War, blood, love - Slavina

Je suis en train de rincer mes cheveux quand la porte de la salle de bain s'ouvre. Je cligne des yeux pour évacuer le savon, mais je sais très bien qui c'est ! Je suis naturellement sur la défensive, le visage aussitôt fermé, sans même le vouloir. C'est instinctif et je ne sais pas jouer la comédie. Je suis étonné de sa présence mais encore plus de sa proposition. La surprise éclaire mon regard et après deux secondes de retard, je me dandine en me poussant pour lui faire une place. "oui, si tu veux." Est-ce que la méthode qu'elle utilise est déloyale ? Totalement ! Comment voulez vous que je résiste à la vue de son corps parfait, à la peau d'une blancheur qui n'appelle que la douceur mais aussi les traces de mon passage sur elle. Ma gorge se noue de je ne sais trop quelle émotion. Je baisse les yeux, mal à l'aise avec mes propres réactions, ce maelstrom d'émotions que je ne peux décrypter et bien sur le désir charnel en toile de fond qui pulse doucement au creux de mon ventre. Je relève les yeux avant de demander "est-ce que tu veux que...je te savonne le dos ?"

Je vois bien sur son visage qu'il n'est pas exactement heureux de me voir et je me crispe légèrement, m'apprêtant même à tourner les talons quand finalement il accepte de me laisser le rejoindre sous la douche. Je suis tombée amoureuse de cet appartement exactement pour ça, ces grands espaces qui nous laissent aller partout à deux, que ce soit la baignoire à remous suffisamment grande pour qu'on n'y soit pas serrés, ou cette douche à l'italienne qui nous permet toutes les câlineries du monde. Quand on ne parvient à se croiser que quelques instants entre deux jobs, prendre une douche ensemble, même rapide, est toujours un moment privilégié. J'esquisse un sourire reconnaissant et me glisse avec lui sous l'eau, un peu trop froide pour moi, et je tends le bras pour augmenter légèrement la température.

Son corps si proche du mien éveille aussitôt mes sens, me rappelle les quelques minutes entre ses bras auxquelles j'ai eu droit avant qu'on ne se déchire. Je hoche la tête doucement, parce que je sais que le contact physique est encore le meilleur moyen qu'on ait trouvé pour se réparer. Je lui tourne le dos, tout en me rapprochant de lui. On peut faire la paix...? On s'est mal compris, mal exprimés... Je soupire, je ne suis pas sûre d'avoir envie de m'excuser, tout comme je ne lui demande pas de le faire. Tu m'as manqué, on va déjà se voir trop peu les jours qui viennent pour se faire la gueule...

On s'est mal compris, mal exprimé. Et très sincèrement, j'entends "tu" à la place du "on", comme c'est bizarre... Que voulez-vous que je dise à ça ? Et puis je suis d'accord sur le fait que se faire la gueule quand je dois partir dans peu de temps est totalement stupide. Alors je me contente de d'étaler du gel douche sur ses épaules dans un silence religieux puisque je touche sa peau de déesse. (une déesse intransigeante au caractère changeant mais une déesse quand même) Cette fois je suis bien décidé à fermer ma gueule et à éviter de dire un truc qui sera compris de travers. Généralement je finis par me faire engueuler de ne rien dire mais dans le cas présent, on conviendra que c'est l'option la plus raisonnable.

J'imprime un baiser de paix sur l'épaule de Nina tout en laissant glisser mes mains au bas de son dos. Je les passe sur ses flancs avant qu'elles ne se rejoignent sur son ventre avant que je ne me colle à elle. Mon menton revient par dessus son épaule mousseuse de bulles qui disparaissent sous le jet d'eau. Ma peau frémit au contact de Nina, mes sens se déploient près à ne faire qu'un avec les siens. J'adore ce moment précis de cette sensation avant que le désir ne soit trop exigeant, juste quand il cherche le sien, quand nos corps se synchronisent en quelque sorte, je ne sais pas comment appeler ça.

Est-ce que j'ai le droit d'être, rien qu'un peu, déçue qu'il ne dise rien ? (A quel moment les déesses grecques n'étaient-elles pas intransigeantes ? Je crois même que l'intransigeance c'est une qualité requise pour postuler aux portes de l'Olympe. Ahem, bref.) Parce que non, contrairement à ce qu'il pense, je n'essaie pas du tout de sous-entendre qu'il est seul en cause dans ce malentendu ! Ce n'est pas mon genre de mâcher mes mots ou de faire semblant, il devrait le savoir pourtant... J'ai l'impression de le sentir encore tendu, comme s'il acceptait seulement parce qu'il ne veut pas se prendre la tête et non pas parce qu'il a sincèrement envie de faire la paix. Il ne répond même pas. Est-ce qu'il est d'accord pour faire la paix ? Ses mains sur mes épaules, est-ce que c'est un oui ?

Je soupire, des sentiments très mitigés tournoyant dans mon ventre, les plus négatifs se diluant sous ses caresses, tendres malgré son silence. Je pose mes mains sur les siennes, noue nos doigts en penchant la tête sur le côté pour lui offrir mon cou, réclamant silencieusement ses baisers. Est-ce qu'on est voués à se faire la guerre pour toujours, même quand tout devrait bien aller, même sans raison ? L'idée m'angoisse soudain, à quoi bon son absence, à quoi bon les souffrances endurées si on répète les mêmes schémas ? Je me presse contre lui, le désir se déployant dans mon ventre, mais en quête de tendresse surtout, d'une étreinte plus rassurante.

Bien sur que je suis tendre, doux, je l'aime et je me suis adouci à son contact. Si aux débuts de nos retrouvailles, j'avais encore cette brusquerie inhérente à la brutalité de mon caractère, de mon métier, elle s'est à nouveau émoussée. C'est l'effet que me fait Nina. Pour elle et rien que pour elle je rentre es crocs, mes griffes, je me fais protecteur et tendre, aimant, vigilant sur son bien-être. Je ne supporte pas qu'elle soit blessée, qu'elle soit mal aussi et il n'y a que la colère qui me fait la heurter. Je regrette toujours après, je ne supporte pas ses larmes ou sa petite mine chiffonnée. Alors je me fais bien plus doux, c'est certain même quand le désir se pointe.

Je bécote son cou qu'elle m'offre, y lèche les gouttes d'eau dans une myriade de baisers. Je mordille la peau, me fais pardonner d'un coup de langue et d'un baiser sur la peau rougie. Je murmure, ronronnant d'une voix rauque et basse, vibrante d'amour "srce moje" Moje, elle est à moi Nina, je la veux tellement ! Je sais qu'elle ne le sait pas, qu'elle ne le sait plus, qu'elle n'y croit plus vraiment si elle l'a jamais cru. Pourtant, je me suis langui d'elle quand elle n'était pas là et je regrette d'avoir été dormir dans le canapé cette nuit. Peut-être que nos corps nous auraient réconciliés à la faveur nocturne. "ti si moja, zlato, i sam tvoj" Il n'y a rien d'autre à dire que ça, ça s'est toujours résumé à ça, elle et moi. Mes doigts prisonniers des siens, je remonte mes mains sur ses seins, presse ma queue durcie contre ses reins en suçant son cou. Je la relâche pour glisser le long de son corps, tomber à genoux derrière elle, saisir ses fesses à pleines mains, et les mordre sans douleur, aspirant la chair joliment crémeuse.

Les yeux clos, je me laisse transporter par les sensations, les émotions que sa bouche sur ma peau suscitent en moi. Mon ventre se serre douloureusement, mes doigts se crispent sur les siens. Il m'a manqué viscéralement durant son absence, et l'idée de ne pouvoir que le croiser quelques heures durant les prochains jours m'angoisse d'avance. Je n'aime pas le voir si peu, je n'ai jamais aimé ça, j'ai besoin de lui près de moi, d'oublier le reste du monde dans ses bras. Ça a toujours été le cas mais s'ajoute aujourd'hui une émotion nouvelle, mélange de crainte et de culpabilité. La moindre dispute, le moindre désaccord, la moindre déception de sa part et je me rends malade d'imaginer que c'est trop pour lui, qu'il va s'en aller. C'est d'ailleurs en abordant ce sujet là hier soir que les choses ont dégénéré...

Je soupire plus fort sous ses mordillements, me cambre pour presser mes fesses contre lui, une bouffée de chaleur faisant rougir ma peau. L'assurance de notre appartenance mutuelle accélère les battements de mon cœur et je répète, de la même voix fervente qu'à chaque fois : Ja sam tvoj... Je m'apprête à me retourner pour réclamer sa bouche, au moment où il tombe à genoux derrière moi. Je tends les mains, plaque mes paumes contre le mur, étouffe un gémissement de plaisir quand sa bouche se referme sur la chair blanche. Je me penche légèrement en avant, pour mieux me tendre vers lui, les muscles soudain tendus, bandés par le désir.

Tout la colère s'envole dans le mordillement de ses fesses tendues vers moi et après on s'étonne qu'on passe notre vie à baiser. C'est p'tre la seule façon qu'on a de ne pas se déchirer. Oh on en essaye d'autre, comme "discuter", genre la tentative d'hier soir, mais pour ce que ça donne, on aurait mieux fait de baiser ! Il n'y a pas de mal compréhension quand son corps se tend de désir vers ma bouche avide, aucun mensonge ou non-dits, aucune ambivalence quand mes doigts l'effleurent avant de plonger en son cœur chaud et déjà humide. J'écarte ses fesses, presse mon nez dans sa chair pour pouvoir lécher son sexe sur toute la langueur, titillant les points sensibles, explorant les options qui s'offrent à moi. Je prends possession de son corps qui ondule et me cherche, de mes doigts, de ma bouche, de ma langue, tout est à moi. J'ai besoin de la faire trembler de désir, de la faire jouir sans qu'elle puisse résister, qu'elle s'abandonne à moi comme une preuve de confiance renouvelée. Je veux qu'elle s'offre et se donne, qu'elle me réclame et me supplie comme si je lui étais indispensable, parce que c'est comme ça qu'on se répare, pas avec des mots à la con qui amènent toujours à ce qu'on s'engueule ! Et là, je sais qu'elle sait - rien qu'à ma façon lente et possessive de la toucher - ce que j'attends et désire.

Les yeux clos comme si ça pouvait m'aider à mieux supporter les vagues de chaleur qui me submergent (et ce n'est pas le cas), je dois me faire violence pour ne pas le supplier trop vite. Parce que je sais pertinemment, à sa manière de me toucher, qu'il ne me libérera pas de la tension sans que je l'implore avant. Et le simple fait d'en être consciente fait grimper la frustration beaucoup plus vite, beaucoup plus fort. Ses caresses sont trop précises, et je suis toujours émerveillée qu'il connaisse mon corps avec une telle perfection, au point de savoir exactement comment me faire trembler sans me faire jouir, tout en étant capable de m'accorder l'orgasme en deux minutes chrono si l'envie le prend. Ça me semble surréaliste, une telle connexion, une telle harmonie entre nous quand on sait avec quelle facilité on peut pourtant se détruire.

Sans aucune pensée pour les voisins qui doivent de toute façon nous haïr depuis notre emménagement, je gémis sans retenue, encourage ses attouchements de "encore" qui ne suffisent pas à ce qu'il y aille plus fort. Je tremble, me tends vers sa bouche, ondule contre lui en tentant vainement d'aller chercher moi même la délivrance qu'il me refuse. C'est quand la tension atteint son paroxysme, quand des larmes perlent au coin de mes yeux, que mes jambes se tétanisent sous la frustration que je supplie enfin, d'une voix tremblante, presque inaudible tant le souffle me manque. L'orgasme me terrasse violemment, m'arrachant un feulement qui résonne bien trop fort sur les murs de la salle de bain. Je ne résiste pas à l'impulsion de mon corps qui lâche prise et je glisse à genoux devant lui, lui tournant toujours le dos, cherchant ses mains pour ramener ses bras autour de moi.

Toute mon angoisse et ma colère se sont diluées dans ses gémissements et je gronde de satisfaction à chaque cri qu'elle pousse, l'encourageant à se livrer sans réserve. Et quand elle est fauché par l'orgasme, qu'elle glisse au sol, je l'accueille dans mes bras dans un geste possessif, l'enfouissant contre moi, mon nez dans son cou dégoulinant d'eau, mes mains sur son ventre palpitant des spasmes qui m'affolent. Je suis au comble du bonheur, un mélange d'amour et de fierté virile me donnent des bouffées de joie. Le désir me tort le ventre et je m'assieds sur les talons. Sans secousse mais inexorablement, je l'attire sur moi, me positionne et l'empale sur ma queue dressée. Elle trempée et je bute au fond de son ventre sans forcer le mouvement. Je la tiens fermement contre moi, elle n'a qu'à me faire confiance pour ne pas la lâcher. J'imprime moi-même les mouvements qui me font aller et venir vite et fort. Il me faut à peine quelques va-et-vient pour jouir à mon tour tant je suis excité. Je grogne un cri rauque animal avant de me figer, la flattant de sa docilité. Mes mains sur elle sont possessives, je la veux à moi, infiniment, je n'aime pas la sentir s'éloigner de moi et sa dépendance à mon égard me manque en même temps que ses accès de révolte parce que lorsqu'elle se rebelle, c'est bien parce qu'elle est déjà à moi non ? "Ti si moja, ti si moja." J'ai une main sur son ventre et une autre sur sa gorge, quand je mords brutalement son épaule, la marquant de mes dents, sa peau blanche et immaculée s'ornant d'une nouvelle trace. Mes gestes deviennent étrangement plus rudes, ma paume malaxant un sein sans douceur, je bouffe son cou de baisers exigeant. Je gronde, surpris, enragé après son corps "ja zelim te, ja zelim te" Je crois que je vais être en retard au taf...

Redevenue poupée de chiffon entre ses bras, je le laisse me ramener à lui, et encore tremblante des spasmes de plaisir qui me secouent, je m'offre sans lutter comme réceptacle de ses désirs. J'ai besoin de sa possessivité, de sa rage à me posséder, de savoir qu'il me veut à lui seul et sans concessions. Haletante, je plane encore à moitié quand il vient à son tour, rapidement après moi. La morsure de ses dents sur ma peau me fait couiner de surprise et de plaisir mêlés, et je dois lutter contre lui pour m'arracher à ses bras et qu'il me laisse me retourner. Je veux lui faire face, et je reprends ma place sur ses cuisses, mon sexe brûlant contre son ventre. Son désir renouvelé enflamme mes reins, mes sens exacerbés de le sentir soudain si fébrile.

Je dévore sa bouche de baisers, de morsures qui accélèrent dangereusement mon rythme cardiaque. J'ondule contre lui, me presse contre sa peau avidement, lèche sa bouche et puis sa gorge quand j'abandonne enfin ses lèvres. J'attends de le sentir durcir de nouveau sous mon poids pour m'écarter. Doucement, laisse-moi faire... Je glisse au sol, le repousse pour avoir la place de me pencher sur sa queue, parce que ce dont j'ai envie implique forcément de le remettre d'aplomb d'abord. Je le prends dans ma bouche, sans lenteur exagérée, mais sans brusquerie pourtant, lui permettant seulement de gonfler entre mes lèvres, de tressaillir contre ma langue.

Je n'ai pas vraiment de mots très intelligibles tandis que je proteste, m'exclame en mots d'amour ou en soupirs râleurs tandis qu'elle lutte contre moi qui m'entête contre sa peau. Je ne suis plus très lucide sur ce qu'elle essaye de faire jusqu'à ce qu'elle se love enfin dans mes bras, bouche contre bouche. Tout le temps qu'elle m'embrasse, j'enserre son dos de mes larges mains, la tiens contre moi, ses seins se frottant à mon torse, son sexe chaud contre ma peau, c'est terriblement excitant et j'en redemande sans honte, vaincu par notre lien charnel.

J'ai un hérissement de plaisir en la voyant se couler vers moi. Je pousse le jet d'eau plus loin pour qu'il cesse de nous heurter avant qu'elle ne me suce, à peine, de cette façon si délicieusement frustrante que j'adore. "jebote, da" Je pose ma main sur ses cheveux mouillés pour sentir le moindre mouvement tandis qu'instinctivement, je me tends. Sentir ma queue gonfler sous la caresse de sa langue est toujours tellement bon. Je la couve d'un regard possessif et reconnaissant tout à la fois, exigeant et amoureux. Je lutte avec moi-même contre les pulsions de brutalités qui me montent dans les reins, se lisent dans mes yeux et ma poigne qui se fait plus rude sur sa nuque, son épaule. J'agrippe ses cheveux dans un hoquet de désir, confronte mon regard au sien, noir "Na kolena" Mais peut-être bien qu'au fond j'ai envie qu'elle n'en fasse qu'à sa tête...

À dire vrai je ne songe pas à me révolter, ni même à être docile. À la seconde où il a commencé à se presser contre moi pour me réclamer encore, une image terriblement précise s'est imposée dans mon esprit et c'est tout ce vers quoi je tends. Le désir à nouveau me brûle le ventre et dès qu'il est suffisamment dur entre mes lèvres, je le libère. Le regard aussi noir que le sien, je m'arrache à son emprise, pourtant terriblement possessive, pour m'installer sur ses cuisses à nouveau. Ma bouche vient chercher la sienne dans un baiser furieux, relent de notre dispute de la veille et de la blessure causée par son départ précipité. Toujours accrochée à sa bouche, j'empaume sa queue d'un geste sûr, et prends appui sur ses genoux pour me soulever légèrement, le guidant entre mes fesses pour un rapport bien plus intime, et bien plus brutal compte tenu de l'absence de préliminaires.

Retenant mon souffle, je m'empale sur sa queue d'un mouvement inexorable qui me crispe toute entière, la douleur me vrillant les reins. Mon regard noir happe le sien et malgré l'inconfort il persiste une lueur indéniablement provocatrice au fond de mes yeux, comme pour le défier de reprendre la main. Si l'eau brûlante n'est plus capable de me réchauffer, je n'ai pourtant pas froid tant j'irradie contre sa peau. La marque imprimée sur mon épaule ne m'a pas suffit, parce que je sais que d'ici peu de temps il sera parti à nouveau, parce qu'encore une fois je ne sais pas quand je le reverrais, et je suis enragée à l'idée d'être abandonnée une nouvelle fois, ne serait-ce que privosoirement.

Nos désirs coïncident parfaitement, seule la position diverge ! J'ai un rugissement de joie dans elle vient sur moi, je me jette contre sa bouche avec la douceur d'un rhinocéros en rut. Je me moque de l'inconfort que je peux provoquer, au contraire la crispation tout entière de son corps autour de moi ne me fait que bander plus fort. C'est un rush enflammé qui parcourt mes veines, qui me brule jusqu'à l'âme.

Et oui, je reprends la main, dominateur, entêté, volontaire. Mes doigts s'enfoncent dans la chair de ses hanches pour la manipuler, forcer les mouvements en gestes secs, pas tellement rapidement mais brutaux et profonds. Je la laisse me mordre, me griffer, je veux nos corps qui se heurtent avec cette violence née de nos frustrations à se comprendre. Comme j'ai joui juste avant, c'est bien plus facile pour faire durer l'étreinte malgré sa fulgurance. J'ai cessé de l'embrasser, à bout de souffle, capable seulement d'émettre ces grognements de plaisir qui font échos à ses gémissements. J'ai non seulement une explosion de plaisir dans tout mon être mais aussi d'amour furieusement dévorant, de ce besoin qu'elle soit mienne. C'est la colère mêlée de passion qui exultent.

Ce n'est pas volontaire, irréfléchi lorsque mes ongles s'enfoncent dans la chair de ses épaules, de son dos, à y laisser des marques rouges de griffures. Ce n'est pas prémédité non plus lorsque mes dents se referment violemment sur sa gorge pour étouffer le cri qui monte directement de mon ventre sous un coup de boutoir plus brutal. Loin d'être des gémissements hésitants, ce sont des feulements aigus qui m'échappent et se répercutent contre les murs de la salle de bain. Je me crispe soudain, toute entière secouée de spasmes qui me heurtent et achèvent de balayer ma conscience. La vague de plaisir qui me fauche est autant physique que psychologique, mes besoins d'appartenance comblés, mes craintes pour le moment apaisées. Je pose mon front sur son épaule, en nage, le corps tremblant de palpitations douloureuses, les yeux débordant de ce trop-plein d'émotions et de sensations, si puissant qu'il m'étouffe.

Les endorphines redescendant, je prends la mesure de l'inconfort créé, pressens déjà les courbatures qui me tourmenteront demain, et je devine que j'aurais un peu de mal à m'asseoir pendant quelques heures (au mieux) vu la violence de notre étreinte ! Mais je ne regrette rien et je l'enlace, m'enfouis contre lui, rendant les armes, vaincue. Je voudrais lui demander de m'emmener sur le lit, ou le canapé peu importe, mais je n'arrive pas à ouvrir la bouche pour qu'en sortent des mots intelligibles. Alors je me contente de me recroqueviller dans ses bras, les yeux mi-clos.

Après l'orgasme qui nous saisit presque simultanément, Nina s'alanguit contre moi, et brusquement les émotions trop brutes refluent pour faire place à la tendresse fondante qui inonde mon cœur, mon ventre, me broie la poitrine d'une bouffée d'amour absolu. Je l'enlace comme le petit trésor qu'elle est, avec un soin attentif et patient. Une fois que je suis sur de pouvoir la porter sans me vautrer pour cause de jambes en coton, je la soulève et après avoir éteint la douche, je l'emmène dans la chambre. On est encore mouillé quand je me glisse avec elle entre les deux avant de rabattre la couette sur nous.

Je la reprends aussitôt dans mes bras et sous les draps qui nous cachent et nous protègent, je la couvre de mots d'amours tendres "moj andjeo, volim te, ti si moj andjeo malo" je la câline tendrement, la bécote de petits baisers, la caresse pour la réconforter autant que pour me libérer de cet excès d'amour qui veut s'exprimer au point de m'oppresser. "ti si tako divna, srce, ti si lepa, volim te" Puis, je me lance dans des longues tirages de déclaration d'amour qu'elle ne doit comprendre qu'à moitié: des serments d'amour, des hymnes à sa beauté, des monologues ronronnants jusqu'à ce que j'en perde la voix, le fil et que je somnole contre elle, collé à son corps réchauffé du mien.

Je puise dans le peu de forces qu'il me reste pour m'accrocher à lui quand il me soulève pour m'emmener dans notre chambre. C'est un de ces moments où je voudrais disparaître, me fondre en lui, ne faire réellement plus qu'un avec lui. L'idée même de devoir m'éloigner m'est intolérable et je me colle à sa peau autant que possible, pour que mon corps épouse le sien. J'ai un mal fou à parler, tant à cause du brusque manque d'énergie que parce que ses mots d'amour me font perdre l'usage de la parole. Je ne comprends pas tout, c'est vrai, mais je saisis l'essentiel et c'est suffisant pour m'émouvoir au point d'embuer mon regard. Je songe, très étrangement, que le sexe nous répare, unit nos âmes aussi bien que nos corps, et que c'est pour ça qu'il est parti. Après l'avortement, j'étais incapable de le laisser me toucher, et sans ce lien charnel entre nous, notre relation n'est pas suffisamment solide pour résister. Ça me donne plus encore envie de pleurer et je le serre contre moi plus fort, jusqu'à ce que le son de sa voix apaise mes tremblements.

Il ne partira plus, il l'a juré et c'est en me berçant de cette assurance que je m'endors entre ses bras. L'espace d'un instant, j'oublie tout à fait qu'il doit retourner travailler, et je sombre en me consolant de l'illusion qu'on n'aura jamais à quitter ce lit. Ma peau brûle contre la sienne et c'est cette chaleur presque étouffante qui m'empêche de dormir trop profondément. Infini, le désir se ranime, entretenu par cette température infernale, comme autrefois. Ses mains glissent plus possessivement sur ma peau, je bascule sur le dos pour qu'il me surplombe, et c'est quand je m'alanguis sous son poids dans un soupir lourd d'envie que son téléphone vibre. Je tente de l'ignorer en priant pour qu'il fasse de même, m'éveillant un peu plus en léchant sa bouche, remontant une jambe contre sa hanche pour que nos sexes brûlants se trouvent sans s'emboîter encore. Bon sang je ne veux pas qu'il s'en aille...

Je ne dors pas vraiment, j'ai dormi tout mon saoul cette nuit, seul dans le canapé, j'avais vraiment que ça à faire ! Cette fois, je suis trop occupé à me shooter de sensations sur sa peau, de son odeur aussi pour faire plus que somnoler. Je réagis rapidement quand elle commence à s'éveiller, à me chercher, le désir courant déjà dans mes veines depuis un moment. Son corps est tellement doux et offert contre le mien que je bande depuis un moment déjà. C'est dingue comme je suis sensible à sa présence, constamment. Je roule sur elle, mon téléphone sonne mais Nina me distrait et je couine contre sa bouche, entre frustration et désir. Je laisse mon téléphone sonner, la messagerie s'enclenche et je me fonds doucement dans le corps de Nina. Les vagues, mouvements de bassins synchrones, sont lents et doux, nos baiser haletants. Je ne cherche pas à contrôler quoique ce soit, je laisse faire nos corps, ils savent comment atteindre le plaisir. Mon ventre ondule sur le sien, ses seins qui s'écrasent, si voluptueusement que j'en perds la raison, sa jambe qui s'enroule autour de moi possessive à souhait, tout me conduit à l'orgasme dans un crescendo ininterrompu. Je jouis dans un soupir, m'alourdissant de tout mon poids sur Nina.

Une petite minute plus tard, je me défais à regret de son étreinte après un baiser. "Il faut que je file mon ange, je suis en retard..." J'ajoute avec un demi-sourire de plaisanterie "Ne zaboravi me, vratiću se"

Je pourrais jubiler intérieurement de satisfaction pure quand il se coule en moi si je n'étais pas déjà si obnubilée par le désir. C'est toujours trop sérieux, trop urgent pour que je puisse en rire, ou même seulement en sourire. Je m'enroule autour de lui, soupire contre ses lèvres, ondule sous son poids pour venir chercher avec lui le plaisir dont je redemande sans cesse. La jouissance est douce, délicieuse de naturel, comme un juste prolongement des choses après que nos corps aient passé tout ce temps alanguis l'un contre l'autre. Je suis toujours si bien contre sa peau, particulièrement après l'amour, et m'éloigner de lui est une véritable torture.

Pourtant la réalité finit toujours par nous rattraper et je soupire quand il s'arrache à moi. J'essaie de faire bonne figure, ce n'est pas la fin du monde, il aurait pu devoir rester à Banja Luka et Dieu seul sait quand est-ce que je l'aurais revu ! Et puisqu'il me répète qu'il revient, je réponds dans un soupir de frustration : Reviens-moi vite... Aussi vite qu'il le peut, en tout cas, tout est relatif, et puis je sais déjà qu'il est occupé ce soir alors... Je le laisse se rhabiller pour partir, et moi je me roule en boule dans les draps qui portent son odeur.