Ce n'est pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace - Mishal

Neuf mètres carré. Il n’en faut pas plus au vieillard pour performer sur différentes plantes médicinales dont l’odeur embaume sa poitrine avec délicatesse, faisant de son esprit raide le roseau souple qu’il devient parfois. D’un côté, les néons chauffants s’occupent de faire pousser les bourgeons verdâtres des fleurs qui lui donneront quelques centaines de marks d’ici quelques mois et de l’autre, dans de petites boîtes hermétiques, les feuilles sèchent et forment la tisane qui partira en fumée entre les mains des drogués. Ca n’a pas toujours été sa passion, au vieux, c’était même loin d’être le cas, ne sachant même pas vraiment comment aboutir aux résultats escomptés, ceux repérés dans les émissions où les flics déboulent sans prévenir chez les dealers de drogues.

C’est quand on sonne à la porte qu’il sort enfin de son refuge et c’est le front dégoulinant qu’il ouvre au jeune chargé d’aller lui chercher un néon qui venait juste de péter. Il prend l’objet désiré entre ses mains et inspecte l’emballage, ne correspondant pas vraiment à ce qu’il voulait. Je t’ai dit que je voulais un cinquante centimètres… Il soupire et laisse le passage au jeune pour qu’il entre. Essuyant son front du revers de sa manche, il toise Mishal avant d’ajouter: T’as payé combien ? Il fouille dans sa poche avant d’en sortir quelques billets qu’il lui tend quand le môme répond. Bon, c’pas grave, je pourrais toujours l’utiliser. Bill habite au dernier étage d’un immeuble bondé de jeune qui crèveraient pour quelques grammes et c’est dans une sérénité absolue qu’il confectionne avec beaucoup d’attention la beuh qu’ils fumeront demain. Il n’a jamais eu de problèmes avec ça, peut-être parce qu’il n’a pas la tête d’un délinquant et que l’âge donne le droit aux autres de penser que le type est blanc comme neige alors qu’au contraire, il faudrait toujours se méfier des vieux bougres dans son genre.