[FB] - Leave the lights on || Yuna

Ca doit faire une heure que je m’évertue à ne pas bouger pour éviter de réveiller la brune au sommeil léger qui se trouve à mes côtés. J’ai eu le temps de faire courir mes doigts sur sa peau toujours diaphane malgré le soleil d’été qui s’est enfin montré et j’ai eu aussi le temps de trouver ce qu’on allait faire en ce jour de fête nationale. A mesure que les minutes passent, je ne me lasse pas de regarder son visage strié de lumière par les volets mi-clos en me faisant la réflexion que le soulagement qui m’habite est un sentiment encore meilleur que le sexe au petit matin. J’ai fini d’essuyer ses larmes, fini de la serrer contre moi assez fort pour qu’elle arrête de se débattre en vain contre les démons qui l’ont rongés jusque là et fini d’entendre les cris qui rythmaient ses nuits. Je n’ai pas toujours été là mais je sais que maintenant que je suis à ses côtés, je n’en repartirais plus afin de m’assurer que chaque matin se passe comme celui que nous sommes en train de vivre.

Mon bras se resserre contre elle lorsque je la sens bouger et un léger sourire trouve enfin le chemin de mes lèvres. Rien de plus satisfaisant ne pouvait m’arriver. En plus d’aimer Nina d’une manière complètement démesurée, je me retrouve à partager ses nuits depuis bientôt plus d’une semaine et je dois dire que ça, je ne m’y attendais vraiment pas. Je ris de manière étouffée quand j’entends son ventre réclamer et ça non plus, ça n’arrive vraiment jamais. Je me fais violence pour ne pas me jeter sur elle quand ses lèvres rencontrent ma peau frissonnante et me contente de mordiller ma lèvre inférieure comme pour m’empêcher de goûter au fruit défendu. Ca me paraît toujours étrange d’être avec Nina présentement parce que je l’ai tellement désirée, tellement voulue qu’il était douloureux de la voir avec le serbe et maintenant qu’elle est là, près de moi, j’ai bel et bien l’impression de vivre un rêve éveillé. Mhhh… Je crois que c’est contagieux parce que moi aussi. Je me défait de notre étreinte mais doucement pour éviter de feindre l’abandon et bascule au dessus de la brune, les bras contre le matelas de part et d’autre de son visage que je me mets à observer avec langueur. La lumière du jour pénètre assez dans la chambre pour que je puisse voir la lueur de ses yeux et le sourire espiègle qu’elle a dont je me mets à dévorer complètement les lèvres dans un baiser profond et inattendu. J’ai toujours aimé le sexe avec Nina, ça a toujours été quelque chose de fort mais il y a dans nos baisers quelque chose d’encore plus fort qui accroît mes sentiments et qui les entoure d’un voile de velours agréable et satisfaisant.

Le désir est présent mais je n’ai pas véritablement envie de le consommer dans l’immédiat parce que j’aime trop avoir conscience de la peau de Nina, de sa beauté et de tout ce qu’elle représente pour moi. J’ai, pour le moment, envie d’étouffer son épiderme de mes baisers, trouver le chemin de sa bouche pour en sentir chaque millimètres et profiter d’un instant de douceur après avoir connu la guerre des derniers mois. Alors, avant de dévorer sa bouche, j’observe chacune de ses deux pupilles alternativement juste pour me rappeler de la chance que j’ai d’avoir la brune dans ma vie. J’ai un soupir comme je n’en ai jamais eu, emplit de bonheur et de bien-être avant de finalement guider ma bouche à la sienne. J’oublie de respirer, concentré sur la sensation que notre rapprochement m’apporte, faisant bouillir mon sang pulsant dans ma poitrine et frissonne lorsque je sens les doigts de Nina parcourir mon dos. Il peut attendre, ouais… Je continue de l’embrasser avec fougue et une langueur qui fait brûler mes lèvres tandis que mes doigts trouvent une brèche entre ses vêtements légers, parcourant avec délicatesse la peau de son ventre échaudé. Je rouvre les yeux dès lors qu’elle rompt le baiser et lui réponds, la voix encore rauque de la nuit. De loin la meilleure nuit depuis longtemps. Et toi ? Je ne reprends pas immédiatement notre baiser, préférant finalement rapprocher une main de son visage pour en caresser le haut de sa joue à l’aide de mon pouce rugueux, attendri par elle et ce qu’elle dégage, puis juste mes yeux pour regarder les siens et m’emplir à nouveau du souffle de bonheur que ça me procure d’être simplement avec elle. J’aime beaucoup trop le sexe avec Nina mais je ne suis pas sûr de le préférer à ces moments remplis de tendresse et de complicité qui font que je suis dingue d’elle.

Mon regard si insistant est doublé de sentiments que Nina peut certainement lire au travers de la lueur que mes yeux reflètent et je n’ai aucune crainte qu’elle le traduise parce qu’il n’y a aucune honte. Au contraire, je sais que Nina a le besoin viscéral d’être aimée et le besoin que l’on soit attentionné avec elle et si ça peut lui permettre d’aller mieux, je pourrais feindre ça toute ma vie. -Bien que je n’ai besoin de feindre rien du tout-. Mes sentiments pour elle ont été forts dès le début et même si je me l’étais caché pendant longtemps, aujourd’hui tout est différent, Nina est seule, moi aussi, on est brisés l’un comme l’autre et le réconfort que l’on trouve réciproquement nous permet de nous faire le plus grand bien, quoi de mieux ?

Je frissonne de sentir ses mains posées sur moi, de sentir ses lèvres frôler les miennes et je sens son corps se raidir un peu plus sous le mien qui se tend instantanément également. J’peux essayer de te faire des pancakes… J’ai un léger sourire parce que ça m’amuse de nous voir si proches, si prêts à se consumer l’un l’autre et puis, finir par parler de nourriture. Attends, d’abord je voudrais… Ma voix basse et rocailleuse s’arrête net pour laisser parler mes lèvres contre la peau de sa joue, descendant le long de sa mâchoire que j’habille de baisers, créant une ligne imaginaire vers sa poitrine, tentant aussi de n’omettre aucun centimètre lorsque je descends sur elle. Je suis stoppé par le caraco qu’elle porte mais embrasse quand même le satin qui recouvre ses seins, feignant une seconde peau à travers laquelle je sens ses mamelons pointer. Je n’ai pas forcément envie de la déshabiller, lui faire l’amour pour nous en arrêter là. Je préfère la faire languir, prendre le temps de lui donner réellement envie et peut-être la torturer un peu aussi, ça m’amuse. Une de mes mains se glisse contre sa cuisse dont je resserre simplement la chair alors que mes lèvres continuent leur chemin, arrivant bientôt contre son abdomen déjà légèrement découvert par le tissus remonté sur elle. Je soupire contre sa peau, baise son nombril et lèche avec la pointe de ma langue la partie de son ventre juste en dessous, débarrassant mon corps d’un seul geste le draps devenu trop gênant. Sa peau est salée et je me mets à mordiller quelques parcelles de son abdomen avant que mes doigts glissent sous son haut pour lui retirer complètement. La position me permet de jeter un coup d’oeil à Nina et je m’assure, par la même occasion, que tout va bien pour elle.

Un léger rire rauque et enfermé résonne au fond de ma gorge et sincèrement, si Nina ne s’était pas réveillée immédiatement, j’aurais eu le courage de lui préparer un petit-déjeuner digne de ce nom. Je ne suis pas doué pour les relations de couple, la preuve a été qu’avec Eden, tout était compliqué à un moment donné, mais là, avec Nina, je m’efforce de faire les choses correctement pour qu’elle se sente bien et qu’elle oublie les mois passés. Ca me fait autant de bien à moi qu’à elle de mimer une relation parfaite entre nous et même si je sais que ce ne sera pas éternel, je suis heureux de partager ces moments simples avec la brune. C’est très réconfortant. Je te les fait après… Que j’ajoute à voix basse tandis que mon corps commence à descendre sur le sien, faisant augmenter le désir criard au fond de mon ventre.

Le haut qui gênait tant à mes inspections se retrouve bien rapidement au pied du lit et après un vif coup d’oeil à l’américaine, je reprends mes baisers où ils s’étaient arrêtés. Ma bouche humide happe le sommet d’un de ses seins tandis qu’une de mes mains se laisse affrioler également par la poitrine de la brune. Lorsque je me suis lassée de cette dernière -bien que j’aurais pu rester ainsi des heures-, je m’en remets à son ventre que je cajole à nouveau, passant mes doigts sous l’élastique serré de son short léger pour le faire glisser le long de ses hanches puis de ses cuisses, emportant dans le même temps la dentelle qui habille ses fesses. Mes lèvres s’arrêtent sur le haut de ses cuisses, mordillant sa peau pâle et bleutée par endroit puis finissent contre son intimité douce et déjà humide. J’y loge ma langue, yeux fermés, le corps recroquevillé sur elle, les mains resserrant les draps alors que la tension qui s’éveille au creux de mes reins me fait délicieusement souffrir. Je veux tout d’elle, goûter la moindre parcelle de sa peau, sentir sous mes lèvres la rugosité de chaque partie de son corps et me l’approprier toute entière. Ma langue s’attarde sur le morceau de chair qui lui donne le plus de plaisir, m’en rendant compte par les expirations bruyantes de la jeune femme puis m’arrête seulement quand je n’ai plus de souffle et quand je sais que le désir est trop fort pour le finir seulement à coups de préliminaires. Je remonte sur son corps après avoir passé mon avant bras sur ma bouche, délitant le reste de salive mélangée à sa mouille contre mes lèvres et finis par lui donner quelques baisers le long de son cou pour finalement unir à nouveaux nos bouches, une main déposée contre sa nuque pour appuyer l’acte. Mes hanches s’appuient contre les siennes et je la laisse finalement maîtresse de la situation, en lui laissant le choix de retirer ou non la dernière parcelle de tissus qui nous sépare.

J’ai extrêmement chaud et mon dos commence littéralement à suer sous le désir brûlant qui m’anime. J’arrête mes attouchements seulement quand je sais que Nina pourrait atteindre l’orgasme juste avec ma langue et me redresse sur elle pour enfin libérer un peu de la pression qui nous assaille. Elle attrape une capote avant de retirer mon boxer et je soulève les hanches pour l’aider, baissant finalement le tissu jusqu’à mes pieds, nous laissant nus tous les deux. Je laisse ses mains expertes dérouler le film de latex sur moi et finis par retrouver ses lèvres quand elle termine. Ma langue épouse la sienne, nos lèvres dégoulinantes de salive parce que le baiser est appuyé, fort et intense. Je n’ai qu’à soulever sa cuisse pour la coller à mon bassin pour qu’enfin nos corps s’unissent et dans un grondement je finis par écarter les chairs chaudes de son intimité par le passage de ma queue tendue. Je ne suis bien que dans ses bras; cette réflexion me vient juste avant de me mettre en mouvement et mes idées s’envolent pour ne trouver dans mon cerveau que la brume d’extase qui enveloppe mon crâne. Mes doigts s’enfoncent dans la peau de sa cuisse diaphane et sa poitrine vibrant sous mon torse augmente l’excitation qui grouille dans mon ventre. Je défais notre baiser dans un soupir tout en reprenant mon souffle qui frappe désormais la peau de son cou. Mes mouvements ne sont pas brusques, ils prennent juste le rythme que ses soupirs à elle m’indiquent, appuyant parfois un peu plus quand je sais qu’elle ne souhaite que ça. Mon bras est posé contre le matelas pour m’assurer un certain maintien et la main qui l’accompagne glisse tendrement dans les cheveux de la brune pour que mes doigts caressent doucement son crâne. Je commence à m’habituer à nos ébats, comprenant mieux ce que Nina aime et la manière dont elle préfère que je la prenne même si je sais que quelque part, elle ne pourra pas oublier ceux qui l’ont unis avec Slavenko. La position me convient et je crois entendre qu’elle lui convienne à elle aussi. J’aime beaucoup trop sentir son corps sous le mien, pouvoir entrouvrir les yeux par moment et regarder son visage grimaçant de plaisir. Il n’y a que l’ampleur de sa jambe que je modifie parfois tout en appuyant contre cette dernière et lorsque je sens son intimité se serrer contre mon membre, j’intensifie les mouvements pour l’amener à l’orgasme qui nous fauche littéralement tous les deux quelques secondes plus tard. Je finis par reposer sa jambe, passer mon bras derrière sa nuque pour l’envelopper contre moi bien que la chaleur qui émane de nos corps est quasiment insupportable et c’est ainsi que je me repose, tendrement contre elle alors que nous ne sommes pas vraiment encore séparés. Je l’embrasse ultimement, furtivement et me décolle de son corps moite pour me remettre sur le dos, juste à côté d’elle, mon bras n’ayant pas quitté sa nuque. Je soupire en reprenant mon souffle ensuite, les yeux rivés au plafond et je m’étonne moi-même des seuls mots qui me viennent à l’esprit. Je ne sais jamais quoi dire après ça, tente seulement de réunir mes pensées pour essayer de les organiser au mieux et je ramène seulement Nina près de moi pour qu’elle puisse poser sa tête contre mon épaule. Tu sais Nina, je crois que je t’aime un peu trop. La révélation se fait basse, suivie d’un baiser au sommet de son crâne et mon bras qui l’enlace la resserrant un peu plus contre moi. Je souffrais de ne pas lui dire et même si la confidence est maladroite, l’idée principale est bien là, j’aime terriblement Nina et j’étais torturé à l’idée de ne pas l’admettre, c’est chose faite. Je ne suis pas sûr de m’en sentir davantage libéré puisque je crains énormément sa réponse mais quoi qu’il advienne, ce sentiment ne pourra jamais me quitter.

Je ne m’habitue pas au corps de Nina et ai l’intime impression de le redécouvrir à chaque fois que nos peaux se frôlent jusqu’à se brûler mutuellement. C’est ainsi que j’éprouve l’un des plaisirs les plus exquis qui ne m’ait jamais touché auparavant et bien que nos rapports soient fréquents ces temps-ci, je ne me lasse pas de remarquer des détails qui ne m’auraient pas interpellés auparavant. Alors, quand je me repose à côté d’elle, à bout de souffle et transpirant, il y a comme une sorte de béatitude qui m’enveloppe et qui me fait dire l’inavouable vérité qui stationnait au fond de moi depuis des mois. Je sais pertinemment que Nina n’en n’est pas choquée et qu’elle doit sûrement se sentir plus paniquée qu’autre chose mais je me contente de la regarder et d’acquiescer quand elle finit par me répondre. Oui, je sais. Je ne ressens aucune tristesse par rapport à ça parce que je me suis fait une raison et qu’il y a bien longtemps que j’ai renoncer à essayer quoi que ce soit avec Nina. Je me redresse sur mes coudes en quittant la nuque de la brune et finis par sortir: Je vais préparer le petit-dej, tu me rejoins ? Un franc sourire habille mes lèvres tandis que je me redresse pour attraper mon boxer et le passer pour finalement quitter la chambre. Je passe environ dix minutes à préparer la pâte à pancakes sachant que je ne suis pas très doué pour ça mais j’y parviens tout de même, arrivant au résultat escompté quand Nina daigne franchir la porte de la cuisine. J’te promets rien mais j’ai l’impression que ça va quand même. Que je lui lance, concentré à former un cercle parfait de liquide beige au fond d’une poêle chaude. J’ai sorti tout ce que Nina aime sur la table et elle n’a plus qu’à s’installer et accessoirement, manger. Cette image de couple parfait est assez satisfaisante et bien que nous ne soyons pas réellement dans une relation exclusive, les apparences sont assez conséquentes pour que chacun s’y sente bien de cette manière. Au fait, c’est la fête nationale, t’aurais envie de faire quoi ? Ce soir on ira voir le feu d’artifice à Manhattan, je sais qu’il est pas mal là-bas.

J’entends l’eau de la douche couler et je suis automatiquement un peu déçu que Nina ne m’aie pas attendu. Je sais que mes mots l’ont ébranlée et c’était inévitable mais il y a une part d’honnêteté en moi que je n’arrive tout bonnement pas à feindre et le poids que mes sentiments prenaient sur mes épaules me semblait un peu délesté avec cette révélation.

J’essaie d’être méticuleux et quand les pancakes semblent bien cuits, je les réunis l’un au dessus des autres dans une assiette conçue juste pour la brune. «J’en serais pas si sûr si j’étais toi... » Je finis par remplir mon assiette cette fois-ci et dès que je n’ai plus de pâte, je me retourne vers Nina pour lui apporter le petit-déjeuner. Je m’installe avec elle avant d’attraper la bouteille de sirop d’érable. «Bon app’.» Jaugeant l’expression de son visage lorsqu’elle prend un bouchée du met confectionné par mes soins, je finis par également goûter à la préparation, pas mauvaise en réalité. «Mh, ouais, du vélo pourquoi pas. On pourrait aller à Central Park, je crois pas y avoir été depuis l’été dernier… Le temps passe vite, c’est vraiment dingue.» Parfois il semble si long que c’en est assassin mais il n’y a aucun doute sur le fait que les jours avancent à une vitesse phénoménale et qu’on n’y peut foutrement rien.

L’ambiance a changé du tout au tout à partir du moment où on a tous les deux quittés la chambre et la chaleur qui y régnait nous rendait effectivement un peu plus suaves que nous sommes là, l’un en face de l’autre. Je suis content de savoir que mes pancakes soient bons et je souris doucement à Nina. C’est cool si t’aimes bien. Et je dois bien avouer que ça fait un bail que je ne l’ai pas vue manger de si bon coeur. Depuis leur séparation avec Slavo, Nina n’a effectivement plus goût à rien et je crois que tout ça revient petit à petit. Ah ouais ? Et tu vas faire quoi ? T’façon, ça va être dur de rivaliser avec moi. Je fais mine de me vanter mais suivre une recette n’a jamais rien eu de très compliqué je dois bien l’admettre.

On finit par se préparer et on décide de sortir parce que rester dans cet appartement est oppressant et pour moi, ça fait juste grimper la tension sexuelle qui stagne dans mon ventre. Ce n’est pas que c’est gênant parce qu’on pourrait très bien recommencer à copuler mais je ne suis pas sûr que ce soit vraiment éthiquement correct quand on sait que pour Nina, c’est une manière d’oublier, j’en suis malheureusement trop conscient. On grimpe dans ma voiture et je finis par prendre la voie rapide pour nous diriger vers l’Upper East Side, je me gare à proximité de central park et quand nous arrivons, je déclare: J’aurais vraiment aimé habiter dans ce quartier, ça a l’air énorme… C’est combien les loyers tu crois ?

L’idée d’être en couple avec Nina m’a toujours effleuré l’esprit et m’a toujours donné une envie viscérale. Je me le suis imaginé cent fois et j’ai toujours su que si ça arrivait un jour, ce serait certainement la meilleure chose qui puisse m’arriver au monde. Nina est clairement mon type de femme, trait pour trait que ce soit physique ou mental. Comme une pièce de puzzle qui s’emboiterait parfaitement avec moi. Pas dit qu’on n’aurait pas eu du mal à s’entendre quelques fois, mais je suis persuadé qu’on aurait vécu une plus belle histoire que le slave et elle. Ce qui est certain, c’est que j’aurais jamais pu lui faire du mal comme lui l’a fait et que si j’avais fait une connerie, je serais revenu déjà des dizaines de fois m’excuser. Bon, ça va, tu marques quand même un point, j’aime bien les viennoiseries. La question est: Qui n’aime pas ça ?

Rêver d’une autre vie fait partie de mon quotidien. Si j’avais été une autre personne avec des parents normaux, je serais resté à Washington, j’aurais fait des études, peu importe lesquelles et je me serais trouvé une petite-amie à qui j’aurais déjà fait certainement ma demande en mariage. Bref, une vie tout à fait banale pour un type banal. Sauf que j’ai jamais su faire dans les banalités, jamais réussi à garder un semblant de normalité et dès que j’avais entre les mains les cartes pour pouvoir avancer, je suis toujours tombé sur la case ‘recul’. Tout vient de mon père et je ne lui ferais jamais grâce de ce qu’il a bien pu engendrer. Si j’avais les moyens ? Franchement, j’aurais pris un duplex, style un peu industriel/ancien atelier avec des grandes baies vitrées du sol au plafond. Tu vois le genre ? J’aurais acheté des meubles un peu vintages mais contemporains quand même… Bref, un truc que j’aurais jamais les moyens de me payer quoi. J’ai un sourire puis un rire un peu déçu mais ça fait bien longtemps que je me suis fait à cette idée. Au fait ! T’es très jolie. Aller, c’est gratuit ! Je me penche vers elle pour lui voler un baiser furtif et me met en route pour sortir de l’habitacle. On a de la chance, il fait vraiment bon.

Être riche n’a jamais été une option pour moi. Ou un solution. L’argent a toujours manqué et manque toujours. Les seuls moments où j’avais assez pour m’acheter des choses qui étaient censées me faire plaisir, étaient ceux de l’époque où je dealais et en somme, quand j’avais entre les mains de l’argent sale. Je joue pas au Lotto et puis comment je pourrais devenir riche ? Alors ouais, j’pourrais faire comme cet américain qui a réussi à troquer un trombone avec un tas d’objets jusqu’avoir une maison... Ca prendrait des années et j’crois que j’pourrais même être mort avant d’avoir vraiment un truc de valeur. Et puis, être riche ça rend forcément un peu con, nan ? J’esquisse un sourire en essayant de penser à toutes ces personnes qui prennent la grosse tête une fois les poches remplies.

La main de Nina dans la mienne, le soleil sur nos têtes et le paysage qui se dessine sous mes yeux font que je ne pense plus à rien, que je profite du moment présent et c’est finalement que ce que mon esprit réclamait depuis des semaines entières. C’est ta saison préférée ? Je lève le nez vers les arbres qui nous entoure et on a beau n’être pas très loin du Bronx, j’ai carrément l’impression d’avoir changé de pays tellement tout est plus beau ici. On arrive rapidement à Central Park et je nous dirige vers les vélos de location en self-service. Ca doit faire dix ans que je suis pas monté sur un vélo, j’espère que je me casserai pas la gueule. Que je plaisante en rentrant mes informations sur la borne de location avant de m’emparer d’un vélo.

Hey, mais c’est encore une bonne idée ça. -Je ricane- Une chaîne youtube, j’pourrais p’t’être devenir influenceur tiens… Y’a pas besoin de grand chose pour faire ça, aujourd’hui suffit d’une belle gueule ! Donc ouais, pourquoi pas. J’ferais de la pub pour des tisanes et des repas minceurs. Je plaisante, évidemment. Jamais de ma vie je m’abaisserai à ce genre de choses, même si c’est pour gagner ma vie; je ne vois pas l’intérêt plaisant de l’activité.
Mhhh, t’as peut-être raison. Je conclus, dubitatif quand même.

C’est drôle de savoir que Nina aime la chaleur quand on connaît la pâleur de sa peau et je finis par lui sourire. Ouais… Je dirais pas non, non plus au soleil et à une île… Puis la misère est moins pénible au soleil à ce qui paraît. Je ne sais plus exactement qui a dit ça.

On se met à califourchon sur nos vélos et je tente de chercher un équilibre pour démarrer. Dis comme ça on dirait un jeu sexuel, fais gaffe. Je lui souris et pars devant, profitant de mon avance pour diriger Nina.

La journée passe rapidement et ce n’est pas seulement grâce au fait que nous ayons trouvé une activité qui nous convienne à tous les deux, c’est avant-tout parce qu’on s’entend très bien avec la brune et qu’une certaine alchimie nous lie indéniablement.