On applique la règle des 5C : C'est Con mais C'est Comme Ca. || BDT

Le bruit tonitruant avait déplu à Deirdre dès qu’elle était entrée, quand bien même elle était personnellement habituée aux trucs qui faisaient du bruit – quand elle n’était pas elle-même la source du bruit en question. Elle aurait probablement l’occasion de faire du boucan aujourd’hui, en témoignait les flingues dissimulés sous la veste qu’elle gardait sur ses épaules malgré la chaleur qui régnait. Cette dernière parvenait à s’installer grâce la proximité des centaines de corps qui se pressaient les uns contre les autres au sein de la rave, et ce, malgré l’aspect défoncé du toit du gymnase qui donnait directement sur le ciel étoilé. Pas de pluie ce soir pour une fois mais Deirdre était persuadée que vu la concentration d’acide dans le périmètre, les occupants de ce dernier n’en auraient pas grand-chose à faire d’être trempés d’autre chose que de sueur et de...vous voyez ce que je veux dire.

L’Irlandaise qui n’avait pas tenu à amener sa pipe pour la perdre dans ce bordel mâchonnait une branche de réglisse qui se baladait sur ses lèvres en sortant d’entre ses dents qu’elle troqua pour une clope en sortant dans le froid fumer une cigarette piquée dans un paquet abandonné sur un rebord de fenêtre dans les chiottes.
Elle savait comment elle allait détecter Legence, mais alors les deux autres, dans ce bordel...

Demeurant la plus petite de l’auditoire, Dei n’eut pas à intercepter le regard entre Slavenko et Legence, mais elle sentit d’ici sa froideur qu’elle comprit sans la commenter : si Aidan se reconvertissait en cambrioleuse de l’extrême, elle ne laisserait personne d’autre qu’elle faire attention à son cul. Voilà pourquoi il fallait éviter de bosser avec son partenaire de vie. Elle les regarda partir avec la discrétion qui la caractérisait, serrant un peu trop fort son verre comme s’il s’agissait de l’appui le plus solide – ça l’était, elle n’allait pas rester capitonnée dans la veste de Legence toute la soirée sous prétexte qu’on avait peu ou prou tenté de la sauter. Elle ne fit pas du remarque sous le fait qu’il allait la coller comme Slavenko collait Nina. Il était de mauvais ton qu’elle reste toute seule ce soir – sauf si elle avait le droit de défoncer la gueule de tout le monde, là c’était autre chose.

Se décollant du bar pour ne pas se fossiliser au miasme de sueur, de salive et d’alcool qui le lustrait, Deirdre fit signe à Legence qu’elle y allait à son tour. Elle demeurait peut-être la plus agile des deux, mais pas du tout la plus discrète : en effet l’étage se peuplait de gens du gratin de ce vilain monde, et s’il y avait quelqu’un qui pouvait se glisser parmi eux, c’était bien son comparse.

Deirdre cuva son malaise inhabituel avec, paradoxalement, de l’habitude. Coincée dans l’ombre, elle attendit que Legence regagne son périmètre pour s’assurer qu’il était pas en train de se faire déchiqueter – au cas où, elle aurait réagi – et obtempéra sans un mot. Son œil prédateur chercha Slavina en espérant que le duo ne s’était pas scindé ; il l’avait effectivement fait, mais du grabuge supplémentaire dans l’escalier qu’elle s’apprêtait à prendre pour rejoindre leurs comparses de la soirée l’informa que le plus grand des deux faisait comprendre qui était le patron.
Elle regarda passer devant elle la silhouette de celle qu’elle reconnut comme étant Nina et de ce qu’elle compris dans la patate que Slavenko mettait à un gros morceau de viande énervé, le gros morceau de viande avait pris Nina pour cible – elle connaissait bien la patate directe et sans appel qu’on mettait par jalousie. Le gars tomba à ses pieds, et Deirdre décida aussitôt qu’elle aimait bien ce Slavenko.

Lorsqu’il tenta de se redresser, Deirdre lui tira une balle dans la nuque sans sommation. Quand son regard rencontra celui du slave, elle haussa les épaules.

« J’ai paniqué. » justifia-t-elle éhontément.