Il faut que les diététiciens fassent un pas vers nous en rangeant les patates dans la catégorie légumes - Slavina

30 avril ; 02h08

Quand la gynécologue a parlé de sautes d'humeur fréquentes, je pensais naïvement que j'allais, parfois, m'emporter un peu plus rapidement, ou que j'aurais la larme peut-être plus facile (ce qui pour moi n'est pas peu dire). Entre temps, j'ai commandé sur internet le livre que je voulais sur la grossesse, avec un résumé semaine par semaine de l'évolution du bébé, et de la mère, avec les effets indésirables que peut entraîner une grossesse... pourtant désirée. C'est qu'on est un peu cons, quand on ne sait pas ce que c'est. J'y ai entre autres appris que si les nausées passaient généralement après les trois premiers mois, j'allais encore souffrir de maux divers et variés durant les mois suivants. En lisant, dans les magasines achetés à l'aéroport, plusieurs articles sur les envies de femmes enceintes, j'ai appris qu'il était possible que j'ai envie de fraises à des heures indues, ou que certains aliments autrefois adorés me donnent la nausée. Mais rien de grave, puisque les femmes sur les magasines en question sont toutes rayonnantes, et affirment que ça reste tout de même l'expérience la plus incroyable, magique, de toute une vie.

Comment vous expliquer que, à me retrouver dehors sur le toit-terrasse en pleine nuit, à peine vêtue d'une nuisette et pourtant moite de sueur, je cherche désespérément la magie. Les joues rouges, la bouche grande ouverte comme si ça pouvait me permettre de mieux respirer, j'essaie d'emmagasiner suffisamment d'air frais pour être capable de retourner à l'intérieur. Les joues baignées de larmes à cause du cauchemar qui m'a réveillée en sursaut, je réalise que j'aurais probablement dû chercher mon réconfort auprès du slave, mais je ne voulais pas l'inquiéter en le réveillant. Et donc, perdue sur mon téléphone, je fais ce qu'il ne faut jamais faire dans ces cas-là, je regarde sur internet si on peut mourir de bouffées de chaleur quand on est enceinte.

Je me réveille dans un sursaut, inexplicablement. Durant quelques secondes, parce que la place vide de Nina m'indique vite pourquoi ! Je me lève à mon tour et comme la chambre est vide, je me dirige vers le salon. Un courant d'air m'indique que la porte du balcon est ouverte. Je vais donc vers la cuisine où se trouve la porte en question. Nina est là dehors. Bizarre. Je me sers un verre d'eau que j'avale avant de récupérer des clopes dans un tiroir. Je rejoins Nina sur son perchoir. Elle a le nez baissé vers son téléphone mais surtout elle a l'air d'un poisson hors de l'eau Ribica... Je souris amusé par devers moi de l'image. "ça va srce ? Tu regardes les étoiles ?" J'allume ma clope, en faisant attention de ne pas souffler dans la direction de Nina. Je plisse soudain le regard "hé mais...tu pleures ? Mais qu'est-ce qui se passe zlato ?"

Les bruits que je perçois depuis l'intérieur de l'appartement me font sursauter et j'essuie rapidement mes joues, en essayant de dissimuler mes larmes, sans grand succès. Lorsque Slavenko me rejoint sur le toit-terrasse, je n'ai pas tout à fait repris mes esprits. J'oublie toujours trop rapidement à quel point il peut avoir le sommeil léger. Je m'efforce de ne pas éclater en sanglots à sa question, ce qui s'avère plus facile que je l'aurais pensé puisque j'ai déjà passé une bonne trentaine de minutes à pleurer comme une madeleine. Je hausse les épaules en reniflant. C'est rien, j'ai fait un cauchemar... Disons seulement que je suis censée avoir l'habitude, et qu'en temps normal ça ne me fait pas sortir dehors en pleine nuit. Pour les larmes en revanche, bon, c'est déjà un peu moins étrange de ma part. Je lève le nez vers lui, fronce légèrement les sourcils. Excuse-moi, je voulais pas te réveiller... Je déverrouille mon téléphone, dissimulant la page qui m'explique que, tout de même, je ferais mieux d'aller aux urgences, parce que peut-être que j'ai de la fièvre, et donc peut-être que c'est la toxoplasmose, et donc mon bébé va peut-être mourir.

Je hausse les épaules. Me réveiller, dormir par tranche d'heures ne me dérange pas, comme ne m'a jamais dérangé le fait de calmer ses cauchemars sauf au tout début de notre relation quand je pensais que j'en étais à l'origine. Je jette ma clope pour ne pas m'approcher avec de Nina et je viens l'enlacer d'un air plus lascif que câlin. "Tu aurais du me réveiller dans le pieu srce..." Comme toujours, elle se colle à moi et je la réconforte, et en général ça glisse au sexe-câlin. Autant dire que ça ne me dérange pas du tout d'être réveillé en pleine nuit !

Caressant les cheveux de Nina, un peu empêtré avec ses mains qui - entre nous - tiennent fermement son téléphone, j'embrasse sa tempe, ses joues encore humides. "Je ne savais pas que tu faisais encore des cauchemars aussi forts. Dis ? ça allait mieux pourtant." Est-ce que la grossesse l'angoisse ? Moi j'aurais pensé que au contraire, ça allait faire qu'elle allait être plus sereine. Puisqu'on construit enfin la famille qu'elle désirait, puisqu'on va avoir notre maison, notre bébé. "Humm t'es toute chaude zlato moje..." Autant dire que ça me plait, vu que moi je mets ça sur une flambée de désir qu'on pourrait volontiers assouvir dans nos draps.

Je me niche entre ses bras, en posant mon front contre son épaule. J'avais besoin de prendre l'air... En temps normal, je serais probablement restée près de lui dans le lit, notamment parce qu'il me rassure mieux que n'importe qui et qu'en général, il suffit qu'il me serre contre lui pour que mes angoisses se délitent. Cette fois ne fait pas exception à la règle, la sensation de ses lèvres sur ma peau m'apaise aussitôt, et je clos les paupières un instant en humant son odeur. Ça allait mieux, oui, j'en avais plus fait depuis longtemps... Mes nuits ne sont jamais calmes et parfaitement sereines, je me réveille toujours une à deux fois dans la nuit avec une légère sensation de mal-être. Mais je ne me réveille plus en larmes, en sursautant, trempée de sueur, je ne mets plus des heures à reprendre une respiration normale. Le sevrage s'est finalement mieux déroulé que je ne l'aurais cru, je crois que j'ai tellement souffert d'être séparée de lui que le simple fait de le savoir près de moi la nuit représente un miracle qui me calme. Jusqu'à maintenant.

Je suis encore trop secouée pour réaliser qu'il se colle à moi, que sa voix est suave, rauque, pleine de sous-entendus délicieux. Je secoue doucement la tête en clignant des yeux. Je sais c'est pour ça que je suis sortie... J'ai des bouffées de chaleur. J'espère que c'est exceptionnel parce que l'été approche et que ça va être compliqué à gérer pour moi autrement. J'embrasse distraitement l'angle de sa mâchoire. Je crois que je devrais prendre une douche froide... Tu peux te recoucher mon ange, je te rejoins...

J'aime bien quand elle se niche contre moi, son front contre mon épaule, dans un geste de vulnérabilité. Je la trouve si mignonne que mon cœur fond et mon désir flambe. A ma décharge, elle est à peine vêtue. Je me demande bien pourquoi elle a refait un cauchemar et ce qui la tracasse mais je me dis que c'est exceptionnel et pas très grave au fond si c'est exceptionnel.

"des quoi ? Bouffées de chaleur ?" Je reste perplexe sur la dénomination. Je n'ai pas encore lu les bouquins de femme enceinte, j'ai eu d'autres chats à fouetter entre temps et la lecture n'a jamais été mon fort. En parlant de douche froide, son baiser distrait en est une. Son manque de répondant à de quoi doucher mon désir naissant surtout qu'elle ne m'invite pas à la suivre. Bon cale la toi derrière l'oreille Drazavic. Je ravale un soupire en la relâchant pour la laisser rentrer. Je la suis et après un passage au chiotte, je retourne me coucher puisqu'elle me rejoint ensuite. Les draps sont froids à présent et je me cale contre l'oreiller, un bras replié sous la tête pour essayer de me rendormir. Je ne parviens qu'à somnoler en écoutant le bruit de la douche qui alimente mes fantasmes refoulés.

Son ignorance sur les maux de grossesse me surprend chaque jour, d'autant que les bouffées de chaleur ne sont pas réservées uniquement aux femmes enceintes. Je fronce le nez en essayant de lui expliquer, alors que le terme est plutôt parlant en lui-même. Des... Des coups de chaud quoi. Et je crois que si je les supporte si mal, c'est parce que je n'y suis pas du tout habituée. D'ordinaire je meurs de froid peu importe l'endroit, et si vraiment je parviens à avoir chaud, c'est toujours une sensation terriblement agréable pour moi. Rien à voir avec cette nuit. J'ajoute tout de même, parce que comme tout est inconnu pour lui je je veux pas qu'il aille s'imaginer le pire... Contrairement à moi et mes recherches google ! Mais c'est rien de grave, t'en fais pas. J'ai une prise de sang pour la toxoplasmose bientôt, de toute façon...

Je disparais dans la salle de bain, où je me déshabille, et je file sous la douche glaciale, ce qui ne m'est jamais arrivé de ma vie je crois bien... En tout cas pas de mon plein gré ! Je bois aussi de longues gorgées d'eau, directement au pommeau de douche. Je ne me savonne que très brièvement, c'est surtout histoire de me rafraîchir. D'ailleurs mon rythme cardiaque daigne se calmer, et je me sens mieux en sortant, assez fraîche pour frissonner. Je me sèche très sommairement et sautille jusqu'à la chambre pour m'engouffrer sous les draps et me coller contre le corps toujours brûlant du slave. Je sais qu'il ne s'est pas encore rendormi et je glisse mes mains sur son torse en soupirant. Je crois que j'ai froid, maintenant...

Je cogite à moitié, et je dors à moitié en attendant Nina. A dire vrai, je me pose pas mal de questions que je n'arrive pas tout à fait à formuler. Je soupire quand elle revient dans le pieu et qu'elle pose ses mains gelées, fraîches et un peu humides, sur moi. Ça me fait frissonner. "humm humm tu as les mains froides maintenant, ribica." Je me bouge pour la laisser se caler contre moi et pouvoir l'entourer d'un bras. Après un silence assez long, à juste caresser la peau de son épaule et du haut de son bras, je demande d'une voix grave, un peu inquiète aussi même si j'essaye de ne pas laisser mon ton s'en ressentir. "Mais c'est pas grave tout ça ? Les...bouffée de chaleur et les cauchemars. On devrait p'tre en parler au docteur ? " Je sais qu'on peut très bien avoir un rendez-vous si jamais, dans cette clinique privée, c'est peut-être cher mais le service y est.

Je n'ai pas remis ma nuisette, et je peux me couler toute entière nue contre lui, ma peau fraîche contre la sienne, souple et chaude. La chaleur qu'il dégage me réchauffe instantanément et je pousse un petit soupir de satisfaction, de soulagement aussi parce que je crois que les bouffées de chaleur sont enfin passées. La caresse douce de ses doigts sur la peau me fait frissonner et je sens mon corps s'alanguir contre le sien, bien plus enclin à ce désir que je n'ai pas su sentir tout à l'heure. Mais non, c'est pas grave, je lui en parlerais au prochain rendez-vous, voir si elle peut me conseiller quelque chose. Et pour les cauchemars mon ange, je doute que ce soit la grossesse qui les provoque... Les images de mes cauchemars sont liées, cette nuit en tout cas, à cette grossesse, mais j'y ai toujours été sujette et je ne vois pas ce que le docteur pourrait faire contre ça.

Je me tourne sur le flanc pour embrasser son torse. C'est rien Slavo, je te réveillerais la prochaine fois si tu veux, mh ? Je remonte mes lèvres le long de sa gorge, presse ma bouche contre son cou. Tu sais ce qui me ferait du bien ? Je crois que j'ai juste besoin de penser à autre chose... C'est difficile parce que je subis beaucoup d'effets indésirables liés à la grossesse mais je vais péter les plombs si les huit mois à venir tournent uniquement autour de ça. J'ai déjà l'impression d'être malade alors que je n'en suis qu'au tout début !

Puisqu'elle me rassure, je veux bien essayer de la croire mais va vraiment falloir que je me penche sur ce bouquin. Elle essaye beaucoup trop de minimiser les choses, comme avec ses vertiges, elle dit qu'elle ne veut pas m'inquiéter et tout ça...Moi ce qui m'inquiète c'est de penser qu'elle ne puisse pas tout me dire.

Je ne m'emballe pas à son baiser sur ma peau - ou en tout cas je fais tout pour ne pas m'emballer. Self-control. J'esquisse un sourire indulgent en glissant mes doigts dans une mèche de cheveux, sagement. "T'es sure srce ? Parce que tu m'avais l'air...indisposée. Si t'es fatiguée, on peut se contenter de dormir comme ça, tu sais." Je ne suis pas si en manque que je ne puisse pas me contenter d'un chaste câlin. Est-ce que la grossesse ne bride pas la libido ou un truc du genre ? Il faudra bien qu'on ralentisse le rythme. Je n'ai un appétit qui semble insatiable qu'avec Nina, mais je suis très capable de me contenter du minimum syndical, voire d'une longue période de disette: j'ai toujours mes mains, hein...Bref tout ça pour dire que si Nina ne se sent pas bien avec des bouffées de machins ou des nausées de trucs, je ne suis pas un obsédé sexuel, même si souvent ça parait.

Moi je pense que finalement, ces bouquins étaient une très mauvaise idée. Il va tomber sur des maux de grossesse qui ne me touchent pas, et il va commencer à psychoter en imaginant que je lui mens. Qu'est-ce que ça va être le jour de l'accouchement ?! Je crois qu'il va m'attendre dehors, dans le couloir, et qu'on l'appellera quand ce sera fini, sinon y a de fortes chances pour qu'il tombe dans les pommes, ce serait dommage qu'il soit inconscient pour la naissance de son bébé.

Je fronce les sourcils à ses mots, presque surprise qu'il ne s'emballe pas tout de suite. On est censés être tellement connectés que c'est impossible, ce genre de choses. Indisposée...? Mais ça va mieux, maintenant. Je ne sais pas s'il s'en rend compte mais j'ai quelque chose qui m'indispose, comme il dit, absolument tous les jours. A commencer par les nausées, généralement. Si on attend que tout aille pour le mieux, on est partis pour huit mois d'abstinence totale et c'est tout bonnement hors de question. Je fronce le nez en mordant sa bouche. C'est pas contagieux, les bouffées de chaleur, mh.

Je hausse un sourcil. Indisposée, c'est bien comme ça qu'on dit non ? A la tête de Nina j'ai un doute sur la terminologie. Je vais pas dire malade, elle n'est pas malade, mais disons pas au top quoi... Une question me démange mais Nina interrompt le cours de ma réflexion. La morsure réveille mon désir, mon cœur ratant un battement avant de se mettre à battre dans mon bide. "tu crois ça ? J'ai chaud maintenant..." En même temps, j'ai rarement froid. Je suis plus du genre à souffrir de la chaleur que l'inverse. Mais dans le cas présent, ce n'est pas du tout ce dont je parle.

Jusque là parfaitement immobile, je bouge pour venir saisir les poignets de Nina. Je la bascule sur le dos, en la surplombant, avant de ramener ses mains au dessus de sa tête, d'un geste ferme. Lentement j'écrase son corps du mien pour venir chercher sa bouche dans un langoureux baiser possessif. Le désir enfoui rugit, libéré de ses chaines. Quand c'est comme ça, il ne me faut pas plus qu'un baiser pour démarrer. Parfois même une parole suffit. Mais puisqu'on est bien réveillé tous les deux, autant prendre notre temps. Je plaque les mains de Nina avec un grondement d'avertissement avant de les relâcher "laisse les là" Je fonds sur son corps, avec lenteur, traçant mon chemin sur sa peau blanche.

Mon premier arrêt longue durée est au niveau de ses seins. Ils ont déjà fort changé et je dois les réapprendre par cœur. Ils sont plus lourds, plus gonflés, la peau en est plus clair encore si c'est possible. Ils sont doux et chaux sous mes doigts, fondants sous ma langue. Il suffit que je les lèche doucement pour qu'ils s'hérissent et ça m'excite en retour. Je frotte mon nez, ma barbe dessus, je les embrasse et suce sans hâte, me repaissant d'elle.

Il y a comme une vague de chaleur qui se diffuse dans mon ventre, accompagnée d'un soupir de soulagement parce que j'ai vraiment cru qu'il ne se laisserait pas attendrir cette fois. Je ronronne finalement contre sa bouche, trop heureuse d'avoir la preuve une fois de plus de ce que je prends comme un signe divin, rien que ça. C'est parce qu'on est trop liés ça, moja duša... Et à tout dire moi aussi, je recommence à avoir chaud, simplement parce que je sens son corps répondre au mien, parce que je sais que son désir s'éveille en écho au mien. Je crois que c'est toujours ce qui m'effraie le plus à propos de cette grossesse, qu'elle nous éloigne au lieu de nous rapprocher, qu'on cesse d'être sur la même longueur d'ondes. J'ai besoin de cette connexion à toute épreuve entre nous pour ne pas tout à fait perdre la raison. Et oui, ça passe souvent par le sexe... Mais pas que.

Je ne suis pas encore certaine de vouloir être parfaitement docile, mais je le laisse pour l'instant me manipuler parce que chacun de ses gestes répond exactement à ce à quoi j'aspire. Le poids de son corps sur le mien est un délice dont je devrais me passer dans quelques mois, j'ai envie d'en profiter autant que possible. Je piaille de frustration quand il m'ordonne de ne pas bouger, me privant du contact de sa peau. La tête renversée en arrière, les paupières closes, je me concentre sur la sensation de sa bouche sur ma peau. Ma poitrine est bien plus sensible depuis quelques temps et il a compris je crois qu'il ne pouvait plus vraiment se permettre de la malmener. En revanche ses baisers possessifs, ses coups de langue appuyés me font gémir de plaisir. Les pointes rosées se dressent entre ses lèvres, durcissent sous sa bouche et je craque déjà en tendant les bras pour plonger mes doigts dans ses cheveux.

Je soupire en grondant quand elle me désobéi en fourrant ses mains dans mes cheveux. J'adore ce geste mais sa petite rébellion m'aiguillonne. Elle est bien trop indomptable ma Nina. Ma seule punition alors qu'elle gémit sous ma bouche est de glisser une main entre nous pour venir la toucher. Mes doigts s'immiscent entre les lèvres humides de cyprine, avant de se loger en elle d'un geste presque trop doux. Je mordille la chair renflée d'un sein, à arracher un couinement à Nina. Je me fais pardonner d'un chaud et doux coup de langue et plus bas, d'un mouvement de main appuyé et massant le clitoris. Lentement, je recommence, alternant mouvements secs et plus voluptueux. Je respire ses seins, son odeur, sa chaleur, goûte à sa peau, sens ses mains dans mes cheveux, sur mes épaules, j'écoute la douce musique de ses gémissements.

Il gronde mais ne me repousse pas, n'écarte pas mes mains de ses cheveux et je frémis de satisfaction, toujours fière de tester les limites de sa résistance, surtout quand je constate que je sais les abattre. Les jambes écartées pour lui laisser la place de s'y glisser, j'en enroule une autour de sa cuisse pour mieux lui libérer l'accès, m'arc-boutant sur les draps quand il passe sa main entre mes cuisses. Comme toujours le désir flambe aussitôt plus fort, d'autant que j'ai l'impression d'être encore plus sensible depuis que je suis enceinte, ce qui n'est pas peu dire, j'étais déjà très réceptive avant ! Je tire sur ses cheveux dans un gémissement étranglé quand il me mord. Viens mon ange, molim te, viens. La patience n'est pas mon fort et j'ai un besoin urgent d'unir nos corps. Je bascule les hanches pour tendre mon bassin vers le sien, baissant la tête pour chercher sa bouche.

Elle m'appelle et je remonte vers elle, attiré par sa bouche qui me tracte pour accéder à sa requête qui répond à mes désirs. Dans le même mouvement fluide, confondant de naturel, nos corps se joignent, et la langue de feu familière du plaisir s'enroule autour de moi, coule dans mes veines comme de la lave en fusion. Son impatience est contagieuse et fait voler en éclats toute retenue. Comme souvent nos bassins se heurtent, accélération vers les sommets du plaisirs. Il n'y a plus que nos souffles rauques et gémissants. Très rapidement son orgasme déclenche le mien, brutal et libérateur dans les spasmes de plaisir délicieux qui me font perdre la raison. Un instant je m'écrase sur Nina, avant de seulement penser à rouler en l'entrainant avec moi. Je transpire, les muscles tressaillant encore sous la décharge électrique. Mon corps s'alanguit par degré, repu et c'est le moment où je m'adoucis. Mes mains se perdent dans les cheveux de Nina, ils sont comme les miens redevenus plus longs, à croire que notre frénésie nous empêche d'aller chez le coiffeur ! ha ha... Je pose ma bouche sur le front de Nina, son nez, trouve sa bouche. "volim te srce moje..." Je suis un peu ébahi par la fulgurance de nos étreintes ces derniers temps, déjà qu'avant on n'était pas patient pour deux ronds mais là on surchauffe dès les premières minutes. Bientôt on baisera en deux minutes top chrono ! C'est dingue.

Je n'ai jamais compris les gens qui se vantaient d'avoir baisé pendant une heure. Déjà avant Slavenko je m'attardais rarement sur la durée de l'étreinte, mais alors depuis que je suis avec lui je n'y fais plus attention du tout. C'est toujours trop bon, trop intense, je crois que j'en crèverais de sensations trop fortes si ça durait des plombes ! Quand je rouvre les yeux, je suis de nouveau sur le flanc, blottie contre lui, les muscles tressautant des relents du plaisir qui peine à se déliter. Ça a du durer cinq minutes environ, mais je sais que je vais avoir la sensation de planer pendant au moins deux heures ensuite. C'est bien meilleur, et bien plus addictif aussi, que n'importe quelle drogue. Sa bouche fond sur la mienne et je ronronne tout bas : I ja volim te.
Cette fois, les souvenirs de mon cauchemar se sont complètement évaporés, et je n'ai plus froid, je ne meurs pas de chaud non plus malgré la sueur qui couvre ma peau. Je suis juste bien, infiniment bien dans ses bras et je peux me rendormir sans crainte.

Je dors d'une traite le reste de la nuit, je n'ai pas de rendez-vous prévu le lendemain alors je n'ai pas mis de réveil, et c'est Tigar qui me tire du sommeil en venant appuyer ses pattes contre mon ventre en miaulant. Je grogne un peu et finis par me lever pour aller nourrir la pauvre bestiole affamée. Comme je suis debout et que je veux laisser Slavenko dormir un peu, j'ai quelques instants pour mon rituel matinal du moment... Qui comprends une douche mais aussi un passage nauséeux aux toilettes. Ensuite, je décide sans savoir si c'est le cas ou non que Slavenko ne travaille pas aujourd'hui, et je nous prépare donc un petit-déjeuner digne de ce nom parce que j'ai décidé qu'on avait le temps.

Je ne m'endors pas tout de suite, trop heureux de tenir Nina dans mes bras, de la sentir s'abandonner au sommeil contre moi, en confiance. Si je fais ses cauchemars ce n'est pas parce qu'il perturbe mon sommeil, c'est parce que je déteste être impuissant à les empêcher. Je me sens inutile et s'il y a bien une chose que je hais, c'est me sentir inutile. Ça m'angoisse. Alors cette fois, je profite de l'abandon de Nina pour la cajoler avec cette sensation de bonheur infini que j'apprivoise à mon aise.

Le sommeil fini par me rattraper et je sombre. Je ne bouge pas quand je sens Nina se lever, tous les matins, elle est prise de nausées et j'ai appris que ce n'était pas grave et que là non plus je ne pouvais rien pour elle. Je me renfonce dans l'oreiller, les mains sur le bide, comme un gisant, à peine le drap me couvrant. Je bosse aujourd'hui mais pas très tôt. En général la matinée est consacrée au sport au QG, avec ma section. C'est un moyen de s'entretenir et de renforcer les liens du groupe. Cet après-midi je bosse. En ce moment, je suis en périphérie de Sarajevo, à persuader des gens d'accepter une délocalisation qui permettra à des investisseurs chinois de bâtir une usine. C'est pas de tout repos quand les journalistes et les politiques de l'opposition s'en mêlent.

D'habitude je me lève, mais à l'odeur qui m'arrive, je me dis que je devrais trainer au lit encore un peu...

Moi qui ai toujours été une grande adepte des sucreries en tout genre, ces derniers temps tout ce qui est sucré me donne la nausée, en témoigne la part de gâteau mangée à la Slava et qui m'a directement envoyée aux toilettes. Je ne déjeune donc plus de céréales, et bien souvent je ne déjeune plus tout court... Mais pour une fois qu'on peut passer la matinée ensemble avec Slavenko, j'ai envie de faire un effort et je nous prépare donc un petit-déjeuner salé, ce qui tombe bien parce que c'est ce qu'il préfère. Oeufs, bacon, toasts, champignons et café, bref le menu habituel, et je prépare un plateau pour lui emmener tout ça directement au pieu. On pourrait croire que j'ai quelque chose à me faire pardonner mais non, même pas !

Il fait à moitié semblant de dormir quand je le rejoins dans la chambre et je pose le plateau sur la table de chevet en souriant, amusée. Je n'ai pas jugé utile de me rhabiller après la douche, et je peux me glisser nue sous les draps pour coller mon corps chaud contre le sien, encore brûlant de la nuit. J'embrasse sa gorge, picore sa peau de baisers le long de sa clavicule, de son torse et de son ventre, traçant des arabesques humides sur sa peau, jusqu'à disparaître tout à fait sous la couverture. Mes mains accrochent ses hanches, et je me penche sur lui pour embrasser son sexe qui frémit tout juste. Un petit-déj au pieu et une pipe, de quel meilleur réveil pourrait-il rêver, non ?

D'habitude je me lève pour rejoindre Nina dans la cuisine et je me fais avoir. la dernière fois elle a dit que si j'étais resté au lit, j'aurais eu droit à une gâterie. C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et ce n'est pas innocemment que je reste très sagement pieuté. Les yeux clos, un sourire étire mes lèvres quand elle se love contre moi. Un soupir soulève ma poitrine sous son baiser doux. Je n'ouvre pas les yeux, frémissant d'anticipation, le souffle lourd. Ma main glisse dans ses cheveux, s'y perd pour venir caresser la peau de son cou, de son épaule. J'ai besoin de la toucher. Dans mon ventre, le désir prend forme, boule crispée et brulante, noyau qui grossit sous ses agaceries. Je soupire plus fort en me laissant faire sans chercher à prendre le contrôle. Pas ce matin. ce matin, je me laisse faire, bien que terriblement impatient et réceptif.

​Je suis de bonne humeur, détendue et surtout, le désir ne me tenaille pas douloureusement. J'en profite donc pour faire durer le plaisir, sans chercher pour autant à le faire languir, seulement j'essaie de prendre mon temps, de ne pas finir trop vite pour une fois. Un ronronnement doux me monte dans la gorge quand il fourre ses doigts dans mes cheveux, je n'ai absolument pas l'intention de repousser ses cajoleries, bien au contraire. Je passe le plat de ma langue sur sa queue, laisse chacune de mes papilles épouser la chair qui se tend à mon contact, frémissante. Mes mains remontent en un massage possessif le long de ses flancs, avant de reproduire la même caresse en sens inverse pour glisser sur son ventre. Je palpe sa peau, la presse possessivement, dans un soupir de satisfaction à le sentir ainsi m'appartenir, abandonné à mes soins. ​
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Les yeux clos, puisqu'ainsi dissimulée par les draps je ne peux de toute façon pas voir son visage, je me laisse guider par la lancinante musique de ses soupirs, par la pression de ses doigts sur ma nuque, de sa queue qui se tend vers mes lèvres. On pourrait croire que c'est moi qui domine mais en réalité c'est toujours lui qui mène la danse, je ne fais que me fier aux réactions de son corps qui sait toujours si bien se faire entendre. Je le goûte avec langueur, avec lenteur, le menant sans hâte jusqu'aux sommets du plaisir, accompagnant sa jouissance de baisers plus appuyés quand il se répand sur ma langue. Je remonte lascivement le long de son corps, traçant sur le retour le même chemin de baisers qu'à l'aller, et je viens me blottir contre lui. Salut.

Je n'ouvre les yeux que quand sa bouche rejoint la mienne. Mon regard ébloui se pose sur ma déesse. "salut toi" J'encadre son visage de mes mains pour un autre baiser avant que mes mains glissent sur sa peau chaude. "tu sens bon" Sa peau a cette odeur fruitée de la douche. Je me redresse pour tourner mon regard vers le plateau de petit déjeuner. Je souris en plissant le regard à la vue du l’assortiment des grands jours. Las vegas. "j'sais pas ce que j'ai fais pour mériter ça mais ça serait bien de me le dire que je recommence."

Je ramène le plateau vers nous et j'examine le tout en haussant un sourcil. "Y a pas de trucs pour toi ? Tes céréales ? Tu ne manges pas ?" Ça me contrarie déjà. Je ne trouve qu'elle ne mange pas assez en ce moment. Elle a beau prétexter les nausées, il faut bien qu'elle mange pour deux, sinon mon bébé sera tout rachitique.

Son baiser est la seule récompense que je veuille, sa façon de me dévorer des yeux avec ce regard éperdu d'amour, la façon dont ses larges paumes encadrent mon visage... Je fonds, me liquéfie d'adoration pure en soupirant contre ses lèvres. Je frotte doucement mon nez au sien en haussant les épaules. Aussi bon que le p'tit déj ? Je sais qu'il aime les gels douche sucrés avec lesquels je me savonne, et moi quand il n'est pas là je préfère utiliser le sien pour avoir toujours son odeur sur ma peau. S'il avait un parfum favori, qu'il portait tous les jours, je crois que je m'en parfumerais à longueur de journée, et j'en foutrais partout dans la maison, ce serait un véritable enfer. Je hausse doucement les épaules sans lui répondre, parce qu'il n'a rien fait de particulier si ce n'est être encore là... Disons qu'il y a des jours où je considère ça comme un miracle.

Je me cale dans le lit à côté de lui, mon dos appuyé contre la tête de lit, et je fronce les sourcils. Si si, j'ai seulement du mal à manger sucré en ce moment... Mais je vais manger des œufs, et des toasts aussi. Pour le bacon je passe mon tour, je ne suis pas sûre d'y avoir droit à moins de le faire cramer complètement. Je colle un baiser sur sa joue et récupère le bol avec les oeufs, ainsi qu'une fourchette, pour commencer à manger et rassurer mon futur-mari toujours trop inquiet. J'évite le café, qui me donne également envie de vomir, et je grignote lentement en buvant un peu d'eau avant de m'exclamer : Oh, tu te souviens qu'on a le rendez-vous avec l'organisatrice pour le mariage, cet après-midi ? Elle l'avait décalé... Je ne suis soudain plus bien sûre de l'avoir prévenu.

Mon regard se pose sur Nina, inquisiteur, attendant qu'elle se soit installée pour à mon tour me servir. Une fois que je la vois manger une bouchée d'oeuf, je suis satisfait et je peux moi aussi manger. Je ne suis pas comme Nina, aucune nausée et il n'y a que des trucs que j'adore alors je me sers généreusement et de tout. Du café, des oeufs, bacon toast.

J'avale ma gorgée brulante de café avant de regarder Nina d'un air dépité. "t'es sure ? Je bosse cet aprem, j'me souviens pas du tout qu'on avait rendez-vous ! C'est à quelle heure et où ? " Je peux peut-être trouver un créneau mais rien n'est moins sur. Pourtant, j'avais noté les rendez-vous importants sur mon téléphone. Comment j'ai pu rater celui là ? Je gère trop de trucs en même temps, c'est ça le problème. Avec le déménagement qui arrive, je deviens comme une poule sans tête. Avoir oublié le rendez-vous m'agace contre moi-même. "Je suis désolé zlato, j'ai du oublier, mais je vais voir si je peux me libérer. Au moins une partie du rendez-vous."

Je roule des yeux dans un soupir faussement désespéré face à son air satisfait de me voir manger. On croirait que je me laisse mourir de faim ! Vraiment, c'est faux, je mange... C'est juste que je rends quasiment tout. Je ne serais pas surprise, à la prochaine consultation chez le médecin, d'avoir perdu du poids au lieu d'en prendre. Mais je ne veux pas m'inquiéter de ça pour le moment, je suis sûre que ça se régulera par la suite, quand les nausées passeront. Et quand j'aurais pris trente kilos, il regrettera de m'avoir forcée à manger ! Enfin, je dis ça mais très honnêtement je doute de prendre tant de poids... J'ai toujours été un petit gabarit et ça m'étonnerait fort, vu comme c'est parti, que la grossesse change ça.

Mais comme moi non plus je ne veux pas d'un bébé-crevette-rachitique, je m'efforce de manger avec appétit... Jusqu'à ce que Slavenko me rappelle qu'il bosse cet après-midi. Je déglutis difficilement, la gorge soudain nouée. Une vague de désespoir me heurte par surprise et mes yeux s'emplissent de larmes. Je repose mon assiette, ma fourchette, secoue la tête. Non, c'est moi, j'ai oublié de te le dire, je savais bien que j'avais oublié de te le dire... Je me voûte en reniflant, les larmes roulant sur mes joues, et je marmonne entre deux sanglots : Je veux pas y aller toute seule, tu devrais être là... C'est vraiment n'importe quoi, c'est déjà toi qui t'occupes de tout et je suis même pas foutue de tenir l'agenda à jour !