Mishal - Cette putain de vie n'est qu'un jeu et je suis encore un môme

La mère
Une pute, c'est comme ça qu'on dit y a pas d'autre mot, mais si c'est toi qui parle comme ça de ma mère, j'te pète les dents. Je sais pas si elle l'était déjà quand elle a connu mon père et si c'est lui qui l'a foutu dans la merde en se tirant. Ma mère c'est à la fois une sainte femme, elle bosse dans une usine de merde le jour, et une pute parce que je sais bien qu'elle joint les deux bouts autrement le soir. j'lui en veux pas même si j'en ai récolté des gnons à cause de ça pour faire fermer leurs gueules aux autres. D'elle j'ai hérité mes yeux verts, mon teint et mes cheveux indisciplinés. Elle voudrait que j'fasse des études, que j'me tire de ce pays mais j'vois pas d'horizon, ici ou ailleurs. Elle veut pas que j'deale, elle voudrait que j'ai de la religion la même que la sienne qui la tient voilé à espérer un monde meilleur dans une autre vie, mais moi j'emmerde Dieu et ses règles à la con. Ma mère elle a été reniée par sa famille, alors on s'démerde que tous les deux. Tu touches à ma mère, j'te crève.

Le père
Un connard. J'ai rien de lui. Il s'est tiré j'étais minot, j'me souvient pas de lui si ce n'est une silhouette massive et une grosse voix. Tous les pères ressemblent à ça, enfin j'crois, ça ou juste une place vide à table. Je sais même pas s'il s'est tiré ou s'il a juste cessé de payer. Parait que mon prénom Mishal c'est à cause de lui, parce qu'il est russe. Oh c'est pas lui mais ma mère qui a choisi. C'qu'elle peut être sentimentale ! Elle a fait un compromis entre du russe et du bosniaque. Moi j'préfère qu'on m'appelle Mike. Mon père, p'tre qu'un jour je le retrouverais et ce jour là j'espère qu'il sera en train de crever dans le caniveau. C'est pour ça que j'ai commencé à approcher la Bratva parce qu'il serait d'chez eux. Je porte des messages pour eux, rien d'plus pour l'instant.

Le crew
Pedoncule elle est belle, putain. J'suis amoureux de cette zouz, comme tous les autres, mais elle, elle en a rien à foutre. Elle sent bon la liberté. Au bahut on n'est p'tre pas les caïds, mais le soir, la rue elle est à nous, on flow, on danse, on crache notre rage. Quand j'ai d'la thune, quand je chourave de la peinture, j'peux taguer mon nom sur les murs de la ville. Si j'crève mon nom restera là à se faire délaver par la flotte de Sarajevo. J'passerais à la postérité avant qu'ils repeignent, c'est déjà ça. Le crew c'est ma vie, le reste c'est juste ce qui gravite autour, des emmerdes surtout... Un jour on foutra l'feu à cette ville au propre ou au figuré, c'est comme ça que j'vois les choses si j'devais inventer un avenir.