You are home to me - Slavina

28 mars ; 11h05

La tête posée sur l'épaule du slave, comme toujours ou presque lorsque nous sommes en voiture ensemble, je soupire pour la énième fois, regrettant de n'être pas restée au lit avec lui. On ne peut plus dormir ensemble depuis qu'il a été rétrogradé, et j'ai seulement la "chance" d'être en convalescence et de n'être pas encore retournée à l'agence, ce qui fait que pour l'instant, on arrive au moins à passer nos journées ensemble. Je bosse sur mon pc le soir, la nuit pendant qu'il va bosser, parce que sans kétamine je suis incapable de trouver le sommeil seule, mais dès lundi je vais devoir retourner au bureau. Slavenko estime que c'est trop tôt et que je devrais me reposer, moi j'estime que si je continue comme ça, Dimitri va finir par me demander de lâcher la direction de Come With Me, et je n'en ai aucune envie. Il est temps que je me remette à bosser sérieusement, et j'ai des tas de choses en tête. Je vais partir en quête de nouveaux clients, de nouvelles filles, faire en sorte de nous dégoter de nouveaux contrats... Bref, j'ai l'intention de me faire pardonner ma trop longue absence et de montrer que je suis indispensable. En somme, j'aurais voulu profiter de nos dernières journées ensemble pour rester sous les draps, mais j'ai consenti à sortir de l'appartement... Parce que ce matin, il est allé chercher les clés de notre maison.

J'oscille donc entre manque perpétuel de sa peau, et excitation, celle-ci l'emportant dès qu'on arrive devant le portail. Je suis terriblement impatiente de redécouvrir les lieux, seule avec lui cette fois, et sans les meubles des anciens propriétaires. Mon regard s'illumine et je me redresse sur mon siège. Elle est superbe cette maison. Sérieusement, tu la trouves pas superbe ?! Il gare la voiture de location dans l'allée et je tourne la tête vers la vitre en m'extasiant. Tu as vu la taille du jardin ?! Si on a un enfant, on pourra lui installer une balançoire, et des tas de jeux d'extérieur ! Je persiste à parler au conditionnel parce qu'une partie de moi a peur de se porter la poisse, et je crois que je crains de ne plus réussir à tomber enceinte vu mes antécédents.

La seule chose positive du fait que Nina est à son tour blessée est que j'ai récupéré le volant de la bagnole ha ha ha. Enfin la bagnole. Pas la notre, juste la zipcar que j'ai loué parce que je savais qu'on allait à notre maison. La notre, nous deux, pour notre famille. J'en ressens une joie profonde et un drôle de sentiment de plénitude malgré le manque flagrant de sommeil. Parce que je suis rentré à 6h30 du mat', et que j'ai dormi trois heures avant qu'on se lève pour cette visite. Je suis allé chercher les clefs et j'ai récupéré Nina pour qu'elle se fatigue le moins possible.

Depuis trois jours, une certaine routine s'installe, toute neuve, où j'ai pris mes nouvelles fonctions tandis que Nina se repose. Je sais que ça ne durera pas, elle veut absolument retourner au bureau, mais j'ai bon espoir de la convaincre de se ménager. Elle a reçu une blessure sérieuse, même si ça aurait pu être pire, j'en conviens.

Je souris de l'enthousiasme de Nina quand on arrive devant la maison. "oui elle est magnifique. Elle est parfaite pour nous." Je descends de la voiture pour venir lui ouvrir la porte et l'aider à s'extraire. "pourquoi si ? Quand on aura un enfant, on installera tout ça. Il faudra aussi mettre une barrière de protection à la piscine" Je n'ai plus envie de renoncer aux nouveaux désirs qui se bousculent en moi. "Tu as pris le mètre et le calepin ?" Nous sommes là pour un repérage et prendre des mesures et l'entrepreneur doit nous rejoindre dans une heure pour que Nina lui explique ce qu'elle veut. Nous avons un mois pour faire des travaux. Enfin 5 semaines pour être exact, nous voudrions emménager pour Mai.

Ça ne fait que deux nuits, mais j'ai tenu chaque fois ma promesse de lui envoyer des photos pour l'aider à passer le temps... Seulement je suis blessée, et on ne fait évidemment pas autant l'amour que je le voudrais, parce qu'il ne cesse de dire que je dois me ménager. Il ne comprend pas que je ne peux pas me ménager. Après le fiasco qu'a été ma mission avec les Tigrovi (que j'ai réussie, merde, précisons-le quand même), l'évidence du fait que je ne serais jamais acceptée par sa famille, j'ai besoin de m'occuper les mains et l'esprit. Mais au-delà de ça, mon ego m'empêche de laisser Dimitri seul aux manettes de l'agence, et puisque Slavenko veut qu'on fonde une famille, on va avoir besoin d'argent. Je ne peux pas rester à l'appartement à me reposer. Et pourtant ça me peine, parce qu'on va de nouveau être en horaires décalés et que ça m'effraie de le voir si peu. J'espère qu'on saura surmonter ça, la distance nous a toujours fait beaucoup de mal...

Au moins le projet de maison se concrétise et me donne une chose à laquelle me raccrocher. Je souris en plissant le nez, gênée sans le lui dire. Je ne peux pas lui confier qu'à cause de l'avortement, mais surtout de la drogue, j'ai peur de ne plus réussir à tomber enceinte. Je ne suis pas sûre qu'il comprendrait cette crainte, et surtout il est encore trop tôt pour la partager. Après plusieurs mois d'essais infructueux, on verra. Je dodeline de la tête. Il y a plein de choses que je veux refaire autour de la piscine de toute façon... C'est pas harmonieux. Elle a juste l'air là, posée par hasard au milieu du jardin. Oui bien-sûr, j'ai tout ce qu'il faut. Je souris et prends sa main dans la mienne pour sortir de la voiture en m'appuyant sur lui. J'ai toujours du mal à marcher, et les mouvements trop brusques me font mal... Or dans mon cas, respirer un peu fort peut s'avérer être un mouvement brusque. On commence par la cuisine, mh ? Heureusement nous ne sommes pas garés loin, et en m'appuyant un peu sur lui je parviens à gagner la porte d'entrée sans me faire mal. Je me tourne, un sourire mutin aux lèvres, et je lui tends la main. Les clés, monsieur Drazavic.

"Commençons par l'intérieur, onverra pour la piscine après srce, c'est pas urgent." Même si elle tombait enceinte demain (combien de temps ça prend pour tomber enceinte ? La première fois, ça nous est tombé dessus sans le vouloir et pourtant elle prenait une contraception, ça va plus vite qu'on ne croit parfois...) donc, même si elle tombait enceinte demain, on aurait encore neuf mois pour aménager - et sécurisé, personnellement, je m'en fiche du carrelage du pourtour - la piscine

Je crois bien que c'est la première fois qu'elle prononce mon nom de famille de cette façon, sans me le jeter eu visage ou sans se plaindre de ma famille. Je hausse un sourcil amusé, presque perplexe et je fouille dans la poche de ma veste. "A vos ordres Mademoiselle Sykes" Pour la mener un peu en bateau, la taquiner, je fais mine de ne pas trouver en prenant au fur et à mesure une mine catastrophée, avant de sortir triomphalement les clefs dans un large sourire.

J'ouvre la porte et je m'efface pour laisser Nina passer. Je referme derrière nous et nous allons dans la cuisine. J'aime toujours autant la vue sur le jardin. Mon endroit préféré est déjà la terrasse, j'ai toujours aimé les endroits en plein air, peut-être est-ce du à neuf années de prison, ce ne serait pas aberrant. "Tu veux tout casser dans la cuisine ?" Question travaux, je suis très conciliant même si la plupart des choses me plaisent déjà comme ça. Je sais que Nina a des critères plus élevés que les miens, et ça ne me dérange pas qu'on refasse faire des pièces complètes. Je veux avant tout qu'elle se sente bien et chez nous, déjà qu'elle est dans un pays étranger, la moindre des choses c'est qu'elle soit heureuse de son "nid", si je puis le formuler ainsi.

​Je lève les mains, comme prise en faute. Non, non, je sais bien ! Je suis déjà hyper heureuse qu'on ait déjà une piscine, on va pouvoir se baigner dès cet été. Ce n'était pas particulièrement dans mes plans quand on est partis en quête d'une maison, je cherchais surtout un grand jardin, et je me disais qu'on ferait construire une piscine l'année prochaine, ou peut-être même celle d'après... Tout est une question de budget, et de temps surtout ! Là, même si en l'état ce n'est pas ce que j'aurais fait moi, c'est super parce qu'on va pouvoir en profiter dès l'arriver des beaux jours, et ça ne devrait plus trop tarder... Bon cela dit frileuse comme je suis, je ne me fais pas trop d'illusions non plus.

Je plisse le nez dans une grimace quand il m'appelle mademoiselle, je m'y suis habituée depuis son départ mais c'est la première fois que je l'entends de sa bouche et ça me fait drôle.. Pas vraiment d'une bonne façon. Mon regard s'éclaire d'une lueur amusée à son petit jeu, et je secoue la tête quand on entre enfin à l'intérieur. Je ressens une grande bouffée de soulagement à savoir que nous sommes ici chez nous. Contrairement à lui, je ne me rue pas vers la cuisine, je prends le temps de redécouvrir les lieux, que j'avais presque fini par oublier ! Lorsque je revois la cuisine, d'ailleurs, tout se confirme dans mon esprit. Oui, on pète tout, ça me plaît pas du tout. Le carrelage aussi. C'est un peu étrange cette démarcation entre le parquet du salon et le carrelage rouille de la cuisine. Tu veux un bar ou pas alors ? Je sais que j'aimais bien l'îlot qu'on a dans l'appartement actuel, après ça ne va pas forcément partout ce genre de choses...

Ni le mademoiselle, ni le Sykes ne me blessent plus comme ça a pu le faire autrefois. J'accepte beaucoup mieux cet état de fait depuis qu'on est fiancé et qu'elle porte la bague d'engagement. Si un instant j'ai pensé à en acheter une autre à Nina pour rendre celle de ma grand-mère à mon père, j'ai finalement renoncé, pour diverses raisons. D'abord ne pas blesser Nina, ensuite ne pas confronter mon père une fois de plus juste par colère, et puis parce que quoiqu'il dise ou fasse, ça reste ma famille et ma grand-mère reste ma grand-mère. Point. Nous méritons cette bague, ce symbole, c'est tout. En tout cas, je suis heureux, malgré les circonstances qui tentent de pourrir notre bonheur tout neuf. J'ai espoir que ça s'arrange encore avant le mariage. Oui je suis dans une phase plutôt optimiste, les ravages de l'amour, que voulez-vous...

Je regarde la cuisine, la baie vitrée. C'est bizarrement conçu, en coin. Je tapote le mur de coté en me demandant si on peut le péter. L'entrepreneur nous le dira. "C'est pas très large. Je suis pas sur qu'on peut mettre un bar... Non, j'aimerais bien, je sais pas un petit coin pour déjeuner le matin. Tu vois ce que je veux dire ? Pour pas être obligé d'aller à table. Face à la fenêtre, ce serait sympa." Assez haut pour qu'on puisse manger debout ou assis sur un tabouret. Pour le midi ou le soir, en général on mange dans le salon. Quand nous aurons un enfant, ce sera surement plus souvent à table mais il y a largement de quoi en mettre une ! Je regarde le sol qui sans les meubles me parait abimé, autour des canapés le parquet apparait usé. "Tu veux quoi au sol ?"

Je sais que nos questionnements sont les mêmes quand je le vois tapoter le mur de la cuisine. Je trouve moi aussi que c'est dommage, dans une pièce aussi grande, que la cuisine soit si petite dans un coin. Je fronce le nez en réfléchissant à voix haute. Ça va être difficile de l'agrandir avec la cheminée juste à côté. Elle est presque collée à la cuisine, ce qui fait que ça limite nos possibilités pour changer la disposition de la pièce. Cela dit, l'entrepreneur est là pour nous dire ce qui est faisable ou non, mais aussi pour nous donner des idées auxquelles on n'aurait pas pensé. J'aurais peut-être dû envoyer les plans à Sly pour avoir son avis, mais je n'ai pas eu le temps de le voir ces derniers temps et Slavenko m'a de toute façon imposé de rester couchée le plus possible ! À ses propositions, j'acquiesce. Je vois, oui... Ce serait sympa, et bon ça n'a rien à voir avec les travaux mais je veux qu'on achète rapidement une table et des chaises pour la terrasse aussi, les beaux jours arrivent on va pouvoir manger dehors. Prendre le petit-déjeuner dans son jardin, ou sur la terrasse, c'est quand même génial... Et ce n'est pas vraiment une chose à laquelle je suis habituée.

Je baisse les yeux au sol, les sourcils froncés par la réflexion. Du parquet ou du carrelage je sais pas trop... Mais pas une couleur trop froide. J'ai envie que cet endroit soit un cocon chaleureux, surtout si on doit avoir un enfant ici. Ce qui me fait penser. Un parquet c'est peut-être moins douloureux si on tombe dessus non...? Ce bébé ne restera pas à vie dans un berceau, il faudra bien qu'il marche un jour ! Tu pensais à quoi toi ? Je m'approche, enroule mon bras valide autour de sa taille, ma main sur son dos.

Je fais que la cuisine soit petite ne me dérange pas tant qu'elle est ouverte. Nous n'avons pas besoin d'un grand espace de travail, juste de pouvoir respirer et surtout avoir une vue sur le reste de la pièce principale. "C'est pas très grave si on l'agrandit pas, faut juste que ce soit fonctionnel. On peut prévoir un ilot en décalé ? J'imagine que ça peut se faire non ? Ou alors on mettra un meuble."

Je suis d'accord pour la terrasse, et comme j'ai dit j'aime être dehors, et je hoche simplement la tête. Ce n'est pas le plus compliqué à trouver.

J'ai un petit rire à la réflexion de Nina. Je sais à quoi elle pense et ça m'effraie autant que ça me rend heureux. A chaque fois que je pense à ce bébé, j'ai des palpitations et une euphorie effrayante. "Humm si tu veux mon avis, c'est pareil pour tomber ! Pour que ça soit uniforme entre la cuisine et le salon sans se prendre la tête, je pensais à du béton ciré un truc comme ça. Et on peut mettre un tapis dans le salon pour faire plus chaleureux si c'est ce qui t'embête. Mon oncle a ça chez lui, dans sa villa de Banja Luka, et ça a beau être un sale con, je t'assure que ça rend joli. En plus c'est pratique à l'entretien... Et coté couleur, tu peux vraiment choisir ce que tu veux."

Je hoche la tête. Non non, c'est sûr, pour le temps qu'on y passe, pas besoin que ce soit très grand... Mais j'aimerais que ce soit agréable malgré tout, c'est bien que ce soit ouvert. Je cuisine déjà pas souvent, si en plus la pièce m'oppresse tu vas mourir de faim mon amour ! J'ai accepté l'idée (encore terrifiante) d'avoir un bébé, mais je ne suis pas du tout disposée à devenir femme au foyer. Il est hors de question que j'arrête de bosser, tout comme je sais déjà que je ne vais pas me mettre à cuisiner des petits plats pour qu'il n'ait qu'à mettre les pieds sous la table en rentrant. Et puis s'il voulait ce genre de vie, il aurait épousé une serbe... Moi non plus d'ailleurs, je ne veux pas de cette vie-là, je sais qu'une routine trop plan plan nous tuerait. Ça va d'ailleurs être un vrai défi, si ça se fait, de faire coïncider une vie de famille avec nos quotidiens mouvementés... Mais je sais qu'on a besoin des deux pour être bien. Je ne sais pas si Slavenko est conscient de ce genre de choses, mais il va falloir qu'on en parle aussi. Cela dit je préfère attendre d'être enceinte pour avoir ce genre de conversations.

Son rire éclaire mon regard, parce qu'alors je sais qu'il devine ce à quoi je pense, et j'aime cette complicité nouvelle entre nous. Dans un élan de tendresse, je tends le cou pour lui voler un baiser avant de lui répondre. Du béton ciré ? C'est joli mais pour les chutes bonjour ! Je soupire, fronce le nez, déjà vaincue. Mais c'est joli... Quelle couleur ? Je hausse les épaules à la mention de son oncle, je suis juste satisfaite qu'il le traite de con si vous voulez tout savoir !

"Moi mourir de faim ? Je fais la cuisine srce..." Je sais me débrouiller tout seul et ça ne me dérange pas de cuisiner pour deux - ou trois quand le môme ara des chicots - même si en général ce que je fais est assez basique. Je n'ai jamais demandé à Nina d'être une femme au foyer ou une cuisinière hors pair. Notre vie est bien trop chaotique pour répondre aux standards traditionnels serbes et je l'aime en cambrioleuse et femme d'affaires sexy.

Je me penche pour cueillir son baiser, et mon regard s'éclaire un peu plus. Je pose ma main dans le creux de ses reins. "je crois pas que ce soit pire pour les chutes que du carrelage, et par contre pour les machins sur lesquels les bébés roulent, c'est génial. On va en faire un pilote !" Et Nina n'est même pas encore enceinte !! Je me tourne vers elle pour l'envelopper complètement dans mes bras, en prenant soin de ne pas appuyer sur son bras blessé et appuyant mon menton relevé sur le haut de sa tête. "Comme tu veux la couleur srce...tu voulais un truc chaud... Beige ou gris-brun ? Qu'est-ce que tu aimerais zalto moje ?"

J'esquisse un sourire, acquiesce, une lueur bien trop tendre au fond des yeux. Dieu qu'il peut me rendre vulnérable, en un seul mot, en un seul regard. Oui je sais mon amour, tu cuisines toujours pour moi... Le plus souvent, c'est lui qui s'occupe du repas, soit parce qu'il cuisine, soit parce qu'il commande ou ramène à manger pour nous deux. C'est une des mille façons qu'il a de prendre soin de moi, et je ne l'en aime que plus encore à chaque fois. Je cuisine peu, souvent parce que je ne pense pas à me nourrir, mais quand je le fais pour nous, j'essaie de faire les choses bien, et généralement je mets les petits plats dans les grands en faisant un repas complet (entrée, plat, dessert) un peu original. Avec lui j'ai de toute façon l'impression que même la routine n'est jamais banale, jamais lassante en tout cas. Aucune soirée ne me semble similaire à la précédente, aucune étreinte, aucun baiser. Et quand il se penche pour m'embrasser, j'en ai des palpitations, chaque fois comme si c'était la première fois.

Blottie dans ses bras, je fronce le nez. Un ou une pilote, mh. On causera danger plus tard, évitons d'avoir un tel débat maintenant ! Je dodeline de la tête. Brun, gris-brun c'est bien... Je sais qu'il aime toutes les nuances de gris, c'est quelque chose qui lui plaît. Pour les meubles de la cuisine, on devrait commander sur mesure. Je veux pas de noir, s'il te plaît... On va voir les salles de bain ? Ce sont des lieux sacrés pour nous, pour nos rituels sous la douche, et j'ai envie d'en faire un endroit particulier et qui nous ressemble vraiment... Pourquoi pas une aménagée vraiment pour nous, et l'autre pour le bébé ?

Je plisse le regard, amusé et cachant la tendresse qui persiste au fond de mes prunelles "pour toi ? Tu es sure ? Moi j'aurais dit pour pas mourir de faim... hé !" J'aime m'occuper d'elle et faire à manger - pour elle, pour nous - en fait partie d'autant qu'avec son appétit de moineau, elle se nourrit de rien. "Bien sur que c'est pour toi. Comment tu faisais quand tu étais à Brooklyn ? Tu avais une grande cuisine quand même." Je crois qu'on doit pouvoir parler de ce moment où n'étions plus ensemble. Je suis prudemment curieux de cette période, sans jamais réellement oser poser des questions dans la peur de la blesser, mais ici maintenant, avec Nina dans mes bras et des projets de famille dans la tête, je crois que ça ne peut pas arriver.


Je ne relève pas le un ou une, je n'ai pas d'idée sur la question. Il est naturel pour un serbe de vouloir un garçon en premier, la question ne se pose pas. Quand à ce que je veux moi, je ne le sais pas. Vouloir un bébé est déjà un très grand bouleversement.  "Comme tu veux, srce. Pas noir. " Je ne suis pas du tout doué en terme de décoration et je n'ai pas vraiment d'imagination, je me contente de reproduire ou de parler des choses que j'ai vues et qui m'ont plus. Je suis disposé à ce qu'elle veut, d'autant que je pense qu'on a plus ou moins les mêmes goûts. Ce qu'elle choisit pour nos lieux de vie, ou le sien, m'ont toujours plu.

"Oui, mais n'empêche pour cette cuisine, je crois qu'on devrais mettre un îlot à la place de l'endroit où il y avait mis leur table ou un îlot-bar. Quelque chose comme ça...juste pour le déjeuner et puis, ouvrir les fenêtres en porte-fenêtres, comme ça on ira directement de la cuisine au jardin et au barbecue !" Je relâche Nina et je lui prends la main pour qu'on monte à l'étage. Nous y sommes à peine que ça sonne en bas "ha ça doit être l'entrepreneur, bouge pas srce, je vais le chercher."

Si je prends au départ sa question pour au mieux une plaisanterie, au pire une question rhétorique je fronce le nez en réalisant qu'il la pose sérieusement. Tu sais je suis pas restée à Brooklyn très longtemps, seulement les derniers mois... Dans le Bronx je me faisais pas à manger, généralement Rauera ou Yulian passaient vérifier que j'étais pas morte de faim... Comment ne pas être gênée d'admettre que ce n'est pas du tout à la seule force de ma volonté que je m'en suis sortie ? Au contraire, j'ai voulu me laisser couler et on m'a forcée à garder la tête hors de l'eau. Yulian, Rauera, Luna aussi se relayaient pour s'occuper de moi comme d'une enfant malade. Rauera faisait parfois des courses pour moi et il venait cuisiner directement dans ma cuisine parce qu'il savait que je ne ferais rien, sinon il leur arrivait de prendre quelque chose à emporter et de venir le manger avec moi. À Brooklyn je cuisinais un peu, mais je mangeais beaucoup dehors aussi. Ce déménagement a marqué pour moi le début d'une vie nouvelle, de ma guérison. Je n'étais plus dans un appartement noyé par les souvenirs de notre vie à deux, et j'ai pu recommencer à avoir une vie sociale. Je ne supportais de toute façon plus la solitude, et je n'étais que rarement chez moi, ou alors je n'y étais pas seule.

La discussion se poursuit sur les travaux, sujet bien moins sensible pour moi quand mon regard s'est assombri de devoir parler de cette triste période. Un îlot bar, ça me dit bien aussi, et pour les portes-fenêtres ça me va, ce sera plus pratique. Et comme on parle d'accès à la maison, je pense à voix haute. Je m'occuperais de tout sécuriser avant qu'on emménage. On est tous les deux susceptibles d'être la cible d'ennemis et il est hors de question que notre enfant ne soit pas en sécurité chez nous, chez lui. Sans aller jusqu'à coller des caméras partout je n'ai pas l'intention de me contenter d'une bête serrure sur la porte non plus. Et ce serait bien de changer le portail, faire installer un électrique. Devoir sortir de la caisse quand il pleut pour aller ouvrir, c'est chiant.

Je peine à accéder à l'étage, les escaliers ne vont pas faire de bien aux éclopés que nous sommes trop souvent, et je soupire parce que l'entrepreneur arrive juste à ce moment là. Je les attends en haut, et j'en profite pour revisiter l'étage en essayant d'imaginer de quelle façon on va pouvoir l'aménager. Je ne sais pas encore si on veut dormir en haut ou en bas, quelle chambre serait celle du bébé... Je n'ai pas encore réfléchi à ce genre de choses. Slavenko et l'entrepreneur ne tardent pas à me rejoindre et je salue l'inconnu, qui ne semble pas parler très bien anglais, malheureusement pour moi.

J'ai plus de mal avec la partie "Bronx" de sa vie sans moi que la partie Brooklyn, certainement parce que le nom de deux rivaux y sont associés. Mon regard se fait nébuleux, mais je l'ai bien cherché à poser des questions. C'est surtout la mention de Rauera qui me fait mal - Avec Yulian, je crois qu'on a vidé notre querelle dans cette simple conversation que nous avons eu dans ma voiture - mais Rauera a tenté depuis le premier jour de s'accaparer Nina. Aujourd'hui je paye le prix de mes erreurs par la jalousie mordante que je tente de repousser d'un soupir. "T'en fais pas srce, tu ne mourras plus de faim, je cuisinerais pour toi"

Je suis d'accord pour la sécurité, je sais que Nina fera le nécessaire de son coté et moi du mien, on n'agit pas sur les mêmes domaines. "Oh que oui pour le portail électrique zlato, note le sur ton carnet !" Je descends prestement chercher l'entrepreneur qui tombe à pic ! On va pouvoir discuter sérieusement. Je remonte avec lui en papotant et nous rejoignant Nina qui examine les chambres et les salles de bain. "Ćuba, je te présente ma femme, Nina. Allez pas trop vite pour parler, elle parle serbe mais c'est pas sa langue natale. Voilà, on voudrait faire le tour des travaux avec vous, pour avoir un devis et des délais; ce qui est possible de faire aussi" Je me tourne vers Nina "Alors chérie, ces salles de bain, elles sont bien quand même tu voulais les refaire complètement ?"

Comme toujours dans ces moments-là, je ne sais pas quoi lui répondre, alors je me tais. J'ai de nouveau espoir pour nous, je m'autorise à rêver un avenir plus beau, j'essaie de me projeter à ses côtés. Je l'aime infiniment, et le temps fait son office pour vider peu à peu la rancœur que je ressentais à son égard. Cependant je ne peux pas dire que je le crois sur parole, que ma confiance en lui est à nouveau intacte, ce serait mentir. Si je me réveillais demain dans un appartement vide, je crois qu'une partie de moi ne serait pas surprise. Et cette fois je peux vous assurer qu'il n'y aura plus personne pour venir vérifier si je me laisse ou non mourir de faim.

Ravie qu'on soit quand même sur la même longueur d'ondes pour le reste, je sors mon carnet et un stylo de mon sac à main pour rajouter le portail électrique à la liste des choses dont on doit s'occuper. C'est paradoxal parce qu'étant hackeuse et cambrioleuse, je suis aussi douée pour sécuriser les lieux que pour les forcer, ce qui fait que ma confiance dans les systèmes de sécurité est très limitée. Mais je sais qu'ils sont dissuasifs, c'est déjà ça de pris.

Je souris à l'entrepreneur, remerciant Slavenko d'une œillade tendre quand il lui demande de parler lentement. J'essaie de m'exprimer en serbe, autant que mon vocabulaire me le permet. La salle de bain du bas, je veux tout refaire. Me tournant vers Slavenko, j'explique plus rapidement : Rien ne me plaît, ni le carrelage au sol, ni celui au mur, le lavabo, la baignoire, faut tout virer. Dodelinant de la tête, je reprends en les guidant vers la salle de bain du haut, puisque c'est l'étage où nous sommes. Ici le sol me va, mais pas les murs. Ils ont installé des bandes de carrelage autour du meuble de salle de bain et du miroir, déjà c'est chelou et en plus je veux changer le meuble donc ça va pas le faire. Et puis la douche est bizarre, ça fait cabine de vaisseau spatial leur truc, comme en bas. Je veux des baignoires ouvertes, des douches vitrées, ce genre de truc... D'ailleurs... Qu'est-ce qu'on fait ? Une douche en haut, une baignoire en bas ? Ou l'inverse ?

J'ai un air à la fois désespéré et amusé quand elle parle de tout refaire. C'est fou cette exigence. Je me serais contenté des salles de bains telles qu'elles sont à présent. "autant refaire tout alors parce qu'une fois qu'on aura enlevé le sol et les meubles..." L'entrepreneur approuve, il a l'ai ravi, c'est du boulot en plus. A la question très sérieuse de Nina, je réfléchis deux minutes. "Douche en bas, ce sera plus pratique avec la piscine."

Avec l'entrepreneur, on fait le tour de la maison et on note ce qu'il y a à faire. Chaque chose que Nina veut changer. On redescend pour parler à nouveau de la cuisine et du salon. Après avoir tout noté, on s'installe sur un coin du plan de travail pour prioriser les travaux. Une fois que ce sera fait, l'entrepreneur pourra faire des devis, qu'on ait au moins une estimation de prix. On discute des matériaux, de ce qui est possible de faire en terme de changement de configuration, quels murs peuvent être abattus et ce qu'on peut faire comme changement. J'ai eu les plans à la signature et on discute en les regardant. Quand on est plus ou moins ok, il prend congé. Il doit nous envoyer des propositions et des devis. On avisera à ce moment là.

De nouveau seul, je viens enlacer Nina tout doucement, parce qu'elle est toujours blessée. "Alors srce, tu es contente ?"

Oh ne vous méprenez pas, je sais bien que Slavenko est complètement désespéré que je veuille toujours tout refaire ! Moi aussi je me serais contentée des salles de bain telles qu'elles sont si c'était provisoire, mais si on achète une maison ensemble, c'est qu'on est partis pour y rester un moment, peut-être bien qu'on y sera encore dans dix ans, même si je ne me projette pas si loin. Alors quitte à y rester des années, je veux que tout me plaise vraiment. Et puis on n'est pas à la rue, si les travaux prennent du temps ce n'est pas grave, l'endroit est habitable de toute façon. Mais comme Slavenko le dit si bien, je suis déjà dans un pays étranger, et vu la situation avec sa famille, je suis très loin de me sentir bien à Sarajevo. J'ai besoin qu'au moins notre chez nous soit un refuge, un endroit qui me corresponde et où je me sente non seulement en sécurité mais aussi à l'aise. Je sais qu'il comprend ça, et je crois que c'est pour ça qu'il me passe ce qu'on pourrait prendre pour des caprices... Je souris à sa réflexion pratique. Oh oui, j'y avais pas pensé, t'as raison ce sera mieux comme ça. Avec le temps, on pourra aménager l'étage pour que ce soit plutôt le coin de l'enfant, et le rez-de-chaussée le notre. Bon la baignoire va me manquer mais on n'y est pas encore, on avisera !

Une fois en bas pour discuter autour de la table, je m'efface un peu plus. Je suis très attentive mais je ne m'exprime pas assez bien pour vraiment prendre part au débat. Je me contente de dire à Slavenko ce que je veux ou pas, et lui se charge de traduire ce que je ne comprends pas. En tout cas, l'entrepreneur semble enthousiaste, et moi j'insiste sur le fait que j'aimerais que ce soit réalisé le plus rapidement possible. Je suis quand même pressée d'emménager, je n'ai pas envie d'attendre six mois. Je suis encore assise quand Slavenko revient vers moi après avoir accompagné l'entrepreneur à la porte. J'enroule mes bras autour de sa taille, pose mon menton sur son ventre, le regard levé sur lui. Oui, je pense que ça va être bien... J'espère seulement qu'on n'attendra pas trop longtemps pour emménager... Je fronce le nez. On n'a pas réfléchi, quelle chambre on prend pour nous ? Comment tu vois l'aménagement des autres pièces ? Parce qu'il y a quand même quatre chambres.

"J'ai pensé à ça srce. Même si tu tombes enceinte, le bébé va pas venir tout de suite et de toute façon tant qu'il marche pas ce môme... On a quelques mois. Alors on devrait refaire le bas directement avant d'emménager. Et puis on s'installe en bas pendant qu'ils font les travaux du haut. Et plus tard, quand tout sera fait, on pourra disposer des pièces autrement." J'ai toujours aimé les plein-pieds plutôt que les étages, histoire d'avoir tout sous la main, l'idée d'avoir notre chambre en bas me botte bien, je ne sais pas si ce sera gérable au quotidien quand on aura un môme, je ne sais pas comment ça se passe avec un bébé. Je n'ai pas vraiment de souvenir de comment faisait mes parents avec ma sœur, sans doute parce qu'elle était en core bébé quand on a emménagé à Sarajevo et que mon père était quasiment pas à la maison. A l'appartement de Pâle, nous n'avions qu'une chambre et le salon. Quand mon père rentrait, nous les mômes on dormait dans le salon sinon ma sœur dormait avec ma mère et moi dans la pièce principale. Ça a duré deux ans, avant que je ne rejoigne mon père sur le terrain. Non, je ne sais vraiment pas comment se passe une vie de famille normale avec un bébé alors on inventera à notre façon

Parler de cet enfant me fait toujours drôle, j'ai beau ne pas être enceinte pour le moment, ça devient de plus en plus concret, en tout cas dans nos esprits, et surtout le sujet n'est plus tabou. Au contraire, on en parle très naturellement, et j'ai encore un peu de mal à accepter l'excitation que je ressens à cette idée. Pourtant la situation n'a rien à voir avec la dernière fois, parce que cette fois c'est un désir commun, une envie, un vrai projet ensemble, et surtout c'est planifié ! Tu sais même la disposition des pièces c'est pas définitif mon amour... Moi je préfère que notre chambre soit en bas, toujours. Pour les premières années le bébé sera en bas aussi, et puis quand il sera un peu plus autonome, je sais pas trop à quel âge... On pourra le déménager à l'etage. Je n'ai pas eu trop de bébés dans mon entourage, alors j'ai du mal à imaginer à partir de quel âge il serait capable d'être seul en haut. Trois ou quatre ans ? Moins ? Plus ? Ce n'est pas très grave en soi, seulement voilà, les premiers temps je préférerais l'avoir près de nous, je le sais.

Du coup oui, t'as raison, on fait le bas en priorité, comme ça on peut emménager et s'occuper du haut ensuite. Ils pourront toujours faire les travaux la journée pendant qu'on bosse. Au fait pour la peinture tu lui as demandé de s'en occuper aussi ou on le fait nous ? Je ne suis pourtant pas compliquée mais alors la chambre avec les murs verts, merci mais faut pas déconner non plus. On a des goûts plutôt neutres avec le slave en plus, et là pour le coup c'est trop original... Mochement original. Je presse un instant ma joue contre son ventre. J'ai vraiment hâte qu'on s'installe... Mon amour on va avoir besoin de thunes rapidement tu sais, faut qu'on réfléchisse à un coup à faire... Comment ça je suis blessée ?

"ok faisons comme ça, je préfère aussi être en bas...On avisera plus tard." Je ne sais pas non plus à quel âge un enfant est autonome. Je ne m'en inquiète pas outre mesure pour le moment, c'est encore un peu trop abstrait malgré ces sentiments d'euphorie et de plénitude sans parle de trouille. A part ça, les réalités d'une vie avec un bébé sont très floues. Je n'ai jamais eu d'exemples autour de moi, aucun de mes amis n'ont de bébés, ou en tout cas je ne les fréquente pas dans leur cadre familial.

"Non il fait aussi les peintures, je préfère. On aura qu'à choisir les teintes et ils feront le reste. Tu sais srce, je crois pas qu'on ait beaucoup de temps pour faire des travaux nous même." Je bosse de nuit et pour être un peu avec elle la journée, je dors peu. Quand elle reprendra le taf, ça va pas s'arranger, en plus elle a raison pour le pognon. Enfin presque "Non toi tu fais rien du tout srce à part te reposer et de rétablir. Je m'occupe de trouver le pognon, t'inquiète pas." J'ai des contacts dans cette ville, je peux trouver un/des boulots secondaires la journée. J'ai déjà commencé à chercher. Quand Nina travaillera la journée, je pourrais bosser double, voilà tout. J'ajoute pour ne pas qu'elle proteste "Un cambriolage, on fera ça quand tu seras complètement guérie. Pas avant zlato, ce serait trop dangereux."

​Je hoche la tête, soulagée d'apprendre que l'entrepreneur s'occupe aussi de la peinture, j'avoue que ça m'aurait fait chier qu'on doive s'en charger nous-mêmes, on a déjà suffisamment peu de temps à se consacrer en ce moment... Et puis on parle assez peu de son boulot, je n'ai toujours pas revu sa famille, ni aucun membre des Tigrovi, et aucun d'entre eux n'a demandé de mes nouvelles d'ailleurs. Non, je sais bien... Mais c'est justement parce qu'on n'a pas le temps, qu'on va avoir besoin d'encore plus d'argent. Les travaux ne vont pas être donnés mine de rien, une cuisine complète, deux salles de bain, le sol dans le salon et quelques autres bricoles par-ci par-là... Mine de rien ça chiffre assez rapidement. En tout cas c'est le cas à NY, mais j'imagine qu'il en va de même ici, même si je me ferais une meilleure idée quand on aura le devis.

Evidemment, il refuse qu'on prépare un coup ensemble et je fronce le nez, contrariée. Tu comptes le trouver quand ? Tu bosses déjà toute la nuit... J'ai pas envie de ne plus te voir du tout... A quoi bon cette maison si on ne peut pas y être ensemble ? Je soupire, le serre plus fort contre moi comme si j'espérais qu'il change d'avis. J'ai l'impression que je serais pas rétablie avant dix ans ! Dieu que c'est long, ce genre de blessures ! Je n'ai pas la patience pour ça. Je glisse mes mains dans les poches arrières de son pantalon, le ramène un peu plus fort vers moi. [color:79fc=darkred​]Tu as déjà des idées en tête...?

Je pose une main sur son cul, une autre se glisse entre nous pour prendre un sein qui se loge dans ma paume. Je me penche en me voûtant, grondant de rire dans la voix "j'ai bien une ou deux idées en tête, ouai, humhumm" Mais elle ne parle pas de ça, je le sais bien et je sais aussi qu'elle s'inquiète, qu'elle a besoin de réponses alors, sans me priver de pétrir sa chair douce, je réponds. "J'ai des contacts avec le pdg de la boite qui va travailler pour les turcs dans le projet de construction de l'autoroute qui va rallier Belgrade à Sarajevo...Il a besoin de quelqu'un pour régler quelques problèmes sur le tronçon sud, celui qui va vers Pâle, or je connais bien le coin. J'ai déjà bossé pour lui avant... C'est le boulot le plus près que j'ai trouvé zlato et tant que j'ai les résultats, je pourrais gérer mon temps comme je veux " Il n'y a pas de mystère, on trouvera pas du pognon sans se donner du mal, du temps, ou prendre des risques. Et là très franchement, j'ai pas envie que Nina prenne des risques, sa blessure est trop récente, la peur me tord encore les tripes en repensant à la sensation que j'ai eu en la découvrant blessée. "Quand tu retourneras bosser, j'aurais du temps pour ça la journée. On se ménagera des heures à nous zlato, y a pas de raison. Et après ma punition, bah on verra ce qu'on me donne comme taf"

​Ses mains se font baladeuses soudain, possessives, et une vibration de désir me retourne le ventre, comme un arc électrique se propageant dans mes nerfs. On a perdu un peu de cette frénésie de luxure qui nous animait à notre retour de Bali, à cause de ma blessure notamment, du fait que les cachets me fassent dormir beaucoup, et qu'il veuille me ménager. En plus de ça, comme il bosse de nuit, on n'a plus non plus de ces étreintes nocturnes qui me manquent tant. Alors chaque geste de sa part, chaque regard trop appuyé hérisse ma peau en chair de poule. Me concentrer sur la conversation s'avère bien plus difficile alors...

J'aimerais mieux que tu t'éloignes pas trop pour le moment, oui... En ça le fait que les Tigrovi ne lui permettent pas de quitter Sarajevo m'arrange, je dois bien le dire. Pourtant, je sais aussi que ce sont les missions hors de la ville qui paient le plus, celles qui durent un peu plus longtemps, qui sont plus intenses et bien souvent plus risquées aussi. On a besoin d'argent, et on en a besoin rapidement, c'est vrai, mais je refuse qu'il se mette en danger ou qu'il se tue à la tâche pendant que je resterais ici à ne rien faire. Je glisse mes mains sous son pull, dans son dos pour toucher sa peau. Tu me le promets...? Qu'on arrivera encore à passer du temps ensemble...? Molim te, promets-le moi...

"Srce, tu crois que je vais me passer de toi ? Quand je rentre le matin, on passera du temps ensemble, petit déjeuner ensemble et le soir avant que je parte, pareil...Je commence qu'à 22h et toi tu seras rentrée avant non ? " Pour moi c'est la meilleure organisation possible. Je peux m'en sortir avec trois ou quatre heures de sommeil par nuit, en tout cas durant un mois c'est faisable ! Ce qui fait que ça me laisse l'après-midi, on va dire de midi à dix-huit heures à la grosse louche pour bosser pour le promoteur immobilier. Ce sera suffisant pour faire ce que je dois faire.

Je viens chercher la bouche de Nina dans un baiser fougueux, amoureux et avide. Malgré les difficultés avec ma famille, je suis plus décidé que jamais à ce que nous construisions quelque chose de solide. J'ai trop longtemps reculé devant les difficultés. Depuis deux jours, je n'ai pas vu mon père, ni mon oncle, ni Camenko. A dire vrai, je n'ai pas été au QG non plus, puisqu'on ne m'a pas contraint de le faire. Je fais mon taf à l'entrepôt, point barre. Ça se résume à ça le temps que la colère et la rancœur retombe des deux cotés.

Les mains de Nina sur la peau me font frissonner. Je bouge et soulève Nina pour la poser sur le plan de travail de la cuisine. Je me tends vers sa bouche, elle est plus haute que moi maintenant et je dois attendre qu'elle veuille bien se pencher pour m'embrasser. Je glisse mes mains sous sa robe pour venir accrocher le haut de son collant que je tire vers le bas avec sa culotte, sans équivoque. Je lui lance un regard entre désir et pure adoration, quelque chose comme ça, quand je je lui écarte les jambes en la dévoilant à moi. Je me penche sur elle, embrassant d'abord la peau de sa cuisse, ce qui me permet d'approcher de mon objectif.

Je fronce le nez, dodeline de la tête. Mon amour tu rentres pas avant 7h le matin, si je dois être rentrée à 18h pour qu'on passe du temps ensemble, je vais pas pouvoir aller bosser à 10h tous les jours tu sais...? Ce sont des horaires d'employé de bureau, à la limite, et ce n'est pas vraiment avec ça que je vais pouvoir rattraper mon retard, ni même faire tout ce que je dois faire ! Je soupire, déjà désespérée par la situation parce que je devine qu'on va vraiment très peu se voir dans les jours, les semaines à venir. J'essaierai de m'organiser... Je bosserais le soir quand tu repartiras bosser... Pour débaucher des filles ou des clients, c'est faisable après 22h, c'est même à cette heure que c'est intéressant d'aller dans les clubs. En revanche pour les rendez-vous pros et tout le reste, je peux difficilement me permettre de faire ça de nuit ! Je suis déjà en train de réfléchir à organiser des cambriolages pendant qu'il sera au boulot, mais soyons sérieux je ne suis pas en état... Et s'il s'en rend compte j'ai peur qu'il le prenne très, très mal.

Je m'accroche à lui quand il me prend dans ses bras pour me poser ​sur le meuble de la cuisine. Je me penche vers lui, mon regard triste se teintant de désir malgré tout parce qu'il me touche, qu'il me veut, je peux le lire dans ses yeux. Ma bouche se presse contre la sienne et je l'embrasse langoureusement en soulevant le bassin pour l'aider à ôter mes sous-vêtements. Un rush de désir plus chaud me traverse et je replie mes jambes autour de lui quand il les écarte. Je soupire d'envie, glisse une main dans ses cheveux pour l'encourager à poursuivre, et paradoxalement je sais que je devrais lui en vouloir de me distraire de ce sujet si sérieux !