Brooklyn Nina Nina - Slavina

Je suis récompensé par son sourire, qui m'encourage et me pousse à m'ouvrir d'avantage, à m'investir dans ce qui ne me semble pas indispensable à moi mais puisque ça l'est pour elle, je veux réellement faire au mieux ! Moi, c'est elle qui m'est indispensable et le fait qu'elle veuille bien me donner une autre chance. Je ne veux pas la foirer cette chance.  "Je peux t'aider à chercher si tu veux, au moins te dire les quartiers les plus sympa..."

Mon désir flambe brusquement quand elle s'agenouille pour venir me titiller. Quelle vision absolument érotique de la voir ainsi en culotte et débardeur s'offrir à moi. J'ai une exclamation de plaisir quand elle me lèche et ma main agrippe fermement ses cheveux pour la ramener vers moi. Je gronde, la voix rauque déjà, mon regard sombre heurtant le sien avec autorité. "suce-moi" Le ton claque, impérieux et ma main libre agrippe son épaule pour l'approcher, dans ma posture voutée, je mate ses seins, mais aussi la courbe de ses reins, tout est affriolant. Ses cheveux cascadent dans son dos, tranchent sur sa peau blanche dans laquelle j'ai envie de mordre pour y laisser ma trace. J'ai une caresse gentille alors que pourtant ma main serre durement ses cheveux. Je répète d'un ton vibrant, autoritaire, avec cette fois un fond de douceur dans l'exigence "suce-moi. Je veux te baiser la bouche." Je veux qu'elle m'appartienne des pieds à la tête, qu'elle se donne entière comme autrefois, sans tabou, sans restriction, sans hésitation, tout à moi, au moins dans le sexe si pour le moment le reste  est plus compliqué !

Je secoue brusquement la tête dans un plus grand sourire. Non, non, laisse-moi faire. Je cherche, j'en choisirais plusieurs, et on ira les visiter ensemble, d'accord ? Parce qu'il n'a que trois petits critères (en réalité je suis sûre qu'il n'en a aucun), mais moi j'en ai bien plus que ça ! Je sais que les recherches vont me prendre du temps, et ça ne me dérange pas mais j'ai peur que ça l'agace assez rapidement. Je préfère déjà faire un premier tri pour virer ce qui, de toute façon, ne me conviendrait pas, et voir ensuite avec lui ce qui me plaît. Moi aussi, je veux qu'on fasse les choses bien... J'ai une trouille bleue que ça ne fonctionne pas.

La seule chose qui a toujours fonctionné entre nous, et qui n'a pas changé, c'est le sexe. Et ainsi agenouillée devant lui, ma bouche sur sa peau, je peux imaginer qu'on ne s'est jamais quittés. Je me souviens de son corps, de ses réactions, de ses soupirs. De la façon dont le mien s'enflamme brusquement en réponse à son désir aussi. Un premier ordre claque mais j'y réponds par une morsure sur le bas de son ventre, j'imprime la marque de mes dents dans sa chair, suçote doucement pour me faire pardonner. Je reste accrochée à son regard, mes doigts s'enfonçant dans sa peau et je pose mes lèvres sur son gland dans une caresse encore trop douce. Alors baise-moi la bouche. Je murmure d'une voix rauque avant de le laisser coulisser entre mes lèvres ouvertes, lentement, toujours trop lentement.

"D'accord, on visitera ensemble" ça m'arrange au fond de la laisser chercher parce que je ne sais pas ce qu'on cherche.Si c'est pour habiter ensemble, mon appartement suffirait à mes yeux. On aurait juste changé de lit pour en prendre un plus confortable ! Mais pour elle, c'est loin d'être suffisant, je l'ai bien compris.

Mon sang bouillonne brusquement sous le rush de désir qui me parcourt à ce petit jeu entre nous. Jeu toujours mortellement sérieux et flirtant avec les limites, mes limites. J'ai une bouffée d'amour sauvage pour Nina qui sait si bien me mener, se révolter, se soumettre, me combler et au final me soumettre. Je gronde à sa morsure, enfonce fortement mes doigts dans la chair blanche de son épaule pour la contraindre à rester près de moi alors qu'elle ne fuit même pas. Je viens envahir sa bouche avec une lenteur consommée, ma chair se hérisse de plaisir qui grimpe et j'étouffe un grondement sauvage en donnant un coup de rein pour me loger plus loin dans le velours brulant qui m'absorbe. J'entame un va-et-vient où je prends l'ascendant. Ma main s'est enroulée fermement autour de ses cheveux, l'autre est en haut de son dos pour l'empêcher de reculer alors que mes mouvements secs me poussent en elle en un plaisir saccadé, brutal, comme j'ai toujours aimé. Je la force à me prendre totalement en bouche, je la baise à ma volonté, reculant pour la laisser reprendre son souffle avant d'à nouveau l'envahir sans répit. Rapidement mes mouvements s'accélèrent, j'ai basculé dans le besoin de la posséder, de jouir d'elle à ma guise, furieusement, et la brulure de mes reins est insoutenable dans la chaleur qui m'absorbe.

Son regard s'assombrit, je peux dire avec une précision folle le moment exact où il bascule et j'en jubile intérieurement. Rien n'a jamais été si bon que cette sensation délicieuse de jouer avec le feu, le plaisir brut qui se mêle à la peur de se brûler, la douleur qui accompagne l'excitation. Je ramène mes mains sur ses hanches, plante mes ongles dans sa chair pour raffermir ma prise alors qu'il prend d'assaut ma bouche. Il ne me laisse pas de répit mais c'est mieux ainsi parce que je n'en veux aucun. Chaque coup de reins me coupe le souffle, et pourtant je n'ai pas le moindre mouvement de recul. Je l'encourage de gémissements étouffés contre sa queue, le regard levé vers lui pour suivre la progression du plaisir sur son visage.

​Je m'écarte de lui dès que je sens son sexe tressaillir trop fort et je bascule la tête en arrière alors qu'il se répand sur ma gorge, sur mes seins. Mon corps tremble, ma peau frissonne de la satisfaction que je ressens à avoir de nouveau son odeur sur moi. Je me lève, fébrile, le regard brillant, pour jeter mes bras autour de son cou et chercher sa bouche sans lui laisser réellement le temps de reprendre son souffle. Le désir me tenaille bien trop fort pour que je le laisse partir comme ça. ​

Il y a toujours eu ce moment d'une satisfaction profonde à basculer et lâcher prise. Ce moment où subtilement, elle devient maitresse puisque c'est elle qui suscite cette réaction en moi, elle a ce pouvoir sur moi. Nos regards qui se heurtent se comprennent sans mot. Je la veux mais je lui appartiens corps et âme alors qu'elle est à genoux à me dispenser du plaisir. Il y a cette ambiguïté de rôles qui est délicieuse. C'est dans un grognement barbare que je jouis sous son joug, et la vue de mon sperme maculant sa peau de lait est un plaisir indicible supplémentaire. J'ai toujours aimé ça sans que je me l'explique. Il y a quelque chose qui vibre, résonne en moi de ce plaisir là.

Mes jambes tremblent sous le choc de l'orgasme et je m'appuie à la table pour accueillir dans mes bras Nina qui se relève . J'aime encore plus quand sa peau se frotte à la mienne et étale nos fluides. "Toi, toi...volim te, volim te Nina !" Je soupire fébrilement ces mots contre ma bouche. Je la soulève, pivote pour la poser sur la table sans douceur. Ma bouche vient chercher brutalement la sienne, la heurte, la fouille de ma langue. J'écarte ses jambes en me plaçant entre, penché sur elle. Je dévore sa bouche, sa gorge, ses seins. Je me goute moi même sur sa peau mais peu importe. Je lèche les pointes excitées et tendues, les torture de baisers, de coups de dent aigus. Sa peau se marbre peu à peu de traces, de bleus, de morsures et de suçons plus doux.

Mes doigts viennent entre ses cuisses, sans douceur. J'ai le besoin de la toucher, de l'écarteler, de la posséder, peu importe comment. Je gémis contre sa peau de ce drôle de plaisir qui prolonge mon propre orgasme. Je veux tellement l'aimer, lui plaire aussi que j'en suis maladroit, exigent, furieusement possessif de toutes les façons possibles.

Je l'embrasse plus fort pour le faire taire, je ne suis pas encore parvenue à lui dire ces mots-là, et je ne suis pas sûre non plus de savoir les accepter. C'est encore trop douloureux, les blessures se sont rouvertes quand nous nous sommes revus et je ne sais pas en faire abstraction. Je passe mes doigts dans ses cheveux, m'accroche aux mèches trop longues tandis qu'il me soulève dans ses bras pour me faire asseoir sur la table. Mes jambes s'enroulent aussitôt autour de ses hanches, je l'attire contre moi, toujours plus près comme si je cherchais à me fondre en lui. Je te veux, je te veux tellement. Je psalmodie contre sa bouche en ondulant contre lui, déchaînée, affamée.

Je gémis sous les morsures douloureuses auxquelles je ne suis pas habituée, et pourtant tout mon être jubile d'être marqué de nouveau. J'écarte plus fort les jambes, me cambre brusquement quand il plonge ses doigts entre mes cuisses trempées, brûlantes. L'une de mes mains l'abandonne pour s'accrocher au rebord de la table, qui grince parce qu'elle n'est clairement pas assez solide, heureusement que je suis la seule à être installée dessus ! Tout mon corps se tend violemment vers le sien et je suis foudroyée de plaisir dans un cri, les muscles secoués de spasmes. Je l'attire à moi, sa bouche contre ma bouche pour tenter de retrouver mon souffle dans le sien.

Je m'entête contre sa bouche, contre sa peau, fasciné par sa furie, aussi déchainé qu'elle. Il y a toujours eu quelque chose de charnel entre nous, dès que j'ai posé ma main sur sa gorge. Je la tiens contre moi, la serre, bois son souffle le temps que son corps se tende, tremble, s'apaise. Mes gestes se font graduellement plus tendres, plus doux. Je l'attire peau contre peau, mon torse l'accueillant alors que mes baisers se font plus voluptueux, plus langoureux. J'ai senti sa réticence à mes mots d'amour et ça me perturbe, me blesse, me trouble aussi. Parce qu'il n'y a jamais eu que le sexe avec Nina, je l'ai très rapidement appelée mon trésor, mon cœur. Je lui ai très vite dit que je l'aimais et c'est toujours vrai. Je me sens dépossédé de ce droit. Je soupire doucement, chuchote de ma voix éraillée, basse et grave "je voudrais qu'on aille dans ton pieu pour continuer mais là, c'est sur que je vais te foutre en retard pour tes démarches..."

Je finis par m'écarter à regret, à chercher son débardeur pour lui rendre. Je n'ai même pas pris la peine d'ôter sa culotte ! Bon sang, comme j'aimerais qu'on fasse l'amour encore, moi niché au creux de son corps, ma bouche sur sa bouche, ma queue enserrée en elle. Mon regard nébuleux est empli de regrets et de désir mais aussi de raison. J'ai appris à être raisonnable tous ces mois. A faire passer mon devoir avant mes envies. Je romps brutalement ce moment de douceur pour replonger dans les obligations. Je vais récupérer mes fringues pour me rhabiller, remettant le tee-shirt de l'inconnu et le reste de mes affaires avant de chercher mes grolles et les enfiler. "Je vais aller plus tôt au Klan. Ça te laissera du temps comme ça."

Je perds le souffle contre sa bouche, je crois que je perds un peu de mon âme aussi. Je sens bien que je suis déjà en train de me brûler, que les quelques heures qu'on a passées ensemble ont suffi à me rendre dépendante à nouveau. Je tremble à l'idée de devoir m'écarter de sa peau, je n'en ai pas envie. L'éloignement m'effraie plus que je ne saurais dire. Quand on était ensemble, déjà, je n'aimais pas être privée de ses bras mais aujourd'hui c'est pire encore parce qu'il suffit que nos peaux cessent d'être en contact pour que tous mes doutes reviennent brutalement. Je hais le fait qu'il décide d'être raisonnable, mais je ne dis rien. Je ne peux pas être celle qui réclame, celle qui l'implore de rester encore un peu, je ne peux pas me montrer si vulnérable, je n'ai pas le droit. Alors je serre les dents, la détente apportée par l'orgasme brusquement effacée parce qu'on va devoir se séparer et que ça me tue. Je hoche la tête, m'oblige à être raisonnable puisqu'il l'est. Oui, d'accord. Je descends de mon perchoir pour me rhabiller sommairement, il faut de toute façon que j'aille me doucher.

Sur un dernier baiser je le laisse partir, et je ne sais pas pourquoi une partie de moi n'est pas sûre qu'on se revoit... Je prends une douche rapide et avant même de préparer mes affaires, j'appelle Dimitri pour faire le point. Evidemment, il a l'impression d'être pris pour un con parce que je l'ai quand même fait bouger jusqu'à Sarajevo ! Il s'avère que c'est un peu plus compliqué que prévu, et je réalise assez rapidement que je ne pourrais pas prendre l'avion ce soir. J'ai des rendez-vous pros à honorer et Dimitri ne peut pas rentrer si rapidement. Je ne pourrais décoller tranquille que mercredi. J'appelle Slavenko dans l'après-midi pour le prévenir, et je lui demande quand même s'il veut passer à 17h pour me dire au revoir.

La déception est au rendez-vous quand Nina m'appelle pour me parler de mercredi mais je prends sur moi et acquiesce simplement en prenant note de l’imprévu. J'ai peur à présent. Je devine qu'elle ne viendra pas, que d'ici mercredi un aléa l'empêchera de me rejoindre, que c'est une hésitation qui la retient, qu'elle se transformera en décision de ne plus me revoir, que c'était un joli intermède pour tourner la page. Je lui dis que je serais là à 17h parce que quoiqu'il en soit je ne suis pas prêt à lâcher maintenant l'espoir qui me reste même s'il s'est brutalement amenuisé. Son associé lui a surement fait la morale, ses amis lui feront la morale, lui feront prendre conscience que rejoindre un homme qui vous a planté 14 mois plus tôt est une aberration !

Je reprends mon rendez-vous avec Goran, puis les hommes du Klan, et Tiosav également qui est à leur tête. A dix-sept heures tapantes, je suis en bas de l'immeuble de Nina. J'ai pris la décision de ne pas lui foutre la pression parce que j'ai conscience que c'est inutile et je ne veux pas d'adieux déchirants. Je n'ai que peu d'affaire à récupérer, un tee-shirt en l'occurrence que je peux même laisser à Nina pour ne pas m'encombrer. Une fois que je l'ai rejoins, j'essaye de ne pas trop afficher de déception, ne pas lui foutre de pression. "Bon... pas moyen alors ? Tu as déjà changé ton vol pour mercredi ? Tu m'enverras les horaires, je viendrais te chercher à l'aéroport." Je me projette même si je n'y crois pas en témoigne mon regard éteint, grave et fuyant aussi.

Je passe quand même la journée à m'organiser, parce que j'ai l'intention de le rejoindre mercredi. Je ne suis pas sûre que ça fonctionne, j'ai même vraiment peur que ça ne fonctionne pas, mais je suis déterminée à nous laisser une seconde chance. Bien-sûr que Dimitri m'a fait la morale, et bien-sûr que tous ceux que je verrais d'ici mon départ essaieront de me faire changer d'avis... Mais j'ai l'habitude depuis le premier jour de notre mariage que les gens désapprouvent notre relation, ce n'est pas nouveau pour moi et je sais gérer ça. Je me fiche de ce que pensent les autres. J'ai été à l'agence aujourd'hui pour mettre mes affaires en ordre et commencer à foutre dans un carton ce que je tiens à emporter à tout prix à Sarajevo parce que j'en ai besoin. Ensuite je suis rentrée à l'appartement pour commencer à trier mes fringues...

Quand Slavenko revient, il y a déjà une nouvelle valise qui traîne au milieu du salon, à moitié remplie seulement. J'ai changé le vol, oui, j'arrive mercredi soir, à 20h, mais je te dirais s'il y a du retard... Je plisse le nez, soucieuse. Tu crois que c'est long d'envoyer des cartons par avion ? J'ai pas grand chose pour le moment mais tout ne rentrera pas dans ma valise... Je n'ai pas l'intention de lâcher mon appartement maintenant, ni de déménager toutes mes affaires. Mais si on veut essayer, il faut qu'on se laisse un peu de temps, et étant donné que je vais bosser là-bas, j'ai besoin de pas mal de choses. Je demande soudain : Eh, mais t'es venu sans rien... Du coup t'as le droit à une valise, je peux peut-être t'en donner une pour que tu fasses déjà un voyage ?

La valise dans le salon m'interpelle, sa proposition aussi. Je ne sais pas trop si je dois écouter l'élan qui me pousse à l'espoir, envers et contre tout. Je suis planté là, les bras ballants alors que Nina s'agite, et le contraste est frappant. Je cille, passe ma main sur ma barbe. "Humm je ne sais pas du tout combien tu vas payer pour tes cartons ! Tu as tant de choses à prendre que ça ? Le bateau coute moins cher pour les déménagements, mais ça va prendre des mois ! Tu devrais prendre que le nécessaire, srce, tu rachèteras sur place. Ça te reviendra moins cher tu sais. Et ouai, j'ai droit à un bagage de vingt kilos je crois. C'est déjà ça... Tu veux que je te prenne des affaires ?" L'idée en soi est rassurante, mais je ne veux pas trop avoir d'espoir. Quand je serais parti, elle va réfléchir.

"Bon, termine de remplir ta valise, parce que si je dois enregistrer des bagages, je dois partir d'ici à 18h ! J'ai vu sur l'appli qu'il y a déjà des bouchons pour aller à l'aéroport et je dois rendre la voiture de location." Je ne peux absolument pas me permettre de rater mon vol si je veux que mon retour en annonçant que je me remets avec Nina ne soit pas d'entrée de jeu mal pris. Je veux mettre toutes les chances de notre coté. Enfin, j'attendrais mercredi soir ou jeudi pour le dire à mon père ! Histoire d'être sur. Je veux bien me battre mais pas pour rien !

Son manque flagrant d'enthousiasme m'effraie soudain, je fronce les sourcils, cesse de m'agiter dans tous les sens puisqu'il semble assez évident qu'on n'est pas vraiment sur la même longueur d'ondes. Je demande, au cas où ce ne serait que ça : Tout s'est bien passé au Klan ? Peut-être qu'il a seulement eu une mauvaise journée...? Je n'en suis pas sûre, cela dit.

Je secoue doucement la tête. Tous les vêtements que j'ai ici sont nécessaires, voyons. Et ça ne rentrera jamais dans une seule valise ! Est-ce que j'ai déjà dit que j'avais beaucoup de fringues ? Et beaucoup de chaussures, aussi... Il va nous falloir un dressing dans le futur appartement. T'en fais pas j'ai déjà commencé à remplir une valise. Au pire il m'aurait dit qu'il ne pouvait pas la prendre et j'aurais payé moi pour un bagage supplémentaire, c'est tout. J'ai commencé à foutre dedans tous les vêtements dont je n'aurais pas l'utilité dans les deux prochains jours, mais qui risquent de me servir une fois là-bas. Principalement des fringues très chics, en fait. Et quelques paires de chaussures, déjà. Je plisse le nez, un peu anxieuse : Tu crois ? Qu'il vaut mieux que je rachète tout sur place, pour le reste ? Je soupire, hausse finalement les épaules. Ecoute je vais prendre les indispensables, de toute façon il faudra que je revienne à NY de temps en temps alors j'en profiterais pour prendre d'autres affaires petit à petit. Je fronce les sourcils. Tu crois que j'emporte direct mes affaires d'hiver ? C'est qu'on se caille la nuit là-bas quand même !

"Oui, oui, très bien. Tout s'est bien passé." Je n'ai pas parlé de Nina, à personne même pas à Goran qui est pourtant mon ami le plus proche. Simplement parce que je veux annoncer moi-même ma décision (enfin notre décision à Nina et moi) à mon père. Je ne veux pas de risques de fuite et je n'ai confiance en personne, pas même mes amis, ce qui fait que les choses importantes, je les occulte savamment. J'ai appris la dissimulation.

"Donne moi cette valise et tu reprendras un bagage additionnel mercredi ? Avec soixante kilos Nina, je crois que ça devrait aller quand même ! En plus où veux-tu stocker tout ça ? Tu as vu la taille de mon F1 ? Je crois que c'est mieux si on refait un voyage après qu'on ait le nouvel appart'... Mais prends des affaires d'hiver, il va faire dégueulasse la semaine prochaine. Et toi tu es tellement frileuse zlato ! " Je suis brusquement effaré, dépassé par les évènements. Ça me paraissait tellement simple quand on devait juste partir à deux ! Je la stoppe dans son élan en lui saisissant le poignet, le visage bouleversé. "Nina, tu viens pas vrai ? Mercredi... Mercredi tu viens ?" J'ai juste besoin qu'elle me le confirme rapidement, je ne suis pas sur d'encaisser trois jours d'attente sans certitude solidement ancrée. Elle me le dirait si elle n'était pas sure, n'est-ce pas ?

Je hausse les épaules dans un rire. Mouais... Mais oui, soixante kilos de fringues, ça devrait le faire. Je lui tire la langue, amusée. Eh te fout pas de moi, j'ai jamais fait ça avant... Je sais pas ce que je suis censée emporter, je sais pas quand est-ce que je vais revenir, je sais pas de quoi je vais avoir besoin là-bas... J'aimerais pouvoir tout prendre, y compris mes meubles, pour avoir un peu plus l'impression d'être chez moi... Malheureusement ce n'est pas possible, je le sais bien. Mais ouais, t'as raison, ton appart' est minuscule. Tu vois qu'on a besoin de déménager, mes affaires rentreraient jamais chez toi. Va falloir qu'on trouve vite, mh ? Tant qu'on sera chez lui j'aurais l'impression... Je ne sais pas, d'être seulement en vacances, ou que ce n'est pas sérieux, quelque chose comme ça.

Il s'accroche brusquement à ma main et je lève sur lui un regard d'incompréhension avant qu'il ne m'explique ce qui le trouble. Je tends ma main libre vers lui, la pose sur sa joue. Je viens, Slavenko, je te promets que je viens. J'ai déjà mon billet d'avion. J'essaie de détendre un peu l'atmosphère en ajoutant dans un sourire mutin : Et puis tu pars avec mes vêtements, tu crois quand même pas que je les abandonnerais à Sarajevo, mh ? Et puis soudain j'écarquille les yeux, parce qu'en parlant d'abandon je pense à une chose qui m'était complètement sortie de la tête. Oh, mais Tigar ! On n'a pas pensé à Tigar ! Il est hors de question que je le laisse à NY.

J'esquisse un sourire, rassuré par son implication ne serait-ce que vis à vis de ses fringues ! Ça démontre sa réelle volonté de venir. "on trouvera un autre appart', tu pourras mettre toutes tes fringues." Je peux au moins lui promettre ça. Ce n'est pas ce qui manque à Sarajevo de la place ! Et les immeubles neufs se succèdent, restent pour la plupart vide par manque de gens de pour les habiter ou payer des loyers un peu plus élevés. "tu préfèrerais pas une maison ?" Il y en a plein et ce serait peut-être mieux qu'un appartement, l'idée m'effleure seulement maintenant.

"Jebote ! le chat !" Mon Dieu, j'y avais pas pensé. Est-ce que ça peut se rapatrier un chat ? "Je sais pas du tout les démarches à faire. Quelqu'un peut s'en occuper le temps qu'on se renseigne et qu'on puisse le ramener ?" Je ne demande même pas si il faut qu'il vienne, je sais que Nina ne laissera jamais la boule de poils tigrés. "Bon écoute, on se renseigne, je me renseigne sur place dès demain ok ? Je t’appellerais mais finit moi cette valise srce ! Il faut que je décolle à l'heure."

Je l'aide à terminer, à fermer cette fichue valise qui se fait réfractaire. Grace à la balance de la salle de bain, on la pèse. Elle est trop lourde alors on doit l'ouvrir et enlever quelques affaires, avant d'arriver au poids acceptable ! Je me donne le courage de la laisser, la mort dans l'âme mais je tais mes ultimes doutes, mes peurs. "Faut que j'y aille Nina. Je t'appelle demain, je ferais attention au décalage horaire, t'en fais pas." Je me penche pour l'embrasser doucement avec une passion contenue. "tu vas me manquer d'ici mercredi. Tu fais attention à toi ok ?"

J'écarquille de yeux quand il me propose une maison, je ne m'y attendais pas du tout. J'en suis tellement surprise que je bafouille. Oh... Mais je... Si mais je pensais pas que tu... Enfin... Je pensais pas que tu voudrais, et puis j'avais peur que ça fasse trop loin de ton QG... Je n'osais pas en espérer tant de sa part, en réalité. Bien-sûr, l'idée d'avoir un jardin, une piscine peut-être, plus de place aussi me plaît vraiment beaucoup. On ne devient pas cambrioleuse sans un goût certain pour le luxe et les belles choses. Mais ce n'est pas vraiment le cas de Slavenko et mon attrait pour les jolies choses n'égale pas un seul instant mon besoin de lui. J'ai toujours su que tant qu'on était ensemble, je pouvais me contenter de peu de choses. Mais si on peut avoir mieux... Ouais, ça me fait mal de m'en priver. Écoute, je vais commence à regarder ce que je trouve et on avisera ensuite, d'accord ?

Je grimace en pensant à Tigar, hoche tristement la tête. Oui, je le laisserais à garder mais renseigne-toi rapidement, je veux vraiment pas qu'il reste ici... S'il te plaît. Je ne suis pas si matérialiste, je tiens bien plus à mon chat qu'à mes vêtements ! On se dépêche de terminer la valise, tout en galérant à la fermer, et il doit de toute façon déjà partir. On n'aura même pas eu le temps d'une dernière étreinte... J'ai du mal à le laisser partir mais je fais vraiment au mieux pour ne pas le montrer. Toi aussi, fais attention à toi. Je ne résiste pas à réclamer un autre baiser avant de le laisser quitter mon appartement.