What happens to us in the future? Do we become assholes or something? - Slavina

Je me laisse faire, docile et alanguie entre ses bras, fermant les yeux pour éviter les gouttelettes d'eau qu'il projette sur mon visage. Et pour une fois, c'est assez rare pour être noté, je ne cherche pas à le contredire. Je ne lui ai rien offert de matériel, et je me promets de me rattraper rapidement, mais je ne peux pas nier que le fait que je sois là, avec lui, est déjà immense. Quand j'ai ouvert la porte, que j'ai vu les décorations de Las Vegas dans le salon, quand je suis allée dans la salle de bain pour enfiler la robe dorée... J'ai sincèrement hésité à m'en aller. Et pourtant je suis là, dans ses bras, avec ce bracelet au poignet que j'ai eu envie de lui jeter à la figure quand j'ai ouvert le paquet ! Je n'ai pourtant toujours pas rendu mon appartement new-yorkais, je n'ai pas non plus jeté les papiers du divorce, je ne suis pas encore sûre d'être toujours ici dans un mois... Mais je me suis promis que je nous laisserais une vraie chance, et je fais tous les efforts du monde pour tenir cette promesse, même si souvent elle me coûte.

Je souris en pressant ma joue contre la sienne, acquiesce doucement. C'est vrai...? C'est peut-être mieux... Je suis épuisée. Il est très tard, j'ai eu une longue journée, une longue soirée et je suis globalement nerveusement épuisée, constamment, depuis mon retour à Sarajevo. En plus je ne suis pas sûre qu'ouvrir le dernier cadeau maintenant soit une bonne idée. Si c'est encore un cadeau lourd de sens, j'ai peur de ne pas l'accueillir correctement et de tout gâcher. Si c'est un cadeau à utiliser dans la chambre, comme celui qui est pour la salle de bain, alors je n'aurais plus l'énergie pour le faire. La fatigue l'emporte sur ma curiosité. Je tourne la tête pour embrasser sa joue. Je l'apprécierais mieux demain, je crois... Tu m'en veux pas ?

Ses mains expertes et douces suspendent la discussion le temps de me mener à l'orgasme, lentement, dans un crescendo délicieux qui pour une fois n'est pas lourd de tension. Le temps que je reprenne mes esprits, l'eau du bain a refroidi et on en sort pour se sécher... Ou plutôt je le laisse m'envelopper dans la serviette et m'emporter dans la chambre.

"Non, je veux que tu puisses l'apprécier mon ange. Demain c'est parfait". Je la porte dans la chambre, enveloppée dans la serviette et je la dépose sur le lit, emmitouflée dans les serviettes. Je me redresser, me sèche rapidement avant de coincer une serviette autour de ma taille. "Je vais éteindre les lumières et fermer les volets, je reviens dans deux minutes." C'est surtout la cheminée que je veux vérifier et fermer le clapet pour qu'il couve. Je range rapidement les vêtements en les posant sur le dossier de canapé et je mets le reste du traiteur au frigo. Je n'aime pas le désordre, et avoir vécu seul quatorze mois dans un environnement sobre n'a rien arrangé. Je vais vider la baignoire et étendre les serviettes et il s'est passé un peu plus que deux minutes quand je reviens me coucher d'autant que j'ai fumé une clope entre temps. J'amène un verre d'eau à Nina que je pose sur sa table de nuit, je sais très bien qu'elle prend des cachets, mais si ça ne m'est pas égal, j'accepte ce travers chez elle. J'aimerais prendre davantage soin d'elle pour qu'elle n'en ait plus besoin mais pour l'instant ça me semble être trop tôt pour lutter contre sa dépendance.

Je me couche près d'elle, revenant d'un geste câlin contre elle. Je caresse son front et viens chercher un doux baiser sur sa bouche "dors mon ange, ja volim te." Je m'installe pour qu'elle puisse se caler dans mes bras et je ne tarde pas à m'endormir, moi aussi épuisé.

Comme il me pose sur le lit et s'éloigne, je me penche et tire le tiroir de la table de chevet pour en sortir les cachets. Il est mignon, mais ça fait longtemps que je n'ai plus vraiment besoin d'eau pour les prendre. La soirée a été riche en émotions et j'ai particulièrement besoin de me reposer, de récupérer vraiment ce soir. J'en profite pour prendre ma pilule, si je ne suis jamais très régulière dans les horaires, je ne l'oublie en revanche jamais (d'ailleurs je ne l'avais pas non plus oubliée quand je suis tombée enceinte !) et je m'enroule dans les couvertures en attendant son retour. J'ai un sourire tendre parce que je l'entends qui s'active, repasse derrière nous pour ranger alors que ça pourrait parfaitement attendre demain. Je sais bien comme il est maniaque, heureusement pour lui que je ne suis pas bordélique, je crois qu'il deviendrait fou sinon !

La kétamine agit très rapidement et je suis déjà plus apaisée quand il revient, les pupilles un peu dilatées mais parfaitement consciente de ce que je dis et ce que je fais, parce que je ne prends pas des doses de cheval et que j'ai -malheureusement- développé une bonne résistance. Mon regard s'illumine quand il s'allonge à côté de moi, et je me niche contre lui, lui rendant son baiser dans un soupir de bien-être. Ja volim te... Merci, Slavenko, d'avoir organisé tout ça pour moi... Je l'embrasse encore, et je m'endors entre ses bras, repue, sereine et heureuse, fatiguée au point qu'aucun de nous ne s'éveille pour baiser pendant la nuit !

Je suis heureux qu'elle me remercie, parce que je sais alors que mes efforts payent et que je dois les poursuivre même quand elle rechigne de prime abord. C'est à moi d'être persévérant, de raviver notre mariage parce que je ne veux pas qu'on soit juste des amants, ça ne m'a jamais vraiment suffit même si le lien charnel est au cœur de notre relation. C'est la seule que j'ai jamais tenue dans mes bras en dormant, la seule dont je me suis vraiment soucié même si j'ai eu mes propres limites au moment de l'avortement. J'essaye de réparer ce manquement, de construire autre chose, peut-être un peu différemment, en espérant que ce soit mieux.

Le lendemain, je m'éveille avant elle et je me défais tout doucement de ses bras pour la laisser dormir tandis que je vais préparer le petit déjeuner promis. Je m'arrête à la salle de bain, puis sur le toit pour fumer avant de m'occuper de tout préparer à mon rythme - lent du matin - dans la cuisine. Rien que je fais de faire griller le bacon et toast me fait sourire en me replongeant dans des souvenirs agréables. Je prépare un plateau mais je ne l'emmène pas tout de suite dans la chambre, préférant tenir au chaud le café et les plats avant d'être sur qu'elle est réveillée. Je ne veux pas la brusquer ce matin, j'ai conscience qu'elle a besoin de récupérer et de dormir, la fatigue la rendant encore plus à fleur de peau. Je retourne dans la chambre tout doucement.

Il est tard, et les endorphines, sa présence, couplés aux cachets m'aident à dormir profondément. Il est rare que je ne me réveille pas quand il sort du lit mais ce matin c'est pourtant le cas. Je ne me rends même pas compte qu'il quitte nos draps, et je roule sur le ventre pour nicher mon visage dans son oreiller, me berçant de son odeur pour dormir encore. Quand j'ouvre enfin les yeux, il est déjà près de moi, assis sur le lit, et mon visage s'éclaire aussitôt. Sans écarter la couverture qui me tient chaud de façon beaucoup trop agréable, je bouge juste assez pour pouvoir venir frotter mon nez à son bras. Ça sent drôlement bon. Ma voix est encore rauque, légèrement ensommeillée, mais l'odeur qui me chatouille les narines en provenance de la cuisine est en train de me tirer du sommeil. J'embrasse sa peau doucement, me tourne sur le flanc pour me nicher contre lui autant que les draps entre nous me le permettent. Tu es réveillé depuis longtemps ? Assez longtemps pour avoir préparé le petit déjeuner promis, en tout cas !

"Bonjour srce moje" Je l'enveloppe d'un bras et me penche pour l'embrasser, le visage tout de suite éclairé de cette lumière qu'elle est capable de susciter chez moi. "J'espère que ce sera aussi bien que ça sent bon, et la réponse est non, pas depuis longtemps mon ange mais je voulais te laisser te reposer. Tu as bien dormi ?"

Je glisse mes doigts dans la masse de ses cheveux en bataille, caressant sa nuque dans un geste enveloppant; Je la fais basculer sur le dos pour la surplomber en souriant avant de frotter mon nez sur le sien. "Ti si divna, tu sais ?"Le matin au réveil, elle trouve le moyen d'être belle et adorable avec son air chiffonné de chatte alanguie, je ne sais vraiment pas comment elle réussit cet exploit. "Humm bon, le p'tit dej' t'attend. Ici ou dans le salon duso ? Tu peux choisir."

Ma bouche trouve la sienne, douce, fondante et chaude et je me liquéfie de l'intérieur. Très bien, j'étais épuisée... Et toi, tu as pu te reposer ? Il n'a pas l'aide des cachets, contrairement à moi, et je sais qu'il lui arrive d'avoir du mal à trouver le sommeil... Je crois qu'il est lui aussi nerveusement fatigué de nos éternels allers-retours et personnellement, la nuit m'a fait beaucoup de bien... Alors j'espère que c'est le cas pour lui aussi. Je me laisse aller sur le dos, l'accueillant sur moi dans un soupir de bonheur. Mh, je sais. Je réponds à son compliment dans un sourire amusé, mutine.

Je ne réponds pas tout de suite à sa proposition. D'abord, je sors mes mains de sous la couverture, et je les glisse contre sa nuque. T'as toujours la peau toute chaude, je sais pas comment tu fais ça ! Mais pour moi c'est formidable, c'est exactement ce dont j'ai besoin, ce qui me fait défaut quand il n'est pas là. Je tends le cou, viens cueillir ses lèvres pour un nouveau baiser où je prends le temps de me nourrir de son souffle avant de trancher. Dans le salon, dans notre nouveau fauteuil. Mais j'emporte un plaid avec moi. Il y en a toujours un qui traîne sur la commode ou le canapé parce que je suis hyper frileuse. Comme il se lève et me libère, je sors du pieu et récupère le plaid dans lequel je m'enveloppe. Le sol est frais sous mes pieds et je sautille jusqu'au salon où je me vautre dans le fauteuil.

"J'ai dormi comme un loir." Et c'est la vérité, surement que la pression relâchée, j'avais besoin de récupérer et c'est fait. Je stresse depuis des jours à l'approche de cette date et de comment l'aborder. J'avais peur que ma façon ne soit carrément pas la bonne mais ça s'est bien passé - très bien passé. Je souris de la voir sautiller comme une môme, et s'installer dans le fauteuil.

J'amène le petit déjeuner préparé avec soin. Je pose le tout sur la table basse assez près pour que Nina puisse se servir de ce qui lui fait envie. Je m'assieds sur l'accoudoir, qui va devenir - je le sens - ma nouvelle place avec le tapis de fourrure à ses pieds. On déjeune en silence ou quelques rares paroles détendues agrémentées de caresses furtives de ma part.

Au détour d'un silence et après avoir vidé ma tasse de café, j'annonce "J'avais un autre cadeau. En plus de celui de la chambre." J'attrape ma veste restée dans le salon sur un dossier, et je sors une pochette en papier. Elle contient

Spoiler:

Moi aussi, j'étais terrifiée lorsque je suis entrée hier soir et que j'ai vu ce qu'il avait organisé. Et très honnêtement au départ j'étais à peu près certaine que la soirée se finirait par une engueulade monumentale et peut-être même un billet d'avion pour NY, c'est dire ! Mais il y a une chose dont je suis douloureusement consciente aujourd'hui, malgré mon ressentiment et tout ce qu'on a vécu : je ne veux pas me passer de lui. Je fais tous les efforts du monde pour prendre sur moi et que ça fonctionne parce que je sais ce que c'est que de devoir apprendre à vivre sans lui et je n'y survivrais pas une seconde fois. Je ne me maîtrise pas toujours, c'est vrai, mais quand je vois à quel point il a essayé d'arranger les choses, de me faire plaisir... Je ne peux pas démarrer au quart de tour et ne pas lui laisser une chance.

Dans le fauteuil, je m'enroule dans le plaid et je lève sur lui un regard brillant de joie. Merci. Je suis affamée, c'est assez rare pour être noté, et je me sers avec appétit pour me nourrir comme il se doit. Bien évidemment, je mange toujours beaucoup plus lentement que lui et je suis encore en train de grignoter une tartine quand il me parle d'un autre cadeau, une lueur de curiosité faisant pétiller mon regard.

Je m'empare de la pochette tendue, non sans faire remarquer : Et c'est quoi, le cadeau de la chambre...? Quoi ? Il en manque un, oh ! J'ouvre la pochette, examine ce qu'elle contient et semble freezer un instant avant d'écarquiller les yeux en comprenant ce que c'est. Je relève sur lui un regard complètement incrédule, la bouche en O. Non ? Je bondis hors de ma chrysalide en pilou pour jeter mes bras autour de son cou, le tirant vers moi pour éviter qu'il ne se casse la gueule, et dans le mouvement il bascule sur moi, se vautrant sur le fauteuil. On va en Espagne ?!

"Le cadeau dans la chambre c'est sexuel" lâché-je avec un rire grave et amusé parce qu'elle doit bien s'en douter vu le lieu que j'ai choisi pour le mettre. Mais sa réaction aux billets, une fois qu'elle a réalisé ce que c'est, dépasse mes espérances les plus folles. je me retrouve à moitié étouffé, à me retenir à l'accoudoir, riant tout en essayant de ne pas l'écraser. "oui, oui à Grenade. C'est bien là où tu voulais aller ?" Je sais bien que ce n'est qu'un city trip et pas le voyage au soleil dont elle rêve mais c'est une première étape. J'ai choisi cette destination parce qu'elle lui tient à cœur depuis toujours et que je n'ai rien oublié en quatorze mois d'absence.

J'embrasse au hasard un coin de peau, presse Nina contre moi parce que sa joie est communicative et que j'ai toujours aimé lui faire plaisir par dessus tout, même si aujourd'hui ça parait paradoxal. "J'ai trouvé un hôtel qui fait réveillon avec diner et soirée en boite de nuit, et puis il y a un feu d'artifice sur la place aussi, alors on s'organisera comme tu as envie srce moje." Je sais que Noël - qui pour les orthodoxes aura donc lieu la semaine qui suit nouvel an - est une épreuve pour elle, être avec ma famille, des gens qui parlent majoritairement serbes et qui pense-t-elle ne l'approuve pas, alors j'ai e envie de lui offrir ce répit juste elle et moi.

Je hoche vivement la tête. En Andalousie, oui ! Et plus particulièrement Grenade, c'est vrai. Dans l'idéal, bien-sûr, j'aurais voulu faire un long voyage en Andalousie pour avoir le temps de visiter toutes les villes du coin, mais ça ne fait rien, c'est quelque chose qu'on aura le temps de faire plus tard... En tout cas je l'espère ! Je n'ai même pas pensé à regarder les dates, le temps qu'on passe sur place, je me suis contentée de lire la destination parce que je suis trop curieuse et surtout, pas assez patiente. Je le tire un peu plus fort vers moi, sans me soucier qu'il m'écrase, et je grignote son cou de baisers jusqu'à ce que je doive reprendre mon souffle. C'est merveilleux. Merveilleux !

Je le serre encore à l'étouffer, riant à moitié tant je suis heureuse, excitée comme une puce à l'idée de pouvoir enfin aller en Espagne. J'en rêve depuis toujours, il n'imagine même pas ce que ça représente pour moi. Grenade, j'y pensais au Red Manor pour tenir le coup, en me disant qu'un jour j'irais vivre là-bas, au soleil. C'était le fantasme d'une autre vie. Il est comment l'hôtel ? Y a un jacuzzi dans la chambre ? On part combien de temps ?

Je ris encore au flot de questions, même si je n'en connais pas les raisons profondes, je sais l'importance de ce voyage à ses yeux, on a assez parlé de ce rêve quand on était dans le Bronx. Je réponds à ses questions avec un peu d'appréhension. Je sais que ça ne colle pas exactement à ce qu'elle aurait voulu mais j'ai essayé de composer avec ce qui était possible de faire. Je ne voulais pas prendre une date pour dans six mois, j'avais besoin de quelque chose de concret plus rapidement "c'est un hôtel 4 étoiles, y a pas de jacuzzi dans la chambre mais y a un spa avec piscine, hammam, bassins à bulles et tout le toutim... On part 4 jours et demi mais y a neuf heures de vol à chaque fois alors on ne sera pas très très longtemps sur place c'est vrai, mais c'est histoire de faire nouvel an à Grenade... On y retournera quand il fera plus chaud ! "

Mes mains se sont perdues dans ses cheveux et j'ai glissé genoux au sol, mon corps affalé sur le sien, chaud, pesant aussi. Je relève le nez pour croiser son regard, cherchant la lumière et la joie pour me conforter, y chercher une approbation et pour me réchauffer à sa joie. "C'est l'hôtel Macià Real de la Alhambra, tu verras des photos sur le net. On louera une caisse, comme ça on pourra visiter."

Je hoche la tête quand il me décrit un peu l'hôtel, le fait qu'il n'y ait pas de jacuzzi dans la chambre ne me dérange pas, s'il y a un spa dans l'hôtel on trouvera bien de quoi s'occuper je n'en doute pas ! En revanche je crois bien que la déception passe brièvement sur mon visage lorsqu'il m'annonce qu'on part quatre jours en comptant les journées de vol. Concrètement ça ne fait que deux jours sur place, et pour un voyage aussi loin, dans un endroit que je rêve de visiter depuis toujours... Ouais, je dois admettre que c'est terriblement court. C'est neuf heures en partant de Sarajevo ? Ok, ce n'est pas le grand voyage au soleil dont je rêvais, on ne pourra pas se baigner à cette période et je ne suis pas sûre qu'en deux jours on ait le temps de visiter grand chose... Mais c'est quand même l'Espagne ! Je m'efforce d'arrêter de jouer les princesses capricieuses pour occulter ma légère déception...

Comme il est tombé à mes pieds, je passe mes mains dans sa nuque, me penche sur lui pour embrasser son front. Je ne sais pas si c'est très grand Grenade... On peut peut-être tout faire à pieds et en transports... On verra. On organisera ça ensemble, mh ? Faire le tri entre ce que je veux faire et ce qu'on aura réellement le temps de faire, ce serait par exemple un bon début. J'esquisse un sourire, me penche un peu plus pour embrasser sa joue cette fois. Merci mon amour, c'est un très beau cadeau. Et je ne le dirais pas à voix haute mais je suis quand même heureuse de m'éloigner un peu de Sarajevo pour les fêtes. En plus, on sera allés à New-York un peu plus tôt dans le mois, c'est parfait.

Je suis d'autant plus sensible à sa déception, même légère et passagère que j'ai à cœur de bien faire, que je suis anxieux de ses réactions, que je surveille la moindre réticence ou approbation. J'accuse une inquiétude en expliquant "oui, à cause des escales, y a pas de direct" Sarajevo n'est pas exactement un aéroport hyper bien desservi et Grenade reste une destination atypique ! En plus avec le voyage à NY et mon nouveau boulot, je dois composer pour me faire remplacer et réussir à dégager quatre cinq jours d'affilés. Ça tombe bien que Cvetko est arrangeant, même pour le réveillon de la Saint Sylvestre. J'ai promis de le remplacer ensuite aux dates de son choix.

"Je ne sais pas non plus si c'est grand, je n'ai pas eu le temps de me renseigner vraiment bien." J'ai un léger geste désolé, même si ses baisers me rassurent un peu. "On part le 30 très tôt, et on rentre le 02. Je sais bien que ça fait court mais c'était surtout pour faire le réveillon ailleurs, et puis ce sera mieux d'y aller plus longtemps quand il fait vraiment beau. Enfin...si tu préfères un autre moment, on échange les billets. Ce n'est pas gravé dans le marbre, c'est pour te faire plaisir srce, alors on y va quand tu veux. Tu trouves que c'est trop court ? "

Oh ! D'accord. C'est pour ça que neuf heures me semblaient vraiment beaucoup, parce qu'il n'y a pas de vol direct. Je sais bien que mon sens de la géographie n'est pas le meilleur qui soit mais quand même, que ce soit plus long d'aller en Espagne qu'à New-York, ça me semblait étrange. Je secoue doucement la tête. Tant mieux, on pourra se renseigner ensemble comme ça... Je suis contente que tu n'aies pas tout organisé tout seul. J'essaie de dire les choses qui me tiennent à cœur et celles qui me font plaisir au lieu de seulement les penser, parce que je sais qu'il a besoin de reconnaissance et surtout... D'approbation, je crois. C'est un voyage qui me tient énormément à cœur et même si j'adore les surprises, je suis soulagée de pouvoir participer à son organisation, au moins un peu.

Son inquiétude me poigne douloureusement et je secoue la tête. Je glisse un doigt sous son menton pour qu'il lève le nez vers moi, et je prends son visage en coupe entre mes mains. Ce sera parfait, Slavenko. On y retournera quand il fera beau, d'accord, tu me le promets ? Je me penche, presse doucement mes lèvres sur les siennes dans un baiser tendre. Passer le réveillon là-bas, ça doit être magique aussi... Et je suis heureuse d'y aller, peu importe quand et combien de temps on reste. Et ce n'est pas un mensonge pour le rassurer. J'avais envie, dans tous les cas, de partir avec lui. C'est une chose que j'ai toujours aimé faire et je suis vraiment reconnaissante de ce cadeau.

J'aime bien tout organiser, elle le sait, mais cette fois, je n'ai simplement pas eu le temps. Je m'y suis finalement pris assez tard pour cette surprise. D'abord parce que notre situation étant très changeant, j'ai hésité, ensuite le temps de réunir le fric. Parce que je ne roule pas sur l'or, figurez-vous ! Non être le fils d'un chef de mafia influente ne m'avantage pas du tout, bien au contraire. "On fera la liste des activités ensemble alors."

Je hoche la tête "bien sur qu'on y retournera. La prochaine fois, on passera plus de temps, assez pour un road trip, parce que j'ai hésité avec Séville, ça a l'air chouette. Et tu voulais voir toute l'Andalousie, ça restera au programme." Je réponds à son baiser, caresse sa joue avec un sourire plus timide que franc, content toutefois que l'idée lui plaise. C'est toujours délicat, mais il faut bien qu'on passe par ces phases pour recoller les morceaux épars de notre mariage. Je me redresse avec une grimace et je m'étire. "Je vais relancer le feu dans la cheminée. Je te préviens srce, je n'ai aucune intention de sortir pour ce jour de congé ! On bouffera les restes et ce soir on fera livrer des pizzas." C'est comme ça que je veux passer la journée avec elle, vautrés l'un sur l'autre devant le feu.

Je souris, rassurée parce qu'il m'assure qu'on pourra retourner en Andalousie, et c'est suffisant pour m'emplir de joie. Je peux profiter de ce voyage si je sais qu'il n'est pas ma seule chance de visiter l'Espagne, et puis c'est aussi la promesse de vacances à venir avec lui... Peut-être cet été, qui sait ? J'ai toujours voulu qu'on parte au soleil ensemble, j'aurais choisi ce genre de destination pour un voyage de noces, la Grèce par exemple, ou une île paradisiaque... Mais on n'a pas eu de "vrai" mariage, alors on n'a pas vraiment fait de voyage de noces. Enfin, inutile d'avoir des regrets, un vrai mariage ne l'aurait pas empêché de me quitter... Je lui souris de nouveau, acquiesce. Oui, Séville aussi, il paraît que c'est magnifique. En fait, c' est à cause de l'Alhambra que j'ai toujours rêvé d'aller à Grenade, j'ai terriblement envie de visiter cet endroit, depuis toujours, je trouve que ça a quelque chose d'assez magique. Je me demande s'il neige parfois en Andalousie...

Il s'éloigne de moi et je le laisse faire uniquement parce que c'est pour s'occuper de la cheminée, et donc m'éviter de crever de froid. D'ailleurs je récupère le plaid qui a glissé quand je l'ai attiré à moi, et je le ramène sur moi. Ça tombe bien, j'ai aucune envie de sortir... Et je n'oublie pas qu'un autre cadeau m'attend dans la chambre, et j'ai terriblement envie de voir ce dont il s'agit. Je baisse les yeux sur le bracelet à mon poignet, le regarde pensivement jusqu'à ce que Slavenko revienne vers moi. Il y a toujours une certaine mélancolie au fond de mon regard, mais ce matin je ne me sens pas triste et je crois que c'est déjà un progrès. Je tends les bras vers lui, une moue presque boudeuse aux lèvres. J'ai pas eu de câlin ce matin...