Slavenko Drazavic || Take what is offered and that must sometimes be enough.

“Les snipers sont toujours des enculés.” Enki Bilal

La Bosnie, mon pays, mon amour.  Peu importe la dureté de mon pays, la guerre, l’horreur. Je l'aime. Je suis né pour cette guerre, pour cette lutte sans fin. Je pourrais vous en raconter des histoires, du sale, du violent, du sanglant. Je pourrais vous raconter la Sniper Alley, ou le massacre de Srebrenica. Je sais que ce n’est pas fini pourtant, ça couve encore, foyer mal éteint dont les braises repartiront un jour, j’en suis persuadé.

Ce fut l'Exil après la guerre. Les héros d'autrefois devenu criminels de guerre quel choix avais-je ? Un autre surement mais ce choix là a été fait par une mère qui voulait me sauver de moi-même.  L'Amérique au bout du voyage. Mais on ne sauve pas les salauds même ceux qui ont une mère. Rapidement, j'ai intégré le Klan, la mafia serbe du Bronx. Rapidement ça a dérapé. Ce fut la taule. Neuf années à tirer à Rikers avant d'être libéré. Et de l'autre coté de l'océan, mon père purgeait sa peine pour crimes de guerre. Il en a pris pour 20 ans, je suis en veine en comparaison...

“-La guerre est une histoire d'amour ratée comme une autre. Bien sûr, on a envie de tout arrêter, mais à quel prix ? Et surtout, une fois qu'on s'en est sorti, se sent-on vraiment mieux ?” Richard K.Morgan

La réponse est non, mille fois non. J'ai connue Nina dans le Bronx après ma sortie de taule. Elle était éblouissante, la lumière du papillon. Mais notre histoire est comme celle de mon adolescence, teintée de violence. Tout de suite je l’ai voulue, passionnément. De cette passion qui nous a brûlé les ailes. Mais devant l'évidence, j'ai renoncé, trop de choses nous séparaient et la principale c'est moi. J'ai reçu les papiers du divorce. Je les laisse traîner sur le meuble de l'entrée de mon appartement, jetant tous les jours un coup d’œil dessus en passant.


-“Never escape them. They just wait, don't they?
-What?
-The monsters inside us.” Penny Dreadful (Ethan & Vanessa)

Ils, ma famille, mes amis, mes frères d’armes. C'est aussi pour eux que j'ai renoncé à Nina, à ma vie américaine. Je ne peux pas vivre coupé en deux. Mon père a vu son procès révisé et est sorti de prison. Mon oncle est revenu, ombre de la famille. Je suis né pour obéir et être soldat de notre cause. Je suis rentré à Sarajevo. Ici c'est chez moi. Au sein des Tigrovi j'ai ma place naturelle. Notre QG c'est le Pussynight en souvenir un ami du Bronx. Ça fait un an que je suis rentré !

“Take what is offered and that must sometimes be enough.”   Richard K.Morgan

Et puis j'ai retrouvé Nina, ici, à Sarajevo. Hasard ou est-elle venue dans l'espoir de me trouver, je ne le saurais jamais je crois, mais j'ai ressaisi ma chance, celle que j'avais laissée passer il y a des mois. J'ai eu trop de douleurs, de regrets, je n'ai pas pu, pas su, la laisser partir. Depuis, on est ensemble je crois...malgré le divorce qu'elle a quand même voulu consommer. Je ne sais pas trop ce qu'on essaye de faire, aller au bout du chemin ou reconstruire, mais au moins on vit ensemble. J'essaye de m'en contenter.