St Jergis et Ste Vodka - Slavina

23 avril ; 11h08

Après la soirée tranquille où Nina a dormi dans mes bras comme un loir, je me suis levé très tôt ce matin. J'ai préparé un petit déjeuner pour Nina que j'ai laissé dans la cuisine pour ne pas la réveiller. Il y avait un mot avec juste à tout à l'heure et je t'aime écrit dessus. Puis je me suis éclipsé pour aller aider Camenko et quelques gars à préparer la salle. On a petit-déjeuner ensemble, attaquant de bonne heure la fête, sérieux on se serait cru à un p'tit dej polonais le jour de Pâques. Puis on s'est préparé, tous en uniforme propre, présentable, écusson des tigrovi fièrement porté et béret vissé sur crâne. On est allé à l'église pour la messe en l'honneur de St Jergis, notre saint patron. A onze heures, sur le parvis, la messe finie et alors que les carillons résonnent encore, je salue Camenko. "Je vais chercher Nina, je te retrouve là-bas ! Buvez pas tout !" Le rire clair de mon frère s'envole " je promets rien !"


J'envoie un sms à Nina pour lui dire que je l'attends en bas et je me gare en double file le temps qu'elle arrive, une clope au bec tout en échangeant des sms avec Camenko, avec un demi-sourire aux lèvres. Il va y avoir le tournoi de baby foot et il est champion en titre. Autant dire qu'il est déchaîné, ce qui m'amuse beaucoup.

​Je suis au téléphone lorsque mon portable vibre, me signalant la présence de Slavenko devant l'agence. Je tente d'écourter au mieux ma conversation, mais c'est un peu la course cette semaine, il y a un important gala de charité organisé en ville le week-end prochain, et il faut que je recrute au moins dix nouvelles nanas le temps de cette soirée. Le problème ? C'est que le client, en cherchant une agence sur Sarajevo, est tombé sur le numéro de téléphone à NY, que c'est avec Dimitri qu'il a d'abord traité, et que mon associé a oublié de m'en parler. En somme je suis à la bourre, je n'ai pas arrêté depuis ce matin, et je suis légèrement mitigée à l'idée de devoir partir. D'un côté, ça tombe au mauvais moment parce que j'ai encore un millier de choses à faire, d'un autre côté je ne suis pas mécontente de prendre une pause, et c'est heureusement ce sentiment qui domine. Il me faut cinq minutes encore pour raccrocher, mais dès que c'est fait je récupère mes affaires pour sortir.​

​Dehors, appuyé à la voiture, Slavenko m'attend et je me fige un instant pour le dévisager. D'ordinaire je ne le vois en uniforme que rarement et lorsqu'il rentre de mission, autant dire qu'il n'est pas dans le même état. Là, je suis forcée d'admettre qu'il a un charisme assez impressionnant dans cette tenue, et je crois que je le bouffe littéralement des yeux durant quelques secondes avant de le rejoindre. Je me serre contre lui, me hisse sur la pointe des pieds en ​pressant mes mains dans son dos et l'embrasse longuement. On ne s'est pas vus ce matin, il m'a douloureusement manqué et de le voir ainsi j'ai soudain furieusement envie de lui. Comment ai-je pu sous-estimer le potentiel érotique de l'uniforme des Tigrovi durant toutes ces années ? Je passe une main sur son torse, effleure de l'autre son béret dans un sourire. C'que t'es beau. Il y a du soleil mais il ne fait pas chaud, et pour une fois je ne suis pas en robe, j'ai opté pour un jean moulant avec un chemisier, et des bottines à talons.

Je réponds au baiser de Nina et je hausse un sourcil amusé. Notre uniforme est plus paramilitaire que militaire - avec le treillis noir, les lourdes bottes montant aux chevilles, une chemise-veste de même couleur serrée à la taille, au col ouvert et sous laquelle j'ai mis un tee-shirt, écussons aux épaules et le béret fièrement posé sur le crâne. A mon avis c'est le béret qui lui plait, les femmes sont folles avec ça ! Je vole un autre baiser à Nina en l'attirant vers moi "ah ouai ?! Toi aussi tu es très...sexy." De toute façon que Nina porte un vieux tee-shirt, une robe ou en jean, elle a ce coté supra-érotique qui me plait infiniment. Mais j'avoue que les fringues qui la rendent inaccessibles m'enragent beaucoup plus et son chemisier est très ... joli.

Je me décide à la relâcher parce qu'on nous observe un peu trop dans la rue, moi, atypique dans ma tenue et elle si délicate dans mes bras. Dans un accès de galanterie, j'ouvre la porte à Nina pour qu'elle puisse s'installer en voiture, que je contourne ensuite pour prendre la place conducteur. La voiture démarre en douceur me tirant un sourire au ronronnement du moteur - je ne l'avouerais pas mais j'adore conduire la Mercedes. Je raconte à Nina la matinée dans ses grandes lignes "On a pris le petit déjeuner ce matin en préparant la salle, on était pas tous là encore. Camenko est excité, il remet son titre de champion de Baby foot en jeu ! Après on s'est préparé et on s'est tous retrouvé à l’Église pour la messe, et toi mon ange, ta matinée ? Tu as pris ton petit déjeuner au moins?"

Au QG c'est le bordel pour se garer, alors je me fous chez Flavio qui n'est qu'à trois, quatre cent mètre de là. Je préfère marcher un peu et que la voiture soit en sécurité, pas envie d'un coup sur la portière. J'enveloppe Nina de mon bras pour marcher jusque là de notre allure de tortue. La journée s'annonce radieuse et je n'ai étrangement plus d’à-priori comme si exprimer mes doutes hier avait suffit à les apaiser.

Certes, le béret lui donne un charme évident, mais pas que, c'est vraiment l'ensemble qui me plaît, et le fait que ce soit un uniforme tout court en fait. Pourtant je ne pensais pas avoir un truc en particulier avec les uniformes, j'ai jamais eu le fantasme de baiser un pompier ou ce genre de trucs. Mais Slavenko a toujours eu ce don de me révéler des désirs dont j'ignorais jusqu'alors l'existence. Je papillonne des cils dans un sourire, contente que ma tenue lui plaise parce que même si je n'ai pas mis de jupe ou de robe aujourd'hui, et que je ne suis pas habillée de façon trop stricte parce que je savais qu'on sortait ensuite, j'ai fait en sorte de lui plaire malgré tout. Mon chemisier est décolleté, très légèrement transparent, le jean met en valeur mes fesses encore mieux qu'une robe courte, bref l'idée c'était de jouer un peu avec lui quand même. Parce que j'ai quand même fini par comprendre qu'on s'entendait toujours beaucoup mieux quand le désir était présent.

Je m'installe en voiture et lui sourit, tournant la tête vers lui pour l'observer pendant qu'il me raconte sa matinée. Oh, y avait un petit-déj' spécial ? Non, moi j'ai pas eu le temps de déjeuner, mais ça fait rien, je me rattraperais ce midi. Ou plutôt je n'ai pas pris le temps de déjeuner... J'ai avalé un café et je suis partie, de toute façon le matin je suis trop nauséeuse et le plus souvent, je manque cruellement d'appétit. C'est bien dommage, le petit-déjeuner ça a toujours été ce que je préfère. Moi ç'a été, j'ai du taf par dessus la tête mais ça va. C'est réservé aux mecs, votre concours de baby foot ? Non parce que j'y ai joué pendant des années quand j'étais en foyer, il fallait bien qu'on s'occupe, et sans prétendre voler son titre à Camenko, je crois que je ne me débrouille pas trop mal.

L'agence n'est pas si loin du Pussynight et on est rapidement arrivés. Je me glisse contre son torse, toujours plus à l'aise quand on est l'un contre l'autre, en contact l'un avec l'autre, et je lui souris. Pourtant moi c'est l'inverse, je n'avais pas d'à-priori et j'en ai des tas après ses réflexions de la veille, mais je m'efforce de donner le change comme je le fais toujours... Bien que ça ne serve pas à grand chose puisqu'on finit toujours par me le reprocher à moi quand ça part en couilles.

"Spécial ? Non pas vraiment, y avait que ceux qui préparaient la salle et on a sauvagement attaqué les stocks !" J'ai un rire en disant ça mais c'est ce qui s'est réellement produit. Par contre je suis dépité qu'elle n'ait pas déjeuné. "Mais zlato, j'avais tout préparé dans la cuisine !" Je ne suis absolument contre le fait qu'elle ne se nourrisse pas ! Déjà en temps normal pour elle-même, mais aussi pour le bébé. Je suis persuadé que c'est très mauvais pour lui ! Je fronce les sourcils, mécontent mais j'essaye de ne pas me laisser contaminer durablement par cet accès d'inquiétude.

Je suis cependant déjà moins souriant en répondant "non y a pas de règlement, c'est juste un tournoi comme ça...Tu sais jouer au baby foot ?" Je ne suis pas très bon, ni très mauvais, neutre en somme, mais Camenko ne veut pas de moi dans son équipe ! Il vaut un meilleur joueur, normal.

On arrive dans le rush des arrivées, tous les Tigrovi qui ont pu venir sont là avec leurs femmes, leurs enfants et dès qu'on s'approche on est happé par la masse souriante. Je salue des amis, leur présentant Nina tandis que moi je connais déjà leurs femmes. J’ébouriffe les cheveux du petit Bran, onze ans, de la graine de Tigrovi; j'embrasse dans une accolade virile Yoric un camarade que je n'ai pas vu depuis longtemps parce qu'il travaille en poste fixe comme garde du corps. Il est avec sa petite amie que je vois pour la première fois. A chaque fois, je présente Nina comme ma fiancée et on met un temps infini à pouvoir gagner la porte d'entrée dans un joyeux brouhaha. Mon père s'y trouve pour accueillir les Tigrovi, les médailles s'étalent sur son torse et ses épaulettes en héros de guerre. On se donne une accolade, la première depuis des lustres à cause de nos relations difficiles. Je suis un peu crispé mais il me sourit, avec cet air qui dit qu'il est fier de moi, observant mon allure avec approbation, et je me détends aussitôt. "Bonjour fils, bonjour Nina, bienvenue pour le Slava." On entre pour ne pas boucher le passage.

Je fronce les sourcils, plisse les lèvres en une moue sincèrement désolée. Excuse-moi mon ange, ça avait l'air très bon mais j'ai fait que vomir ce matin, j'avais vraiment pas le cœur à manger quoi que ce soit... Tu sais le matin c'est un peu... difficile. Je soupire, viens doucement poser ma tête contre son épaule en un geste d'excuse câlin. Ce n'est vraiment pas de la mauvaise volonté de ma part, moi aussi je veux prendre soin de ce bébé et je n'ai pas l'intention de me laisser mourir de faim. Seulement il y a des moments de la journée où les nausées sont vraiment fortes et même l'idée de boire de l'eau me file la gerbe. Je ne sais pas s'il le comprend, ou s'il pense que j'exagère... J'espère qu'il me fait suffisamment confiance pour ne pas croire que je lui mente. Mais normalement c'est surtout au premier trimestre, ça devrait aller mieux dans deux ou trois mois, et tu pourras me faire tous les petits-déjeuners que tu veux, mh ? Je ne lui dis pas que chez certaines femmes, les nausées durent toute la grossesse, inutile de l'inquiéter encore plus !

Bien-sûr que je sais jouer, et plutôt bien en fait ! Enfin, j'espère que j'ai pas tout perdu, j'ai plus joué depuis quelques années... Je ne me risquerais pas à dire que je suis meilleure que son frère, loin de là, mais je me débrouille. On n'a jamais vraiment fait ce genre de choses ensemble, je ne sais plus si on est déjà allés se faire un billard par exemple... Tu joues toi ?

On se dirige vers l'intérieur avec difficulté, et je souris aimablement à tous les gens qu'il me présente, les saluant aussi chaleureusement que j'en suis capable. Je reconnais certains des Tigrovi avec lesquels je suis partie en mission, notamment Bran avec lequel j'avais vraiment sympathisé. C'est d'ailleurs le seul à être venu me voir lorsque j'ai été blessée. Je salue Jelenko sans faire de commentaires, et on peut enfin entrer à l'intérieur, où j'aperçois Ashley avec un verre à la main.

Je n'y connais rien en matière de femme enceinte et de nausées et pour moi la bouffe a toujours été un moyen de survivance donc quoiqu'il arrive, je mange ! J'ai déjà souffert de la faim, et je crois que ça m'est resté de ne jamais faire la fine bouche mais bien sur je n'ai jamais été enceinte, ah ah.

"Je joue, humhum, mais pas assez bien selon mon frère !" J'ai un sourire indulgent, je me moque bien de ça, gagner ou pas à un concours de baby foot. Le sport qu'il m'importe de gagner c'est dans l'arène parce que c'est inscrit en moi. Quoique j'aime aussi les courses de chars, c'est amusant d'essayer de piloter ces vieux tromblons de la guerre. Au baby foot certains jouent déjà, amicalement, sont Camenko qui me fait signe de loin entre deux balles - le tournoi n'est que cet après-midi comme je le dis à Nina. "Ce matin, y a la cérémonie, humm pour des récompenses pour les Tigrovi, après on mange, et y a le tournoi de baby foot, ça va trainer en longueur jusque ce soir où on remange et la soirée avec le nightclub. Y aura p'tre des combats aussi, y a toujours des motivés, et des concours de tirs dans le terrain vague derrière."

On salut Damir et Bran, qui a été le lieutenant de Nina. Je dégote des boissons, sans alcool pour Nina, Rakija pour moi. Tant que tout le monde n'est pas arrivé c'est du papotage. Je rejoins mon groupe d'amis proches : Stan bien sur, Stefan qui en son temps a fricoté avec Addison mais est aujourd'hui avec sa femme, Cvetko, Aleksa et Sonja qui accompagne Mijalko, un gars de Banja Luka qui nous a récemment rejoint à Sarajevo.

J'ai toujours eu un très fort esprit de compétition, et le fait que son frère tienne à son titre au point de ne pas vouloir de Slavenko dans son équipe me donne foutrement envie de le battre. Seulement voilà, je ne sais plus du tout ce que je vaux au baby, et j'ai peur de me ridiculiser. Ce n'est pas vraiment l'objectif de la journée. Je fronce le nez tandis qu'il m'explique le déroulement de la journée, j'ai déjà assisté à la Slava mais dans le Bronx ce n'était pas pareil et surtout ce n'était pas aussi "officiel", si je peux dire. Mh, ça semble être un bon programme... Donc toi tu te bats, ou tu tires, ou tu joues au baby... Et moi je dois jouer les pompom girl, c'est ça ? J'ai un sourire amusé parce qu'on sait bien tous les deux que ce n'est pas exactement mon genre, mais je me plierais à leurs traditions pour la journée, c'était le deal, non ? En plus, maintenant que je suis enceinte, j'ai comme dans l'idée que Slavenko ne me laissera jamais toucher une arme à feu. Pourtant là aussi, je suis plutôt douée, même son père m'a fait la réflexion, c'est dire.

On rejoint ses amis et je fronce légèrement les sourcils en reconnaissant des hommes que j'ai déjà vu le nez dans le décolleté d'une pute, aujourd'hui au bras de leurs femmes. Je ressens à la fois de la pitié pour elles, et en même temps je ne peux m'empêcher de me demander si Slavenko fait la même chose en mon absence, s'il s'affiche encore avec d'autres filles. L'infidélité semble tellement être la norme ici que je ne suis plus du tout certaine qu'il tienne à notre engagement d'exclusivité. J'essaie de ne pas laisser l'angoisse m'assaillir à ces pensées mais j'admets avoir un peu de mal à rester de marbre. Je reste collée au slave comme si ça pouvait changer quelque chose, et je fais de mon mieux pour me mêler à la discussion, qui se tient évidemment en serbe. Bon c'est bien, il faut que je m'y habitue de toute façon.

"Bien sur que non srce, tout le monde peut participer, c'est la Slava. Tu peux jouer au Baby foot si tu en as envie, même si tu sais que je t'aime beaucoup en pompom girl" En dehors de ces activités qui sont mes préférées, il y a des parties de cartes, de dés, du foot - surtout pour les gamins, qui s'amusent aussi à d'autres jeux en plein air l'arrière du bâtiment donnant directement sur un terrain vague. Il y a beaucoup d'enfants, ça peut surprendre mais la plupart des tigrovi ont une vie de famille à part quelques plus jeunes qui papillonnent encore ou des endurcis comme moi avant.

Un de mes meilleurs camarades - amis - c'est Stefan avec qui je m'entends bien et qui a un caractère plus posé que le mien. Il comprend aujourd'hui mieux pourquoi je l'ai un peu délaissé en faisant la connaissance de Nina. Sa femme à lui, Anya, est petite, blonde, vive, très amusante. Elle travaille pour un journal féminin de la capitale. Côtoyer Sonja ne lui pose pas de problème, même si elle n'est pas dupe de la nature de celle-ci. Toutes les filles du Pussynight sont présentes, car malgré leur statut étrange, ce sont des membres des Tigrovi. J'ai glissé ma main dans le dos de Nina, l'autre étant occupée par le verre que je sirote. Je connais ce genre de fête, inutile de se presser pour picoler, y en aura de toute façon trop ! Les conversations s'entremêlent et on papote d'un peu et rien, des nouvelles d'un tel, des enfants de machin, on me félicite même pour le mariage de mon père. D'ailleurs, je n'ai pas encore vu Aleksandra mais l'endroit est vaste. Je suis aujourd'hui capable de répondre avec le sourire, j'ai pris du recul sur la situation. Mon accès de jalousie puérile s'est tassée.

Et puis vient l'heure du discours de mon père et tout le monde se regroupe. Je tiens la main de Nina, mais sinon j'ai une posture qui ressemble à un garde-à-vous, très raide, attentive et fière. Il parle de notre patrie bien sur, de notre culture, de nos idéaux et on l'écoute tous avec cette ferveur quasi religieuse qui transparait dans nos yeux. C'est le même rêve qui nous unit. C'est toujours très émouvant je trouve. Puis mon père appelle les soldats qui ont des récompenses, médailles, primes, promotions, les félicitant un par un sous nos applaudissements. Et je tombe des nues quand je suis appelé à mon tour pour être nommé sergent, le grade sous celui de lieutenant.

Je sais très bien que toutes les femmes de Tigrovi -ou la plupart d'entre elles en tout cas- savent parfaitement ce que font leurs maris quand ils ne sont pas chez eux. C'est une sorte de statut quo étrange qui me dérange par son aspect profondément machiste. Ce n'est pas comme si j'étais tombée dans une communauté de libertins, je suis certaine que la plupart de ces femmes se retrouveraient dans un sale état si on les prenait, elles, à fricoter ailleurs. Il y a cette espèce de discours ridicule qui voudrait que les hommes aient besoin de se détendre et de se vider les couilles entre deux missions pour être opérationnels, et que rien de ce qu'ils font n'est grave tant qu'ils remplissent leur rôle auprès des Tigrovi et sont capables de tenir financièrement leur foyer. C'est un mode de fonctionnement que je ne peux pas comprendre, mais qui en plus m'empêche de respecter réellement ces femmes qui se laissent traiter ainsi, tout en étant elles-mêmes forcées de rester bien sages. C'est quelque chose que je méprise trop pour un jour devenir comme elles. Je ne prétends pas être omnisciente, peut-être qu'un jour je tomberais des nues en réalisant tout ce que Slavenko a fait dans mon dos, mais si c'est le cas il vaudrait vraiment mieux pour lui que je ne l'apprenne jamais.

Je crois que c'est en partie pour ça que j'aurais toujours du mal à réellement m'intégrer, mais je peux au moins tenter de passer un bon moment, sourire, répondre aux questions qu'on me pose, essayer de faire connaissance avec les autres, ce que je m'emploie à faire, un peu maladroitement sans doute, jusqu'à ce qu'il faille nous regrouper. Je ne comprends malheureusement pas l'intégralité du discours de Jelenko, mon serbe étant encore trop bancal, mais dans les grandes lignes j'ai tout de même cette impression d'être tombée dans une sorte de secte, hein, on va pas se mentir.

Je cligne des yeux, libère la main de Slavenko quand il est appelé pour être promu à son tour, et cette fois je tombe des nues. Il y a peu, il était encore rétrogradé, ils ont même failli le mettre à pied et voilà qu'il passe sergent ? Je suis heureuse pour lui, et fière bien-sûr puisque je me tue à répéter depuis des lustres qu'il n'est pas traité à sa juste valeur... Mais je ne comprends pas le raisonnement de son père. Sonja, qui s'est retrouvée à côté de nous dans la foule, presse mon bras pour me féliciter comme si c'était mon fils qui recevait un diplôme.

J'avais pas dit que la mission s'était très bien passée pour moi ? J'ai dirigé une équipe sur le terrain et elle a été plus qu'une réussite malgré un contexte difficile à l'étranger. Je sais bien que c'est pour cette raison mais aussi pour faire passer la nouvelle du petit drazavic en devenir, mon père s'assure que ses fils resteront soudés. Accessoirement, il ne sait pas que je suis revenu sur ma décision de ne pas être père. Ironie.

Je suis pourtant fier de recevoir mes nouveaux galons et je serre la main de mon père avant de rester dans le rang des nominés. Je souris, cherchant le regard de Nina tandis qu'on entonne en chœur notre hymne, celui de la RS, alors que la cérémonie se termine. J'ai les joues rouges de joie alors que je rejoins Nina que j'enlace aussitôt pour la soulever vers moi et l'embrasser, frémissant de fierté et de bonheur. Je la relâcher car des camarades me tapent dans le dos pour me féliciter et je suis soudain noyé de congratulations. Même Damir vient me serrer ma main en rigolant "plus d’insubordination Drazavic, hein ?" Et Bran que Nina connait

En bonne rabat-joie de service, je me méfie de Jelenko comme de la peste, et je sais qu'il ne fait jamais rien sans avoir une intention -de préférence mauvaise- en tête. Je ne crois malheureusement pas que ce soit seulement pour récompenser Slavenko de son dévouement sans failles, alors qu'il le mérite pourtant plus que tout. Cela dit malgré mes craintes, il suffit que je croise le regard du slave, brillant de joie, pour qu'un sourire naisse sur mes lèvres. J'ai toujours parfaitement su à quel point les Tigrovi étaient importants pour lui, et il n'a jamais été question pour moi de l'en éloigner. Je lui souris en retour, mon regard débordant de fierté parce que je sais, moi, que ce n'est qu'un juste retour des choses, parce qu'il est beau à se damner, et parce que j'aurais été dévastée de ne pas assister à une telle cérémonie maintenant que j'en connais l'issue. J'ai finalement bien fait d'insister.

J'enroule mes bras autour de son cou, l'embrasse à perdre le souffle quand il revient vers moi, fière et orgueilleuse parce que c'est vers moi qu'il vient en premier, moi qu'il a cherché dans la foule. J'ai le temps de souffler tout bas contre son oreille : Félicitations, moja duša..., juste avant qu'il ne me repose au sol pour se tourner vers ses camarades. Je reste dans son sillage tandis que tout le monde le félicite, jusqu'à ce que son frère s'approche de nous pour le féliciter à son tour. Venez, je vous offre un verre pour fêter ça ! Ce qui me fait rire, parce que l'alcool coule à flots depuis plusieurs heures déjà.

"Merci mon ange" Et puis Camenko nous rejoint et me donne une accolade et j'ai une bouffée de chaleur à sa reconnaissance et sa bonne humeur communicative. Faut pas croire, mon frère est plus gradé que moi ! C'est un des piliers du renseignement de notre organisation et il est foutrement intelligent. Alors qu'il me félicite m'emplit de joie et je ne boude pas mon plaisir après ces derniers mois de galère à tenter de concilier ma vie privée et mon taf. Peut-être bien que ça finit par payer. Je trinque à tous les verres qu'on veut bien me donner. Le diner est composé de grands buffets croulant sous des monticules de nourriture en tout genre, de barbecues dans le jardin, chaud, froid, tout est possible et même Nina avec ses restrictions alimentaires a de quoi y trouver son compte. Je me retrouve avec une assiette gargantuesque destinée à éponger l'alcool, assis à une table avec mes amis, Camenko et Nina. J'ai pu constater que Camenko avait préféré venir seul, Maggy n'est pas dans le coin, en même temps ça aurait été drôlement louche. Peut-être viendra-t-elle quand la partie boite de nuit sera opérationnelle et tout le monde sera trop bourré pour se soucier de sa présence.

En attendant, on titille Camenko qui a la pression "Alors champion, prêt pour le tournoi ?" "Je suis au top" "Tu fais équipe avec qui ?" "Avec Vlad" "Ah mais c'est pour ça que tu bois pas beaucoup et que tu essaye de saouler Cvetko ! Fais gaffe je crois que quelqu'un a eu la même idée avec ton co-équipier" "Quoi ? VLAAAD !!! Lâche ce verre jebote ! " Et Camenko de partir comme une flèche sous nos éclats de rires. Et au milieu de ce joyeux bordel, je veille à ce que Nina mange "tiens goûte ça mon ange, c'est une spécialité, y a pas de viande dedans..."

Je ne suis pas mécontente de m'asseoir à table, non pas que je sois déjà fatiguée mais depuis notre arrivée je suis debout et avec mes talons, piétiner sur place donne rapidement mal aux jambes, ce serait moins inconfortable de marcher, en fait. Je suis plus à l'aise qu'à son anniversaire parce qu'avec le monde qu'il y a, j'arrive facilement à éviter son père, et je n'ai même pas encore croisé Mirko, ce qui est surprenant d'ailleurs. J'écoute tout le monde parler autour de moi, en essayant de m'imprégner de la langue et de suivre les conversations comme je peux, mais de temps à autre Camenko parle en anglais, sans doute parce qu'il est encore suffisamment sobre pour penser à moi.

Je suis plutôt soulagée parce que je n'ai pas la nausée ce midi, et comme je ne bouffe pas grand chose en ce moment -et ce que je mange je finis par le rendre- je suis affamée. J'ai déjà une assiette pleine sous le nez quand Slavenko, l'air de rien, tente de me faire grignoter quelque chose. Je souris, prends ce qu'il me donne pour le goûter. Bon sang tout est super bon. Y a pas à dire, on mange globalement mieux ici qu'aux USA, encore qu'en Louisiane on sait bien cuisiner, et à NY on se débrouille parce que des gens viennent de tous les pays ouvrir des restos chez nous. J'embrasse mon mari sur la joue en prévenant : Je meurs de soif, je vais me chercher quelque chose, tu veux un autre verre ? Il a déjà beaucoup bu m'enfin il est serbe, son sang est à moitié composé de vodka, je ne m'inquiète pas pour lui.

Je m'éloigne vers la table où se trouvent toutes les boissons, et j'y trouve Aleksandra qui se sert un verre de jus de fruits. Elle me reconnaît aussitôt et s'empresse de prendre de nos nouvelles, à Slavenko et moi.

Je hoche la tête avec véhémence, pas du tout décidé à rester sobre puisqu'en fait au pire, si je suis trop déchiré, soit on dormira ici, soit Nina conduira pour rentrer. Y a des cotés pratiques. Camenko revient en pestant contre son co-équipier, mais on voit bien que c'est de la blague. Il reprend sa place et on papote encore. Je vois Nina avec la femme de mon père tandis que ce dernier nous rejoins et pose sa main sur mon épaule. Je lève le nez pour le regarder tandis qu'il parle à nous tous en demandant si tout va bien. Quand il veut, il est un hôte attentif et il a un mot pour chacun et chacune. "Où est ta fiancée ?" "Avec ta femme, là-bas au buffet. Je n'ai pas encore vu mon oncle.""Il est arrivé, il s'occupe du barbecue dehors. Tu devrais aller le saluer." "Oui j'y vais, Cam, tu diras à Nina que je suis dehors ? Je reviens" Je me lève et pose ma serviette pour aller dehors. Tant mieux, je pourrais fumer ma clope en même temps. Pendant ce temps, mon père rejoint son épouse enceinte et donc Nina à qui il demande aimablement "tout se passe bien pour toi Nina ? La préparation du mariage avance ? "

On ne peut pas reprocher à la femme de Jelenko d'être froide, bien au contraire. Elle est terriblement jolie, bien qu'encore plus jeune que moi, mais je trouve qu'elle manque cruellement de charisme. Elle a un côté trop naïf, trop innocent qui aurait le don de m'agacer, mais je ne peux m'empêcher de me demander si ce n'est pas une façade, un rôle qu'elle joue. J'imaginais Jelenko avec une femme de caractère, mais il faut croire qu'il les préfère dociles et sages, sans doute est-il aussi autoritaire dans sa vie privée qu'avec ses hommes. En tous les cas, elle est on ne peut plus souriante, et prévenante également. Sous sa robe légèrement ample, son ventre passe absolument inaperçu, et je ne sais pas s'ils ont déjà annoncé officiellement sa grossesse ou non.

Je n'ai cela dit pas le temps de lui poser la question, parce que son mari nous rejoint. Doucement mais sûrement, oui, l'organisatrice s'occupe de tout. Il hoche la tête d'un air satisfait, et pose une main sur le dos de sa femme. Comme je suis d'humeur affable aujourd'hui, je me risque même à un compliment : En parlant d'organisation, la fête est réussie, tout comme ton discours d'ailleurs. J'ai abandonné l'idée de le vouvoyer, il m'a trop manqué de respect par le passé, et puisqu'il me tutoie encore, je prends la libeté de faire de même.

Voilà de quoi attirer un sourire patriarcal de Jelenko que le tutoiement ne semble pas le déranger le moins du monde.  "Merci, c'est important pour les hommes d'avoir ce genre de fête.  La Slava resserre les liens autour de l'essentiel. La Famille. St Jervis a deux fêtes dans l'année. A la prochaine, en Novembre, j'aurais un nouveau fils à présenter. " Il sourit à sa femme d'un air entendu même si elle cille visiblement sans oser reprendre son époux qui poursuit "Ah tant mieux pour le mariage. Il est temps de fixer une date, on attend tous de la connaitre avec impatience. N'est-ce pas ljubavi ?" "oui, j'ai tellement hâte d'y assister !"

Dehors, je salue mon oncle aux prises avec les enfants et les chipolatas qui grillent. Je ris en le voyant essayer de contenter cette nuée de piafs affamés et voleurs. Il est en bras de chemise, dans une tenue bien plus décontractée que moi ou qu'à l'accoutumée. "Mirko, te voilà transformé en cuistot ?" "Oui, je le fais pour ton père, ces gamins vont me rendre fous ! Tu es seul ?" Ah la question. J'esquisse un sourire en coin "non, ma femme est à l'intérieur avec Aleksandra. Charmante jeune femme d'ailleurs." "oui,ton père a toujours eu du goût en matière de femme. Je ne lui disputerais pas ce don !" Je taquine Mirko avec un air amusé "et toi mon oncle, personne en vue ?" "Oh Dieu m'en garde ! Un divorce m'a suffit !" A la mort de mon cousin, la femme de mon oncle lui a beaucoup reproché et ça s'est soldé par une séparation. "Tu veux une merguez ou des saucisses." "Allez va pour une merguez dans du pain."

Je souris d'un air entendu. Je sais, oui, Slavenko m'a expliqué. Il semblerait que ce soit difficile à croire pour certains mais je fais réellement de mon mieux pour m'intéresser à leurs traditions, et d'ailleurs je l'ai toujours fait. Dès que Slavenko et moi nous sommes rencontrés, j'ai été curieuse d'apprendre sa langue, j'ai toujours posé beaucoup de questions, et s'il n'avait pas été en conditionnelle à l'époque, j'aurais demandé à l'accompagner à Sarajevo bien plus tôt. Je fronce le nez, marquée par sa façon de parler du bébé à venir, exactement comme le fait Slavenko en fait, c'est-à-dire en partant du principe que c'est forcément un garçon. Mais si elle est à quatre mois de grossesse, ils connaissent peut-être déjà le sexe pour de bon, aussi je demande : Oh, vous savez déjà que c'est un garçon ? Jelenko a soudain un sourire fier, assuré, très loin du visage angoissé de son épouse, qui répond tout bas : Les médecins ne se sont pas encore prononcés mais... Son mari la coupe aussitôt. C'est un garçon, je le sens. J'acquiesce d'un air entendu, nullement surprise, et à dire vrai je ressens exactement la même pression sur mes épaules. Je leur souris une nouvelle fois en promettant : J'ai rendez-vous vendredi avec l'organisatrice, on devrait fixer une date. Je vais en tout cas faire en sorte que ce soit le cas, les gens ont besoin de s'organiser.

Je m'excuse auprès d'eux pour partir à la recherche de Slavenko, mais je ne le trouve pas tout de suite et son frère s'est précipité sur le baby-foot, je n'ose pas aller le déranger. Je déambule donc, et finis par sortir pour le voir avec son oncle près du barbecue. Je prends une profonde inspiration et me décide à le rejoindre, ce qu'on ferait pas par amour, j'vous jure ! Je me glisse près du slave, esquisse un sourire en saluant son oncle. Tiens, j'étais étonnée de ne pas t'avoir encore croisé.

Comme c'est un moment familial que personne n'oserait ternir -même pas Mirko - sous peine de représailles de la part du Commandant, mon oncle répond en me donnant mon sandwich à la merguez brulante "Je suis arrivé pendant la cérémonie, je suis parti un peu tard de Banja Luka. Heureusement juste à temps pour te voir Svenko. C'est mérité." Je m'épanouis sous le compliment inattendu de mon oncle. "Merci mon oncle" "Tu dois être fière Nina, te voilà fiancée avec un sergent, bientôt lieutenant j'en suis convaincu." Je suis assez soulagé du ton affable de mon oncle en ce jour de fête. A tel point que armé de sa pince, il demande même à Nina en retournant la viande "Tu veux une merguez ou une saucisse ?"

Plus loin Stan m'interpelle "Svenko, on va tirer quelques cartons, tu viens ?" Je demande à Nina du regard, instinctivement avant de répondre "ouai, on arrive. Deux minutes Stan." Je me tourne vers Nina "j'espère qu'au moins ils ont de la vodka, tu as oublié mon verre srce ! " "Alors ça tu peux compter sur tes camarades !" "A tout à l'heure mon oncle"

J'enlace Nina en nous éloignant mais je marque une pause pour embrasser son cou d'un baiser sauvage. "tu sens bon"

Je hoche la tête aux paroles de Mirko, et je presse le bras de Slavenko de ma main en me rapprochant encore un peu de lui. J'ai toujours été très fière de lui. J'étais fière d'être à son bras quand il était simple soldat dans le Bronx, quand il se contentait de surveiller les putes des cabines, ou quand il a pris la tête du Klan. J'ai toujours été fière de porter son nom, et même lorsqu'il me blessait, je n'ai jamais laissé personne dire du mal de lui. Slavenko prétend toujours ne pas avoir d'autres ambitions que celles de servir les Tigrovi, il dit qu'il ne cherche pas à monter en grade, pourtant j'ai bien vu la fierté, la joie dans son regard tout à l'heure. Merguez, s'il te plaît. Il hoche la tête et me sert un sandwich, tandis qu'on appelle Slavenko un peu plus loin, ce dont je ne suis pas mécontente.

Je frémis toute entière quand il m'enlace, glisse ses lèvres dans mon cou. Je soupire contre sa tempe : Tu sens la vodka... J'ai les deux mains prises, l'une par mon sandwich -que je ne mangerais pas- l'autre par mon verre, et je ne peux que lever les yeux vers lui pour réclamer sa bouche. Je lèche doucement ses lèvres, mon cœur s'emballant. Humm et ta langue a un goût de vodka... Je ne peux pas boire, alors je compense comme je peux, hein ! Je soupire plaintivement en mordillant sa bouche. Je t'ai déjà dit que t'étais trop sexy dans cette tenue Slavo ? Ça va être une torture d'attendre d'être à la maison...

J'ai un rire mâtiné de soupir amoureux contre la bouche de Nina "Humm srce, ok c'est la vodka qui te plait en fait ? volim te." Je l'enveloppe dans mes bras, mes pieds de chaque coté des siens pour me coller contre elle. Je gronde tout bas "tu m'auras tout à toi à la maison moj andjeo...en attendant, essaye pas de me déconcentrer pour gagner au tir !" Je prends ses fesses dans une main et les presse fort en représailles avant de la relâcher dans un rire. Elle ne peut pas se défendre ses mains sont prises par la bouffe. "viens, rejoignons les autres" Malgré le désir toujours grondant dans le creux de mon ventre, de mes reins, je n'ai pas envie d'aller sauter Nina dans un coin. Trop de monde, d'enjeux aussi, c'est une journée famille et je la pose là comme ma fiancée, ma femme; pas une nana que je trousse à la va vite dans un dortoir. même si j'en ai envie. Heureusement qu'elle a mis un jean !

On arrive au "stand" de tir qui consiste en une cible à plusieurs mètres. Son père fait tirer le "petit" Bran - pour le différencier du lieutenant qui es aussi présent - sous les conseils des adultes. Ça se chamaille pour savoir comment il vaut mieux tenir son armes, détails techniques fallacieux et explications bancales mélangées avec de la mauvaise fois. "Qui participe ? 10$ le pot, raisonnable" au milieu des moi qui s'enchainent, je prends mon tour "Moi, et Nina, humm tu veux srce ? Tu seras pas obligée de faire la pompom girl comme ça." Quelqu'un demande "C'est à quelle heure le tournoi de baby foot ?" "Pas tout de suite, il sont en train d'essayer de faire décuver Vlad" Un salve de rire et la bouteille de vodka passe alors que je m'allume une clope en prenant un flingue sur la table du stand de tir.

Je secoue la tête dans un sourire amusé, frotte doucement mon nez contre le sien. Non... C'est toi au goût de vodka... Je ne buvais que très rarement de la vodka avant de le rencontrer, et depuis cet alcool me fait inévitablement penser à lui. Je soupire d'aise, de bien-être, brusquement apaisée quand il m'enlace, me ramène contre lui. Dans ce genre de rassemblements, les gestes tendres qu'il peut avoir envers moi sont trop rares, et il faut généralement qu'il ait un peu bu pour se laisser aller. Quel est l'intérêt de venir jouer les pompom girls si je n'ai pas le droit de te déconcentrer...? Moi non plus, je ne voudrais pas qu'il m'entraîne à l'écart maintenant, on sait bien que de toute façon je ne me sens pas suffisamment à l'aise ici et encore moins en présence de sa famille. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir envie de lui, et surtout d'avoir envie qu'il le sache. Le désir qui nous lie est familier, rassurant, et je peux parfaitement me contenter de la promesse de délices à venir quand nous serons rentrés.

On rejoint donc ses camarades et je suis surprise qu'il me propose de participer. Bien-sûr j'en ai envie mais comme il me traite comme si j'étais en sucre depuis qu'il sait que je suis enceinte, je ne pensais pas qu'il me laisserait toucher une arme à feu ! C'est bien, ça veut dire qu'il a suffisamment confiance en mes capacités pour savoir que je ne me blesserais pas avec... Ou alors il est trop saoul pour y penser mais sa résistance à l'alcool est d'ordinaire plutôt bonne, alors je ne saurais dire. Ça marche, je participe aussi alors. Je souris, toute contente à l'idée de pouvoir manier un peu la gâchette, j'aime beaucoup tirer et ça fait longtemps. Je me penche vers le slave, m'appuie sur son bras en demandant tout bas : Tu me choisis une arme, mon amour ?

Code:

Nina D12 = 26

​Je laisse à Slavenko le soin de choisir mon arme, j'ai eu le temps de reprendre des cours de tir quand il a quitté New-York, et j'ai toujours eu une certaine facilité dans le domaine, mais je ne m'y connais toujours pas suffisamment en armes à feu. Je sais les manier, et je sais bien tirer, je ne me débrouille pas trop mal pour les nettoyer également, en revanche pour ce qui est de les choisir ou même de connaître les caractéristiques de chacune... Je ne pratique pas assez souvent pour ça. Je récupère donc le Beretta en toute confiance, Slavenko me connaît trop bien pour se tromper, même ivre. Je lui abandonne mon sandwich au passage, et je sirote quelques gorgées de jus de fruits pendant que les autres tirs. Slavenko n'est pas très bon, ce qui me fait sourire parce que je sais que c'est en partie à cause de l'alcool. Je sais très bien ce qu'il vaut dans ce domaine, et comme je l'ai dit tout à l'heure, je suis toujours fière de lui. ​

​Je cille en voyant Bran tirer à son tour, et intérieurement je crois que je prie pour que notre bébé soit une fille... Si c'est un gars, je vais devoir me battre pour qu'il ne soit pas mêlé à tout ça. Quand vient mon tour, j'ai la pression parce que je ne veux pas me ridiculiser ou être qualifiée de "mignonne", et Slavenko en rajoute en plus ! J'ai intérêt à assurer ! Je pose mon verre et me concentre pour tirer, ça fait quelques temps que je n'ai pas touché un flingue mais il semblerait que je n'ai pas tant perdu. En fait, je fais même mieux que Stan, et je ne peux réprimer un sourire lorsque je me tourne, je sais que Slavenko ne sera pas dupe de mon regard bien trop fier, même si j'essaie de donner le change. J'ai droit à une exclamation admirative, et moqueuse à la fois. Putain Svenko, ta femme tire mieux qu'toi !
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Je ne retiens même pas mon souffle, j'ai confiance en Nina. Je la regarde faire en buvant un verre qu'on m'offre, je crois que c'est Stan. Je ris de la tête qu'il fait quand Nina fait quasiment carton plein. Elle fait presque aussi bien que Stefan autant dire que ça laisse tout le monde sur le cul. Le gamin dévisage Nina comme si elle était une justicière sorti d'un comics. Je souris avec fierté en attirant Nina contre moi "qu'est-ce que tu crois, bien sur qu'elle tire mieux que moi. C'est une tigresse ma femme. C'pour ça que je l'épouse." et parce qu'elle est hyper sexy aussi surtout quand elle tire aussi bien. Le désir rugit avec force en moi, j'aime la sensation. Quelqu'un tend un verre de vodka à Nina mais je l'attrape au vol pour le boire cul sec. "Hé essaye pas de bourrer la gueule de ma femme pour qu'elle tire moins bien." Après j'embrasse Nina avec passion - pour partager mon gout de vodka ! - en me fichant des rires et des sifflets qui jaillissent, bientôt détournés par le fait que le tournoi de Baby foot va commencer. "tu voulais pas jouer srce ?"
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