L'étreinte faite à la nuit. | Maggy
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L'étreinte faite à la nuit. | Maggy

Camenko Drazavic
Camenko Drazavic
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Date de naissance (rp) : 23/08/1981
Localisation (rp) : dans l'ombre du renseignement, dans celle du Premier ministre, ou dans les boyaux du Pussynight.
Emploi (rp) : Officier traitant à l'OSA, conseiller rattaché au Cabinet du Premier ministre.
Statut civil (rp) : marié à son travail. Du reste, fidèle à une femme qu'il ne peut pas avoir, du moins pour le moment.

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L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Jeu 25 Juil - 22:27



29 juillet, 23h37
Les marques des derniers jours se lisaient sur le visage partiellement couvert du Serbe. Il filait comme une ombre dans la nuit, le col relevé si haut sur ses joues qu’on ne distinguait plus que ses grands yeux clairs qui perçaient l’obscurité des rues sarajéviennes. Il y enfouit un peu plus le nez pour masquer ses traits tirés de fatigue et de remords. Ce qui restait de sa conscience éteinte ne l’avait pas épargné depuis qu’il avait quitté cette fichue chambre d’hôpital où tout avait dérapé, tronquant considérablement ses nuits déjà courtes, imprimant sous ses orbes glacés des cernes marqués que tout le café du monde ne pouvait effacer. Sept jours, c’était effroyablement long. Cent soixante-huit interminables heures durant lesquelles il n’avait pu éloigner ses pensées de la femme qu’il avait malmenée, sans même le vouloir. Camenko avait bien tenté de se noyer dans le travail pour oublier les battements lourds de son cœur crevé chaque fois qu’il repensait au regard que Maggy lui avait lancé. En vain. Tout ce qui ressortait de cette tentative bâclée de détourner son attention était une mission catastrophique, un agent six pieds sous terre, un autre qu’il devrait convaincre à nouveau de lui accorder sa confiance, et une réunion au sommet avec ses supérieurs pour comprendre les erreurs commises. Les muscles du trentenaire étaient encore crispés des vociférations des hauts pontes de l’OSA qui avaient manqué le dégrader si ce n’avait été pour la clémence de l’un d’entre eux, suffisamment indulgent pour rappeler qu’un échec n’effaçait pas quinze ans de bons et loyaux services.

Il marchait vite, les bâtiments de ce quartier qu’il ne connaissait que peu défilant rapidement autour de lui. Il hasardait son regard à chaque fenêtre, tendait l’oreille au moindre bruit suspect - et ils l’étaient tous dans la nuit -, observait en silence chaque âme dont il croisait la route. Camenko n’avait que trop conscience de l’imprudence dont il faisait preuve en s’aventurant dans la rue où vivait l’Italienne. Mais il ne pouvait tolérer une seconde de plus qu’elle reste ici à présent qu’il connaissait la vérité. Crasse, violente, inacceptable.
Elle lui avait sauté à la gueule la veille de son départ de Moscou, et l’information infusait depuis un dédain fielleux dans ses veines, rendant ses gestes plus brusques, ses mots plus acerbes, comme s’il réprouvait une colère rampante qui, lorsqu’elle déborderait, ferait trembler des mondes. Sa patience à bout, le Slave avait jeté sa valise chez lui sans plus de cérémonie, enfilé les premiers vêtements noirs trouvés et avalé les artères et boyaux de Sarajevo en dépit de toute raison, de toute précaution.

Les contours gris de l’immeuble où résidait les Bukovski se dessinèrent finalement devant lui, et il s’immobilisa face à l’entrée close, ses orbes pâles avisant la gueule de métal puis le clavier qui la déverrouillait. Il fouilla sa poche à la recherche de l’un de ses téléphones, retrouva l’information qui faisait défaut et composa à la hâte les chiffres qui firent grincer la porte. Il entra sans s’annoncer, sans envoyer de message à Maggy pour la prévenir de son arrivée imminente. Elle ne lui passerait pas l’absence de nouvelles, il le savait pertinemment ; lui en donner maintenant ne serait qu’un point noir de plus à ajouter à son tableau déjà bien entaché. Il doutait qu’elle le pardonne d’avoir été une ordure, de s’être éloigné quand il aurait dû revenir, implorer qu’elle oublie son comportement, la rudesse de ses mots et mensonges, la violence de ses gestes. Lui ne se pardonnait pas. Il n’y parvenait pas. Son cerveau repassait en boucle leur altercation. Il effaçait les erreurs, calmait les tons trop haut, ravalait les paroles crachées, rejouait une scène parfaite, à des millions d’années lumière de celle qu’ils avaient partagée. Dans la plupart des cas, il s’effaçait lui, ou à défaut se rendait le calme qui lui avait cruellement fait défaut ce soir-là. Tout aurait été différent s’il avait su tenir les émotions dont il était habituellement maître.

Camenko tendit l’oreille, jeta un coup d’œil dans la cage d’escaliers et entama la montée qui devait les mener au dernier étage, grimpant les marches deux par deux. S’il aurait pu simplifier son ascension à grands renforts d’ascenseur, les vieux réflexes du trentenaire l’en éloignaient naturellement. Il aimait mieux connaître un tant soi peu son environnement, et le repérage s’avérait complexe derrière deux panneaux métalliques qui pouvaient s’ouvrir sur le canon d’une arme. Il s’arrêta finalement en atteignant l’ultime palier. Malgré la volonté qu’il mettait à être discret, ses pas résonnèrent dans le couloir, et bientôt le brun eut la désagréable impression d’être épié à travers les judas qui crevaient les rares portes devant lesquelles il passa. Il s’arrêta finalement devant la seule qui l’intéressait, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et sonna brièvement, comme par crainte de déranger le silence de l’appartement et d’importuner l’Italienne. Son cœur lourd de colère et de remords comprimait ses poumons à chaque battement écrasant, lui rendant le souffle court d’appréhension. Il était venu les mains vides pour ne pas offusquer Maggy. Elle n’était pas une femme qu’on achetait, et il doutait grandement qu’une offrande lui accorde le pardon qu’il n’était pas certain de mériter. Ses poings enfoncés dans ses poches, il tenta de calmer les tremblements de ses doigts quand son esprit se figura le visage de Vadim, et les coups que cette enflure avait osé porter. Il ravala le venin de la haine qui lui brûla la gorge en entendant un bruissement léger derrière le panneau de bois qui le séparait encore de l’objet de ses pensées.
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Maggy Bukovski
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 9:43



Le cri, bref mais strident, de la sonnette retentissant dans l'appartement, éveille sa seule occupante dans un sursaut d'angoisse et de surprise mêlés. Depuis sa sortie de l'hôpital deux jours plus tôt, les lieux sont déserts et Margherita n'a pas reçu la moindre visite. La douleur s'est finalement réveillée à son plein potentiel le jour de sa sortie, lorsque les médecins ont ôté les perfusions qui endormaient ses muscles endoloris à grands coups d'antalgiques. Ainsi privée d'antidouleurs, elle a eu bien plus de mal à tenir debout, à se déplacer, et il y a fort à parier qu'elle ne serait pas parvenue à tenir tête au slave comme elle l'a fait si elle n'avait pas été aidée par les médicaments. Jamais elle n'aurait accepté l'aide de personne, pourtant elle était forcée d'admettre que la solitude retrouvée de son appartement n'était pas une mince affaire à gérer. Son épaule et son bras engoncés dans une écharpe trop serrée ou sa poitrine encore douloureuse rendaient tous ses gestes compliqués, de même que son quotidien. La paranoïa qui s'était emparée d'elle depuis les événements n'arrangeait rien à l'affaire.

Se redressant dans son lit, l'Italienne fouille de sa main valide sous l'oreiller déserté par son mari, en quête de l'arme qui dort à ses côtés, seule compagnie acceptable en ces temps difficiles. D'un mouvement de son épaule valide, elle replace la bretelle fine de sa chemise de nuit noire, un peu trop ample pour elle, mais terriblement pratique au vu des circonstances. Malgré l'anxiété qui, lentement, se diffuse sous son derme, la poigne de ses doigts sur le flingue reste ferme et sûre. Vadim ne prendrait pas la peine de sonner avant d'entrer, mais ça ne signifie pas que la personne qui se trouve de l'autre côté de la porte ne lui veut pas de mal. Vadim a quitté Sarajevo avant que sa femme ne soit autorisée à sortir, mais au fil des jours passés, elle a fini par comprendre pourquoi il l'avait envoyée là-bas plutôt que de la faire soigner par un membre de la Bratva. Pour l'humilier, lui apprendre une leçon, dans l'espoir que tout le monde sache que ses airs de rébellion ne valaient rien.

L'arme pointée droit devant elle, la brune se traîne comme elle peut jusqu'à l'entrée, se penchant vers le judas non sans craindre de se prendre une balle en pleine tête. C'est cela dit plus ou moins la même sensation, quand la silhouette déformée de Camenko se dessine derrière sa porte. La rancoeur sourde qu'elle ressent encore à son égard ne l'empêche pas d'avoir une conscience aiguë du danger que sa seule présence ici représente. Elle ouvre la porte à la volée, son flingue braqué sur lui.

« Putain c'est pas vrai. »

Il s'engouffre à l'intérieur, et elle jette un regard sur le palier avant de refermer la porte dans son dos. Malgré son emplacement, dans un quartier qui n'est pas des mieux fréquentés, l'immeuble est moins dangereux que d'autres, mais il n'a rien à voir avec la tour de verre dans laquelle s'isole le Serbe. Vadim s'est offert une villa somptueuse à Moscou, jamais il n'aurait jugé utile d'offrir un tel cadre de vie à sa femme, supposée rester seule à Sarajevo. Ses visites en ville sont toujours brèves, et il ne dort de toute façon que peu à l'appartement. Situé au dernier étage, le trois-pièces n'est voisin que de l'appartement d'un vieillard à la gueule patibulaire, ancien militaire reclus dans son salon. Margherita étant elle-même peu présente, et pas des plus bruyantes puisqu'elle n'invite presque jamais personne, le vieux a toujours toléré sa présence sans trop de mal. Il ne serait cependant pas surprenant qu'il colle ses lunettes au judas dès qu'il entend des bruits dans le couloir.

Elle se tourne vers lui, abaisse son bras lentement, plaquant l'arme contre sa cuisse en restant sur la défensive. Machinalement, dans un exercice si instinctif qu'il en est devenu naturel, elle parcourt du regard le visage du slave. Ses traits sont tirés, et les cernes sous ses yeux -inhabituelles chez lui- font étrangement écho à celles qui se dessinent sous son propre regard. Il a le même visage dur et fermé, cette gueule des mauvais jours qu'il avait déjà lors de sa visite à l'hôpital.

« Tu vas nous faire buter tous les deux, qu'est-ce que tu fous ici ?! »
Camenko Drazavic
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 12:11



La porte grinça subitement sur ses gonds, s’ouvrant dans un courant d’air vif sur les yeux trop noirs de Maggy, la tenue légère, la mine fatiguée, le bras raide, tendu, complété de l’automatique qu’elle ne quittait jamais. Elle jura sans baisser sa garde, clairement inquiétée par le manque de considération que son invité de fortune témoignait à la sécurité qu’ils s’étaient toujours promis. S’il ne s’était pas attendu à un cri de joie ou un baiser trempé de larmes, Camenko ne put masquer sa surprise de se trouver nez à nez avec l’âme d’un pistolet automatique plantée sur le front quand la sienne retenait son souffle dans l’attente du jugement. Il se demanda le temps d’une seconde s’il avait perdu l’Italienne au point qu’elle le préférât mort, qu’elle aimât mieux lui aérer l’esprit d’une balle à bout portant que d’avoir à soutenir une nouvelle conversation en sa compagnie. Elle avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, de souhaiter le refroidir sans autre forme de procès. Il n’avait rien à faire là. Il avait perdu le droit de la voir sept jours plus tôt.

La stupeur passée, le Serbe ne se fit pas prier pour entrer, se faufilant quand Maggy s’écarta. Elle referma immédiatement derrière lui pour ne pas laisser entrer les regards pesant d’indiscrétion dont Sarajevo et le quartier brillaient. Camenko profita de cet instant de flottement pour balayer rapidement l’espace du regard. Il n’avait jamais mis les pieds ici, et si prévoyant - c’était dire maniaque - qu’il était, le brun ne se serait pas permis de poser des yeux et des oreilles dans les murs appartenant à un membre trop haut placé de la Bratva. Le maître des lieux n’était pas n’importe quel péon qu’on mettait facilement sur écoute, ni un politicien dont on enregistrait les conversations pour les retourner contre lui dans l’unique but de lui rappeler à qui devait aller sa loyauté. Il avait une forme de discrétion dans le sang, et l’esprit trop acéré pour n’être pas paranoïaque en remarquant immédiatement que quelque chose clochait.

Camenko reporta son attention sur son hôte, ses yeux clairs la sondant rapidement. Le poids de son palpitant ne s’appaisa pas en constatant l’évolution lente de son rétablissement. Les bleus carmins sur le visage de la brune viraient ocre, ses épaules, quoique tendues de méfiance, n’avaient pas encore retrouvé leur ligne volontaire, son bras maintenu contre son buste n’arrangeait rien au tableau. Il croisa son regard inquisiteur et tenta de masquer la bouffée de colère qui assombrit ses pensées pour ne pas faire éclater immédiatement les orages dans une atmosphère qu’il sentait déjà électrique.

Maggy baissa son arme, soulageant la poitrine du Serbe du léger poids qui s’y était logé. Personne n’aimait être tenu en joue, et aucun homme un tant soi peu pragmatique n’était le même quand planait la menace d’un calibre sur sa vie. C’était d’autant plus criant quand on se savait coupable de trop de crimes pour avoir droit au paradis. Les gestes changeaient, même un peu, la conscience s’alarmait, et l’instinct de survie galvanisait lentement les réflexes. Il fallait être fou pour se croire en sécurité quand on se tenait dans la ligne de mire d’une personne qui nourrissait quelque rancune à votre égard. Il y avait toujours un risque que les choses dérapent sans crier gare, qu’un soubresaut ou un spasme presse le chien de détente et que la balle vienne fendre l’air et le crâne de celui se trouvant du mauvais côté du canon.

« Tu vas nous faire buter tous les deux, qu'est-ce que tu fous ici ?! »

Il aurait pu lui retourner la question. Camenko refusait de croire qu’elle s’était volontairement réfugiée dans l’inconfort hostile de l’appartement conjugal après que Vadim se soit accordé l’autorisation de l’envoyer à l’hôpital. Qu’elle tolérait encore l’alliance sur laquelle ses yeux tombèrent, cet anneau d’une simplicité extrême qui comprimerait ses chairs jusqu’à ce qu’elles nécrosent. Maggy était suffisamment intelligente pour savoir que l’emprise de son époux n’était pas l’unique refuge qui lui restait dans cette ville. Il ne pensait pas à lui, pas uniquement, pas après leur dispute. Mais l’Italienne avait son cousin, ou même Slavenko que le bâtard Drazavic aurait appelé s’il avait été en mesure de penser clairement. Ses réflexions, guidées par ses sentiments, avaient trop manqué de contrôle et de sang-froid pour qu’il demande à son aîné de veiller sur elle.

« Il faut que tu le quittes, claqua-t-il sèchement. »

Camenko ne pensait pas s’entendre prononcer ces quelques mots un jour. Il s’était fait une raison sur l’impossibilité d’une vraie relation entre eux, sur la fin qui viendrait rapidement quand il n’en pourrait plus de la partager avec un autre sans pouvoir intervenir. Il était trop superstitieux pour ignorer que les batailles livrées pour les femmes se terminaient toujours en bain de sang ; trop accroché à la vie pour accepter de la perdre pour des courbes ou des lèvres féminines, si délicieuses qu’elles étaient. Mais cette phrase le hantait depuis qu’il avait appris, quand son esprit malade d’aigreur et de ressentiment avait finalement levé le voile sur l’identité de la pourriture qui avait levé la main sur Margherita. Et il l’avait vomi d’un ton froid, sans doute trop, instinctivement, parce qu’il n’était plus capable de douceur. Il regrettait amèrement de n’avoir compris plus tôt, de n’avoir su lire les signes dans l’attitude réfractaire de son amante quand il l’avait interrogée. Sa raison s’était embrasée, le peu de calme qui lui restait encore envolé. Et la nouvelle avait planté un peu plus profondément dans son âme le clou de la haine aveugle qu’il portait à Vadim, tant et si bien qu’il ne restait plus rien de la lame à enfoncer.
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Maggy Bukovski
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 13:41



« Pardon ? »

L'incrédulité se peint sur les traits de la noiraude, la surprise dilatant ses pupilles, perçant son regard. Il lui faut quelques secondes, pour comprendre. Quelques secondes pour faire le lien entre les paroles insensées du Serbe, et la réalité des événements de la semaine précédente. Quelques secondes, tout d'abord, pour réaliser qu'il a compris, qu'il sait, et que l'image qu'il a pu avoir d'elle par le passé est sans doute entièrement détruite aujourd'hui. Il ne doit plus rester grand chose du féroce lieutenant, de la réputation si difficilement construite au fil des années, dans le sang et la violence pour tenter de gagner le respect des hommes de la Bratva. Mais sans doute l'a-t-il finalement toujours perçue ainsi. Les propos qu'il a eu à son encontre, dans cette hostile chambre d'hôpital, montrent bien qu'elle n'a jamais été autre à ses yeux. Rien qu'une femme de plus à soumettre, à amadouer pour obtenir des informations, une alliée au sein de la mafia russe, l'assurance de ne pas être trahi un jour s'il parvenait à l'attacher suffisamment fort à lui. Un moyen de pression à utiliser un jour, contre Vadim.

Mais s'il est au courant, qui d'autre l'est ?

Le teint déjà hâve de la noiraude pâlit encore si c'était possible, son corps imprime un léger mouvement de recul, ses muscles se tendant plus encore. Elle a besoin de quelques instants encore pour parvenir à se recomposer un visage sinon neutre, au moins délaissé par l'angoisse. La rancœur, le sarcasme sont des émotions plus faciles à porter. Trop de paramètres lui échappent, il y a trop d'incohérences dans le comportement du slave, qui lui semble plus étranger que jamais depuis sa visite à l'hôpital. Elle ne pensait sincèrement plus jamais le revoir en-dehors du QG, si tant est qu'elle puisse y remettre les pieds un jour. Il ne serait finalement pas surprenant que Vadim lui demande de rentrer en Russie, même si elle n'a plus de contacts avec lui depuis plusieurs jours à présent. Il reviendra vers elle. Il revient toujours.

« Le quitter ? Tu t'es cru dans un film ? Où voudrais-tu que j'aille ? Tu crois sincèrement qu'il me laisserait partir ? Qu'il me suffirait de demander le divorce, de faire ma valise et d'aller m'installer ailleurs ? Je ne te pensais pas si naïf. »

Vadim ne la laissera pas s'en aller, ne serait-ce que pour préserver son honneur, il ne pourrait se permettre d'avoir à son actif un mariage avorté, et ses alliances au sein de la mafia russe en pâtiraient. C'est un risque qu'il ne peut pas se permettre de prendre. Il considère Margherita comme sa propriété depuis trop longtemps pour la laisser filer, lui rendre sa liberté un jour n'a jamais été une option. Il suffit pourtant de voir l'appartement dans lequel elle vit, ici, pour réaliser à quel point elle est dépossédée de sa propre vie. Dans tout l'appartement, seule une photo de famille, prise en Italie, témoigne qu'elle a un jour eu un nom autre que celui de Bukovski. A l'exception de quelques détails, l'endroit est presque entièrement dénué de touches personnelles. C'est la première fois qu'elle y passe tant de temps, elle s'arrange d'ordinaire toujours pour ne pas avoir à rester ici pour autre chose que dormir, se reposer entre deux missions. Ce pourrait presque être un dortoir, si elle n'y était pas si seule.

Tout n'appartient qu'au Russe. C'est elle qui vit ici, pourtant il a choisi l'endroit, les meubles, le peu de décoration. Il est allé jusqu'à ôter les objets personnels de la brune qui ne lui convenaient pas. Elle ne pourrait rien dissimuler dans ce logement, parce qu'il arrive toujours sans prévenir. Il peut apparaître, un jour de mission, et retourner l'appartement dans l'espoir de trouver quelques preuves compromettant l'intégrité de sa femme. Rien, ici, ne lui ressemble. Et seul Yulian, qui l'a connue à Parme, est en mesure de se rendre compte de la dissonance effrayante qui règne en maîtresse dans la vie de Margherita. Son monde, depuis son départ pour la Russie, n'est fait que de noir et d'ombres, de sang et de rage, de guerres qui ne sont pas les siennes. Pourtant, elle porte encore dans ses gènes ses racines italiennes, une âme élevée au soleil, gorgée de couleurs et de vie. Tout ça semble si loin, à présent.

Mais au-delà de l'inconscience totale des propos du Serbe, quelque chose d'autre la démange.

« Je vois pas ce que ça peut te foutre. Tout ça, ça te concerne pas. » Après un silence, elle ajoute dans un sourire amer. « T'en fais pas, va, ma situation n'entachera pas tes relations avec la Bratva, tu peux dormir tranquille. »

Et partir, vite. Il faut qu'il s'en aille.


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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 15:07



Maggy le fixa, incrédule, ses traits soudains clairs d’une surprise presque désagréable. Il n’avait pas eu en tête de commencer la conversation sur cette note, en lui balançant si subitement ce qui s’était plus apparenté à un ordre qu’à la manifestation bancale de la crainte qu’il ressentait. Camenko avait eu tout le loisir de songer aux premiers mots qu’il aurait fallu dire pour se faire pardonner. Mais ils avaient tous été effacés d’un revers de main. Le visage marqué de couleurs de l’Italienne perdit son éclat, devenant livide au point qu’il se demanda si elle n’allait pas disparaître dans cette teinte fantomatique. Le tressaillement de ses muscles et le mouvement de recul qu’elle eut nouèrent la gorge du trentenaire.

« Le quitter ? Tu t'es cru dans un film ? Où voudrais-tu que j'aille ? Tu crois sincèrement qu'il me laisserait partir ? Qu'il me suffirait de demander le divorce, de faire ma valise et d'aller m'installer ailleurs ? Je ne te pensais pas si naïf.
- Pitié, grinça-t-il, mauvais, ne me fais pas croire que tu n’as pas déjà pensé à la manière dont ton mariage va se terminer. Tu es loin d’être la femme idéale. Tu n’étais pas foutue de lui donner un gamin, c’était déjà une chose, mais maintenant tu te permets de le poignarder parce que tu refuses de te laisser faire quand il se passe les nerfs sur toi ? Combien de temps avant qu’il réalise que tu ne feras jamais que perturber ses petits plans ? Et combien de temps avant qu’il se lasse des bâtards qu’il a probablement déjà et se mette en tête de régler le souci de descendance en se débarrassant de toi ? Tu penses que je ne sais pas que le divorce n’est pas une option dans ton cas ? Tu crois que je n’ai pas eu le temps d’y songer ? Je suis loin d’être naïf, Maggy. Je suis putain de réaliste, au contraire. »

Les hommes comme Vadim ne se satisfaisaient qu’un temps des enfants illégitimes qu’ils semaient sur leur passage. Ils finissaient inlassablement par se laisser guider par leur orgueil, leur morgue et leurs rêves de grandeur, de laisser quelque chose à la postérité quand la mort viendrait les rafler. Elle venait toujours trop tôt, et la nécessité d’un fils pour transmettre son nom, imprimer sa violence et l’obscurantisme de ses idées, se faisait sentir plus urgemment à mesure que les années passaient. Si ce besoin ne se faisait pas encore trop sentir chez le Moscovite, viendrait un jour où l’âge et la peur de la Camarde lui feraient entendre raison. Et Maggy, ce jour-là, ne serait qu’un obstacle à sa réussite. Un petit accroc facilement rattrapable. Les accidents arrivaient bien vite et étaient plus excusables qu’un assassinat de sang-froid risquant de mettre le feu aux poudres. Bukovski, si haut qu’il était placé dans la chaîne alimentaire, ne pouvait prendre le risque de tuer lui-même un lieutenant fidèle et efficient. Il avait cependant suffisamment de relations pour commanditer la mort de l’Italienne et se décharger de toute culpabilité en blâmant un autre.

« Je vois pas ce que ça peut te foutre. Tout ça, ça te concerne pas. »

Elle n’aurait pu se tromper davantage. Le sort de Maggy le regardait plus qu’aucun autre. Ce n’était pas sa loyauté toute particulière et tranchante à sa famille qui le poussaient à réagir de la sorte mais la peur. La vraie, froide et détestable, dont les griffes lui tordaient les entrailles depuis plusieurs jours. Elle avait resserré sa prise quand il avait appris que la jeune femme s'était défendue, suffisamment pour blesser Vadim, et pas uniquement dans son orgueil. Il doutait fortement que le Moscovite éprouve un quelconque remords fasse à ses gestes, mais il savait en revanche qu'il ne pardonnerait pas si facilement de s'être fait poignarder par une femme. Sa femme. Son lieutenant.

« T'en fais pas, va, ma situation n'entachera pas tes relations avec la Bratva, tu peux dormir tranquille. »

Le venin de ses propres paroles lui revenait finalement en pleine gueule, brûlant, amer, rappelant quel parfait connard il avait été quand il aurait dû faire tout son possible pour la soutenir. Il n’avait pas supporté de la voir ainsi. Il n’avait pas supporté l’impuissance qui lui liait les poings, et l’obstination terrible qu’elle mettait à protéger son secret.

La patience déjà relative de Camenko s’éroda un peu plus, rongée par les vagues dédaigneuses et terriblement justifiées que Margherita lui lançait au visage. Son cœur tambourinait à ses oreilles, frappait tant sa cage thoracique qu’il craignait que ses côtes se brisent. Il s’approcha de l’Italienne qui recula encore, et encore, jusqu’à ce que le mur l’accule, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se soustraire. Le Serbe se pencha sur elle, ses yeux plantés dans les siens, une main plaquée de part et d'autre des épaules féminines.

« Tu vois un autre Drazavic ici ? Mon frère est passé te rendre visite, peut-être, quand tu étais à l’hôpital ? Ou mon géniteur ? Mirko ? Ils n’en ont rien à foutre de toi, parce que tu n’es qu’une alliée dont ils se soucient peu du sort. Tu pourrais crever qu’ils n’y verraient que l’opportunité de corrompre le lieutenant qui prendrait ta place. Eux, il appuya le mot, répétant, eux s’inquiètent des relations avec ta putain de famille. Et moi, siffla-t-il, comme un con, la seule chose à laquelle j’arrive à penser depuis sept jours, c’est que je me fiche pertinemment de foutre cette ville à feu et à sang, que l’incendie se propage jusqu’à Moscou, pourvu que le fils de pute qui te sert de mari ne pose plus la main sur toi. »
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Maggy Bukovski
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 15:57



Si elle a un instant été surprise, et même dévastée de constater que Camenko avait appris si facilement la vérité, plus rien de ce que le Serbe peut lui cracher à la figure ne l'étonne. Les mots la blessent, bien-sûr, mais elle a eu le temps durant la semaine écoulée de fortifier le blindage qui lui a toujours servi de carapace. Elle ne pensait pas le revoir dans ces circonstances, mais elle s'était préparée aux regards froids, à l'indifférence soudaine et même au dédain, à l'arrogance qui le caractérise désormais si bien. Il a laissé entrevoir dans cette chambre d'hôpital son vrai visage, profitant de l'intimité que leur offrait le lieu, mais surtout de l'état de Margherita. Outre ses blessures, elle était surtout trop affaiblie, trop assommée par les anti-douleurs pour être en réel état de se défendre. Il a clairement abusé de sa confiance, de sa position, de leur histoire aussi pour s'approcher d'elle et l'abattre alors qu'elle était déjà à terre. Il l'a piétinée, quand elle était déjà au plus bas, son corps meurtri et son orgueil écrasés par la poigne d'un autre.

Mais il aurait tort, terriblement tort de la sous-estimer pour autant.

« Ne crois pas que parce que tu es parvenu à soutirer quelques informations à des types qui sont suffisamment peu dignes de confiance pour ouvrir leur gueule dès qu'on les menace, tu sais tout de ce qu'il se passe, Camenko. Vadim savait que je ne lui ferais jamais d'enfants, et s'il avait voulu me tuer, je ne serais pas là aujourd'hui. »

Peut-être qu'elle ment, qu'elle extrapole, invente de jolies histoires pour remplir son crâne de mensonges, de la même façon qu'il l'a fait avec elle durant ces mois qui soudain lui semblent trop longs. Mais ça n'a plus d'importance, et la brune n'a plus le moindre scrupules à présent. C'est parce qu'il ne la connaît pas, parce qu'ils n'ont pas la même vie qu'il ne la croit pas lorsqu'elle affirme ne pas avoir peur de mourir. C'est vrai, pourtant, l'idée de la mort devient omniprésente dès lors qu'on se retrouve en première ligne, à servir de bouclier humain pour les autres. Il ne peut pas connaître ça, du haut de sa tour d'ivoire. Mais ne pas avoir peur de mourir ne signifie pas qu'on ne tient pas à la vie, et qu'on n'est pas prêts à tout pour s'en sortir. En l'occurrence, il sous-estime à la fois son instinct de survie, mais aussi sa hargne. Qu'importent les mensonges, tant que ça le blesse, tant qu'il souffre comme elle.

« Et si j'avais voulu le tuer, il serait mort aujourd'hui. Tu devrais savoir que fourrer ta queue entre les cuisses d'une femme n'est pas suffisant pour la connaître. »

Il ne sait finalement rien de la relation qui la lie à Vadim, des raisons qui font qu'elle se retrouve pieds et poings liés aujourd'hui. Parce qu'elle a toujours refusé d'en parler avec lui. Parce qu'elle n'est pas du genre à se plaindre, qu'elle n'est jamais allée pleurer dans ses bras à quel point son quotidien était difficile à endurer. Elle aurait dû savoir, pourtant, que comme les autres il ne pourrait pas s'empêcher de la renvoyer à l'image de la femme qu'ils ont tous. Comme un être fragile à protéger, incapable de prendre seule les décisions nécessaires à sa survie, bonne seulement à enfanter, à assurer la descendance des Mâles de ce monde.

Elle soutient son regard quand il avance vers elle, un sourire mauvais aux lèvres parce que s'il pense l'effrayer, c'est très mal la connaître. Les hommes les plus imposants ne sont pas ceux qui se battent le mieux, et malgré sa carrure elle s'est déjà trouvée face à d'autres, bien plus dangereux. Elle est certes diminuée, mais elle possède un avantage certain qu'il semble oublier : Margherita est armée.

« Parce que tu penses que moi, j'en ai quelque chose à foutre, de vous ? Je ne réponds pas aux Tigrovi, tu as sérieusement tendance à l'oublier. »

Ce n'est pas sur eux qu'elle compte pour surveiller ses arrières, ils ne sont pas ses frères d'armes, ne l'ont jamais été. Ils sont alliés parce que la situation s'y prête en ce moment, mais les camps se retourneront sans mal les uns contre les autres si les choses venaient à dégénérer. Et elle se rangerait, inévitablement, dans le camp adverse. Parce que ses amis au sein de la Bratva sont eux, en revanche, venus lui rendre visite à l'hôpital. On ne passe pas quinze ans à trimer au sein d'une organisation pareille en restant emmurée dans sa solitude. Elle a beau être farouche, il est quand même des gens au sein de la mafia russe qui ont sa confiance. Et qui ont, eux, confiance en elle.

Les derniers mots qu'il crache ne lui font rien. Ils ne ravivent aucune chaleur, aucun espoir au creux de son ventre. Il lui a trop manqué de respect, il l'a trop humiliée pour qu'elle s'émeuve encore. Tout ce qui sort de la bouche du Serbe ne semble plus être que venin mensonger. Sans sourciller, son regard toujours planté dans le sien, elle lève son bras droit, sa main très fermement resserrée autour de l'arme qu'elle ne lâchera pas. Son bras droit n'est pas blessée, et elle a les gestes sûrs de ceux qui sont habitués à se servir d'une arme. Lentement, elle pointe le canon sur le vêtement masculin, le flingue s'enfonçant légèrement dans son ventre lorsqu'elle appuie sur ce dernier. Elle se grandit, plante plus froidement son regard dans le sien, son visage à présent si proche du sien que leurs souffles se mêlent.

« Tu aurais tort de penser que je n'oserais pas te trouer le bide. Tu l'as dit toi-même, Camenko, je suis déjà condamnée, de quoi crois-tu que je puisse avoir peur ? Manque moi de respect encore une fois, et je repeins les murs de l'entrée avec tes tripes. »
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 18:11



Il ne comprenait pas qu’elle ait couvert les gestes de Vadim, qu’elle ait refusé de lui donner son nom quand il l’avait pourtant suppliée de le faire. Un éclair crasse franchit frappa Camenko lorsqu’il réalisa qu’elle s’était peut-être attachée à cet homme. Suffisamment pour vouloir le protéger malgré ce qu’il lui avait fait. Ils étaient mariés depuis longtemps, après tout, sans doute trop. Et il avait sans doute assez d’emprise sur elle pour empoisonner son esprit quand elle était au plus mal.
Le trentenaire chassa cette pensée écœurante, refusant de croire qu’elle l’aimait assez pour ne pas condamner la violence de son attitude. Maggy était trop fière pour cela. Pour cautionner qu’un homme qui avait manqué la détruire puisse encore la toucher comme il le faisait avant.

« Parce que tu penses que moi, j'en ai quelque chose à foutre, de vous ? Je ne réponds pas aux Tigrovi, tu as sérieusement tendance à l'oublier. »

Ces mots eurent un impact dévastateur. Camenko, aveugle, ne parvenait pas à distinguer les brûlots qu’elle lançait au Klan de ceux qui lui étaient adressés. Il n’entendit que la haine viscérale, cette manière qu’elle avait de le conchier, de le repousser, de lui cracher une nouvelle fois au visage. Il voulut répondre, ouvrir la bouche pour lui rétorquer qu’il ne lui aurait jamais demandé de répondre aux Tigrovi, ni même à lui, ni à quiconque, mais elle ne l’aurait pas écouté. Elle ne l’entendait plus depuis qu’il avait poussé la porte de sa chambre d’hôpital. Depuis qu’il s’était éloigné d’elle pour ne pas la mettre en danger après cet élan instinctif qu’il avait eu en la voyant en piteux état. Depuis qu’il avait perdu son sang-froid. Il ne comprenait pas que la situation ait pu dégénérer à ce point. Mais il comprit, en revanche, l’escalade de sentiments, puis la chute brutale, et le vertige quand la réalité le rattrapa dans un froissement de tissu et de métal.

L’haleine glaciale de la Camarde lui hérissa les poils quand il sentit le canon de l’arme se planter entre ses côtes flottantes, le pressant de battre en retraite. Camenko réprima un frisson de dégoût causé par la décharge froide qui se répandit dans ses muscles, ses nerfs, jusque dans ses os. Son cœur se tut douloureusement quand il réalisa l’horreur de la situation, quand il retrouva le regard si noir de Maggy qu’il ne la reconnut même pas. Elle força entre eux une proximité trop connue mais qui n’eut pourtant pas la même saveur qu’à l’habitude. Le trentenaire, une fraction de seconde, se souvint du goût de ses lèvres lorsqu’elles ne crachaient pas de venin, lorsqu’elles lui donnaient encore l’impression qu’il comptait pour elle. L’abdomen contracté pour affronter la brûlure de la gueule de l’automatique, il regretta les dernières minutes, les derniers jours, les dernières semaines. Les nombreux mois, et toutes les fois où il s’était perdu dans ses bras devenus ennemis.

« Tu aurais tort de penser que je n'oserais pas te trouer le bide. Tu l'as dit toi-même, Camenko, je suis déjà condamnée, de quoi crois-tu que je puisse avoir peur ? Manque moi de respect encore une fois, et je repeins les murs de l'entrée avec tes tripes. »

Il ne pouvait croire qu’elle le ferait. Ou plutôt, il refusait de penser qu’elle oserait presser la détente. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment pouvait-elle le détester à ce point ? Il serra les dents, serra les poings, baissa ses orbes bleus sur l’arme trop réelle qui lui tenait l’âme par la gorge. Il survivrait à une balle dans le ventre, il le savait - tout du moins l’espérait-il. Aussi se fit-il violence pour ne pas lui intimer de viser ailleurs. Le crâne, ce qui restait de son palpitant, éventuellement. Elle serait au moins sûre de ne plus jamais avoir à subir sa présence.

Le brun tempéra d’une voix étonnamment stable malgré l’adrénaline qui l’enflammait :

« Maggy … »

Il retrouva son regard orageux quand le sien avait perdu sa colère, violemment dégrisé par le contact détestable du pistolet. Il ne réfléchissait plus, n’entendait rien hormis les battements affolés de son cœur qui sentait venir la fin. Le temps s’allongea affreusement. Et ses réflexes lui revinrent. Tout se déroula beaucoup trop vite. Il sentit plus qu’il ne vit sa main droite agripper le poignet de Margherita, le tordre pour la forcer à lâcher prise tandis que la senestre s’emparait de l’arme ; son âme qui cherchait le repentir auprès du premier dieu prêt à absoudre les trop nombreuses crasses commises au cours de sa vie ; son ventre qui se tordait déjà pour accueillir le coup qui pourrait partir à n’importe quel instant. Et finalement, les doigts de l’Italienne qui lâchaient prise, les siens qui attrapaient la crosse, l’éloignaient de la jeune femme. Le bond en arrière, le glissement du chargeur qu’il fit tomber dans sa paume d’une pression sur le bon bouton, son crissement sur le plancher quand il le fit riper vers l’intérieur de l’appartement, loin, suffisamment loin pour qu’aucun d’eux n’ait l’idée suicidaire de vouloir le récupérer. Camenko, l’automatique devenu bien plus léger en main, l’enfonça entre ses reins, rejeta son vêtement dessus et recula encore d’un pas.

Sa respiration affolée par cette scène surréaliste lui comprima les poumons. Il manquait d’air, de sang, de cran, de tout. Il ne sut quoi de la peur, de la consternation ou de ses sentiments piétinés lui avait valu de survivre. Le ventre et les lèvres noués, le brun passa ses mains sur son visage, comme si le contact de ses paumes pourraient lui rendre la couleur qui lui faisait défaut. Il soupira lourdement, échappa un râle douloureux d’animal blessé de rage, ses membres transis d’adrénaline, ses muscles engourdis d’électricité. Son attention difficile à fixer se posa sur Margherita qu’il reconnut à peine. Il glissa ses doigts à sa nuque, pressa ses cervicales raides, incapable de faire un choix, de savoir quoi dire, quoi faire. Camenko tourna comme un lion en cage, encore grisé d’émotions trop confuses pour qu’il puisse y voir clair.

Sa voix grave de contrebasse brisa le silence :

« Merde, Maggy … Il hocha la tête, abasourdi. Merde ! Tu crois que je … »

Il la dévisagea de haut en bas, une impression détestable de se trouver face une étrangère en travers de la gorge. Il amorça un mouvement vers elle, se ravisa, revint sur ses pas, joignit ses mains à l’arrière de son crâne pour forcer un peu d’ordre dans son cerveau bouillonnant. Il souffla, son expiration saccadée franchissant difficilement la barrière de ses mâchoires crispées.
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 18:55


Il n'y a plus dans son regard l'ombre d'un doute. Aucune hésitation ne transparaît dans ses yeux devenus sombres, rien d'autre que la certitude du meurtre. Elle est animée de la même détermination froide, instinctive puisque liée à sa survie, qui précède chacun des coups de feu qu'elle a pu tirer dans sa vie. De l'amant dans les bras duquel elle s'est tant de fois perdue, il ne reste rien. Camenko s'est transformé, en crachant sur elle son venin il s'est mué en reptile monstrueux, en ennemi à éliminer. Plus aucune once de confiance ne subsiste, et tout soudain lui apparaît sous un jour nouveau. Elle a eu le temps de repasser dans son esprit chacune de leurs conversations, pour tenter d'y déceler les informations qu'elle aurait pu échapper, et qu'il utiliserait contre elle. Contre eux. Le souvenir de leurs étreintes laisse sur sa langue le goût métallique du sang, de la trahison. Elle n'a pas l'intention de l'abattre à tout prix. En revanche elle sait, avec une certitude effrayante, qu'il suffira d'un mot pour qu'elle presse la détente.

Il ne parvient à la désarmer si aisément que parce qu'il cesse, enfin, de chercher à l'effrayer. Bien-sûr vu son état, il est bien plus vif qu'elle, et il serait sans doute parvenu à ses fins quoiqu'il advienne. Mais ne sentant aucune menace imminente de sa part, elle a lâché l'arme sans tirer. S'il avait cogné, rugi, s'il avait crié, s'il l'avait blessée, le coup serait parti au moment même où les doigts masculins se sont refermés sur son poignet. Sans doute ne serait-elle pas parvenue à viser, mais l'avertissement aurait au moins été très clair. Et sans doute définitif, pour l'un d'entre eux.

Elle a tout de même un vif mouvement de recul une fois l'arme entre les mains slaves. Et l'espace d'un instant, elle s'attend sincèrement à ce qu'il la retourne contre elle. La scène, fantasmée, se joue déjà dans son esprit. Elle se voit avancer vers lui, presser son front contre le canon du flingue en le défiant de tirer. Parce qu'il n'en aurait pas le cran. Camenko laisse les autres se salir les mains à sa place. Il vous souille de ses mots, de ses manipulations et de ses mensonges, mais ce n'est jamais lui qui, directement, vient vous briser la nuque. C'est sans doute là la différence la plus criante entre eux. L'Italienne ne craint pas le sang, et tous les moyens sont bons pour s'en sortir. Elle est capable, sans sourciller, des crimes les plus sales, et de porter ensuite sur ses seules épaules le poids des vies ôtées. Elle pensait autrefois le Serbe capable de la même chose, elle l'admirait profondément, pour tout ce qu'il est qu'elle ne sera jamais. Mais ce soir ne reste plus qu'une aversion crasse qui la ronge de l'intérieur.

Au moins sa menace avait-elle semblé, enfin, le faire réagir. Quelque chose d'autre que cette froideur insupportable apparaît dans le regard azuré. Le trouble, la surprise, l'agitation... L'angoisse, peut-être ? Qu'importe tant qu'il s'agit d'autres émotions que la seule colère. Que cette inquiétude oppressante qu'il ressent toujours, la crainte de salir sa réputation, de décevoir les siens, de ne pas être à la hauteur, de ne pas arriver au sommet assez vite. C'est une faille qui s'ouvre, la première depuis plus d'une semaine, et Margherita y saute à pieds joints.

« Je crois que quoi, Drazavic ? Je crois tout, maintenant, parce que je sais que je ne te connais pas, que je ne sais pas qui tu es. »

Alors tout est possible. Elle avant vers lui, regard noir toujours braqué sur lui, à défaut de son arme à présent.

« Qu'est-ce que tu cherches, Camenko ? Qu'est-ce que tu fiches ici ?! Tu sais tout ce que tu voulais savoir ! Tu sais qui, où et quand, tu sais que ça ne concerne pas les Tigrovi, que tout le monde s'en cogne puisque ce n'est qu'une autre histoire d'un homme qui frappe sa femme, et qu'elles sont monnaie courante. Tu sais que vous ne risquez rien, qu'il n'y a pas d'apparences à sauver, de secrets à étouffer, de flics à soudoyer pour les tenir éloignés d'une affaire qui de toute façon n'existe pas. Alors qu'est-ce que tu fais là ?! »

Elle hausse le ton, et c'est mauvais signe. Parce que contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est la preuve que la colère s'étiole, s'affaiblit sous le coup d'autres émotions, bien moins faciles à maîtriser. Une fois les vannes ouvertes, on ne contrôle plus ce qui s'en échappe. La rage froide, au moins, lui permettait de garder son self-control, de menacer et de rester digne, même après avoir été désarmée. Quelle dignité reste-t-il une fois qu'on commence à crier ? Quand le corps s'agite, que le regard se trouble, que le palpitant s'affole ? Il n'en reste aucune face à un homme incapable de ressentir, pour vous, la moindre empathie. Il se moquera, la toisera de nouveau de son air supérieur, secouant la tête avec condescendance pour cracher à quel point elle est pathétique.

« Qu'est-ce que tu veux bordel ? Tu m'as déjà humiliée, insultée, rabaissée, piétinée alors que j'étais à terre. Tu as fait tinter toutes les petites cordes sensibles que tu connaissais, probablement en te gaussant de toujours viser si juste. » Elle désigne, rageuse, le chargeur plus loin sur le sol. « Tu t'es prouvé à toi-même que t'étais plus fort, plus vif qu'une estropiée, tu peux être fier de toi. » Et puis elle lâche, d'une voix bien plus vibrante. « Tu m'as écrasée, au seul moment de ma vie où j'aurais eu besoin de toi. Qu'est-ce qu'il te faut de plus que ça ?! Je te savais calculateur, je te pensais pas malade. »
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 20:44



A nouveau la sensation terrible d’impuissance coula dans les veines de Camenko, l’abattant cette fois plutôt que d’empoisonner son esprit de colère. C’était sans doute mieux ainsi. Tout était plus simple quand il était calme, qu’il gardait son sang-froid et n’éclatait pas en tempêtes. Le vertige des sentiments crasses retombant laissa le trentenaire avec un haut-le-cœur, une pointe d’amertume dans la poitrine. Son palpitant défait accusa la vision de Margherita quand il reposa les yeux sur elle : sourde de rage, fiévreuse de hargne, elle le détestait de tout son être, il ne le sentait que trop. Et il s’en voulait. Il considéra l’échappatoire si proche de l’entrée. Fallait-il qu’il parte ? Qu’il baisse encore les bras et s’en aille sur un échec plus cuisant que le précédent ? Le Serbe n’était pas sûr d’y arriver. Les conséquences déjà catastrophiques que leur précédente dispute avaient eu n’en seraient que pires, et il ne pouvait tolérer que le fiasco de sa vie privée déborde à ce point sur son attitude au quotidien. Il savait si bien faire la part des choses en temps normal, pourquoi diable n’y arrivait-il plus maintenant ? Pourquoi s’attachait-il à rester là quand Maggy avait sans doute déjà décrété qu’elle ne voulait plus le voir ? Il ne parviendrait plus à se rattraper s’il claquait la porte. Il la perdrait pour de bon, et il ne pouvait l’accepter.

« Je crois que quoi, Drazavic ? »

Ce nom n’était jamais plus détestable que dans la bouche de l’Italienne. Il retint la bile qui lui remonta l’estomac pour accuser le reste des reproches amplement mérités.

«  Je crois tout, maintenant, parce que je sais que je ne te connais pas, que je ne sais pas qui tu es. »

Camenko déglutit. Personne ne le connaissait vraiment. Il entretenait trop son image pour qu’elle soit vraie, se complaisait derrière des masques minutieusement soignés, retravaillés chaque fois qu’ils fissuraient ou quand ils s’ébréchaient pleinement comme aujourd’hui. Ils étaient beaux, ses visages : celui du trentenaire accompli amateur de belles choses, celui de l’homme à femmes qui courait les jupons et ne passait pas plus de deux nuits dans le même lit, celui de la figure à craindre parce qu’elle pouvait vous étouffer dans votre sommeil ou vous planter un couteau dans le dos quand elle vous complimentait encore franchement juste avant que vous ne vous détourniez, celui de l’ombre qui dévorait celle des politiciens pour leur susurrer à l’oreille ce qu’il voulait leur faire dire. Le brun ne laissait jamais personne voir au-delà. Il avait toujours quelque chose à cacher, un sombre secret à grimer d’un sourire solaire, des envies de destruction à dissimuler derrière un regard charmeur.
Si elle pouvait lui faire un reproche, c’était de ne pas savoir assez qui il était. Ils n’avaient jamais eu le temps pour les banalités des gens qui se découvraient. Leurs moments ensemble étaient chaque fois pressés par le danger de la situation pour qu’ils puissent s’accorder le loisir de se découvrir pleinement. Car Maggy en dépit de ce qu’elle disait, le connaissait mieux que la plupart des hommes de sa famille ou ceux avec qui il passait ses journées. Sans même se rendre compte de la manière dont elle s’insinuait dans sa vie, il avait fini, bien malgré lui, par la laisser entrevoir certaines choses qu’elle était seule à détenir. Dans leurs étreintes, dans les moments intimes, dans les soupirs et les caresses, dans les instants volés où elle s’éternisait un peu. Elle n’avait pas idée de tout ce qu’elle savait, et à quel point ces informations pouvaient s’avérer dangereuses si elle décidait de les utiliser contre lui.

La brune avança, menaçante tant ses prunelles étaient sombres. Elle l’aurait fusillé sur place si elle l’avait pu, si sa main tenait encore fermement la crosse de l’arme qu’il sentait à présent contre ses reins.


« Qu'est-ce que tu cherches, Camenko ? Qu'est-ce que tu fiches ici ?! Tu sais tout ce que tu voulais savoir ! Tu sais qui, où et quand, tu sais que ça ne concerne pas les Tigrovi, que tout le monde s'en cogne puisque ce n'est qu'une autre histoire d'un homme qui frappe sa femme, et qu'elles sont monnaie courante. Tu sais que vous ne risquez rien, qu'il n'y a pas d'apparences à sauver, de secrets à étouffer, de flics à soudoyer pour les tenir éloignés d'une affaire qui de toute façon n'existe pas. Alors qu'est-ce que tu fais là ?! »

La voix grave de l’Italienne perdait sa superbe avec la colère, s'effritant dans des notes aigües qui ne lui correspondaient pas. Chacun de ses mots avaient la saveur irritante de l’acide, ils coulaient sur la peau de Camenko en un millier de reproches, ravivant les souvenirs brûlants des phrases qu’il lui avait claquées au visage sans ménagement.

« Qu'est-ce que tu veux bordel ? Tu m'as déjà humiliée, insultée, rabaissée, piétinée alors que j'étais à terre. Tu as fait tinter toutes les petites cordes sensibles que tu connaissais, probablement en te gaussant de toujours viser si juste.
- S’il-te-plaît ...
- Tu t'es prouvé à toi-même que t'étais plus fort, plus vif qu'une estropiée, tu peux être fier de toi. Tu m'as écrasée, au seul moment de ma vie où j'aurais eu besoin de toi. »

Crucifié sur place, frappé net par l’ire d’un dieu en colère, Camenko digéra comme il le put la chape de plomb qui tomba sur son estomac, l’enfonçant tant qu’il se sentit mal. Son cœur manqua un battement, puis un second. Il fut douloureux quand il repartit, plus douloureux encore qu’il pompait dans ses artères un remord glacial, refroidissant ses membres, sa peau, chaque parcelle de son être et de son âme éteinte.

« Qu'est-ce qu'il te faut de plus que ça ?! Je te savais calculateur, je te pensais pas malade. »

Un ange passa, et passa encore durant un moment interminable durant lequel Camenko la dévisagea, incertain de ce qu’il avait à dire, ou de ce qu’il pouvait lui dire. Il n’était pas sûr qu’elle l’écouterait s’il lui disait la vérité, parce qu’il l’avait tant bercée de mensonges qu’elle ne devait plus être en mesure de distinguer le vrai du faux. Il essaya, pourtant, priant pour qu’elle l’entende :

« Je suis désolé de t’avoir blessée, de t’avoir laissée tomber, c’était loin d’être prévu. Il secoua la tête. Merde, tu n’imagines pas à quel point je me suis inquiété en apprenant que tu avais terminé à l’hôpital. J’ai pas pu me concentrer ce jour-là, tout ce que je voulais c’était trouver un moyen de te rejoindre. J’avais rien à foutre dans ta chambre Maggy, parce que je ne suis rien pour toi aux yeux des autres, qu’un homme que tu croises régulièrement dans les couloirs et dont il faudrait que tu te méfies. »

Et c’était de plus en plus dur à supporter.

Il s’approcha lentement, doucement, pour ne pas la brusquer, pour ne pas qu’elle s’enfuie, qu’elle se détourne sans qu’il ne puisse plus jamais la retenir.

« Te faire croire que j’étais là pour le Klan était le seul moyen de m’assurer que tu allais bien sans que ça n’ait l’air suspect. C’était con, je le sais, j’en ai foutrement conscience. Mais j’ai vrillé quand je t’ai vue. Il fit encore un pas vers elle, effleura son bras, remonta son épaule, glissa ses doigts sur sa nuque. Putain Maggy. Ca m’a crevé le cœur. Parce que j’étais impuissant. Et je ne comprenais pas pourquoi tu refusais de me dire ce qui c’était passé. Tout ce que je voyais, c’était que tu ne me faisais pas suffisamment confiance pour me laisser t’aider. Pour me donner la sensation que je pouvais faire quelque chose, même sans avoir pu empêcher ce qui t’était arrivé, sans avoir pu te protéger. Il se rattrapa immédiatement. Je sais … Je sais que tu n’as pas besoin de protection, que tu n’as pas besoin d’un bouclier pour t’épargner toute la crasse du monde dans lequel tu évolues très bien seule, depuis toujours. Je sais pertinemment que tu n’es pas faible, mais même en connaissance de cause, même en te connaissant, j’ai cru pouvoir te protéger. Et ça m’a tué de voir à quel point je me trompais. Ça m’a fendu la gueule de me dire que ça aurait pu être pire, bien pire. Que j’aurais pu te perdre. Merde, je peux pas te perdre. Pas maintenant. Plus maintenant. »

Il était proche, si proche qu’il sentait son parfum l’enserrer, la chaleur de sa peau frôler la sienne. Son palpitant tambourinait si fort qu’il craignait qu’elle l’entende.

« Je suis désolé. »

Il fallait qu'elle le pardonne de n'avoir été qu'un con amoureux incapable de faire face à ses sentiments.
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Maggy Bukovski
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Date de naissance (rp) : 09/03/1983
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Ven 26 Juil - 21:21


Sa douloureuse tirade la laisse essoufflée, presque groggy d'avoir craché, pour la première fois de sa vie, tout l'acide qui lui brûlait les poumons. La colère de Margherita est d'ordinaire froide, implacable, et surtout elle ne vous laisse aucune échappatoire. Elle n'a pas besoin de lever le ton pour se faire entendre de ses hommes, les cris ne sont pas monnaie courante chez elle malgré son tempérament orageux, et surtout elle n'expose jamais, jamais, si ouvertement ces sentiments. La seule personne au monde avec laquelle elle pouvait se permettre, parfois, de laisser sous-entendre ses états d'âme, était Yulian. Mais s'épancher ainsi, faire part de ses blessures, de ses déceptions, dévoiler ses failles, d'autant plus à Camenko Drazavic, c'est plus qu'inconscient ; c'est suicidaire. Un jour, il les utilisera contre elle, de la même façon qu'il a si lâchement utilisé tout le reste. L'emprisonnement qu'est son mariage, l'impossibilité pour elle de porter un enfant, sa solitude criarde dans cette ville, son statut vis-à-vis du Klan.

Les mains légèrement tremblantes, les joues rosies par l'émotion, elle recule d'un pas, tente de reprendre son souffle et ses esprits pour faire redescendre la pression. Son cœur tambourine trop fort contre ses côtes, et ça lui fait un mal de chien. Le pneumothorax n'est pas encore soigné, et chaque inspiration trop marquée diffuse une douleur vive dans sa poitrine. Son bras la lance également, l'effet des cachets pris à midi s'étant largement estompé. Mais elle a déjà trop perdu la face pour oser s'asseoir, ou même reculer pour s'adosser au mur et trouver contre ce dernier le soutien qu'elle ne trouvera pas dans les bras du Serbe. Maintenant, elle voudrait seulement qu'il s'en aille.

Les excuses qui s'échappent de la bouche masculine la laissent perplexe, toujours terriblement méfiante. Il est d'autant plus difficile d'imaginer qu'il puisse être sincère qu'il a anéanti tout ce qu'il lui restait de confiance en lui, en eux, en ce qu'elle pensait qu'ils étaient l'un pour l'autre. La voix de l'Italienne vibre toujours, mais son tons redevient bas, calme, sans doute empreint à présent d'une lassitude qu'elle est habituée à ressentir depuis trop longtemps. N'est-ce pas ainsi que se terminent toutes les histoires de sa vie ?

« Parce que tu crois que j'avais prévu de me retrouver là-bas ? » Elle secoue la tête, passe une main tremblante sur ses yeux. « J'en ai rien à foutre, des autres. Je t'ai pas appelé, je t'ai pas demandé de venir, t'aurais même pas du savoir que j'étais là. Pour me traiter comme tu l'as fait t'aurais mieux fait de rester chez toi. »

C'est trop facile, d'accuser la colère et l'angoisse, mais il n'a rien subi. C'était elle, la blessée. Elle, allongée dans un lit d'hôpital, paralysée à l'idée d'être attendue de pied ferme à la sortie. Elle, encore, forcée de retourner panser ses plaies dans un appartement vide, et pourtant douloureusement imprégné du souvenir de son bourreau. Tout son être se fige, ses muscles se tendent quand il pose la main sur elle, effleure de ses doigts la peau maltraitée par d'autres. Mais elle s'attend seulement à ce qu'il la prive de son contact aussi abruptement qu'il l'a fait à l'hôpital. Une fois de plus, elle secoue la tête en signe de négation.

« Non, tu mens, Camenko. C'est aux autres, qu'il fallait faire croire que tu étais là pour le Klan. Pas à moi, certainement pas à moi. Comment est-ce que j'étais supposée te faire confiance quand tu tentais de m'imposer le même interrogatoire qu'à tes informateurs ? En cinq minutes, tu as fait passer neuf mois de ma vie pour une hallucination. J'avais confiance en toi. »

Mais il a tout détruit, parce que lui n'avait pas suffisamment confiance en elle pour concevoir qu'elle saurait se taire. Elle garde pourtant le silence depuis le premier jour, avec un acharnement presque miraculeux.;

« Et quand bien même, si c'était vrai, si tu avais raison, s'il fallait mentir et jouer la froideur, le reste était gratuit. Tout ce que tu m'as balancé ensuite, c'était gratuit. »

Et malgré ses excuses, elle n'est pas certaine de pouvoir lui pardonner un tel affront. Elle se sent mutilée, la douleur qu'il lui a infligée étant si vivace qu'elle semble faite à même sa chair, à même ses os. Et si ses excuses ne l'atteignent pas, sans doute parce qu'elle n'arrive pas à les penser sincères, elle ne peut s'empêcher de ciller quand il admet qu'il ne peut plus la perdre. Le souffle lui manque un instant, et l'étau qui lui serre la poitrine depuis une semaine se fait plus douloureux encore. Elle voudrait lâcher prise, réduire tout à fait la distance pourtant infime qui sépare encore leurs peaux, retrouver la chaleur de sa bouche, réclamer enfin le confort de ses bras. Mais comment démêler à présent le vrai du faux, s'assurer qu'il n'est pas encore en train de se jouer d'elle ? Pour la première fois, le flou qui plane sur leur relation devient insoutenable. Il lui faut une preuve. Une preuve qu'elle n'est pas en train d'être utilisée encore, une preuve qu'il n'a pas seulement l'intention de la traîner dans la boue pour la piétiner un peu plus fort. Elle s'approche, pose sa main valide sur son torse, cherche gravement son regard.

« Pars avec moi. »

L'idée de s'échapper avec lui sur une île ne lui a jamais effleuré l'esprit, ils ont tous les deux trop d'obligations, trop de choses auxquelles ils ne peuvent se soustraire. Ce n'est pas un seul instant ce qu'elle lui propose, partir pour toujours, aller s'enterrer ailleurs. Mais ce à quoi ils ont eu droit jusque là ne lui suffit plus. S'il est sincère, s'il ne joue pas, il va falloir qu'il prenne des risques. De vrais risques cette fois.

« Une nuit, une seule... »
Camenko Drazavic
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Statut civil (rp) : marié à son travail. Du reste, fidèle à une femme qu'il ne peut pas avoir, du moins pour le moment.

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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Sam 27 Juil - 2:31



Le Serbe la sentit éreintée sous la pulpe de ses doigts, épuisée de fatigue, de douleur, de la colère qui l’abandonnait peu à peu. Il la retiendrait cette fois. Il ne pouvait se résoudre à l’abandonner encore, à priver son corps de sa chaleur rassérénante et de l’appui qu’il n’avait pas été sept jours auparavant. Il toléra ses attaques car elles n’étaient pas injustifiées. Les mots de la brune frappaient chaque fois au bon endroit, agitant sous les yeux impuissants de Camenko la liste des erreurs commises de la seconde où il avait posé les pieds dans la chambre cinq-cent douze à maintenant. Il n’aurait jamais assez d’une vie pour racheter sa conduite et ses fautes ; mais il s’évertuerait à gagner le pardon de son amante. S’il avait suffi d’un rien pour ruiner neuf mois d’une relation sans accroc, il sacrifierait des heures, des jours, des semaines pour rebâtir la confiance un peu torve détruite par son comportement.

Maggy, finalement, se radoucit un peu. Ses muscles retrouvèrent leur souplesse, et son regard un peu des émotions qu’il y lisait quand il n’avait pas encore tout gâché. Le cœur du trentenaire répondit instinctivement au contact des doigts qu’elle posa sur son torse, s’emballant vivement, battant une chamade semblable à celle des premiers balbutiements de leur relation.

« Pars avec moi. »

La lueur de protestation qui passa son regard quand elle lui demanda l’impensable suffit à exprimer ce que l’esprit paranoïaque de Camenko refusait de concéder.

« Une nuit, une seule… »

Son cerveau vif d’adrénaline analysa l’indécence de cette proposition au goût sucré d’ultimatum. Il ne pouvait refuser sans risquer de perdre à jamais l’affection fragile qu’elle lui portait encore et dont il avait pleinement pris conscience dans le flot impétueux de ses paroles. Mais il ne pouvait accepter pour autant. Ils n’avaient pas droit à une nuit. Ni à celle déjà trop entamée qui raccourcissait à une vitesse effarante, ni à aucune, en réalité. Parce qu’ils avaient bien trop à perdre pour jouer avec le feu de la sorte. La complexité de la situation liait leurs poignets, maintenait leurs pieds fermement attachés au sol de Sarajevo. Le Serbe ne pouvait arracher Maggy à sa cage dont la dorure s’écaillait sans répercussions. Il avait déjà été suicidaire en s’aventurant ici, ce serait pire que tout de lui retirer ses chaînes pour la ravir à son oppresseur. Vadim se vengerait le jour où il l’apprendrait. Dans deux ans ou dans deux heures, leur projet d’escapade romanesque finirait en tragédie. Et toutes ses craintes de la voir rejoindre prématurément son Créateur se confirmeraient si le Moscovite ne l’abattait pas en premier.

Le Slave secoua sa tête de gauche à droite. Ils n’avaient nulle part où se réfugier. Les racines des Tigrovi s’étendaient au-delà de la Bosnie. Tentaculaires, elles plongeaient sous les frontières, crevaient la plupart des anciens territoires yougoslaves, se faisant particulièrement nombreuses en Serbie où toute route devenait périlleuse. Ils ne pouvaient se rapprocher de Banja Luka sans s’exposer à l’œil inquisiteur de Mirko. L’homme ne dormait jamais vraiment ; ses serpents traînaient partout et lui sifflaient à toute heure du jour ou de la nuit ce que ses tympans vieillissant ne percevaient plus seuls. Camenko ne craignait pas subir son regard - son oncle connaissait la nature impromptue de ses déplacements -, mais il ne pouvait décemment agiter Margherita sous son nez. C’aurait été prendre des risques inutiles qu’ils auraient fini par payer tous deux.
La rose des vents gravée dans l’esprit pragmatique du trentenaire se voyait lentement amputer de ses directions alors qu’il projetait mentalement les options qui s’offraient à leur fuite. Naturellement, quand il eut épuisé les ressources à l’est, il songea à l’ouest, à la mer croate, aux frontières si proches qu’ils pouvaient les atteindre en quelques heures seulement. Nives le rattachait à ce pays qui n’était pas vraiment le sien. Gamin, il l’écoutait se remémorer avec une douceur solaire son enfance bercée du bruit des vagues sur les côtes dalmates ; il s’imaginait alors les paysages, les bruissements de l’Adriatique qui s’échouait sur les plages, les couleurs locales dans les accents. Piqué par les souvenirs du passé, Camenko sentit s’animer en son for intérieur une étincelle d’espoir. S’ils risquaient gros, il y avait aussi trop à gagner pour ne pas saisir l’occasion.

Il opina finalement, son souffle rauque se mêlant à celui de l’Italienne :

« Laisse-moi ta voiture, j’irai beaucoup plus vite qu’à pieds. Prépare ce qu’il te faut, je reviens te chercher dans une demi-heure. »

Il aurait des appels à passer, des pattes à graisser, et sans doute des faveurs à rendre après cela, mais le jeu en valait la chandelle. Maggy en valait la peine. Celle-ci, et toutes celles du monde.

Camenko attrapa la clé de l’auto, l’enfouit en un tour de main dans l’une de ses poches avant de tourner les talons. Il revint sur ses pas, se sépara de l’arme encore coincée contre son dos et la tendit à son interlocutrice. Il lui ravit un baiser empli d’empressement, remonta son col sur son nez et s’en alla prestement. L’excitation, la crainte, l’inconnu qui lui tendait les bras quand il préférait d’ordinaire le confort rassérénant d’un plan orchestré avec brio, le portèrent dans les escaliers, jusqu’au volant de la voiture qu’il trouva sans mal et derrière lequel il s’installa rapidement. Il avala le bitume sans regarder dans ses rétroviseurs par crainte d’y trouver quelque regard indiscret qui l’aurait découragé de poursuivre cette folie. Il n’y aurait pourtant rien vu s’il avait pris le temps de contrôler ses arrières. La nuit avalait leurs crimes et leur déraison.

Il tint parole, revint précisément trente minutes plus tard pour ne pas laisser le loisir à Maggy de penser qu’il avait menti une fois de plus. Le brun avait abandonné dans son garage le véhicule bien trop reconnaissable de l’Italienne au profit de la silhouette d’une Porsche, plus massive mais plus discrète tant elle était courante dans le paysage bosnien. Il n’avait emporté que le strict minimum : des vêtements de rechange chargés dans un sac de transport bien vide, quelques kunas au fond de son porte-feuilles, son téléphone professionnel, intraçable par d’autres que les membres du renseignement national si tant était qu’ils s’inquiétaient de ses déplacement à une telle heure, et la crosse froide d’une arme de poing dissimulée dans la boîte à gants. Perdu dans ses pensées, se refaisant en silence le chemin parfait qui devait les mener jusqu’à la frontière sans trop attirer l’attention, il ne vit pas la silhouette frêle de l’Italienne sortir discrètement de l’immeuble. Il sursauta presque quand elle ouvrit la porte pour s’installer à la place du mort.

Le moteur vrombit, les compteurs s'affolèrent quand la voiture embrassa l'asphalte. Il ne leur faudrait pas plus de deux heures trente pour rejoindre la Croatie. Sans doute moins si Camenko s'en tenait à son habitude de conchier les limitations de vitesse.
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Maggy Bukovski
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Re: L'étreinte faite à la nuit. | Maggy Sam 27 Juil - 7:11


Ce ne sont pas les neuf mois passés aux côtés du slave, qui s'expriment ce soir. En tout cas pas seulement. La violence de Vadim envers elle, les menaces proférées, l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le comportement du Serbe, tout ça pèse soudain trop lourd sur ses épaules. Pour la première fois, elle se demande à quoi bon. Pourquoi lutter, survivre, se battre si c'est pour n'être réduite qu'à cette vie-là ? Les onze dernières années de sa vie lui explosent subitement au visage, avec une violence qui lui coupe le souffle. Camenko a raison, ici, dans ce pays, elle n'est rien pour personne. S'il lui arrivait quelque chose, son père ne mettrait certainement pas au courant le reste de sa famille. Les funérailles de façade, si elles étaient organisées, seraient bien vides. Elle n'est pas seule au monde, mais elle est seule ici et ça efface malheureusement tout le reste. Son entêtement borné, ses croyances sur ses obligations familiales ou vis-à-vis de la Bratva, tout ça a brusquement volé en éclats.

Ce qu'elle demande est insensé, irrationnel et surtout bien plus dangereux que tout ce qu'ils ont osé faire jusqu'à présent. Sans compter le fait qu'après leurs violentes disputes, partir seuls tous les deux n'a plus aucun sens. A quoi bon s'isoler s'ils en viennent à s'entre-tuer où ils vont ?

Mais elle n'a plus le choix, à présent. L'incertitude la hantera jusqu'au bout, elle le sait. Si tout doit imploser, si ça doit se finir, si ce n'était que mensonge et manipulation, il faut qu'elle le sache maintenant. Reprendre sa vie d'avant où elle l'a laissée n'est pas une option. Bien-sûr, la brune s'attend surtout à ce qu'il refuse. Parce que c'est ce qui collerait le mieux avec tout ses beaux discours sur la prudence. Il va s'écrier qu'elle est complètement folle, qu'ils ne peuvent pas faire une chose pareille, qu'elle ne se rend pas compte des risques pour lui, que ce serait terrible pour le Klan si Vadim l'apprenait. Sans doute la rabaissera-t-il encore, usant de sa proposition contre elle pour démontrer qu'elle est inconsciente, égoïste et bien incapable de s'en sortir seule. Mais au moins sera-t-elle fixée. Sur le visage tourmenté du slave, elle suit la progression de ses troubles pensées, le froncement de ses sourcils, la lueur de concentration extrême dans son regard, la ligne tendue de ses épaules.

Et contre toute attente, il accepte.

« Oui, d'accord. »

Incrédule, elle lui passe les clés qu'il demande, trop sonnée de réaliser qu'il est prêt à prendre ce risque. Il est de toute façon trop rapidement sorti de l'appartement pour qu'ils aient, l'un comme l'autre, le temps de changer d'avis. Elle se retrouve brusquement seule, mais son sang bouillonne cette fois de l'adrénaline que sa réponse a distillé dans ses veines.

Elle ramasse son arme, y remet le chargeur parce qu'elle non plus n'a pas l'intention de partir sans protection, surtout pas pour ce genre d'escapade suicide ! Elle remplit un sac de voyage de quelques fringues, de tous les médicaments qu'elle doit prendre encore, d'une trousse de toilette minimaliste, d'un peu de fric et d'une arme supplémentaire. C'est de s'habiller qui lui prend le plus de temps, avec son bras en écharpe ce n'est pas une mince affaire. Elle peut enlever l'écharpe mais pas tellement bouger l'épaule sans souffrir le martyr. Heureusement, avec les températures actuelles elle peut mettre une robe, bien plus simple à enfiler. Elle songe, en passant le vêtement noir pour ne pas attirer l'attention, que Camenko ne l'a jamais vue autrement que nue, ou habillée de ses tenues de travail.

Elle guette son arrivée par la fenêtre du salon, inutile de prendre le risque d'être aperçue attendant quelqu'un dans la rue. Quand la Porsche arrive, fréquente à Sarajevo mais déjà moins dans ce quartier, elle sort aussitôt, fermant à clé derrière elle. Il lui faut prendre l'ascenseur, la descente des escaliers l'essoufflerait trop douloureusement, et elle se retrouve bientôt assise sur le siège passager, à côté du slave. C'est une chose qui n'est jamais arrivée auparavant, du moins en-dehors d'une mission, dans un véhicule où ils n'étaient pas seuls. Ca fait partie de ces choses, pourtant banales, qu'ils n'ont jamais pu faire ensemble. Prendre la voiture, déjeuner au soleil, dormir l'un à côté de l'autre et se réveiller dans le même lit, aller au restaurant, sortir.

Le coeur battant un peu trop fort, elle tourne la tête vers lui.

« Où est-ce qu'on va ? »
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