Il faut que les diététiciens fassent un pas vers nous en rangeant les patates dans la catégorie légumes - Slavina

Je travaille tard à l'agence, et je passe une partie de ce temps au téléphone avec Dimitri qui est furieux après moi à cause du client de cet après-midi. Comme je campe sur mes positions et qu'en prime, je refuse de m'excuser, on raccroche fâchés, et c'est à ce moment que je décide de rentrer. Je ne m'attends pas du tout à trouver la porte ouverte et Slavenko déjà à l'appartement, assis par terre dans le salon avec un verre de vodka et un magasine. Je fronce les sourcils en ôtant ma veste que j'accroche dans l'entrée, mes chaussures que j'abandonne au même endroit, et j'approche de lui. Je ne suis plus vraiment en colère contre lui, sans doute parce que je suis parvenue à tourner ma colère vers d'autres ! Qu'est-ce que tu fais ?

Je me penche, embrasse sa tempe doucement avant de trottiner jusqu'à la cuisine parce qu'une odeur délicieuse me chatouille les narines. Oh, ça sent bon, tu es rentré depuis longtemps ? Je remarque les fleurs en pivotant, joliment dressées sur l'îlot de la cuisine, et toute rancœur s'envole. Aussi simplement que ça. Je le rejoins pour m'asseoir par terre à ses côtés, pose ma tête sur son épaule en soupirant, épuisée. Avec ces conneries, je n'ai rien mangé d'autres que les deux-trois gâteaux grignotés chez la wedding planeuse.

Quand Nina arrive, je lève le nez de mon magasine pour me tourner vers elle, le visage illuminé de sa simple présence. "je lis ce truc, enfin...j'essaye." En une heure de temps je n'ai pas beaucoup progressé mais je suis éclairé sur les sautes d'humeurs, les potentielles périodes d'abstinence sexuelle *sic* et sur les risques de couvade chez le père, ce qui est une foutue connerie si vous voulez mon avis. Bref, tout ça me laisse hautement perplexe et pas tellement plus avancé. Il n'y a pas de mode d'emploi, juste des conseils débiles du genre écoutez-la, écoutez-vous, aucune solution n'est mauvaise si vous écoutez votre instinct, cœur... ou que sais-je. Des conseils de gonzesses, n'importe quel mec vous le dirait ! Ce serait quand même plus facile avec des directives claires. C'est comme ça qu'on gagne une guerre. Mais il faut croire qu'une grossesse ne relève pas de la tactique militaire, c'est bien dommage.

Nina me rejoint et mon cœur de guimauve fond à son simple geste. J'abandonne magasine et verre pour venir caresser sa joue d'un geste doux. "non, pas très" Longtemps ça veut dire quoi ? C'est très relatif comme notion, et je réponds toujours "pas très" parce que je n'aimerais pas la faire culpabiliser, je la connais. "ça va moj andjeo ?" Elle a l'air fatiguée et je n'ose pas dire que je crois bien qu'elle travaille trop. Ça lui tient à cœur alors je vais juste essayer de veiller à ce que ça n'empiète pas sur sa santé. "est-ce que tu as faim srce ? Et est-ce que tu veux un verre de jus de fruits pendant que je nous prépare des assiettes. C'est du sauté de veau avec des petits pois carottes et patates." Une recette facile où il faut seulement tout foutre dans la cocotte et attendre que ça cuise. A la portée des maris débutants.

Une lueur amusée éclaire mon regard quand il désigne le magasine de grossesse d'un air dubitatif. Alors ? Ça t'apprend quelque chose ? Moi non plus, je n'ai malheureusement pas trouvé beaucoup de réponses à mes questions dans ces magasines. En revanche, contrairement à lui, j'ai droit à quelques conseils purement pratiques, pour faire passer les nausées ou, plus tard, soulager les maux de dos, ce genre de choses. Pour l'heure, ce que j'ai tenté de mettre en place pour les nausées ne fonctionne pas très bien, et je n'ai pas encore mal au dos. En revanche, pour le fait de me mettre à pleurer simplement parce qu'il n'y a plus de jus d'orange au frais... Les livres ne me disent pas comment remédier à ce problème !

J'ai des vibrations jusque dans le ventre quand il glisse doucement ses doigts sur ma joue, ces palpitations infimes qui suffisent pourtant à me montrer que je l'aime toujours aussi fort qu'au premier jour. Un peu fatiguée... Et agacée. J'ai eu une dure journée. Mais ça va. Je ne veux pas lui mentir parce que je sais que je suis tendue -ou en tout cas je l'étais il y a encore cinq minutes- et je ne veux pas qu'il se demande si c'est de sa faute ou non. Pour une fois que ça ne l'est pas ! Je veux bien, oui. Et ensuite je serais pas contre un bain, je t'avoue... Je lui souris, lève le nez pour lui voler un baiser avant de m'écarter pour le laisser se lever.

"Humm y a des infos oui, mais y a plein de problèmes et pas tellement de solutions, si tu vois ce que je veux dire ... ?" Ou alors c'est juste moi qui suis à coté de la plaque. Je n'exclus pas la possibilité, c'est même très possible en fait. C'est vrai que je ne suis pas réputé pour mon empathie et en plus c'est un domaine totalement inconnu qui jusqu'à il y a quelques mois me faisait fuir. Autant dire que ce n'est pas un sujet où j'ai été à l'écoute. Et je n'ai jamais eu réellement de femme enceinte (j'exclue les putes qui pleuraient toutes les larmes de leurs corps en l'apprenant), ni de jeune mère dans mon entourage. Enfin à part ma mère quand j'étais gamin, une enfance dont j'ai quasiment oublié les trois-quart, alors je ne suis pas aidé.

"ah...mais agacée par le travail ou bien le reste du rendez-vous s'est mal passé ?" ou alors c'est moi mais je préfère tourner autour du pot que poser la question directement. J'esquisse un sourire au baiser "volé" "d'accord zlato, c'est un bon programme." Je vais fermer la fenêtre et je prépare un plateau repas pour manger dans le salon comme on le fait une fois sur deux. Jus de fruit pour elle, vodka pour moi, deux assiettes pas trop remplies pour commencer, déjà comme ça il y a des chances que je doive finir la sienne et je ne veux pas grossir comme ces hommes pathétiques qui "couvent". J'amène le tout et je me réinstalle près d'elle, attentif à ce qu'elle ait tout ce dont elle a besoin. C'est marqué dans le magasine page 4. Soyez attentif.

Non, non, par le travail. Le rendez-vous s'est très bien passé, elle me tient au courant le plus tôt possible dès qu'elle a une date pour le domaine, et on reprendra un rendez-vous pour la déco, les détails, ce genre de trucs. Je lui jette un regard en coin avant d'admettre : Je suis contente que tu aies pu te libérer. Bon, ça ne m'arrache finalement pas la bouche de reconnaître ses efforts, mh ? D'autant qu'il m'avait demandé de le tenir au courant, et que de mauvaise humeur j'ai refusé de le faire. J'aurais dû lui écrire pour lui donner l'adresse, j'ai préféré l'ignorer... Sans doute que ça m'aurait permis de râler encore un peu sur son absence !

Je me laisse faire, pourtant il est sans doute fatigué de sa journée lui aussi mais puisque ça semble lui tenir à cœur... Je reste assise par terre, c'est plus pratique pour manger sur la table basse, et je m'adosse seulement au canapé pour ne pas avoir mal au dos. Les jambes croisées en tailleur, je lui souris quand il rapporte le plateau. Merci. Hmpf, une vodka ç'aurait pas été de refus là, tu vois... Je bougonne un peu mais, bien-sûr, c'est du verre de jus de fruits que je m'empare avant de revenir presser mon épaule contre la sienne dès qu'il me rejoint au sol. Et toi alors, ta journée ? Je tends ma main libre vers lui pour effleurer sa mâchoire du bout des doigts, l'air soucieux. J't'ai pas encore déshabillé mais t'as pas l'air amoché...

Je souris, quand même content qu'elle me dise que c'était bien que je vienne parce que - même si ça ne parait pas - j'ai quand même galéré à trouver une solution, à pouvoir me libérer. Je fais de sérieux efforts pour m'impliquer dans ces projets personnels. Ce n'est pas quelque chose de naturel chez moi, je suis obligé de planifier, d'organiser, de réfléchir sinon je n'y penserais simplement pas. Si je n'y prêtais pas garde, ils seraient relégués par mon taf. A la base, je suis formaté pour les Tigrovi et petit à petit, j'essaye de rectifier le tir en équilibrant vie privée et vie professionnelle. Parce que oui, j'ai découvert que les tigrovi n'était pas ma vie privée. Pas que en tout cas (c'est toujours un peu compliqué quand votre père et votre oncle sont vos commandants...)

Je ne m'occupe pas de Nina par sentiment d'obligation, jamais. Si je le fais, si je prépare à manger ou que je ramène le plateau repas par exemple, c'est parce que j'en ai envie, parce que ça me fait plaisir. De toute façon, je l'aurais fait pour moi alors pourquoi pas pour nous deux ? "Je bois une vodka pour toi et tu m'embrasses pour avoir le goût, tu veux ?" La douceur de sa caresse me fait une nouvelle fois fondre. Je suis fou de ces gestes là bien plus que de ses mots d'amour. C'est quelque chose qui me bouleverse profondément à chaque fois, même si je n'en montre pas grand chose, seulement un sourire plus chaleureux, un regard plus éperdu d'amour. "tu veux me déshabiller ? On a dit qu'on mangeait d'abord non ? Tu pourras vérifier srce, mais je n'ai pas un seul bleu ! Je ne sais pas ce que tu penses que je fais, mais c'est vraiment des missions sans risques, la routine."

J'acquiesce, un sourire aux lèvres. Humm je veux bien, mais ça risque de me rappeler la Slava et je suis pas sûre de pouvoir me tenir tranquille. J'ai tellement bien fait d'insister pour y aller avec lui, c'était une journée -et une soirée- mémorable. Je crois bien que l'alcool me manque un peu malgré tout. Maintenant que je suis parfaitement clean, que je ne prends plus le moindre cachet si ce n'est les vitamines prescrites par le médecin, je n'ai plus du tout de palliatifs pour les moments de blues. Je ne peux même pas m'allumer une cigarette ! Je crois que le temps va me sembler long jusqu'en décembre. Décembre ! Mon dieu que c'est loin.

Bien-sûr que j'ai l'intention de te déshabiller. Tout à l'heure, dès qu'on aura fini de manger. J'avais l'intention de passer au moins la moitié de la journée dans ses bras mais les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu. Mes doigts glissent sur ses joues râpeuses, quand il bossait pour Ymke il était toujours parfaitement rasé, les cheveux toujours coupés courts... Mais je crois que je le préfère comme ça. Je ne sais pas ce que tu fais, tu ne me dis rien. Forcément, j'imagine le pire ! Je me force à retirer ma main, parce que le simple fait de le toucher, même de façon aussi anodine, me donne envie de glisser mes doigts partout sur sa peau, et de l'embrasser à perdre le souffle. Je le dévore du regard un instant, le cœur battant déjà plus vite, mon corps subtilement plus proche du sien sans même que je m'en sois rendue compte. Je souffle tout bas, d'une voix un peu plus rauque : Ce n'est jamais tout à fait sans risques, tu sais bien... C'est mon rôle de regarder si tu es blessé ou pas... Et de te soigner si tu l'es.

"Humm mais non, là je t'assure que c'est à 99% sans risque, encore moins de risque que de conduire !" Je peux aussi avoir un accident débile ! Si je n'aime pas parler en détails de mon boulot c'est parce que je crois que Nina aurait de l'empathie pour les gens que j'intimide ou extorque. J'ai toujours pensé qu'elle me voyait "mieux" que je ne le suis. Je n'ai pas envie d'écorner cette vision. Je suis bien conscient qu'il n'y a rien de glorieux à terroriser un épicier ou une vieille dame qui s'accroche à son appartement, dernier bastion de ses souvenirs. C'est moche c'est vrai, mais c'est mon taf. Je réponds à ma façon évasive "on fait du ménage pour des investisseurs chinois. Ils vont construire une usine au nord-est de Sarajevo."

Je frémis imperceptiblement, de cet écho du désir qui se transmet, rebondit entre nous comme une balle de flipper, lien indéfectible. "Je sais bien que c'est ton boulot srce...je te laisserais vérifier chaque parcelle de ma peau...après...mange moj andjeo, j'ai cuisiné pour toi et pour lui." Je le ronronne avec amour, comme une promesse. Je sais qu'elle n'a rien mangé ce matin, je suis à peu près sur qu'elle n'aura rien mangé ce midi. Je suis toujours inquiet pour elle, parce que je sais combien ses humeurs jouent sur son appétit. Sautes d'humeur a dit le magasine, j'imagine que le nom est parlant, même si je comprends mal le concept. Tout ce que je sais, c'est que j'ai besoin de prendre soin d'elle et ça m'est toujours difficile quand elle se fâche après moi, me compliquant la tâche. Je ne comprends toujours pas pourquoi on s'est engueulé ce matin !

Je hausse les épaules. Il fallait me le dire. Que c'était sans risques, il aurait du me le dire avant d'y aller. Il a le même comportement qu'il parte pour une surveillance banale ou pour une mission dangereuse, comment suis-je supposée faire la différence entre les deux ? Je ne me suis pas inquiétée outre mesure, cela dit, pas plus que d'habitude en tout cas, et vu la journée que j'ai eu, je n'ai pas eu le temps de trop y penser de toute façon. Je fronce le nez à ses explications laconiques. Une usine ? Quand est-ce qu'ils construisent des centres commerciaux, un peu ? Je papillonne des cils dans un sourire amusé, moi aussi je crois que j'élude volontairement les détails de ce qu'il fait... Quand il parle de faire le ménage, j'imagine toujours qu'il vire des gangsters ou des malfrats, des criminels. C'est plus facile comme ça et ça me va bien aussi de faire un peu l'autruche de temps en temps sur ce sujet...

Mon regard s'éclaire, et une délicieuse onde de chaleur -qui n'est pas vraiment due au désir pour une fois- se déploie dans ma poitrine quand il me dit que c'est pour le bébé qu'il a cuisiné. Humm je sais, et vu comme mon ventre gargouille je peux te dire que ça lui plaît ! Je me penche pour l'embrasser sagement, sur la joue, et je récupère mon assiette. Je ne peux malgré tout m'empêcher de me caler contre lui pour manger, parce que j'ai soudain un besoin irrépressible de sentir son corps contre le mien. Mais je mange, et comme il a été raisonnable sur la portion servie, je m'emploie même à finir ! C'est super bon, tu devrais vraiment cuisiner plus souvent... Ou moi, je devrais cuisiner plus souvent aussi.

"ça viendra peut-être après, srce..." enfin ça m'étonnerait. Le pouvoir d'achat à Sarajevo n'est pas très attractif pour des insvestisseurs commerciaux. Par contre la main d’œuvre est peu chère, les impôts éludés aux profits de pots de vin plus raisonnables. Les Balkans deviennent pour la chine, une porte ouverte vers l'Europe. Ce qui inquiète d'ailleurs cette dernière. Je ne suis pas si naïf, je sais bien que notre idéal disparait devant de la mafia pure et dure, le gain massif d'argent dirige les actions de nos propres dirigeants. Il n'y a pas de monde parfait.

J'ai un sourire ravi quand Nina me dit que le bébé apprécie mon diner. Je ne suis pas sur que le haricot soit déjà en mesure d'apprécier, mais si Nina est contente, ça me va. Je la couve d'un regard satisfait et possessif et j'enroule mon bras autour d'elle, me démerdant pour manger d'une seule main. "Je cuisinerais plus, srce moje. J'ai trouvé une appli sur mon téléphone pour des repas express et faciles. Je crois que j'aime bien ça cuisiner." j'aime bien cuisiner pour elle, pour nous. Si je ne dois m'occuper de moi, je me contente de me nourrir avec du fast-food. "Tu sais qu'on déménage bientôt ? J'ai vu avec les déménageurs. Ils viennent vendredi et samedi emballer et tout amener de l'autre coté et commencer à déballer. Je bosse pas trois jours pour m'occuper de ça et Dimanche ranger avec toi zlato. Mais toi tu promets que tu portes rien. Ok ? J'ai lu que c'était pas bon que tu portes des trucs..." article "comment aider la future maman, point n° 5 porter ses paquets. J'ai fais mes devoirs.

Je hausse les épaules dans un soupir. C'est pas grave, j'irais faire du shopping à New-York, je ferais le plein de vêtements de grossesse parce que je suis pas sûre de trouver mon bonheur ici... Je pense prendre l'avion au moins jusqu'à la fin du deuxième trimestre, après par contre il faudra que je ralentisse. D'ailleurs, mon amour, j'ai pas encore convenu de date, mais il va falloir que j'y aille bientôt, pour quelques jours... Je sais que tu vas sans doute pas pouvoir m'accompagner, alors je me disais que ce serait bien d'attendre que tu aies une mission hors de la ville, pour qu'on s'absente en même temps ? Je n'ai pas envie de me priver de lui, mais là vu les tensions entre Dimitri et moi, il va falloir que je me bouge. Montrer que je travaille ici n'est pas suffisant, je crois, et il déplore que je ne m'investisse plus autant qu'avant. Je n'en parle pas au slave pour ne pas l'inquiéter, mais il va falloir que je règle ça.

Je vous assure que je pourrais ronronner de plaisir tant je suis heureuse quand il passe son bras autour de moi pour me ramener contre lui. Voilà, c'est comme ça que je veux être, tous les jours de ma vie. J'aime bien que tu cuisines... Parce que c'est une façon comme une autre de prendre soin de moi, je le sais très bien. Quand je l'ai connu à NY, il ne cuisinait jamais ! Je crois que mon coeur s'emballe, à la limite de la tachycardie, quand il m'annonce que les déménageurs arrivent vendredi. Quoi ? Déjà ? Mais j'ai rien préparé, j'ai rien emballé moi ! Et j'ai des rendez-vous vendredi en plus ! Pourtant, malgré la légère angoisse qui pointe le bout de son nez, j'ai un sourire jusqu'aux oreilles là. Mon dieu mais on n'a pas encore été dans un magasin de déco tous les deux ! C'est terrible, on n'est pas prêts du tout !

J'essaye de ne pas me renfrogner parce qu'on va être séparé quelques jours. Je n'aime pas l'idée qu'elle aille à NY, non pas pour NY en soit mais parce qu'elle sera loin et surtout loin de moi. L'idée qu'il peut lui arriver quelque chose, que je ne serais pas près d'elle m'angoisse terriblement parce qu'elle est devenue le réceptacle de nos espoirs. Et s'il arrivait quelque chose au bébé ? D'y penser, j'hyperventile. Pourtant je n'en dis rien, parce que ça ne sert à rien de se laisser guider par ses angoisses, j'ai au moins appris ça. "si c'est plus facile, choisis tes dates, je m'arrangerais toujours pour prévoir une grosse mission, t'en fais pas pour ça. Il est possible que je doive aller à La Haye bientôt. Ça dépendra de l'actualité..."

"bah oui, on a tenu les délais pour les travaux, donc c'est bon pour déménager ce weekend et faire la crémaillère comme prévu la semaine prochaine. Dis srce...t'as pas des soucis d'agenda en ce moment ?" Je me moque gentiment parce que ce matin, elle avait oublié de me parler du changement de date. "T'en fais pas, j'ai pas besoin de toi femme. On s'occupe de tout moi et les déménageurs. T'as besoin de rien emballer. A part ta lingerie et nos jouets, ha ha..." Que ces types n'aillent pas fourrer leurs mains dans les trucs sexy de ma femme ! "on a besoin de rien de plus que ce qu'on a déjà - le lit et le canapé - et la déco, bah tu la feras quand on sera installé. Pourquoi tu paniques ? Tout est sous contrôle srce. Je gère."

Je dodeline de la tête. Bah tant qu'à faire, j'aimerais y aller quand toi tu vas à La Haye, alors... Moi non plus, je n'aime pas l'idée d'être séparée de lui, mais pour d'autres raisons. Alors si on peut limiter les jours de séparation, vraiment je ne suis pas contre. Déjà, je n'aime pas beaucoup me retrouver seule à Sarajevo quand il n'est pas là. Mais maintenant, j'appréhende aussi la suite de ma grossesse, et la venue du bébé. J'ai peur de me retrouver seule une fois que le bébé sera là, mais aussi avant, sur les derniers mois, quand je sais bien que les choses seront devenues compliquées à gérer pour moi. Je peux prendre mes billets à la dernière minute, c'est pas un problème. Ça coûte pas forcément plus cher, en plus, tout dépend du vol choisi et de s'il est rempli ou non. Et puis je refuse toujours que l'argent soit un problème, quand on en manque, j'en trouve, c'est tout.

Je repose mon assiette, vide s'il vous plaît, pour venir m'échouer entre ses bras. Si, pardon, j'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque... Outre le fait que je suis fatiguée tout le temps, j'ai une mémoire de poisson rouge et je m'emmêle les pinceaux dans les jours de la semaine. Je ne mets pas ça sur le compte de la grossesse, plutôt sur celui de la fatigue mais peut-être que c'est lié ? Je panique pas... J'ai juste l'impression que j'aurais jamais le temps de faire tout ce que je voulais faire... Et on doit faire la crémaillère bientôt, ç'aurait été mieux de le faire dans une maison décorée, tu crois pas ? Comme on a tous les deux fini de manger, j'impulse le mouvement pour me lever, en lui tendant la main pour qu'il fasse de même. J'ai vraiment besoin d'un bain. C'est quoi le mieux pour les boutiques déco/bricolage ? Sarajevo ou Banja Luka ?

Je soupire à la perspective de cette séparation mais je suis résigné. "d'accord, on fait comme ça, dès que j'ai mes dates, je t'envoie un sms."

Je laisse mon assiette dès qu'elle se blottit dans mes bras. Je l'enveloppe, rassurant. Je me moque bien qu'elle oublie des choses. C'est juste un peu plus compliqué c'est tout. Ce que je n'aime pas, c'est quand elle panique et se met en colère comme ce matin. Ou pleure. "les gens se moquent bien s'ils restent un ou deux cartons ou s'il n'y a pas lampe qu'il faut. Une chose à la fois srce. Ils seront contents avec de la vodka et un barbecue ! " je la suis en prenant mon verre de vodka au passage. "Pour la déco, c'est mieux à Sarajevo, on ne va pas se taper quatre heures de route aller et quatre retour pour aller dans un magasin de déco ! Je suis sur qu'il y a tout ce qu'il faut ici." Je me laisse entrainer dans la salle de bain où je remplis la baignoire. En attendant, j'enlace Nina, me collant dans son dos. Amoureusement je colle mes lèvres à son cou, ses cheveux me chatouillant le nez. "ti si moja ribica. da ?"

T'as raison, on n'a plus qu'à prier pour qu'il fasse beau, et tout le monde restera dehors dans le jardin. Tu as pu voir au fait, pour installer un système pour chauffer la piscine ? Ce n'est pas pressé, je ne tiens pas à ce qu'on se baigne le jour de la crémaillère ! En revanche, j'aurais aimé pouvoir en profiter dès cet été, et me connaissant ça risque d'être impossible si l'eau n'est pas artificiellement chauffée. Je sais que j'abuse, pourtant, il a déjà mille choses à penser avec ce déménagement et je ne fais qu'ajouter de nouveaux items à sa liste, sans arrêt. Ce serait peut-être plus pratique si on avait un agenda en commun, tu crois pas ? Un truc où on pourrait avoir une liste de choses à faire partagée, aussi, je suis sûre que ça existe. Avec toutes les applications qu'il y a aujourd'hui, ça me paraîtrait insensé de ne pas trouver mon bonheur ! Mais comme ça, je pourrais moi aussi voir tout ce qu'il doit faire, et essayer de le soulager de quelques tâches lorsque j'ai le temps.

Dès qu'il met l'eau à couler, je verse du gel douche dans la baignoire pour la faire mousser, et j'active même les bulles. Hum... Et ta ribica elle va être triste dans sa maison sans baignoire, vivement qu'on refasse la salle de bain du haut ! Parce que là, on emménage dans une maison avec deux douches, autant dire que c'est inutile de mon point de vue ! Je me tourne vers lui. D'accord, on ira à Sarajevo. Je peux même y aller seule, je sais ce que tu aimes. Ou plutôt, je sais ce qu'il n'aime pas, et c'est le plus important. Je glisse mes mains dans son dos, sous son tee-shirt, en soupirant d'aise. Allez, laisse-moi t'examiner...

"T'inquiète pas, il fera beau, j'ai commandé du soleil moj andjeo. Non, pour la piscine, j'ai pris rendez-vous mais le type n'était pas libre tout de suite. Il doit venir courant mai... j'ai plus la date exacte en tête. Fin mai, quelque chose comme ça. Tu as raison, ce serait bien an agenda partagé. Mais c'est toi la geek, t'as qu'à m'installer ça sur mon téléphone."

"mais enfin Ribica, la salle de bain du haut est fonctionnelle tu sais... Ok, tu la trouves moche mais tu peux aller prendre un bain. Je m'occuperais du reste des travaux cet été, comme ça tu auras la piscine pour compenser. Ça te va ça ?" Je frémis à son contact, déjà en éveil parce que je sais qu'on va prendre un bain ensemble et que c'est forcément un moment sensuel et même sexuel de mon point de vue. Et l'anticipation suffit à me rendre terriblement disponible. Je renchéris, sans penser du tout à la déco, l'esprit déjà focalisé sur autre chose de bien plus intéressant. "humm tu sais ce que j'aime..." Je l'aide à ôter mon tee-shirt. Hormis ça, j'ai juste un pantalon de jogging, nu dessous pour trainer à la maison. "Tu sais...j'ai lu dans ce magasine que heu...les femmes enceintes avaient une libido capricieuse..." Quoi ? J'ai le droit de poser la question non ? Je m'inquiète un peu de ce que ça veut dire. Mes mains elles, remontent le long de ses flancs dans une caresse possessive

J'opine du chef. Oui, t'as raison, je vais nous trouver ça. Et j'en profiterai pour charger des photos sexy sur son téléphone, autant lier l'utile à l'agréable, non ? Je plisse le nez. Mais c'est une douche dans celle du haut, mon amour... Non? Ne me dites pas que je me suis aussi emmêlée les pinceaux à ce sujet ! Je ne suis pas allée dans cette maison très souvent encore, certes, mais quand même ! De toute façon dès qu'on aura installé ce qu'il faut pour chauffer la piscine, j'ai l'intention d'arrêter d'aller à l'agence. Je bosserais uniquement dans la piscine, sur un matelas gonflable, avec mon pc sur un plateau. C'est plutôt bien comme programme, non ? Je suis sûre qu'il serait ravi que je lève le pied ainsi ! Mais soyons honnêtes, je vais tenir deux jours et ensuite péter les plombs parce que j'en aurais marre de rester à la maison. Seule, en plus, parce que lui ne peut pas vraiment faire du télétravail !

Et je songe en lui ôtant son haut que c'est avec lui que je veux me prélasser dans l'eau... Je soupire encore, prends le temps de vérifier que sa peau ne se marbre pas de nouveaux bleus mais il n'y a rien à signaler en dehors de ces cicatrices que je connais déjà. Sa petite réflexion, l'air de rien, me fait sourire et je passe mes mains sous son jogging pour empaumer ses fesses. Ah ouais ? Moi j'ai lu que la libido de certaines femmes enceintes explosait totalement... Et tu vois je me sens plutôt comme ça... J'ai envie de lui tout le temps, constamment, sans jamais discontinuer, c'est encore pire qu'avant seulement on manque de temps et on peine à se croiser... Quand on n'est pas en train de se disputer ! J'attrape sa lèvre inférieure entre mes dents, et je viens presser ma poitrine contre lui. Déshabille-moi moja dusa...

"ah ? Oui tu as raison. En plus j'ai vu la baignoire qu'ils ont enlevés mais j'ai cru qu'il y en avait une en bas et une en haut. Pardon srce..." Il faut croire que moi aussi je suis fatigué. Je serais bien content quand on sera installé de l'autre coté et j'ai hâte de déménager le weekend qui arrive. "ça c'est une bonne idée de programme, peut-être bien que je m'incrusterais..." Je soupire, les vacances à Bali me semblent si loin ! Elles étaient merveilleuses.

Je retiens mon souffle et les soupirs qui me montent dans la gorge. Elle me fait déjà perdre la tête, enflamme furieusement mes sens par ses attouchements. C'est vrai que je m'inquiète, clairement on ne baise plus autant qu'avant. C'est toujours aussi bien, aussi explosif, mais par exemple la nuit, elle dort d'un sommeil profond. Elle s'endort plus tôt aussi et dans la journée, elle bosse énormément. Je crois qu'elle a peur de ne pas être à la hauteur vis à vis de Dimitri, je ne suis pas idiot et elle me l'a déjà dit plusieurs fois. Quant à moi, je m'occupe de mille trucs à la fois et je ne suis pas non plus hyper dispo. Et on arrive encore à s'engueuler entre deux ce qui n'aide pas. Ce matin par exemple, si on ne s'était pas pris le chou, on aurait fait l'amour. C'est une certitude qui m'a laissé sur ma faim toute la journée.

"Hummhumm ? C'est vrai ça ? Tant mieux, parce que moi aussi j'ai faim. je te trouve tellement sexy en ce moment !" C'est vrai, je la trouve hyper bandante avec sa poitrine plus lourde et cet appétit que je ressens dans les fibres de mon être. Sa chaleur est diablement contagieuse. Je remonte mes mains dans son dos pour défaire la fermeture éclair de sa robe. Je glisse mes mains dans l'ouverture que je créé, caresse son échine pour arriver à sa chute de reins. Je glisse mes doigts sou l'élastique de la culotte en grondant "zelim te srce..." C'est dingue, pourquoi ai-je peur de ne plus lui plaire ? Pourquoi ces désirs oscillants entre la fureur et la douceur, l'envie de sensualité se mêlant au besoin de brutalité, elle me déboussole Nina en ce moment avec ses larmes, ses élans, ses colères et exigences. "Ah zlato, zlato, dis moi que tu m'aimes."

Je glisse ma main dans ses cheveux dans un geste doux, réconfortant. Toi aussi t'as besoin de repos, mon amour... Il est tellement heureux, tellement fier aussi d'avoir été nommé sergent qu'il ne veut pas lever le pied, je le sens bien. Et puis comme la situation a été très tendue avec son père les dernières semaines, je crois qu'il ne veut pas prendre le risque de le décevoir. Mais moi, j'ai encore cette impression qu'on s'éloigne l'un de l'autre, inexorablement, parce qu'on n'a jamais été doués pour se contenter de ces moments trop courts volés au temps. Moi, en tout cas, j'ai toujours eu besoin de plus que ça, et ce qu'on a en ce moment ne me suffit pas. A moi aussi, Bali me manque. J'ai la sensation que tout me manque. Nos petits-déjeuners au lit, qu'il vienne me chercher au travail pour m'emmener au restaurant, qu'il m'organise des weekends surprise, qu'on passe une journée entière au pieu tous les deux... Je n'ose pas l'exprimer clairement, parce que j'ai peur de sa réaction, peur qu'il s'imagine que j'ai toujours quelque chose à lui reprocher, parce que je sais que moi non plus je ne suis pas très disponible... Et parce que pour être honnête, il y a toujours une part de moi persuadée qu'il est parti parce qu'à New-York, je lui en demandais trop. Alors je n'en ai pas assez, je suis toujours sur la défensive, toujours en manque et donc susceptible, apeurée à l'idée de le perdre, mais je ne dis rien parce que je ne veux pas qu'il se sente oppressé et s'en aille. D'y penser j'en ai les larmes aux yeux et je sais que mon hyper-émotivité couplée aux hormones me joue des tours alors je détourne le regard un instant, pour me ressaisir.

C'est toujours plus facile dès que ses mains se font baladeuses, exploratrices sur ma peau qui frissonne, toujours très réceptive. Je soupire, ferme les yeux en laissant les ondes de chaleur m'envahir. I ja zelim te. Je presse ses fesses plus fermement sous mes doigts, Dieu qu'il est bien gaulé, et je fais glisser son jogging le long de ses jambes. Le pantalon, suffisamment large, échoue tout seul au sol. Il se retrouve nu contre moi, brûlant, et je maudis les vêtements qui me séparent encore de sa peau. Sa requête me prend de court et je lève sur lui un regard brillant, empli d'incompréhension. J'encadre son visage de mes mains, cherche ses yeux gravement.; Je t'aime, plus que tout au monde. Je me hisse sur la pointe des pieds pour trouver sa bouche de la mienne, et tout en l'embrassant je relâche son visage pour sortir les bras de ma robe, qui rejoint ses vêtements sur le sol.

"ça ira mieux après le déménagement..." Je veux bien croire que j'ai besoin de repos, mais si c'est pas possible, ben faut faire avec. C'est comme ça. On gère beaucoup de chose en même temps et ça va pas s'arranger avec la naissance à venir, alors faut apprendre à faire avec. Je suis persuadé que c'est une question d'organisation. Je trouve qu'on s'en sort pas mal avec un achat de maison, un déménagement, un mariage, un bébé à venir. Et le principal, pour la première fois de ma vie, je me sens heureux, durablement heureux, je ne sais pas si vous saisissez la nuance mais elle est très importante.

Je demande rarement à Nina de me dire je t'aime. Déjà parce que je suis plus sensible à ses gestes qu'à ses mots, ensuite parce que je la sais avare de ces derniers et je ne pense pas que demander soit bien. Mais de temps en temps, ça m'arrive. Quand j'en ai réellement besoin. Vraiment. Quand il me faut l'assurance que nous ne sommes pas dans une routine, quand j'ai besoin de savoir qu'elle me désire mais aussi qu'elle m'aime. Avec tous les chamboulements de notre vie, j'avoue que je ne suis pas contre l'entendre lui dire. Je réponds avec ferveur, frémissant de désir et d'amour "volim te" Je me voûte vers elle quand elle m'embrasse, avide de sa bouche, l'aidant furieusement à enlever cette robe.

Je la soulève pour qu'elle noue ses jambes autour de ma taille. Je lève mon visage vers elle qui me surplombe, m'offrant à sa bouche, encore. Je me hisse pour venir la chercher, alors que paradoxalement, c'est moi qui la tient suspendue dans les airs. Naturellement, avec cette impatience caractéristique, nos bassins se heurtent et d'un mouvement de hanche brusque nos corps s’emboîtent sans fioriture dans un grondement de ma part, animal, volontaire, dominateur. J'aime baiser debout, c'est un fait. On peut trouver ça bizarre parce que c'est pas le plus pratique, mais j'aime bien ça. Le défi sans doute, allez comprendre. C'est pour ça que je n'ai pas été dans l'eau avec Nina. Après, tout ce qu'elle veut, après. Après ces coups de reins brutaux qui me font perdre le souffle et la raison, qui me plongent dans un monde brûlant de sensations, un tourbillon de plaisir brut.

Je ne sais pas, avec certitude, si ce sera réellement le cas, mais je prie pour que ça le soit. Moi aussi, j'ai peur de ce que va devenir notre vie, de la façon dont notre quotidien va être transformé à jamais par l'arrivée de ce bébé. Je le désire plus que tout, et je ne regrette pas mon choix un seul instant, mais je suis terrifiée à l'idée qu'on ne parvienne plus du tout à trouver de temps pour être seulement l'un avec l'autre. Je n'ai jamais connu ça avec personne d'autre avant lui, ce besoin d'exclusivité, de moments de solitude parfaite, cette incapacité à faire des concessions simplement parce que l'idée même de m'éloigner de lui me coupe le souffle. Je suis prête à déléguer tout ce qu'il veut, à embaucher une femme de ménage, à laisser les déménageurs faire tout le boulot à notre place, à ne plus manger que des plats à emporter jusqu'à la fin si ça me permet de passer du temps avec lui.

Peut-être est-ce seulement du à sa demande, mais la situation devient soudainement terriblement grave et sérieuse. Il a suffisamment de force, et l'habitude aussi, pour me porter sans que j'ai besoin de l'y aider, et je peux garder mes mains sur ses joues, sa nuque, mon regard plongé dans le sien. Je mords ses lèvres quand il se perd entre mes cuisses, resserre mes jambes autour de ses hanches en gémissant. Mes doigts plongent dans ses cheveux, s'y accrochent et les emmêlent alors que je bois son souffle. Je pose mon front contre le sien, essayant de réprimer les élans de mon bassin qui voudrait se mouvoir au rythme du sien, pour ne pas nous déséquilibrer. C'est bon comme ça, encore, volim te, encore. Je presse mon corps contre le sien, tente de souder chaque parcelle de ma peau brûlante à la sienne. Le sang boue dans mes veines et je donne un coup de hanches plus prononcé en répétant : Encore.

Je ne me fais pas prier, continuant mes coups de reins brefs, durs, au plaisir aigu et fulgurant. Je livre ma bouche à ses morsures, ne pouvant tout juste que gronder et haleter en une respiration saccadée. L'eau brulante du bain et nos ébats ont drastiquement réchauffé la pièce et l'infernale chaleur m'entoure de vapeur. Mes mains sont incrustées dans la chair pâle de Nina, la marquant de ces délicieuses traces bleues que je pourrais embrasser par la suite, en un merveilleux parcours de découverte. Mes doigts se glissent entrent ses fesses, pénètrent l'entrée intime qui palpite au rythme de notre étreinte. Je la sens qui se crispe plus autour de moi et sous l'afflux brutal de plaisir que ça me procure, j'augmente naturellement la rudesse de mes mouvements, plus lents mais plus forts jusqu'à l'extase. C'est un flash lumineux, un cri, les nerfs cramés dans l'orgasme. Je vacille, me redresse sans lâcher Nina pour profiter des spasmes qui me vident en elle, la maculent, mêlent nos odeurs. "Jebote, jebote, c'est bon..." Je suis obligé de la poser au sol parce que mes bras lâchent, mais je l'attire contre moi pour enfouir mon nez dans ses cheveux, me collant à elle dans un élan d'amour si fort que j'ai le souffle coupé. "ti si moj andjeo, moje zlato" et bientôt, très bientôt, elle sera à nouveau ma femme, je suis enivré par cette idée.

Je m'embrase littéralement contre sa peau, mon corps parcouru d'une myriade de petits arcs électriques qui se répandent dans chacun de mes nerfs, chacune des fibres de mon être. Je dois m'accrocher fermement à lui pour ne pas perdre pied alors que ses coups de boutoir me heurtent chaque fois un peu plus fort, le poussent en moi un peu plus loin. J'encourage ses mouvements de mes ongles qui s'enfoncent dans la chair de ses épaules, à y imprimer des marques rouges, à l'opposé de celles qu'il laisse sur ma peau. Un éclair de plaisir me transperce et j'ai la sensation d'éclater de l'intérieur, mes muscles se tétanisant, mon corps se resserrant autour du sien, mes pieds contre ses reins, mes seins contre son torse. La chaleur de sa peau me brûle et j'étouffe un piaillement contre ses lèvres, un voile blanc passant derrière mes paupières.

On échoue au sol ensemble, emmêlés l'un à l'autre, et je me retrouve sans trop savoir comment allongée sur le carrelage de la salle de bain, son corps surplombant le mien. Je lèche sa bouche dans un grognement animal, avide. Volim te. De l'eau me coule sur le bras et je lève le nez pour voir la baignoire en train de déborder. Je fais signe à Slavenko pour qu'il tende la main et coupe l'eau, mais je suis incapable de le laisser s'éloigner de moi. De nouveau, j'enroule mes jambes autour de ses hanches, le ramenant fermement contre mon corps tremblant. Je te veux encore.

Les mains appuyées sur le carrelage, je suis au dessus de Nina. Elle m'attire, ses mains nouées à mon cou et nos bouches se cherchent fiévreusement comme si on en était aux préliminaires. Ce qui est le cas, je le comprends quand elle me chuchote cette phrase à m'électriser. Le poids de mon corps se fait plus lourd contre le sien, j'épouse sa courbe à même le sol, entre ses cuisses ouvertes, nouées à moi. Mes mains se posent sur ses flancs, la soulève en poupée souple pour que ma bouche vienne à ses seins. Je la dévore avec passion, trace des sillons de plaisir sur sa chair que je goûte. Je la dépose pour pouvoir glisser à son ventre. Est-il un peu plus renflé qu'avant ? Il me semble que oui, mais c'est sans doute une illusion. J'embrasse la peau au dessus de la lisière de son sexe, prenant mon temps, gavé d'endorphine que je suis, satisfait, vibrant de bonheur rien qu'à la sentir frissonner et se cambrer entre mes larges mains.

J'écarte ses cuisses de mes mains, soulève ses hanches pour venir poser ma bouche à même son sexe. Un baiser intime et plus doux qu'il parait, lèvres chaudes contre celles humides et palpitantes qui portent mon propre goût, cyprine et sperme s'y mêlant. Je bécote tendrement les petites lèvres, y glisse un bout de langue mouillée et chaude. Tout doucement, par degré, je la goûte plus profondément, je me laisse absorber par son plaisir, ce plaisir qui m'a toujours fasciné, et qui a toujours flatté mon ego. Je me moque bien de l'inconfort de la position, du sol dur sous mes genoux, des mes coudes écrasés contre le carrelage. Je ne sens que les palpitations de son corps, je n'entends que la musique de sa jouissance, à l'infini.

Je ne sais pas avec précision ce dont j'ai envie, si je veux qu'il me fasse l'amour encore ou seulement qu'il me fasse jouir. Je sais juste que je ne peux pas le laisser s'éloigner de moi, que je ne veux pas déjà renoncer au plaisir, que je ne veux pas laisser les palpitations de mon corps s'apaiser. Je veux sa peau à moi seule, son corps contre le mien, nos souffles qui se mêlent. Je veux lui appartenir encore, et qu'il m'appartienne à nouveau.

Son souffle brûle ma peau et je m'alanguis sous ses caresses, tend les bras en arrière en m'étirant, creusant le dos dans un spasme de plaisir quand sa bouche se pose sur mon sexe. Le sol est froid sous mon dos mais j'irradie trop de chaleur pour en être consciente. Sous son intrusion douce, mon ventre se contracte, ma poitrine se soulève et je pousse un couinement sous l'afflux de sensations toujours trop puissantes après l'orgasme. Ma main tâtonne, en quête de quelque chose à quoi s'accrocher, en l'occurrence son épaule à laquelle je m'agrippe comme si ma vie en dépendait. Le souffle court, la respiration haletante, je soulève les hanches, ondule vers sa bouche pour accompagner ses mouvements, jusqu'à ce qu'un éclair blanc balaie ma conscience. Je retombe mollement sur le sol, entre ses bras, tremblante comme une feuille.