Petit discours lancé dans l'arène, Yuri y descend à son tour avec la grâce consommée d'un acteur de talent. Ce n'est que ça être diplomate lors d'un début de soirée mondaine, sourire et œil de lynx à l'affût des opportunités. Il serre des mains, adresse à chaque personne un mot personnalisé, ne prend jamais la peine de démentir quand on l'appelle Monsieur l'ambassadeur alors qu'il ne l'est pas. Il est seulement un observateur envoyé par Poutine. Le loup de Norilsk est dans son élément quand son regard se pose sur une silhouette connue. Andreij. Il a bien connu le père, ami de son mécène, a moins bien connu le fils, plus âgé que lui, mais ils se sont croisés dans leur jeunesse à quelques soirées moins policées que la soirée de ce soir. Yuri s'approche, un sourire aux lèvres, appelant son camarade par son nom, à la façon russe aux relents du Parti.
"Andreij ! J'avais entendu dire que tu étais dans les Balkans. Sarajevo ? Quelle heureuse coïncidence. Tu es toujours dans les jeux de hasard ?"
Dans l'ambiance feutrée d'une énième soirée mondaine, Nïkolaus rayonnait. Le masque de comédien bien en place donnait au veuf des allures de loup fascinant. Le bras passé autour de la taille d'une femme en âge d'être sa fille, il faisait glisser doucement ses lèvres sur la peau de sa gorge, sous le regard jaloux d'une partie de l'assemblée. La coke irradiait dans ses veines et lui donnait l'illusion qu'elle était la plus belle. Plus belle même qu'elle. Il s'en voudrait demain. Ou jamais. Selon ce que la drogue lui offrirait. Il ne vit pas le camarade Malatchenko descendre de scène et ce fut sa voix qui le sortit brutalement de sa torpeur ouatée et poudrée. Habituée des paradis perdus, Nïkolaus redressa les yeux et tendit la main: - Malatchenko! Tu as grandis mon ami ! Toujours. Il faudra que tu viennes visiter La Feria un soir. D'une poigne ferme sur la taille de son escort, Nïkolaus lui fit signe de le laisser. Les hommes parlent, les femmes disposent. La seule qui dérogeait à la règle n'est plus, et ça, même la drogue n'y changera rien.
Il vint enlacer d'une étreinte fraternel le camarade d'un temps passé. Le père Andreij et le tuteur de Malatchenko était de ces amis du Parti, et les fils n'y avaient pas dérogé. - J'avais ouïe dire qu'on t'avait envoyé ici. T'y plais-tu seulement?
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Re: Nïkolaus - Yuri Mer 26 Sep - 12:13
Compatriotes
Début de soirée
Yuri a un rire, la masse de Nïkolaus étant bien plus impressionnante que la sienne, plus souple et témoignant d'une âme retorse.
"Je viendrais perdre quelques euros chez toi mon ami, avec un grand plaisir"
Des euros, parce qu'ils ne sont que trop conscients de la valeur aléatoire et compliquée des roubles. L'Euro monnaie forte a même supplanté le dollar dans le cœur des russes avides de fortune. Yuri est de ces derniers, ne s'en cache pas et joue avec l'argent comme avec le reste. La femme dispose et Yuri la suit une fraction de seconde d'un regard incisif avant de reporter son attention sur cette figure d'un passé déjà lointain.
"Je suis arrivé avec le Ministre il y a une petite semaine. Oui, il semble que j'ai apporté avec moi l'automne russe ! Quoiqu'il en soit, il est difficile de me faire déjà une idée de la ville mais la mission qui m'amène est un honneur."
Le discours est usuel, bien tourné mais banal et Yuri a un autre sourire avant de concéder quelque chose de plus personnel et sincère à propos de cette mission. Nikolaï est considéré comme un allié ou quelqu'un de neutre à tout le moins.
"Elle me plait beaucoup et déplait à l'ambassadeur"
Ce qui entre les lignes et pour qui connait l'esprit tordu de Yuri signifie qu'il n'en apprécie que plus sa nomination. Il aime être l'aiguillon dans le pied des gens, un exercice dangereux au final mais qui le fait se sentir indispensable et vivant.
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