Dans chaque croissant se cache un petit dragon qui sommeille. || Alyosha

Au missions banales et semble-t-il sans but du jour ont succédé celles de la nuit ; éphémères, plus épicées et croustillantes, faites de gonzesses, de petits trafics mafieux qui ont rappelé le bon temps Américain quelque soit la période à laquelle on se rapporte. La soirée a été plus tranquille que d’habitude ; la Lanterne Rouge brille encore dans tes souvenirs, et tu te demandes ce qu’est devenue Giovanna. Regagnant l’appartement miteux où tes quatre clebs se battent en duel, tu n’y restes que le temps de les choper et de foutre le bordel dans la cage d’escalier avec leur course. Le froid polaire en ce mois de Février t’effleure à peine, c’est tout juste si tu passes une écharpe pour te donner l’illusion d’avoir chaud. Pas de course vespérale ; il est deux heures du matin passées et Sarajevo comme beaucoup de villes dont on ne connaît pas tout à cette heure, semble dormir d’un sommeil léger prêt à être tranché d’un pétard.

Moon reste pour une fois bien sagement près de tes chevilles, Mar et Gaea, les filles, chassant les flocons de neige trop gorgés d’eau pour ressembler à quoi que ce soit, que pleure un firmament au visage plongé dans des mouchoirs de nuages. Ragnarok cependant fait soudain claquer ses griffes sur l’asphalte des berges, et part en avant dans une course effrénée comme si t’avais lancé un bâton magique à rattraper.

Je regarde mon chien folâtrer, faisant office de garde du corps d'un calme absolu à Sanzam. Bien sûr que je suis le genre de mec qui sort mon chat il a bien le droit lui aussi de voir l'extérieur non ? Elevé avec Sobaka, mal sevré, et faisant preuve à la fois d'un trouble de l'attachement massif et d'une capacité à me croire sa mère indéfectibles, Sanzam n'ira de toute manière pas bien loin, c'est pour ça qu'il n'est équipé que d'un collier qui se perd dans sa fourrure rousse épaisse.
Il se rapproche du sol dans un geste de peur en entendant un cliquetis de petites griffes pas félines celle-là, se cachant derrière Sobaka...
Qui remue la queue un peu sans savoir quoi faire.

Et moi je récupère Ragnarok alias « petit caramel oh oui moi aussi je t'aime » qui me saute dessus dans son aboiement typiquement aigu.

« Aaaw mon petit cœur bonjour ! Comment ça va toi ? »

Il fait la fête tellement heureux qu'il ne sait plus où donner de la tête ; il veut que je le caresse, il veut que Sobaka le salue aussi. Ils sont restés longtemps ensemble et s'entendaient super bien, quand je vivais en Norvège chez Niilo.
Mais alors du coup ça veut dire que ?...
Sanzam crache et comme Ragnarok s'est éloigné pour aller courir avec Sobaka, les deux pleurant de joie, il me grimpe sur les épaules en voyant trois autres chiens bien plus grands.
Moi, mon cœur s'arrête en voyant le propriétaire des chiens ; est-ce que ça y est je fais une dépression et j'ai des visions ?
Ou est-ce que c'est ce fichu destin qui a décidé de bien se marrer encore une fois ? … J'ai un rire, l'habituel, qui sonne dans la nuit :

« Eh ben, si je m'attendais à te voir ici. Comment ça va ? »

Captant le chat, l’œil aiguisé de Moon se dilate et il part en avant à son tour : fort heureusement sa progression est brutalement stoppée par le mouvement que tu imprimes sur sa laisse. Piégé dans son harnais, la petite boule de poils n’a d’autre choix que de s’épancher en aboiement presque aussi aigus que ceux de Ragnarok et qui dans sa nature de chiots, évoquent surtout de petits éternuements désespérés.

« Moon, ici ! »

Obéissant, il pose son cul sur le sol mais sa queue continue de battre et ses aboiements ne faiblissent pas. Il va faire faire des cauchemars aux poissons, que diable. Marran et Gaea, méfiantes, choisissent de rester en retrait, immobiles. Ragnarok se roule par terre avec un chien qui ne peut en être qu’un seul sur cette maudite terre, tandis que ton propre regard monte jusque sur Alyosha.
Son rire ébranle toute ton âme.

« Je peux pas dire que je suis complètement étonné, tu m’avais dit que tu visitais les Balkans. Je pensais pas te retrouver dans un endroit aussi froid, par contre. »

Ta voix tremble légèrement, et ce n’est pas du tout à cause du froid.

« Moon. » plaques-tu, fermement, pour te redonner contenance. Moon avale son dernier aboiement et éternue réellement cette fois, avant de se tenir presque tranquille, ne laissant échapper de ses dents qu’un modeste grognement d’avertissement.

« Ca va. Tu n’as pas changé. Ca fait quoi, deux ans ? »

Sanzam se colle à moi tout en crachant sans doute bien content que je fasse un mètre quatre-vingt ça fait toujours ça entre le vilain chien qui lui aboie dessus et moi. Sobaka est oublieux du monde tout à sa joie de retrouver Ragnarok, et moi j'ai le regard aimanté par la silhouette de Niilo ne m'agaçant même pas qu'il mette tant de temps à faire taire sa peluche.
Il a toujours cet air de viking qui résisterait à une fonte glaciaire, et je me rappelle suffisamment bien de son corps pour pouvoir le dessiner en surimpression sur ses vêtements ; mais c'est vachement moins joli qu'en vrai.
Il se rappelle de ce que je lui ai dit avant de foutre le camp, quelque chose dans mon ventre se tord entre l'angoisse & l'espoir, un sentiment très curieux. Est-ce qu'il est venu parce que c'est les Balkans ? Qu'est-ce qu'il fiche ici d'ailleurs ?

« Je me suis arrêté ici finalement, je vis à Sarajevo. Il fait effectivement beaucoup trop froid pour moi. »

Mon œil pétille, frise, terminant ma phrase à ma place ; avec lui comme chauffage d'appoint je n'avais pas froid en Norvège. Je hoche de la tête, m'approche avec Sanzam qui enroule sa queue touffue autour de ma gorge.

« Oui, à peu près. Je suis content de te revoir ! »

En fait j'aimerais bien l'embrasser, mais dans la rue ça ne se fait pas, et pas sans demander la permission.

« Qu'est-ce que tu fais là ? T'es venu me rejoindre ? », je plaisante, incapable de fermer ma grande gueule.

Tu hausses les sourcils.

« Tu vis ici ? » échappes-tu dans un rire.

Le rire est amer ; quitte à vivre quelque part où il caille beaucoup trop pour sa petite nature de russe tout sauf isotherme, pourquoi il n’est pas revenu te voir ? Pourquoi il s’est pas re-casé dans cette routine qui semblait lui convenir même si elle a fini par devenir chiante ?
Ton estomac se crispe : oh.
C’est probablement parce qu’il a trouvé la douceur chaude de quelqu’un d’autre ici.

Ca fait deux ans, merde ; à quel moment les choses auraient pu se figer pour demeurer exactement comme vous les avez laissées… ?

« Moi aussi, ça fait plaisir de croiser un visage connu. J’ai rarement vu ville plus hostile que celle-ci. »

Ton ventre se détend. Votre séparation a été...bizarre mais nécessaire ; les retrouvailles sont tout aussi cheloues, à vrai dire. Gaea grogne quand Alyosha s’approche, tu l’interromps d’un claquement de langue. Marran s’assied à son tour, ses belles oreilles d’un blanc pelucheux dressées dans la nuit opaque. Ton rire se joint au sien.

« Pour venir te rejoindre fallait que je sache où tu étais. Nan j’ai lâché la marine il y a un peu plus d’un an et je me suis engagé dans la Croix Rouge. On a envoyé ma division ici, je suis là pour quelques temps, les ordres traînent et le climat ici est...Enfin je suppose que tu sais tout ça. »

Tu te fais la réflexion que ça fait longtemps que vous avez pas enchaîné tous les deux des phrases aussi longues. Ici ce n’est pas New-York, on peut pas baiser tranquillement dans la rue quand on a plus rien à dire.

« Il est beau, ton chat. »

Je ne saisis pas bien les implications de ce rire bref qui pourtant veut sans doute dire bien des choses ; je me justifie, à moitié, et un peu connement :

« Ouais ça coûte cher de voyager alors... et puis j'ai repris des études, qui me plaisent, donc je suis ici. »

Rentrer en France n'était clairement pas envisageable. Je fais quelques pas même si Niilo a l'air d'avoir interrompu la promenade, les chiens que je ne connais pas mais qui ont tous un air de ressemblance avec le renard me suivant attentivement du regard. Moi, ou bien Sanzam qui ne fait plus aucun bruit ses griffes plantées dans mon manteau.

« Ouais au début ça surprend, on s'y fait tu verras. »

La sentence tombe comme un couperet froid ; s'il en avait eu quelque chose à foutre, il serait peut-être venu pour moi, c'est comme ça que je le comprends. Je suis suffisamment grand toutefois pour savoir que les situations ne sont pas soit toutes blanches soit toutes noires et je sais que je n'aide pas avec mon comportement stupide. Je précise dans un sourire :

« Mais moi je suis pas uniquement content de te voir parce que la ville est hostile. »

Sanzam pose son regard doré sur Niilo quand il dit « chat » parce qu'il a bien compris que c'était de lui dont il s'agissait :

« Je l'ai récupéré tout bébé il n'était pas sevré. Depuis il pense que je suis sa mère. Et toi t'as adopté une meute avec le temps, comment ils s'appellent ? Viens, je vais te montrer la balade que je fais avec Sobaka.
La Croix-Rouge, hein ? Sexy. Pour le coup ça fait vraiment chevalier sans peur & sans reproche. Tu me montreras ton uniforme ? »

Oh non, jouer l'innocence ça m'a jamais été au teint...

« Carrément. Wow, tu as changé, en fait. »

La phrase flotte un instant dans l’air sans qu’on ne sache si la remarque est un compliment ou non. Tu ne cherches pas à la traduire, pas plus que tu ne cherches à ajouter une réciproque à sa précision sur vos retrouvailles. Oui, toi aussi tu es content de le revoir pour d’autres raisons, c’est juste que dans cette ville on n’embrasse pas quelqu’un du même genre que soi en pleine rue sans en subir les conséquences et...La dernière fois qu’une longue période de temps a séparé deux rencontres entre vous, Alyosha s’était marié alors qui sait.
Il habite durablement quelque part et il a repris des études, il a peut-être casé quelqu’un dans sa vie aussi, tant qu’à faire.

Tu acquiesces quand il propose de te montrer la balade qu’il fait avec le sempiternel Sobaka, lequel après la Norvège, encaisse semble-t-il la froideur des hivers Balkans sans rechigner. Tes chiens se remettent en mouvement et Ragnarok revient vers toi avec un bâton que tu lui lances, pour reprendre les bonnes vieilles habitudes.

« Elles deux, c’est Marran et Gaea ; elles viennent des élevages de mon oncle qui vit dans le grand nord de la Norvège. Et le petit emmerdeur là, c’est Moomin, Moon. Il est pas facile à dresser mais je suis tombé sous son charme. »

Ton regard de glace glisse sur sa remarque ambivalente au sujet de tes nouvelles activités.

« Je n’en ai plus vraiment, désolé de te décevoir. Tu crèches où alors ? Près de la faculté, j’imagine ? »

Ça, je ne pense pas que c'était un compliment genre « wow c'est bien tu avances dans la vie », je pense plus qu'il se dit qu'il y a deux ans j'étais incapable de ce genre de réflexion ; et c'est absolument vrai.
J'étais le mec capable de tout quitter parce que mon crush du moment partait en Norvège. Je n'ai reposé le pied aux USA que pour attester devant un avocat que Julian avait raison et que je voulais moi aussi l'annulation du mariage. J'ai même jamais revu les gens de la Lanterne, amis comme ennemis, j'ai tout plaqué je me suis tiré, bref, j'ai disparu.
C'est trop le genre de trucs que font les gens raisonnables qui font des études, je suppose. Je fais la moue :

« Ah, dommage, tu portes vraiment bien l'uniforme, j'en ai des souvenirs précis. Une vraie honte. »

Sobaka en bon chien de chasse part devant de son petit trot élastique, la fourrure ébouriffée par le vent nocturne, et moi je regarde les chiens de Niilo des fois que l'un ait l'idée de s'attaquer à mon chien. J'aimerais lancer un objet à Ragnarok mais je m'imposerai plus tard, Niilo me sort le coup de l'iceberg.
Sanzam se pelotonne un peu mieux sur mes épaules.

« Ils sont vraiment beaux, et celui-là a l'air d'une petite teigne. Non j'habite dans le quartier commerçant au-dessus d'un bureau de tabac, j'vends des clopes quand j'ai pas cours, et quand j'ai pas cours et j'vends pas de clope, j'fais des strip au Pussynight. Tu peux passer m'voir quand tu veux. »

« Merci. » lui réponds-tu avec un léger sourire.

Toi aussi tu en as des souvenirs précis, d’anciennes photos mais surtout des flash d’Alyosha te montant dessus, les épaules drapées de ta veste trop grande comme un plumage d’oiseau majestueux.
Ragnarok se rapproche de toi, bâton bien enfoncé dans la bouche et le laisse tomber à tes pieds. Tu le saisis pour le lui relancer dans l’obscurité et il part comme une bombe, glissant sur une plaque de verglas qui se forme là. Moon tire sur sa laisse avec un couinement triste.

« Non Moon tu restes avec moi. »

Il serait trop facile de te piquer dans le noir cette magnifique petite bête. Tu relèves le regard vers Alyosha dans la jolie bouche de qui même les banalités sont intéressantes.

« Toujours cette manière d’occuper ta vie pour ne jamais t’emmerder. » commentes-tu. « Je connais, j’y travaille des fois. J’ai repris des missions de garde du corps de temps en temps. Y’a moyen qu’on se croise de temps en temps. Tu n’as pas oublié les bonnes habitudes, c’est cool. »

Tu lui jettes un regard amusé.

« Tu t’es remarié ici alors ? » ricanes-tu.

Il accepte mon compliment ce qui est une bonne chose ; quand il fait le glaçon comme ça, ça n'est pas garanti on est surpris parfois du point auquel il peut faire la tête quand il veut. Le souvenir fuyant d'une veste au tissu lourd & solide drapée sur mes épaules pour ne pas que je chope la mort à lui tailler une pipe glisse, s'évanouit dans les ténèbres de la nuit serbe.
J'y repenserai plus tard quand j'aurais besoin de me passer des souvenirs cools, dans ces moments difficiles où j'essaie de me persuader dans le noir de ma chambre que la vie vaut la peine d'être vécue parce que j'en ai quand même gardé de bons souvenirs.
Le bébé chien se fait remarquer et je baisse le regard sur lui, me mordant la lèvre.

« Il est trop mignon. Il a quel âge ? »

J'aime les animaux ; à peu près tous ! Mes moyens réduits m'obligent à revoir à la baisse mes ambitions de possession d'environ mille bestioles si je pouvais, et le petit Moon a tout ce qu'il faut pour me plaire avec sa bouille de chiot et son pelage qui a l'air trop doux.

« Oh cool, j'te ferai un show alors », je propose sans trop me mouiller, et sans même hausser des épaules puisque Sanzam est couché dessus.

Je ris, sans y penser, mécaniquement comme quand on parle d'une bonne blague qui n'est qu'une répétition creuse. L'histoire du mariage avec Julian ne m'a jamais vraiment fait rire déjà parce qu'à la base c'était une bêtise, ensuite parce que ça a fait du mal.

« Nah j'ai évité, je suis sage depuis que le mariage a été annulé. Enfin, sage », je lève les yeux au ciel : « j'évite les lieux où on peut se marier quoi. »

« Six mois seulement, je sais qu’il fait beaucoup plus mais il est voué à devenir mastoc. Je suis dur avec lui dès maintenant, c’est pas quand il fera soixante-dix kilos qu’il faudra que je me soucie de le contenir. » fais-tu remarquer en jetant un regard un peu lourd au chiot qui semble le sentir car il baisse la tête vers le sol, faisant mine de renifler sagement ce dernier.

Tu souffles très légèrement quand il propose de te faire un show, en apparence indifférent à la proposition. La dernière fois qu’un de ses spectacles avait une vocation intimiste, il s’est terminé par une sentence vachement lourde concernant son boulot d’acteur porno. Mais c’est un bon souvenir.
Malheureusement pour ta contrariété spirituelle, c’est un bon souvenir.
Comme si les lois du pays étaient taguées sur les murs des berges – il y a bien des tags sur les berges mais pas sur les lois de la ville – tu regardes autour de toi sans vraiment voir ce qui t’entoure quand il lève les yeux au ciel.

« Oui j’ai cru comprendre qu’il fallait être un peu...discret ici, quand on était pas dans la norme. »

Et pour quelqu’un qui vient d’un des pays les plus avancés matériellement et socialement du monde, c’est pour l’instant un peu difficile à encaisser. Jusqu’à ce soir tu espérais te casser le plus vite possible.
Maintenant c’est un peu différent.

« Ca doit pas être toujours facile pour toi. » commentes-tu finalement avant de te baisser pour prendre Moon dans tes bras ; sa jeunesse lui confère des pattes encore fragile que le froid cisaille, et tu n’as pas très envie de voir la gueule des dispensaires de cette ville du tiers monde.

Son chien fait effectivement plus vieux et il risque bien de finir par être le plus gros de la meute, encore que y a que Caramel qui soit de taille réduite – enfin connaissant l'animal il est bien capable d'être le chef de toute la meute parce que c'est lui qui a toujours raison. Je prends la liberté, vu que Niilo a les bras encombrés par le chiot, de lui lancer le bâton.
Sobaka me jette un regard en coin – toujours pas compris le jeu – et reprend sa route alors que la fusée orange lévite par-dessus le goudron dans sa volonté d'aller me chercher le bâton.

« Tu as bien compris, oui il ne fait pas très bon ne pas être hétéro. Mais bon, dans le monde de la nuit, ça passe un peu mieux, et puis comme je suis de toute manière un étranger, ça va encore. Suffit juste de faire gaffe où on met les pieds finalement. »

Je me mords la lèvre, tourne le regard vers lui. Sanzam me fait une écharpe de poils roux, considérant avec un mépris tout félin le chiot dans les bras de Niilo. Et j'incline le visage, légèrement, le regard pétillant de nouveau.

« Oh je veux bien que tu me défendes si tu travailles au Pussynight, j'adorais quand tu faisais ça. »

Intenable, oui c'est le mot.

« Un étranger, certes, mais j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de russes dans le coin. Pas super bien accueillis d’accord, mais on en trouve facilement. »

Dans ta bouche ça pourrait clairement sonner comme une insulte, tant la remarque est formulée comme si tu cherchais de la drogue ou un quelconque légume. Tu hausses simplement les sourcils quand il te regarde en se mordant la lèvre ; le message est clair mais tu ne saurais le satisfaire pour des raisons qui – à toi en tout cas – semblent évidentes.
Si tu lui en veux d’avoir foutu le camp ?
Bien sûr.

Tu baisses le menton contre Moon qui malgré le froid, profite de la position pour commencer à somnoler. Aucun de tes chiens ici présents ne peut se vanter d’avoir l’énergie de Ragnarok avec lequel ton ancien amant joue naturellement. Ton petit Caramel revient, hésite entre vous deux, et pose finalement son bâton devant Alyosha, la langue pendante, son éternel sourire de spitz tranchant ses poils en éruption. Ton nez caresse la tête de Moon et tu le frottes derrière son oreille, là où la peau se recouvre d’un duvet quasi imperceptible d’une douceur de paradis.

« Volontiers. » réponds-tu dans un sourire caché dans les poils du chien. Moon s’alourdissant dans tes bras, tu te redresses. « Je vais devoir y aller, ce gros s’endort comme une masse. »

J'ai un petit bruit qui ressemble à de la désapprobation ; Niilo a cette manie de croire que je suis n'importe quel russe, alors que pas du tout ! Je lui rappelle alors que Sanzam chauffe mon cou de sa réconfortante chaleur animale :

« Je ne suis pas le russe de base. Je suis noble et j'ai vécu en France, d'ailleurs malgré l'accent je crois qu'on me prend plus pour un français ici. »

ça ne me dérange pas les français ont une réputation dégueulasse qui colle assez bien à la mienne et au final, eh bien j'aime bien au final même si je fais parfois genre que ça me saoule. Il ne réagit pas beaucoup à mes avances, et je ne peux pas m'empêcher d'être déçu mais genre vraiment bien plus déçu que ce que je suis d'habitude dans ce genre de circonstances.
Même pire, il se barre.
Je fronce des sourcils, vaguement dérangé ; eeh la dernière fois qu'on s'est parlés – l'aéroport ne comptant pas parce que c'est trop triste d'y penser –, on s'entendait mieux que ça.

« Il est petit encore. Tiens Ragnarok. »

Le chien part comme une bombe, et oui je suis super content qu'il m'ait choisi comme lanceur de bâton, ça veut dire qu'il me fait confiance.

« Attend, prend mon numéro, tu me préviendras la prochaine fois que tu seras au Pussynight. »

-Ah oui, bonne idée, tiens.

Tu fais basculer le poids de Moon sur un bras pour saisir ton portable. Tes yeux parcourent rapidement un message de Lieven qui te donne le nom de l'hôtel où elle passe actuellement ses nuits pour que tu la rejoignes, et tu confies l'objet à Alyosha pour qu'il puisse te transmettre un numéro qui bien entendu à changé. Comme tout le reste, de toute façon.
Quand Ragnarok revient, tu l'appelles auprès de toi, et il obéit sans tristesse ni lassitude avec une énergie indifférente que seuls les animaux peuvent se vanter d'avoir.
Ton tel revient dans ta poche, et tu peux reprendre correctement dans tes bras Moon qui décidément pèse son poids. Ta nuit va déjà être courte, autant ne pas la rendre plus difficile encore. Tournant les talons tu lances toutefois un clin d'œil à Alyosha - comme au passé qu'il symbolise.

-À très vite alors, rentre bien.

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Tags
Recherche avancée