Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko
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Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko

Maggy Bukovski
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Maggy Bukovski
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Date de naissance (rp) : 09/03/1983
Localisation (rp) : Le plus souvent dans le quartier de nuit
Emploi (rp) : Lieutenant au sein de la mafia russe
Statut civil (rp) : Mariée
Life : Un accent italien léger mais présent - Russo-italienne - Plutôt grande pour une femme - Toujours armée

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Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Mar 23 Juil - 23:28

Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Camenko & Maggy


22 juillet ; 21h03


« Non, je suis désolée [...] ce sont les horaires [...] faudra repasser demain. »

Les conversations qui se tiennent devant la porte de la chambre ne passent cette dernière que dans un son étouffé, confus, les murs de la pièce avalant la moitié des phrases. A moins que ce ne soient les multiples substances, en perfusion dans son bras, qui brouillent les sens de la patiente et l'empêchent de saisir pleinement les discussions alentours. Qui que ce soit, le visiteur est renvoyé, et le couloir rapidement déserté à nouveau. Les employés en charge de la garde de nuit ont pris la relève, et la Russe, stable, dans la chambre 512 n'est pas leur priorité.

Les paupières closes, à demi plongée dans une somnolence désagréable dont elle ne parvient pas à s'extraire, la noiraude tente difficilement de se raccrocher à la réalité. Le rythme ralenti des battements de son cœur est marqué par une mélodie suraiguë et anxiogène, le moniteur à côté d'elle bipant sur une cadence régulière. Sur le porte-bloc, la feuille retraçant l'historique de l'hospitalisation mentionne une patiente agitée et récalcitrante. Quelques heures plus tôt, on l'a sédatée, pour l'empêcher de souffrir, de bouger, mais surtout de gêner le personnel médical. Admise au matin, elle n'a encore pu recevoir aucune visite, et n'en aurait de toute façon permis aucune si on lui avait demandé son avis. Personne, en-dehors de celui qui l'a envoyée ici en premier lieu, ne doit être au courant de sa présence. Et c'est parce qu'elle essayait si fort de s'échapper malgré les risques qu'il a fallu la shooter.

Sur le lit métallisé repose sa silhouette rendue frêle, à peine esquissée entre les draps d'un blanc agressif, reliée par des tubes à des poches au contenu obscur. En soulevant les draps, on constaterait sans doute à quel point le corps aux courbes pourtant pleines semble flotter dans la tunique en papier bleu. A la voir ainsi, les paupières closes aux cils ourlés de noir, la masse de ses cheveux sombres étalée sur l'oreiller, et la peau pâle aux reflets presque bleutés sous la lumière blafarde de la chambre, on peine à comprendre comment il a pu être nécessaire de la calmer. Le sommeil artificiel dans lequel on a plongé Margherita est sans doute le plus calme, le plus réparateur auquel elle ait eu droit depuis de nombreuses années. Il n'a été interrompu par aucun coup de fil urgent, ni par la poigne un peu trop pressante d'un mari non-désiré, ou par les songes trop violents qui viennent parfois hanter ses nuits.

Mais à mesure que l'effet des tranquillisants se dissipe, les blessures s'éveillent. Une douleur lancinante se diffuse dans sa cage thoracique, chaque fois que cette dernière se soulève. L'air est saturé de ces odeurs de désinfectant propres aux hôpitaux, rendant l'exercice respiratoire plus désagréable encore. Une légère pointe d'angoisse se distille dans ses veines, ses souvenirs brumeux ne se rappelant pas encore à elle. Dans un soupir douloureux, la brune cligne des yeux, la rétine brusquement cramée par les néons criards. Elle tourne la tête, tente de porter sa main gauche à son visage pour se rendre compte au même instant de la douleur sourde qui lui vrille le bras.

Ça lui revient dans un flash, la pellicule de ses souvenirs repasse à l'envers dans son esprit. La lutte et les sédatifs. Le défilé dans sa chambre des médecins et des infirmières. Leur diagnostic. Risque d'hémorragie. Fracture des côtes et pneumothorax. Luxation de l'épaule. L'homme de main qui a été chargé de la jeter aux urgences, l'abandonnant sur un brancard avant de se barrer, bien-sûr, sans décliner son identité. La ranger de Vadim s'écrasant contre ses côtes, la poigne ferme lui tordant le bras jusqu'à ce que les os craquent. La lame enfoncée dans la couenne du Russe, pas assez profondément pour l'envoyer, lui, aux urgences, mais suffisamment violente pour le marquer d'une nouvelle cicatrice. Les mains de Bukovski accrochées à ses hanches, ses paumes qui se glissent sous ses fringues, les dents incrustées dans sa gorge. Les cris et les coups.

Deuxième tentative. Elle rouvre les yeux, cligne des paupières plusieurs fois jusqu'à ce que ses prunelles s'habituent à la désagréable luminosité de la chambre. Pourquoi ne l'a-t-on pas plongée dans le noir, puisqu'on exigeait qu'elle dorme ? Elle balaie la pièce du regard, en essayant de respirer le plus doucement possible pour ne pas éveiller la douleur. La chambre est tristement vide, dénuée de vie, et sur la table de chevet elle ne trouve pas même son sac à main. Vadim n'aura pas pris la peine de l'envoyer à l'hôpital avec ses effets personnels, le tout est resté à l'appartement et elle se demande soudain si toutes ses conversations privées ont bien été effacées de son téléphone... Elle ne l'a même pas, ne peut prévenir personne. Mais qui aurait-elle appelé, de toute façon ? Le seul dont elle pourrait éventuellement tolérer qu'il la voit dans cet état reste Yulian, mais il est trop occupé par ses propres problèmes, et surtout il s'inquiète déjà trop pour elle sans qu'elle ajoute à sa peine. Non, elle ne sera définitivement jamais de celles qui s'éveillent pour trouver à leur chevet des visages familiers, inquiets, prêts à veiller sur elles.

C'est la première fois que la solitude s'abat sur elle avec une telle force, et l'angoisse est d'autant plus grande qu'elle ne sait pas ce qui l'attend à sa sortie. Si son mari avait eu l'intention de la tuer, il n'aurait pas pris la peine de l'envoyer ici. Loin de la rassurer, cette idée l'effraie, parce que la vengeance du Russe sera impitoyable, elle le sait. Ce n'est pas tant sa rébellion, constante depuis le premier jour, que les blessures infligées, qu'il voudra faire payer. On pourrait croire, puisqu'il l'a conduite aux urgences, qu'ils sont quittes, mais ce serait bien trop simple. De nouveau, la scène s'impose à son esprit, les mains du Russe ensanglantées, resserrées autour du couteau avec lequel elle venait de l'attaquer. Inconsciente. Qu'aurait-elle fait s'il était mort ? La Bratva n'aurait pas attendu longtemps avant de lui réserver le même sort.

Pour la première fois depuis des années, l'anxiété commence à se faire clairement oppressante. D'ordinaire quand elle se blesse en mission, ce sont les médecins de la mafia qui s'occupent d'elle. Une telle organisation possède des installations qui n'ont rien à envier aux hôpitaux publics, surtout pas ceux de Sarajevo. Peu à peu, à mesure qu'elle reprend conscience, l'air semble se raréfier, ses mains deviennent moites, son visage blême. Il faut qu'elle sorte d'ici, maintenant. L'idée tourne en boucle, tel un mantra, dans son esprit. Le mouvement qu'elle fait pour se redresser dans le lit lui arrache un gémissement de douleur, et le moniteur s'affole en même temps que les battements de son cœur.
Camenko Drazavic
Camenko Drazavic
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Localisation (rp) : dans l'ombre du renseignement, dans celle du Premier ministre, ou dans les boyaux du Pussynight.
Emploi (rp) : Officier traitant à l'OSA, conseiller rattaché au Cabinet du Premier ministre.
Statut civil (rp) : marié à son travail. Du reste, fidèle à une femme qu'il ne peut pas avoir, du moins pour le moment.

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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Mer 24 Juil - 2:25



Les panneaux de verre de la porte d’entrée coulissèrent dans leur tranchée, vomissant la carcasse d’un grand gars à l’air rêche et peu commode. La lumière criarde des néons dans son dos jurait avec sa tenue sombre ; ils crachaient une clarté désagréable sur le trottoir, une lueur fantomatique caractéristique des hôpitaux. Camenko se redressa très légèrement, ses dents serrées sur le cul d’une énième cigarette qu’il usait trop rapidement aujourd’hui. Personne n’aimait ces endroits-là, ni les âmes de passage, ni celles qui croupissaient entre leurs murs trop blancs - qu’elles y travaillent ou qu’elles en soient patientes. Ils empestait une odeur terne de désespoir et de résignation, difficilement contrebalancée par l’existence des services de maternité qui venaient radoucir à grand’peine le tableau. On ne s’habituait pas à ces parfums-là. Omniprésents, ils menaçaient constamment de vous noyer. Ils s’accrochaient aux vêtements, à la peau, s’insinuaient insidieusement dans les chairs jusqu’à nécroser les os. Le Serbe, pourtant habitué des lieux de soins pour avoir plus d’une fois récupéré un membre du Klan ou un proche, ne s’était jamais fait à l’haleine putride de l’hôpital de Sarajevo. Il s’était toujours juré de l’éviter personnellement, et avait déjà convenu avec son frère qu’il ne s’y laisserait pas pourir si la santé ou la vie lui échappaient. Il aimait mieux finir ses jours à crever de douleur que d’oublier sa dignité dans un mouroir comme celui-ci.

« C’est pas l’heure des visites, gronda le goliath. »

Camenko arqua un sourcil inquisiteur, peu soucieux de savoir si sa montre s’accordait aux horaires pour le moins diurnes des hôpitaux, plutôt inquiété par la présence dans les couloirs de nuisibles qu’il faudrait rendre aveugles et sourds avant d’entrer. Il interrogea l’homme de main d’un signe de tête et trouva sa réponse dans l’expression bredouille qu’on lui tendit silencieusement. L’armoire à glace s’adossa à la voiture qui s’enfonça un peu dans ses suspensions, enfouit ses immenses pognes dans les poches de sa veste et grommela dans sa barbe en donnant un coup de pied dans un caillou qui traînait à deux centimètres de ses grolles surdimensionnées.

« Comprends pas pourquoi on se fait chier avec ça. »

Le responsable du renseignement écrasa sa cigarette sur l’asphalte en râlant. Il fit un pas en avant, rajusta son col, passa une main dans ses cheveux pour se donner un peu de contenance. Le manque cruel de patience du malabar, si elle lui avait déjà flanqué un mal de crâne du diable dans la voiture, réveilla maintenant une envie prenante de lui décoller quelques dents, au risque de s’en briser une ou deux phalanges. Il n’avait pas de diplomatie ce soir, pas envie d’enjoliver ses mots ou de surveiller le venin qui lui brûlait la langue. Camenko avait eu toute la peine du monde à masquer son inquiétude aujourd’hui, et il avait fallu un effort considérable pour l’empêcher d’éclater au visage du premier venu. Véritable bombe à retardement, toutes ses pensées s’étaient tournées vers le bâtiment méprisable qui lui faisait face à présent. Vers la chambre cinq-cent douze, obsédante. Vers le corps d’une femme qu’il connaissait par cœur, et qui lui retournait l’estomac à présent.
Il savait parfaitement l’état dans lequel il la trouverait. Il avait lu, relu, encore et encore, les lettres noires impeccables qui avaient déchiré son écran et son calme olympien en apparaissant sur son téléphone. La toile n’avait pas vibré. Elle avait tremblé de tous ses fils, comme si un séisme incommensurable avait éclaté au centre même de Sarajevo. Mais c’était une chose de savoir, c’en était une chose de voir. Comme Saint Thomas, il avait besoin de constater pour croire. Il ne pouvait mesurer l’ampleur des dégâts sans cela.

Une infime partie du Serbe refusait d’entendre qu’elle se trouvait ici. Pourquoi ? Pourquoi l’hôpital quand ils avaient amplement de quoi faire au QG ? Pourquoi mêler le monde des vivants à la fange de leur univers ? La règle était pourtant simple : pas de drame au su et à la vue de tous. Pas de flics pour fourrer leur nez dans des affaires qui ne les regardaient pas. Pas de pattes à graisser. Plus de discrétion, moins d’emmerdes. Tout le monde avait compris ça : de la fille qui se faisait tabasser par un membre trop virulent à l’homme de main dont on trouait le cuir à coups de neuf millimètres.

Le torse du trentenaire se souleva lourdement sous l’inspiration difficile qui déchira ses poumons. Dans un réflexe d’automate parfaitement rôdé, il parvint malgré tout à se composer une expression suffisamment neutre pour n’être pas alarmante. Son regard froid se posa successivement sur le Tigrovi qui l’accompagnait, puis sur la gueule de l’entrée. Il clapa sa langue contre son palais et lâcha, las :

« Parce qu’elle était sous notre protection. Et s’il y a une chose que j’aimerais éviter, c’est un putain de Russe qui me souffle dans les bronches en me balançant mon incompétence à la gueule parce qu’on a pas été foutus de veiller sur sa femme. On a besoin de réponses pour pouvoir lui donner une explication un tant soi peu tangible. Plus vite ce sera fait, plus vite on pourra tous dormir sur nos deux oreilles. »

Son vocabulaire trahissait l’extrême de la situation. Margherita Bukovski clouée au lit d’une clinique, c’était s’attirer les foudres de l’époux détesté. Il ne faudrait plus très longtemps pour que Vadim leur tombe dessus, réclamant des explications quant au fait que sa chère et tendre se trouve dans pareille situation alors qu’il avait accordé sa confiance au Klan. Il l’avait lui même placée sous leur protection. Ce ne serait certainement pas dans les oreilles des petites frappes que le Moscovite beuglerait ; Slavenko et lui seraient en première file, suivis de près par les patriarches dont les tours d’ivoire risquaient bien de trembler de l’ire du mafieux.

Camenko s’engouffra dans le hall d’entrée, suivi de près par l’ombre de deux mètres de haut. L’odeur persistante de l’hôtel-Dieu lui agressa immédiatement les narines en guise de bienvenue, et il plissa le nez pour s'accommoder, sans succès. Les couloirs et les étages défilèrent à une vitesse assourdissante. Il perdait toute notion de temps en s’approchant de cette fameuse chambre qui le torturait depuis des heures, lorsqu’enfin il bifurqua à l’angle du corridor aseptisé désiré. Une voix à quelques pas le força à s’immobiliser.

« Excusez-moi ? Vous ne pouvez pas être ici, les visites ne sont plus autorisées. Je vous répète que vous pourrez repasser demain. »

Le brun fouilla la poche intérieure de sa veste à la recherche de son porte-feuilles. Il en tira une liasse plus que convenable de marks qu’il tendit à l’infirmière, le regard froid, le sourire chaleureux, sa voix de contrebasse autoritaire résonnant dans l’air.

« Nous n’en aurons que pour quelques minutes, ne vous inquiétez pas, vous pouvez reprendre votre travail sans crainte. En attendant, mon ami, il désigna le Tigrovi du doigt, va rester dans le couloir pour s’assurer que personne d’autre ne vienne perturber la tranquillité des lieux. Nous ne voudrions gêner aucun malade, pas vrai ? »

L’employée considéra l’argent, la haute stature du gorille qui se tenait à côté de Camenko, pourtant déjà bien grand, et les lieux vides, particulièrement silencieux. Elle acquiesça, fit disparaître son pactole dans la poche de son pantalon et s’en alla vaquer à ses occupations sous les yeux méfiants du Slave. Il se tourna vers son acolyte quand elle eut disparut, lui indiquant de rester ici pour ne pas que lui prenne l’envie de coller ses oreilles à la porte.

Ce fut les poings serrés, un mauvais pressentiment tenaillant ses tripes, que Camenko entra dans la chambre cinq-cent douze. Le son strident et affolé des machines lui perça immédiatement les tympans. Il ferma la porte derrière lui, accusant avec violence la vision de Maggy, si frêle dans sa blouse d’hôpital. Son cœur se souleva, et il retint sa respiration une fraction de seconde pour faire taire la crainte, la hargne, le soulagement, la violence, la rage, toutes ces émotions qui déferlèrent brutalement sur lui quand ses yeux bleus trouvèrent le visage tuméfié de son amante.

Il approcha lentement, précautionneusement, comme s’il craignait que le bruit de ses pas étouffés sur le linoléum ne la blesse davantage. Comme si sa simple présence pouvait amplifier la douleur pour laquelle on la gavait d’analgésique. Et c’était peut-être bien le cas, après tout. Il la savait trop fière pour supporter qu’on la voit dans cet état.

Le regard sombre, la mine grave, il siffla doucement entre ses dents serrées :

« Ne me force pas à te sangler à ce lit, Maggy. Sois raisonnable, s’il-te-plaît. »
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Maggy Bukovski
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Mer 24 Juil - 8:00


Cette fois, ce n'est pas par rébellion qu'elle cherche à sortir d'ici. Ce n'est pas pour se révolter contre le système médical, encore moins par désir de jouer les enfants indociles. Bien au contraire. C'est sa raison qui parle, animée par un instinct de survie depuis toujours chevillé à son corps. Les raisons obscures ayant poussé Vadim à l'envoyer ici lui échappent. Était-ce seulement pour ne pas mêler le Klan à leurs disputes ? Pour ne pas qu'ils aient vent de cette affaire ? Pourquoi ne s'est-il pas contenté de payer l'un des médecins de la Bratva, en échange de son silence ? A la réflexion, c'est probablement parce qu'il pissait le sang lui-même lorsqu'il a ordonné à son bras droit de porter Maggy à l'hôpital. Son raisonnement était sans doute biaisé, tant par la douleur que par la colère. Mais la présence de sa femme ici les expose trop, tous les deux . Les autorités ont beau être corrompues, elles ne sont pas dupes, et il y a fort à parier que la lieutenant de la Bratva soit régulièrement mise sous surveillance. Pas seulement par les flics, d'ailleurs. Ici, elle est d'une vulnérabilité affligeante. Il faut qu'elle s'en aille.

Son palpitant déjà affolé s'emballe dans un sursaut lorsque la porte de la chambre s'ouvre, sans violence pourtant. Le regard hagard se porte vers l'entrée, s'attendant à l'apparition d'une nouvelle blouse blanche. Mais c'est la vision surréaliste de Camenko qui s'impose à la brune, qui affiche soudain une mine plus effarée encore. Un pied seulement posé au sol, encore à moitié dans le lit, l'envie de fuir l'oppresse brusquement. L'envie la démange de s'emparer du drap pour se couvrir dans un geste de pudeur qu'elle n'a, pourtant, jamais eu besoin d'avoir auparavant. Elle préférerait de loin être nue qu'habillée du papier en intissé bleu qui ne fait que souligner froidement sa fragilité. Même blessée, le corps ensanglanté, Margherita a toujours fait bonne figure, serré les dents pour ne pas laisser entrevoir la moindre faille. Ce soir, elle semble malade, diminuée. Mortelle et blessée, comme renvoyée brusquement à la condition de femme fragile à protéger qu'elle a toujours refusé. Il n'y aurait rien pu y avoir de pire que d'affronter le regard du slave dans ces conditions.

Sitôt la surprise passée, la brune se braque, sur la défensive, regard farouche braqué sur lui. Sa voix est légèrement éraillée par les cris, et rendue rauque par la somnolence dans laquelle elle était encore plongée quelques instants plus tôt.

« Qu'est-ce que tu fous ici ? »

Elle n'a pas eu le temps de songer qu'il serait, forcément, tenu au courant. Les yeux et les oreilles de Camenko Drazavic, disséminés partout à travers la Bosnie -et sans doute bien au-delà encore- n'allaient pas passer à côté de pareille information. Mais ce qui la surprend plus encore, c'est qu'il soit venu. Contrairement à ce qu'il a pu tenter de faire croire au Tigrovi gardant la porte, ce n'est pas son rôle. Et s'il avait fallu venir veiller sur elle, ou au contraire s'assurer de son silence, ce n'est pas Camenko que le Klan aurait envoyé. Sa seule présence ici est un risque supplémentaire qu'il prend. Et venant d'un homme toujours excessivement prudent, le raisonnement lui échappe.

Pourtant, au-delà de l'angoisse, de la colère, de la peur, de la rage qui tournoient dans son ventre, se découpe un autre sentiment, bien plus pernicieux. Le soulagement. Celui de voir non pas seulement un visage connu, mais le sien. Dans d'autres circonstances, si elle était une autre, elle se serait empressée de réclamer les bras de son amant, son contact, ses mots rassurants, sa protection aussi sans doute. Mais malgré la douleur qui lui vrillait les côtes, l'Italienne ne pouvait pas se permettre de réclamer. Les médicaments dont on la gavait depuis des heures, en revanche, s'ils ne l'empêchaient pas d'être paranoïaque, avaient la fâcheuse tendance de lui ôter un peu de self-control.

Elle posa donc son autre pied au sol, eut un mouvement vers le slave avant d'être rappelée à l'ordre par les fils reliés à son bras, mais surtout par la douleur en sourdine qui émanait de tout son corps. Le sentiment d'impuissance se fit plus prégnant, et ses jambes se mirent à trembler sous la tension qui s'emparait d'elle, plus intense à mesure que les minutes défilaient. Son instinct premier est de lui demander de l'aide, ne serait-ce qu'à demi-mots. Le ton vibrant de sa voix suffirait sans doute à retranscrire son désarroi, son mal-être aussi.

« Il faut que je sorte d'ici... »

De nouveau, le regard de la noiraude accroche celui du Serbe, et le doute s'empare d'elle. Il n'a pas dans le regard ce sourire qui est d'ordinaire le sien quand il pose les yeux sur elle. La ligne de ses épaules est tendue, sa mâchoire crispée, son air grave, et une main glaciale retourne l'estomac de Margherita à ce constat. Peut-être se trompe-t-elle, depuis le début. Si Camenko n'est pas celui qu'on envoie pour jouer les gardes chiourmes, il est en revanche parfaitement celui qu'on envoie pour faire taire les indésirables.
Camenko Drazavic
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 2:28



Les orbes noirs de stupeur de Margherita crevaient violemment la lividité de son teint blafard. Son visage avait perdu les couleurs chaudes qui le rendaient vivant quand leurs regards s’étaient croisés, s’enlisant dans un blêmissement monotone. Et Camenko, lui, pâlissait lentement de colère quand ses pensées s’assombrissaient. Elle n’était pas à sa place dans le décor trop blanc de cette chambre d’hôpital. Elle n’avait rien à faire ici. Tout chez elle jurait. Ses cheveux sombres brisaient la tranquillité du tableau albe. Les taches bleus et rouges sur sa peau claire salissaient la scène immaculée. Le coloris criard de la blouse qui lui pendait jusqu’aux genoux accrochait l’œil jusqu’à l’irriter. Le spectacle en teintes détestables lui sembla hors du temps, inscrit dans une réalité qui lui était totalement étrangère. Le Serbe perdait ses repères malgré ses prunelles qui voyaient tout, n’épargnaient aucun détail. Mais son cerveau embrumé d’aigreur peinait à analyser. Les jambes nues de la brune, habituellement sveltes, lui parurent maigres. Son port de tête fier n’avait plus la même allure. La force qu’elle dégageait en temps normal était éteinte.
Jamais encore elle ne s’était montrée fragile. Maggy avait trop d’amour-propre pour admettre son humanité. Animée d’une volonté de fer, elle avait écrasé les plus récalcitrants, enfoncé dans leur crâne étriqué qu’elle méritait le respect accordé à n’importe quel lieutenant. Hors de son rôle dans la mafia, elle irradiait surtout une dignité soudain mise à mal par le tremblement de ses genoux, par la maladresse de ses gestes dans ce chemisier d’hôpital trop grand.

La voix brisée de l’Italienne perça le silence lourd, rabattant Camenko dans leur réalité. L’enchevêtrement de sentiments contradictoires lui revint au centuple. Les nerfs tordus de rage, ses yeux glacés détaillèrent les blessures apparentes de son amante. Il déglutit la bile et la colère qui lui grimpaient l’œsophage, ravalant au passage la sensation insupportable d’impuissance qui se repercutait en écho dans son esprit. Le soulèvement lourd de son torse sous sa respiration emportée lui paraissait un bruissement lointain, et ses poings, inconsciemment contractés, appartenaient à un autre. Il n’entendait plus que l’échec, amplifié par les cris stridents des machines.

Il aurait dû être là. Il aurait dû faire quelque chose.

« Il faut que je sorte d’ici… »

La violence avec laquelle son instinct le poussa vers Maggy quand il la vit amorcer un mouvement dans sa direction fut déconcertante. Il fit un pas vers elle, rapidement suivi d’un autre, et d’un troisième, jusqu’à ce qu’il ne reste plus entre eux que quelques millimètres. Ses tripes menaient la danse, bâillonnant toute prudence, balayant d’un revers de main les semaines, les mois de retenue et de mensonges. Camenko glissa doucement ses doigts sur le bras valide de la jeune femme, trouvant sous la pulpe de son index une peau froide qui glaça davantage son sang imbibé de hargne. Il avait peur de la brutalité de ses gestes, peur de sentir les muscles de son amante tressaillir de douleur s’il se hasardait à la toucher plus qu’à la frôler, peur qu’elle le repousse, qu’elle lui en veuille.

« Il faut que tu te reposes, murmura-t-il, ses lèvres contre sa tempe fiévreuse. »

Le trentenaire effleura sans le vouloir les marques rouges dans le cou de l’Ialienne. Son cœur, déjà malmené, pesa un peu plus, lesté d’un poids si lourd qu’il chuta dans son ventre, amplifiant les battements retentissant qui s’écrasaient avec fracas à ses oreilles. Il se ressaisit subitement, recula prestemment d’un pas. Le visage de Camenko se ferma à nouveau. Il ravala la douceur, l’explosion de sentiments contraires, la crainte de la blesser davantage et le remord de n’avoir pu la protéger. Qui diable leurrait-il ? Il n’aurait jamais été en mesure de l’abriter de quoi, ou de qui que ce soit. Il n’avait pas été en mesure de prédire le moment où elle serait en danger. Parce qu’il n’était pas devin, encore moins magicien. Parce qu’il n’avait aucune emprise sur les choses qui lui échappaient. Et Maggy était de ces choses-là. Volatile, insaisissable, un courant d’air entre ses doigts impuissants. Elle s’était toujours soustraite à sa grippe, à ses griffes, sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Ce constat amer, déjà présent dans son esprit, fracassa la vague sensation de contrôle qu’il avait encore.

« Assieds-toi. »

Il avait ordonné plus que demandé. Le Slave fit quelques pas dans la pièce, attrapa une des chaises qui traînait là pour l’approcher du lit. Il retira sa veste dans un geste souple, suspendit le vêtement au dossier de l’assise sur laquelle il ne tarda pas à prendre place. Camenko se fendit d’une longue inspiration, ses orbes presque noirs plantés dans ceux de la lieutenant.

« Je n’ai pas de temps à perdre, je vais donc avoir besoin de réponses simples et concises. Je sais que l’exercice risque d’être compliqué par la dose d’anti-douleurs monumentale qui coule dans tes veines, mais je compte sur ta … diligence pour faciliter les choses. »

Sa voix grave et régulière avait perdu l’inflexion d’inquiétude qui l’avait tourmentée. Seul restait un ton froid et autoritaire dont il n’avait jamais usé en compagnie de Margherita. Il se serait giflé s’il avait été à sa place. L’espace d’un instant, Camenko scruta les mouvements de la jeune femme pour s’assurer qu’elle ne bondirait pas sur ses pieds pour lui faire regretter l’aigreur de ses propos. Il aurait tant souhaité la rassurer, réchauffer sa peau glacée, lui promettre qu’elle ne risquait plus rien. Mentir encore un peu. Juste un peu pour lui épargner la violence avec laquelle il s’était détaché, l’hostilité de l’interrogatoire affreusement protocolaire qui suivrait.

Le regard du brun balaya l’espace, cherchant les traces de la présence d’un autre, moins attentionné que lui. Il se demanda si Vadim avait déjà poussé la porte de la chambre. S’il avait pu prendre dans ses bras la carcasse décharnée de sa femme, l’enserrer dans une étreinte rassérénante et protectrice. Le venin de la haine enfla un peu plus les nerfs émoussés de Camenko. Il se lova dans l’inconfort de son siège.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 9:24


Contre toute attente, malgré son regard sombre, Camenko s'avance vers elle, avalant la distance qui les séparait pour établir un contact, même infime, entre eux. Le souffle de la brune se suspend, ses membres se tétanisent sous l'effleurement aérien des doigts du slave, leur caresse douce et légère. Il se voûte sur elle, son odeur suave envahissant son champ olfactif, sa carcasse effaçant le décor froid et inquiétant de la chambre d'hôpital. Sa voix n'est qu'un souffle rauque sur sa peau, d'un réconfort si surprenant qu'elle doit fermer les yeux pour ne pas se laisser submerger par l'émotion. Derrière ses paupières closes, son regard se trouble, ses défenses affaiblies par les anti-douleurs vacillant dangereusement sous les sentiments qui l'assaillent.

L'espace d'une fraction de seconde, Margherita pourrait pleurer. Parce que la douleur est en train de se réveiller, et qu'elle ne veut pas rester shooter aux médicaments durant des jours pour la faire taire. Parce qu'il est là, à la voir dans cet état désastreux, quand personne au monde ne devrait assister à ce spectacle. Parce qu'elle a froid, dans cette chambre d'hôpital mais aussi toutes les nuits qu'elle passe sans lui. Parce qu'elle a peur, bien qu'elle serait incapable de l'admettre à voix haute, du sort qu'on lui réservera à sa sortie. Parce qu'elle est épuisée des liens du mariage qui sont comme une laisse autour de son cou, entravant ses gestes depuis onze ans maintenant. Onze années d'un mariage de façade, régi par la violence, la manipulation et la contrainte, approuvé par son propre père. Onze années de sa vie dérobées par un mégalomane sans scrupules, le tout dans l'indifférence générale. Le tout lui explose en pleine figure ce soir, ses blessures faisant ressurgir ces émotions enfouies depuis trop longtemps.

Mais le Serbe ne lui octroie pas le temps de se laisser aller. A la seconde même où, pour la première fois depuis leur rencontre, elle s'apprêtait à réellement baisser sa garde, il s'éloigne d'elle vivement, sans préavis, laissant son corps meurtri brusquement orphelin du sien. L'incompréhension transparaît d'abord dans le regard émeraude, tandis que les prunelles bleues s'y dérobent. Un goût de bile envahit sa bouche, une vague nauséeuse lui soulève l'estomac, et l'Italienne est prise d'un instinctif mouvement de recul. Il n'y a dans le regard du slave aucune marque d'inquiétude, aucun signe, même infime, d'affection. Son visage fermé, ses gestes parfaitement maîtrisés, le ton froid qu'il emploie brusquement et qui claque sur sa peau comme un coup de fouet... Autant de choses qu'elle ne l'a jamais vu faire qu'avec d'autres.

« Ma diligence ? » Elle répète d'une voix âpre, incrédule.

La sensation soudai d'être une ennemie en plein interrogatoire, un suspect ou une cible. Un élément de plus dans la toile d'informateurs de Camenko Drazavic. Le regard de la brune s'assombrit brusquement, et tout ce qui s'était ouvert en elle se verrouille à nouveau, avec un violence qui lui serre le bide. Plutôt crever que de laisser entrevoir la moindre émotion trop forte. L'envie vibrante de lui envoyer son poing dans la tronche lui mord le ventre, celle de hurler, de cogner, de rugir. Mais ce serait lui donner raison, lui accorder bien plus de pouvoir sur elle qu'il ne lui en accorde en retour.

« Tu sembles oublier que je ne réponds pas à tes ordres. »

Et même si c'était le cas, en ces circonstances plutôt faire preuve d'insubordination que de se plier à sa volonté. La colère qui fait bouillir le sang dans ses veines est à la hauteur du trouble, de l'émotion qui l'agitaient quelques secondes plus tôt. A la mesure du besoin viscéral qu'elle a eu de se blottir contre lui, de trouver un semblant de réconfort entre ses bras. Parce que pour la première fois, elle aurait eu réellement besoin de lui. Sa réaction lui donne l'impression très nette que tout, entre n'eux, n'a été qu'un mensonge au pire, au mieux le fruit de son imagination. Le sentiment de trahison enfle dans sa poitrine, comme prêt à l'étouffer. Elle tend le bras en arrière, s'empare de la télécommande qui lui permet d'appeler les infirmières.

« Je te conseille de sortir de ma chambre sans faire d'histoires. »
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 12:45



Le cœur écartelé du Serbe battait à tout rompre pour lui faire entendre raison, le pousser une fois de plus vers elle quand son esprit, cartésien, ne considérait que les dangers de sa présence entre ces quatre murs. Il ne pouvait faire passer ses envies personnelles avant le reste, il n’avait pas le droit d’écouter le besoin viscéral de sa peau, de son souffle meurtri, de son odeur qui avait changé, s’était déjà imprégnée du parfum aseptisé des lieux. Camenko n’avait jamais tant lutté pour que le masque sur son visage ne s’ébrèche pas. Il sentait dans sa poitrine l’acharnement des sentiments étouffés par son discernement et son instinct de survie. Le responsable du renseignement, malgré ses prunelles et son ouïe perçantes, ignorait qui pouvait entendre cet échange. Ou pire encore, qui avait vu le geste trop tendre, impossible à réfréner, qu’il s’était autorisé envers Maggy.

Sa gorge se noua alors qu’il mesurait l’ampleur de sa stupidité, les conséquences désastreuses que cette marque d’affection, si brève fut-elle, pourrait avoir entre de mauvaises mains. Un froid s’abattit sur les épaules de Camenko. Il n’aurait jamais dû être ici. Il aurait fallu s’en tenir au protocole, ne pas chercher à remettre un peu d’ordre dans une situation qui lui avait totalement échappé, et s’envenimait un peu plus sous la claque acerbe de ses mots.

« Ma diligence ? »

Les bras croisés, les mâchoires crispées, il dut se faire violence pour ne pas quitter son rôle. Il était trop difficile d’ignorer les épaules soudain tendues de la jeune femme, la noirceur du regard désabusé qu’elle lui lança, comme une gifle, son aura devenue sombre, enserrée dans une dignité mise à mal, et le dédain avec lequel elle répétait ce terme écœurant. Diligence. Il n’aurait pu choisir un mot plus inconvenant. Maggy ne lui appartenait pas, et le souvenir de cette réalité lui souffla crûment dans la nuque, aggravé par le mépris qui transparut dans l’attitude de la brune. Le gouffre déjà trop important entre eux se creusa davantage, soulevant Camenko d’un vertige qui lui creva le cœur.

« Tu sembles oublier que je ne réponds pas à tes ordres. »

Le trentenaire s’agaça presque de la réponse. Comment pouvait-elle croire qu’il avait oublié son impétuosité d’animal sauvage, celle qui le prenait aux tripes depuis le début et le suspendait à ses lèvres, complètement transi, complètement con ? Cette foutue insoumission qui lui faisait perdre la tête quand ils étaient seuls. Cette insoumission qu’il adorait à sa manière, parce qu’elle tranchait avec le caractère docile des autres femmes qui jonchaient son univers. Cette fougue insupportable qu’il conchiait à présent parce qu’il avait besoin, pour la première fois - pour une fois ! -, qu’elle se laisse apprivoiser. Il avait besoin de comprendre, de savoir qui avait osé la toucher, la réduire à cette condition. De passer ses nerfs à bout sur quelque chose, sur quelqu’un, idéalement sur le coupable. Il se fichait bien de savoir qui avait commencé ; Maggy aurait pu être instigatrice de la violence qui avait ravagé son corps qu’il n’en aurait pas tenu compte. Son cerveau ivre de colère réclamait un nom, une explication, une bouée de sauvetage à laquelle son esprit enflammé pourrait se raccrocher pour ne pas sombrer un peu plus dans une rage dévastatrice.

« Je te conseille de sortir de ma chambre sans faire d’histoires. »

L’éclair qui traversa chaque parcelle de son corps quand il la vit saisir la commande d’appel le fit sauter sur ses pieds. Camenko avait sur l’Italienne aux mouvements engourdis d’antalgiques l’avantage de la sobriété, et il ne lui fallut pas une seconde pour confisquer le bouton d’alerte qui aurait pu les condamner tous les deux. Ses doigts grippés sur son poignet, le brun épingla les yeux verts de celle qui était hier encore son amante. Il n’était pas sûr d’avoir encore le droit de la toucher après ça, de la considérer comme tel. Anxieux, il relâcha la pression de sa main pour rendre un peu de souffle à leur relation qu’il privait d’air. Ne pouvait-elle comprendre l’inquiétude qui guidait ses gestes et transparaissait dans les soubresauts de son palpitant ? Dans sa présence dans une chambre d’hôpital où il n’avait pas sa place ?

« Et toi tu sembles oublier que le seul rempart qui te sépare du monde extérieur, des questions des forces de l’ordre, et des regards accusateurs de tes frères de rang quand ils sauront que tu as passé les dernières heures dans un hôpital public, c’est moi. »

La journée avait été entrecoupée d’appels, de ficelles tirées pour que l’attention se détourne de la porte cinq-cent douze, de menaces voilées et de rappel des services qu’on lui devait encore, à lui ou au Klan. Camenko n’avait pu se concentrer sur autre chose que sur son incapacité à agir d’où il se trouvait. Enfermé dans son bureau imperméable aux oreilles des autres employés de l’OSA, il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour éloigner les regards indiscrets. Mais le temps s’était échappé à une vitesse affolante sans qu’il n’ait la possibilité de se pencher sur les questions qui l’obsédaient réellement : qui ? pourquoi ? et combien de temps avant qu'il ne mette la main sur le crevard qui avait osé.

« Il faudra que je réponde à certaines personnes en sortant de ta chambre. A mes supérieurs pour leur expliquer qu’une femme sous notre protection nous a mis en danger en se faisant rafistoler ici sans que nous puissions l’intercepter, et à Vadim qui s’inquiète probablement de savoir que l’un de ses lieutenants, que sa femme, il vomit presque ce mot, est dans un état pitoyable parce que nous n’avons pas fait notre travail correctement. Je n’entacherai pas nos relations avec la Bratva pour toi. Parce que tu auras été trop fière pour penser pouvoir te soustraire à mes questions. Je répète donc : qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 14:19


Un sursaut très inhabituel la secoue quand il lui arrache la télécommande des mains, sa poigne ferme se refermant autour de son poignet déjà blessé. Si la douleur est, elle, étouffée par les antalgiques, ce n'est pas le cas de la surprise, ni de l'appréhension qui la pousse à réagir comme un animal acculé. Une profonde vague de dégoût s'en suit, envers le slave mais surtout envers elle-même. Parce qu'elle refuse d'adopter le comportement de ces femmes battues qui craignent ensuite le moindre contact avec la gent masculine. Elle ne peut pas se le permettre, pas dans sa condition. L'idée même de se placer en victime lui donne des haut-le-cœur. S'il n'a pas fini à l'hôpital, Vadim a pourtant forcément dû appeler un médecin, ne serait-ce que pour le recoudre. Elle s'est défendue, elle a cogné, mordu, tranché la chair. Elle ne s'est pas recroquevillée sur elle-même comme une bête attaquée, elle n'a pas courbé l'échine, n'a pas rendu les armes. Il est hors de question qu'elle commence à ployer maintenant. Et l'élan d'autorité que Camenko ose avoir à son encontre la fait bouillonner de rage.

Elle reprend son souffle lorsqu'il la lâche, s'écarte d'elle sans pour autant relâcher la télécommande. Les paroles qu'il crache la brûlent comme de l'acide. Elles sonnent comme un avertissement, comme des menaces qu'elle ne peut accepter. A mesure que les anti-douleurs se dissipent dans son organisme, le ton de la brune se fait acerbe, dangereusement accusateur.

« C'est ça, le jeu que tu joues avec tes petits informateurs, Camenko ? Tu agites au-dessus de leurs têtes le spectre de la mafia et des flics ? Tu essayes de leur faire croire que tu es leur sauveur, le seul qui puisse leur épargner la misère ? Qu'ils ne pourront jamais lutter contre toi ? » Elle marque une légère pause, secoue la tête. « La différence entre eux et moi, c'est que je n'ai pas peur de crever, et je n'ai pas peur de toi. »

Tout, dans l'attitude du slave, de sa posture aux mots qu'il emploie, ne font que renforcer la certitude qu'il n'est pas là pour elle. Il est là pour lui. Pour assurer ses arrières, celles de sa famille, pour ne surtout pas abîmer les relations déjà fragiles entretenues avec la mafia russe. Et cette idée donne subitement un goût amer à chacune de leurs étreintes. Les moments qu'ils ont pu passer ensemble lui apparaissent désormais sous un jour nouveau, et elle envisage à nouveau cette possibilité qui s'était pourtant très vite dissipée dans son esprit : il n'a fait que se servir d'elle. Avoir à sa botte l'un des pions de la Bratva était sans aucun doute un avantage non-négligeable. Comment a-t-elle pu être assez stupide pour se laisser bercer d'illusions ? Comment a-t-elle pu croire qu'elle maîtrisait quoi que ce soit ?

« Alors c'est ça qui t'enrage ?! Ne pas avoir pu m'intercepter ? Tu m'as prise pour une putain de marchandise ? »

A moins qu'il ne la prenne pour une putain tout court. A force de fréquenter celles du Pussynight, il a dû oublier de faire la différence. Oublier qu'elle ne se retrouvait jamais dans son lit pour les mêmes raisons que ces filles-là. C'est bien pour ça qu'avant lui, jamais elle n'avait partagé l'intimité d'un membre de la mafia, qu'il soit Russe ou Serbe d'ailleurs ! Parce que dès lors qu'on ouvre les cuisses, les hommes recommencent à vous voir comme un objet, à s'imaginer que vous êtes leur propriété. Un rictus mauvais déforme ses traits à la mention de Vadim.

« Ne t'en fais pas pour mon mari, il sait parfaitement où je me trouve et pourquoi. »

Elle crache ses mots, et le moniteur qui suit toujours scrupuleusement les battements de son cœur commence à s'emballer, trahissant la colère qui l'agite, l'émotion qui lui retourne les tripes malgré le regard glacial qu'elle pose sur Camenko. L'envie lui brûle la langue de lui balancer que les forces de l'ordre et toutes les mafias du monde n'auront rien à foutre d'une dispute conjugale. Mais ce serait lui donner les informations qu'il demande. Ce serait se placer, plus encore, dans cette position de victime qu'elle abhorre tant. Ce serait avoir l'air encore plus faible, plus vulnérable, pauvre petite femme rendue muette par les coups de son mari. L'idée même est insupportable. De nouveau, elle avance d'un pas vers lui, la tête haute et le regard fier, malgré ses mains qui tremblent légèrement sous le coup de l'énervement.

« Moi aussi, je vais répéter, et à moins que tu aies l'intention de cogner plus fort que celui qui m'a envoyée ici pour me faire parler, il va falloir t'en contenter : dégage de ma chambre. »
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 17:35



Camenko sentait déjà sur ses épaules le poids oppressant des questions de Jelenko et de Mirko. Margherita avait un statut trop particulier pour qu’on ne la considère pas comme une carte importante, pour qu’on la traite comme une vulgaire membre de la Bratva. Personne ne se serait soucié d’elle si elle n’avait été la femme de Bukovski. Elle n’aurait été qu’un membre comme un autre, un pion quelconque à surveiller distraitement du coin de l’œil par conscience professionnelle plus que par réelle inquiétude de le voir un jour avancer de manière incontrôlée sur l’échiquier. Elle n’avait finalement de chance que son nom et la volonté des Tigrovi de tenir une entente cordiale avec l’homme qui lui servait de mari. Si la mafia russe n’avait qu’une influence restreinte à Sarajevo, elle restait un allié nécessaire, puisque trop puissant ailleurs pour s’en faire ouvertement un ennemi. Il voyait venir l’instant où il faudrait justifier la raison pour laquelle les dessous sales des organisations criminelles de Sarajevo se retrouvaient exposés aux yeux de la masse. Et il espérait, ce jour-là, n’avoir qu’à affronter les regards accusateurs des Drazavic, et non les yeux arrogants de Vadim. S’il ne supportait déjà plus de dire son nom sans qu’une nausée lui coure la gorge, il n’osait imaginer le sang-froid nécessaire à rester dans la même pièce que cet homme. Il n’était pas certain d’en avoir suffisamment pour supporter la suffisance de cet homme et le parfum méphitique qu’il traînait avec lui, qui planait chaque fois sur la peau de Maggy quand le Serbe l’éloignait des draps conjugaux. Il n’avait même plus besoin d’écouter son réseau pour savoir les allers-venues du Moscovite à Sarajevo. Son odeur viciait l’air autour de l’Italienne, flottant derrière elle quand ils se croisaient dans les couloirs du Pussynight, lui retournant chaque fois l’estomac.

Les muscles de son interlocutrice tressaillaient de la colère à peine refoulée qui brûlait dans ses veines. Sa tenue affreusement roide criait ce que ses lèvres refusaient probablement de laisser éclater pour ne pas créer de scandale. Camenko sentait ses foudres électriser l’air, et le ressentiment ramper jusqu’à lui pour l’écraser.

« C'est ça, le jeu que tu joues avec tes petits informateurs, Camenko ? Tu agites au-dessus de leurs têtes le spectre de la mafia et des flics ? Tu essayes de leur faire croire que tu es leur sauveur, le seul qui puisse leur épargner la misère ? Qu'ils ne pourront jamais lutter contre toi ? »

Il échappa un soupir acariâtre, ses orbes noirs d’amertume braqués sur le visage grimaçant de rage de la jeune femme. Il lui en voulait de ne pas savoir lire entre les lignes, de ne pas déceler dans son attitude l’hypocrisie de ses questions. Comment pouvait-elle être aveugle à ce point ? Ne pas saisir qu’il se servait de sa place et du pouvoir dont il jouissait au sein des Tigrovi pour être là ? Il n’en avait que faire des relations de leurs mondes qui s’entrechoquaient violemment à présent, seul lui importait de la savoir vivante.

« La différence entre eux et moi, c'est que je n'ai pas peur de crever, et je n'ai pas peur de toi. »

A d’autres, mais pas à lui. Ils avaient tous peur de partir bouffer prématurément les pissenlits par la racine, et ceux qui se targuaient du contraire étaient inconscients. Il y avait toujours quelque chose à perdre, quelqu’un à regretter, des ambitions inachevées à déplorer. Lui, il avait sous la peau, jusque dans les os la crainte de la perdre, ce mince filet de panique qui tordait ses entrailles quand elle s’éloignait. Cette peur viscérale qui avait éclaté dans son esprit quand il avait appris qu’elle était ici, en piteux état.

« Alors c'est ça qui t'enrage ?! Ne pas avoir pu m'intercepter ? Tu m'as prise pour une putain de marchandise ?
- Oh je t’en prie, ne te crois pas au-dessus des autres. Tu n’es qu’une tâche en plus dans le tableau de corvées du Klan. Une épine dans le pied, dans l’immédiat. »

Il voulut rattraper les mots vomis par ses lèvres, en vain. Il mentait. Il mentait beaucoup trop bien pour qu’elle n’avale pas ce qu’il venait de dire. Il aurait voulu démentir, lui faire entendre qu’il ne l’avait jamais considérée comme un objet, qu’il tenait tant à elle que son cœur avait manqué un battement en apprenant la nouvelle de son hospitalisation. Elle était tout, absolument tout. Les bras dont il avait envie et besoin après une journée éreintante, la bouche qui le laissait le souffle court, avide de retrouvailles, les mains qui le faisaient frissonner, les cuisses qui lui manquaient quand il était avec une autre. Il déplorait son absence, les moments qu’ils ne pourraient jamais vivre, de n’avoir jamais pu partager une nuit entière, se réveiller contre son corps chaud. Le songe délicieux de cet avenir tombait en poussière entre ses doigts qui n’avaient su retenir la violence de son attaque.

« Ne t'en fais pas pour mon mari, il sait parfaitement où je me trouve et pourquoi. »

Le coup laissa un arrière-goût amer à Camenko qui ne parvint même pas à relever la fin de phrase. En d’autres circonstances, il aurait probablement saisi que les brûlots de Margherita n’étaient pas à prendre à la légère, que sa voix ne déraillait pas de colère mais d’une semi-vérité crachée à contre-cœur.

La jeune femme réduisit la distance qu’il avait imposée, et elle imposa, autoritaire :

« Moi aussi, je vais répéter, et à moins que tu aies l'intention de cogner plus fort que celui qui m'a envoyée ici pour me faire parler, il va falloir t'en contenter : dégage de ma chambre.
- Non, tonna-t-il sèchement. »

Elle pouvait bien essayer de le déraciner si elle le voulait, user des maigres forces qui lui restaient pour l’envoyer chier, il ne bougerait pas, ne broncherait pas. Maggy le connaissait suffisamment pour savoir qu’on ne lui retirait pas sans se battre l’idée qu’il avait derrière la tête. Ce n’était pas tant une question d’honneur que de fierté : Camenko était trop perfectionniste, trop exigeant envers les autres mais surtout envers lui-même pour accepter de claquer la porte sur un échec. Il ne tournerait pas les talons sans avoir pu lui soutirer les informations qui le tenaient en haleine. Et il ne tournerait certainement pas le dos à leur relation, du moins à ce qui daignerait en rester s’il ne foutait pas tout en l’air.

Le silence qui suivit sa réponse fut percé des grincements insupportables du moniteur traçant le rythme cardiaque de Maggy. Il leva les yeux vers l’écran dont les signaux s’affolaient, reporta son attention sur la brune qui brûlait devant lui. Camenko ravala le chapelet d’injures qui ne lui étaient pas destinées. Il s’éloigna de quelques pas, passa une main sur son visage tordu de colère, entama lentement la course des cents pas. Dans un réflexe peu commun, il tâtonna ses poches à la recherche d’une cigarette, peu regardant quant au lieu quand il était habituellement l’homme le plus respectueux du monde en matière de tabagisme. La bouffée de nicotine salvatrice qui inonda sa poitrine soulagea ses poumons comprimés par la tension opprimante qui raréfiait l’air dans la pièce. Il se pinça l’arête du nez, échappant un épais nuage de fumée. Pourquoi s’entêtait-elle à se taire ? Le milliard de réponses possibles à cette question se pressa dans l’esprit du trentenaire. Il se demanda, l’espace d’un instant, si elle comptait faire vengeance elle-même ou si l’affaire qui l’avait traînée ici impliquait des vérités trop délicates pour qu’elles tombent entre les mains d’un Serbe. Le Slave était pourtant mieux placé que quiconque pour garder enterrés les petits secrets de famille dont on rougissaient, ceux qu’on ensevelissait si profondément en se jurant de les oublier qu’ils finissaient par sentir le soufre et les enfers. Il avait un don presque effrayant pour fermer les grandes-gueules, calculer avec exactitude la longueur du fil qu’il faudrait pour ligaturer la bouche des cadavres dont les placards du Klan regorgeaient ou la profondeur du trou à creuser pour s’assurer que les morts ne parleraient pas.

Il revint vers elle dans un élan désespéré, abattant les murs de la prudence, s’approchant dangereusement. La cigarette plantée dans sa main gauche, il perdit ses doigts dextres dans ses cheveux, sur sa nuque qu’il tint sans violence, quoique fermement. Son souffle frôla le sien. Tant pis. Tant pis pour lui, tant pis pour eux.

« Donne-moi son nom, Maggy. Il baissa le ton, expira dans un murmure de sorte qu’elle puisse deviner plus qu’entendre sa supplique : donne-moi juste son putain de nom. »

Et il la laisserait en paix. Il lui donnerait le loisir de le détester, de mépriser les étreintes, les râles de plaisir, la tendresse des instants passés ensemble, les sentiments, s’il en était, qu’elle avait pu nourrir pour lui.
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 18:17


Jamais elle ne se serait attendu à une telle violence dans la bouche du Serbe. Il garde, d'ordinaire, trop bien son self-control pour laisser échapper de tels propos. C'est d'ailleurs sans doute parce qu'elle sait à quel point ses paroles sont maîtrisées que ces dernières lui font si mal. C'est pire qu'un coup de poing dans le bide, pire que la douleur qui lui éclate les côtes, pire que la seconde où son épaule s'est déboîtée. C'est du poison pur qu'il distille dans ses veines, et qui fait flamber dans son regard une lueur trop incendiaire pour ne pas fendiller le masque de froideur qu'elle tente de se composer. Elle peut entendre distinctement le bruit que fait son cœur en se brisant, les blessures qu'il inflige à sa chair comme autant de coups de couteaux. Il n'aurait pas pu choisir de mots plus douloureux, de termes plus insultants pour définir ce qu'elle représentait. Voilà donc ce qu'elle était. Pour Vadim, une chienne dont la laisse n'était pas assez courte. Pour lui, une corvée nécessaire à son ascension.

L'arrogance, la condescendance dont il fait preuve à son égard lui glace les os. Et paradoxalement, tout devient plus facile. Rien n'est plus compliqué à gérer que la peine, la douleur provoquées par un amour trop puissant. La rage, en revanche, la haine viscérale, le dégoût, la rancoeur, ce sont des émotions plus faciles à canaliser parce qu'elles peuvent trouver un exutoire immédiat. Et malgré tout le contrôle dont il faisait preuve, malgré son perfectionnisme acharné, sa capacité incroyable à avoir un coup d'avance sur tout le monde, Margherita détenait quelque chose qui pouvait le rendre dingue. Parce qu'elle avait un secret, et qu'elle était plus décidée que jamais à ne pas le révéler. A présent, c'était autant par instinct de survie, pour préserver sa dignité aussi, que par pur désir de vengeance.

Il s'éloigne, agacé, comme à deux doigts d'imploser sans doute et pour la première fois elle réalise que c'est susceptible de lui arriver. Mais après tout que sait-elle de lui, quand l'homme qui lui fait face n'est plus qu'un étranger ? Tout n'a peut-être été que mensonge, tout ce qu'il a pu raconter à son sujet et qu'elle n'a jamais cru bon d'aller vérifier. Parce qu'aussi irrationnel que ce soit, elle avait confiance en lui.

Sans qu'elle s'y attende, il revient vers elle, et de nouveau un mouvement de recul anime ses jambes. Son dos heurte le mur douloureusement dans le geste qu'elle a pour l'éviter, mais qui ne suffit pas. Le mouvement qu'il fait dans sa direction lui retourne le ventre, la nausée lui soulevant le cœur à nouveau. Son acte est d'autant plus insultant qu'après l'avoir humiliée il pense avoir, encore, le pouvoir de l'amadouer. La faire flancher par le simple contact de ses doigts dans ses cheveux, de son souffle chaud sur sa peau, de la chaleur de son corps si proche du sien. Mais maintenant la vérité dévoilée, tout ça ne laisse plus sur la langue de l'Italienne qu'un goût atrocement amer. S'être si longtemps joué d'elle est déjà un affront trop grand, mais c'est pire encore que de la prendre pour une greluche énamourée, qui se laissera dompter d'un battement de cils.

C'est la hargne qui parle, la rage de son orgueil blessé, de son cœur piétiné, quand la noiraude lui crache littéralement au visage, souillant définitivement ce qu'il restait encore de leur relation.

« Va te faire foutre, Drazavic. »

Et puisqu'il a baissé sa garde, en s'éloignant d'elle quelques secondes plus tôt, la main valide de l'Italienne s'est déjà emparée de la télécommande à nouveau. Sans lui laisser, cette fois, le temps de réagir, elle appuie franchement sur le bouton, de plusieurs pressions frénétiques, avant de jeter le boitier sur son lit. Le sang bat ses tempes, le moniteur s'emballe plus que jamais, et le temps semble s'étirer à l'infini. Si l'infirmière avait été interceptée ? Si on l'empêchait d'entrer ? Si elle mettait vingt minutes à arriver ? Il ne peut pas prendre le risque de l'abattre ici, maintenant. Quelqu'un l'a forcément vu, et Camenko n'est pas du genre à lui-même se salir les mains.

Après un temps qui lui semble infini, pourtant, la porte s'ouvre à la volée sur une nouvelle infirmière, visiblement outrée.

« Qu'est-ce que vous foutez ici ?! Les visites sont terminées depuis plus d'une heure ! »
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Re: Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne || Camenko Jeu 25 Juil - 19:54



Il partirait cette fois si elle le lui demandait, si elle le lui ordonnait. Il se ferait docile, pour la première fois de sa vie, obéissant pour ne pas qu’elle le haïsse plus encore, parce qu’il détestait le sentiment qu’elle lui tendait à cet instant précis, la haine incisive mêlée de dégoût qu’il ne pensait pas lire un jour dans son regard. Il avait froid. Plus froid que jamais. Plus que dans ses nuits de solitude où lui manquaient sa voix et son sourire. Plus que lorsqu’elle se détournait et retournait s’enfermer derrière les barreaux de sa cage dorée. Ce n’était pas l’une de ces colères dont on se remettait aisément quand la tension retombait et que les pensées s’apaisaient, encore moins une engueulade quelconque dans laquelle les couples se déchiraient quelques heures pour mieux se réconcilier. Camenko avait touché la corde sensible. Il l’avait explosée, tranchée dans un crachat de mots dans lesquels il ne croyait même pas. Ses paroles et sentiments manquaient d’harmonie. Et leur relation sonnait faux à présent. Ils étaient désaccordés. Trop pour pouvoir s’entendre à nouveau.

Maggy le repoussait de son être entier. De ses membres braqués et de son attitude sèche. Il se raccrocha plus encore, resserra sa prise dans ses longues mèches noires pour ne pas vaciller. Elle aurait pu le faire reculer si elle n’avait pas été affaiblie par les analgésiques et la douleur corporelle. Le trentenaire avait beau être plus grand, plus fort, elle serait parvenue à le déraciner si elle avait été en pleine possession de ses moyens, il le savait. Il sentait la force mentale qu’elle employait à l’éloigner, comme s'il la rebutait quand elle réclamait hier encore l’étau de ses bras. Hier était loin, trop loin pour qu’il puisse le rattraper, retrouver le temps où elle ne le haïssait pas. Il avait toujours détesté ce dieu impitoyable qui ravageait tout sur son passage sans qu’il ne puisse s’y opposer.

Il aurait dû s’excuser. Murmurer pour elle seule qu’il regrettait tout, absolument tout. Qu’il avait passé sa journée à imaginer le pire, que les dernières heures avaient été une torture et qu’il était soulagé de la savoir vivante, suffisamment tenace pour être encore debout malgré ses côtes brisées, ses poumons dysfonctionnels et sa peau déchirée par endroits. Il aurait voulu avouer le sentiment d’impuissance masqué derrière la colère aveugle, confesser qu’il avait trop peur de la perdre pour assumer l’inquiétude, et qu’il était trop lâche face au regard des autres pour être la présence rassérénante dont elle avait sans doute eu besoin. Mais il se tut. Et elle, elle proféra haut et fort ce qu’elle ressentait, lui crachant au visage quand ses paroles frappaient violemment son sternum déjà douloureux.

« Va te faire foutre, Drazavic. »

Il ne releva pas l'insolence de son geste. La brûlure sur sa peau, pourtant, fut plus brutale qu'une gifle ou qu'un coup de poing. Et il n'aurait jamais laissé passer cet affront en temps normal. C'était qu'une part de lui l'avait mérité, et que son ego capitulait face à cette constatation écrasante. Il entendit dans les cinq mots prononcés par la jeune femme toute la rancœur que son palpitant gardait mais ne put se défaire pour autant de la prison de mèches dans laquelle il avait noué ses doigts libres. C’était trop dur de s’en aller ainsi, si bien qu’il refusa de lui rendre sa liberté. Il retrouva ses yeux verts quand les siens, perdus, l’imploraient de le pardonner.

Il souffla :

« Arrête … »

La porte de la chambre s’ouvrit à la volée, mais il n’y prêta pas attention. Seule comptait la respiration oppressée de Maggy contre lui. La voix qui retentit dans son dos lui sembla lointaine. Il ne l’entendit pas réellement dans le brouhaha confus de son esprit qui se déchirait. Rendu sourd par les battements absents de son cœur et le vide qui le happait, Camenko refusait d’écouter la femme qui lui ordonnait à présent de sortir s’il ne voulait pas être directement raccompagné par la sécurité. Il hocha la tête, ses yeux désespérément accrochés aux prunelles noires d’aversion de Margherita. Il refusait d’y voir la rancœur qui les crevait, quand bien même il ne restait qu’elle dans son regard. C’était une chose de lire un sentiment qu’on vous balançait violemment à la gueule, c’en était une autre de le comprendre et de l’accepter. Il n’avait pas envie d’admettre qu’il avait probablement tout ruiné parce qu’il avait été trop con pour l’aimer au point de s’inquiéter. Il ne pouvait pas la lâcher, s’en aller sur la déception de cette rencontre. Il craignait chanceler s’il se détachait d’elle, perdre le peu de repères qui restaient encore à son monde. Il ne voulait pas perdre sa présence toute particulière dans sa vie. Il ne pouvait pas la perdre.

Il murmura son nom sans bruit, la suppliant presque. Mais seul le silence froid lui répondit. Un silence pesant qui le glaça davantage. Et il dut se résigner quand l’infirmière l’interpella une nouvelle fois.

Camenko lâcha prise, son palpitant se soulevant de nausée. Il recula d’un pas hésitant, essuya son visage d’un revers de main, coinça la cigarette presque intégralement consumée entre ses lèvres et regagna le centre de la pièce. Il congratula la quadragénaire en tenue de travail d’un regard irrité mais afficha un sourire charmeur qui sonna faux. Le brun ramassa sa veste, ce qu’il restait de son cœur et de sa dignité et s’en alla sans accorder d’autre regard à Maggy. Il retrouva sa contenance hypocrite, le couloir, et au loin la silhouette gigantesque du Tigrovi qui leva les mains à son attention en signe d’impuissance, comme si un homme de sa stature n’aurait pu empêcher qui que ce soit de perturber l’écrin d’orage de leur échange.

« Trouve-moi le nom de l’infirmière que nous avons croisée, claqua-t-il en arrivant à sa hauteur. Je veux savoir tout ce qu’elle sait. »
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