Boulevard of broken dreams - Levarko
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Boulevard of broken dreams - Levarko

Zarko Hodzic
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Date de naissance (rp) : 10/04/1984
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Boulevard of broken dreams - Levarko Lun 2 Sep - 23:26

Spoiler:

Le pied au plancher, les yeux bloqués sur la route qui défilait beaucoup trop vite devant lui, le sergent s’octroyait le droit de franchir tous les interdits en maintenant en plus son téléphone à l’oreille. Sa voix était restée au chaud dans son lit et ce dernier l’avait rendue rocailleuse et grasse. Les mots qui sortaient de sa bouche encore pâteuse étaient ceux du parrain qu’il était par sa propre volonté et s’entrechoquait à ce statut tous les sentiments amicaux qui le poussaient ce soir-là à se déplacer pour Levine. Il y avait une sorte de tourment quand le prénom féminin gorgeait sa langue de douceur, quand ses éphélides traversaient ses pupilles pour s’encrer au fond de sa cervelle parce que Lev’ était en réalité la relation qui tenait le plus au coeur du serbe mais bien souvent, il niait toute accroche à la demoiselle par question d’égo.

Zarko se retrouvait en Lev’. Voyait dans ses yeux le mal qui la rongeait comme il s’était toujours aperçu de la teinte étrange que son propre regard avait. Animés par la même détresse, ils avaient tous deux succombés à l’éthanol aux pouvoirs magiques qui ne l’était plus tant pour la rousse qui se trouvait en détresse cette nuit-là.

La grande toquante qu’était le coeur de Zarko tremblait sous l’impulsion de son hypertension et ses doigts, accrochés d’un côté au mobile, de l’autre au volant, se crispaient à mesure que la distance se réduisait entre l’habitacle et le Pussynight. Levine avait finie là-bas, saoule, comme une habitude de sa part et l’âme du parrain était restée en peine quand la rouquine avait manqué le rendez-vous qu’il lui avait donné, tout juste après leur dernière dispute. Malgré tout, la volonté masculine qui l’habitait était assez puissante pour qu’il se résigne à effacer leurs mésaventures et battre présentement le sol de la boîte de nuit d’un pas déterminé.

Il fendit la foule en jouant des coudes tout en conservant son téléphone à l’oreille, cherchant du regard la fille aux cheveux de flammes dont la voix perçait toujours dans son tympan. Une fois sa planque repérée il raccrocha, un pli soucieux traversait son front et ses sourcils étaient froncés à leur paroxysme. Zarko n’était pas du genre à perdre son sang-froid, était en revanche un homme calme en toute circonstance mais les sanglots de Levine lui avaient fracassé le crâne, brisé son ventre de tout son long et sans pouvoir expliquer pourquoi, ils lui avaient sans doute un peu déchiré le coeur aussi.

Le parrain franchit la porte des toilettes masculines dans un fracas que même la musique de la boîte n’avait pas pu couvrir totalement. Il s’était précipité, avait suivit les bruits de pleurs pour trouver sa filleul et quand il la découvrit, son visage se décomposa autant que celui de la belle face à son corps impuissant. Zarko posa un genou à terre, essaya d’aggriper le regard de la douce avec le sien, sans grand succès, et déposa ses mains contre ses épaules dont il sentit instantanément la fraîcheur.

« Lev’, j’suis là… » Souffla-t-il, sa voix toujours rauque, toujours rassérénante.

Un poignard lui traversa la poitrine quand elle releva son regard et ce même poignard paralysa son corps en entier. Il vit dans ses orbes brunes les enfers, seulement matérialisés par les stries douloureuses qui traversaient ses pupilles et il n’avait jamais rien vu d’aussi triste, d’aussi teinté de désespoir. Il réfréna un tremblement, attrapa précautionneusement la silhouette frêle de la rouquine pour l’insérer entre ses bras musclés, laissant retomber ses jambes coupées au sol pour s'asseoir correctement, dos à la paroi latérale de la cabine. Il ne trouva rien de mieux à faire, rien de plus rassurant non plus. Le silence les avait entouré déjà depuis un moment et Zarko avait simplement laissé courir une main contre le dos trempé de la jeune femme.

Il avait compris la gravité au travers d’un seul échange de regard. Avait compris qu’il n’existait rien de plus horrible que ce qu’elle avait vécu sans réellement savoir de quoi il s’agissait et c’était dans cette connexion que le brun puisait la facilité qu’il avait de saisir Levine. Il finit par rompre le silence après avoir déglutit plusieurs fois, après avoir réfléchi trop longuement déjà.

« Qu’est-ce que t’as fait… Lev’ ? On t’a fait du mal…? » Souffla-t-il, la voix toujours rauque et nouée, cette fois-ci.

La pensée qui venait de l’effleurer lui donna la nausée et il priait intérieurement pour que Levine ne lui raconte pas ces choses sordides que son imagination jouait simultanément dans son cerveau en miette.
Levine Filipovic
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Re: Boulevard of broken dreams - Levarko Dim 8 Sep - 15:17



Sept.
Les sept péchés capitaux, les sept collines de Rome, les sept mers, les septs chakras, les sept versets de la sourate, les sept Merveilles du monde, les sept cieux de mon monde, sept ans de malheur à qui brisera un miroir. Sept. Sept moins trois, quatre : sept. Un mot, quatre symboles. C’était tout ce qu’il fallait. Sept. Sept putain de lettres. Sept. C’était le premier chiffre sur la mention de degré d’alcool de la bouteille dont je m’étais remplie. Sept, c’était aussi le nombre de jours qui restaient avant le cap fatidique du mois de sobriété. J’avais presque réussi. J’y étais presque parvenue après cette conversation de merde dans la ruelle adjacente au Terminal. Sept. Vingt-quatre fois sept. Cent soixante-huit. Qu’est-ce que c’était, cent soixante-huit heures dans une vie. Une semaine. Une putain de semaine. Sept jours, contre trente. Sept jours contre un pas en avant, plus grand qu’aucun précédent.

Trente.
Il était toujours là, ce foutu boss de fin. Prêt à m’éclater, à m’enfoncer la gueule dans la boue et à appuyer pour être certain que mes poumons se remplissent de terre, de poussière, de brindilles. De tout, pourvu que ce ne soit pas de l’air. J’étouffais. J’étouffais, les bronches remplies de vapeurs d’alcool, la poitrine comprimée par la culpabilité et la honte. Par le vêtement trop serré sur mon corps maigre. Par le torse qui me maintenait en place, bien calée entre lui et le mur inconfortable, glacé.

Je l’avais voulu. La robe remontée sur les hanches, le carrelage froid contre ma croupe, l’odeur de pisse, les mouvements saccadés entre mes cuisses, les basses de la boîte qui passaient à travers la porte, couraient dans le sol, faisaient vibrer l’espace tout autour de nous. J’avais voulu croire que je pouvais contrôler quelque chose, que j’avais encore la force de tenir en main un rien de ma vie qui partait en vrille. J’avais eu l’impression d’y arriver en sentant ce type gonfler entre mes fesses quand il se frottait contre moi sur la piste. J’avais cru pouvoir le faire. Maîtriser. Mais j’avais bien vite déchanté. A mi-chemin, à genoux devant lui, mon rouge-à-lèvres déjà bien imprimé autour de sa queue, j’avais regretté. J’y étais allée un peu plus fort pour le faire partir plus vite, mais ça n’avait pas fonctionné. Mes cheveux froissés entre ses doigts, il avait imposé son rythme, son désir, son plaisir. Il m’avait relevée, coincée entre la paroi des toilettes et son corps, écarté les cuisses, écarté la culotte, craché sur ses doigts pour m’aider un peu. Pour s’aider, surtout.

T’es chiante à pas mouiller putain. Sept mots. Heureusement, tu suces bien. Sept syllabes.

C’était passé facilement, entre sa salive à l’entrée de mon sexe et la mienne qui restait sur le sien. Il m’avait remplie, et je m’étais sentie vide.

Je l’avais voulu. Je le voulais chaque fois. Lui, souvent. Les autres, parfois. C’était une fois qu’ils étaient en moi que je regrettais. Constamment. Quand leur souffle dans ma nuque me rappelait le sien. Quand leur parfum tournait, prenait l’odeur rance et luxuriante qui me restait sur la peau depuis dix ans. La sienne. Quand leurs mains sans tendresse ressemblaient à ses griffes, et que que leurs râles sonnaient comme sa voix. Mais il n’y avait jamais rien à faire dans ce genre de cas, si ce n’était attendre que ça passe. Ca me revenait parfois en mémoire comme les flashs d’un stroboscope. Dans ces instants plus qu’à aucun autre moment. Je revoyais les images de cette nuit. Ou du moins, je croyais les revoir. C’était peut-être simplement mon esprit malade qui les imaginait. Qui les fanstasmait. Qui les voulait. Parce que je l’avais voulu, pas vrai ? Je l’avais mérité. Je l’avais cherché.

J’attendais que ça passe. Sans bruit, sans gémissement, sans grande conviction. Accrochée à la nuque de mon amant, les jambes nues nouées autour de son bassin, j’attendais. Sagement. Silencieusement. Qu’il se vide. Les yeux dans le vague.

Il y avait la queue dehors, derrière la porte de la cabine. Elle grandissait un instant, râlait d’attendre, tapait, abandonnait, tournait les talons, revenait, grossisait, désenflait. Il y avait la queue dans mon esprit aussi. La file de mes sentiments qui se pressaient les uns aux autres, se bousculaient, se fracassaient. Il y avait la queue en moi, surtout. Pressée, intrusive, sans douceur aucune. Elle ne tapait pas, elle. Ni dans le fond, ni ailleurs. Elle devait être trop courte pour ça. Mais ça n’importait pas. C’était sans doute mieux ainsi. C’était moins douloureux, moins présent. Si je me concentrais, je pouvais presque oublier qu’elle était là.

J’aurais dû arrêter les frais. Lui demander de se retirer avant qu’il ne soit trop tard. Avant de me sentir vide. Avant qu’il ne me remplisse. Mais ça avait été trop rapide.

Sept.
Sept putain de coups de reins. Sept fois où mon bassin avait cogné le mur dégueulasse, rempli d’inscriptions ridicules et de graffs à la con. Il y avait mon blase sur la paroi d’en face, calligraphiée comme je savais si bien le faire à l’encre bleue. Ca m’avait sauté aux yeux quand je fixais le vide. J’avais dû le laisser là un soir où j’étais trop pleine. Löwe. Lion. Léon. Lev. Mais personne ne faisait jamais le rapprochement. Tout le monde le lisait toujours Low. Bas. Comme l’estime que j’avais de moi. Celle qui se faisait troncher sans amour, sans glamour, dans les toilettes du Pussynight.

Il râla dans mon cou, me maintenant bien en place pour ne pas qu’un mouvement entrave son plaisir. Il pressa un peu mes hanches pour s’enfoncer davantage, se vider pleinement. Au fond. Tout au fond. Au fond de ce putain de gouffre dans lequel je perdais le souffle. Puis il me relâcha, me laissant retomber sur mes pieds fragiles, sur mes jambes tremblantes.

« T’es plus avec ta meuf alors ? »

Un coup de braguette remontée en ponctuation. Je baissai les yeux, secouai la tête, replaçai correctement ma culotte qui finirait par se gorger de lui quand mon corps se déciderait à se vider. De quelle meuf il parlait au juste ?

« J’y retourne. Prends soin de toi Lev. »

Il claqua ça comme le tonnerre, referma la porte derrière lui, et je verrouillai immédiatement le panneau de bois pour qu’aucun des gars qui faisait la queue derrière ne puisse me voir dans cet état : vide. Le regard vide, le cœur vide. Le néant dans mon crâne. Le ventre rempli de foutre, d’alcool. L’estomac au bord des lèvres. Je ployai sous la honte. Les genoux cognant le sol, la tête dans la cuvette. Je me vidai. Il n’y avait plus que mes yeux pour se remplir de larmes.

Trente.
Trente putain de jours. J’y étais presque. Mais je n’avais plus de vie en stock à présent. La gueule dans les toilettes, l’alcool qui ressortait. C'était l'éternel game over de mon existence.  

Vide, de tout, d’énergie, d’une dignité déjà absente, de réflexion, je composai instinctivement le numéro de mon ange gardien. Sa voix remplit mon esprit mais me vida de forces. Et je restai clouée au sol, crucifiée à la merde dans laquelle je m’étais fourrée seule. Incapable de parler correctement, incapable de respirer, incapable de penser, à peine en mesure de me traîner jusqu’au verrou de la porte que je relâchai quand il m’annonça être là.

Le panneau de bois s’ouvrit à la volée, et je relevai des yeux inondés de larmes vers le visage marqué de fatigue et d’inquiétude de mon parrain. Son regard se vida, se remplit de pitié et de colère. Je frissonnai quand il se laissa tomber à mes côtés, quand il me prit dans ses bras, passa ses jambes autour de moi. Je sursautai, même, quand ses doigts effleurèrent la peau nue de mon dos, trempée d’une sueur froide.

« Qu’est-ce que t’as fait… Lev’ ? On t’a fait du mal…? »

Je secouai la tête, nouai mes bras autour de mes genoux, réfrénai les sanglots qui secouèrent mes épaules. La respiration saccadée de pleurs, j’articulai difficilement :

« J’y étais presque. Je … J’te jure que j’y étais presque. J’ai essayé Zark. J’voulais y arriver. J’voulais plus te décevoir. J’le voulais ce putain d’badge. »
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Zarko Hodzic
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Re: Boulevard of broken dreams - Levarko Lun 16 Sep - 14:13

La planche dans le dos du brun était froide, aussi glacée que le bout de chair nu et humide qu’il s’évertuait à toucher de ses doigts. Un mouvement s’était calqué sur la respiration abrupt de la jeune femme et Zarko n’avait plus rien en tête, juste le néant que les sanglots de Lev lui assénaient. Rien n’était plus dur pour lui que d’entendre les couinements que la gorge féminine déployaient et ça lui rappelait douloureusement les pleurs qu’il surprenait, enfant, venant de sa petite soeur qu’il ne considérait pas tant; pas comme elle.

La lame tranchante du poignard était toujours présente, rabotait tantôt son estomac nauséeux, tantôt sa gorge alors qu’il avait l’impression d’avaler du verre pilé tant elle se trouvait nouée. Personne n’avait le droit de toucher à sa filleule et il avait toujours cette voix en tête qui lui rappelait amèrement qu’en ce lieu saint, les déchets qui s’y trouvaient, s’octroyaient tous les droits, y compris celui de violer des femmes bourrées. Lev’ n’y pouvait rien, était malade, aussi malade qu’il avait bien pu l’être auparavant et la faute ne venait certainement pas d’elle mais plutôt des esprits torturés qu’étaient ceux des mecs mal foutus de la société d’aujourd’hui.

Ca lui bouffa soudainement les tripes, grignotta petit à petit les viscères vidés de tout espoir qui le remplissaient, d’entendre la voix de la rouquine s’élever faiblement à ses oreilles bourdonnantes. Rien. Rien ne sortit de sa bouche pâteuse et le silence les enveloppa dans une couverture étrange dont seuls leur souffle pouvait s’en échapper.
Le sergent tenait l’être à la crinière flamboyante entre ses bras, passait de temps à autre une main tendre sur le sommet de son crâne alors que ses yeux noirs ne cessaient de vagabonder en essayant d’échapper au plus sombre de ses pensées.

« T’y arriveras, j’le sais. » Articula-t-il difficilement, la boule au fond de sa gorge bien présente et son coeur tambourinant au delà même de sa cage thoracique.


Il attendit un instant qui se prolongea à mesure de son hésitation et quand ses doigts passèrent à la lisière du visage de la belle, il se fit violence en serrant les dents pour éviter de péter les plombs. Réunissant ses idées en un chapelet ordonné, le flic repoussa une mèche rouquine de Levine avant de déclarer, les lippes à moitié ouvertes, le coeur à moitié fermé.

« Quoi que tu fasses, tu m’as jamais déçu. » C’était une vérité à moitié vraie parce qu’il y avait eu trop de paroles tranchantes venant de sa part et Zarko était bien conscient du mal que ça avait pu lui faire à chaque fois mais il savait qu’il n’obtiendrait aucune grâce en lui révélant ce qu’il pensait réellement et dans l’instant, il ne voulait que la rassurer.

Il souffla, doucement pour éviter de le confondre avec de l'agacement et il bougea, défit l’étreinte qu’il voulait salvatrice et attrapa la main tremblotante de la rousse.

« Viens, on bouge de là. T’arriverais à te lever ? » Demanda-t-il, soucieux.

Son corps se déplaça avec une infinie délicatesse, resta à genoux pour tenter de subordonner les gestes de Levine et le flic se redressa en même temps qu’elle pour finalement se transformer en appui.
Zarko n’en pouvait plus de l’odeur nauséabonde qui émanait de ces chiottes pourries dont tout ce qu’il retenait étaient les pleurs de la jeune femme et ensemble, ils quittèrent les lieux.

Le serbe avait du jouer des coudes pour éloigner les créatures bourrées qui leur tombaient dessus et ses bras étaient seulement protecteurs envers Lev’ qui le suivait tant bien que mal, clopinant parfois pour éviter de s’emmêler les pieds dans un mouvement un peu trop flou. S’il se voulait prévenant avec la rousse, il l’était beaucoup moins envers les autres et quand il s’agissait de devoir bousculer, il ne s’en priva pas, quitte à échapper de peu à quelques bagarres collectives.

Ils recouvrèrent enfin l’air frais de l’extérieur et Zarko diminua instantanément la cadence qu’il imposait à sa filleule, lui jeta un oeil avant d’arrêter complètement de marcher.
Zarko se mit en face d’elle, prit son visage en coupe entre ses deux mains pour lui imposer son regard dur, un pli soucieux traversant son front.

« Lev’, si quelqu’un t’a fait quoi que ce soit, faut que tu m’le dises maintenant. » Il s’était jurer de protéger la rousse, quitte à faire du sale boulot pour elle, il ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’elle puisse souffrir et cette simple idée le rendait malade.

Si la personne qui l’avait mise dans cet état était encore dans la boîte, l’hésitation lui aurait échappée et c’était devant un flingue entre les deux yeux que le coupable s’expliquerait. Il ne s’imaginait pas qu’elle serait réticente à lui donner un nom, lui décrire un visage alors qu’elle devait sans doute penser que la faute lui revenait. Zarko connaissait trop bien cette situation, avait interrogé de trop nombreuses fois, de trop nombreuses filles qui venaient de se faire souiller par la queue crade d’un mec dégueulasse et Levine étaient comme elles, l'assommait d’un coup de matraque dans la nuque à coup de pleurs, le corps en retrait. Il voulait s’assurer, être certain que personne ne devait attendre son coup de crosse avant d’envoyer la rousse dans les draps de son lit qui devaient la protéger par illusion. Le souffle court et les yeux brouillés de la nuit, leur regard se cherchaient sans vraiment se trouver, Lev qui titubait encore de la marche rapide qu’ils venaient de faire.
Levine Filipovic
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Re: Boulevard of broken dreams - Levarko Mer 2 Oct - 12:28



Je l’avais voulu plus que jamais auparavant, plus qu’en dix ans à faire croire à tout le monde que je cherchais réellement à lutter contre mon alcoolisme - qu’il m’avait d’ailleurs fallu un temps pour admettre. J’avais ressenti cette énergie nouvelle dans un coin de mon âme, ce besoin urgent, vital, d’arrêter les conneries et de filer droit, comme je le faisais avant, quand j’étais qu’une gamine muette et obéissante qui regardait le monde avec des yeux émerveillés et ne voyait rien de la crasse, de la corruption, des jeux immondes des grandes personnes. J’avais eu ce sursaut de conscience, ce foutu sursaut qui m’avait motivée à me reprendre en main. C’était Zarko qui l’avait créé. Avec ses mots froids, déçus, violents quand bien même ils n’avaient pas cherché à l’être. Mon parrain m’avait crucifié sur place dans la ruelle à côté du Terminal lors de notre dernier tête à tête. Je n’étais pas allée à son rendez-vous le lendemain, trop ronde, trop énervée pour vouloir faire de pas à l’extérieur. Contre toute attente, une fois la rage envers lui passée, j’avais réalisé que la seule personne à blâmer était celle avec qui je devais passer le reste de mon existence : moi. Levine Zeljko Filipovic. Carcasse cramée d’encre, creusée d’alcool, crevée de honte et de désillusions.

« T’y arriveras, j’le sais. »

Mes yeux se vidèrent à nouveau, les larmes creusèrent des sillons salins sur mes joues. J’eus envie de vomir à nouveau, de délester mon estomac déjà sec d’un peu de bile, d’un peu de la fierté que j’avais ravalé des années auparavant et qui ne méritait finalement plus que de finir sa course dans les égouts de Sarajevo.

J’avais essayé de lutter. J’avais essayé de tout mon être, de toute mon âme déconstruite. Pour rien. Pour finir remplie de foutre dans les toilettes miteuses d’un club de merde.

« Quoi que tu fasses, tu m’as jamais déçu. »

Il mentait. Mes souvenirs de notre dispute un mois plus tôt avaient beau être flous, je voyais encore ses yeux remplis de déception et de colère.

« Viens, on bouge de là. T’arriverais à te lever ? »

Je hochai la tête. J’étais vide de forces, vide de volonté. L’odeur de pisse, de vomi, de stupre qui régnait dans notre petite bulle dégueulasse me tordait les boyaux, mais je n’étais pas sûre d’avoir les capacités de me redresser pour sortir d’ici. Je relevai des yeux remplis d’appréhension vers Zarko quand il se leva, un froid s’abattant brutalement sur mes épaules à l’idée qu’il puisse quitter les lieux en me laissant derrière. Mes pensées confuses peinaient à analyser ses gestes, la délicatesse de ses mouvements rassurants, et j’eus foutrement peur qu’il m’abandonne. Mais ses mains m’aidèrent au contraire à me remettre sur mes pieds, et je le suivis docilement, agrippée à sa main, à ses bras, au sentiment de protection qui m’enveloppait quand il était là.

Les bourdonnements et basses du Pussynight ravivèrent ma nausée quand on se fraya un chemin entre les corps entrelacés qui dansaient de manière décousue sur un rythme gras. Il me sembla lutter durant des heures pour ne pas me noyer dans la marée humaine alors que notre course ne dura pas plus de cinq minutes. Mais c’était déjà trop. Bien trop long quand on se sentait vide, pleine, défaite.

L’air glacial du monde extérieur manqua m’abattre sur place. Un long frisson remonta mon échine, dessinant sur ma peau une chair de poule détestable qui me fit me sentir plus faible que je ne l’étais déjà. Notre marche erratique, éreintante, prit fin quelques secondes à peine après que le club des Tigrovi nous eût recraché sur le pavé, et Zarko se tourna immédiatement vers moi, ses mains de part et d’autre de mon visage maintenant mon équilibre précaire en place pour ne pas que je m’effondre. Mes jambes n’en pouvaient plus de me porter, mes genoux s’entrechoquaient, pas parce que j’avais froid, mais parce que j’avais honte.

« Lev’, si quelqu’un t’a fait quoi que ce soit, faut que tu m’le dises maintenant. »

Son regard, ses doigts contre mes joues, son ton, sa présence entière m’étouffa subitement. Mes poumons se vidèrent dans une expiration encore saccadée des larmes qui m’étranglaient quelques secondes plus tôt. Et je suffoquais. Devant lui, contre lui, sous ses yeux. J’eus l’impression de ne plus savoir respirer, de lutter pour un peu d’air qui ne venait pas, refusait obstinément de soulever ma poitrine émaciée.

Je titubai plus que je ne fis un pas en arrière pour me dégager de sa grippe habituellement rassérénante, me rattrapant à l’air pour ne pas chuter comme une merde. Honteuse, je baissai le tissu de ma robe qui avait tant remonté dans notre fuite qu’il n’aurait pas fallu trois pas de plus pour que je me retrouve les fesses en évidence. Mon parrain les avait déjà vues, je n’avais pas envie de réitérer l’expérience.

Les bras noués sous ma poitrine pour me protéger du froid et de mon interlocuteur, je me tendis brusquement en sentant mon ventre se tordre, se vider de la semence qui le remplissait jusqu’à présent. Mes muscles se raidirent pour la contenir de peur que le trentenaire se doute de quelque chose. Mes yeux tombèrent sur le sol pour masquer la gêne qui me fit pâlir, et je détournai le visage, réfrénant une grimace, craignant qu’au moindre mouvement, le fin morceau de dentelle supposé protéger mon intimité laisserait couler l’évidence de ce qu’il s’était passé.

« On … On m’a rien fait, d’accord ? J’le connais, c’est pas la première fois. On s’voit souvent. C’est juste que … j’me suis sentie mal, j’ai trop bu. J’savais pas qui d’autre appeler … »

Zarko connaissait mes frasques amoureuses, savait pertinemment que je n’aimais que les femmes, mais qu’il m’arrivait dans mes moments de débauche de faire l’impasse sur la présence ou non d’un service trois-pièces.

On nous interdisait d’entamer une relation durant les premières phases du programme des Alcooliques Anonymes. Mais qu’en était-il quand on stagnait depuis plus de dix ans à la première étape ? Est-ce qu’il aurait fallu que je me passe d’affection tout ce temps ? Ça aurait peut-être aidé, à bien y réfléchir. Ça m’aurait évité de noyer mon chagrin dans l’alcool chaque fois qu’une nana me lourdait, le cœur crevé, en crucifiant dans mon esprit que tout était ma faute. Elles mentaient, en général. Disaient que ce n’était pas moi, mais elles. Qu’elles n’étaient pas prêtes pour une vraie relation, qu’elles avaient besoin de temps, qu’elles n’étaient pas sûres d’aimer les femmes après tout, qu’elles avaient voulu expérimenté, qu’elles étaient désolées. Elles étaient rares, les gonzesses qui avaient le courage de me regarder droit dans les yeux et de me dire, franco, qu’elles ne pouvaient pas se permettre de tenir à bout de bras une relation que je torpillais, pas uniquement parce que je n’allais pas bien, mais surtout parce que j’étais incapable de m’exprimer.

Les larmes brouillèrent à nouveau ma vue, coulant lentement sur mon visage que je cachai entre mes mains, fatiguée qu’il me voit toujours ainsi.

« Ramène-moi, mumurai-je si bas que je n’étais pas sûre qu’il ait entendu. J’veux plus. J’en peux plus. »
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Zarko Hodzic
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Re: Boulevard of broken dreams - Levarko Dim 6 Oct - 14:42

Zarko se voulait rassurant, tentant d’envelopper la rousse dans un cocon de douceur et de confiance afin qu’elle le suive, qu’elle daigne se lever et sortir de cet endroit étroit qui sentait la pisse à plein nez. Cependant les yeux de Levine ne s’arrêtaient pas et même, les larmes pleuvaient autant que la drache qu’ils connaissaient souvent dans leur pays, formant des sillons presque creusés sur ses joues, le noir de son mascara se délitant avec abondance. Elle n’eut pour réponse que ce silence doublé des sanglots que sa gorge n’arrivait certainement plus à réprimer et le coeur du policier finit par se décharner à son tour, ne montrant rien de ce qu’il pouvait ressentir, gardant le dos droit et les épaules solides alors qu’une montagne venait se surajouter dans la case des problèmes concernant la rouquine.

Il se devait d’être fort, d’encaisser pour absorber un peu de son malheur à elle et petit à petit, il plierait certainement sous le poids de tout ça, de toutes ces galères qu’il connaissait mais sa nature irait contre et pour rien au monde il ne se laisserait abattre parce qu’il savait qu’il n’y avait que lui qui pouvait sortir la jeune femme de ce guêpier dans lequel elle était fourrée depuis bien trop d’années. Puis son naturel positivisme ne pouvait pas laisser emporter le malheur, surtout pas sur Levine, il se l’était promis et avait juré qu’il y laisserait sa peau s’il le fallait.
Il n’avait jamais été aussi attaché à une femme, jamais de cette manière-là, du moins. Ce n’était ni de l’amour, ni de l’envie qu’il ressentait pour Lev’, mais bel et bien une affection telle que s’il avait été un récipient, ce dernier aurait débordé de ce sentiment qu’il jugeait aussi pur qu’involontaire. Hodzic se voyait en Levine. Elle miroitait son image à la perfection lorsque son corps s’était décharné de sa conscience en laissant couler l’éthanol aussi longtemps qu’abondamment et comme lui, il voulait qu’elle réussisse à atteindre ce que chaque alcoolique voulait toucher, éternellement.

Ils avaient passés la foule, détruit à l’aide de leur passage les couples qui se formaient sur une musique lascive et entêtante qui n’arrivait plus aux oreilles sourdes de Zarko. Il s’était focalisé sur la sortie et sur la manière dont il avait de tenir sa filleule à bout de bras, songeant par moment qu’il se retrouverait bien con si elle se vautrait là et qu’en prime son estomac se viderait de son contenu. L’image lui souleva le coeur et il se mit à accélérer un peu plus pour finalement raviver son esprit au contact de l’air extérieur.

Puis ses mains qui s’étaient agrippées à ses joues se firent lamentablement rejeter et il se trouva idiot d’avoir pensé que c’était une bonne idée de la regarder un peu trop profondément, trop intrusivement. Et elle finit par déballer ce qui ressemblait à un mensonge mais le parrain n’y prit pas garde, se contenta de froncer les sourcils, conciliant et hochant la tête.

« T’as bien fait de m’appeler. » Dit-il, perturbé et dérangé par les sentiments qui se mêlaient à son inquiétude et qui faisait bouillir son sang plus qu’il n’avait jamais bouilli.

Le flic observait Levine avec ses yeux de lynx, de ceux qui examinaient toujours attentivement et il aimait à croire que cela lui octroyait des pouvoirs de clairvoyance. Pourtant, avec la rousse, ça ne lui avait jamais permis de comprendre ses démons.

Il déposa une main lourde contre son épaule et plia légèrement les jambes pour arriver à sa hauteur.

« Ça va aller Lev, viens… » Souffla-t-il en emportant la jeune femme, un bras dans le creux de ses reins et la poussant pour l’amener à sa voiture.

L’homme se fit plus silencieux que jamais, lui qui avait pour habitude d’être loquace avait perdu toute volonté d’échapper les moindres mots par le désordre intérieur qui se déroulait en lui. Il se sentait mal. Aussi mal que toutes ces fois où lui-même ressemblait à Levine à cette instant présent et son corps se tendit immédiatement à cette constatation déconcertante.

Ils avaient fini par monter dans la berline du serbe et un vieil air de rap bosnien sortait dans baffles que Zarko mit au plus bas. Il avait ouvert une fenêtre de quelques centimètres, sachant très bien ce que le chemin pouvait induire à quelqu’un d’aussi alcoolisé que Levine et aurait aimé garder ses sièges saufs.

Il n’avait pas pris le chemin de l’habitation de la rousse et il était évident qu’elle lui en tiendrait rigueur quand elle releverait les yeux sur la rue qu’elle ne reconnaitrait pas.
Le moteur s’arrêta et Zarko se reposa son dos contre le siège qu’il ne touchait pas, jusque-là trop tendu. Il expira longuement et tourna le visage vers Lev pour poser sa main droite contre la sienne.

« On est arrivés Lev’... On est chez moi et je vais rester avec toi. Ok ? » Murmura-t-il, de peur de brusquer la jeune femme.


Un air dévasté passait sur son visage et il resserra sa poigne pour prendre la main de Levine, ayant le besoin viscéral de la toucher afin de s’assurer qu’elle était toujours bel et bien là.

« Levine. Il prit un air dur et sérieux qu’il n’arborait habituellement jamais. Tu peux pas continuer à te faire du mal comme ça… Je sais à quel point c’est dur, je sais. C’est que… Je veux pas être là uniquement quand ça part en couille, faut que tu m’appelles avant, quand tu sais que ça va merder, parce que tu sais à quel moment ça merde, on le sait tous. Je vais t’aider, quitte à y laisser des plumes mais je serais toujours là. Okay ? »

Il prit une inspiration et resserra la prise qu’il avait déjà contre les doigts froids de la rouquine puis ajouta, en soufflant: « Viens, on y va… Attends, je vais t’aider. » Il sortit de l’habitacle en premier et ouvrit à la jeune femme en lui tendant la main.

Ils se retrouvèrent quelques minutes plus tard dans l’appartement du policier et sans demander, il la poussa devant la salle de bain.

« Prend une douche, ça te fera du bien… Il ravala sa salive et jaugea la rouquine de haut en bas. Je… Peux t’aider, si tu veux. » Dit-il, sans arrière pensée, aucune.
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Re: Boulevard of broken dreams - Levarko Mar 12 Nov - 16:08



Le besoin de retrouver l’inconfort froid et solitaire de mon lit me paraissait plus urgent que jamais, et j’accueillis avec soulagement les mots de Zarko qui acceptait une fois de plus de me servir de chaperon. Sa main posée dans mon dos quand il voulut me conduire à sa voiture me parut cependant lourde, et je fus rassurée qu’elle laisse rapidement place au dossier de cuir du siège passager. Je posai immédiatement l’arrière de mon crâne contre le repose-tête, tentant de calmer ma respiration qui s’affolait au moindre virage trop serré, à la moindre aspérité de l’asphalte. La plus petite secousse réveillait mon estomac, et il me fallut une force puisée d’on ne savait où pour ne pas supplier à plusieurs reprises mon chauffeur de s’arrêter pour que je puisse encore me vider.

Je crus m’assoupir un instant sur le chemin du retour, ne me réveillant que lorsque la voix du policier s’éleva à nouveau pour m’indiquer que nous avions atteint notre destination. Des yeux, je balayais le paysage à travers la vitre, ne reconnaissant rien de mon quartier.

« On est arrivés Lev’... On est chez moi et je vais rester avec toi. Ok ? »

Un hochement de tête entendu. Ici, ailleurs, chez lui, chez un inconnu. Je me foutais bien de savoir où dormir, pourvu qu’on me laisse seule. Pourvu qu’aucun corps ne vienne plus se coller au mien, chercher ma peau, ma chaleur, mon sexe.

« Levine. »

Je sursautai quand il m’appella de la sorte. On prononçait si rarement mon prénom dans son intégralité que je l’oubliais parfois. Mais ce furent surtout ses doigts, cramponnés sur les miens, qui me firent faire un bond sur mon siège.

« Tu peux pas continuer à te faire du mal comme ça… Je sais à quel point c’est dur, je sais. C’est que… Je veux pas être là uniquement quand ça part en couille, faut que tu m’appelles avant, quand tu sais que ça va merder, parce que tu sais à quel moment ça merde, on le sait tous. Je vais t’aider, quitte à y laisser des plumes mais je serais toujours là. Okay ?
- Ok … répondis-je en dégageant ma main de sa grippe pour venir tirer sur ma robe noire, trop haute sur mes cuisses. »

« Viens, on y va… Attends, je vais t’aider. »

Impuissante, vide d’énergie, je le suivai du regard alors qu’il s’extirpait de sa voiture pour m’en sortir également. Je n’attrapai la main qu’il me tendit que parce qu’il me fut difficile de ramper hors-de-là sans appui.

Il me sembla battre des cils une fraction de seconde et me retrouver dans l’appartement du trentenaire celle d’après. En d’autres circonstances, j’aurais pris un malin plaisir à détailler chaque élément de son mobilier ou de sa décoration. Mais les images floues que mes yeux captaient me permirent à peine de voir les formes. Rapidement, sans comprendre comment, je me retrouvai devant une porte close qui fut révélée comme étant celle de la salle-de-bains.

« Prend une douche, ça te fera du bien… Je… Peux t’aider, si tu veux. »

Je blêmis anormalement à sa proposition quand mon visage se serait d’ordinaire illuminé d’un sourire railleur. Qu’il me découvre dans ma fragilité la plus complète me nouait l’estomac. C’était une chose de me tenir les cheveux quand je rendais le contenu de mes tripes, c’en était une autre de pouvoir décrire chaque détail de mon corps. Un trouble crevant s’installa dans mes entrailles à cette idée. Qu’il puisse apercevoir les marques invisibles que les doigts de mon amant de merde avaient laissées sur ma peau me flanquait une sueur froide. J’étais trop blanche pour que mes chairs ne gardent pas facilement les traces. Je prenais vite les bleus, les coups, les restes d’étreintes, si douces qu’elles étaient. Une main à peine appuyée sur mon derme le faisait pâlir davantage puis brusquement rougir. Les paumes du type, si fermement ancrées à mes hanches et l’extérieur de mes cuisses pour mieux pouvoir s’enfoncer entre, devaient encore être dessinées sur les taches de rousseurs. La honte de les savoir là n’appartenait qu’à moi, je n’avais pas envie de la partager avec qui que ce soit. Surtout pas avec Zarko qui devait déjà suffisamment me prendre pour une pute comme ça.

Je secouai le nez et reniflai tristement l’air, le regard baissé sur le t-shirt du trentenaire.

« C’est bon … J’devrais y arriver. Je … dix minutes. »

Je fis volte-face pour m’engouffrer dans la salle-de-bains, claquant presque la porte derrière moi pour imposer de la distance avec le policier. Il était beaucoup trop patient. Beaucoup trop attentionné. Et ça me filait la nausée, sans que je ne sois foutue de comprendre pourquoi. Sans doute parce que je détestais déjà tant prendre soin de moi que l’idée d’une autre âme s’en chargeant me ramenait plus bas que terre. Je ne méritais pas la douceur, la sympathie, la compassion mêlée de pitié des gens.

Plongée dans le noir, j’appuyai mon front contre le panneau de bois composite, prenant quelques secondes pour stabiliser le monde qui tournait autour de moi. Je fermai les yeux, attendant que les pas de mon ange gardien s’éloignent pour finalement tâtonner à la recherche d’un interrupteur qui jeta une lumière aveuglante dans ma vie. Le silence de la pièce d’eau me donna froid, et je réprimai un frisson d’inconfort avant de me décrocher de la porte.

Les trois pas qui me séparaient de la cabine de douche prirent des allures de parcours du combattant tant je titubais. Trente centimètres vers l’avant me ramenaient soixante en arrière et quinze sur la droite. Ou l’autre droite. Les directions se confondaient dans mon esprit, les lignes joueuses du carrelage dansaient sous mes yeux, et je manquai m’écraser contre le mur de fond de la cabine quand j’entrai finalement dedans, mes rares vêtements lâchement abandonnés au sol. Le souvenir brusque d’une veste légère et d’un sac à main oubliés dans les vestiaires du Pussynight me revint soudain en mémoire, et je crachai une flopée de jurons dans ma langue natale, tous destinés à ma personne. Les seuls effets personnels qui me restaient étaient quelques billets planqués dans mon soutien-gorge et un téléphone portable. Mes clés, mon porte-feuilles, ma fausse carte d’identité, … tout était resté au fond de ma pochette, suspendue à un quelconque cintre. Quelle idée lumineuse Zarko avait eue de me ramener chez lui. On se serait sentis bien cons, arrivés devant mon immeuble, à ne pas pouvoir entrer.

Je hochai la tête pour éclaircir mes pensées et songer à autre chose. A dégriser, pour commencer. L’étape la plus importante. Une main sur le mitigeur, le pommeau de douche braqué sur le haut de mon crâne, je manquai sauter au plafond quand le jet d’eau glacial happa ma peau. L’effet escompté fut cependant là : mon esprit retrouva un peu de clarté. Pas suffisamment, en tous cas, pour intimer à mon cerveau de mettre mes muscles en route pour nous décaler et attendre dans un coin de la cabine que l’eau chauffe. Particulièrement stupide, je restai tétanisée sous la cascade froide, attendant en grelottant que le ballon d’eau fasse son travail et rende un peu de chaleur à la flotte.

Ma peau accueillit avec soulagement la douceur rassérénante qui l’enserra doucement avant de la brûler. Je restais là, immobile, attendant que l’eau fasse son affaire. Qu’elle efface les traces de la soirée, et de toutes les autres avant. Mais les litres d’eau qui coulèrent sur mes épaules me laissèrent avec la sensation désagréable qu’ils ne faisaient qu’ancrer un peu plus le souvenir de la pression exercée par les doigts de mon amant d’infortune. Ni le savon, ni le jet dont j’augmentai encore la température pour m’ébouillanter, ne parvinrent à effacer cette impression. Je m’extirpai finalement de là, me noyant dans les vapeurs que ma toilette ridicule avaient fait naître dans la pièce, avec la certitude de ne pas me sentir plus propre que lorsque j’y étais entrée. Au contraire. Mon esprit ayant retrouvé un peu de sa lucidité me renvoyait à toutes ces fois où j’avais cru pouvoir décaper mon derme trop sensible des mains qui s’y étaient perdues.

Nue comme un ver, je clignai des yeux, balayant l’espace du regard à la recherche d’une serviette. N’importe laquelle. La première venue. Celle de mon hôte, certainement, sèche et suspendue, dans laquelle je m’enroulai comme une chenille dans sa chrysalide. Je pris quelques secondes pour la passer dans mes cheveux trempés avant de la nouer autour de ma poitrine pour sortir, évitant soigneusement le miroir qui ne ferait que me renvoyer une image que je connaissais sur le bout des doigts.

Dehors dans l’appartement, l’air frais me sembla presque agréable. Je remontai un couloir à pas hésitants pour retrouver Zarko dans le salon, l’air grave sur son canapé. Je m’immobilisai là, le regardant sans savoir quoi dire, quoi faire. Le cœur en suspens, la respiration en pause, je laissai filer quelques secondes avant de le rejoindre, m’installant à côté de lui, les genoux serrées, les mains jointes contre mon palpitant pour retenir la serviette.

« Tu travailles à quelle heure, sortis-je de nulle part. »
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