Le haricot magique - Slavina

"Je sais srce, mais on a encore quelques mois avant la naissance. On a tout le temps de s'occuper de l'étage après. On ne peut pas tout faire en même temps mais on s'en occupera, t'en fais pas zlato." On avait planifié comme ça, en soi savoir qu'elle est enceinte plus vite que prévu ne change rien. Il nous reste au moins huit mois.

"Dans deux semaines je pense que tout sera fini. La cuisine et les chambres. On pourra aménager le bas et s'installer. Et on prendra une femme de ménage, je ne veux pas que tu t'épuises pour ça." J'ai bien retenu qu'elle devait se ménager au maximum, ça je l'ai compris depuis les malaises et les recommandations des médecins et je peux au moins veiller à ça. A son approbation concernant la salle de bain, je caresse à nouveau sa joue d'un geste doux.. je me penche pour happer ses lèvres dans un bref baiser tendre avant de laisser mon front près du sien. "C'est le principal. Si tu as des suggestions pour les chambres, c'est maintenant parce qu'ils vont attaquer cette semaine. Tu es sure de toi pour les coloris ? Pas envie de changer ?"

Je sais, je sais bien, je ne m'inquiète pas... Ouh le vilain mensonge, mais il me connaît suffisamment pour savoir que j'essaie seulement de le rassurer. Il est évident que je m'inquiète plus que de raison. Je suis de toute façon déjà de nature anxieuse, alors je n'ose pas imaginer à quel point les huit mois à venir vont être un véritable calvaire pour moi. Parce que je suis malheureusement beaucoup trop impulsive pour être capable de tout planifier à l'avance. Ce serait rassurant, pourtant, d'établir un planning pour être certains d'être dans les temps pour la naissance du bébé, mais en une semaine on est capables de se séparer, de se remettre ensemble, de partir au bout du monde et de vendre la maison. Difficile de se projeter dans ces conditions.

Dans un froncement de sourcils désapprobateur, je secoue la tête. On n'a pas besoin d'une femme de ménage, je suis pas malade, je peux passer un coup de balai ! S'il commence à m'empêcher de faire des choses aussi nécessaires que faire le ménage maintenant, je n'ose pas imaginer les restrictions auxquelles il a l'intention de me soumettre quand j'aurais dix kilos de plus ! Il faut qu'on appelle le propriétaire, pour lui dire quand on s'en va... J'aime bien l'appartement dans lequel nous sommes, mais je ne suis pas mécontente d'en partir, j'ai toujours rêvé de vivre dans une maison avec un jardin, et à New-York vu les prix de l'immobilier ç'aurait été absolument impossible.

Je ne m'attends pas à ce qu'il m'embrasse, et la sensation de ses lèvres sur les miennes, aussi brève soit-elle, me fait complètement perdre pied. Mon cœur loupe un battement ou deux avant de repartir sur un rythme infernal, mon regard s'embue dangereusement, et je jette sans réfléchir mes bras autour de son cou pour l'attirer plus fort à moi. Dans le mouvement, mon dos heurte le mur et je me hisse sur la pointe des pieds pour reprendre sa bouche dans un baiser plus avide. J'ai oublié qu'il m'avait posé une question, je crois.

"Tu vas déjà travailler beaucoup pour ta boite et le ménage n'est pas une activité aussi passionnante que tu puisses pas t'en passer srce... Fais
-moi plaisir humm ? On trouvera bien à s'occuper ce temps-là..." En faisant en sorte qu'elle se repose ! Je ne démords pas de l'utilité de lui ménager des moments de tranquillité. "Je m'occupe de ça dès que je suis sur pour la date. Et je m'organiserais pour les déménageurs" Je peux me charger de l'organisation, par téléphone c'est simple et plus facile pour moi qui parle la langue.

Attendu que c'est tendu entre nous depuis le verre en terrasse, je reste surpris de sa réaction simplement pour ce geste esquissé, qui est toutefois signe de ma bonne volonté à ce qu'on ne reste pas fâché. C'est un pas énorme pour moi qui ait toujours peur de me faire rabrouer et préfère en général rester à l'écart jusqu'à temps qu'elle m'autorise à revenir. Cette fois, ce pas que j'ai fais paye puisque je me retrouve contre sa bouche à changer un baiser passionné qui brusquement embrase mes sens aussi fort que le soulagement qu'il me procure. Ma main glisse de sa joue à sou cou, caresse sa gorge dans un geste sensuel, possessif, revient sur le coté de son visage en fouillant dans ses cheveux. Je ne lâche pas ses lèvres, noue ma langue à le sienne dans un besoin irrépressible de nous lier. Mon corps épouse le sien, la coinçant entre moi et le mur. Ma main libre, posée sur sa hanche, fouille sous le haut pour le tirer hors de sa jupe. J'adore ses tenues quand elle va au bureau. Je caresse un coin de peau sur son ventre.

Je ne peux pas à la fois me plaindre qu'il ne se soucie pas de moi, et l'envoyer paître quand il me demande de me reposer. C'est très souvent un casse-tête mais j'essaie de rester cohérente dans mes reproches, vous voyez ? Alors je capitule en hochant la tête. D'accord, on prendra une femme de ménage. Je ne sais pas bien avec quel argent on va la payer vu le ratio dépenses/gains en ce moment, mais je ne pose pas la question.

Question qui se délite de toute façon dans le baiser qui nous lie, et me surprend moi aussi. Je serais bien incapable d'expliquer ma réaction clairement démesurée en comparaison de ses gestes hésitants, mais je ne suis plus en état d'analyser. Je crois que je mourrais sur le champ s'il ne me rendait pas ce baiser à la hauteur de l'urgence qui s'est emparée de moi. Sans exagération aucune, bien entendu. Je gémis tout bas contre ses lèvres, les sens embrasés par le contact de sa main sur ma peau. Il a ôté son pull en sortant de la voiture, mais son tee-shirt est déjà un obstacle de trop et je tire dessus pour m'en débarrasser, insistant jusqu'à ce qu'il lève les bras pour m'aider à l'ôter. Je plaque une main sur sa peau, et je pense à tendre le bras pour claquer la porte de la salle de bain, nous isolant tout à fait.

je ne pensais pas qu'elle voudrait m'oter mon tee-shirt sachant que ce geste va forcément nous entraîner à baiser ! Il y a les ouvriers de l'autre coté mais dès que la porte claque, je les oublie dans la vague de désir qui vient balayer l'angoisse. Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, comment on peut passer du fait de ne pas oser se prendre la main à celui d'être en train de se déshabiller dans la salle de bain ? Je ne me pose plus la question quand à nouveau sa bouche retrouve la mienne. Je m'empresse de tirer sur son chemisier, de défaire ses boutons pour venir empaumer un sein.

J'adore sa poitrine, plus lourde depuis sa grossesse, je m'en rends bien compte à présent. C'est réellement le seul changement physique que j'ai pu constater, son ventre était toujours plat et musclé, à ma voleuse sportive. Mon baiser se ralentit, plus langoureux comme je presse et malaxe son sein, titillant la pointe qui se dresse sous mon traitement. Je frotte sa peau, celle de son ventre, reprends le sein dans ma paume, furieusement excité, déjà enragé après elle. Je relève sa jambe pour l'amener à ma hanche. Je suis trop grand malgré ses talons et je la hisse vers moi pour continuer à l'embrasser en pressant mon bassin, ma queue dure dans mon froc, contre sa culotte. J'écarte celle ci pour fourrer mes doigts contre son sexe, la touchant sans douceur pour sentir sa chaleur, les palpitations. Je tourne autour de l'entrée mouillée avant d'y pousser mes doigts, lentement dans un grondement excité.

Il n'y a jamais de malentendu quand on baise, jamais d'incompréhensions, de non-dits, de tabous ou de colère. Tout est simple, fluide, naturel, et je me fais la réflexion qu'on devrait juste passer notre vie au pieu, ça nous simplifierait drôlement la tâche. Je n'ai en fait même pas besoin de comprendre ce qu'il m'arrive, je sais seulement que je le veux maintenant, et que mon envie de m'envoler pour la Louisiane s'est gentiment fait la malle. Je couine quand il prend un sein dans sa paume, ma poitrine commençant à devenir vraiment plus sensible sans que ce soit encore trop douloureux. Suivant son impulsion, je me hisse sur la pointe des pieds, m'accroche à son cou d'une main, retroussant ma jupe de l'autre. Je mords sa bouche furieusement quand il plonge ses doigts en moi, autour de sa main mon sexe se contracte, cherche à le retenir encore, à l'amener plus loin. Je tremble de désir, ferme les yeux pour tenter vainement de faire refluer le rush de plaisir qui me saisit toute entière. Putain, encore... Tout en léchant sa bouche, je tente de défaire sa ceinture d'une seule main, ce qui s'avère compliqué surtout dans l'état de fébrilité où je me trouve.

Elle est chaude et moi j'ai envie d'elle. mes doigts se font plus brutaux, possessifs, mais elle galère avec mon froc et je suis fébrile. Je récupère mes deux mains pour défaire moi même ma ceinture militaire en grondant contre la bouche de Nina "Attends, laisse-moi faire, jebote" Mon froc à peine baissé, avec le caleçon, je ramène avec brusquerie Nina contre mon corps. Ses seins s'écrasent sur mon torse nu, peau contre peau dans cette décharge électrique qui me fait encore grogner, animal en rut.

Quand enfin je suis libéré, la jupe de Nina retroussée, je me contente d'écarter sa culotte pour enfin nous lier d'une poussée rude. Je n'ai aucune retenue, aucun contrôle parce qu'elle ne m'en impose aucun. Au contraire, elle est plus fébrile que moi et ça me déchaîne, me pousse à une débauche de brutalité dans ce besoin qu'elle soit à moi, qu'elle crie sous mon joug, qu'elle s'accroche à mon coup, jouisse de mes coups de reins. C'est une spirale, son besoin nourrit le mien et vice et versa. Mes doigts s'incrustent dans sa chair au rythme violent de notre union, ma bouche mord sa chair sans son cou entre deux halètements. Peu importe l'inconfort de la position, je ne le sens pas, engloutis par le plaisir et ce besoin exigeant que je satisfais sans modération aucune jusqu'à l'explosion brutale des sens.

Un geignement plaintif, de frustration pure, m'échappe quand il retire ses doigts. Je me sens aussitôt démunie, orpheline de la sensation de son corps qui emplit le mien, et un instant je tire sur son poignet sans comprendre qu'il essaie de m'aider à le déshabiller. Il faut qu'il me repousse pour que je réalise ce qu'il se passe, et je me raccroche aussitôt à son cou, prenant appui sur mes pieds pour me hisser vers lui, le laisser me soulever pour me permettre d'enrouler mes jambes autour de lui. Notre différence de taille rend l'acte vraiment compliqué autrement sans qu'on soit obligés de se contorsionner tous les deux, et je n'ai pas envie de me contorsionner, j'ai envie de plaisir brut et rapide. Complètement oublieuse de l'endroit où nous sommes, ou plutôt des gens qui s'y trouvent avec nous, je gémis sans retenue, grondant mon plaisir entre deux halètements, le corps parcouru de décharges brûlantes à chacun de ses coups de reins. Il me mène très haut, très vite, et je rends les armes dans un feulement, mon corps pressé autour du sien.

Le temps s'allonge à l'infini jusqu'à ce que je reprenne mon souffle, repose les pieds au sol en tremblant. Je cligne des yeux en essayant de comprendre ce qu'il vient de se passer, et la raison pour laquelle ça a dégénéré ainsi... Cela dit je préfère de loin quand ça dégénère de cette façon que dans les cris et les larmes. Je passe une main sur mon visage, et j'aperçois dans le reflet du miroir la marque rouge de sa morsure sur ma gorge. S'il me marque encore, c'est qu'il me veut encore... Je me raccroche à cette idée en venant chercher sa chaleur à nouveau.

On a pas du mettre 5mn pour baiser et sincèrement la décharge me laisse haletant, déconnecté. Je la pose par réflexe au sol et appui ma main au mur pour reprendre mon souffle et mes esprits. je suis débraillé, ma peau est moite, marbrée de rouge par les traces des mains de Nina qui s'est accrochée à moi et je crève de chaud ! Quand j'ai récupéré un semblant de conscience, je n'ose dire d'intelligence, je me penche pour prendre d'autorité un baiser à Nina qui revient vers moi. Je gronde bas un rauque"volim te" plein de satisfaction très mâle.

Je prends sur moi de m'écarter et me rhabiller parce que je vais devoir gérer notre sortie de la salle de bain ! Je remonte et referme mon treillis avant de ramasser et remettre mon tee-shirt. Je vais au lavabo pour me passer de l'eau sur mon visage rougit. "Bon sang srce...Je commence à bien aimer tes hormones." J'ai un petit rire en essuyant mon visage contre ma manche. Je m'approche à nouveau de Nina pour quémander un autre baiser avant de mettre au point notre plan de sortie "Bon, je te laisse te rhabiller, je vais aller occuper Javic pour que tu sois tranquille." Je n'ai pas tellement envie qu'on dévisage ma femme même si bien sur on va m'envier, c'est certain !

Là, tout de suite, j'aurais typiquement eu besoin de rester dans ses bras, de profiter de la tendresse qui d'ordinaire suit le sexe, mais je sais que ce n'est ni l'endroit ni le moment pour ça. Une sensation de froid m'étreint quand il s'écarte de moi, et je frissonne en rabaissant maladroitement ma jupe. Je lève sur lui un regard surpris à sa réflexion, l'idée que ça puisse être les hormones ne m'a pas traversée un seul instant. Pourtant, je crois bien avoir lu quelque chose sur la libido parfois débridée des femmes enceintes... Mais comme avec Slavenko, ma libido a toujours été débridée, c'est difficile de faire la différence ! Je dois me faire violence pour ne pas l'enlacer, le supplier de rester encore un peu avec moi quand il m'embrasse, toujours trop brièvement. Mais je le laisse s'éloigner en acquiesçant sagement. D'accord, je te rejoins...

J'inspire longuement quand il sort de la salle de bain en fermant derrière lui, et je me passe à mon tour un peu d'eau fraîche sur le visage. Sortir séparément ne changera pas grand chose, il n'y a aucun doute possible sur ce qu'il s'est passé dans la salle de bain tant on a tendance à être bruyants... Enfin surtout moi. Je me recoiffe sommairement, du mieux que je peux puisque je n'ai pas de brosse, et je remets mon chemisier correctement avant de sortir à mon tour, les joues roses. Slavenko est dans l'entrée avec Javic, et un ouvrier me dévisage lorsque je les rejoins. Je baisse le nez pour réaliser que j'ai boutonné mon chemisier de travers. Bravo Nina, bien joué. Je me glisse près du slave et demande d'une voix un peu trop rauque encore : On y va ?

J'ai donné à Javic une rallonge de pognon pour la rapidité des travaux - extra gagné lors de ma mission à Belgrade - quand Nina me rejoint. Je passe mon bras autour de ses épaules pour la caler contre moi, serrée et protéger, avant de serrer la main du maître de chantier. Je passe tous les jours, mais demain je ne pourrais pas, pourtant je ne lui en dis rien, qu'il pense donc que je vais venir, ça lui évitera de relâcher ses efforts. On regagne la voiture direction l'appartement, il est presque déjà 18 heures.

"Tu sors pas ce soir mon ange ? Je te propose qu'on se fasse une soirée pizza au pieu devant la tv...ça te dit ?" En général, la tv de la chambre, même quand on l'allume, on ne voit pas rien de ce qui s'y passe. Mais on peut toujours mettre une chaîne musicale ou un film porno, ha ha ! En tout cas, je n'ai pas envie de bouger ni de faire quoique ce soit qui ne soit pas en rapport avec Nina contre moi et moi contre Nina d'ici demain. Parce que demain la journée sera longue et qu'on a besoin de se ressourcer avant. Moi en tout cas j'en ai besoin. Et c'est Nina ma source. J'ai une irrépressible envie de la câliner et plus si affinités, toute la soirée, toute la nuit au besoin ! Voilà le programme de la soirée, assez de tension pour aujourd'hui, demain aura son lot.

Je laisse Slavenko nous ramener à l'appartement, et sa proposition me fait froncer les sourcils un instant. Je ne crois pas que j'avais quelque chose de prévu ce soir, mais je me sens de toute façon trop fatiguée pour sortir. La journée aura encore une fois été riche en émotions, et quelques heures plus tôt je n'étais plus très sûre de finir ma nuit à Sarajevo. Ces montagnes russes émotionnelles commencent à être éprouvantes pour mes nerfs. Oui, bonne idée, j'ai besoin de me poser. Heureusement notre future maison n'est pas très loin de notre appartement actuel, et on peut rentrer rapidement. Y a pas à dire, la Mercedes est quand même confortable aussi bien en tant que conducteur que pour le passager, et c'est moins dérangeant que de toujours emprunter les bagnoles des autres.

Il n'est pas très tard, pourtant à peine la porte de l'appartement passée, j'ai l'impression que la fatigue s'abat sur moi telle une chape de plomb. Je pose mon sac à main dans l'entrée, ôte mes chaussures et ma veste. Je vais faire couler un bain... Je n'ose pas vraiment lui demander explicitement de m'y rejoindre, ce n'est pas parce qu'on vient de baiser que toute ma gêne est envolée, même si je me sens assurément moins tendue que cet après midi. Je lui vole un baiser en passant près de lui, et je m'échappe dans la salle de bain pour y préparer un bain chaud rempli de mousse. Je m'installe sur le bord de la baignoire en train de se remplir, passe une main sur mon visage aux traits tirés. Je n'ai pas encore vomi ce soir mais je me sens nauséeuse malgré tout, et je ne suis finalement plus sûre de vouloir manger une pizza.

Elle dit vouloir un bain et je hoche la tête, répondant à son baiser avec un sourire "ok, moja ribica, je vais commander." Je n'ai pas cette même sensation de malaise qu'elle a, je ne m'en doute pas, on s'est certes un peu accroché mais il n'y a pas eu de réel éclat et je pense que la visite de la maison a apaisé les choses. Elle voit quand même bien que je fais ce qu'il faut pour nous. Non ?

Je m'occupe de commander les pizza - on a nos petites habitudes et nos "parfums" préférés aussi je sais quoi choisir - et je me sers un verre de vodka, ainsi qu'à Nina mais pour elle un jus de fruit, de ceux qu'il y a dans le frigo. Après m'être mis à l'aise, c'est à dire sans mes grolles, je la rejoins dans la salle de bain avec les verres. Je lui pose le sien sur le bord de la baignoire "Tiens srce moje... comment tu te sens ?" Je sens bien qu'elle est fatiguée de la journée et peut-être qu'on a un peu abusé en faisant trop de choses, j'ai du mal à évaluer. Je pose une fesse sur le rebord mouillé, avale une gorgée de vodka "Je ne sais pas si tu voulais que j'allume la cheminée. Je trouve qu'il fait chaud mais je peux faire une flambée si tu veux." C'est égal, je passe quand même ma vie à avoir trop chaud quand je suis avec Nina et quand je la vois avec sa petite mine fatiguée et chiffonnée, c'est toujours la tendresse et l'inquiétude qui prédomine, l'envie de m'occuper d'elle et qu'elle soit bien.

Je relève le nez dans un sourire quand il me rejoint dans la salle de bain, et je récupère mon verre de jus de fruits en posant sur Slavenko un regard à la fois tendre et reconnaissant. Merci mon amour. Je m'octroie une longue gorgée de jus avant de hausser les épaules. Pas trop mal, un peu fatiguée et nauséeuse, c'est tout. Moi je n'ai pas l'impression qu'on ait fait trop de choses, c'est juste qu'un rien me fatigue facilement, mais on n'a pas abusé et franchement la journée ne devrait pas être si épuisante que ça. On a un peu marché, c'est sûr, et je me suis levée tôt pour aller bosser, mais en temps normal je serais encore en pleine forme. Le soleil n'est même pas encore couché.

Non, c'est pas la peine mais merci. Il fait pas si froid. Je ne dirais pas que je meurs de chaud, mais ce sera le cas s'il allume la cheminée. Comme il est près de moi dans la salle de bain, j'ose proposer en appuyant mon épaule contre la sienne : Tu prends le bain avec moi ? On n'a pas eu de temps pour un réel moment de tendresse depuis qu'il est rentré de mission et je crois que ça ne m'aide pas beaucoup à relativiser.

"Oui ? Tu veux me faire une place ? J'arrive mon ange." Je cherche sa bouche pour un baiser au relents de vodka. Je frotte son nez du mien avant de me lever pour me déshabiller, en posant mes fringues sur le rebord du lavabo. Une fois que c'est fait, je termine mon verre cul sec pour l'éloigner de la baignoire. Je rejoins alors précautionneusement Nina dans la baignoire, en essayant de ne pas déclencher un raz-de-marrée. L'eau est trop chaude mais ça n'a aucune espèce d'importance quand je me coule contre Nina.

Je l'invite dans mes bras dès que je suis dans l'eau, nouant mes mains sur son ventre comme elle m'incite toujours à le faire sauf que maintenant ça prend une connotation différente qui me plait infiniment. Je sers de gros coussin à Nina et embrasse son épaule avec un mince sourire. Les mèches de mes cheveux se chargent d'humidité dans la vapeur infernale du ban et tombent en ficelles devant mes yeux. Ils sont vraiment longs en ce moment, c'est fou comme ils poussent vite ces cochonneries de cheveux. Enfin comme je ne joue plus les gardes du corps, je n'ai plus à m'en soucier.

Mes mains remontent vers les bras de Nina en une douce caresse. La position n'est pas très pratique pour la masser et la délasser mais je m'y emploie quand même. "Tu sais, c'est normal que tu sois fatiguée a dit la doc... faut juste pas trop tirer sur la corde c'est tout. C'est bien aussi d'être tranquille à la maison des fois, tu crois pas ?" Je pique un baiser sur sa peau de lait encore plus translucide et pâle qu'avant. Je la trouve divinement belle. "Tu sais que tu es magnifique srce ?"

Je suis soulagée qu'il accepte de prendre un bain avec moi, je sais que ce n'est pas ce qu'il préfère, et que l'eau est toujours beaucoup trop chaude pour lui, mais le fait qu'il veuille bien faire l'effort de venir malgré tout me rassure. Je finis de me déshabiller tout à fait pour entrer la première dans l'eau, que je peux couper à présent que la baignoire est pleine. D'ailleurs, une fois qu'on est tous les deux installés dedans, elle manque de déborder et on a plutôt intérêt à ne pas trop bouger. Je me coule entre ses bras en soupirant d'aise, appuyant mon dos contre son torse en me demandant pourquoi ça ne peut pas juste toujours être comme ça. La baignoire est large, heureusement, et je fais remarquer : Quand on refera la salle de bain de l'étage, on y mettra une grande baignoire comme celle-ci, mh ? Je veux qu'on puisse encore tenir à deux dedans...

Je hausse les épaules en posant mes mains sur ses cuisses. Je tire pas trop sur la corde... C'est juste pas le moment de relâcher la pression... J'ai été beaucoup absente à l'agence ces derniers temps, et je vais encore l'être un peu après l'accouchement alors j'essaie de compenser, tu comprends ? Pour la première fois de ma vie, j'ai un boulot qui n'est pas uniquement alimentaire, une entreprise que j'ai créée de toutes pièces, avec l'aide de Dimitri, et je ne peux pas me contenter de m'en éloigner. Ça demande du temps, et beaucoup d'énergie et d'investissement, mais c'est aussi ce qui me permettra de garder notre enfant à l'abri du besoin. Je penche la tête sur le côté, pour m'appuyer sur son épaule et lever sur lui un regard toujours trop sombre. J'ai un petit sourire en demandant tout bas, sans doute parce que j'ai clairement besoin d'être un peu complimentée, ouais : C'est vrai ?

"Bien sur zlato, sinon quel est l'intérêt d'avoir une baignoire ?" Je ne prends jamais de bain, sauf avec Nina et pas vraiment pour me laver. Pour se laver une douche est mille fois plus efficace et je n'aime pas trainer dans la flotte d'un bain, je n'éprouve aucun plaisir à me prélasser. J'aime avoir Nina se prélassant dans mes bras, c'est différent. "ça ne va pas trop te manquer la baignoire en attendant qu'on refasse le haut ? Enfin y en a déjà une fonctionnelle mais peut-être pas comme celle que tu veux et quand les ouvriers vont commencer l'étage, tu ne pourras plus l'utiliser. Ah j'y pense, faut pas que j'oublie de réserver le nettoyage de la piscine dès maintenant." c'est mille et un détails à gérer que s'occuper de l'installation de la maison. Je passe beaucoup de temps à passer des coups de fils pour ça ou ci. Heureusement que je suis quelqu'un d'organisé !

"Je ne parle pas de ton travail srce moje, mais globalement. Je sais que ta boite c'est important. Mais si tu bosses beaucoup, tu devras te reposer après, c'est tout. Je vais m'occuper de gérer la maison, ok ? Les courses, la bouffe et tout le bazar et on va prendre une femme de ménage. Et toi, tu occupes ton temps libre à feuilleter des magasines de déco et de ... grossesse ! Deal ? Tu peux même bosser sur ton pc tranquille à la maison, y a bien des trucs que tu peux faire comme ça ? Tes mails ou j'sais pas...ta compta ?" J'essaye de persuader ma tête de mule de femme avec douceur, en la câlinant, en général ça passe mieux. Oui je tente la manipulation ! "C'est un bon compromis non ? "

Je ronronne à sa question "bien sur srce moje. Tu as vu comme tu me fais perdre la tête ? Ah moj andjeo ! Ti si divna !" Elle me fait lâcher prise sans cesse, comme dans la salle de bain tout à l'heure. Je suis bien incapable de lui résister. Est-ce qu'elle ne s'en rend pas compte ?

Je hausse les épaules en fronçant le nez. Si, ça va me manquer un peu, il faudra bien coordonner les travaux pour l'étage, il faudrait qu'ils soient finis avant que j'accouche, parce qu'on va avoir besoin de la baignoire pour le bébé. Mais en attendant qu'il soit là, je me débrouillerais avec une douche. Et puisqu'il parle de la piscine, c'est justement là que j'allais en venir. Les beaux jours vont arriver, je pourrais me prélasser dans la piscine, il fera trop chaud pour les bains, donc tu vois, ça va bien tomber. Jusqu'au mois de septembre au moins, je pourrais utiliser la piscine, ce serait donc bien que la salle de bain du haut soit terminée à la fin de l'été, je crois que sur les derniers mois, quand j'aurais mal de partout et que je serais énorme, les bains me feront le plus grand bien, ce serait dommage de ne pas pouvoir en profiter. Mais ça nous laisse encore un peu de temps pour économiser.

Comme on pouvait s'y attendre, je secoue la tête à ses propositions, en pressant mes doigts sur ses jambes. Tu plaisantes ? Je ne veux pas que tu t'occupes de tout, tu recommences à avoir des missions épuisantes toi aussi, tu ne vas pas en plus gérer tout le reste. Déjà que c'est toi qui gères tout pour les travaux et l'emménagement... Je secoue la tête en fronçant les sourcils. On s'est mis d'accord pour la femme de ménage, déjà, pour le reste on trouvera une solution, on peut faire les courses au drive au lieu de perdre du temps au supermarché, vous en avez bien par ici, non ? Je n'y avais jamais vraiment fait attention jusque là mais il va de toute façon falloir qu'on s'organise mieux dans les mois qui viennent. Pour la bouffe on alternera, regarde, j'ai acheté un livre de recettes, c'est pas épuisant de faire à manger... Mais oui, il y a plein de choses que je peux faire de la maison... Et je le ferais si je suis trop fatiguée, c'est promis, d'accord ? Mais je ne peux pas uniquement bosser depuis chez nous, faire acte de présence au bureau c'est déjà beaucoup, les filles ont besoin de me voir.

Je prends ses mains dans les miennes pour m'entourer plus fermement de des bras, et je tends le cou pour réclamer sur sa bouche un long baiser. C'est toi qui me fais perdre la tête... Il a suffit que tu m'effleures pour que je m'embrase...

"Ce sera fini pour la naissance. On a huit bons mois pour faire ça, t'en fais pas." Je hoche la tête "oui tu pourras te prélasser dans l'eau, ribica, promis." Je n'aspire qu'à ce qu'elle soit bien. Si je peux déjà assurer son confort physique une bonne partie de mon boulot est fait.

"Elles sont pas épuisantes mes missions srce, elles sont motivantes et l'épicerie est juste à coté, tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, je peux faire ça. Et y a pas grand chose à gérer pour les travaux. C'est que des bricoles, mon ange. Je sais pas si y a un drive...A la grande surface j'imagine. "Je ne vais que dans les épiceries, parce que ses horaires sont quasi 24/24 et parce que c'est proche de la maison, comme avant c'était proche de mon appart'. J'y trouve tout ce dont on a besoin et je préfère les commerces de proximité. "Tu dois me laisse t'aider zlato. Toi tu fabriques le bébé, je peux bien faire le reste." J'aime être occupé, j'ai toujours peu de temps à me reposer, j'ai besoin de faire des choses, d'être utile. C'est une occasion en or. "ok, oui si tu me promets d'être raisonnable. Je ne veux pas que tu aies encore des vertiges"

Je soupire de bonheur quand elle m'embrasse et je l'emprisonne de mes bras selon son souhait. "Zlato...zlato moje, tu es si sexy... tu te rends pas compte, pas vrai ? J'aime bien te faire perdre la tête." Je bécote sa bouche, mes mains en contact avec son corps, de son ventre glissant lentement un peu plus bas. Je caresse possessivement une cuisse, le bas de son ventre, revient sur ses hanches. Je glisse les mains entre ses cuisses pour les écarter sans effort. Je ronronne par jeu, d'un ton rauque et sérieux pourtant "J'ai envie de te toucher mon ange, de te faire jouir, tu veux ?"

​J'ai du mal à croire qu'on va vraiment habiter là... J'ai jamais eu une maison pareille avant... Le jardin est réellement immense, et loin d'être exploité à son plein potentiel, je ne sais d'ailleurs pas si on a besoin de tant d'espace mais c'est grisant de l'avoir à disposition, d'avoir cette impression qu'on n'a pas forcément besoin de prendre la voiture pour se retrouver en pleine nature. Dans quelques semaines, on ira choisir des transats confortables pour la piscine, au moins quatre, pour pouvoir inviter des amis, de la famille à se baigner, mh ? J'ai très envie d'aménager tout l'espace autour de la piscine parce que j'ai la ferme intention d'en profiter tout l'été, je crois que je ne vais plus jamais sortir de l'eau, ça va être absolument parfait. Et dans quelques temps, peut-être un an ou deux, on pourra faire installer un jacuzzi, qu'est-ce que t'en dis ?​

​Je soupire parce qu'il est au moins aussi borné que moi, à ce rythme on n'est pas sortis. Je ronchonne tout bas, déjà vaincue je le sais bien : Des bricoles qui te prennent du temps quand même... Je suis consciente qu'i s'occupe de tout, c'est lui qui a passé tous les coups de fil, pris tous les rendez-vous, j'ai réalisé aujourd'hui qu'il était sans doute passé superviser les travaux bien plus souvent que je ne l'aurais cru. Je serais raisonnable, c'est promis... Je m'occupe de me reposer, de nous faire à manger... Et puis de trouver l'aménagement pour la maison. Toi tu t'occupes de tout le reste, ça me semble équitable. Fouiller les sites internet ou arpenter les magasins de meubles et déco, ce n'est pas fatigant, et ça me plaît de le faire, il le sait bien. Quant à la cuisine bah, je sais pas, je n'ai plus le droit aux sushis et je n'ai pas envie de manger des pizzas tous les jours, alors il faut bien que je m'y colle.

Je m'alanguis entre ses bras, ses caresses me faisant perdre le fil de mes pensées, et je ferme les yeux un instant, laissant enfler la boule de chaleur dans mon ventre, lentement. J'ai toujours envie que tu me touches, Slavenko...

"C'est la première fois pour moi aussi moj andjeo. La maison à Subotica, quand j'étais enfant était pas comme ça, y avait pas de piscine ! Cette maison est parfaite. C'est la nôtre. Humm fais gaffe à ce que tu souhaites, tu sais que mon frère est comme toi, un vrai poisson, je crois qu'il faisait du waterpolo un truc comme ça à l'école, à Londres. Ou alors c'était de l'aviron ? Humff je sais plus..."

Satisfait, comblé, de sa réponse positive, j'entreprends donc de l'effleurer, la caresser sans hâte. Je ne joue pas, je prends simplement le temps de faire monter le désir pour que ce soit meilleur. "j'aime bien avoir des choses à faire mais je veux bien que tu gères toute la déco parce que tu sais comme je suis pas doué pour ça. Moi je vais m'occuper de toi, que la maison soit bien pour toi, la piscine, et la chambre, et le salon...Et je peux cuisiner aussi, on se relayera. J'ai besoin de m'occuper de toi, tu sais ça ?" Que ce soit comme maintenant ou de manière générale pour essayer de faire fonctionner la maison et notre couple. C'était plus compliqué avec mon taf de nuit, mais maintenant ça va aller. Si j'ai des missions sur deux ou trois jours, ça veut dire aussi que j'ai deux de repos où je peux gérer le quotidien, la maison, les courses...

Je mordille sa bouche, tête ses lèvres en la caressant, augmentant l'intensité de mes gestes quand il faut jusqu'à ce que je la masturbe pour l'amener sans frustration aucune à l'orgasme. Je suis heureux de son abandon dans mes bras et j'ai très chaud, à cause du désir, à cause de la température infernale de la pièce aussi. Je suis heureux, ravi de ce moment intime. Et c'est dans les minutes tendres qui suivent la détente que la sonnette de la porte retentit. "Merde ! les pizza !" Je dois laisser Nina pour le lever dans un bruissement de flotte catastrophique. Je bondis en manquent de déraper, attrape une serviette au vol et je courre en gueulant "J'arrive !" pour ne pas que le livreur se casse

​C'est pas grave, il sera le bienvenu chez nous s'il veut. Puis s'il commence à se pointer tous les jours pour se baigner, on fermera le portail à clé. J'ai un sourire amusé, je ne déteste pas son frère, je suis juste un peu en colère contre lui parce qu'il a abusé de ma confiance pour me surveiller pendant la mission, mais s'il y a bien un seul membre de la famille Drazavic -à l'exception de Slavenko- avec lequel j'ai envie de m'entendre, c'est Camenko. Je sais à quel point il est important pour son frère, et je crois aussi que c'est le seul à ne pas avoir de mauvaises intentions. Je suis prête à faire tout un tas d'efforts pour qu'on s'entende bien tous les deux, parce que je crois que mon acceptation passera forcément par lui. Ce serait dommage d'avoir un jardin pareil et de toujours y rester tout seuls, tu crois pas ? J'ai besoin de moments seule avec lui, bien-sûr, mais le fait d'oublier toute vie sociale ne nous a jamais vraiment réussi pour autant.

En revanche, j'ai un besoin viscéral de moments comme celui qu'on est en train de vivre, où je retrouve le plaisir de m'abandonner en confiance dans ses bras. Les yeux clos et le souffle court, je m'alanguis contre lui, sans lutter, jusqu'à ce que la vague de chaleur me transporte. Je récupère tout juste mes esprits quand il bondit hors de la baignoire, me faisant sursauter et me laissant un arrière-goût très désagréable de trop peu, comme souvent ces derniers temps. Je soupire, parce que je sais qu'il n'y est pour rien le pauvre, et je me lève pour me rincer et sortir de la baignoire, que je vide, je ne crois pas qu'il reviendra. Je me sèche sommairement et passe une nuisette sur ma peau encore humide, avant de le rejoindre dans le salon, où je lui amène ses fringues parce qu'il est parti complètement à poil.

Je me laisse tomber sur le canapé, avisant les pizzas sans grande conviction. Comme il a fini par déteindre sur moi avec son étrange rythme de conversation, je demande en fronçant les sourcils : Elle était comment, ta maison à Subotica ?

J'ai un petit rire en répondant pour plaisanter à propos de Cam "c'est un as pour faire le mur mais tu as raison, autant que nos amis en profitent moj andjeo." C'est une idée un peu étrange cependant parce que je n'ai jamais mélangé ma vie privée, mon environnement privé avec mes amis. Sans doute parce qu'à Sarajevo, avant Nina, je n'avais pas vraiment de vie privée. Mes amis sont des tigrovi alors on se voit au Pussynight, ou alors de la famille mais même chose, c'est au QG, en soirée ou alors chez mon père ou mon oncle.

Enroulé dans la serviette, je récupère les cartons de pizza et paye le livreur. Nina me rejoint peut après, mais je n'ai pas franchement l'intention de me rhabiller. J'ai juste ceint la serviette autour de ma taille, c'est amplement suffisant. Je vais chercher la vodka et de l'eau avant de m'installer avec Nina. M'emparant d'une part de pizza, je mords dedans, mastique avant de répondre. "humm pas comme notre maison. C'était une petite maison de village, très... rurale et de plein pied. On avait des voisins. Y avait deux chambres mais quand ma mère attendait Saskia, mon père et moi on a remis le grenier en état pour en faire ma chambre. J'aimais bien ça. Avoir mon espace. J'avais l'impression d'être un "grand". " Je hausse les épaules "aujourd'hui, de ce que je sais, le village est quasiment désert, même pas une centaine d'habitants." Je n'y suis toujours pas retourné, j'avais dit à Nina - avant - quand nous sommes venus pour l'enterrement de ma mère - qu'on irait un jour mais je n'ai pas mis mon projet à exécution, pourquoi faire ? J'ai passé le cap de la nostalgie, je vis ici maintenant. "Tu n'as pas faim, moj andjeo ?"

Je m'installe en tailleur sur le canapé, ramène le plaid sur mes jambes parce que bon... On se refait pas, et je souris en l'écoutant me raconter à quoi ressemblait sa maison, j'ai tellement de mal à imaginer sa vie lorsqu'il était enfant, son quotidien avant la guerre. Tu m'étonnes, avant de vivre seule j'aurais tué pour avoir un grenier rien qu'à moi. Pour avoir cette impression d'un espace intime, privé, réservé pour moi seule. Il a fallu que j'attende des années pour que ce soit le cas, même quand j'ai quitté le dernier foyer où j'étais, je me suis finalement installée dans une colocation, et ensuite j'ai vécu au Red Manor. En fait, mon expérience au Parking, avant de rencontrer Slavenko, était ma première expérience de vie en totale autonomie, c'était très étrange. Je me demande à quoi ressemble la ville, tu voudras qu'on y aille un jour ? Il en avait parlé par le passé, mais je ne veux rien lui imposer, de la même façon que personne n'aurait pu me forcer à retourner à la Nouvelle-Orléans tant que je n'y étais pas prête.

Je baisse le nez sur ma pizza à son interrogation inquiète, et comme je ne veux pas qu'il s'inquiète, je m'empare d'une part en hochant la tête. Si, pardon, je pensais à autre chose. Je n'ai finalement pas trop de mal à me forcer à manger, je ne suis pas angoissée ce soir, juste nauséeuse et croyez-le ou pas mais c'est autrement plus facile à gérer pour moi. Je me dis qu'il faudrait qu'on fasse une pendaison de crémaillère, quand on aura la maison, tu crois pas ? Tu pourrais inviter tes collègues, et moi les miens ? Comment ça, je suis bornée ?

Je sais que j'ai eu une enfance bien plus heureuse que celle de Nina. J'ai eu une vie de famille, une maison, j'allais à l'école et avec mes amis on fait les 400 coups comme tous les gamins. Mes parents se sont toujours occupés de moi, ma mère bien sur mais mon père aussi. Je suis son fils, même si je n'ai su qu'après qu'il y avait aussi Camenko. Nina a du mal à comprendre ma relation avec mon père mais il n'y a pas que des mauvais cotés chez lui. Il s'est occupé de moi, beaucoup, on a été - on est - proche. J'ai de l'admiration et de l'amour pour lui. C'est mon père. "ouai j'ai été très content, mais on a déménagé assez vite après mon installation dans le grenier. On est venu à Pâle. Subotica, c'est pas une ville. Un village. Quand j'y habitais y avait trois cent personnes à tout casser. Aujourd'hui beaucoup moins. C'est pas très loin de Banja Luka, tout le monde va à la ville aujourd'hui. C'est environ 20 bornes mais la route est tellement mauvaise qu'on met presque trois quart d'heures Je ne suis pas sur que ça vaille la peine d'y aller pour voir un étang et trois moutons !" [/color]

Je caresse Nina du regard quand elle mange, rassuré parce que je m'inquiète terriblement pour elle et notre bébé. Dieu que ma femme est une créature optimiste quand elle "heu... les deux ensemble ? Tu crois que Dimitri va supporter mes camarades ? Et avec tes filles et mes gars, je crains que ça ne tourne à l'orgie !" J'ai un sourire dubitatif, voire amusé "Mais si tu promets un barbecue et de la rakija, tout le monde viendra ! C'est sur ! "