[FB] We get bored with everything, Sweetheart, it's a law of nature. | Eniko

Date de naissance (rp) : 23/08/1981

4 avril, 21h12

Le trentenaire fit danser d’un mouvement de poignet le liquide ambré dans son verre, créant un tourbillon d’arômes tourbés qui serpenta jusqu’à son nez. Il but une longue gorgée de whisky, appréciant la rondeur de l’alcool, les notes fumées qui s’en dégageaint. Il se serait volontiers noyé dedans, pourvu que mourir d’ivresse lui épargne les balbutiements inintéressants des hommes qui se tenaient autour de lui. Trop occupés à converser du dernier scandale qui ébrouait les sphères politiques, ils remarquaient à peine à quel point Camenko se lassait de leurs propos.

Il balaya la pièce d’un regard distant, s’arrêtant sur une ou deux photographies devant lesquelles on s’extasiait quand lui ne trouvait rien d’émouvant ou d’esthétique à la démarche de l’artiste, un enfant du pays qui avait parcouru le monde un argentique autour du cou et n’avait de talent particulier que celui de savoir s’entourer de personnes suffisamment influentes dans le monde de l’art pour lui offrir une exposition dans une galerie en vogue de Sarajevo. La salle était travaillée dans une nudité presque dérangeante de sorte à ce que rien ne détourne l’attention des grandes impressions en nuances de gris qui ornaient les murs et s’arrachaient une petite fortune. Seul un jeu de lumière particulier venait habiller un peu le décor, le rendant à peine moins austère qu’il ne l’était réellement.

La soirée de vernissage était privée, les invitations avaient été distribuées au compte-gouttes à une petite poignée du gratin sarajévien. Freyaient ici quelques artistes montant, des politiciens esthètes obsédés par leur image d’amateur de culture locale, et un certain nombre de journalistes venus encenser l’exposition. Les conversations emplissaient la salle d’un brouhaha léger qui se répercutait en écho contre les plafonds trop hauts, effaçant la mélodie tendre et légère d’un piano qui ajoutait au vide ambiant. Mais elles sonnaient faux, superficielles elles aussi, et laissaient un goût amer sur la langue.

Camenko leva le nez de son verre, s’appliquant à retrouver la silhouette fine d’une jolie brune qui pendait au bras d’un homme trop âgé pour elle et qu’il avait déjà trop cherché ce soir. Son regard s’était perdu plus d’une fois, s’attardant suffisamment longtemps pour qu’elle le sente sur elle, mais jamais assez pour qu’il soit oppressant. Il ne tarda pas à retrouver les grands orbes verts brodés de longs cils noirs de la jeune femme, la délicatesse de ses traits teintés d’ennui, son maquillage léger illuminé d’un sourire faux. Le Serbe détourner son attention pour la reposer sur l’un des hommes qui le prenait à partie, le sommant d’entrer dans une discussion qu’il appréciait très bien comme simple observateur. Il ne put, tout au long de sa réponse, empêcher ses yeux de s’égarer à nouveau sur la taille féminine, longue et creusée, où se pressait parfois la main de son cavalier.
Du coin de l’œil, le trentenaire aperçut finalement le chevalier servant de la demoiselle se pencher vers elle, susurrer quelques mots à son oreille puis prendre congés. Il clapa sa langue contre son palais, considéra les visages alentours et s’excusa platement de ne pouvoir rester plus longtemps. L’occasion d’approcher la belle ne se représenterait peut-être plus, et il refusait de la laisser filer dans la nuit sans avoir au moins pu entendre le son de sa voix.

Il fit un détour par le bar pour réclamer un nouveau verre pour la jeune femme, le même que celui qu’elle avait encore entre les mains mais qui menaçait dangereusement de toucher le fond, de la rendre à nouveau dépendante d’une sobriété qui ne ferait que lui rappeler l’ambiance lassante de la soirée. Il serpenta entre les convives, se frayant un chemin jusqu’à la photographie que la brune contemplait en silence. Doucement, il se posta à ses côtés, avisant dans une fausse concentration le cliché en noir et blanc d’un paysage démuni d’Europe de l’est.

« Je ne pensais pas trouver quelqu’un de plus ennuyé que moi, lâcha-t-il de sa voix de contrebasse, un sourire charmeur aux lèvres. »

Il pointa du doigt le cocktail vide de la brune.

« Permettez ? »

Et avant même qu’elle ne puisse répondre, il confisqua le verre, s’en débarrassant sur le plateau du premier serveur venu, pour lui tendre la consommation qu’il avait cherchée pour elle.

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Date de naissance (rp) : 12/04/1978

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