Un lit pour deux - Maleo

Malic n’a pas tort et je ressemble belle et bien à ma grand-mère, tant physiquement que mentalement. Cette femme est incroyable, à soixante-seize ans, elle arbore toujours des tenues excentriques, très élégantes et colorées. Ses cheveux sont souvent tirés en arrière mais son front est masqué par une mèche ondulée qui cache parfois une partie de sa joue et elle porte absolument toujours beaucoup de bijoux. Ses pieds sont chaussés de talons hauts et sa bouche éternellement colorée de rouge. Ma grand-mère a toujours été très indépendante et je crois avoir hérité de ce trait de caractère; non parce que j’aime la solitude mais surtout parce que je peux me débrouiller seule.

« C’est possible ! Franchement, je crois qu’on a été faites dans le même moule. » J’ajoute, un rire cristallin passant la barrière de mes lèvres.

Mon visage contre l’épaule du blond et l’horizon splendide que la Croatie nous offre me paraissent tirés d’un rêve dont le réveil est si loin qu’il ne parviendra pas à m’en sortir de si tôt. Je profite pendant un long instant de ce moment qui nous apaise certainement tous les deux et je me découvre si paisible que cela me surprend étrangement.

« Je ne suis pas une très bonne nageuse tu sais ? Je ne suis pas sûre de pouvoir m’éloigner énormément du bord, je préfère rester là où j’ai pied ! » Je n’ai jamais énormément pratiqué de sport si ce n’est la course à pied une fois de temps en temps quand l’envie me prend. D’ailleurs, il me paraît loin le temps où nous avions décidé de courir ensemble, Malic et moi.

Nous avançons dans l’eau et je n’ai aucune difficulté à m’habituer à la température, contrairement au policier qui me tire un rire. « Je ne suis pas si méchante ! Et elle est bonne pourtant ! » J’arrose ma nuque avant d’avancer davantage et finalement me retrouver complètement immergée bien que mes pieds touchent toujours le sable tout au fond. Je finis par attirer Malic à moi et entoure son cou de mes bras avant de l’embrasser à nouveau, terriblement passionnément, avec une envie viscérale de me coller à lui quand je sais qu’il serait plus prudent de mettre un peu de distance entre nos peaux.

"Même pour un bon nageur, la mer de nuit c'est traitre, je n'irai pas non plus là où je n'ai pas pied !!" Je n'irai pas non plus loin d'elle. Ce bain de minuit est clairement un jeu amoureux, je crois qu'on a tous les deux une conscience aigüe.

Ce voyage n'avait pour but que de nous rapprocher, loin de nos obligations, des enfants, du quotidien qui nous ligote d'habitudes, de peurs et bienséance. Ici, il n'y a que nous deux. Deux adultes dont l'un au moins est trop pudique ou empoté. Ce n'est pas l'eau froide qui me fait frissonner et érige ma peau en chair de poule, c'est le contact des doigts de Leo autour de mon cou. La chair souple de ses seins qui s'écrase contre mon torse quand j'ose l'attire un peu plus vers moi, mes mains sur ses hanches. Sa bouche trouve la mienne, dans un de ces baisers brulants dont elle a le secret et qui me font chavirer d'une façon que je n'ai jamais connue. Le flot de désir me submerge alors que nos langues se titillent, jouent, s'apprivoisent. Avec une lenteur hésitante, pourtant à l'abri de l'eau, je glisse une de mes mains sur sa chute de reins, puis sur ses fesses au maillot de bain mouillé. Même sous l'eau sa peau est douce, chaude, attractive et le désir me crispe le bas ventre.

Le souffle coupé, enivré de sensations nouvelles, je pose mon front sur celui de Leo. On a toujours pied, heureusement, et j'adresse un sourire ébloui à la sirène qui m'a attiré dans ses filets. "Tu es si belle, Leo. Je t'aime." C'est une évidence. Dès le premier jour, je l'ai trouvée non seulement attirante avec ce petit plus qui vous donne envie d'entrer dans la vie de quelqu'un.

Tous mes sens s’éveillent au contact de la peau du blond et si l’eau n’est pas si froide, j’ai pourtant l’impression que mon corps entier est traversé par un frisson gigantesque qui hérisse même la base de mes cheveux. Je finis par me porter à lui, embrasser ses lèvres d’une manière dont je n’avais plus l’habitude et ses mains sur moi qui m’incitent à me rapprocher davantage m’électrisent complètement.
Ce week-end nous permet non seulement d’apprendre à mieux nous connaître mais aussi de nous rapprocher et j’en ai totalement conscience, en joue presque. En tant que femme adulte, je crois avoir été assez patiente jusqu'à maintenant sachant toute l’attirance que j’ai pour Malic et toutes ces fois où je me suis retenue de lui sauter dessus. Le vin plus tôt consommé me permet également de me lâcher un peu plus qu’à l’accoutumée, pas du tout conditionnée pour avaler plus d’un verre et demi de vin !

Je me sens néanmoins faillir à l’instant où les mains masculines se posent un peu plus insidieusement sur moi, plutôt surprise mais pas dérangée pour autant. Mon ventre se tord et mon souffle s’accélère un peu plus tandis que Malic rompt le baiser. Son sourire attire le mien et un léger rictus timide s’installe à la place sur mes lèvres quand il articule sa révélation qui me fait rougir. Les yeux fermés et le front contre le sien, je prends une inspiration qui est censée me ramener sur Terre sans jamais y parvenir et déclare à mon tour: « Moi aussi. Je t’aime tellement… » Nous tombons dans un silence rassasiant et je suis comblée des sentiments qui s'emmêlent en moi, grâce auxquels mon coeur bat présentement. Je finis par revenir à moi, comme si j’avais été transportée durant un moment et rouvre les yeux sur Malic, les lèvres bercées par un sourire tendre. « C’est ta méthode pour pouvoir me peloter tranquillement, hum ? » Je ris légèrement et mordille ma lippe inférieure avant de revenir chercher les lèvres du blond plusieurs fois rapidement avant de continuer : « Je plaisante… Je sais que tu n’es pas si fourbe. » Je reprends notre baiser sulfureux de tout à l’heure avant d’aventurer mes mains sous l’eau à mon tour cherchant la lisière de son maillot, parcourant timidement sa peau.

Je trouve ça extraordinaire de dire je t'aime et de le recevoir en retour. Moi aussi je me complais dans le silence de notre contemplation mutuelle ponctuée de caresses furtives et de baisers doux. Je me fends d'un joli rouge pivoine aux joues avant de rire, un peu gêné tout de même ! "tu me penses plus sage que je ne le suis. J'avoue que c'était dans mes plans de te peloter sous l'eau." J'ai un peu de mal à utiliser le même mot qu'elle, mais j'y parviens ! Avec un peu de pratique, je suis sur que je me montrerais moins pudique, au moins en tête à tête ! Je sais mes réactions adolescentes, mais je ne trouve pas ça mal de prendre notre temps et d'avoir recours à de petites ruses. Ses mains sur mon ventre me font tressaillir doucement, en ondes de chaleur.  

Je remonte sagement mes mains sur son dos, les sortant de l'eau alors que l'eau nous ballotte de ses vagues. je caresse ses épaules et le haut de ses bras en un geste aérien. Même les pieds ancrés dans le sable, le mouvement des vagues nous portent tantôt l'un vers l'autre, tantôt nous éloignant. "Je commence à avoir froid. Si...si on rentrait au gîte ?" J'esquisse un sourire parce que je crois qu'on ne sera pas dupe de ma volonté d'un endroit plus intime qu'une plage. Je ne cherche pas réellement à le dissimuler; et puis j'ai réellemet froid !

Je sors de l'eau sur la plage, m'enroulant aussitôt dans ma serviette après m'être laissé égoutté quelques instants ! Je me risque à une dernière gorgée de vin pour vider mon verre, en une tentative pour me réchauffer et me détendre ! Je ressens une drôle d'impatience teintée de pression à l'idée que nous allons nous retrouver tous les deux seuls dans le logement. Il est difficile de ne pas avoir de pensées orientées vers le sexe et j'avoue que ça me met mal à l'aise avec moi-même. Ça ne me ressemble pas. Alors que je range les vestiges du pique-nique, j'en suis à me dire que ce n'est pas le bon moment ! Je crois bien que je panique un peu.

Malic est d’une timidité touchante et je souris, attendrie, face à ses propos. Un léger rire solaire me sort de la gorge tandis que les mains du blond posées sur moi me font l’effet d’une caresse délicieuse. Honnêtement, si faire l’amour dans l’eau et dans un endroit paradisiaque comme celui-ci est pour moi un fantasme, je crois préférer le confort d’un lit pour une première fois et je crois que ce n’est pas le policier qui contestera avec ça. « Tu caches très bien ton jeu alors. » J’embrasse furtivement ses lèvres avant de sortir les mains de l’eau et de caresser quelque peu ses clavicules, Malic faisant de même. L’idée de rentrer ne m’est pas dérangeante, bien au contraire, il me tarde de lui sauter dessus, frustrée comme je suis, je ne pense pas rester prude encore très longtemps ! « Allons-y ! »

Nous finissons de ranger la nappe, les couverts et les assiettes et tandis que Malic porte le panier, je m’occupe de nos affaires, enroulée dans ma serviette. Je ne me suis pas rhabillée parce que sur le coup, cela m’a semblé bien inutile ! « Je suis vraiment contente d’être ici avec toi, ça fait une éternité que je ne me suis pas sentie aussi bien. » Et je ne mens pas, le nombre de fois où j’ai pris le temps de faire quelque chose uniquement pour moi, peut se compter sur les doigts d’une main !

Nous arrivons au gîte et instantanément la porte franchie, j’ai l’impression de devenir rouge tomate à force de penser à la suite des événements. Je dépose nos affaires sur la table alors que Malic referme la porte à clé. Prenant une inspiration profonde et silencieuse, je m’approche du blond alors qu’il me tourne toujours le dos, dépose mes mains contre ses épaules et l’incite à se tourner pour me faire face. Mes doigts se glissent contre le bombé de sa joue et me hissant sur la pointe des pieds, je l’embrasse de nouveau, d’un de ses baisers sulfureux qui nous happe de désir. Et malgré tout, je me sens un peu hésitante, un peu timide aussi parce que je connais très bien Malic mais que l’intimité reste une partie très sombre de notre relation, ce qui ne me facilite pas vraiment la tâche. Je dégage d’un mouvement rapide la serviette qui trônait jusque là sur mes épaules et défait nos lèvres, imbibées de notre salive respective. Je déroule un bras jusqu’à la main de Malic que je finis par attirer avec moi jusque dans la chambre. Je retiens un peu mon souffle, dégage une assurance dont je ne connais pas du tout la provenance et finis par me hisser de nouveau sur mes pieds, me portant jusqu’aux lèvres du blond que j’assassine finalement d’un baiser chaud et langoureux.

"C'est la même chose pour moi, il y a tellement longtemps que l'un et l'autre on n'a pas pris de vacances pour soi. On les méritait non ?" Et on méritait aussi de donner un élan à notre relation naissante. Je n'aurais même pas envisager qu'on puisse faire l'amour dehors ! Ma pudeur ne s'en remettrait pas. Déjà, sur le chemin du retour, je me demande si je n’interprète pas les signaux de travers, l’affection, l'amour, le désir peuvent être présent sans vouloir forcément mener au sexe. Mais notre entrée dans le gîte et la façon dont Leo revient à moi balayent mes doutes en une fraction de seconde.

Je me tourne vers elle pour retrouver sa bouche encore fraiche de la mer, légèrement saline et si fondante à la fois. Leo s'écarte, dévoilant la peau nue de ses épaules, son cou gracile au port de reine, sa poitrine couverte à peine du maillot de bain encore mouillé qui se souligne ses formes. C'est elle qui prend l'initiative, et je lui en suis reconnaissant. La chambre précise nos désirs, le lit pour deux les cristallise. Le baiser de Leo à cet instant se fait si passionné qu'il étouffe mes craintes. Je crois que la jeune femme sait bien ma pudeur mais aussi, je le confesse non sans un peu de honte, mon manque d'expérience malgré un mariage de quasiment quinze ans, c'est un comble.  Zarko se moquerait de moi, mais mon émancipation n'est pas totalement consommée et le sexe hors mariage a le coté terriblement tabou d'une éducation trop traditionaliste.

Le désir flambant dans mes veines est un délicieux catalyseur et j'enveloppe Leo de mes bras, une main posée dans le creux de ses reins, l'autre caressant son dos dans le même geste que dans l'eau. Mes doigts accrochent la ficelle du haut de bikini et j'ose la dénouer pour faire tomber l'obstacle de tissu entre nous. Mon souffle se fait erratique et je m'écarte juste assez pour retirer le soutien, et chercher l'approbation dans le regard de la jeune femme dont la beauté me coupe le souffle. Pour me donner du souffle, j'attrape les mains de Leo dans les miennes, et m'aidant de son équilibre, j'ôte mes chaussures du bout du pied. Je dois être ans une joli teinte cramoisie, comme elle même a les joues d'un rose soutenu. Cette fois, je fais le premier pas pour revenir chercher sa bouche, nos baisers langoureux étant le meilleur moyen de diluer la timidité. Dieu comme j'ai envie de cette femme !

Je me fais initiatrice alors que ma timidité me consumerait presque autant que celle de Malic ne lui serrerait la gorge. Je ne suis pas totalement à l’aise quand nous nous retrouvons tous les deux dans la chambre, ne sachant réellement par quoi commencer. Découvrir l’autre est une chose monstrueusement compliquée il me semble et Malic, qui a reçu une toute autre éducation que moi, doit être dans un état bien plus complexe que le mien. Malgré tout, le désir qui vient faucher ma timidité me permet, entre autre, de venir chercher les lèvres du blond avec une telle avidité que j’ai l’impression que l’acte d’amour commence dès à présent. Les mains masculines qui parcourent mon dos me font frissonner et je prends une inspiration profonde lorsque je sens la ficelle du bikini se délier entre les doigts de Malic. J’ai l’impression de revivre ma toute première fois et je me sens bête à l’idée de le faire remarquer à mon compagnon.

Un premier bout de tissus tombe à nos pieds avant que Malic ne se déchausse en tenant mes mains que je serre entre mes doigts. Je me sens tout à coup fébrile quand mes yeux tombent sur le renflement de son maillot et je déglutis légèrement en remontant un regard fauve sur son visage, assombri par le manque de luminosité de la pièce, ce qui n’est pas sans nous aider. Mes joues brûlent autant que l’impatience dans ma poitrine et dans un mouvement gracile, je nous fait reculer jusqu’au matelas qui semble nous attendre depuis des lustres, incite Malic à s’asseoir pour mieux me hisser sur ses genoux et passe mes mains en traçant un chemin sur sa peau, du haut de ses pectoraux jusqu’à ses joues que je maintiens derrière mes doigts. Je récupère ses lèvres à nouveau, plonge ma langue dans sa bouche en fermant les yeux, frissonnant de la flamme grandissante au creux de mes reins. J’oublie notre timidité et les difficultés pour y faire face, oublie même de demander le moindre consentement lorsque mes hanches butent contre les siennes, lorsque je crois prendre feu quand je sens entre mes cuisses tout le désir qui consume Malic aussi.

Leo me pousse doucement jusqu'à ce que je tombe assis sur le lit et elle s'installe sur mes genoux dans un geste fluide qui me consume. Nos caresses et baisers à la fois enflammés et sensuels ont le goût de préliminaires délicieux qui embrasent mes sens et mon désir. J'enveloppe Leo de mes bras, sa peau de soie glisse sous mes doigts brulants. La douceur de ses seins s'écrasant sur mon torse m'extirpe un gémissement approbateur. Nos corps se cherchent lentement, au delà de la pudeur. Je sens son bassin contre le mien, mon érection se nichant contre son corps, le tissu faisant encore obstacle le temps que nous nous apprivoisions. J'apprécie que comme moi elle ne cherche pas à forcer les choses. La lenteur de notre découverte est nécessaire pour abattre les murs de tabous et de pudeur.

Nous nous allongeons par confort, et nos jambes s'emmêlent, nos corps au plus près. Je cherche son regard entre deux baisers qui se font et se défont. J'ai besoin de lire le reflet du désir que j'éprouve. Je m'enhardis en caressant son corps, prenant enfin dans le creux de ma paume un sein menu dont la sensualité me noue la gorge. Je joue avec la pointe rosée qui réagit sous mes doigts, découvrant peu à peu le corps de Leo et ses envies. Instinctivement, nos corps se frottent, ondulent en des vagues douces qui font monter la tension. A nouveau hésitant, je me fige, la main sur le bas de son bikini. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas poser de question stupide qui briserait le charme et - suffisamment lentement pour que Leo m'arrête si ça ne lui convient pas - j'entreprends d'ôter cet obstacle entre nous.

Je sentirais presque mon coeur se décrocher en me positionnant sur Malic, les détails de la nuit qui s’approche se précisant de plus en plus dans mon crâne. Je souffle de désir, inspire puis relâche mes poumons à mesure que les mains du policier s’échouent sur moi, font monter le feu qui tourbillonne dans ma poitrine et dans le bas de mon ventre depuis de longues minutes. Mes paupières sont fermées et mes gestes naturels, comme si ce moment m’avait été répété des centaines de fois et que je l’attendais depuis des lustres.

Allongés, je me colle au plus près de Malic, m’abreuvant de son souffle, de ses baisers et de la chaleur qui émane de son corps comme si ma vie en dépendait désormais. Je me stoppe un instant, relève les paupières avec lenteur et croise le regard du blond un léger sourire aux lèvres. L’approbation se lit sur mon visage et je soulève les hanches pour faciliter la glisse du tissu sur mes jambes. Le contrast entre la fraîcheur de mon maillot et la chaleur de mon corps me tire un frisson et je reviens finalement chercher ses lèvres, un frisson parcourant mon échine. Je fais de même avec son boxer que j’ôte avec une facilité déconcertante, poussée par le désir qui m’anime indéniablement. Je n’ose pas encore m’approprier le corps de Malic mais je me presse assez contre ce dernier pour lier mon envie à la sienne.