Un peu de sauce soja avec vos sushis ? - Slavina

Je ressens toujours cette légère pointe de déception à ce qu'il ne réponde pas quand je lui dis qu'il va me manquer. Je ne dis rien pourtant, car on a déjà eu cette conversation plus d'une fois et j'essaie de me faire à l'idée que c'est dans sa nature, que je ne pourrais pas le changer. Est-ce parce qu'il le devine qu'il glisse ses mains sur ma peau, visiblement décidé à me changer les idées ? Il me connaît trop bien, j'en suis sûre. Je soupire de désir sous ses caresses aériennes, voluptueuses qui font tressaillir ma peau. Il suffit qu'il la dévoile à sa vue pour que ma poitrine se tende vers lui, fière et exigeante, ma peau réclamant sa bouche sans que j'ai besoin d'ouvrir la mienne. Je tends le bras et pose ma main sur sa nuque, mes doigts revenant sur sa mâchoire tout doucement. Je cherche son regard, attend qu'il lève les yeux vers moi pour venir chercher sur sa bouche le baiser dont j'ai envie depuis une éternité déjà. Je décale mes jambes, juste assez pour me libérer l'accès à son caleçon, sur lequel je pose une main, lourde et possessive.

Non, nous ne fonctionnons pas du tout pareil Nina et moi, dire qu'elle me manque, ou qu'elle va me manquer, ne me procure aucun soulagement, au contraire, ça ne fait qu'amplifier ma détresse. Alors je préfère me taire et me consoler directement tant qu'elle est encore là.

Elle capte mon regard et je me noie dans ses yeux sombres, si liquides et profonds que mon âme y tombe en tourbillonnant sans fin. Lit-elle dans mes yeux l'amour que j'ai pour elle, le besoin d'elle, l'attachement qu'elle crée sans cesse ? Sous sa bouche je fonds d'amour et de désir, si brutal qu'il me retourne le cœur, le ventre, dans un chamboulement digne d'un tremblement de terre. Les bouffées d'émotions trop fortes sont rapidement transformées en désir surtout lorsqu'elle se montre possessive et tactile. Je happe ses lèvres avec une fureur qui brusquement, teintée sans doute d'un peu de l'angoisse de la laisser partir trois jours, deux si j'ai de la chance. Ma langue fouille sa bouche alors que je baisse brutalement une bretelle qui cède pour que je puisse malaxer un sein plus pleinement. La fébrilité me gagne déjà et je suis avide de son corps, de sexe pour nous lier.

Je gronde, abandonne sa bouche pour enfouir mon visage contre ses seins. J'en embrasse un, le lèche, le mords, le mange, le dévore de baisers, de coups de langue. Ma barbe frotte et rougit sa peau de lait, qui m'appartient. Ma main file entre ses cuisses à présent. Je m'empare de son sexe chaud, le fouille de mes doigts, sans violence mais sans lui laisser de répit. Il est encore humide de nos ébats et de désir, je le sens qui palpite contre ma peau, ce qui attise mon désir. Ma queue gonfle sous le poids de sa main, j'ai envie qu'elle me prenne dans sa paume et je grogne un son rauque contre ses seins.

Son corps répond à l'appel du mien et je geins contre ses lèvres en le sentant s'impatienter. Son désir s'embrase, je le sais parce que c'est ma peau qui soudain brûle. Je dévore ses lèvres, les mords jusqu'à ce qu'il m'en prive pour presser son visage contre ma poitrine. Ma main se plaque à l'arrière de son crâne, sans le contraindre, seulement pour encourager ses mouvements. Je renverse la tête en arrière, soupire d'approbation sous ses baisers-morsures qui marquent ma peau de rouge, de traces qui vireront bientôt au bleu et cette certitude me rassure infiniment. Je ne veux pas partir sans avoir les preuves de mon appartenance incrustées dans la chair. Il faut qu'on sache que je suis à lui. Qu'il me veut à lui.

​J'expire un long gémissement sous la prise de possession menée par ses doigts, et les miens se referment aussitôt plus fort sur sa queue en réponse. Je tire sur le boxer pour passer mes doigts en-dessous et les enrouler autour de lui, son membre tressaillant contre ma paume à ce contact. Mon bassin se tend vers sa main presque contre mon gré, mon corps cherchant le sien sans que je puisse rien faire contre. De ma main libre, je viens relever son menton pour réclamer sa bouche encore, ma langue forçant le passage de ses lèvres pour se lier à la sienne dans un baiser avide. ​Entre deux halètements, deux morsures, je gronde des "encore" contre ses lèvres.

Nos corps à corps ont souvent ce coté lutte entre nos désirs et notre impatience à les gérer. Je geins de frustration parce qu'elle m'éloigne de sa peau, mais le plaisir l'annihile dans son baiser fondant. Dans les bras de Nina, ce sont toujours des sentiments troubles, contradictoires qui m'agitent, délicieusement ambivalents entre besoin de douceur et de brutalité. C'est quelque chose qui me rend fou, enragé après son corps et curieusement soumis d'une certaine façon. Quand son corps se tend vers moi, répond au mien, quand je sens le même désir la posséder, la torturer, j'éprouve cette harmonie, cette satisfaction intense qui apaise mes blessures les plus profondes. C'est tout à fait inconscient et ça se traduit juste par cette vibration de tout mon être et cette félicité qui me transporte. Bien sur comme un camé, j'en veux toujours plus, plus fort.

Attrapant Nina à bras le corps, je la fais basculer sur le canapé, sous moi. Mon poids s'écrase sur elle, ma bouche sur sa bouche dans ce baiser possessif qui se renouvelle. Il suffit que je me libère du dernier obstacle de tissu pour m'enfouir en elle d'une longue poussée possessive et libératrice. Un juron en serbe s'étouffe contre sa bouche quand on se joint ainsi. C'est un arc électrique, comme une sensation de plonger dans un bain brulant, qui me parcourt. J'imprime un coup de rein brusque, et un autre, sans trop de hâte pour profiter de ces sensations extrêmes qui montent vers le plaisir. J'aime sentir son corps m'accepter, enserrer ma queue et palpiter autour, j'aime la façon dont nos souffles erratiques se boivent, dont on se mord à la manière animale. Mon poids s'écrase sur elle, l'écartèle. J'ai ce besoin de maitriser l'étreinte, de dominer, surement parce qu'elle va partir et que je ne maitriserais alors plus rien. Mais en cet instant précis, je mène la danse, je la possède, je suis pour un instant - qui sera trop bref quoiqu'on fasse - le maitre de son corps, de sa volupté et cette idée renfonce mon propre plaisir.

Je me fige un instant, pose ma main possessive sur sa gorge, et l'embrasse langoureusement avant de reprendre mes coups de reins, plus forts, plus rapides aussi, cherchant sans aucun doute à assujettir Nina dans le plaisir commun. Je veux, j'ai besoin qu'elle soit à moi, qu'elle m'aime, qu'elle me veuille.

Il répond à mes désirs sans que j'ai besoin de les formuler, les mots sont toujours de trop dans ces instants-là, il est évident aujourd'hui qu'on se comprend bien mieux sans se parler. Accrochée à lui pour ne pas tomber, je le laisse inverser les rôles, me renverser pour m'allonger sur le canapé avant que son corps ne vienne surplomber le mien. J'ai une jambe coincée contre le dossier, et l'autre vient s'enrouler possessivement autour de lui, haut sur ses hanches pour le ramener plus près de moi. Nos besoins, nos envies sont les mêmes et pourtant on a toujours l'air de se battre l'un contre l'autre pour que ça aille plus vite, plus fort. Il nous unit dans un coup de boutoir possessif et brutal qui le plante profondément entre mes cuisses et j'expire un grondement rauque contre ses lèvres en me tendant vers lui. C'est comme une piqûre d'adrénaline, une décharge brûlante de plaisir qui accélère mon rythme cardiaque, dilate mes pupilles, fait brusquement bouillir le sang dans mes veines. Et c'est définitivement meilleur que n'importe quelle drogue.

Je viens mordre sa bouche à nouveau quand il enveloppe ma gorge de sa large main, me faisant sentir la facilité avec laquelle il pourrait me briser sans que j'en éprouve la moindre crainte. Ma main plonge dans ses cheveux sur lesquels je tiraille avec bonheur, l'autre s'accroche possessivement à ses fesses pour accompagner les mouvements qui le font buter au fond de mon ventre. C'est toujours la même fulgurance du plaisir, le même tsunamis de sensations violentes et pourtant c'est toujours différent, toujours plus puissant aussi. Mes muscles se bandent, mon corps se tétanise autour du sien une fraction de seconde avant que l'orgasme ne m'emporte, explosant dans mon ventre, dans mon crâne, anéantissant au passage mes maigres défenses.

Quand je reprends conscience de la réalité, je suis toujours accrochée à lui avec la force du désespoir, mon visage niché dans son cou que je hume, que je lèche, que j'embrasse, avide et animale. Tout bas, je susurre en boucle contre sa peau, comme un mantra, que je suis à lui.

L'orgasme déferle, puissant, comme un torrent qui me traverse de part en part en emportant les émotions délétères - cette angoisse sourde de la perdre, constante - et fait exploser l'amour brute au premier plan. Je m'effondre dans ses bras, bercé par la musique de Nina, qui me rassure, prolonge cette exquise sensation qu'elle est réellement à moi, que rien au monde ne me l'enlèvera. J'ai une brusque envie de geindre son prénom pour réclamer je ne sais quoi - son amour sans doute ou la certitude que ce sera toujours ainsi - mais dompté par mon ego, je la réprime pour ne pas paraitre faible. Seul un soupir profond trahit la tempête d'émotions qui m'agitent ce soir. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi perturbé, inquiet.

Mes gestes se font cependant plus câlins, plus doux, jusqu'à ce que je sois capable de m'écarter de quelques centimètre pour ne plus l'écraser. Je m'appuie sur un coude pour regarder Nina de ce regard sombre, grave qui dit tout le sérieux de mes sentiments pour elle. Je la trouve si belle, si merveille, si parfaite que mon cœur se serre, ma gorge se noue. Je viens caresser la lisière de son visage, j'examine la perfection de sa peau, les traces bleues et rouges se ponctuent de mes baisers plus tendres, non pas pour me faire pardonner mais pour appuyer le fait que c'est à moi ! Ce que je dis d'ailleurs dans un murmure quand ma voix digne refaire surface, en écho à ses je suis à toi

Slavenko m'a toujours regardée de cette façon-là, avec adoration, comme s'il examinait un objet rare, comme si ma peau le fascinait. C'est quelque chose qui, de façon très paradoxale, m'apaise et m'effraie tout à la fois. D'un côté ça me rassure dans la confiance que je peux placer en son amour, d'un autre côté... Je me souviens toujours qu'il me regardait déjà comme ça avant, ce qui ne l'a pas empêché de partir. Dieu que cette blessure peut encore me faire mal aujourd'hui, constamment, surtout depuis que je ne prends plus les cachets qui m'aidaient à la faire taire. Bien-sûr tout va infiniment mieux entre nous, je ne peux pas nier l'évidence, cette alchimie qui nous lie depuis que nous sommes partis à Bail, ce bonheur pur que je ressens dès que je suis près de lui... Mais l'idée de notre mariage à venir m'enchante autant qu'elle me terrifie, et que dire alors de son soudain désir d'enfant, dont nous n'avons d'ailleurs pas reparlé ensemble depuis la dernière fois.

Cependant je ne peux pas nier non plus l'ombre qui passe dans mon regard quand il répète que je suis à lui. Il y a toujours cette peur tapie dans mon ventre, parce que je sais désormais qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il dit. Il n'a pas le droit de m'abandonner si je suis à lui... Je me mords la langue pour ne pas le supplier de ne pas me laisser, et viens doucement chercher sur sa bouche un baiser de réconfort qui apaise momentanément mon âme meurtrie. Du bout des doigts, j'effleure sa joue, fronce les sourcils. Tu veux qu'on aille se coucher mon amour...? Il est peut-être cantonné au QG, mais il est malgré tout rentré tard.

Je n'imagine pas vraiment les questions qui l'agitent, ces doutes récurrents, cette blessure constante. Les miens sont ceux d'avant, ils étaient déjà là au tout début, et si ils s’érodent avec le temps, parfois ils ressurgissent plus fort, comme un volcan endormi qui ferait une nouvelle éruption. "Ti si Divna" Mon regard pourtant s'adoucit sur Nina, ses baisers, ses mains dans mes cheveux sont autant de gestes qui suffisent à m'apaiser. J'ai laissé repousser des longueurs à mes cheveux rien que pour elle, parce qu'elle aime y plonger ses doigts et que ce simple geste me fout le cœur en vrac, quand elle tiraille les mèches et démêle les nœuds. A chaque fois je me sens comme un ado énamouré avec ces fameux papillons dans le bide dont je lui ai parlé une fois, à sa grande surprise !

"Non, je préfèrerais prendre une douche d'abord. Je sais même pas comment tu peux supporter mon odeur ! " Je souris, amusé, mais il y a un fond de vrai entre la fumée, la sueur qui s'accrochent à ma peau. Elle, elle sent bon, un mélange de gel douche floral - celui de Bali - et de nous. Je suis hyper sensible à ça, retrouver sur elle mon odeur, qu'elle m'appartienne encore un peu, qu'on sache qu'elle est à moi et moi à elle. Est-ce donc si mal de ne pas vouloir être libre, de vouloir à tout prix être à quelqu'un ? A elle !

Je me relève, la libère après un dernier baiser sur son ventre - à moi ! - et je me lève en lui tendant la main. Une douche c'est avec elle. Pour laisser sous l'eau mes mains se promener sur son corps, c'est ce que je fais dès que nous y sommes, l'eau assez chaude pour elle, pour mon petit poisson tropical. Je m'empare du gel douche, soupire à la vue des fleurs sur la bouteille "srce moje...Bali me manque..." Je ne pensais pas dire un jour que des vacances me manqueraient. C'est la première fois de ma vie que je prenais dix jours d'affilée sans être à l'agonie ! Et c'était paradisiaque.

Je hausse doucement les épaules, je ne me suis même pas posé la question. Ça m'est égal... Disons que j'ai l'habitude en fait, il rentre souvent après s'être battu, ou des missions difficiles, ou quand il rentre après être allé aux arènes ou autre... J'ai l'habitude qu'il soit en sueur, ou même plein de sang, et je ne vais pas dire que ça sent la rose mais ça ne m'incommode pas. J'aime être près de lui, la sensation de son corps contre le mien, j'ai besoin de ça, je ne pourrais pas le repousser. Mais la perspective d'une douche avec lui m'enchante et je le suis sans rechigner, toujours accro à ces moments passés sous l'eau chaude. C'est un rituel auquel on ne déroge plus désormais, dès qu'on a suffisamment de temps pour se le permettre en tout cas, et je m'en réjouis.

J'abandonne la nuisette sur le canapé et le suis dans la salle de bain, où il met d'office le mitigeur sur chaud... Voire très chaud ! Je crois qu'avec le temps, il a fini par s'habituer à ces températures infernales. Son aveu me surprend, et je crois que ça se lit sur mon visage d'ailleurs. Je lève le nez vers lui. Oh mon amour... Je tends une main, effleure sa joue en douceur. A moi aussi, ça me manque... Mais on aura bientôt un vrai chez nous et je te promets qu'on fera en sorte de s'y sentir un peu comme à Bali, hum ? Je ne sais pas trop par quels moyens je pourrais réaliser ce miracle mais je vais travailler là-dessus. Et puis dis-toi qu'on repartira en vacances dans quelques mois... Pour notre voyage de noces. Ton père pourra pas te refuser des congés pour ça. J'ai un sourire amusé, parce que je sais bien qu'en temps normal, partir dix jours c'est compliqué. Pour moi aussi d'ailleurs.

"Comme à Bali ? tu vas mettre des fleurs sur le lit, et des petits cygnes en forme de coeur ? haaa je sais pas si tu supporterais autant de romance au quotidien !" Je me moque gentiment d'elle, mais au fond, je suis aussi content qu'elle à l'idée de cette maison. C'est un rêve pour moi, un rêve en passe de se réaliser.

J'ai un léger rire "tu crois ça zlato ? A moins de me faire tirer dessus, mon père peut très bien dire qu'il a besoin de moi ici ! Prévois un tireur à gages si tu veux partir plus d'une semaine" Je lui suis un peu inutile en ce moment, il faut bien le dire, et je reste malgré tout lucide sur cet aspect de ma relation avec mon paternel. Je plisse le front, en réalisant que je ne m'étais pas posé la question d'un voyage de noce. Je glisse mes mains enduites de savon sur les épaules de Nina, puis ses bras. "Tu voulais aller où en voyage de noce ? Enfin, il faudrait aussi qu'on décide de la date de mariage !"
J'ai moi aussi envie que ça soit vite, mais j'ai envie que ça soit bien - non mieux que ça, parfait. Il faut que ce mariage soit parfait, comme si pour être éternel, il ne devait y avoir aucune fausse note. Je me mets une pression énorme parce que le premier mariage - à Vegas, je ne vais pas dire à la va-vite mais sans doute pas assez organisé - a été finalement un fiasco puisqu'il s'est soldé par un divorce. Alors cette fois tout doit être nickel.

Je secoue la tête en riant doucement à sa moquerie, je sais bien que j'ai perdu toute crédibilité depuis notre voyage, quelle idée aussi de prendre la formule voyage de noces ! Mais je ne regrette rien, c'était absolument parfait et je n'aurais pu rêver mieux pour qu'on se retrouve. Hum on va éviter les cygnes, je crois... Par contre on pourra aménager le jardin, plus tard... Faire un coin avec un jacuzzi, ce sera comme la baignoire d'extérieur qu'il y avait à Bali. Je laisse planer le silence un instant avant d'ajouter en essayant de garder mon sérieux pour le faire flipper. Et puis à terme on fera en sorte de construire une cascade artificielle. Je suis certaine qu'il me pense sincèrement capable d'en vouloir une chez nous !

Je prévois rien du tout, et il est hors de question que qui que ce soit te tire dessus. On partira en voyage de noces tous les deux, et ce sera parfait. Et je ne laisserais certainement pas Jelenko nous en empêcher. Un soupir de bien-être soulève ma poitrine quand il passe ses mains mousseuses sur mes bras, et j'avance pour venir me serrer contre lui, dans un geste câlin. Tu m'avais parlé d'un safari je sais plus trop où... Vers Zanzibar je crois, t'as oublié ? C'est à ce moment-là que j'ai évoqué le voyage de noces... Juste pour lui dire que je voulais vraiment qu'on se remarie tous les deux. J'imagine que sous le coup de l'émotion, il a complètement oublié cette conversation ! Pour la date mon amour on va devoir attendre de rencontrer la wedding planneuse, j'imagine qu'il faut trouver le lieu déjà, et voir les disponibilités... Faut que ça coïncide avec la cérémonie religieuse en plus. Bref on ne peut pas décider d'une date et juste espérer que les autres s'adapteront à nous !

Je tombe dans le piège à pieds joints, comme l'animal naïf que je suis. Je suspends mon geste de la laver en ouvrant de grand yeux "Une cascade ?! Mais on aura jamais la place srce !" Jusqu'à ce que ce soit son rire qui cascade et me prévienne qu'elle m'a bien eu "Diablesse !" Je la trouve adorable quand elle est aussi joueuse que ça et je ne peux pas lui en vouloir de me taquiner.

"Ah oui ! C'est vrai, ça c'est quelque chose qui doit être chouette à faire. Ça te plairait ? Je suis pas sur que ce soit très ... romantique pour un voyage de noce. " Les safari se font souvent en groupe et supporter les autres risque d'être une épreuve surtout si nous sommes toujours dans cette phase hyper-collante et sensuelle, pour ne pas dire sexuelle, comme ça risque d'être le cas juste après un mariage. On devrait d'abord prévoir de s'enfermer trois jours non stop à l'hôtel !

Je referme mes bras sur elle, fais une mousse le gel douche sur son ventre en milliers de bulle. "Oui je sais bien...mais au moins une idée du mois ce serait bien. Je suis impatient mais j'ai envie que ce soit bien. Je crois que ça irait mieux si je savais quand. J'aime pas être dans l'attente comme ça." C'est très frustrant parce que c'est comme si c'était un vague projet, or c'est très sérieux et j'ai besoin de le rendre concret. De son ventre, je glisse lentement vers la toison de son sexe, entreprends de m'immiscer lentement d'une main savonneuse et intime, possessive aussi, attentif à sa réaction pour savoir sur quelle gamme on joue, juste la sensualité ou à nouveau la recherche du plaisir à renouveler.

Je me serre contre lui en riant, me foutant ouvertement de lui. C'est dingue ce qu'il peut démarrer au quart de tour quand même. On aurait pas les moyens, mais la place on l'aurait, hein, le terrain est immense. Mais je ne veux pas de cascade dans mon jardin, qu'il ne s'inquiète pas avec ça, même mes goûts de luxe ont des limites ! Je plisse le nez, presque anxieuse soudain. Mais pour le jacuzzi c'est en projet hein ! J'ai une idée encore assez floue de ce que je veux faire, mais je sais déjà que j'aimerais aménager un coin du jardin, peut-être près de la piscine ou pas... Un espace qui soit une invitation à la volupté, pour le formuler comme ça.

Je hausse les épaules. Romantique non, sûrement pas... Mais on peut commencer par un safari en Tanzanie les premiers jours... Et finir dans un hôtel de luxe à Zanzibar pour les derniers jours. Ou l'inverse, peu importe. Donc oui, j'envisage un voyage de dix jours une nouvelle fois, certainement pas moins... Notamment parce que je sais que c'est sans doute la dernière occasion qu'on aura de partir si longtemps. Cette fois, on n'a pu le faire que parce qu'il était blessé, là on a éventuellement l'excuse du voyage de noces -et encore Slavenko ne semble pas sûr qu'elle fonctionne- mais après on ne pourra plus convaincre qui que ce soit je crois !

J'ai un sourire indulgent, attendri aussi, quand il avoue qu'il aimerait être fixé. Moi aussi, je préférerais, je suis très anxieuse concernant ce mariage et être dans l'incertitude ne m'aide pas non plus. Je soupire sous ses caresses. J'aimerais qu'on se marie au mois d'août... C'est en plein été, ma saison préférée... Et surtout c'est moins loin que septembre, son idée de départ. Pour le coup, attendre six mois ça me paraît vraiment trop long. Je ferme les yeux, inspire longuement quand ses doigts s'immiscent entre mes cuisses sans préavis, juste parce qu'il sait qu'il a tous les droits sur moi. Je recule légèrement, pour que mon dos repose plus confortablement contre le mur. Je reprends d'une voix plus rauque. Ou même en juillet...

Je ne sais pas s'il est mieux qu'on s'épuise d'abord dans un hôtel de luxe et puis qu'on fasse le safari, ou qu'on ronge notre frein le temps de parcourir la savane avant d'aller nous reposer à l'abri l'un avec l'autre, choix cornélien ! A Bali nous avons quand même pu visiter mais nous retournions toujours dans le nid de la villa tous les soirs. Au final, nous n'avons pas fait de grosses visites et jamais en groupe, ce qui nous convenait bien. En ce moment, je pourrais passer ma vie en congé avec elle, vivre d'amour et d'eau fraiche planqués sous la couette. Je me fais l'effet d'être un drogué du sexe, déconnecté de la réalité. Je m'ennuie au taf, je m'ennuie quand elle n'est pas là, je suis perpétuellement en manque d'elle. Elle a du me jeter un sort indonésien.

Je frémis, les pupilles subtilement plus larges parce qu'elle s'appuie contre le mur, s'offre dans une pose alanguie. Je cale son visage contre ma main libre, m'approche à effleurer son corps, l'autre main entre nous, poursuivant la conversation comme si nos souffles ne s'étaient pas alourdis, comme si je n'étais pas en train de la masturber contre le mur de la salle de bain. "Juillet ce serait parfait...il fait beau en juillet...Tu préfères te marier à Sarajevo ou à Banja Luka ?" Banja Luka est le fief originel des Tigrovi puisque c'est la capitale de la RS mais j'ai toujours aimé Sarajevo et ses souvenirs qui s'y rattachent, je suis donc partagé sur le choix. "

Je ressens une peur viscérale à l'idée partir à Banja Luka sans lui, parce qu'on est sur un nuage tous les deux depuis notre retour de Bali, comme coincés dans cette parenthèse hors du temps qui me fait tant de bien... Et j'ai peur que trois jours loin de lui suffisent à faire éclater cette bulle d'amour -et de luxure- dans laquelle on se complaît depuis notre retour. J'ai peur que ça lui laisse le temps de forger de nouvelles barrières derrière lesquelles se cacher, j'ai peur qu'à mon retour la passion se soit essoufflée à nouveau, qu'il n'ait plus tant besoin et envie de moi. Je crains de ne pas lui manquer, de ne pas retrouver en revenant celui que j'aurais laissé. Je prie seulement pour pouvoir l'appeler, lui écrire, je sais qu'il n'aime pas ça parce qu'alors ça rend le manque plus concret, mais de façon très égoïste j'ai justement envie de lui manquer. Je veux qu'il se languisse de moi, qu'il attende mon retour avec impatience, qu'il pense à moi en mon absence, à nous. Je ne veux pas lui laisser l'occasion de m'oublier, je ne supporte plus l'idée d'être rangée dans une boîte, dans un coin de son esprit.

Moi aussi, je suis en constant manque de lui, il suffit qu'il me touche pour que je m'embrase, peu importe qu'on vienne juste de faire l'amour. J'écarte légèrement les jambes, pose une main sur sa hanche, l'autre sur sa nuque pour le serrer contre moi, ou me serrer contre lui. Je te dirais ça... quand j'aurais vu Banja Luka... J'ai du mal à me faire une idée pour l'instant, je ne sais même pas à quoi ça ressemble, mais je crois avoir une petite préférence pour Sarajevo malgré tout, après tout c'est ici qu'on vit, qu'on va vivre encore. Je tends le cou, passe ma langue sur ses lèvres dans un soupir plus lourd. On se marie en juillet... Je ne sais déjà pas comment je vais pouvoir attendre jusque là...

Je la sens s'alourdir contre moi, me livrer le passage entre ses cuisses et je ne me fais pas prier pour être plus intrusif, plus précis dans mes gestes. Je ne veux pas la faire languir, j'ai envie de lui offrir du plaisir encore, juste pour qu'elle ne m'oublie pas quand elle sera partie. Je veux que son corps se souvienne de moi, qu'elle rêve de moi la nuit, que je la hante comme elle me hante. "La vieille cité est très jolie..." Je noue ma langue à la sienne en appuyant mon torse contre ses seins. Je ronronne entre deux baisers haletants "On se marie en juillet..." L'idée d'avoir une échéance me rassure, j'ai besoin de ce repère. Je la laisse venir contre ma main, sans hâte, adoptant son rythme pour la montée de son plaisir, jusqu'à ce qu'elle jouisse contre moi. Ça me remplit de bonheur, d'une euphorie sans nom, sans doute excessive mais je plane depuis des jours.

Après ça on achève de se laver, moi surtout, et on se rince avant de s'entortiller de serviettes pour se sécher et ensuite rejoindre le pieu. Je ne sais pas si elle bosse demain, mais j'ai bien l'intention de ne pas la laisser dormir de la nuit. Je veux faire le plein de sensations avant qu'elle ne parte et je m'y emploie avec ardeur jusqu'à l'épuisement.