-être moins confortable, je sais pas... Je hausse les épaules, le laisse regarder les photos avant de passer au suivant. Celui-ci est superbe aussi, enfin y a trois chambres ça nous sert pas à grand chose... J'aimais bien la baignoire en pierre dehors, en fait. Est-ce qu'on peut vraiment choisir juste en fonction d'une baignoire ? Moi je peux, je vous jure. Je passe au dernier. Bon celui-là est encore plus grand, mais j'adoooore les transats au beau milieu de la piscine... Et tout l'extérieur en fait. J'ai un lourd soupir. Tu vois comme c'est dur de choisir ?!

D'abord, je ne commente pas tout de suite, je prends le temps de regarder toutes les photos des trois locations choisies par Nina. Toutes sont paradisiaques et j'ai même du mal à me projeter dans de tel décor de rêve ! On a parfois fréquenté des hotels de luxe mais là c'est le cadre encore plus que les lieux qui me soufflent. Les montagnes incroyables qui plongent dans une eau à la couleur irréelle, c'est forcément retouché, ça ne peut pas être comme ça ! Je n'ai jamais été dans un lieu aussi beau c'est certain, ça me rendrait presque timide, comme si c'était trop pour moi. Mais comme ce n'est pas trop pour Nina, je me décide à parler, alors que je suis collé contre elle, trop câlin pour un type dans mon genre. "Le premier. C'est mon préféré le premier. Tu as vu la suspension de corde au dessus du vide, avec la rivière en contrebas. C'est dingue. On pourrait baiser dans les nuages."

J'ai balayé les autres d'un revers de main, ils sont parfaits et quiconque dirait l'inverse serait un fou mais le premier logement est fascinant. Il a une dimension sauvage qui m'attire, quelque chose de viscéral, de primal, quasiment de sexuel, si si je vous jure, y a tout ça rien que sur les photos. Je ne réalise pas bien qu'on va aller là-bas. Je tends la main pour toucher le pas de l'ordinateur et retourner voir les photos.

Pour être tout à fait honnête, le premier est mon préféré également, alors forcément mon regard s'illumine à sa décision hyper spontanée, qui ne demande même pas de réflexion, et je suis heureuse qu'on soit une fois de plus sur la même longueur d'ondes. Moi aussi je le trouve magnifique, c'est le premier que j'ai trouvé et en comparaison tous les autres avaient l'air de... De manquer de quelque chose, tu vois ? Et pourtant c'est le moins "luxueux" des trois, si on peut dire. C'est le logement le plus petit, celui où il n'y a pas de baignoire, et certainement pas de service de chambre vu comme c'est paumé en pleine nature. C'est justement ça qui me plaît, le fait que ce soit en plein milieu de la jungle, avec la rivière en contrebas, et les rizières tout autour, ça a l'air absolument sublime. Je voulais juste en discuter avec toi parce que... Enfin ça va te mettre en colère mais je le dis quand même, avec ta blessure je voulais être sûre que ce soit ok. Je me suis sincèrement demandée si je ne devrais pas opter pour le confort à tout prix. La balançoire au-dessus du vide me fait rêver depuis des nuits, mais je me suis dit que pour lui c'était peut-être mieux d'éviter. Quand je vois comme il a l'air d'aimer, je me sens ridicule de l'avoir pensé mais j'ai du mal à enregistrer le fait qu'il va mieux. Je n'ai jamais eu si peur pour lui de ma vie et j'ai comme l'impression de risquer de le perdre encore, tous les jours.

Je jubile de joie à l'idée d'aller là-bas, j'en ai tellement rêvé que ça me semble fou. Comme il revient sur les photos, je les commente toute, hyper enjouée. Tu as vu, il y a deux piscines ? Une on dirait qu'elle tombe dans le vide, à côté du genre de hamac suspendu. Et la deuxième est de l'autre côté de la maison je crois. Je plisse le nez. Ou alors elle est en haut, après les escaliers... Oh, tu as vu la douche ?! Ca se fait beaucoup là-bas, dans tous les logements que j'ai vu, les salles de bain dedans-dehors. Ca me fascine complètement, il doit faire tellement chaud, ça doit être tellement agréable mon dieu ! En fait tu as vu toutes les pièces à vivre sont ouvertes aussi. Y a même pas de fenêtres. S'il pleut on sera obligés de vivre dans la chambre. Je n'arrive plus à rester en place, je voudrais déjà y être. On réserve maintenant ? On regarde pour les billets en même temps ? Quand est-ce qu'on part ? On peut toujours attendre un peu, ce serait mieux que tu sois en forme... Je vais encore me faire engueuler !

Je m'offusque, je ne suis pas en sucre, même si au fond sa crainte est assez mignonne. "Mais zlato ! Le pansement c'est juste pour protéger, mais c'est cicatrisé." Je suis nu et j'ôte un coin du pansement pour montrer l'endroit de l'impact. Je ne vais pas dire que c'est beau, la peau marque une dépréciation au point d'entrée, des boursouflures autour et est plus violette que rosée mais c'est bel et bien refermé complètement depuis deux jours .Je dois faire attention à ce que la cicatrice ne craquelle pas sous l'effort et je continue à la nourrir de crème grasse. Dans le dos c'est la même chose en plus large, le point d'impact plus grand à la sortie qu'à l'entrée. La côte basse qui a été touchée se remet elle aussi, un petit morceau d'os en moins, le Doc a veillé qu'il ne reste pas dedans. J'ai été hyper sage en plus et j'ai dormi un nombre d'heures impressionnant en suivant le traitement à la lettre et en me faisant dorloter, je ne pouvait pas être dans de meilleures conditions pour guérir ! "tu sais y a surement une route pour y aller, ils vont pas nous faire grimper à la corde."

"non, non, je préfère partir vite comme ça je suis encore en convalescence. Si je vais mieux, je devrais reprendre le taf. Je peux pas me prélasser trois mois ! Faut pas exagérer. En plus c'est bon, on part pas faire un trekking ! Aller du pieu à la piscine n°1 ou 2 j'pense que je peux gérer non ? Si c'est libre et que tu trouves des billets, on peut même partir demain ou après demain. Dis combien de temps on part ? Ça doit coûter cher ce truc..." "Je me soucie quand même de combien ça va coûter. Je peux prendre l'argent mis de coté pour racheter une bagnole pour partir en voyage. "Je veux aller dans le premier, c'est le mieux." Je préfère le répéter, un peu borné, parce que quitte à casser la tirelire autant qu'on réalise le rêve jusqu'au bout.

Je fronce le nez, rougis de gêne sous la culpabilité qui m'envahit. Je sais, je sais je suis désolée. J'essaie vraiment de ne pas l'étouffer mais je suis sûre qu'il le voit bien au quotidien à quel point je m'inquiète pour lui. Je passe mon temps à surveiller qu'il mange bien, qu'il prenne bien ses cachets, je ne le réveille pas la nuit pour faire l'amour et en fait côté sexe on s'est même tenus hyper tranquilles depuis qu'il a été blessé puisqu'on se cantonne généralement à une fois par jour, ce qui nous connaissant relève de l'exploit. Je ne sais pas si c'est parce que je me sens responsable que je m'inquiète tant... Ou si, plus vraisemblablement, c'est de l'avoir vu s'évanouir entre mes bras dans une mare de sang qui m'a légèrement traumatisée. Je peine à effacer cette image de mon esprit. Je plisse les yeux, observe la cicatrice en hochant la tête. Je vois bien que c'est cicatrisé... Excuse-moi c'était idiot, bien-sûr que t'es en état de faire de la balançoire au-dessus du vide. Je plaisante dans un sourire amusé, il est hors de question que je le laisse se balancer au-dessus du vide m'enfin je réglerais ce détail en temps voulu.

Je dodeline de la tête. Honnêtement quitte à partir à Bali... J'ai regardé sur internet, y a évidemment pas de vol direct... Et malheureusement y en a au moins pour quinze heures de voyage. Ca fait un très long voyage pour ne rester que deux jours sur place, tu crois pas ? Je sais pas combien de temps tu peux partir, mais en avion on en a pour 1500 à deux à cette période, y a personne. La location coûte quasiment rien par contre, c'est assez impressionnant d'ailleurs. Je plisse le nez, je ne sais pas combien de temps il peut s'absenter raisonnablement. Ca fait sans doute beaucoup mais j'aimerais qu'on ait cinq jours plein sur place... Tu crois que ça peut se faire ? C'est un pays magnifique et sans parler de faire de la rando, la maison est dans une région sublime, j'aimerais bien la visiter un peu. Toi combien de temps tu peux partir ? Pour le fric j'ai largement de côté, je piocherais dans l'argent de la vente de l'appart', et j'irais faire un cambriolage en rentrant pour rembourser tout ça, tu m'aideras à choisir une cible, mh ?

"Je suis pas en sucre Nina, je vais bien et je compte bien aller me baigner et faire de la balançoire ouai " En fait pas du tout, la balançoire c'est pour les mômes - en plus j'ai toujours eu un léger vertige dont je ne me vante pas - mais je le dis parce qu'elle a l'air de croire que mon état supposé pourrait m'en empêcher. "Je pense pas reprendre réellement avant fin mars...ou alors on me cantonnera au QG à la maintenance ou à la logistique. De corvée quoi... Je pensais partir 10 jours. Parce que c'est loin quand même...tu penses que c'est trop ? Trop cher ? " C'est la première fois que je pense à prendre plus de vacances qu'elle. Mais entre rester enfermé ici à devenir fou à tourner en rond et partir là-bas avec elle, y a pas photos (enfin si, très exactement 50) . Et puis sans le dire, j'ai besoin d'oublier ces autres photos, Rauera avec sa main dans les cheveux de Nina par exemple. J'ai besoin d'avoir la sensation que c'est seulement moi qu'elle aime. Je ne lui ai pas posé la question de savoir si elle voit encore Yulian et Rauera parce que je connais la réponse. Nina sera toujours incapable de renoncer à une amitié, à de l'affection, de l'amour qu'on peut avoir pour elle, je le sais. Elle a été trop longtemps privée pour ça, et si j'aborde le sujet, ça va tourner au drame. Alors je ronge mon frein en essayant d'occulter que ces hommes ont eu des droits sur elle et qu'elle continue à les voir même s'ils pensent ou espère en avoir encore. Parce que ça me rend dingue. Si j'en parle elle va me claquer Sonja dans la gueule, alors qu'une pute, on puisse pas dire que c'est la même chose. Une pute c'est juste son taf et une relation commerciale.

"J'ai un peu de fric aussi, alors ça ira vu les prix que tu donnes. On verra en rentrant pour le cambriolage. Je bosse aussi de temps en temps pour un mec, un business man local...Je ferais des extras même si au taf ils veulent pas que j'aille tout de suite en mission." Ce qui serait bien c'est qu'il se passe un événement qui mette les Tigrovi sur le pied de guerre. Si seulement Davor pouvait se réveiller ou Filip nous pondre une nouvelle connerie ! Là ils seraient bien obligés de me recoller sur le terrain.

Je tourne la tête vers lui, sourcils froncés, une moue boudeuse aux lèvres. J'ai dit que j'étais désolée... Il ne peut pas m'en vouloir de m'inquiéter pour lui, outre le fait que j'ai eu peur, je crois que je suis en train de rattraper aussi les quatorze mois durant lesquels il m'a privée de ça, m'occuper de lui. Chaque fois que je vois les cicatrices sur sa peau qui sont apparues en mon absence, je songe que personne n'était là pour les panser comme je peux le faire... Ou pire, dans les mauvais moments, je songe qu'une autre s'en chargeait peut-être et ça me donne envie de hurler. Alors oui, je suis là et je prends soin de lui, je le materne un peu trop sans doute mais il ne peut pas me le reprocher, il passe son temps à m'infantiliser et je le laisse faire, il peut bien m'accorder ça.

Je suis très prudente en parlant de cinq petits jours de vacances, j'ai bien-sûr envie de beaucoup plus que ça mais avec son taf, avec les Tigrovi, sa famille... Ben les vacances ça a toujours été un sujet hyper tabou et on n'a jamais pu partir longtemps. Dans le Bronx, c'était toujours le temps de deux ou trois jours, et ici il a toujours eu beaucoup de boulot alors... Je crois que je dois avoir un air complètement halluciné quand je l'entends parler de dix jours. J'écarquille les yeux, repousse l'ordinateur sur le canapé -toujours ouvert- pour me tourner vers lui. Je lui grimpe littéralement dessus, enroule mes bras autour de son cou. Dix jours ? C'est vrai ? On peut partir dix jours ?! C'est la première fois que je songe que sa convalescence est une bonne chose ! Même si au fond, elle nous a vraiment permis de nous rapprocher, je dois l'admettre.

Je me penche sur lui, plonge mes mains dans ses cheveux et l'embrasse à couper le souffle. Volim te, volim te, volim te. Je le répète un millier de fois, entre chaque baiser, riant en même temps tant je suis heureuse. J'ai l'impression d'être shootée. Je me fiche de l'agence, j'ai tout mis en stand-by depuis que Slavenko est blessé et Dimitri est aux commandes, ce qui lui plaît bien je le sais. Je bosserais double en rentrant pour qu'il puisse prendre des vacances à son tour, c'est comme ça que ça marche. Je m'écarte de Slavenko, à bout de souffle, pour me jeter à plat ventre sur le canap' et récupérer l'ordi. Il faut que je commande les billets avant qu'il change d'avis ! Je m'exclame, comme si c'était un drame : J'ai pas assez de robes d'été ! Il faut que je m'achète des tenues pour Bali ! Bah oui.

Si j'insiste c'est parce qu'ici je commence à ronger mon frein. Les quinze premiers jours, j'étais tellement HS que je n'avais même pas la force de protester. Mais depuis chaque jour je reprends du poil de la bête. Je réceptionne ma femme enthousiasme contre moi m'illuminant de lui avoir fait bien plus plaisir que je n'aurais cru avec seulement cinq petits jours en plus. Je frémis de joie à son approbation, ses mots d'amour, ses baisers, ses mains dans mes cheveux qui me revendiquent comme sien. Je la dévisage silencieusement avec ce regard d'adoration absolu avant qu'elle ne bondisse sur le canapé.

Je secoue la tête avec un sourire indulgent tandis que Nina pianote frénétiquement sur son clavier. Je caresse tendrement ses fesses d'un geste amoureux avant de replacer le plaid pour qu'elle n'ait pas froid. "Tu sais quoi srce ? Je te laisse à ton shopping. Je vais faire une sieste. Réveille-moi une demi-heure avant qu'on aille faire les autres visites, tu veux ?" Je me lève, passe dans la cuisine prendre dans le frigo un morceau de Gibanica froide que je mange dans le couloir qui mène à la chambre. Je peux me montrer raisonnable, j'ai envie d'être rapidement sur pied et en forme surtout. J'ai envie de profiter de ce voyage et si je veux baiser un peu plus qu'une fois par jour, je vais devoir prouver à Nina que je vais bien !

Je hoche la tête, trop heureuse pour songer à le garder contre moi, quand il m'abandonne pour aller dormir. Au contraire, je suis contente qu'il aille se reposer, il va avoir besoin d'être en forme pour le voyage ! Moi, je réserve les billets d'avion, ainsi que le logement. On part donc dans deux jours, demain ça me semblait un peu trop court et puis... J'aurais pas le temps de recevoir mes fringues ! Ensuite, donc, je flâne sur les sites internet de mode pour faire un peu de shopping et commander des trucs supra légers, qui plairont à Slavenko et dans lesquels je n'aurais pas chaud à Bali. On n'a jamais suffisamment de robes, et puis les robes à fleurs, ou colorées... En fait je n'en ai que très peu. Je commande un nouveau maillot de bain aussi, et bien-sûr de la lingerie, quelques autres conneries à droite à gauche parce que je me laisse facilement distraire...

Quand j'ai fini, je vais moi aussi grignoter un morceau, boire un coup, et puis prendre une douche rapide avant d'aller réveiller le slave. Je me colle dans son dos, encore toute fraîche, la peau légèrement moite de la douche, et je ramène mes mains sur son ventre, sans toucher son pansement. J'enfouis mon nez contre sa nuque, presse mes lèvres contre sa peau pour le réveiller doucement, en baisers tendres qui me font vibrer de joie pure à être contre lui.

Je traîne 5mn sur mon téléphone avant de bailler et rapidement sombrer dans le sommeil. Je ne lutte jamais contre mes envies intempestives de dormir parce que je sais que ça fait partie du processus de guérison. Ma discipline militaire est irréprochable à ce sujet, qu'on se le dise, Nina peut en être contente.

Je me réveille à son contact, sa main sur mon ventre qui me fait soupire, tressaillir. Le désir qui s'enroule comme une liane autour de mes reins me fait ouvrir les yeux. Je souris en sentant ses lèvres chaudes sur ma peau. Je ramène une main sur la sienne pour la presser, mon corps se tend, signe que je suis bien réveillé. Je tourne la tête vers elle sans réussir à la voir parce qu'elle est dans mon dos. Je soupire de bien être en pensant qu'elle n'avait vraiment pas besoin de faire du shopping parce que je compte bien l'avoir nue contre moi toutes les vacances. Disons que les premiers temps de ma convalescence, j'étais indisponible et que ces derniers jours à l'inverse, elle tente de me ménager et me rationne. Je tente de la persuader que tout à l'heure ne comptait pas dans ma ration journalière, en guidant sa main plus bas vers ma queue qui tressaille par anticipation.

Qu'on se le dise, la perspective des vacances à venir me rend bien moins stricte sur mon besoin de le ménager. J'ai terriblement envie de lui, constamment, mais sa blessure et sa fatigue refroidissent mes ardeurs. Je crois que finalement ça lui va bien ce "rationnement" parce qu'il n'insiste jamais beaucoup pour avoir plus, c'est rare de le voir si raisonnable ! Contre moi je le sens qui s'éveille, son corps qui s'alanguit sous ma bouche, quand son ventre au contraire se contracte sous mes doigts. Un sourire mutin se dessine sur mes lèvres, je plante mes dents tout doucement dans son épaule, sans douleur. Il guide ma main et je le laisse faire sans rechigner, glissant mes doigts autour de son sexe qui tressaille sous ma paume. Je ferme à demi les yeux, soupire du désir qui enfle lentement dans mon ventre, boule de chaleur qui ondoie sous ma peau et s'étend en douceur, délicieusement. Mon souffle brûle sa peau, je passe la pointe de ma langue sur son omoplate, presse mes seins contre son torse. Dix jours. Lui et moi, dans une cabane paradisiaque en pleine nature, Dieu que j'ai hâte de le retrouver. Là-bas j'ai bon espoir d'oublier sa convalescence et de retrouver sa peau enfin, réellement.

Je me détends parce que je sens sa main descendre, m'envelopper et je sais qu'elle cède ma requête silencieuse de plaisir. Elle aurait pu esquiver sous prétexte de ma convalescence ! Je tends la main en arrière pour envelopper son cou, l'encourager à continuer. Je ne cherche pas tellement à aller trop vite, si on arrive en retard au rendez-vous c'est le cadet de mes soucis. J'aime juste la sensation de sentir la pression du désir monter. Quand j'ai pris consistance entre ses mains, je me tourne vers elle pour l'enlacer. Ma bouche fond sur la sienne avec cette passion contenue qui me fait vibrer. Nos corps se nouent sans effort et c'est ce dont j'ai le plus besoin. Qu'on se lie, qu'on s'unissent, qu'on ne fasse qu'un, tous ces mots son si jolis alors que la vague enfle, monte, brûlante. Le rythme s'accélère, mes coups de reins se durcissent et je jouis en étouffant mon grognement rauque sur sa bouche.

Je frotte sa peau blanche, toute douce, toute chaude. Je me repais de baisers langoureux, voluptueux, sans avoir trop l'envie de bouger de la chaleur du lit alors qu'on est emmêlé l'un à l'autre. "C'était bon" J'esquisse l'ombre d'un sourire "vivement Bali, tu as pris les billets ?" Je sais que oui mais c'est une façon de lui demander les dates. Sur un dernier baiser, je finis par m'écarter parce qu'il le faut bien, nous avons encore des visites et ce projet me tient à cœur.

Je suis alanguie dans ses bras, shootée d'endorphines et je plane complètement. Je n'ai plus du tout envie de quitter ce lit et je ronronne contre sa bouche, tout bas : Humm très, très bon. J'aime tout de lui, de nous, autant nos étreintes bestiale, souvent plus rapides parce qu'urgentes, que ces câlins plus langoureux. Je voudrais rester des heures dans le creux de ses bras, et c'est exactement ce que j'ai l'intention de faire à Bali. Oui, on décolle après demain, très tôt. C'est lui qui trouve la force de s'éloigner pour quitter le lit et je soupire de dépit. Depuis quand est-il si raisonnable ? Je bascule sur le ventre, enfouis mon visage dans l'oreiller quelques instants avant de relever le nez vers la fenêtre. Il s'est enfin arrêté de pleuvoir, la visite sera peut-être plus agréable.

Je me lève à mon tour pour m'habiller, enfilant une autre robe, en laine cette fois, et des collants. Tout en m'habillant je lance parce que ça me semble important : Je suis vraiment heureuse qu'on parte ensemble. Je crois qu'on est... On est jamais partis si longtemps, si loin tous les deux. C'est la première fois qu'on part réellement en vacances en fait, pas en week-end. Il y a quelques semaines, je n'y aurais jamais cru. Et après la discussion avec son père, j'y croyais encore moins ! En ce moment je me sens étrangement apaisée, et lui aussi je crois bien, et surtout la confiance en lui que j'avais perdue recommencé doucement à refaire surface. Je me demande s'il peut le sentir, s'il réalise comme ça va mieux... Au fond de moi j'espère que oui. Une fois qu'on est tous les deux habillés, on peut envisager de ressortir. Enfin, on pourrait, si je ne venais pas me coller contre lui pour réclamer un câlin. Chaste, juré.

Je ne suis pas raisonnable, j'ai désespérément envie de construire quelque chose avec elle. J'ai envie de ce voyage, de la maison, de ce mariage. C'est la première fois de ma vie que je ressens ce puissant désir, cette urgence. Même à NY ce n'était pas ça. A NY, je ne voulais pas la perdre, c'était généralement ma seule motivation au milieu du chaos de nos vies. Le mariage à Vegas était pour la lier à moi qu'elle ne puisse pas s'enfuir, le chalet a simplement été un caprice pour lui faire plaisir je crois. J'aurais pu m'en passer. Cette fois je sens toute la différence entre suivre le courant de ce que les autres veulent (ou que vous croyez qu'ils veulent) et vouloir réellement quelque chose. C'est assez troublant à vivre. Si me prendre une balle a été le déclencheur, je ne crois pas que ça en soit la raison. Je me suis déjà fait tirer dessus avant sans avoir ce besoin par la suite !

"Après demain ? C'est parfait. Oui tu as raison, ce sera nos plus longues vacances ! Je suis pas sur que tu me supportes H24, mais j'ai cru voir que y a des salons de massage pour se détendre des gens qui tapent sur les nerfs, ha ha..." Je plaisante, je n'ai pas peur qu'on s'écharpe pour une fois. Non, je me sens...étrangement serein. Peut-être que je suis déjà mort et au Paradis. Si c'est le cas, qu'on ne me le dise pas et j'espère surtout qu'ils ne se rendront pas compte qu'ils ont merdé en m'expédiant au paradis au lieu de l'Enfer ! Je souris quand Nina viens se coller à moi, je me penche à peine pour lui donner un baiser, la dominant de ma stature. "srce malo..." Je caresse sa joue, son cou dans un geste de pure tendresse amoureuse. "Si on allait la dénicher cette maison ? Tu es sure qu'on va du bon coté cette fois ? " mon regard se plisse, amusé et gentiment moqueur pour ma petite américaine perdue dans la complexité de ce drôle de pays qui est le mien