I'm a poor lonesome cowboy / Niilo

Repenser aux retrouvailles avec Niilo m'amène systématiquement un sentiment chaud au creux du ventre, un soulagement et une certitude, bref, je suis parfaitement ridicule et je le vis plutôt bien. J'ai aujourd'hui rendez-vous dans le quartier des affaires pour passer un entretien pour une demande de stage dans une galerie ; pas au poste de commerçant, le tsar m'en préserve et en préserve les clients !...
Plutôt au niveau des achats, même si deuxième année c'est tôt j'ai toujours été entreprenant.
Et il se pourrait que j'ai légèrement exagéré mes années d'étude auprès de mon éventuel employeur seulement moi la théorie ça m'a toujours fait chier et j'ai très envie de gérer des achats et qu'on me fasse confiance.

Bref, je ne sais pas trop comment je suis censé m'en sortir hormis avec le bagout mais on va dire que j'ai une bonne étoile – enfin ça fait un peu trop coco mais bon c'est l'expression.
Tout en marchant je sors mon téléphone de la poche de ma veste pour envoyer un texto à Niilo, que je n'ai pas encore osé recontacter – bon c'est pas comme si ça datait de ouf la « nuit » qu'il a passé chez moi.

Je lui propose s'il a envie de se retrouver dans un café après mon entretien, et je suis parfaitement ridicule mais j'ai le cœur qui bat un rien plus vite ; y a pas à dire il m'a toujours fait un effet étrange ce mec, et c'est encore plus vrai depuis la Norvège.

Pour être parfaitement honnête, tu ne pensais pas que Alyosha allait te recontacter, du moins pas si tôt. Le peu que tu sais sur ses activités quotidiennes actuelles ainsi que son furieux besoin d'assurer son indépendance ont contribué au fait de le laisser tranquille en continuant à faire ta petite vie, à baiser les jolies filles qui passaient sur ton chemin et obéir aux rares ordres des supérieurs. En revanche tu aurais pu deviner la teneur du message impérieux que tu as reçu ce jour là et auquel tu te dérobes en quelques mots non sans un rire. Quittant l'appartement de la fille encore vautrée dans les draps chez qui tu as passé une nuit fade en comparaison du brasier dans lequel t'a plongé Alyosha ce soir là, tu gagnes donc le fameux quartier des affaires.

Un modeste café serré entre deux bâtiments plus grands donnant l'impression de vouloir l'écrabouiller d'un instant à l'autre t'accueilles à l'extérieur sur sa terrasse dégueulant ses chaises sur la rue. Chose rare aujourd'hui, il fait beau. À travers la fumée de ta cigarette tu aperçois Alyosha qui gagne le café de sa dégaine de prince.

-Alors comment ça s'est passé ?

C'est d'abord Niilo qui me trouve, et je lui adresse un sourire certes brillant mais auquel j'espère l'étroitesse d'esprit du coin ne trouvera rien à redire. Bon je devrais sans doute faire la gueule pour sa réponse très nonchalante à une super photo que je lui ai envoyé plus tôt – mais les derniers événements m'ont un peu vacciné de faire la gueule, tu vois.
Deux ans c'est long même faire la tête 5 minutes me paraît disproportionné. (Bon je suis aussi conscient que que ça n'est qu'une question de temps avant que je ne reprenne toutes les sales habitudes qui constituent mon petit être insupportable.)

« Hello ! Ça a été, je pense que je vais être pris s'il a pas le réflexe idiot de vérifier mes diplômes. »

C'est un peu le souci de maquiller la vérité. J'aimerais bien qu'il me croit sur parole et me prenne en stage ça ferait trop joli sur mon CV !
Une silhouette attire mon attention et je tends la main pour récupérer la laisse de Sobaka que Grigor m'a amené de sa démarche traînante.

« Merci Grigori ! Salut toi ! »

Mon chien fait la fête, à moi, à Niilo puis cherche autour du norvégien le petit caramel – des fois que Ragnarok ait appris la discrétion entretemps ? … Il semble déçu de ne pas le trouver. Grigor se barre sans doute pour aller s'exercer au tir en buvant plus que de raison, et je jette un coup d'oeil à la montre à mon poignet qui est un cadeau de taf.

« J'ai 20 minutes et après je dois aller bosser. Tu m'invites ? » je demande en souriant à Niilo.

Moon est retenu sur tes genoux par son collier dans lequel tu as fermement coincé tes doigts malgré ta rude nuit qui a emporté avec elle une sacré dose d'énergie. Le chiot patpat tes cuisses empressement avant de finalement se résoudre à laisser son cul tomber dessus, la langue pendante pour attirer l'attention sur sa petite bouille.

-Je pense qu'ils auront préféré tes traits de caractère.

Ceux là même auxquels tu as fait quelques reproches lors d'une soirée très agitée dont vous vous souvenez tous les deux. Fourrageant dans les poils du finnois de Laponie, tu éclates de rire à sa question.

-Tu m'envoies ton cul, tu me demandes ma queue en échange, tu veux que je t'invite, tu te prendrais pas pour mon mec un peu, par hasard ?

Un client à la mine patibulaire lève le nez de son téléphone pour te lancer un regard que ta silhouette massive ne fera durer qu'une ou deux secondes. Tu tends la jambe sous la table pour pousser en face de toi la chaise disponible.

-Je t'en prie. Tu voulais me voir ?

Je tends les doigts vers le bébé chien qui est d'une mignonneté à hurler – Niilo décidément aime les chiens peluches – et je jette un regard en coin au propriétaire quand il parle de « préférer mes traits de caractère ». Non parce que connaissant le caractère en question, ça ressemble fichtrement à du foutage de gueule cette réplique.

« Mmh. Je me suis tenu donc je peux espérer avoir fait bonne impression, et puis j'ai la niaque nécessaire pour remporter des enchères si je veux.
Reste à espérer que ça soit une tanche avec les diplômes. »

Sa question me trouble un peu en fait j'en sais rien, euh ? … Je ne crois pas ? J'ai un haussement d'épaules, switchant sur le norvégien :

« Ils comprennent bien trop l'anglais ici c'est agaçant on pourrait croire pourtant qu'ils sont arriérés. Je ne sais pas je ne crois rien, je continue comme on faisait en Norvège.
Pourquoi la photo t'a dérangé ? »

J'ai une grande croyance dans le pouvoir érotique de mon cul. J'ai des fossettes sur les reins, quand même. Je prends place sur la chaise en face de lui, coinçant la laisse de Sobaka sous ma cuisse histoire de dire.

« Ouais, j'avais envie, j'ai rien de spécial à te dire. »

Le fait qu'il poursuive ce qu'il se passait déjà en Norvège te fait te demander une nouvelle fois pourquoi il était parti. L'art ça existe en Norvège, c'est quand même pas un pays dénué de curiosité et d'intelligence, quoi. Il aurait pu faire des études là bas, pourquoi il est venu jusqu'ici si tu lui manquais tant ? C'est quand même pas par amour pur et simple du voyage ?
Surtout dans un pays qui apprécie si peu les Moscovites. Tu pouffes à sa question, répondant dans ta langue maternelle.

-Non, pas du tout. Elle a fait rire la demoiselle qui a passé la nuit avec moi et qui a cru pouvoir fouiller dans mes affaires.

Ça va que sa manière de baiser rattrapait cet accès d'intimité. Le naturel désarmant et très révélateur avec lequel il répond à une question somme toute assez rhétorique te surprend. Tu avales la fin d'une minuscule tasse de café.

-Je te manque ? demandes-tu en reposant la tasse dans un tintement.

Moon sent les doigts d'Alyosha avant de commencer à les mordiller avec sa manière de chiot de découvrir les choses et de tester si un chose se mange pour déterminer son taux d'intérêt vis à vis d'elle.

-J'habite à cinq minutes. Tu veux toujours voir ma queue ou tu préfères me raconter des banalités avec un café dégueulasse ?

J'ai toujours cet agaçant petit pincement quand il parle d'autres personnes, que je ne comprends qu'à moitié – sans doute de la jalousie – mais qui ne me ressemble pas.
Quoique.
Je n'aime quand Sanzam et Sobaka copinent avec d'autres personnes que moi et j'aime être le centre de leur monde je suppose que c'est donc un peu la même chose. Je réponds toutefois d'un sourire parce que je suis assez mal placé pour râler, et que j'ai pas du tout envie de le faire fuir jusqu'en Norvège – il a pas dit qu'il m'emmenait !

« Ah ouais, carrément. Moi j'éteins mon portable pour éviter ça. »

On sait jamais... J'en ai croisé des tarés au fil des années alors j'ai développé des petits trucs pour avoir la paix. Je relève le regard sur lui au moment où sa tasse frappe sa coupelle dans un « ping » agréable à l'oreille, cille.

« Ouais, j'te l'ai dit. »

Par contre il me déstabilise totalement en me proposant direct de passer chez lui pour un coup rapide avant que je retourne bosser ; bon je suis intéressé parce que c'est moi, mais je ne sais pas j'ai peur que tout soit mésinterprété.

« Euh je ne disais pas ça pour niquer... mais bon, si t'as envie ça me va carrément. »

Faut juste que tout soit plié en un quart d'heure maintenant.

Tu hausses un sourcil, penchant la tête de côté alors qu'il se déstabilise soudain. Pourtant le sexe est un domaine qu'il maîtrise assez bien.

-Tu m'envoies des photos de ton cul pour quoi, la beauté de l'art ?

S'il commence à s'exprimer par sous entendus, lui qui est d'ordinaire si éloquent, si direct, vous n'allez pas vous en sortir. Tu ne sais toujours pas interpréter ce genre de conneries. Ton doigt suit la courbe de la soucoupe par réflexe tandis que tu tentes de saisir la raison de son soudain malaise.

-Tu ne me feras pas croire que notre relation est basée sur autre chose, Alyosha.

Moon qui voit tes doigts bouger sur la table donne des coups de museau dans ton poignet pour être certain de ne pas se faire oublier.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu préférerais faire comme l'autre soir et qu'on prenne notre temps ?

C'est possible aussi, tu ne pensais juste pas que Alyosha était dans cette trempe. Faisant crisser ta chaise sur le sol, tu laisses Moon sauter par terre d'un souple mouvement de pattes et te lèves.

-Je vais payer, je te laisse réfléchir.

J'ai un petit rire, détournant le regard en étant content que le norvégien ne soit pas plus parlé dans ces contrées, c'est plutôt arrangeant que les gens proches de nous ne comprennent pas ce qu'on se raconte.

« Hé, ça pourrait, il est joli », je fais remarquer de mon ton traînant de noble, c'est comme si j'avais tout oublié hormis être agaçant.

Son insistance à considérer que notre relation se résume à du sexe – du sexe génial même – a quelque chose que je trouve dérangeant, sans doute parce que c'est mettre de côté le fait qu'on s'avoue s'aimer une fois bieeen partis dans les hormones et/ou les endorphines, et qui pour moi a un côté important.
Du coup je ne sais pas trop comment réagir, d'autant que Niilo a l'air de croire que d'un coup d'un seul malgré mes habitudes de tapin, de strip, d'acteur X, je pourrais vouloir ralentir sur les relations physiques.
Euh, c'est mon bouclier, je vais pas le lâcher comme ça c'est le seul moyen pour que j'aie l'impression de maîtriser un tant soit peu la situation... Alors dans une situation comme avec lui où même à poil je maîtrise pas grand-chose je vais certainement pas m'en passer.

Sobaka relève la tête en voyant le chiot sauter au sol souplement, remuant la queue sans savoir quoi faire. Je jette un regard à ma montre, me lève à mon tour sans avoir rien bu et rejoins Niilo, souriant.

« J'te suis mais j'te préviens on a une poignée de minutes sinon Grigor va me tuer ! »

La visite du minuscule appartement engoncé dans un immeuble ou vous vous côtoyez tous autant que vous êtes en tant que militaires n'a pas d'importance, aussi tu te contentes de laisser à Alyosha l'honneur d'y rentrer avant toi sans d'autres formes de politesse. Ragnarok bondit sur Sobaka, Moon aboie pour la forme une fois que sa laisse est détachée de son collier, et les deux autres chiennes se rendorment l'une contre l'autre.
C'est une affaire de minutes comme te l'a fait remarquer Alyosha ; le baiser déposé dans son cou après que sa silhouette ait été soulevée pour être assise sur la table de la cuisine s'évapore déjà, donc, tandis que tu plonges ta main dans son froc pour trouver tout l'intérêt de cette courte entrevue. Brisant les barrières de vêtements tu finis par te pencher en avant, la langue tendue à la recherche de sa chair. Tes lèvres glissent sans préambule sur sa queue, agaçant la muqueuse. La concentration d'adrénaline croît brutalement tout à coup, et le compte à rebours s'enclenche entre ses jambes, méticuleusement égrené par tes coups de langue.