Sasha Knezevic || No song so sweet

The Me

Spoiler:

Not a Fairytale
Tu es née pour être grande et forte. Alors n'envie rien aux autres. Laisse les t'admirer et rêver d'être toi. || Combien de fois lui avait-on dit et répété qu’elle était au-dessus de tout. Trop souvent pour son propre bien, trop souvent pour en espérer quoi que ce soit de bon au final. Grandir comme si l’on était une princesse sans en avoir les titres ne pouvait attirer que des conséquences diverses et variées pour l’avenir. Pour Sasha ce fut le cas. À peine savait-elle comprendre le sens des mots qu’on lui avait mis une vérité unique dans le crâne; son nom, son sang, tout en elle respirait le luxe et la grandeur dans ce monde. Naître Knezevic, c’était comme gagner à la loterie puisque ce nom faisait partie des grandes familles Serbe de la Bosnie-Herzégovine. Riches, aisés, de grands dirigeants dans le domaine immobilier d’où  ils tiraient essentiellement ce grand portefeuille. Mais comme bien des grands de ce monde, une part de leurs ressources venaient également de certaines alliances et autres manigances passées sous le couver de la loi. Cette dernière pratique avait pris place il y a quelques générations alors, beaucoup de patriarches – ainsi que quelques illustres matriarches -   ayant suivit ce sombre et dangereux appât du gain sans jamais se faire prendre. Ou bien en sachant graisser les pattes pour qu’on tourne le regard, la différence était relativement minime alors. Le père de notre jeune Sasha n’y fit pas exception, embrassant ces travers criminels pour s’enrichir encore et toujours. De l’argent, il n’en n’avait jamais assez. Non seulement il joua de la corruption dans plusieurs aspects, mais il repris les minimes alliances de son propre père avec les mafias locales pour les faire fructifier et grandir. La Sasha d’alors, était bien trop jeune pour se rendre compte de quoi que ce soit, vivant dans sa bulle dorée et vivant comme la princesse qu’on lui disait qu’elle était. Alors elle se nommait autrement, affublée d’un prénom plus séant à sa gracieuse personne. Sofea Anastasija Knezevic, arborant en seconde identité le nom d’une grand-mère maternelle.

Sofea était gâtée, choyée et couvée de partout. On lui avait fourni les meilleures éducations possibles, l’envoyant dans des écoles privées que seuls d’autres enfants d’hommes tel que son père avait le luxe de s’offrir. À la maison, malgré qu’on lui disait rarement non, on lui imposait également une éducation sévère sur l’apparence et l’art d’agir dans cette société opulente et égocentrique qu’elle serait un joue appelée à rejoindre. Son petit caractère faisait qu’elle était la grande favorite du paternel, et ce même avec sa chance en ayant des jumeaux de six ans les cadets de son aîné. Les deux garçons, bien que brillants eux aussi, ne possédant même pas le dixième de prestance de leur sœur, n’était que des ombres dans son sillage alors qu’elle s’imposait naturellement. On lui disait qu’elle était une princesse, qu’elle valait mieux que tout. La petite Sofea agissait donc comme tel, même du haut de ses quelques années. Si on lui disait « non » au lieu de criser, la jeune demoiselle gardait ce souvenir du refus, s’arrangeant alors pour tourner les événements à son avantage et bien paraître. Alors on l’applaudissait et on lui donnait finalement en récompense ce qu’elle exigeait. Ça, elle l’avait vite compris. Que ce soit avec sa famille ou son cercle d’amis, elle menait son petit monde en se croyant intouchable et invincible. Riche et puissante, belle et aimée. Comment pouvait-on donc chuté avec de tels atouts en mains ?

Ce qu’elle tomba de haut alors la Sofea quand sa mère vint la prendre à la sortie de l’école, la tirant presque dans la voiture avec ses petits frères et démarrant sans demander son reste. La jeune fille d’à peine dix ans remarquait alors quelques valises, s’extasiant soudain, croyant à des vacances surprises. Mais le ton sec et autoritaire de sa génitrice eut tôt fait de la faire taire et surtout de la calmer, suffisamment pour qu’elle obéisse ensuite au ton cette fois plus doux, lui intimant d’être gentille, pour maman. Que maman expliquerait tout. Mais pas tout de suite. Qu’elle devait être brave, forte et tenir la tête haute, comme elle le lui avait toujours dit et de veiller sur ses deux frères. À dix ans, on ne comprenait pas tout, mais on pouvait le sentir quand une situation était grave et surtout qu’on allait changer de vie. Ce fut le cas de la petite Sofea, qui le ressentait dans son ventre qui se tordait d’angoisse à ne pas savoir, ne pas comprendre. Alors qu'elle serrait contre elle ses deux petits frères, tout en avisant de l'oeil l'aéroport qui se dessinait au loin sur la route.  Mais elle n’en montra rien. Parce qu’elle était une petite princesse, puissante et digne. On le lui avait dit.

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Quand le monde te persécute, tu te dois de le persécuter en retour. || La Nouvelle-Orléans. Sa mère avait choisit le vol qui partait le plus tôt possible vers l’Amérique et ce fut ainsi que la famille se retrouva dans cette ville de Louisianne. Tout là bas était différent, c’était un véritable choc des cultures pour Sofea qui se retrouva privée d’absolument tous ses repères; même de son identité. Désormais elle était Sasha Hart. Bon Dieu qu’au début la jeune fille détesta ce nom avec toute son âme, chose qui lui rappelait quotidiennement la chute incroyable qu’elle avait fait en ce monde. Elle passait de petite princesse dans un confort parfait, à cette étrangère sans véritables attaches et vivant dans un quartier pauvre. Elle passait d’une chambre mille fois trop grande pour une gamine de dix ans, à une pièce tenant tout juste un lit avec tiroir et un bureau. Elle passait d’un monde ou elle comprenait tout, à un autre ou elle ne baragouinait même pas trois mots de la langue. Pourtant la petite Sasha ne se plaignit pas, enfin, pas à voix haute. Elle voyait bien que sa mère aussi se retrouvait tout aussi dépaysée qu’elle, que ses jeunes frères étaient bouleversés et qu’il fallait leur offrir autant de réconfort que possible. Sa mère n’avait pas besoin de la capricieuse Sofea, elle n’avait pas besoin de la jolie princesse. Elle avait besoin de Sasha, cette petite fille qui soudain se retrouva à grandir trop vite. Les deux femmes se serrèrent les coudes, créant ce début de grande complicité qui grandirait dans le futur. Sa mère ne lui cacha rien, lui expliqua du mieux que possible la situation, les erreurs commises par son père. Si pendant longtemps celui-ci avait été une grande figure dans la vie de Sasha, il perdit très vite son estime et elle trouva en sa génitrice une véritable force qui était mille fois plus inspirante.

Vint ensuite le temps de l’adaptation. Comme dit ci-haut, l’enfant de dix ans à peine dut vite se durcir l’âme pour ne pas se faire engloutir par l’angoisse et le jugement. Une étrangère ne parlant pas le moindrement anglais? Elle aurait pu se faire dévorer toute crue. Mais la petite Sasha piocha dans ce caractère qui était le sien et garda ses vieilles habitudes. Menton haut, allure droite et fière. Rapidement elle comprit que si les autres enfants ne l’aimaient pas vraiment encore, les adultes eux avaient pitié de cette pauvre petite chose qui semblait si perdue. Ce minois si adorable qui tentait tant bien que mal d’apprendre la langue… qui donc ne fondrait pas devant cela? La petite Sasha en usa à son avantage, restant souvent après les classes pour parfaire son apprentissage. Voilà une chose qu’elle voulait savoir et ce au plus vite. C’était handicapant de ne rien comprendre ou de ne pas se faire comprendre. Ça l’agaçait fortement. Donc avec grand effort et bien des astuces, la jolie Sasha eut une base correcte de l’anglais en une demi-année environ. Chez elle cependant, elle parlait toujours en serbe, dernier vestige de son passé chéri.

S’adapter ensuite, fut plus compliqué qu’elle ne l’aurait cru. Si elle tenta de suivre le bon chemin et faire tout bien comme les autres gentilles filles, elle échoua lamentablement. Trop élitiste, trop de critères, trop de trop. C’est dans les environs de ses onze ans que sa route croisa celle de Nina. Cette gamine à l’allure vilaine, qui avait toujours cette bouille de mauvaise fille avec sa chevelure charbon et ses yeux sombres. Comme le petit canard de l’histoire qu’elle avait lu en apprenant l’anglais. Sasha et Nina, chacune à leur façon, étaient rejetées malgré leur efforts. Alors elle se rapprochèrent sans trop de mal ces deux petites choses. Nina, elle l’adorait, même dans son ancien chez elle, la serbe n’avait jamais eu d’ami comme elle. C’était pas juste son amie, c’était comme une sœur passé un certain point. Nina dormait souvent chez elle, toute sa famille l’adoptant aussi comme de la famille. Nina, c’était son vilain petit canard à elle. Ce fut d’ailleurs ensemble qu’elles commencèrent à trouver des manières plus « créatives » pour régler leur problèmes divers. Voler des choses n’entachaient pas vraiment leur conscience, mais pendant un certain temps cela se limita à des petits rien. Le passage au secondaire cependant, acheva de les faire couler au fil de rencontres infortunes, de mauvaises fréquentations, dans de plus sombres chemins. Le petit vol de friandises devint des vols de vêtements et bijoux. La puberté n’y aida absolument pas non plus, ces si mauvais garçons attirant leurs hormones naissantes. Cette curiosité à tout tenter, cette sorte de pression de  « les autres le font, je dois le faire. ». Rien n’alla dans leur sens à cet instant, si bien qu’elles se firent assez tôt qualifiées d’enfants à problèmes.

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Atteindre le fond n'est pas un mal. Puisqu'on ne peut que remonter ensuite. || Nina son grand talent c’était les ordinateurs. Leurs nouveaux amis usant de ce même outil ne manquèrent pas de la guider dans ce nouvel univers de codes et nombres. Sasha c’était plus une charmeuse, une manipulatrice. Elle aidait à organiser les coups, futée et fourbe qu’elle était. Et le plus souvent elle était en premier plan, à distraire, faire de la reconnaissance. Parce que la Sasha, elle était jolie. Elle mettait à peu près qui elle voulait dans sa poche l’adolescente, elle l’avait vite compris ça. Son grand dada à elle, c’était de se faire courtiser par des garçons plus aisé, de se faire couvrir de cadeaux qu’elle revendait. Elle en tirait tout ce qu’elle pouvait et une fois fait, elle passait simplement au suivant. L’un des coups qu’elle faisait souvent avec sa Nina, c’était sur les sites de rencontre en ligne. Sasha cherchait les pigeons facile à duper et Nina elle, vidait leur compte en banque. On ne comptait plus le nombres de fois ou elles avaient faillis se faire prendre, mais c’était amusant ce frisson, ce risque. Puis aussi les fêtes de leur amis douteux, avec leur fausses cartes dans ces bars. Boire trop, prendre des drogues qu’elles auraient mieux fait de ne jamais toucher. Si une bêtise existait, Sasha elle l’avait faite et le plus souvent avec son vilain canard. Elles étaient inséparables les deux demoiselles, partenaires de crimes et grandes amies dans ce monde injuste.

Malgré cette chute vers le fond, Sasha tentait tout de même de poursuivre des études, parce que certainement qu’un tout petit recoin de son esprit y croyait encore à ce bel avenir d’autrefois. Ce n’était pas simple, souvent absente ou alors complètement ailleurs à cause de quelconque substance qui lui plaisait à ce moment… Elle tâtonna dans des études modestes, cherchant à devenir infirmière parce que au-dessous de cette façade de délinquante, il y avait cette âme douce et aimante. Une âme qui ne se montrait pas, par crainte de perdre de cette force qui lui permettait de survivre dans son monde. Ses proches eux le savaient, ils la connaissaient leur Sasha. Mais les autres eux, souvent ne s’arrêtaient qu’à la pimbêche ou bien à l’horrible voleuse et briseuse de coeur. La croqueuse de diamants qui n’aimait que le portefeuille de ses copains. Et ce n’était pas complètement faux, s’attacher était devenue difficile.

Sasha avait dix-neuf ans quand son père sortit finalement de prison. Sa mère et ses frères décidèrent de le rejoindre, mais la jeune femme ne l’entendit pas ainsi. Elle prétexta préférer terminer ses études déjà entamées aux États-Unis, mais la réalité était qu’elle ne voulait pas revoir son père. Elle ne voulait pas retourner dans cet endroit ou autrefois elle était glorieuse. Puis elle ne voulait pas quitter sa Nina, qui elle aussi affrontait de nouveaux problèmes. Les deux jeunes femmes déjà bien bas n’en chutèrent qu’encore plus. Sasha soutint son amie de son mieux alors que celle-ci se retrouvait piégée entre les griffes d’un homme abusif qui la poussera dans la prostitution. Mais elle même affrontait les demandes incessantes de son paternel de revenir, les piques cruelles de ce dernier se disant déçu de ce qu’elle devenait. Alors elle allait encore plus loin, devenait complètement accro à l’alcool et éventuellement aux drogues, parce qu’elle voulait le punir dans son esprit embrumé. Elle se faisait du mal pour blesser cet homme qui l’avait à la base propulsé dans ce pays. Sasha était perdue, elle enchaînait les hommes, ne voulant d’eux que de quoi payer ses doses, commentant des vols et autre délits de plus en plus irréfléchis, parce que justement, plus rien n’était clair dans sa tête. Elle même à ce jour ne pourrait vous dire jusqu’où elle s’était rendue pour tout cela, ne se souvenant de par brides de cette période. Elle ne savait comment, elle termina tout de même ses études pour devenir infirmière. Elle travailla ici et là, volant souvent des choses dans les hôpitaux, allant du matériel, à la morphine et même certaines poches de sang y passèrent… Rien à ses yeux ne pouvait pas ne pas être volé.

Des années durant elle erra ainsi, réussissant parfois à retrouver assez de lucidité pour épauler son vilain canard qui également ne semblait pas trouver la fin à sa misère.

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Les épreuves d'hier ne sont que les cadeaux de demain. Pour aujourd'hui, contente toi d'avancer. || Sasha devait avoir dans les alentours de 23 ans quand une overdose plus grosse que les autres la calma un peu. Ses consommations se réduisirent considérablement alors qu’elle cherchait le courage de se reprendre en main. Ce n’était pas simple, elle ne trouvait pas de réelle motivation à son existence. Un an suivit et sa Nina ,elle, prit la fuite enfin, de tout ce bordel avec son « copain ». Évidement, son amie douée en hacking trouva le moyen de rester en contact avec Sasha une fois à l’abri. Parce que ces deux là, elles restaient inséparables. Rien encore n’avait su rompre leur amitié si soudée au travers des misères et épreuves. La serbe envia quelque peu son amie d’avoir sut trouver de quoi s’en aller. Parce qu’elle même cherchait encore à quoi se raccrocher dans ce monde. Revenir à la maison n’était toujours pas une option, dans ces circonstances ce serait son père le gagnant et la jeune femme préférait encore crever que de voir cela arriver. Elle ramait donc dans son quotidien lassant, travaillant, trouvant un nouvel amant et cédant à l’appel des drogues et boissons pour noyer tous ses problèmes. Une loque, voilà ce qu’elle était alors.

Ce qu’il lui fallut pour sortir de cette spirale infernale fut ce tout petit plus sur le test de grossesse. Cette vision la secoua d’un coup, comme si soudainement elle fut frappée par la foudre. Un électro-choc, alors qu’elle contemplait les yeux ronds son ventre. Une vie. Une vie si fragile et encore innocente de tout. Pour elle, il n’en fallut pas plus pour finalement retrouver sa force et son caractère d’antan. En moins de deux elle ramassa ses dernières économies et s’acheta un billet, direction Sarajevo, laissant en plan le père de ce petit être qui n’eut même pas son mot à dire dans l’histoire.

Bien que difficile, la jeune femme se reprit en main, commençant avant-tout par se sevrer, allant à des rencontres et faisant un bilan complet de santé. Son mode de vie changea radicalement; elle s’imposa une routine, un régime et un exercice régulier. Plus d’une fois elle voulut abandonner, rechuter, retomber. Mais dans ces moments il lui suffisait de regarder son ventre grandissant pour s’insuffler du courage et continuer à se battre. Elle donna naissance à son fils, son grand amour, sa raison de vivre. Son Teodor. Jamais alors elle n’avait aimer à ce point alors qu’elle s’émerveillait de tout ce que son petit accomplissait. Ce miracle qui la sauva, elle en devint vite possessive. Si il voit souvent sa grand-mère et ses oncles, son grand-père lui n’avait même pas le droit de le regarder sans s’attirer la rage de la jeune maman. Ses amants et parfois copains ne le voyait que rarement alors qu’elle ne voulait pas le partager avec un « père ». Elle n’avait besoin de personne pour l’élever et son amour suffisait pour mille.

À ce jour, Sasha a une vie saine et bien meilleure. Son abstinence est une lutte de tous les instants, mais pour le bien de son fils, elle ferait n’importe quoi.