Mahyar || No one knows about persian cats.

▬ Né à Téhéran il n’a cependant de souvenirs que des bas fonds sans lumière dans lesquels on s’entassait pour se protéger de la pluie, où la chaleur et la poussière ne cessaient jamais de rentrer par tous les orifices. Il a couru dans les rues pleines de déchets et de gravats sans n’être réellement quelqu’un ; son nom de famille ne lui a été octroyé que lorsque, pris en charge par des passeurs, il a fallu lui confectionner des faux papiers pour sortir du pays.

▬ Il tient le Chat Persan depuis dix-sept ans, dans une légalité juridique vacillante mais qui ne semble pas déranger les autorités pour le moment. Il essaie d’être en règle autant que possible mais c’est clairement pas son souci. Actuellement, il essaie surtout de régler des dettes et de nourrir les bouches de ses gamines.

▬ Il a six filles : Vanda, Yasmin, Parham, Nasrin, Azar et Kimia, de 28, 24, 23, 22, 20 et 17 ans, toutes de la même mère et qui travaillent avec lui au Chat. Les deux plus âgées sont au service et les trois plus jeunes livrent à vélo les commandes que les clients font à distance depuis désormais deux ans. Il lui est impossible de leur payer des études et sans qu’il ne l’ait exigé, les filles ont ancré dans leur caboche qu’elles reprendraient le flambeau.

▬ Sa défunte Elham a perdu la vie durant une mission pour le compte des Perzi. Comme le restaurant lui appartenait, et que d’une manière générale elle assurait la ressource pécuniaire de la famille, Mahyar a repris son affaire et sa place dans l’esclavagisme des Perzi pour ne pas que les mioches se retrouvent à la rue. Kimia ayant quelques mois à l’époque, il était inenvisageable de précariser davantage leur situation.

▬ Sa présence dans un endroit vecteur de bouffe et de rencontres en font un excellent indicateur illégal mais aussi et surtout touristique. En même temps qu’un hommage son activité reste une pratique dans laquelle il met énormément de cœur et qu’il ne s’imagine pas laisser tomber.
Lucide, il ne doute cependant pas de sa suppression prochaine s’il fait un pas de travers  ou si le grand chef – qu’il n’a jamais rencontré – décide qu’il n’est plus utile et qu’il ferme son antenne.