Il faut prendre le temps comme il vient et les femmes par la taille. - Malarko

Zarko avait un goût pour la fête on ne peut plus prononcé et c’était bien entendu à cause de son éternel célibat qu’il s’évertuait à chasser sans vraiment y parvenir. Les soirées finissaient à peu près à chaque fois de la même manière; il trouvait une fille, s’en entichait pour quelques heures et passé l’excitation du premier soir, s’en débarrassait sous quelconque prétexte. Hodzic était quelqu’un d’exigeant, cherchant la perfection dans n’importe quel domaine malgré tout le laxisme dont il fit preuve durant toute son adolescence et il en faisait de même avec les femmes qu’il rencontrait. Il était bien trop attaché au physique des demoiselles et peut-être que ça faisait de lui un con mais un con qui s’assume !

Il fit mine de rien quand il proposa de sortir à son collègue, Malic, bon célibataire lui aussi. D’ailleurs, il s’était fait la réflexion qu’ils étaient beaucoup dans leur domaine et il se demanda soudainement si c’était le milieu dans lequel ils exerçaient qui faisait ça ! Malic et lui entretenaient de bonnes relations, son collègue avait quelques années de moins mais à la trentaine, on ne se souciait plus vraiment de ça et Zarko était plutôt du genre sociable alors les ethnies, les âges, les sexes, il s’en fichait pas mal.

Zarko se retrouva à 21h pétante devant chez son collègue qui habitait d’ailleurs non loin de son propre appartement et il se contenta de klaxonner pour signifier sa présence au blond. Ils finirent par partir et tout en discutant, Zarko les éloigna de la ville pour rejoindre la périphérie où se trouvait un bar qu’il affectionnait. Ce n’était que lorsqu’ils passèrent la porte du commerce qu’une chaleur épaisse et étouffante leur frappa le visage, les épargnant d’abord de la vue explicite des serveuses en tenues très légères qui grouillaient autour d’eux. En s’enfonçant un peu plus, le brun leur dégota deux tabourets privilégiés au comptoir et il s’assura finalement que son ami aimait l’endroit choisi par ses soins. T’es déjà venu ici ? Hodzic n’avait pas besoin de crier, la musique n’était pas encore à son plein volume et sortait des baffles une simple musique lascive et légèrement psychotrope. Deux bières s’il vous plaît. Hêla-t-il à la jeune femme derrière le comptoir dont les yeux se mettaient d’ores et déjà à jouer avec ceux de Zarko. Bon alors Stepanovic, quoi de neuf ? Ta p’tite va bien ? Demanda-t-il, intéressé sincèrement à la vie de son coéquipier.

“Non je ne suis jamais venu ici. Et toi ?” Inutile de préciser que ce n’est pas le genre d’endroit que je fréquente. Pourquoi est-ce que je sors avec Zarko moi qui déteste trainer dans les bars ? Je me pose cette question à chaque fois. Est-ce pour justement faire une chose dont je n’ai pas l’habitude ? Rompre avec la solitude ? Ou simplement observer l’énergumène dans son milieu naturel ? Depuis le peu de temps - quelques mois - que je le connais, cet homme reste un mystère, à l’opposé de moi. Pourtant nous nous entendons très bien. Souvent, je l’envie en le voyant si libre, mais je ne parviendrais pas à l’imiter ! Trop d'exubérance froisse ma pudeur.

“Sans alcool les bières, merci.” Ajouté-je pour le serveur. Mon collègue est abstinent et quant à moi, je ne tiens pas tant que ça à l’alcool que je tiens plutôt mal. Je balaye le bar d’un regard, passant sans m’attarder sur les serveuses trop peu vêtues ce qui aurait plus le don de me mettre mal à l’aise que me plaire. Je souris à la question que je sais sincère de Zarko “Oui Mira va très bien. Elle est chez moi depuis une semaine et encore pour une semaine. Je l’ai quinze jours pour les vacances. Elle fricote avec un jeune homme, ce qui m’inquiète un peu. Je crois que je suis dépassé par l’événement ! Si ça mère était au courant, elle me trancherait tu sais quoi. Elle est à la maison ce soir, elle n’a pas besoin de son vieux père pour occuper ses soirées, c’est déjà ça !”

Pourquoi la réponse de Malic n’étonnait pas le serbe ? Il était évident que le bosniaque et lui n’avaient pas grand chose en commun et pourtant, l’entente entre les deux policiers était belle et bien existante. En réalité, il y avait quelque chose chez le blond que Zarko appréciait, sûrement l’honnêteté de son coéquipier mêlé à la pudeur qu’il transpirait toujours. Il aimait le taquiner, jouer de ça pour le voir perdre ses moyens et le pousser dans ses retranchements, d’ailleurs, le lieu choisi n’avait rien d’anodin. Ouais, je viens souvent en fait. Il aimait cette ambiance et surtout la population qui s’y retrouvait. C’était un bar dédié aux jeunes et à trente-cinq ans le trentenaire ne se trouvait pas assez vieux pour arrêter de s’amuser comme il le faisait déjà fut un temps.

Il tiqua au rajout de son collègue, les bières sans alcool étaient de loin ce qu’il détestait le plus mais n’en tint pas rigueur à Malic qui ne pouvait pas savoir. Tu sais vieux, je peux reboire sans problème, je sais me contrôler maintenant. Mais c’est sympa de te soucier de mon alcoolisme. Il lui sourit avec les regard plissé et attrapa le verre que l’on venait de leur servir. A la tienne. Il grimaça quelque peu après avoir bu quelques gorgées. Il écouta ensuite le récit de son ami et en rit quelque peu, s’imaginant à son tour père alors qu’il n’avait jamais été attiré par la parentalité, aurait-il fallu avoir une copine dans un premier temps ! Mais laisse la fricoter ! C’est pas bon de trop serrer la vis tu sais ! Bon, la desserre pas trop quand même parce qu’à ce qu’il paraît ça fabrique des alcooliques mais soit… Ah ouais ? T’es sûr qu’elle a pas invité son copain pendant que t’es pas là ? Il se rappela instantanément de ces soirées qu’il organisait quand ses parents daignaient bien partir en vacances sans lui quand il était assez grand pour se garder lui-même. Il rit avant de poser sa main contre l’épaule de Malic. J’plaisante. En parlant de mère, t’as toujours pas trouvé une femme à épouser toi ? Il demandait ça insidieusement surtout pour obtenir des informations et pouvoir parler d’autre chose que de boulot, ce qui finissait toujours par arriver quoi qu’il en était au final.

"Humm...ça ne m'étonne pas. Le cadre est tout à fait ton genre." J'ai un petit rire. Les filles en tenues légères, la musique, jusqu'à l'ambiance lumineuse et la moyenne d'âge. Je sais déjà ce qui attire Zarko ici. Mon collègue est ce qu'on appelle un coureur de jupons, ici il est comme sur un terrain de chasse pour faire de nouvelles conquêtes. Moi, ces filles d'un soir me mettent mal à l'aise. Ce n'est pas comme ça que je conçois les relations avec les femmes.

"ha ? Désolé vieux, je ne veux pas avoir l'air de jouer la nounou, je pensais simplement que c'était interdit à vie, quelque chose comme ça". Je souris parce que ça ne me dérange pas du tout de boire une bière sans alcool, très sincèrement, je ne suis pas sur de faire la différence contrairement à mon collègue. Je me sens comme son gemini cricket, c'est dérangeant !

"Des alcooliques ou des mères célibataires. Non, non, c'est très bien comme ça, on verra quand elle sera majeure. Ne te moque pas, tu ne sais pas ce que c'est que d'élever une adolescente toi, c'est la plaie ! Mais je sais où est son copain, alors pour ce soir, je ne crains rien. En y réfléchissant, il est toujours possible que ce soit elle qui le rejoigne, mais qu'est-ce que tu veux, je n'allais quand même pas la menotter à la table de la cuisine." Et sincèrement, je ne sors pas si souvent, alors cette fois je me suis dis que me changer les idées me ferait du bien.

Je manque de m'étouffer à la question de Zarko, non pas qu'elle soit inhabituelle, il adore me taquiner mais plutôt parce qu'aujourd'hui j'ai rencontré Leo, mais de là à parler de mariage ! "Je viens de divorcer, tu crois vraiment que j'ai envie de me remarier ? Je t'assure que j'ai assez de galères comme ça." Je mordille ma lèvre inférieur, sourcils légèrement froncés avant de risquer une confidence "Mais je fréquente plus ou moins quelqu'un si tu veux tout savoir..."

Zarko se demandait pourquoi son image collait tellement à ce genre de lieu précis, où les nanas se promenaient presque à poil et où la pudeur n’existait presque pas. Il réfléchit un instant à cette constatation et s’avoua vaincu par ses propres paroles, faits et gestes ! Il aimait les femmes, aimait les regarder et les draguer sans arrêt et sans gêne qui plus est, tout tournait sous le sens ! Par contre, il savait pertinemment que ce n’était pas du tout le genre de son coéquipier. Lui était plutôt du genre posé, gêné à la moindre approche d’une femme un peu trop dévêtue et très pudique. Zarko le savait et aimait en jouer, bien qu’il respectait outre mesure Malic et ses principes. Pas le tien apparemment !

Il sourit au blond et secoua la main devant lui, comme pour lui montrer que ce n’était vraiment rien. T’inquiète, tout le monde croit ça mais faut juste savoir ce qu’on veut et j’ai pas envie de retomber dans mes travers. Alors j’me restreins moi-même, c’est devenu facile avec le temps. Il n’aurait jamais pu y arriver quelques années auparavant mais à force de volonté, il avait vaincu son addiction comme peu avait réussi à la combattre.

Zarko se mit à rire à l’évocation de sa gamine qu’il n’aurait pas pu attacher à la table de la cuisine. Putain mec, les gosses et moi ça fait dix alors nan, je sais vraiment pas ce que c’est ! D’ailleurs, il faudrait déjà que j’arrive à m’occuper de moi avant de m’occuper d’un gamin ! Mais nan, tu aurais pas pu, j’crois que c’est de la maltraitance d’attacher sa fille, peu importe où.

Le sergent fut surpris à la révélation de son collègue, tellement que ses yeux restaient grands ouverts pendant que sa bouche essayait d’articuler quelque chose. Tu fréquentes une femme, vraiment ? Malic, qu’est-ce que tu nous fais ?! J’croyais qu’on resterait célibataire endurcis tous les deux. Eh merde… Il but dans sa choppe avant de reprendre, un sourire aux coins des lèvres. Nan, sérieusement. C’est cool. Ca se passe bien entre vous ? Elle est belle au moins ? Parce qu’avec la gueule que t’as, c’est interdit de sortir avec un laideron. Il pouffa de rire en s’appuyant sur l’épaule de son ami et il était sincère quand il sous-entendait que Malic était beau, il ne le voyait d’ailleurs pas du tout avec une femme lambda. T’as une photo ?

Je souris avec indulgence à mon excentrique collègue. "Non en effet" Je veux bien admettre que ce genre de bar ne me correspond pas. C'est même à des années lumières de mes habitudes et de mon caractère. Du coup, je trouve ça fascinant d'accompagner Zarko ! Même si ça me fait piquer des fards qui amuse si fort mon ami !

"Oui, mais je me demande si ceux qui ont écrit la loi avaient des adolescents ! Ils doivent bien le regretter aujourd'hui !" On se doute bien que je plaisante, je suis le dernier à faire de la répression. Il parait même selon les frères de mon ex-épouse que je suis bien trop laxiste. Ils le disaient déjà avant le divorce mais depuis j'hérite de chaque qualificatifs négatifs dont ils peuvent m'affubler. Je ne dois qu'à mon status de flic de pouvoir encore voir ma fille et j'ai du me battre pour ça avec un avocat qui m'a couté cher, et toute ma volonté à garder des liens - fussent-ils mauvais - avec Mirjana.

Le sujet de ma vie personnel est toujours délicat pour une personne comme moi, aussi pudique et affligée d'une timidité presque maladive. Heureusement la curiosité et ce que je qualifierais de sans-gêne de mon ami compense mes travers, raison pour laquelle nous nous entendons bien. Il est extraverti là où je suis introverti, blagueur quand je suis sérieux, mais nous avons je pense des valeurs communes comme la loyauté et l'envie d'améliorer les choses, même si ces derniers temps j'ai un peu de mal à avoir le sentiment que je fais une différence dans le monde ou même dans la ville !

Je pique un fard en tournant nerveusement ma bière entre les mains "oui, tout arrive, je fréquente une femme !" C'est un vaste sujet de plaisanterie, mes collègues serbes étant à la limite de me traiter d'extrémiste moi qui ai pourtant tout récemment basculé du cotés des non croyants. Je secoue la tête "non je n'ai pas de photo mais oui elle est très belle, alors oui ça compense si c'est ce que tu sous-entends !" je n'imagine pas un homme dire à un autre homme qu'il est beau ! Surtout pas un coureur de jupon invétéré comme Zarko. Mon regard se perd un peu dans le vague en pensant à Leo - comme le font les amoureux. Je ne peux pas parler à Zarko du réel complexe de la situation à cause de nos métiers respectif à Leo et moi mais je peux parler d'elle et de mes sentiments pour elle. Je n'ai personne d'autre pour m'épancher. "Elle est gracile, elle a des yeux très émouvants d'un brun clair un peu doré tu vois ? Et elle a un sourire magnifique. On est sorti quelques fois ensemble et je crois...je crois bien que je suis amoureux."

Zarko leva les yeux au ciel avant de répondre d’un air sûr de lui: Tu veux que je te dise ? Les mecs qui ont inventés les lois ne connaissent rien à la vie tout court ! Ils sont dans leur monde et basta. Tiens regarde, la peine de mort a été abolie mais on en aurait bien besoin parfois ! Surtout à Sarajevo, pensa-t-il.
Zarko n’était pas extrémiste et voulait évoluer dans un monde bien fait mais la réalité le rattrapait un peu trop souvent et parfois, il était peiné de voir à quel point le monde était parti en couille bien des années avant lui !

Le sergent était réellement surpris d’entendre une telle chose venir effleurer ses oreilles loin d’être pudiques. Pourtant, venant de Malic, la sonorité de ces mots sonnaient tout autre et il était infiniment heureux pour son coéquipier dont il connaissait la solitude maladive qui le rongeait. Le brun rit légèrement. J’aimerais bien la voir un de ces quatres si ça dure entre vous. On connaît les femmes, toujours plus attirées par les plus salops d’entre nous ! Et il pensait que Malic était bien trop gentil, bien trop tolérant et qu’il pourrait arriver qu’il se fasse marcher dessus par une femme qui prenait le dessus sur lui. Il fut immédiatement interpellé par cette pensée. Mec, ouvre tout de suite les yeux hein, elle a beau être belle et gracieuse et tout ce que tu veux mais fais attention à toi, les meufs ont trop de pouvoir sur nous. Il jeta un oeil aux serveuses tout en buvant dans son verre rempli du liquide doré tout à fait buvable. Avec leurs… Atouts. Il mimait de ses mains une poitrine généreuse et releva des yeux rieurs sur le bosniaque. Il changea de ton et revint sur la discussion qui semblait tenir à coeur à Stepanovic. Bon, plus sérieusement, elle fait quoi dans la vie ? La question qui fâche mais il ne le savait pas encore !

Je penche la tête légèrement sur le coté. Je serais incapable de dire si je suis pour ou contre la peine de mort. Ma morale me dit que non, mais j'ai vu des choses horribles, et si je tenais ceux qui ont violé ma mère et ma sœur, que ferais-je ? N'aurais-je pas envie de les voir mort ? Je voudrais prendre la voie du pardon, je n'en suis pas capable pour l'instant, malgré les années écoulées.

Je hausse un sourcil étonné aux conseils de mon ami. Je pique bien sur un fard quand il évoque les formes généreuses des femmes. Je demande sur le ton de l'humour, le rire dans le regard "Ah tu veux bien m'éclairer de tes conseils ? Est-ce que leur fourberie est proportionnelle à la taille de leurs... atouts comme tu le laisses sous-entendre ? Ne me prends pas pour un bleu, Zarko, j'ai été marié 13 ans tout de même ! " Et je ris, je suis un peu (beaucoup) novice en amour mais pas tant que ça dans les relations avec une femme.

Malheureusement la question suivante manque de me faire bafouiller et je me trouve pris de court à me jeter dans le même mensonge que Leo m'avait servi. "Elle est conseillère de vente... je crois qu'elle travaille dans une boutique de lingerie..." Je suis heureux que le mot lingerie justifie à lui seul la rougeur de mes joues. Je déteste mentir et je ne suis pas doué pour ça. "tiens toi, est-ce que tu as déjà été amoureux ?" Il me parle de tellement de conquêtes que je me demande s'il a connu l'amour.

Un rire franc sort de la bouche du policier quand Malic se laisse gentiment emporter par le ton humoristique de la conversation. Bien sûr; il savait que le blond avait été marié pendant longtemps et Zarko conscientisait bien le fait que c'était sûrement ça qui bloquait tant son ami. Être marié à la même personne pendant autant de temps c'était se murer dans la même routine et dans les mêmes actions jusqu'à ne plus songer à explorer les autres méandres des femmes. C'était bien sûr ce que pensait Hodzic. Franchement, si tu veux mon avis, plus les seins sont gros, plus tu deviens aveugle ! C'est là toute la fourberie ! Et le problème, c'est qu'elles y peuvent rien. Treize putains d'années… Merde ! Le brun songea un instant a la situation s'il avait été a la place de Malic et se fut un échec tant il ne s'imaginait pas marié à la même femme pendant autant de temps.

De la lingerie ? Ça va, tu vas te faire plaisir ! Il ne se doutait pas non plus du côté très stérile de la relation que le blond entretenait avec sa toute fraîche petite amie et pour lui, coucher dès le premier soir était presque un rituel de passage.

Zarko eut un instant de réflexion quant à la question de son collègue. Avait-il été un jour amoureux ? Il ne savait pas répondre et cela se matérialisa sur son visage en une expression hasardeuse. Amoureux ? Peut-être. J'en sais rien. C'est difficile à dire en fait. Ma dernière longue relation était pas mal, la fille avec qui j'étais était vraiment agréable à vivre et c'était cool mais elle m'a largué pour un autre au moment où j'étais alcoolique. J'étais attaché oui mais amoureux, je saurais pas te dire. Le constat le fracassa autant que sa bière descendit d'un coup au fond de son estomac et intérieurement, il était touché de n'avoir jamais réellement aimé. Quand il regardait Malic parler de sa conquête, il voyait une lueur étrange autour de ses pupilles et il se fit la réflexion qu'il n'avait jamais eu la même. Il soupira. Boh à 35 piges il est encore temps nan ? Il ne doutait pas du tout de ce fait et pas non plus de son sex appeal qui devait l'y aider !

Je tousse, rouge tomate avant de me pencher vers mon ami. "alors, je crois que ça ira. Elle n'est pas...elle n'a pas...Elle ne doit pas être si perfide que ça !" Leo est longiligne mais je ne peux pas dire qu'elle ait des atouts surdimensionnés, ce que je trouve très bien, ne vous y trompez pas ! Leo est gracile et l'ensemble de sa physionomie me plait ! L'évocation de la lingerie me fait rougir de plus belle, je ne doute pas qu'une escort ait ce qu'il faut. "Oui treize ans. Tu sais que le but du mariage c'est normalement pour la vie entière." J'ajoute avec mélancolie "ce qui arrive rarement de nos jours" mais dans mon cas, c'est entièrement de ma faute.

Je crois déceler une pointe de tristesse ou de crainte dans la voix de mon ami que je m'empresse de rassurer"ah... et bien écoute, j'ai 32 ans et ça m'arrive pour la première fois. Il y a de l'espoir non ?" Je n'ai aucun doute sur le fait d'être amoureux. Leo me fait tourner la tête dès que je suis près d'elle. J'en ai des palpitations, des papillons dans le ventre et même quand elle n'est pas là, évoquer son nom me fait sourire et j'aspire à la voir. Oh oui, je suis bel et bien amoureux pour m'asseoir sur mes principes et oublier son métier. "Comme Cendrillon, tu trouveras chaussures à ton pied. Une chaussure avec beaucoup d'atouts j'en suis certain. "

On commande une autre bière que cette fois, on prend avec de l'alcool, soyons fous ce soir ! La serveuse minaude devant la belle gueule et le sourire de mon collègue et moi je baisse les yeux en attendant qu'elle ait fini son manège. Quand elle s'éloigne, je change de sujet pour revenir au travail "Tu as entendu la rumeur au bureau ? Ils vont bouger des gens de service pour bosser aux mœurs. Pour travailler avec la nouvelle cheffe. @Danica Vaterlili ? Elle n'a pas l'air commode ! J'espère que je n'en serais pas. Je n'aime pas les mœurs... Tu vas voir que ça va me tomber dessus. Depuis que Kim a été blessé, je n'ai plus de binôme, je le sens mal."

Zarko eut un rire rauque teinté des idées graveleuses qui fusaient à ce moment précis dans son esprit. Il compris par les paroles hésitantes et balbutiantes de son ami que sa petite amie n'avaient pas de gros atouts et il se félicita intérieurement d'avoir pu décrocher les vers du nez de Malic, d'accoutumée bien plus réservé que ce qu'il n'était ce soir. Quand j'aurais trouvé une femme moi aussi, on pourra se faire des soirées à quatre. Ça sera cool. Ajouta-t-il, un peu plus terre à terre et redescendu de ses plaisanteries malaisantes pour Malic.

Le mariage était quelque chose de très abstrait pour le serbe et s'imaginer avec une femme pendant des années était quelque chose d'inconcevable pour lui. Je sais, et je me demande d'ailleurs comment y'a encore des gens qui arrivent à se marier… Oh ne t'inquiète pas, je comprends que t'aies eu envie de t'enchaîner à quelqu'un mais c'est assez surfait de nos jours… Il avala la fin de sa bière comme si quelqu'un allait venir lui prendre. Je crois que c'est parce qu'il y a trop de tentations partout, puis les femmes sont intransigeantes faut dire aussi. Un pet de travers et c'est fini !

Le jeune homme souris à son collègue, définitivement attendri par ses mots rassurants. Je m'inquiète pas, j'ai jamais rêvé de trouver une femme a 20 ans, me marier à 25 et avoir une ribambelle de gosses après. Ça n'a jamais été mon idéal mais parfois j'aimerais que quelqu'un m'attende en rentrant du boulot. Je sais pas, juste une présence, quelque chose comme ça.

La conversation tourna brusquement sur leur boulot et Zarko fronça légèrement les sourcils en recevant la bière alcoolisée que Malic avait bien voulu commander pour eux deux. Franchement; mec, ça me dérangerait même pas ! Si tu y es envoyé, je veux bien me sacrifier pour toi ! Même si la boss est pas commode; je veux bien avoir à faire à elle ! Elle est trop sexy. Il regarda de nouveau la serveuse aux yeux malicieux et sourit légèrement en relevant son regard vers son collègue. En vrai, ça me dérangerait pas de bosser aux moeurs si la compensation est aussi grosse que les atours de Vaterlili ! Il rit de nouveau, pas vraiment conscient que son humour graveleux pourrait en ennuyer plus d'un, Malic n'était pas de ce genre, d'après ce qu'il savait en tout cas.  

Le sergent savait très bien ce que Malic imaginait au fond de son esprit. Seulement, Zarko était loin d’être le même en compagnie des hommes que des femmes ! Évidemment, sinon ce serait bien compliqué pour lui de trouver qui que ce soit, même pour une simple nuit !

Il sourit à son collègue, riant de sa répartie et le blond n’avait pas tort, un chien attendait toujours son maître comme le ferait… Une femme ? En fait Malic était pire que lui ! Hey mec, la femme, tu peux au moins la baiser ! Son rire se fit plus gras et il passa une main dans sa tignasse avant de déclarer: Putain Malic, sous tes airs de sainte nitouche, j’suis sûr que t’es pire que moi !

Vaterlolo ? Bien sûr qu’elle est fourbe ! C’est la fourberie incarnée celle-là ! Il se retint et regarda aux alentours. J’devrais pas parler si fort… Zarko but dans sa bière avant de la reposer gravement contre le zinc. Ma vie simple ? Répéta le sergent. Ma vie est loin d’être aussi simple que tu le penses, vieux ! Enfin bon, on est pas là pour parler de ça. Donc, ce soir, y’a que moi qui pécho si j’ai bien compris ? Il soupira un peu avant de frapper l’épaule de Malic d’un coup bien masculin. Nan mais franchement, j’suis content que t’aies pu trouver une nana, en plus si elle est sympa, c’est tout bénef. Ta p’tite le sait ?

Rouge, je ris de bon cœur à la remarque de Zarko. "Je sais bien ce que tu peux faire avec une femme, rassure-toi, mais je ne pense pas que tu ais des soucis de ce côté là. La serveuse te fait les yeux doux depuis que nous sommes installés. Par contre pour vivre avec quelqu'un au quotidien, je ne savais pas que c'est ce que tu recherchais !" C'est un tel coureur de jupons que ça ne me serait pas venu à l'esprit. Mon regard se fait plus inquisiteur sur mon ami, me demandant quels rêves se cache dans sa caboche sous ce personnage enjoué qu'il s'est construit. Un sourire mélancolique passe sur mes traits un bref instant.

Par réflexe, je regarde autour de nous. "Je ne crois pas qu'il y ait d'autres flics ici..." Mais il fait bien de baisser la voix. "Et on est là pour parler de ce que tu veux. Et pour que tu...pécho... ? Tes expressions ne cessent de me surprendre !" J'ai un sourire timide, il est difficile de savoir où ça va nous mener avec Leo, mais j'ai décidé de voir, continuer malgré mes réserves dues à son métier, et le mien ! Je me suis laissé allé à être amoureux et je me sens plus heureux, je n'ai pas envie d'y renoncer maintenant, il sera toujours temps d'être malheureux plus tard. "Ça se passe bien avec Mira, elle a un petit béguin pour le petit frère de Leo, ça aide à ce qu'elle soit compréhensive.Dis comme ça, j'ai presque honte!"

Zarko réfléchit un instant, pensant bien sûr à sa vie qui n’était faite que de déboire quand celles de ses pairs du même âge n’était que chapelet bien ordonné. Baaaaaah, faut dire qu’à 35 ans, j’suis plus sûr d’avoir les mêmes priorités qu’à 25. Enfin, évidemment que j’ai toujours envie de papillonner comme j’le fais là, mais y’a bien un moment où faut savoir se poser et j’ai l’impression que c’est le moment, tu vois ? Il jeta un rapide coup d’oeil à la serveuse dont le regard croise le sien à ce moment précis et un sourire fleurit sur ses lèvres. Tu connais pas l’expression pécho ? C’est sûrement trop primaire pour toi. Il clarifia, si Malic n’avait pas compris:Aujourd’hui y’a que moi qui courtise, quoi ! Un rire s’échappa de lui et une gorgée de bière passa dans sa gorge en même temps que le levé de son coude.  

Zarko était réellement content pour son collègue, d’autant plus qu’avec une petite fille, il ne pouvait clairement pas se permettre de faire comme lui. Trouver une femme semblait être un bon compromis, surtout si la petite ne lui en voulait pas. Sérieux ? Tu sais que ça risque de faire une famille un peu bizarre si tout le monde se marie là-dedans ? Ahah… Il passa une main chaleureuse sur l’épaule de Malic en secouant la tête. T’en fais pas, j’rigole. C’est cool qu’elle le prenne comme ça en tout cas, parce que parfois les familles recomposées, c’est compliqué, hum.

On verra bien ! Ce que je dis là n’est pas non plus une certitude. Il se mit à rire avant de boire une énième gorgée de sa boisson ambrée. Oh vieux, j’ai rien de plus correct à t’offrir. On sait que je vais serrer, c’est tout !

Ta fille a seize ans, à cet âge-là j’étais déjà alcoolique, mec. J’voudrais pas te faire peur mais c’est plus un bébé ! Il n’y connaissait rien aux enfants, encore moins aux ados et s’il exagérait c’était simplement pour titiller les craintes de son ami.

A demain Malic, c’était sympa de se voir en dehors du boulot. Ciao. S’il était déçu que son pote soit parti plus tôt que prévu, Zarko n’était cependant pas malheureux de se retrouver seul et de pouvoir s’adonner à ce qu’il aimait faire: Draguer.