Make it a dirt dance floor again (Nïkolaus)

Des expositions, c’était fréquent en ville et c’était ce que j’aimais aussi ici. Je n’avais jamais le temps de m’ennuyer et c’était une bonne chose. Les moments où j’avais des ennuis, c’était uniquement parce que je n’avais rien à faire et que je tournais en rond. Je devais avoir un petit côté hyperactif sans doute. Bon, celle-ci était au casino et réussir à m’y faire inviter avait été tout un art puisque c’était une expo privée mais j’étais là. J’étais peut-être devenue faussaire mais je n’avais rien perdu de mon amour pour l’art et ça se voyait probablement à mon regard, respectueux mais avide, gourmand.

Un verre à la main, je scrutais chaque toile avec un intérêt flagrant, ignorant les approches plus que lourdes de certains invités présents. Être seule semblait être une invitation. Pas ce soir, merci bien. Et c’était d’autant plus ridicule quand ils essayaient de m’impressionner avec leur culture inexistante ou presque en la matière. Sérieusement ? D’ailleurs, exaspérée, je finis par claquer sèchement une réplique de mon cru.

- « Si j’avais envie d’entendre régurgiter le contenu d’un livre, je m’écouterais le réciter devant une glace pour en plus avoir quelqu’un d’agréable à regarder. »

Mon regard en dit long. Je suis ennuyée, agacée et je suis à deux doigts de lui retourner mon verre de cocktail sur la tête. La seule raison pour laquelle je m’abstiens est que je risque aussi d’abimer le tableau et je ne me le pardonnerai jamais. Vexé, l’homme met sa main sur mon épaule et ni une ni deux, je n’hésite pas à lui tordre le poignet pour faire bonne mesure. À une époque, j’aurais simplement paniqué, ce temps-là était révolu depuis longtemps et ça m’allait très bien.