Hit me like a woman - Leo

Je me suis débattue de longues minutes pendant que la bouche d’un inconnu m’étouffait littéralement, pendant que ses mains se baladaient sur mon corps sans mon consentement et c’était une chose terriblement difficile à vivre. C’est la toute première fois dans ma courte carrière d’escort que j’ai à faire à un personnage du genre. Il y a toujours bien ce détraqué qui pense que je lui appartiens mais nos altercations n’ont jamais été si violentes que celle-ci. Il a projeté mon corps contre les murs plusieurs fois et a serré ma gorge avec force quand je lui ai expliqué que je ne faisais pas d’extra. J’ai fini par réussir à crier tellement fort qu’il s’est arrêté, me relâchant afin d’éviter d’attirer l’attention. Je suis partie en courant, en laissant sac, chaussures et veste puis suis finalement revenue à l’agence, complètement perdue, à la recherche de quelqu’un pour m’aider.

Je tombe en premier lieu sur la secrétaire qui, en un seul regard, comprend ce qu’il s’est passé et m’installe prudemment sur l’un des fauteuils à l’entrée. Le choc est tellement grand que je ne me suis même pas mise à pleurer, comme si l’instinct m’avait donné assez d’adrénaline pour garder les pieds sur terre le temps de me mettre en sécurité. Nina arrive, paniquée. Je lève les yeux sur elle et secoue la tête vivement. Non, n’appelez pas de médecin, je vais bien. Que j’assure tout en frottant mes bras, grelottant. J’ai tout d’un coup le sentiment que la pression retombe mais que les mains de l’homme se trouvent toujours sur ma gorge en train de la serrer. C’est seulement quand Nina m’isole dans son bureau, une veste sur mes épaules que les larmes se mettent à rouler toutes seules sur mes joues. J’ai été trop bête… Je renifle bruyamment en essuyant mes larmes rapidement. Il m’a dit qu’il devait récupérer quelque chose à son hôtel, donc je l’ai suivi. On s’est retrouvés tous seuls alors que d’habitude, je me débrouille toujours pour que mes clients et moi soyons dans un endroit où y’a du monde… J’ai toujours été tellement précautionneuse à ce sujet que cette erreur me donne l’impression d’être une idiote finie. Il était alcoolisé mais je l’avais pas remarqué avant qu’il m’embrasse. Mon coeur se soulève de dégoût et mes doigts s’arrêtent un instant sur mes lèvres que j’aimerais laver au savon, tout de suite. Il voulait un extra mais j’ai refusé et il a commencé à s’énerver, à m’insulter de tous les noms et à me coller au mur. J’ai voulu crier mais il a mis ses mains autour de ma gorge et a commencé à serrer… Alors je me suis laissée faire pour qu’il me lâche… C’est quand j’ai essayé de m’enfuir une première fois qu’il m’a donné des coups et de nouveau projetée au mur… C’était horrible Nina... J’ai réellement cru que j’allais y laisser des plumes, que j’allais devoir me laisser violer pour éviter de devoir subir des coups, peut-être plus douloureux encore. Je me calme doucement au fur et à mesure que je me rends compte que je suis à l’abri et raconter ce qu’il s’est passé me permet d’exorciser un peu la tristesse que je ressens.

Je me tais en regardant le sol quand Nina s’exclame que je ne vais pas bien et la réalité est que je ne sais même pas ce que je ressens, si je vais bien ou pas, si je suis triste, énervée ou tout autre chose qui pourrait montrer que je ne suis pas seulement un pantin couvert de bleus. C’est entièrement de ma faute, si je n’avais pas suivi cet homme à son hôtel, rien de tout cela ne serait arrivé et compte tenu du contexte, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis vraiment honteuse devant Nina, là, maintenant et il m’est vraiment difficile de m’apitoyer sur mon sort.

Il avait certes signé mais personne ne m’enlèvera de la tête que tout est de ma faute et que j’aurais mieux fait de rester là où j’étais ce soir. Oui, d’accord. Que je dis en reniflant, gardant mes mains sur mes genoux où mes jambes sont collées ensemble, serrées du plus que je peux parce que j’ai encore la sensation de sa main qui glisse sur ma peau. Quand Nina revient, je prends directement la bouteille d’eau que la jeune femme me tend pour y boire des grandes gorgées qui me font un bien fou. Je suis vraiment désolée Nina, j’avais pas envie de te causer du souci… Je voulais vraiment pas que ça se passe comme ça et... Voilà. Je ne sais pas quoi dire à part être désolée et je ne sais pas non plus quoi faire à part me badigeonner de crème lorsqu’elle me donne le tube, comme si m’occuper de ma peau était l’un de mes principaux soucis mais ça a le mérite d’occuper mon esprit ailleurs. Merci beaucoup… Je viens juste de réaliser que je n’avais même pas remercié Nina pour l’eau, le gant et la crème, étant bien trop perturbée quelque minutes auparavant.

Je m’applique pour passer la pommade sur mes bras pas encore tout à fait bleus mais plutôt rougis par les mains qui m’ont serrées et c’est tellement étrange de me retrouver comme ça devant Nina que mon cerveau fuse des tas d’informations qui m’empêchent d’avoir mal. Aucun mots ne sort de ma bouche lorsqu’elle m’assure que ça ne restera pas impuni, je hoche simplement la tête de bas en haut pour lui signifier toute ma gratitude et juste lui montrer que c’est gentil de sa part.

Je regarde Nina ensuite et secoue la tête tout en fronçant les sourcils. Je n’en ai aucune idée, je ne me suis pas retournée, j’ai juste couru et puis… C’est tout. Je pourrais reconnaître sa voiture, si ça peut aider... Je repose le tube de crème sur le bureau et relève les yeux vers elle ensuite. Je pourrais rester ici ce soir ? Je n’avais pas ressenti ce genre de peur depuis très longtemps et bien que je sois de nature très téméraire, l’idée qu’il m’aperçoive me fait littéralement froid dans le dos. S’il n’a pas eu ce qu’il voulait la première fois, ce n’est pas pour lui donner une seconde chance d’y arriver. Enfin… Je ne veux juste pas rentrer seule en fait… Nina doit certainement bien s’imaginer la peur que je peux ressentir, c’est une femme aussi et bien qu’elle ait l’air plus endurcie que moi, face à un homme de deux fois notre gabarit, on n’est presque rien.

Ca ne me fait rien que Nina ou je ne sais qui retrouve ce type parce que je ne me ferais jamais avoir une deuxième fois et quand bien même il arriverait de nous retrouver tous les deux de nouveau, je n’agirais certainement pas de la même façon. Je sens bien que Nina est très en colère et je la remercie intérieurement d’être aussi prévenante face à nous parce qu’elle n’en serait pas obligée et elle pourrait aussi très bien nous traiter avec indifférence. Au contraire, chacune d’entre nous a l’air d’être importante à ses yeux et à mesure que l’on apprend à se connaître toutes les deux, j’ai l’impression de compter pour elle et ça me fait du bien d’avoir de l’importance pour elle.

De toute façon, je suis pas sûre de réussir à dormir ce soir, tu sais… Mais… Merci. Je suis très gênée de la proposition de Nina. J’ai l’impression de déranger sa vie privée et celle de Slavenko. Je hoche la tête de bas en haut en finissant par regarder la brune dans les yeux. Ca me va très bien, c’est même trop… Merci Nina. Je prends une inspiration tout en reposant le tube de crème refermé sur le bureau avant de boire une gorgée dans le verre qu’elle m’a apporté. Ca devrait aller maintenant, le choc est passé... J’observe mes doigts tendus en disant ça et ils ne tremblent plus, ce qui semblerait être une bonne chose. Tu penses que je devrais porter plainte ou quelque chose comme ça ? Je ne suis plus sûre de faire la différence entre ce qui est bien, ce qui semblerait être bien et ce qui ne l’est vraiment pas.

J’observe Nina d’un regard semi-inquiet et j’en conclu qu’elle a l’air beaucoup plus retournée que moi. Certes, j’ai eu peur, j’ai toujours peur d’ailleurs, mais l’agence ne m’appartient pas et je crois que ce qu’il s’est passé implique énormément de choses pour ma boss. Oui. Rien ne sort d’autre d’entre ma bouche, c’est difficile de trouver quelque chose à dire dans un moment pareil et surtout que Nina reste intimidante à mes yeux. Je hoche la tête de bas en haut en signe de compréhension quand elle m’explique que le genre de gars qui fréquente le come with me ont le bras long et je suis tout à fait d’accord. J’ai souvent entendu des conversations glauques, souvent donné ma parole que je ne répéterais rien et ça suffit à me faire changer d’avis quant au dépôt de plainte. Oui, d’accord. Je vous laisserai faire alors. Je sors finalement mon téléphone de mon sac tout en le déposant sur le bureau face à moi réfléchissant aux problèmes que ça pourrait poser qu’il aie mon numéro et vice-versa. Par contre, peut-être qu’il faudrait que je fasse quelque chose avec mon téléphone ? Je prends le soin de l’éteindre parce que même si je parais un peu parano, je sais qu’il est possible de géolocaliser les gens avec un simple numéro et ce n’est pas Nina qui me dira le contraire connaissant ses capacités en informatique.