Playmobil, en avant les histoires ! - Slavina

"T'en fait pas srce, c'est pas très grave. Je veux juste pas que tu t'angoisses de trop." Pour elle, pour le bébé, pour nous. Parce qu'après elle est pleines d’élucubrations à mon sujet, dont je ne sais pas me défendre et après on se prend méchamment la tête.

"Leg ? Je sais plus... C'était au pussynight, y a quelques semaines, et je dois le revoir à un meeting politique dans quelques jours. Il m'a dit qu'il allait se faire naturaliser. Par mariage ! Il se cherche une gentille petite serbe. J'ai pensé l'adresser à mon père, vu qu'il a l'air de savoir où trouver ça... ha ha..."

Le fait de savoir que Legence passe au Pussynight ne m'enchante pas des masses, mais je suis certaine que ce n'est un secret pour personne. Si j'ai appris à bosser avec lui, ça ne signifie pas que je lui fais confiance pour autant. Pas en ce qui concerne Slavenko, en tout cas. Mais je ne dis rien, j'étouffe ma jalousie sans doute déplacée d'ailleurs et je me contente de hocher pensivement la tête. J'ai beaucoup de mal à l'imaginer marié. A une nana en plus. Son orientation sexuelle n'est un secret pour personne, mais il trouvera peut-être une nana que ça arrange bien d'être avec un mec qui ne regardera pas si elle va voir ailleurs ou non. Les Tigrovi vont l'aider, ou c'est seulement toi qui l'aide ?

"Pour l'instant c'est moi. Pour les tigrovi... tu penses bien que mon père va attendre de savoir comment il s'intègre dans notre univers avant de se positionner. Je crois que Mirko serait plutôt favorable, si Leg la met en sourdine concernant ses penchants. Un mariage devrait faire l'affaire. Mais bon, je connais tout le monde de la SNSD, et j'ai des contacts au TPIY et à l'ONU, ça suffira pour commencer. " Legence louvoie très bien dans ce genre de milieu, il a de bons contacts dans différentes mafias et notamment sur le sol américain. C'est très positif pour nous, j'en suis persuadé. Je suis content de pouvoir travailler à nouveau avec Legence.

"Dis srce, je pensais à un truc... A cause de Leg et du fait que tu dois un peu changer ton agence. Et puis que je voudrais faire quelque chose qui me permette de rester plus avec toi..." C'est beaucoup de précautions oratoires parce que je ne suis pas très sur de moi. "Enfin..." Je soupire encore avant de me redresser tout à fait. J'ai envie d'une clope et je me penche pour trouver mon paquet et me lever. La porte fenêtre de la chambre donne sur la terrasse. C'est parfait. "J'y réfléchis encore parce que je sais pas si c'est une très bonne idée en fait."

A la mention de ses contacts, mon visage s'assombrit. Je sais bien qui il connaît au TPIY. Je crois que s'il revoit Ymke, je trouverais moi-même un moyen de me débarrasser d'elle. Il n'est pas le seul à être capable de passer à l'action et cette femme a bien trop dépassé les limites pour que je me contente de râler tout en restant les bras croisés. Une fois de plus, pourtant, je me tais, sans doute parce que je ne veux pas prendre le risque de gâcher une journée qui commençait si bien, on sait la vitesse à laquelle les choses peuvent déraper entre nous, toujours.

Il se lève pour aller fumer à la fenêtre et malgré l'envie qui me poigne de rester collée à lui, je ne le suis pas. Je ne supporte plus l'odeur du tabac, de la fumée, et je suis de toute façon trop bien dans les draps pour songer à les quitter. C'est juste légèrement angoissant parce qu'en général lorsqu'il se lève pour parler, c'est que le sujet est délicat. D'ailleurs toutes ses précautions oratoires me font penser la même chose. Je fronce légèrement les sourcils, sans comprendre de prime abord le rapport entre Legence et mon agence. Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis pas ce dont il s'agit, Slavo...

J'allume ma cigarette et je reste posté à la porte fenêtre ouverte, un bras appuyé au chambranle. Dehors, l'après-midi s'amorce tout juste et il fait un grand soleil. Je me fais la réflexion que nous aurions du aller à la plage avec un temps pareil. Il n'est peut-être pas trop tard pour y aller. Tout à ma réflexion, je ne sais pas "Humm mais srce, c'est juste que je sais pas pour le moment. Je pensais à ça. Ta société, avec tes filles, c'est une mine. Tu as accès à tous les hommes politiques, les hommes d'affaires, les mecs qui ont du pognon et de l'influence. Et c'est dommage d'exploiter ça que pour un peu de pognon. Parce que si tes filles sont habiles, elles peuvent entendre plein de trucs. Surtout si les gens les soupçonnent pas de parler serbe ou russes. Et donc, on pourrait avoir des infos, tu vois ? Je ne suis pas sur d'être clair de prime abord mais je réfléchis à haute voix. C'est la première fois que l'idée sort de ma tête, verbalement exprimée. "Alors je me disais qu'on aurait pu...revoir un peu ton business et m'inclure dedans. En bossant pour les Tigrovi. Comme informateurs." Espérons tous que l'accouchement de Nina soit moins compliqué que ça !

Je dois dire que ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais, et je fronce les sourcils, perplexe face à sa proposition. J'ai bossé pour les Tigrovi par le passé, et ça s'est très mal terminé. Je ne vois personnellement pas ce qu'il y a de mal à bosser uniquement pour le pognon, pour avoir quelque chose à soi, je ne partage pas ses ambitions politiques, ses convictions nationalistes et je crois que j'aurais surtout le sentiment de vendre ma boîte si j'acceptais sa proposition. Slavenko... Je soupire, essaye de trouver mes mots tout en sachant qu'il y a déjà de fortes chances pour que ça dégénère malgré moi. Mes relations avec les Tigrovi ont toujours été compliquées... Je ne suis pas sûre que m'inclure dedans soit une très bonne idée... J'ai peur qu'il joue les autruches encore en prétextant qu'aujourd'hui, tout va bien entre eux et moi. Mais s'il n'est pas complètement idiot il doit bien voir qu'on fait juste en sorte de se tolérer ! J'ai la rancune tenace, et je ne pense pas être en tort pour une fois. Et puis je me suis habituée à être... décisionnaire, tu vois ? J'ai pas tellement envie que ton père ou ton oncle deviennent mes supérieurs. Prendre plus de pincettes que ça, vraiment, je ne pourrais pas.

N'étant pas très sur de moi sur la question, la réponse de Nina a au moins le mérite de mettre les pendules à l'heure et je capitule très vite, sans insister. Je n'ai pour l'instant pas d'idées ni de vraie volonté de faire à toute force ce business, en tout cas pas assez pour avoir la motivation de déplacer des montagnes. En l’occurrence, les montagnes ce sont mon père d'un coté et Nina de l'autre. C'était une idée plaisante pour l'organisation de notre future famille, mais je ne suis pas sur du rôle que je pourrais jouer, ni même si à terme, je ne me ferais pas chier. Tout le monde semble penser que j'ai besoin d'adrénaline pour fonctionner alors j'imagine que c'est vrai. "humm tu as surement raison srce. C'était juste une idée en passant." Dans mon idée, ni mon père ni Mirko n'étaient décisionnaires mais je ne cherche pas à approfondir le sujet.

Je termine ma clope, sors, éteint ma cigarette dans le cendrier qui est sur la table de la terrasse avant de rentrer à nouveau dans la chambre. "Si on allait à la plage zlato ? Il fait super beau, ce serait dommage de pas en profiter finalement." J'ai un sourire en lui proposant, je sais bien que j'avais proposé de rester dans la chambre, mais finalement, puisque je suis serein et qu'on a l'air repu, o peut se risquer à foutre le nez dehors.

Je fronce les sourcils, un peu déstabilisée par la rapidité avec laquelle il capitule. Qu'on ne se méprenne pas, je n'ai pas fait semblant d'être en désaccord seulement pour lancer le débat. En revanche, je pensais que lui tenterait non pas de me convaincre à tout prix mais au moins d'en discuter. Un moment, je reste immobile et muette, mon regard noir braqué sur lui, anxieux parce que je crains l'un de ces moments où les choses m'échappent et dérapent. Je guette l'agacement, l'incompréhension, la déception ou encore la colère sur ses traits, en crispant les mâchoires et en serrant les poings... Mais non, je ne vois rien de tout ça, et lentement je me détends... Pas tout à fait cela dit, parce que s'il propose de sortir, c'est qu'il n'a soudain plus tellement envie de rester collé à moi.

Un peu dépitée, je hoche la tête, toujours désireuse de ne pas faire d'histoires, et je me lève en silence. Je fouille dans la valise qu'il a montée tout à l'heure pour récupérer une robe à enfiler à la va-vite, ainsi qu'un maillot qui ne soit pas déjà trempé par ma baignade matinale. Quand il est prêt lui aussi, on peut sortir de la maison pour s'aventurer dehors, où la température a déjà largement augmenté. Je me risque à relancer le sujet, d'une voix clairement hésitante. Si vous avez besoin d'informateurs, on pourra toujours en reparler, tu sais..? L'idée de lui filer quelques infos si d'aventure on en avait ne me dérange pas, c'est plutôt le fait que mon activité ne soit soudain plus qu'une annexe, une couverture pour dissimuler l'espionnage.

J'enfile un short long qui peut faire short de bain et un tee-shirt, sans oublier des chaussures plus pratiques que mes rangers, et mes lunettes de soleil. Mon regard glisse sur Nina si jolie dans sa robe estivale. Pour qui la connait comme moi, on peut remarquer le tout léger renflement de son ventre, c'est adorable.

Après avoir verrouillé et branché l'alarme, on se dirige vers le chemin de la plage. Il longe d'abord la route avant de bifurquer vers la falaise où il descend abruptement en zigzag. Nina revient sur ma proposition comme si ça la chiffonnait d'avoir dit non, en quoi je la rassure d'un haussement d'épaule assortit d'un sourire "Hum, non t'inquiète pas, Camenko est là pour ça !" Je prends sa main jusqu'à ce que le chemin soit trop étroit, alors je passe devant comme ça si elle glisse, elle pourra s'accrocher à moi. Mais je sais déjà qu'elle a le pied bien plus sur que moi. (enfin si c'est moi qui glisse, ça évitera que je lui tombe dessus et l'écrase de mes bien 90kg tassés) On a un petit kilomètre à faire, ce n'est pas grand chose, mais il faut surtout éviter de se casser la gueule !

Je ne peux m'empêcher de repenser, toujours, à ce qu'il m'a déjà dit plus d'une fois. Que je prétends toujours qu'il peut tout me dire, qu'il doit pouvoir se confier à moi, mais que je ne réagis jamais comme il le faudrait quand il le fait. J'ai une peur bleue qu'il s'agisse d'un de ces moments-là. Pourtant, j'ai beau l'observer, le détailler sous toutes les coutures, je ne vois pas l'ombre d'une déception sur son visage. Il m'affirme, une fois de plus, que ce n'est rien, et cette fois je sais que je dois lâcher prise. Parce que si je continue d'insister, ça va finir par devenir bien plus important que ça ne l'est ! J'acquiesce donc, esquisse un demi-sourire toujours hésitant. D'accord.

J'abandonne sa main pour le laisser ouvrir la route, et je prends bien garde à ne pas trébucher. Je suis d'ordinaire très agile, et mon centre de gravité n'a pas encore bougé, Dieu merci ! Je suis malgré tout bien plus prudente qu'à l'accoutumée, et j'accepte même de m'appuyer sur la main du slave lorsqu'il m'aide à descendre sur la plage. Le soleil chauffe déjà ma peau, et je me penche pour ôter mes sandales et sentir le sable brûlant sur mes pieds. Un sourire lumineux éclaire brusquement mon visage. Je ne me souviens pas de la dernière fois que je suis allée à la mer. A Bali, nous étions en pleine jungle, et si nous avons pu profiter de la piscine, Slavenko était trop mal en point pour qu'on fasse le trajet jusqu'aux plages les plus proches. Il y a déjà un peu de monde, la journée est trop belle pour que les gens la passent enfermés chez eux. Je fais remarquer dans un sourire amusé. On a oublié le parasol et la crème solaire, je vais devoir bronzer, c'est terrible.

Je me garde bien d'ôter mes chaussures, je n'aime pas marcher dans le sable brûlant, alors que Nina est toute contente de le faire ! Naturellement, je me rapproche d'elle jusqu'à l'enlacer pour marcher comme des tortues. C'est devenu si rare qu'on le fasse, pas l'occasion, pas le bon lieu, je comprends ce qu'elle veut dire en disant que j'étais différent dans le Bronx. Mais ce n'est pas que moi, l'environnement est différent, la culture, la ville. A la remarque de Nina, je m'exclame, catastrophé. "Jebote ! Non ! J'ai complètement oublié !" Je suis désolé et je culpabilise parce que j'avais dit que je passerais à la pharmacie pour elle. C'est un vrai manquement à mes devoirs envers elle. En plus elle va bronzer et là c'est le drame.

La mine dépitée, je propose "tu veux que j'aille en chercher ? Ou on se trouve un coin avec de l'ombre, on doit pouvoir trouver ça. "

Il m'attire à lui, son bras autour de mes épaules et mon cœur loupe un battement ou deux. Moi aussi, je n'ai que trop conscience d'à quel point ces gestes-là sont devenus rares, surtout en public, et c'est loin d'être la seule chose qui me manque. Cependant ici, non seulement il y a moins de monde, mais en plus l'endroit se prête un peu mieux à ce genre de câlineries. Les plages ne sont pas encore envahies de touristes -le sont-elles vraiment dans ce coin du monde ?- et ceux qui s'y sont attardés sont trop occupés à somnoler au soleil, ou à jouer dans l'eau pour se soucier de nous. Il y a d'autres couples enlacés, des familles qui jouent aussi, et je suis partagée entre le soulagement, et la déception qu'il nous faille désormais un lieu particulier pour qu'il me prenne dans ses bras.

Je suis un peu surprise parce qu'à mon rappel, il a l'air absolument horrifié. Moi qui pensais faire une plaisanterie ! Je secoue la tête, tente un sourire. Je t'assure que j'ai déjà été au soleil dans ma vie, et tu seras surpris d'apprendre que je ne prends pas feu. J'ai la peau claire et fragile, c'est vrai, mais une heure au soleil ne devrait pas me tuer, nous ne sommes pas encore en plein été. Heureusement pour la santé mentale de mon ex-futur-mari, il y a des arbres disséminés de loin en loin sur la plage, et je les désigne en pressant son bras. On doit pouvoir se trouver un peu d'ombre, si ça te rassure, viens. De nouveau, je noue ma main à la sienne, et le guide vers les potentiels coins d'ombre en question. Malheureusement, les premiers devant lesquels nous passons ont tous été pris d'assaut, et il nous faut marcher encore un peu pour trouver un arbre qui n'ait pas encore été envahi. Si je fais bonne figure, le temps d'y arriver, j'ai la plante des pieds brûlante et je bondis sur le sable à l'ombre en couinant de soulagement.

Je gronde de désespoir en raffermissant ma prise autour de Nina. "Tu prends pas feu, ça reste à voir ! Tu vas devenir comme une écrevisse et après tu seras bronzée. J'aime bien ta peau toute blanche srce, et je ne veux pas que tu aies mal à cause des coups de soleil." Non mais je m'en veux à un point pas possible. Elle qui me disait récemment que je ne faisais plus rien pour elle, (j'extrapole un peu ), que je ne m'occupais pas d'elle, c'est la preuve qu'elle a raison. Je n'aurais jamais oublié avant. C'est dans mes attentions qu'elle sent que je l'aime, encore une fois selon son expression consacrée "comme avant". Je ne me pardonne pas d'avoir oublié la crème solaire !

J'esquisse un sourire en la voyant sauter comme un cabri. Pour me rattraper, j'essaye de me montrer galant, il parait que ça se fait. En fait, on est parti sur un coup de tête sans rien emporter. Ni serviette, ni sac, ni flotte. J'ôte mon tee-shirt pour le poser sur le sable à l'ombre. Je m'assieds juste derrière et si elle s'installe entre mes jambes écartées, elle aura le tee-shirt pour ses jolies fesses et mon torse en reposoir. Je lève le nez et tends les bras pour l'inciter à venir s'installer dans mes bras, que je puisse fourrer mon nez dans ses cheveux sentant bon le soleil.

Il serre ses mains plus fort sur mes hanches et je le sang rushe brusquement dans mes veines. Ma voix est soudainement plus rauque lorsque je réponds, en passant mes mains sur son dos. Il y a bien plus de risques que je prenne feu si tu me serres comme ça qu'en me mettant au soleil. Je m'enflamme de toute façon pour un rien en ce moment, ce n'est un secret pour personne et surtout pas pour lui qui fait les frais de mon désir insatiable. J'ai déjà chaud, le regard brillant également juste parce qu'il a ses mains sur moi et que ça me rend complètement folle. Mais il a l'air trop sérieux, trop désespéré aussi et je capitule dans un soupir de pure frustration. Je bronzerais pas, moja duša, je ferais attention... Je me réjouissais d'avoir, pour une fois, le teint hâlé, mais s'il préfère ma peau pâle, je ne voudrais pas prendre le risque de lui déplaire.

Il s'assied le premier, à même le sable, m'offrant son tee-shirt en assise pour m'éviter de me salir je crois. Mon regard s'éclaire, une lueur de tendresse passant sur mes prunelles. J'étais partie pour me baigner tout de suite, s'il ne s'agissait que de rêvasser au soleil (enfin à l'ombre) on aurait pu le faire autour de la piscine. Mais je ne sais pas lui résister, encore moins quand il me sourit de cette façon-là, ses lèvres plissées creusant une légère fossette sur sa joue, en tendant les bras vers moi. Je voudrais m'asseoir sagement puisque c'est ce qu'il attend de moi mais je ne sais pas réfréner l'impulsion qui me porte vers lui. Je m'agenouille sur son tee-shirt et mes bras se retrouvent croisés autour de son cou tandis que ma bouche fond sur la sienne.

Mon désespoir passe dans ses affirmations à rester blanche comme neige et dans le frémissement de sa peau sous mes doigts. Je retiens même un rire parce qu'elle se fait très tactile, et je sais qu'en ce moment, elle est volcanique, c'est vrai. Même moi, je ne suis pas la cadence ! Elle me tombe dans les bras et je l'attire alors qu'elle vient m'embrasser. Je l'attrape, l'enveloppe de mes bras pour un long baiser voluptueux, carrément indécent en public, mais je m'en fous bien ! Un bouffée d'amour fou m'explose dans la poitrine et je ré-ouvre les yeux, émerveillé de sa beauté. Ma main se pose, encadrant son visage alors que je l'installe d'autorité sur mes genoux, collée à mon corps dénudé. Je sens la chaleur de son corps sous la robe légère. "ti si divna srce...j'aime bien ta robe ... et ce qu'il y a dessous."

Joueur, mon regard se plisse soudain et un sourire m'illumine alors que je me laisse basculer en arrière, le dos dans le sable et Nina sur moi. Je suis sa chaise longue, son matelas de plage. Je ronronne par jeu "poljubi me"

Il m'accueille contre lui et j'ai comme toujours la sensation qu'un refus m'aurait tuée. Je me liquéfie sous son baiser, j'ai les joues rouges quand il s'éloigne de ma bouche, le regard brillant et le cœur qui bat à tout rompre. Je me retrouve je ne sais trop comment sur ses cuisses, et je ne sais soudain plus pourquoi j'ai accepté qu'on sorte de la villa. Tout serait tellement plus simple si nous étions encore dans la chambre, sous les draps. Je pourrais déjà m'être empalée sur lui, ses mains crochetées à mes hanches me faisant aller et venir sur sa queue. Je ferme un instant les yeux, tente de faire refluer les images violentes qui m'assaillent. Je ne suis pas sûre qu'il réalise à quel point c'est épuisant, pour moi aussi, de n'être jamais vraiment rassasiée, d'avoir toujours en arrière plan de mes pensées l'image de nos corps enlacés. C'était déjà le cas, globalement, au quotidien, mais je crois que je parvenais mieux à mettre ces pulsions en sourdine, les laissant en sommeil pour qu'elles ne se ravivent qu'au moment opportun. J'ai aujourd'hui perdu toute maîtrise et c'est très déstabilisant, je ne suis finalement pas sûre que je serais capable de jouer comme je l'ai pourtant réclamé.

Tu aimes toutes mes robes... Parce qu'elles lui permettent de glisser facilement ses mains sur ma peau, lui offrent un accès presque total à mon corps. Moi aussi, j'aime l'été pour les robes légères qu'il me permet de porter. Il s'allonge dans le sable et, conditionnée par ses nombreuses mises en garde, c'est moi qui observe un instant les alentours pour m'assurer qu'on n'attire pas l'intention. Mais l'arbre nous permet un semblant d'intimité qui fait mine de nous isoler, et je peux reporter toute mon attention sur le slave. Un rai de soleil nimbe son visage de lumière, éclairant sa peau bien plus mate que la mienne. Je tends la main vers lui, frôle sa mâchoire du bout des doigts, fascinée d'être encore aujourd'hui à ce point subjuguée quand je le regarde. Après quelques secondes, je me penche enfin sur lui, ma poitrine effleurant son torse, et mes lèvres survolant les siennes. Je passe la pointe de ma langue sur sa bouche, en trace lentement le contour, le sang battant mes tempes. Demande-le moi encore...

Je ne pense pas avoir jamais refusé à Nina un baiser ou un câlin, même si je suis parfois un peu plus discret en public que je ne l'étais à NY. D'ailleurs ce serait bien qu'on y aille avant qu'elle ne puisse plus prendre l'avion. Si elle doit voir Dimitri, je l'accompagnerais cette fois.

J'ai un rire silencieux parce que c'est vrai que j'aime toutes ses robes, mais particulièrement celles d'été, volantes et légères qui illuminent son visage par les couleurs qu'elle met assez rarement au quotidien, préférant le noir et le bordeaux. "C'est vrai, mais celle ci me plait aussi"

Tous ses gestes me mettent en éveil, m'émerveille et je me liquéfie d'amour. Je sens intensément le moindre effleurement de son corps, de ses mains, de sa langue. Tout me semble si puissant que mon coeur s'emballe avec la fureur du déferlement d'un torrent de montagne. Je répète de bonne grâce "poljubi me", Je me fais tout doux, le tigre qui a rentré ses griffes et qui ronronne, sur le dos, d'un air dompté sans qu'on sache si c'est de la comédie ou pas. Je réclame encore, gentiment, mon regard dans le sien "poljubi me, molim te, zlato, poljubi me"

​Naturellement, instinctivement, je prends note. De tout ce qu'il aime, de ce qui lui plaît, de ses préférences. Si je suis trop bornée, trop rebelle aussi, pour adapter mon attitude, j'ai toujours eu ce besoin viscéral de lui plaire à tout prix, physiquement. Dès notre première rencontre, j'ai fait en sorte de porter les tenues qui lui plaisaient le plus, je me suis toujours apprêtée avec un soin particulier. Et si ce trait de caractère s'est amplifié après notre rupture, il a également pris une nouvelle tournure depuis que je suis enceinte, et que je crains sans cesse de ne plus être désirable à ses yeux. Le moindre de ses compliments me remplit de joie, je me nourris de ses regards appuyés, de ses sourires lorsqu'il me voit, et plus que tout de sa volonté à me toucher. Je promets, presque grave : Je la remettrais si elle te plaît... Et j'ai eu l'occasion, lors de notre voyage à Bali, de faire le plein de tenues d'été.

Il m'appelle, me réclame comme je l'incite à le faire et du métal fondu me coule dans le bas du ventre. Je me voûte un peu plus sur lui, et ma bouche enfin se lie à la sienne dans un baiser langoureux. La fièvre me gagne au contact de sa langue contre la mienne et je presse son épaule entre mes doigts, relâche sa bouche dans un gémissement plaintif. La façon dont on s'embrasse est déjà carrément indécente pour l'endroit, et je sais qu'on ne pourra pas aller plus loin, ce qui me frustre d'avance. D'une voix ronronnante, suave et -je l'espère- tentatrice, je susurre : Viens dans l'eau avec moi...

D'avoir rentré mes griffes, de m'être fait gentil, j'obtiens ma récompense en un long baiser où je m'abreuve. Mes mains trainent sur se hanches, ses fesses, descendent jusqu'à la lisière du tissu. J'aime passer aisément la barrière des obstacles pour trouver sa peau crémeuse, douce à me damner. Je ne pense plus à ce qui nous entoure, je ne pense plus tout court, seulement concentrer sur les délicieuses sensations qui font battre mon cœur sourdement et palpiter mon sang plus fort dans mes veines.

Sa proposition me surprend. "tu veux aller dans l'eau ?" Je pensais qu'avec la piscine chauffée, jamais elle ne voudrait mettre l'orteil dans l'eau plus froide de la mer. J'ai un rire amusé "Hé mais qui a changé ma femme ?" Je frotte amoureusement ses fesses sous la robe avant de la relâcher avec un grand sourire. "d'accord." Je suis déjà en short de bain et j'ai enlevé mon tee-shirt. Du talon, j’ôte mes godasses (c'était une très bonne idée que ne pas mettre mes sacro-saintes rangers). Je me lève et tends la main pour aider Nina à faire de même. Quand elle est en maillot de bain, on laisse nos affaires à l'ombre pour garder la place et on va vers l'eau, main dans la main, comme des ados. La bande de sable n'est vraiment pas large, nous sommes à peine à dix mètres du bord. Ce n'est pas du sable fin mais plutôt grossier et qui fait un peu mal aux pieds. L'eau est d'un bleu-vert limpide.

Ses mains sont trop baladeuses sur ma peau pour que je ne sois pas déjà brûlante, l'esprit saturé d'images d'un érotisme qui me liquéfie. J'en suis à me demander si on a réellement fait l'amour juste avant de partir, tant ça me semble incroyable d'être à ce point perturbée par son contact. Qu'on se le dise, ce n'est que par intérêt que je lui propose d'aller nous baigner, parce que l'eau nous dissimulera un peu mieux aux regards les plus indiscrets et que je ne veux pas nous attirer d'ennuis ici. Mes joues sont roses de chaleur quand je réponds à sa plaisanterie. J'aime me baigner avec toi, j'aime quand tu me réchauffes dans l'eau. C'est toujours le contraste qui me plaît, comme en hiver lorsqu'il fait si froid et qu'il vient se coller, brûlant, contre moi. S'il refusait maintenant, je ne suis pas sûre que je ne demanderais pas simplement à rentrer à la villa. Je vous assure, son projet de passer la journée au pieu me convenait à merveille, quelle étrange idée que de vouloir sortir !

Je le libère de mon poids et comme j'ai déjà enlevé mes chaussures, je n'ai plus qu'à me débarrasser de ma robe pour me retrouver en maillot, dans un ensemble légèrement trop serré au niveau de la poitrine également. C'est la première fois que je remets un maillot de bain depuis que je suis enceinte, je n'avais pas pensé à ce détail, et comme je ne mets que très rarement de soutien-gorge... Dieu merci ce n'est pas encore indécent cela dit, du moins je l'espère, et on gagne de toute façon l'eau très rapidement. Il suffit que les vagues me lèchent les oreilles pour que la tension descende d'un cran, s'évaporant dans un couinement de surprise. Je ne pensais pas que l'eau serait si froide. Je serre les dents pour tenter de faire bonne figure, mais je suis certaine que Slavenko se fout déjà de moi. Je me tourne vers lui dans un sourire. Tu devrais y aller le premier, je vais laisser mon corps s'habituer, là...

On était plutôt bien accordé avant sa grossesse, sur le plan du rythme auquel on baisait, ce qui était déjà - parait-il - d'une fréquence élevée pour un couple. (je sais pas trop j'avais jamais été un couple avant Nina.) Mais ces derniers temps, passé le moment où Nina s'endormait comme une poule à neuf heures pétantes, la voilà qui pète le feu. Sa libido semble avoir explosé et je n'ai pas l'impression de suivre le rythme cette fois. Je me sens presque défaillant à ses besoins ! Quelle étrange sensation.

Arrivés au bord de l'eau, j'ai déjà les pieds dans l'eau quand Nina me lâche la main. Ah, je la retrouve, frileuse et hésitante à la fraîcheur de l'eau. C'est vrai que je le concède, elle n'est pas chaude - je parle de l'eau, parce que ma femme, elle c'est plutôt l'inverse, ha ha. Je m'arrête et je reviens vers elle jusqu'à pouvoir poser ses mains sur ses hanches. Son décolleté est tout à fait intéressant, serré dans son haut un peu trop petit. Je louche dessus, forcément, c'est une tentation à l'état pur. "ok, je veux bien y aller en premier mais tu me rejoins ? Promis ? " Je m'éloigne à reculons, me laissant lentement absorber par l'eau, la peau frissonnante. Une fois dans l'eau jusqu'au torse - je reste toujours où j'ai pied, je n'aime pas vraiment nager - je tends une main vers Nina. "moj andjeo."

Je fais de mon mieux pour garder mon self-control quand il pose ses mains fraîches et mouillées sur mes hanches. Je suis parfaitement consciente de mon état ces derniers temps, et j'ai presque peur d'en devenir étouffante. Alors j'essaie de faire retomber la pression, de me calmer, après tout c'est sans doute pour ça qu'il a voulu qu'on sorte, pour avoir un peu la paix ! Je souffle tout bas : Promis. Je le suis du regard alors qu'il s'éloigne, s'immergeant dans l'eau froide avec une facilité qui éveille toujours mon admiration. Si les bouffées de chaleur me rendent souvent moins frileuse, il n'en reste pas moins que je préfère l'eau chaude et les températures plus élevées, et je transforme toujours la salle de bain en sauna lorsque je prends ma douche.

Un sourire étire mes lèvres quand il tend la main vers moi. Je ressens toujours cet étrange et délicieux arc électrique quand il m'appelle à lui, et pour une fois il ne s'apparente pas toujours à du désir. C'est aussi cette tendresse infinie, ce sentiment d'attachement profond qui me lie à lui et me noue le ventre. J'avance de quelques pas, la froideur de l'eau me mordant les jambes, hérissant ma peau en chair de poule. Un long frisson me parcourt, mais mon regard plongé dans celui du slave je sais déjà que le froid n'est pas suffisant pour me faire reculer, j'ai trop envie de retrouver ses bras. Alors j'accélère, m'enfonce plus rapidement dans l'eau pour me blottir contre lui, mes bras s'accrochant à son cou, auquel je m'accroche pour décoller mes pieds du sable et ainsi maintenir ma poitrine hors de l'eau.

Alors là elle se trompe, j'ai voulu sortir parce qu'il fait beau, que je l'ai emmené ici pour qu'on fasse ces trucs qu'elle aime, ces sorties qui nous font passer pour un couple "normal". J'ai voulu sortir pour lui plaire, pour la voir sourire au soleil, pour l'admirer, le regard éperdu d'amour, et pour être fier de l'avoir à mes cotés. J'ai voulu sortir pour qu'elle ne bronze pas - ha ha - pour que nous profitions de ce moment où ne sommes que tous les deux hors du monde, dans une bulle.

Mon regard d'éclaire quand elle me rejoint, je sais comme se jeter dans l'eau froide lui coûte et elle le fait pour moi, pour se réfugier dans mes bras. Je l'enlace, collant mon corps encore chaud contre elle et l'enveloppant de mes bras. Je la soulève assez pour qu'elle puisse nouer ses jambes à ma taille. Le renflement de ses seins me nargue, je n'ai qu'à pencher la tête pour y poser ma bouche. J'y bois l'eau salée dessus, la lape. Nous sommes assez loin du bord pour être isolés et personne n'est dans l'eau dans nos environs. Elle est trop fraîche pour que beaucoup s'y risquent. Seuls quelques mômes jouent au bord des vagues mais ils sont à plusieurs centaines de mètre sur notre gauche. "t'es vraiment très sexy dans ce maillot"

Je voudrais à jamais pouvoir revivre cet instant où ses bras se referment autour de moi. Quand il est parti, que mes rêves étaient tout entiers peuplés de lui, ce n'était pas à nos étreintes que je pensais le plus, mais à nos retrouvailles, passées ou fantasmées. Cette fraction de seconde, toujours trop brève, durant laquelle il me tracte vers lui, son corps épousant le mien, son visage revenant au-dessus du mien, assombrissant mon horizon et tout ce qui n'est pas lui. La sensation étrange de son cœur contre ma poitrine, le myocarde qui s'emballe, mon souffle qui se bloque dans ma gorge, dans un sursaut, quand je me demande s'il ressent la même chose. Chaque fois qu'il me prend dans ses bras, j'ai l'impression de nouvelles retrouvailles, ce ne sont pas tant nos âmes qui se retrouvent puisque nous étions ensemble, mais nos corps qui soudain reprennent vie. Les frissons sur ma peau, c'est mon épiderme qui appelle le sien, lui crie comme il m'a manqué. On peut s'écrire, s'appeler, se parler, pour mon corps une minute loin de lui semble toujours durer des heures.

J'enfouis mon nez dans ses cheveux, le laissant dévorer ma peau à loisir, mes doigts enfoncés dans le haut de son dos. T'es toujours trop sexy, Slavenko... Je démarre trop au quart de tour en ce moment pour avoir froid bien longtemps, et ma peau ne tarde pas à se réchauffer au contact de la sienne. Je me laisse glisser un tout petit peu plus bas, mon bassin venant épouser le sien dans un mouvement qui accélère une fois de plus ma respiration. Comment suis-je censée prendre sur moi, me maîtriser s'il me mange et me regarde de cette façon ? J'adore me baigner avec toi... J'ai hâte qu'on puisse utiliser notre piscine...

Moi, je sais juste que Nina est à moi et que ça fait plus que m'emplir de joie, ça me complète. Avoir Nina dans mes bras, c'est comme avoir recouvré la vue. Sans elle c'est le pilotage automatique de ma vie et de mon univers. C'est reposant, facile, mais fade. Quand je suis avec elle, tout est différent. Personne comme elle n'arrive à me faire sentir vivant et non plus en sursis, personne ne fait susciter des vagues d'amour en moi comme elle le fait quand elle vient se nicher dans mes bras, quand elle a ces élans pour moi. Pour moi !

Trop sexy, je ne me vois pas comme elle me voit et je ne sais pas comment je lui plais, pourquoi je lui plais, mais j'en suis heureux, et ses compliments me gênent autant qu'ils me font vibrer d'amour. Je la picore à loisir, le nez contre la peau moelleuse et fraîche, mouillée des vagues qui me splashent dessus par moment, me forçant à reculer pour revenir mordiller et embrasser sa chair. Je rougis sa peau comme le ferait le soleil si je le laissais faire. Son bassin contre le mien calé est délicieusement chaud. Entre deux grignotage, je réponds à Nina, sur ce rythme lent et désorganisé de nos conversations amoureuses. "Le technicien vient la semaine prochaine...mardi...et après tu pourras te baigner dans une piscine chauffée, moja ribica." Sous l'eau, mes mains frottent sa peau, l'eau la soutient, ce qui me permet d'être plus lâche dans ma prise et de pouvoir malaxer ses hanches, ses cuisses, ses fesses. Il est plaisant de la sentir plus excitée que moi pour une fois, de savoir que je peux enfin gagner le jeu même si je suis finalement toujours gagnant quand on joue parce qu'elle ne me laisse jamais sur ma faim. "Tu sais, j'me disais que si tu allais à NY, je voudrais t'accompagner cette fois. T'es bien trop chaude pour que j'te laisse y aller seule..."