Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo
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Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo

Camenko Drazavic
Camenko Drazavic
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Date de naissance (rp) : 23/08/1981
Localisation (rp) : dans l'ombre du renseignement, dans celle du Premier ministre, ou dans les boyaux du Pussynight.
Emploi (rp) : Officier traitant à l'OSA, conseiller rattaché au Cabinet du Premier ministre.
Statut civil (rp) : marié à son travail. Du reste, fidèle à une femme qu'il ne peut pas avoir, du moins pour le moment.

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Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Jeu 20 Juin - 2:38



4 juin, 1h39
Le bureau empestait le tabac froid. Camenko claqua l’interrupteur et ferma la porte derrière lui, plissant le nez pour se faire à cette odeur prenante, particulièrement désagréable. Il s’était toujours demandé comment une plante au parfum si particulier, doux et mielleux lorsqu’elle était séchée, et dont on allait jusqu’à tirer des essences olfactives grâce auxquelles les nez composaient, pouvait tant puer dès lors qu’on la brûlait. Si fumeur qu’il était, il ne se permettait que rarement d’allumer une cigarette à l’intérieur, par respect pour les personnes autour de lui comme pour ne pas embaumer l’air de cette fragrance gênante. Le trentenaire mettait d’ailleurs un point d’honneur à ne s’encrasser les poumons que sur sa terrasse lorsqu’il était chez lui, dans un réflexe maniaque qui avait au moins le don de préserver les textiles du mobilier et de la décoration. Il fit pourtant entorse à son règlement, attrapant une Lucky Strike qu’il coinça entre ses lèvres avant de faire disparaître le paquet et son zippo dans l’une de ses poches. Y avait-il sensation plus agréable que des bronches se tapissant de goudron et de cancer après une journée éreintante ?

Abandonnant un nuage de fumée derrière lui, le brun fit quelques pas vers le centre de la pièce, balayant l’espace de son regard glacial. Tout lui semblait pompeux et faux dans ce bureau : du choix des meubles à celui du service à cognac travaillé à la mode des années quatre-vingt, de la tapisserie aux immondes tableaux d’artistes qui ornaient les murs, l’esthétique globale laissait un arrière-goût âcre ressemblant étrangement à celui que donnait le sourire hypocrite de Mirko.

La dose de nicotine pincée entre ses lippes, Camenko approcha de l’une des bibliothèques. Il en fit coulisser les portes transparentes, attrapa deux verres d’une contenance respectable, la bouteille de rakija qui traînait là, et partit s’installer dans l’un des fauteuils en cuir pour se servir un premier remontant. Il vida son godet d'une traite, le remplit à nouveau, puis se laissa tomber mollement contre le dossier de son assise en se pinçant l'arête du nez.

On pouvait reprocher un manque de goût à la pièce, ou à défaut trouver à redire sur l’absence criante de coup de neuf depuis trois bonnes décennies, mais ce bureau avait l’avantage d’être sourd. Les murs de Sarajevo ayant des oreilles, et ceux du QG ne dérogeant pas à la règle, trouver un endroit où il était possible de s’exprimer librement relevait du miracle. Du reste, il fallait régulièrement crever des tympans et couper des langues pour s’assurer que certains dires ne terminaient pas entre les mains des mauvaises personnes.

La porte s’ouvrit à nouveau, crachant la silhouette de Slavenko dont le haut du crâne manqua frôler le haut du dormant – l’un des nombreux inconvénients rencontrés par toute personne mesurant plus d’un mètre quatre-vingt-dix. Camenko leva les yeux vers son aîné avant de siffler entre ses dents, de ce sifflement un peu amer, un peu pincé, terriblement juge, qui blessait l’ego de tout bon narcissique s’offusquant pour un rien. Il claqua de sa voix grave :

« Tu as une sale gueule. »

Le brun avait toujours le mot pour faire plaisir lorsqu’il s’agissait de ses proches. S’il ne se serait jamais permis d’adresser une constatation cinglante comme celle-ci à un inconnu, ne souhaitant pas se faire remercier d’un coup de poing bien placé, il ne se privait pas pour envoyer ses railleries, quelquefois insolentes, au visage des personnes qu’il comptait en amis. Parmi eux, Slavenko bénéficiait d’un traitement tout particulier. Il le connaissait depuis toujours, ce frère qui ne l’avait découvert comme tel que quelques années plus tôt, à son retour en sainte terre yougoslave ; aussi pouvait-il se permettre d’être plus piquant encore.

Camenko se redressa dans un grincement de cuir. Il attrapa la bouteille d’eau-de-vie locale qu’il débarrassa de plusieurs centilitres avant de faire glisser le verre vers le nouvel arrivant. La dose peu réglementaire de rakija frôlait les bords du contenant, si bien que le mouvement dispersa quelques précieuses gouttes sur la table basse en ébène.

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Slavenko Drazavic
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Slavenko Drazavic
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Life : 1m91 | Tigrovi notoire | Serbe de Bosnie et fier de l'être | Caractériel et lunatique| Polyglotte | Pratique l'ironie, l'auto-dérision et le sarcasme.

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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Dim 14 Juil - 23:02

Contrairement à mon frère, je ne me pose jamais la question de savoir si j'enfume la pièce ou pas, si ça gêne ou non - les seules fois où je fais gaffe, c'est quand Nina est là rapport au bébé- et c'est donc clope au bec que j'entre que dans le bureau situé à l'étage. Personnellement, je préfère celui du bas, qui n'est qu'un aquarium vitré au centre de la pièce de vie. C'est d'ailleurs plus une pièce stratégique de dispatch des missions qu'un bureau. Il est plus vivant, au cœur de l'action. Celui-ci me met mal à l'aise. Vieillot, sombre, il respire la poussière, le complot et les secrets. Même si je sais que le Renseignement est nécessaire - je suis même conscient que c'est la clef de voûte de nos missions - je n'ai aucune affinité avec ce monde là. Je laisse volontiers à Cam le soin de chuchoter et d'écouter les ombres en retour.

Son accueil me fait hausser un sourcil avant qu'une ombre de sourire ne teinte mon regard. "bah comme d'hab non ?" Un sourire plus franc éclaire mon visage et après avoir claquer la porte sans délicatesse aucune, je le rejoins en quelques enjambées. Je le laisse remplir les verres avant de lui asséner une vigoureuse claque de salutation sur l'épaule. "Alors frérot ! Tu vas bien ?"

J'ai beau être quelqu'un de mal dégrossi dans mon genre, j'ai une sorte de sensibilité naturelle qui me fait deviner - de temps en temps, comme un éclair de génie chez un idiot de village - l'humeur de mes proches. Or je sais très bien - je sens - que Cam n'a pas digéré l'annonce d'un nouveau bébé Drazavic issu de mon père. Sans fioritures, dans mon style particulier de char d'assaut, je balance en m'asseyant dans le fauteuil face à mon frangin. "Papa t'a dit ou pas ?" Depuis un peu plus de deux ans que je sais que Camenko est mon frère, je n'ai eu aucun problème à l'intégrer dans l'équation.Difficile d'être jaloux quand votre père est plus un commandant pour vous qu'un vrai père. Je ne suis pas sur que ce soit la même chose pour lui, après tout, il a longtemps été si ce n'est renié, du moins dissimulé aux yeux des autres. Il est devenu secret, et il est pour moi assez obscur. Je sais que la seule personne qui peut - peut-être - se targuer de le connaitre est mon oncle. Pourtant, j'ai pu compter sur lui jusqu'à présent et il a ma confiance.

J'avale mon verre cul sec et je poursuis. "on va avoir une petite sœur. " Pour ma part, je crois que si je suis soulagé, c'est surtout parce que ça me retire une pression vis à vis de mon bébé à naître. J'ai conscience que ça devrait être l'inverse, mais si mon père avait eu un autre garçon légitime, comment aurait été placé mon enfant dans la famille ? Et puis Jelenko pourra difficilement se permettre de faire une remarque si j'annonce une fille à mon tour ! J'imagine que je devrait être triste ou déçu pour mon père mais ce n'est pas du tout le cas, je n'arrive même pas à m'en sentir coupable, j'en veux encore à papa de son mariage à la sauvette et de la façon dont il annoncé que sa nouvelle femme était enceinte. Et je ne peux pas m'empêcher de penser à ma mère, et surtout à Saskia.


Camenko Drazavic
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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Mer 24 Juil - 14:07



Les Serbes devaient avoir quelque chose dans le sang pour digérer si facilement une eau-de-vie comme celle-ci. Ou peut-être était-ce l’habitude ? Le palais qui avait apprivoisé le goût particulier, le nez qui s’était fait à l’odeur sentie depuis toujours, à chaque réunion familiale, à chaque rencontre entre amis, entre voisins, quand les plus grands, passés une certaine heure, ponctuaient chacune de leurs phrases d’un verre avalé à la volée.

« Bah comme d’hab non ? »

Camenko haussa les épaules, entendu, un sourire moqueur illuminant son visage. L’autodérision de son demi-frère lui était toujours particulièrement agréable. Il en fallait au moins un peu pour se défaire de la pression du Klan, souffler, savourer la normalité des choses et ne pas vriller en violence à la première occasion venue. S’il blaguait, le trentenaire ne pouvait pourtant faire abstraction des traits plus tirés qu’à l’habitude de son aîné. Il ignorait quoi de ces affaires, de sa vie privée, du mariage qui approchait lentement ou de la condition de Nina jouait à ce point, mais un bon ravalement de façade n’aurait pas été de trop.

« Alors frérot ! Tu vas bien ? »

Il trembla sous la paume de Slavenko qui manqua lui déboîter une articulation. Surpris, le brun leva les yeux vers lui. Sa voix grave désaccordée par le mensonge s’éleva.

« On ne peut mieux ! »

Il n’aurait pu sonner plus faux qu’à cet instant précis. Camenko n’ignorait pas le premier sujet qu’ils poseraient sur la table. La nouvelle avait fait le tour de la famille en quelques secondes à peine, et s’il avait eu le temps de la digérer, un peu nauséeux, il n’avait pas encore eu le loisir d’en discuter avec qui que ce soit. Il n’aurait de toute manière pas souhaité s’entretenir de ça avec quelqu’un d’autre.

« Papa t’a dit ou pas ? »

Le grincement de ce mot vrilla les tympans du brun, lui laissant un goût amer dans la bouche. Il se rinça la gorge d'une lampée brûlante d'eau-de-vie. Oh, il l'avait appelé ainsi quelques années lui aussi, quand il n'était qu'un gamin qui le considérait comme une vraie figure paternelle, un grand homme sur lequel s'appuyer, sur lequel prendre exemple. Mais l'envie lui était vite passée, et il ne se référa rapidement plus à son père par ce terme affectif que les autres enfants tenaient en estime. Il ne fut bientôt plus que Jelenko. Le géniteur. Ou l’enflure, selon le cas.
Trente-sept longues années au compteur, la trente-huitième en bout de route, Camenko se demandait toujours et encore comment sa mère avait pu se laisser berner par un homme comme lui. L'avait-il seulement aimée, cette petite blonde au sourire si lumineux ? Et elle, aurait-elle eu de tels sentiments en sachant la manière dont il considérerait le rejeton qu'il lui avait flanqué, en sachant les crimes pour lesquels il serait condamné ?

« On va avoir une petite sœur. »

Est-ce qu’ils n’en avaient pas déjà une ?

« Mazel tov ! »

Il leva son verre et le vida d’une traite pour mieux le remplir. Difficile de savoir s’il fallait se réjouir de l’annonce ou partager la mauvaise foi latente qui pesait sur la famille depuis que le sexe du bébé se savait. Le Serbe, pourtant, tirait une satisfaction toute particulière de la situation : il ne pouvait s’empêcher d’imaginer la déception cuisante de leur géniteur, son ego surdimensionné mis à mal. C’était mieux ainsi, quand bien même personne ne s’entendait à le dire. Les frères étaient déjà trop de deux : l’un au physique, l’autre à la réflexion, un duo parfaitement organisé, amplement suffisant. Camenko peinait parfois à s’accorder avec Slavenko sur certains point, ce n’était pas pour rajouter le troisième avis d’un enfant de quatre décennies de moins qu’eux.

L’heureuse nouvelle de la grossesse de la gamine qui se suspendait aux lèvres de Jelenko n’avait pas fait l’unanimité dans les rangs. Le coup de marteau passé, il fallut encore prier pour que l’échographie s’accorde avec les désirs enfouis du patriarche. Il voulait un fils. Un nouveau gamin à façonner selon son image. Une réussite pour effacer la déception des deux premiers. L’un, récalcitrant, n’en avait fait qu’à sa tête avec une Américaine qui serait bientôt la mère de son enfant ; et l’autre refusait de prêter attention à son devoir de transmission du nom Drazavic. Un garçon pour rattraper la débâcle d’une famille qui échappait au contrôle de Jelenko aurait été idéal. Mais le démiurge, le destin, le karma - quelle que fût sa dénomination - en avait décidé autrement.
Une fille, c'était une autre responsabilité. C'était une faiblesse dans la chaîne, un rouage sensible dans la machine qui pouvait l'enrayer à tout moment. On déclenchait des guerres pour les femmes. La littérature était jonchée de l'histoire des hommes qui avaient perdu la raison pour une fille, une sœur, une épouse.

« Ça fait un moment que je n’ai pas croisé Jelenko, c’est Mirko qui m’en a parlé. J’ai cru qu’il allait s’étouffer en crachant le morceau. J’imagine que le vieux n’a pas sauté de joie en te l’annonçant non plus ? »

Il eut un sourire de diable, les yeux rivés sur le fond de son godet.

« Quoi qu’il en soit, tu n’as pas intérêt à te ramener avec un garçon derrière, sans quoi cette pauvre gosse finira délaissée. Et Nina risque de faire un carnage ... plaisanta-t-il à moitié. »

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Slavenko Drazavic
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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Dim 28 Juil - 19:00

Le Mazel Tov de mon frère claque, incongru, avec cette note ironique que j'identifie parfaitement. L'ironie, c'est mon mode de communication préférée et l'idée que mon frère ait hérité de ce trait, qu'on ait ceci en commun éclaire mon visage. Pourtant, je lis aussi la rancœur sur le visage de Camenko, et je la comprends. Quand j'ai appris et le mariage, et le fait que la nouvelle femme de Jelenko était déjà enceinte, j'ai moi aussi très mal accusé le coup. Mais contrairement à Camenko, j'ai aujourd'hui une raison de me détacher de ces sentiments délétères. J'ai Nina, mon enfant en devenir et j'ai passé le cap en me concentrant sur la famille que je veux construire avec Nina. Moi aussi, je me demande souvent depuis deux ans, et encore plus ces derniers temps, si mon père est seulement capable d'amour. A-t-il aimé ma mère, celle de Camenko, ses enfants ? Je ne crois pas qu'il aime Aleksandra et en le voyant, fier et paradant pour sa progéniture (moins maintenant que c'est une fille !!!) j'ai commencé à décillé les yeux. Nina me dit souvent que je suis bien trop naïf vis à vis de ma famille, mon père, mon oncle, cette génération élevée aux vieux idéaux sans doute dépassés qu'on nous transmet. Je commence à l'admettre, mais quoi faire ? Il est bien trop tard pour changer ma vie et je ne suis même pas sur d'en avoir envie d'ailleurs. Malgré ses travers, je pense que la situation me convient globalement. J'ai besoin d'appartenir aux Tigrovi et d'essayer envers et contre tout de faire la fierté de mon père. Je sais que ça n'est pas le cas de Camenko. Souvent, je me demande pourquoi il se conforme à la hiérarchie de notre organisation. Je ne crois pas que ce soit pour oncle. Il y trouve surement son compte, mais en quoi ? Mon frère reste bien mystérieux à mes yeux.

Je secoue négativement la tête. "Non tu te doutes bien qu'il aurait préféré un gars. Aleksandra ne doit pas être à la fête en ce moment." Mais mon ton est neutre, si ce n'est froid en parlant de la jeune femme. Je n'ai pas de compassion pour elle, je n'en suis pas capable. Je hausse donc les épaules avant de boire mon verre. "Je m'en moque si c'est un gars ou une fille. Même si c'est une fille, ça m'empêchera de lui apprendre à manier un Zastava. J'ai connu des femmes meilleures soldats que certains de nos hommes."

Je tapote le bord de mon verre de l'index d'un air concentré, hésitant à aborder le sujet qui me turlupine depuis des semaines, si ce n'est des mois. Je l'ai tellement mâché, ruminé et digéré que le moment est venu de me lancer. Je me penche en avant et pose mes coudes sur mes cuisses. "Tu sais quoi ? J'aimerais retrouver Saskia. Est-ce que...est-ce que t'as jamais fait des recherches pour savoir où elle est ? Je ne comprends pas qu'avec nos moyens, on ait pas foutu la patte dessus. Jelenko aurait quand même pu faire semblant de chercher." Mon ton est amer. J'ai toujours aimé ma petite sœur malgré nos douze ans d'écart. Je me suis occupé d'elle, j'ai épaulé ma mère. C'était deux ans avant de suivre mon père à la guerre. Deux années à Sarajevo, au tout début de la guerre, dans les cités en ruine de Pâle. J'entends encore la voix de Nina m’engueuler en me disant que si je veux savoir où est ma sœur, je n'ai qu'à chercher. Qu'est-ce que je redoute ? Je crois qu'aujourd'hui j'ai besoin de savoir. "Est-ce que Mirko t'a jamais parlé d'elle ?"










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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Mer 31 Juil - 13:20



Le tableau déconstruit de famille bancale qu’ils formaient tous souffrirait un peu plus si Nina mettait au monde un fils. Jelenko n’y verrait qu’une excuse de plus pour oublier encore ses devoirs de père - et Dieu savait qu’il excellait déjà dans cet art -, se détourner d’une fille encombrante et reporter toute son attention sur un enfant qui n’était pas le sien mais qu’il s’approprierait pour en faire un bon petit soldat, dressé à obéir, empoisonné dès son plus jeune âge par une pensée arriérée. Slavenko le savait pertinemment. Il pouvait faire la sourde oreille pour le moment, rester aveugle tout son soûl, son enfant ne serait jamais à l’abri du venin de leur géniteur. Au fond, l’aîné des Drazavic devait bien en avoir conscience.
C’était la résistance de Nina qui inquiétait Camenko. Elle ne permettrait jamais que son fils lui soit retiré pour être élevé comme Slavenko l’avait été. Et l’entêtement qu’elle opposerait ne ferait qu’amplifier l’animosité que les patriarches lui portaient depuis le début. Quand bien même elle arborerait à nouveau leur nom, l’Américaine restait une étrangère. Plus que tout, elle rendait faible son futur mari aux yeux de leur père quand il ne dévoilait en réalité qu’un visage plus humain. Le trentenaire reconnaissait à peine son aîné quand il se trouvait aux côtés de la jeune femme. Son esprit gangréné par les desseins réactionnaires de la famille guérissait un peu en sa présence, comme si elle irradiait un bouclier capable d’éloigner l’ombre de Jelenko et celle de Mirko. Elle représentait une menace qu’on cautionnait pour l’instant car encore contrôlable, mais l’accouchement passé, Nina ne serait plus la même. C’était une chose de se battre pour sa vie, c’en était une autre de défendre celle de sa progéniture.

« Non tu te doutes bien qu'il aurait préféré un gars. Aleksandra ne doit pas être à la fête en ce moment. »

Camenko haussa les sourcils, à peine inquiété par les sentiments de sa belle-mère ou l’état dans lequel elle se trouvait après avoir osé décevoir son cher époux. Il n’avait jamais eu de sympathie pour elle, qu’une indifférence mêlée de pathétisme. Aleksandra n’était qu’une gamine qui avait cru intelligent de se mettre à l’abri des dangers en se glissant dans les bras d’un homme malade ; il avait appris à ne pas se soucier de ces filles-là.

« Je m'en moque si c'est un gars ou une fille. Même si c'est une fille, ça m'empêchera de lui apprendre à manier un Zastava. J'ai connu des femmes meilleures soldats que certains de nos hommes. »

Le Slave planta un regard presque froid dans celui de son frère, priant pour que Slavenko ne se mette pas en tête de prendre exemple sur les femmes qu’il connaissait pour faire de sa propre fille une arme des Tigrovi. Il ne laissa cependant échapper aucune remarque acerbe pour lui rappeler qu’aucun enfant ne méritait d’évoluer dans leur monde, d’abord parce qu’il était encore trop tôt pour ébranler la foi aveugle que son interlocuteur portait à sa famille, et ensuite parce qu’il nota le trouble et l’agitation qui le rendaient presque nerveux.

« Tu sais quoi ? J'aimerais retrouver Saskia. Est-ce que...est-ce que t'as jamais fait des recherches pour savoir où elle est ? Je ne comprends pas qu'avec nos moyens, on ait pas foutu la patte dessus. Jelenko aurait quand même pu faire semblant de chercher. »

Le rappel de ce fantôme des Noëls passés vrilla les tympans du brun. Saskia avait toujours été un sujet particulièrement délicat qu’on évitait d’évoquer pour écarter les discordes. En deux décennies, Camenko n’avait entendu surgir le nom de leur sœur dans les conversations qu’une dizaine de fois, tout au plus, comme si la simple évocation de son souvenir allait embraser leur monde et déterrer des émotions enfouies si profondément qu’elles éclateraient tout en remontant à la surface.

« Est-ce que Mirko t'a jamais parlé d'elle ?
- Rapidement. En me jetant sous le nez le dossier de recherche qu’il avait constitué. Mais je n’ai jamais vraiment pu l’interroger sur le sujet, il avait un don tout particulier pour détourner la conversation ou m’envoyer proprement chier. »

Il y avait déjà vingt ans que Saskia avait disparu, et presque quinze que Camenko avait abandonné la traque. Il avait bien essayé de retrouver sa trace en arrivant à Sarajevo, mais les seules informations dont il disposait alors lui venaient du rapport sans suite écrit par leur oncle. L’affaire relatée par Mirko avait toujours sonné faux, mais l’absence d’indices, de preuves, et l’épuisement rapide des sources et pistes avaient eu raison de l’homme du renseignement. Il avait fini par baisser les bras, présumant leur cadette morte.

« La plupart des personnes qui auraient pu savoir quelque chose à l’époque restaient muettes, soit parce qu’elles n’avaient effectivement rien à dire, soit parce qu’elles ne nous craignaient plus suffisamment avec le géniteur en prison pour cracher le morceau. Il se passa une main à l’arrière du crâne, secouant ses cheveux courts pour remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Je pourrais m’y recoller si tu veux. Mon réseau est plus important maintenant, j’arriverai peut-être à récolter de nouvelles informations, mais ne t’y attache pas trop. C’est compliqué de remuer dans les cendres de la fin de guerre. »

Camenko fixa le liquide doré qui dansait dans son verre. Il n’était pas certain de vouloir remettre le nez dans cette histoire, raviver des souvenirs qui feraient certainement plus de mal que de bien. Mais surtout, il ne voulait pas prendre le risque de revoir Saskia si elle était toujours bien vivante. Comment excuser vingt ans d’une vie volée ? Comment s’endormir encore après avoir abandonné les recherches quand elles auraient pu mener à quelque chose ?

Il claqua d’une voix monocorde :

« Je crois que j’aimerais mieux la savoir dans une tombe. C’est plus simple de mourir que de vivre avec à l’arrière du crâne le rappel constant que ta propre famille n’a pas remué ciel et terre pour te retrouver. »

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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Dim 4 Aoû - 9:55





Je ne vois pas mon père comme Camenko le voit, je ne peux. Oui il m'a entraîné, fait de moi un soldat, mais en le faisant, il a assuré ma survie. Au sein d'un conflit meurtrier et fratricide, il a fait de moi un tigre mais mieux vaut être le prédateur que le mouton qu'on abat. A quatorze ans je savais manier un fusil de sniper, trouver les postes de tir, éviter les ripostes. Plus d'une fois, sur les champs de guerre, Jelenko a sauvé ma vie. Je ne l'ai jamais vu comme le criminel de guerre que les occidentaux dépeignent, je l'ai toujours vu comme le héros serbe qu'il est dans le milieu qu'on fréquente. Bien sur il a ses excès, et je ne suis pas d'accord avec la façon dont il traite l'Aleksandra, ni - parfois - ses ordres dans il s'immisce dans ma vie privée, mais c'est mon père. J'admire plus que tout sa capacité à diriger un groupe comme les Tigrovi même après être resté si longtemps enfermé. J'espère pouvoir être pour mon enfant ce même père protecteur qui vous apprend la survie, coûte que coûte. Dans la Bosnie d'aujourd'hui, les faibles restent sur le carreau.

Je hausse les épaules, contrarié par la remarque de mon frère. Bien sur que j'éprouve de la culpabilité à l'égard de Saskia. J'ai l'impression de lui avoir volé la part qui lui revenait, de l'avoir laissée tomber aussi. Longtemps j'ai pensé qu'elle était avec ma mère ici en Bosnie. Aux USA, je n'avais aucun contact avec elles. D'abord pour ne pas risquer de me faire pincer - finir en taule à La Haye ne me tentait pas du tout - mais aussi par rancœur des dernières paroles de ma mère puis par honte (j'ai fini exactement là où ma mère ne voulait pas : au sein d'une organisation mafieuse à NY et puis quand même en taule !) Quand je suis revenue pour l'enterrement de ma mère en 2016, c'est là que j'ai su que Saskia avait disparu. Mes recherches ont vite tourné courts, se heurtant à Mirko, mais surtout au temps et je n'ai pas cherché plus loin. Ma propre vie était assez compliquée comme ça. Et depuis mon retour à Sarajevo, mon malaise va grandissant.

Je rumine une réponse, mais aucune n'est satisfaisante. Je me renfrogne, avec cet air buté qui m'est propre quand aucun argument ne peut venir étayer ma décision. Pourtant je sais que celle-ci est la bonne, que je dois savoir. "Pas moi, je préférerais la retrouver. Tant pis si elle nous en veut. Je préférerais savoir qu'elle va bien, qu'elle a fait sa vie, peut-être qu'elle a un mari, des gosses..." Je voudrais voir ma sœur.  Ce n'est même pas pour apaiser ma conscience.

"Quand je suis revenu en 2016 pour l'enterrement de ma mère, il n'y avait rien dans les affaires. Quelques photos de Saskia mais de l'âge qu'elle avait à peu près quand je suis parti. Je n'ai trouvé ni lettres, ni acte de décès...Peut-être que maman a fait pour elle comme pour moi, qu'elle a payé pour l'envoyer au diable vauvert.... Mais je pensais qu'elle avait utilisé tout son argent pour m'expédier aux USA et me soustraire à Mirko et à la justice. Alors j'sais pas, peut-être qu'il lui restait du pognon, ou qu'elle a fait appel à une ONG comme Ornella et sa mère."
Je gratte ma barbe, dubitatif.  

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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Mer 14 Aoû - 1:15



Saskia était déjà trop âgée à sa disparition pour ne pas se rendre compte de ce qui se passait. On ne se défaisait pas, à dix ans, du visage de ses parents et de son frère. On ne perdait pas le souvenir de cette famille si particulière qui avait changé avec les guerres. Il se ternissait peut-être avec le temps, à mesure que les jours coulaient, mais il ne s’en allait jamais réellement. Les détails pouvaient devenir flous, les voix s’oublier, les rires s’abîmer dans les méandres confus de la mémoire, il restait toujours quelque chose. Un rien, gravé en négatif dans un recoin de l’esprit. C’était cette image-là qui devait revenir à chaque battement de cils, dans les longues heures d’insomnie et de peur. Cette image rassérénante, chargée d’attente et d’espoir. Cette même image qu’on apprenait sans doute à détester lorsque la conviction de retrouver ses proches un jour volait en éclats. Violemment.

Camenko tapissa ses poumons de goudron, se demandant combien de temps il avait fallu à leur cadette pour réaliser que personne ne viendrait la chercher. L’avait-elle su à l’instant où ses pas s’étaient éloignés de sa famille ? Au moment où sa vie avait défilé devant ses yeux si on la lui avait ôtée ? Le trentenaire reporta son regard vers Slavenko dont les sourcils froncés et la grimace contrariée trahissaient son incapacité à formuler correctement ses pensées.
Il y était allé fort, peut-être un peu trop. Il ne prenait que rarement des pincettes pour s’adresser à son aîné - et c’était probablement le seul Drazavic auprès duquel il ne surveillait pas tant ses propos -, mais il aurait probablement pu user de plus de douceur ou de compassion. Quand bien même sa relation avec Saskia n’avait jamais été privilégiée, la petite n’étant encore qu’une gosse lors de son déménagement à Banja Luka, elle restait sa sœur. Leur sœur. Qu’importe qu’ils aient été proches ou non.

« Pas moi, je préférerais la retrouver. Tant pis si elle nous en veut. Je préférerais savoir qu'elle va bien, qu'elle a fait sa vie, peut-être qu'elle a un mari, des gosses… »

Si elle respirait toujours, leur sœur ne pouvait que détester ces proches qui l’avaient abandonnée. Elle aurait bien des raisons de le faire ; Iren décédée, il ne restait plus aucun membre de cette race crasse suffisamment aimable pour être pardonnable, pour mériter qu’on oublie après presque vingt ans. Ou peut-être se satisfaisait-elle finalement de ne plus être rattachée à eux ? De n’avoir plus à subir le poids du fardeau que représentait ce fichu patronyme.
Se pouvait-il qu’elle ait compris, toute petite déjà, l’enfer dans lequel on l’avait précipitée en lui crucifiant dans le dos le nom de Drazavic ? Il ne faisait pas bon être une fille dans cette famille. Au mieux, on ne l’aurait jamais considérée. Sa parole, éclairée ou non, n’aurait pas eu plus de poids que celle du membre le plus en bas de l’échelle hiérarchique du Klan - toujours plus avantagé du fait de son service trois pièces. Dans le cas de figure le moins agréable, leur sœur n’aurait jamais servi que d’argument dans une négociation. Elle aurait très bien pu finir comme Maggy, mariée par convenance pour renforcer les liens entre le Klan et Dieu savait quelle autre organisation nécrosée jusqu’à la moelle par la corruption et la violence.

« Quand je suis revenu en 2016 pour l'enterrement de ma mère, il n'y avait rien dans les affaires. Quelques photos de Saskia mais de l'âge qu'elle avait à peu près quand je suis parti. Je n'ai trouvé ni lettres, ni acte de décès...Peut-être que maman a fait pour elle comme pour moi, qu'elle a payé pour l'envoyer au diable vauvert.... Mais je pensais qu'elle avait utilisé tout son argent pour m'expédier aux USA et me soustraire à Mirko t à la justice. Alors j'sais pas, peut-être qu'il lui restait du pognon, ou qu'elle a fait appel à une ONG comme Ornella et sa mère. »

Camenko écrasa sa cigarette dans le cendrier le plus proche avant de se rincer la gorge d’une lampée d’eau-de-vie. Il avait grand mal à croire qu’Iren ait pu réitérer le miracle. Ce n’était pas des capacités de cette femme qu’il doutait, mais c’était la surveillance de Mirko qui lui faisait penser qu’elle n’aurait jamais pu le tromper deux fois. Il avait dû la renforcer pour s’assurer que le contrôle ne lui échapperait pas une nouvelle fois. Et à cette époque-là, leur oncle avait bien trop de pouvoir pour que quoi que ce soit passe entre les mailles de son filet.

« Mirko l’aurait forcément su, et son dossier de recherche aurait abouti. Il aurait trouvé un moyen de la ramener, que ta mère le veuille ou non. Ça l’avait suffisamment foutu en rogne qu’elle t’envoie à l’autre bout du monde pour ne pas la laisser recommencer. »

Le brun fouilla ses poches à la recherche d’une nouvelle dose de nicotine qu’il coinça entre ses dents. Il lui faudrait du temps pour recommencer les recherches. Il ne pourrait pas se contenter de reprendre le dossier de leur oncle, trop d'éléments risquaient de biaiser son analyse. Camenko aurait à repartir du début.

« Écoute, commença-t-il dans un nuage de fumée, je vais faire de mon mieux pour retrouver sa trace. Qu’elle soit encore en vie ou non, tu auras tes réponses. Mais réfléchis bien à ce que tu feras, si elle respire toujours. Elle sait qui elle est. Si elle avait voulu retrouver sa famille, elle aurait pu le faire. »

C’était peut-être son choix de ne pas se manifester. De rester où qu’elle se trouve, de continuer à fuir son passé et son nom. Qui étaient-ils pour ruiner ce qu’elle avait construit et défoncer les murs qui emprisonnaient ses souvenirs ?

« On n’est pas franchement le genre de fantômes des Noëls passés qu’on rêve de voir à sa table pour le réveillon. D’autant qu’il y a plus léger comme retrouvailles que d’annoncer la naissance à venir d’une petite-sœur, tout en balançant au passage l’existence d’un demi-frère. »

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Slavenko Drazavic
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Re: Haine sereine, ne vois-tu rien venir ? | Slavo Ven 16 Aoû - 19:23




"Oh mais je suis persuadé que notre oncle est au courant! Mais comment lui faire cracher le morceau ? Il va te dire au mieux qu'il a de bonnes raisons, que c'est pour la protéger, mais plus surement qu'il ne sait foutre rien. Il aime trop les secrets pour ça." Mon regard s'arrête sur mon frère qui partage ce même travers comme j'ai ceux de mon père. On nous pousse à avoir la même relation que Jelenko et Mirko, mais au fond, je ne suis pas sur que ces deux là s'aiment - alors que j'aime mon frère. Certes, Jelenko et Mirko partagent deux même parents mais la loyauté du sang est surtout une loyauté de moyens et d'objectifs, depuis deux ans, à regarder leurs fonctionnements, chacun dans son coin, je commence à mieux comprendre et perdre certaines de mes illusions - notamment au fil de discussions avec Camenko. Je n'ai jamais eu confiance en mon oncle, il a trop tenté de se mettre entre Nina et moi et surtout il connait trop de mes secrets. Reste pour moi à savoir si j'ai confiance en mon père. J'évite de me poser la question en ce moment.

Quant à ma sœur, je l'aime aussi. Je l'ai aimée aussi. Je ne sais plus si je dois parler au passé ou au présent. A sa naissance, juste avant que je ne rejoigne mon père au front, j'aidais ma mère pour s'occuper du bébé. J'ai joué quelques mois, presque deux années en fait, au grand frère protecteur et dans mes souvenirs, j'aimais ça. Les rares souvenirs de cette époque sont souvent ceux de ma mère avec Saskia dans les bras. Je me souviens de la fierté d'être grand frère et de la joie de les revoir ou de recevoir des nouvelles d'elles. Puis la guerre m'a éloigné, les idéaux de mon père et la meth aussi, trop courante parmi les rangs des soldats surtout chez les snipers. Je fronce les sourcils, perdu dans les souvenirs très vifs de cette période. Je vide mon verre à nouveau d'un air pensif et grave. "Si elle va bien, qu'elle a une famille, je n'irais pas déranger sa vie. Je sais qu'une famille rangée n'aurait rien à gagner à rejoindre la notre à nouveau." Y aurait-il un peu d'amertume et de crainte dans mes propos à l'aube où je fonde ma propre famille ? P'tre bien ouai... J'esquisse un sourire. "Elle aime peut-être les grandes familles qui sait ? Mais j'ai compris...t'en fait, je bouleverserais pas sa vie." Si elle en a encore une...

Je serre le verre dans ma main, le faisant disparaître dans ma paume dans le but de le descendre à la cuisine pour le foutre au lave-vaisselle, un reste d'éducation de ma mère sans aucun doute. "Je dois y aller. Tiens moi au courant tu veux ? J'ai vraiment besoin de savoir." En passant près de Camenko, je lui tapote l'épaule en geste de salut et d'au revoir.


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