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Living in the storm || Dramavic Ven 20 Sep - 19:05
Living in the storm
Slavenko, Camenko & Nina
27 septembre ; 09h25
D'un sourire, je remercie la sage-femme qui s'éloigne, avant de refermer silencieusement la porte derrière elle. Le pédiatre de garde est passé il y a un peu moins d'une heure, pour valider l'autorisation de sortie de Tomas. Notre fils, si petit, si malmené par la vie alors qu'il était encore dans mon ventre, a fait preuve d'une force que je ne soupçonnais pas. Il a pris du poids régulièrement, sans difficulté, et a rapidement pu abandonner la sonde pour ne plus se nourrir qu'au sein. L'assistance respiratoire n'a, elle, jamais été nécessaire, et il n'a présenté aucune complication. Tous les signaux sont au vert, il ne semble pas avoir eu de séquelles, même s'il est trop tôt pour l'affirmer avec certitude. Il aura droit à des rendez-vous médicaux réguliers, et je ne suis d'ailleurs autorisée à rentrer qu'à la condition qu'une sage-femme passe tous les jours à la maison durant la première semaine.
C'est pour moi, que la situation a été un peu plus compliquée... Il m'a fallu du temps pour reprendre des forces, et à l'heure actuelle mes analyses sanguines ne sont toujours pas très positives. Je suis carencée, clairement, légèrement anémiée aussi et j'ai déjà perdu les quelques kilos pris durant la grossesse. Je suis extrêmement fatiguée, à fleur de peau, très certainement en proie à un baby-blues comme les médecins aiment à l'appeler, et je peine un peu à me remettre physiquement. Heureusement, Slavenko a pu passer me voir régulièrement durant ces quinze jours, et sa présence m'a aidée à tenir le coup. C'était un vrai réconfort de l'avoir près de moi la nuit, et de pouvoir me reposer un peu sur lui pour calmer Tomas aussi. Je suis anxieuse à l'idée de retourner à la maison sans lui, d'autant que cette fois il ne pourra sans doute pas venir nous voir. Mais son frère, qui ne devrait plus tarder, m'a assuré que c'était le plus sûr pour nous tous, et j'ai promis de ne plus désobéir. Mes affaires sont prêtes, celles de mon fils également, je n'ai plus qu'à prendre une douche et m'habiller.
Tomas dort à poings fermés dans son berceau vitré, et je le couve d'un regard tendre avant de m'éclipser dans la salle de bain. La ronde des médecins étant terminée, je ne crains pas une visite impromptue et je peux tenter de me débarrasser de la sueur, du sang, et du vomi qui me colle à la peau. Bienvenue dans le monde merveilleux de la maternité. Je me glisse dans la cabine pour une douche chaude, rapide, rester longtemps debout me fatigue de toute façon, mais je prends le temps de me laver les cheveux malgré tout. Je coupe l'eau, me frictionne rapidement, enroule mes cheveux trempés dans une serviette, m'habille d'une robe ample et ressort de la salle de bain, pour découvrir une chambre déserte. Vide.
Re: Living in the storm || Dramavic Sam 21 Sep - 19:30
Les murs froids et blancs de la maternité paraissaient étrangement moins inhospitaliers que ceux des autres services du bâtiment, à croire que les pleurs adorables et chouinements insupportables des bébés rendaient tout plus beau, plus respirable. L’odeur d’antiseptique elle-même changeait, laissant place à un parfum plus doux, peut-être celui des enfants eux-même. Ces choses-là sentaient bon, toutes les mères s’accordaient à le dire.
Les mains dans les poches, Camenko remontait un couloir qu’il avait l’impression d’avoir trop vu depuis plusieurs semaines. Ses doigts trituraient inconsciemment les clés de sa voiture, parquée au plus proche pour que Nina n'ait pas à trop marcher en sortant de la clinique. Quand bien même quinze jours s'étaient écoulés depuis son opération, elle restait plus faible qu'à l'ordinaire. Tous les moyens étaient bons pour lui éviter la fatigue et le stress.
Il était convenu d'installer les deux derniers Drazavic arrivés dans la famille directement chez eux. Ce n’était peut-être pas ce qu’il y avait de plus agréable pour les tourtereaux, mais c’était ce qu’il y avait de plus sûr, de moins alarmant. Jelenko s'inquièterait bien trop si Nina venait à disparaître une nouvelle fois des radars, et ils ne pouvaient se permettre de jouer avec les nerfs de cet homme. Slavenko devrait se tenir à distance quelques jours encore, rester cloîtré dans l’appartement cette fois. Il ne pouvait prendre le risque de s’aventurer près de leur maison, et Camenko espérait sincèrement qu’il en avait conscience. Il était hors de question qu’il se fasse remarquer maintenant. Pas quand ils étaient si proches du but.
Il ne pouvait pas comprendre ce que ressentait son frère. Qu’importe les sentiments qu’il pouvait avoir pour Maggy, il parvenait encore à se raisonner. Moins bien qu’avant, c’était indéniable, mais le trentenaire restait suffisamment pragmatique pour savoir quand oser et quand accepter de ne rien faire pour ne pas mettre inutilement des vies en danger. Son frère avait toujours été trop impulsif dès lors qu’il s’agissait de Nina. Nul doute que la naissance de Tomas ne ferait qu’amplifier cette sale manie.
Le Serbe sentait le grondement du changement bourdonner dans ses os, le rendre plus alerte, plus vigilant, plus nerveux également. L'appréhension grandissait, avec elle le trac, et les craintes également.
Il frappa discrètement à la porte pour s’annoncer, entra sans qu'on ne l'y ait autorisé. Ses yeux clairs tombèrent immédiatement sur Nina, et une chape de plomb lesta son estomac.
« Quoi ? »
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Re: Living in the storm || Dramavic Sam 21 Sep - 19:56
Mon regard se pose sur le berceau vide, et la vision me coupe le souffle. Durant de brèves secondes, mes prunelles noires parcourent la pièce, en quête d'une sage-femme ou d'une infirmière qui serait entrée sans frapper, qui aurait pris Tomas pour d'autres vérifications. Mais je sais, je sens, avant même que l'information ne monte à mon cerveau, que ce n'est pas le cas.
La porte s'ouvre à la volée et le regard empli d'espoir que je jette à l'entrant se voile dès que le visage de Camenko m'apparaît. Le sang rushe brutalement dans mes veines. Je l'entends battre à mes tempes et pourtant il ne semble pas irriguer correctement mon visage tant je suis blême en cet instant. Je sens mon cœur se déchirer dans ma poitrine, éclater mes côtes pour s'extraire de la cage d'os qui l'oppresse. Les deux syllabes qui franchissent mes lippes sont les plus douloureuses qu'il m'ait été donné de prononcer. « Tomas. » Ma voix se brise dans un hoquet de douleur, et la vague de panique qui me submerge est d'une telle violence que je manque m'effondrer sous le choc. La seule chose qui permet à mes jambes de me porter encore, c'est la rage qui explose dans mon ventre, emplit chacun de mes nerfs et me force à me mouvoir.
Je bondis vers l'entrée, mon corps heurtant celui du grand slave parqué devant la porte, et qui m'apparaît comme une menace puisqu'il me barre la route. Je le repousse sans considération, me jette hors de la chambre, dans le couloir trop vide à cette heure. « TOMAS ! » Le cri de détresse qui m'échappe me vrille les tympans, et me déchire l'âme par son ridicule. Comme si mon fils allait pouvoir me répondre.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 12:40
Jamais encore il n'avait vu Nina si pâle. Dieu savait pourtant que le teint blême, presque maladif, était devenu comme une seconde peau chez elle depuis quelques temps. Camenko l'avait vue regagner des couleurs depuis la naissance de Tomas, mais il eut l'impression, en la découvrant ainsi, qu'elle resterait coincée à jamais dans cet air de mort et de frayeur.
Le Slave balaya la chambre du regard, tombant sur le berceau vide devant lequel se tenait l'Américaine. Le prénom qu'elle couina difficilement crucifia dans son esprit l'inquiétude qui lui avait noué les entrailles en posant ses yeux sur elle. Il voulut dire quelque chose, la faire relativiser avant qu'elle ne s'imagine les pires scénarios catastrophe - ce que son propre cerveau faisait à cet instant précis -, mais Camenko n'en eut pas l'occasion, sa belle-sœur fonçant droit sur lui. Nina déploya tant de force à l'écarter du chemin qu'il en fut abasourdi une fraction de seconde. Se reprenant, il fit un bond dans le couloir pour lui courir après alors qu'elle hurlait à présent le nom de son fils.
Il avait peur de comprendre mais refusait d'admettre qu'une telle chose avait pu arriver. Il y avait forcément une explication rationnelle. Aucun enfant ne disparaissait d'une maternité. Ce devait être une infirmière qui l'avait pour quelque soin avant qu'il ne sorte ; il était convenu que Nina quitte la clinique ce matin. Ce ne pouvait être que ça.
Camenko attrapa la brune par les épaules pour la retenir, la raisonner. Si elle se débattit, il parvint malgré tout à la traîner dans la chambre et à refermer la porte avant qu'elle n'alerte le pays entier. Les doigts fermement noués autour de ses bras frêles pour la maintenir en place, coincée contre le panneau de bois, il dut forcer tant elle mettait de nerfs à essayer de se soustraire à sa grippe.
« Explique-moi, ordonna-t-il d'une voix calme. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 13:01
La panique s'empare de moi, foudroyante, et moi qui ait pourtant enduré tant de maux je sais que je n'ai jamais connu une telle angoisse. Féroce, glaciale, elle plante ses griffes dans ma chair, déchire mes os dans un grincement qui me ferait hurler de douleur si je ne venais pas de perdre la voix. Je suis au-delà des mots, au-delà de toute raison et je rugis quand une poigne ferme m'agrippe par les épaules. Je me débats farouchement, il n'y a plus d'amis, plus personne à qui faire confiance, il n'y a que celui qui m'empêche en cet instant de partir chercher mon fils. Camenko ne parvient à me ramener dans la chambre qu'en me soulevant du sol, et je gémis de détresse quand il referme la porte derrière nous, me reposant au sol. Un instant je lutte encore, fonçant sur le slave comme un taureau sur le matador qui veut le mettre à terre. Mes propres protestations m'épuisent si fort que mes bras en tremblent.
Je daigne enfin croiser le regard de Camenko, dont le calme ne m'a jamais tant horrifiée qu'en cet instant. Mes propres yeux sont noirs, mon visage révulsé d'angoisse et je donne de violents coups d'épaules pour tenter de me défaire de son emprise. On a pris mon fils ! C'est la seule chose que je suis en mesure d'expliquer parce que je n'ai pas moi même la moindre idée de ce qu'il se passe. Mon poing serré s'abat sur sa cage thoracique, avec hargne. Dégage ! Je rugis encore, mais je ne fais pas le poids face à lui, encore moins dans mon état. Dans un bref élan de lucidité, je réalise que je n'obtiendrais rien de lui en hurlant, alors je m'efforce de baisser le ton de ma voix. Mon timbre reste vibrant, tremblant de rage quand je reprends, plus bas :Laisse-moi passer. Je jure que je le tuerai sans remords s'il tente de m'en empêcher. Chaque seconde passée ici est une seconde de perdue, ma douche a été courte, Tomas est sans doute encore quelque part dans la clinique. Et la colère reprend le dessus, brusquement. PUTAIN CAMENKO DEGAGE DE LÀ !
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 13:41
Nina tempêtait. Ses yeux lançaient des éclairs, ses gestes secs lui donnaient des airs d'ouragan prêt à déraciner des montagnes. Camenko doutait qu'il eût pu la tenir ainsi si elle avait mesuré quinze centimètres de plus et pesé au-delà des cinquante kilos tout mouillés qu'elle devait faire.
La hargne dont faisait preuve l'Américaine ne lui attira certainement pas la sympathie du trentenaire. Il avait besoin de savoir pour comprendre et agir, et les poings qui martelaient son torse ne lui donnaient pas les réponses escomptées. Elle finirait par s'user, se fatiguer inutilement. La colère éreintait presque plus que les larmes qui étaient épuisantes. Camenko aurait mieux aimé qu'elle s'effondre en pleurs. Il était moins difficile d'entraver une personne qui crevait de tristesse qu'une autre qui se débattait comme un diable parce qu'elle ne discernait plus aucune couleur que le rouge.
Le ton de Nina se calma brièvement après qu'elle lui eut craché ce qu'il savait déjà. Il n'avait pas besoin de comprendre quoi, l'évidence criante du berceau vide parlait seule. C'était de savoir comment qui l'intéressait. Comment un bébé pouvait-il se volatiliser ? Combien de temps l'avait-elle quitté des yeux pour qu'il puisse disparaître de la sorte ?
Le faux-calme de la jeune femme ne dura que quelques secondes. Déjà elle regagnait sa rage, ordonnant au Slave qu'il s'éloigne. Il hocha la tête, ne bougeant pas d'un cil. Au contraire, il raffermit sa prise sur Nina pour éviter qu'elle ne bouge, crucifiant un regard se voulant rassérénant mais qui sembla sans doute plus autoritaire qu'autre chose dans le sien.
« Tu restes ici. Il est hors de question que tu ailles hurler partout que ton fils a disparu quand c'est peut-être une soignante qui l'a pris pour s'en occuper quelques minutes. Il desserra lentement son étreinte forcée. Je vais y aller. Reste. Ici. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 14:17
L'espace d'un très bref instant, je me sens comme Arya dans Game of Thrones (j'ai passé des semaines alitée je me suis occupée comme j'ai pu). Et Camenko Drazavic est désormais le premier nom sur la liste de toutes les personnes que je dois assassiner. L'arrogance dont il fait preuve, son petit air supérieur me mettent hors de moi et je secoue la tête. Ne me prends pas pour une conne ce n'est pas une soignante qui l'a emporté et tu le sais aussi bien que moi ! Aucun soignant sur terre n'aurait emporté un bébé sans prévenir sa mère. Et tous les examens médicaux ont déjà été réalisés, l'autorisation de sortie signée, il n'y avait plus aucune raison que le personnel de l'hôpital entre dans cette chambre, hormis pour la nettoyer après notre départ.
Je me dégage sèchement de sa poigne quand il desserre l'étreinte de ses doigts sur mes bras. J'ai un instinctif mouvement de recul, pour ne plus lui laisser la latitude de m'attraper comme il l'a fait. Si j'étais en meilleure forme, et plus sûre de ma capacité à le maîtriser, je lui sauterais à la gorge. Il faut vraiment que je reprenne des cours de self-défense. Chaque seconde que tu perds à me retenir ici est une seconde de plus pour qu'ils quittent la clinique ! Je pointe un doigt accusateur sur lui. On a pris mon fils, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans cette putain de phrase bordel ?! Alors ôte ce petit air supérieur de ta gueule, et laisse-moi passer ou je te jure que j'aurais ameuté la ville entière avant que tu aies eu le temps de sortir d'ici ! Il n'aura pas peur de ma violence, je le sais parfaitement. De quoi pourrais-je le menacer quand j'ai la force d'un chaton neurasthénique et que je ne suis pas armée ? En revanche puisque c'est visiblement sa précieuse réputation qui l'inquiète, je suis en mesure de la réduire en cendres.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 15:07
Elle n’accepterait jamais d’attendre sagement dans cette chambre, Camenko le savait pertinemment. Nina avait cette tare infernale qui l’empêchait de se plier aux ordres, si sensés qu’ils étaient. Nul étonnement que Mirko et Jelenko ne l’aient jamais portée dans leur cœur ; ils avaient raison sur un point : une Serbe choisie par leurs soins aurait été bien plus docile. Et Dieu savait comme le trentenaire avait besoin d’un peu d’obéissance à cet instant. Rien qu’un peu. L’Américaine n’avait été qu’une épine dans son pied depuis qu’on avait retrouvé Slavenko à demi-mort sur les berges, à croire qu’elle était simplement incapable de comprendre ce qu’il se passait, ce qui pouvait lui arriver. Sa conduite, dictée uniquement par ses émotions, avait bien failli les condamner plus d’une fois, et qu’elle s’amuse encore à flirter avec leur mort à tous à un instant si critique rendait dingue le Slave.
La jeune femme roula des épaules pour regagner sa liberté de mouvements. Elle s’éloigna d’un pas, considéra son interlocuteur d’un œil noir, éructa toute la rancœur et le ressentiment teinté de colère dont elle était capable à cet instant précis, se permettant même une menace qui manqua faire tomber Camenko à la renverse.
« Ça doit être le mot “prendre” qui me perturbe, ironisa-t-il, mauvais. Excuse-moi, c’est que j’ai du mal à saisir à quel moment tu as pu penser que c’était une bonne idée de laisser ton fils seul dans une chambre ouverte. »
Si Nina avait encore un tant soit peu d’affection pour lui, il venait de la réduire à néant. Et il ne regrettait même pas ses paroles. Tous les moyens étaient bons pour lui faire mal, pourvu qu’elle se sente suffisamment démolie pour ne pas courir comme une idiote après Tomas.
« Tu veux sortir, demanda-t-il d’une voix posée. Tu veux aller le retrouver ? Il ouvrit grand la porte et lui désigna galamment le couloir. Je t’en prie. Fais donc. Cours-lui après, cours après ses ravisseurs. J’ai hâte de voir à combien de mètres tu te trouveras quand ils te descendront. Vu la portée des armes à feu actuelles, tu n’auras même pas eu le temps de t’approcher suffisamment pour revoir une dernière fois son visage. Mais vas-y. Essaie. Mets-y toute ta force et tout ton cœur. Gueule intelligiblement, surtout, pour que tout le monde sache ce qu’il se passe. Pour que Slavo t’entende d’ici. Connaissant son calme olympien, il ne lui faudra pas trente minutes pour rappliquer et se faire abattre également. J’espère simplement pour vous qu’il n’y a pas un paradis après la mort. Je n’aimerais pas passer mes premières années d’éternité à voir Jelenko élever mon fils. »
Il s’écarta du chemin pour lui laisser tout le loisir de passer si elle le souhaitait, un sourire faux flanqué sur les lèvres. Que disait-elle, déjà, quant à son air supérieur ?
« Ou tu peux rester ici et m’aider. Je me charge de trouver une personne capable de me dire ce qu’elle a vu, et de ton côté tu peux ouvrir ton ordinateur, taper ton petit mot de passe, et pianoter sur ton clavier pour réussir à nous connecter au système de surveillance de cet hôpital. Tu es hackeuse, que je sache. Ça doit pas être sorcier de pirater quelques malheureuses caméras dans une clinique sarajévienne. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 15:35
Les mots qu'il m'assène me heurtent comme un coup de poing, en plein dans la cage thoracique, avec une telle violence que je recule sous le choc, comme s'il avait été physique. Je siffle entre mes dents, plus blême encore. Espèce de fils de pute. Il se trompe durement s'il pense qu'il vient seulement de perdre mon affection, il l'a perdue il y a longtemps, probablement quand j'ai réalisé à quel point il ressemblait à Mirko. Non, à cet instant dans mon esprit s'imprime la certitude du meurtre. Je le tuerais. Sans doute pas aujourd'hui, je suis en position de faiblesse et j'en ai une conscience aussi aiguë que lui. Mais je le tuerais. Je les tuerais, tous. Parce que je sais déjà qui est responsable de la disparition de Tomas.
J'ai un sourire aussi mauvais que le sien à ses provocations ridicules. Parce que tu crois que j'en ai quelque chose à foutre, de mourir, Camenko ? Tu crois que ça m'effraie ? J'ai découvert il y a presque dix ans de ça qu'il y avait pire, bien pire que la mort. C'est quelque chose que tu ne peux pas comprendre, parce que tu n'aimeras jamais rien d'autre que ta petite personne, mais je risquerais ma vie cent fois, la tienne et celle de ton frère aussi pour retrouver mon fils. Il n'y a pas l'ombre d'une hésitation dans ma voix, froide, déterminée. S'il y a un jour un choix à faire entre Slavenko et le bébé, je l'ai déjà fait. Je n'ai pas besoin de réfléchir, malgré l'arrogance dont il fait preuve, pour savoir ce que j'ai à faire. Je ne resterais pas dans le sillage d'un homme qui m'abattrait sans sourciller si je venais à contrarier ses plans. Il ne me laissera pas sortir de cette chambre, je le sais pertinemment, et ses tentatives de manipulation ne marchent pas sur moi. Je me penche pour accrocher ma valise, prête depuis plusieurs heures et dans laquelle se trouve le pc dont il parle. T'es vraiment bien plus con que t'en as l'air si t'as besoin d'une foutue vidéo pour savoir qui a enlevé Tomas.
Je m'écarte, sors l'ordinateur de son sac et le pose sur le lit pour l'ouvrir.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 16:18
Le venin que Nina lui cracha au visage ricocha sur sa carapace, allant s’écraser un peu plus loin. Elle pouvait l’insulter, vomir ce qu’elle pensait être des vérités absolues à son sujet, peu lui importait. Camenko se fichait bien, finalement, d’être le connard égoïste de l’histoire, d’être froid au point de ne rien savoir ressentir, de ressembler trait pour trait à son oncle. Il fallait une ordure égocentrique et manipulatrice dans toutes les familles, et il avait passé trop de temps à peaufiner ce rôle-là pour s’indigner qu’on pointe du doigt le masque à présent. Les mots de l’Américaine firent écho à ceux de Mirko quand il avait sifflé entre ses dents que le trentenaire ne faisait jamais rien pour les autres, que sa notion d’amour familial était inexistante. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprendrait jamais pourquoi il faisait ça, ou pour qui il le faisait.
Une ombre crasse passa dans le regard de la brune, plus noir qu’il ne l’avait jamais été. Camenko fronça les sourcils, conscient qu’elle lui revaudrait d’une manière ou d’une autre son comportement et ses réflexions.
« Quel intérêt de sacrifier sa vie pour un résultat pitoyable ? »
Que Nina s’amuse donc à tenter de récupérer son fils ; elle en sera bien aise, six pieds sous terre. Et son âme pourra se ronger seule d’avoir donné à Jelenko exactement ce qu’il souhaitait. Il serait si facile pour son géniteur de se défaire de sa belle-fille. Slavenko considéré mort, il récupérerait finalement l’héritier que sa femme ne lui avait pas donné.
La jeune femme, sans se radoucir, consentit enfin à cesser d’être une boule de névrose et d’hystérie. Elle s’éloigna de quelques pas, attrapa son sac et sortit son ordinateur, non sans congratuler au préalable le Slave d’une dernière pique acerbe à laquelle il répondit par un soupir dédaigneux.
Contrairement à elle ou à son aîné, il avait été dressé pour ne jamais foncer tête baissée sans savoir au préalable quand quelle gueule de loup il se jetait. Il savait qui était coupable, il avait seulement besoin de preuves, de plus d’informations. De savoir si Jelenko lui-même était venu, ou s’il s’était contenté d’envoyer l’un de ses sbires. De connaître la localisation actuelle du patriarche et du petit, surtout.
Camenko sortit de la chambre en refermant doucement la porte. Il pianota gravement un numéro qu’il connaissait par cœur depuis plus d’un mois, puis un deuxième, encore un autre, tournant dans les couloirs le temps qu’on réponde à toutes ses questions.
Il ne revint dans la chambre qu’une quinzaine de minutes plus tard. Nina avait probablement eu le temps de visionner cent fois les images qui lui renvoyaient son inconscience en tant que mère au visage.
« Montre-moi ça, on ira ensuite, claqua-t-il sèchement. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 16:56
Chacune des paroles qui sort de la bouche du slave est insultante, à croire que c'est une tare familiale. Mais je me blinde pour ne pas les laisser m'atteindre, je n'ai pas le temps d'être susceptible, ou de verser dans le sentimentalisme. Ce que Camenko Drazavic peut bien penser de moi m'est complètement égal, seul importe Tomas. Et à l'heure actuelle, je ne suis pas certaine de pouvoir faire confiance à son oncle pour le retrouver. Je ne serais même pas surprise d'apprendre qu'il est impliqué, pourquoi mettre tant d'énergie à m'empêcher de sortir d'ici, autrement ? Je le suis vaguement du regard quand il quitte la chambre, sans me soucier de savoir qui il appelle. Je n'ai pas besoin de lui, comme il l'a dit avec tant de dédain, je suis hackeuse et je serais bien plus utile en cet instant qu'il ne pourra jamais l'être.
Mon ordinateur s'allume rapidement, et je le déverrouille fébrilement. J'ai un mal fou à me concentrer, mes mains sont moites, le sang bat toujours mes tempes, mon cœur cogne furieusement dans ma poitrine, au rythme des bouffées d'angoisse qui me soulèvent le corps. Je me force à penser clairement, parce que je ne serais pas capable de récupérer mon fils si je pète les plombs.
Je ne suis pas rouillée mais le système de sécurité de l'hôpital n'est pas facile à pénétrer, et il me faut un peu de temps pour venir à bout de leurs pare-feux. Au final, une dizaine de minutes pour trouver les fichiers que je cherche, et accéder aux enregistrements de vidéosurveillance dans les couloirs. Il n'y a pas de caméra juste devant la porte devant ma chambre, et c'est grâce à celle située dans l'ascenseur que je trouve les preuves que Camenko me réclame. Dans la cabine de fer, Jelenko tient contre lui le corps minuscule de mon fils, emmitouflé dans une couverture. Le seul réconfort que j'ai à cet instant, c'est de savoir que Jelenko ne le blessera pas. Pas physiquement en tout cas. Je montre la vidéo à Camenko dès qu'il revient dans la chambre, muette parce qu'il estime de toute façon que je n'ai rien à dire. C'a toujours été le cas.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 17:20
Les images qui s’affichèrent à l’écran ne firent que confirmer ce qu’ils savaient déjà depuis le début. Camenko croisa les bras, les sourcils froncés alors qu’il remettait de l’ordre dans tout ce qu’il avait appris. Si tordu qu’était son géniteur, il n’aurait jamais cru une seule seconde qu’il aurait l’indécence de kidnapper un enfant. Un bébé, si petit qu’il tenait quasiment dans le creux des deux mains quand il était venu au monde. Même s’il avait pris du poids depuis sa naissance, Tomas semblait malgré tout minuscule dans les bras de Jelenko.
Pourquoi diable avoir pris la peine de l’arracher à sa mère ? Ou plutôt, pourquoi avoir laissé Nina en vie quand il aurait pu la supprimer et insister pour récupérer la garde de l’enfant ? Le père Markovic n’aurait pas eu besoin de lever le petit doigt pour que tous les juges du pays accordent à son grand ami de toujours la tutelle du dernier arrivé dans la famille. Et Camenko, avec toute la bonne volonté du monde, n’aurait jamais été en mesure de le récupérer sans devoir se défaire de son cher papa. Jelenko sous-estimait bien trop son bâtard pour penser qu’il oserait s’attaquer à lui de la sorte.
« Il l’a ramené chez lui. Il clapa sa langue contre son palais. Range ça, je te ramène à l’appartement. Il faut qu’on parle tous les trois. »
Le Serbe ressortit son téléphone pour tapoter quelques instructions à diverses paires d’yeux de sa toile. Il attendit patiemment que Nina referme son sac pour le récupérer, prendre également la petite nacelle qui aurait dû abriter Tomas et quitter la chambre.
Les derniers soucis administratifs réglés, ils grimpèrent dans la voiture pour un bout de chemin affreusement long. Le dieu de la foudre lui-même ne se serait installé sur la banquette arrière de peur de laisser la vie dans l’orage qui grondait entre eux.
Camenko laissa Nina entrer la première dans la planque lorsqu’il y arrivèrent. Slavenko ignorait encore tout des événements ; le trentenaire ne lui en avait pas parlé par message de peur de le voir faire quelque chose de réellement suicidaire.
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 17:36
Je dois me mordre la langue au sang pour ne pas lui balancer une remarque acerbe. J'ai su, à la seconde où mon regard s'est posé sur le berceau vide, que c'était l'oeuvre de son père. Et toute cette mascarade n'a contribué qu'à nous faire perdre un temps précieux. Si je sais que Jelenko ne fera pas de mal à mon fils, j'ai malgré tout peur qu'il quitte le pays avec le bébé, le temps que les choses se tassent ou que quelqu'un se charge de m'éliminer du paysage. Cela dit, s'il pense toujours Slavenko mort, il croit peut-être que je suis inoffensive. Tout le monde, dans cette famille de cinglés, m'a toujours sous-estimée.
Je ramasse mes dernières affaires et passe, laborieusement, par l'administration pour y déposer le chèque qui réglera mon séjour. La nacelle vide pendue au bras de Camenko me retourne l'estomac chaque fois que je pose les yeux dessus. A-t-il seulement parlé avec les médecins ? Sait-il comment le nourrir, comment prendre soin d'un si petit bébé, prématuré qui plus est ? Tomas reste fragile, infiniment vulnérable pour le monde extérieur et j'ai envie de mourir chaque fois que je pense qu'un autre que moi l'a emmené hors de cette clinique. Le trajet dans la voiture se fait dans un silence de mort, et je bouillonne intérieurement parce que je ne sais pas comment annoncer la nouvelle à mon mari. Je n'ai même pas peur de sa réaction, il pourrait me sauter à la gorge pour m'étrangler que je le laisserais faire sans protester. Je ne mérite rien de moins pour avoir laissé notre enfant sans surveillance.
Slavenko tire d'ailleurs une drôle de tête quand il nous voit entrer tous les deux. Déjà parce que nous n'avons rien à faire là, ensuite parce que Tomas n'est pas avec nous. Je passe devant son frère, et si ma voix tremble dangereusement j'énonce les faits avec toute la discipline militaire dont je suis capable, c'est-à-dire peu. En tout cas, j'essaie de rester factuelle, j'aimerais qu'on s'entre-tue plus tard et qu'on songe d'abord à récupérer notre fils. Je n'omets rien, parce que j'anticipe les éventuelles questions qu'il pourrait poser et qui nous feraient, encore une fois, perdre un temps précieux. « Jelenko a enlevé Tomas. Il est entré dans la chambre pendant que je me douchais, on l'a laissé partir avec le bébé. » Je désigne Camenko. « Il m'a empêchée de les rattraper. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 18:48
Quand la porte de la planque s'ouvre, je suis sur mes gardes. Parce que j'ai pris pas mal de risques ce derniers temps pour aller voir Nina et que je crains toujours d'avoir été repéré. J'interromps donc mes exercices physiques au sol pour me relever en sueur, alors que ma femme et mon frère entrent dans la pièce. Si un court instant, à la surprise se mêle la joie de les voir, je déchante rapidement et l'inquiétude me tombe dessus brutalement, comme un poids dans l'estomac.
Je ne fais pas un geste, pas un seul mouvement vers eux, attendant que la scène surréaliste s'éclaire d'elle même. C'est comme un rêve bizarre, où on se regarde soi-même avec un détachement effarant, effrayé. Et Nina parle, mais d'abord je ne comprends pas ses mots. Ou plutôt le décalage entre son attitude et ses mots ne collent pas, c'est comme un canular. La Nina que je connais ne serait pas si calme. Ces dernières semaines, j'ai vu comme elle aimait viscéralement notre fils et rien ne colle.
Incrédule, je tourne le regard vers Camenko. Tout se connecte dans mon esprit - pardonnez moi d'être un peu lent, plusieurs secondes à intégrer le fait. Je dois passer par toutes les couleurs, une tempête d'émotions passant dans mon regard avant que la rage froide ne l'emporte sur toutes les autres. Mon visage se cristallise là dessus, mâchoire crispée et regard noir. La haine flambe - forte - rendant ma voix rauque, la colère ravalée pour ne pas nuire à la mission très claire qui se dessine dans mon esprit. Je me tourne pour attraper la serviette et essuyer mon visage en sueur. Mon regard se pose sur mes godasses, lentement mes gestes s’enchaînent, méthodiques pour me préparer, tandis que je demande "où est-ce qu'il l'a emmené ?"
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 19:36
Camenko posa les affaires sur le meuble le plus proche, abandonnant la nacelle vide au sol. Il s’appuya au plan de travail de la petite cuisine, croisa les bras, attendit patiemment que Nina relate les faits. Il fut presque abasourdi par son calme et le détachement dont elle fit preuve pour exposer la situation. Étonnamment, elle se contenta de signifier que le trentenaire l’avait retenue dans la chambre plutôt que de la laisser courir vers une mort certaine. La brune passa sous silence les mots trop durs qu’il lui avait assénés comme des coups.
La stupeur du Serbe grandit encore en voyant la réaction de Slavenko. Il s’était attendu à l’un des éclats de colère dont il avait le secret, empruntés directement à leur père, mais son aîné se cloîtra dans un silence anormal qui ne lui dit rien qui vaille. Ses gestes qui manquaient de précision depuis son agression regagnèrent soudain leur justesse quand il entama de se préparer, faisant finalement sortir Camenko de son hébétement.
« Chez lui … Et je peux savoir ce que tu fais ? Tu comptes y aller comme ça, grinça-t-il. N’essaie même pas. Le brun se pinça l’arête du nez en poussant un soupir. Aussi dingue que ça puisse paraître, Tomas est en sécurité avec Jelenko. On ne peut pas débarquer là-bas sans être préparés. On risque juste d’être accueillis par ses hommes de mains et une belle salve de balles. J’ai moins à perdre que vous dans cette histoire, et pourtant ça ne me tente pas d’y laisser ma peau. On va s’en tenir au plan. »
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 19:47
Contrairement à Camenko, je ne suis pas surprise une seule seconde par la réaction de mon mari. C'est, Dieu merci, la preuve que je connais malgré tout l'homme que j'ai épousé par deux fois, en dépit de tous les mensonges auxquels j'ai eu droit. Il passe naturellement en mode militaire, et pour une fois j'espérais qu'il le fasse, parce que je ne peux pas perdre mon temps en querelles inutiles. Quant aux insultes assénées par son frère, quel intérêt aurais-je à les relater maintenant ? Je ne suis pas une enfant, j'ai passé l'âge d'aller me plaindre aux grandes personnes qu'on a été méchant avec moi. Je sais me défendre seule, quoiqu'on en pense, et j'ai la ferme intention de le faire... Lorsque le moment sera venu.
J'essaie, de toutes mes forces, de garder le masque apparent de calme qui me permet de tenir debout. Mais je vois rouge aux mots du trentenaire, encore , et mon regard lui lance des éclairs lorsque je tourne le visage vers lui. « Personne n'est en sécurité avec Jelenko, et si tu ne l'as pas encore compris il est grand temps d'ôter les putains d’œillères qui te cachent la vue. » Mon fils ne sera en sécurité qu'à mes côtés, certainement pas entre les mains d'un homme aussi cruel que le patriarche Drazavic. Comment pourrait-il faire preuve d'amour, d'empathie, de compassion envers Tomas, quand c'est tout ce dont ce bébé a besoin en cet instant ? Il a besoin d'être porté constamment, cajolé, blotti contre le corps de sa mère pour se réchauffer et se rassurer.
Comme j'ose espérer que Slavenko ne laisserait pas son frère me blesser -physiquement s'entend- je me permets d'avancer vers lui, le regard noir de rage malgré mon ton toujours égal. « Il vaudrait mieux que ton plan aboutisse dans l'heure qui suit parce que je te jure que si tu me demandes d'attendre ici une minute de plus je fous le feu. » A tout. Cet appartement minable, Sarajevo, et à sa tête au bout d'une pique.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 20:22
Ce fut Nina qui brisa le calme apparent de l’échange en premier. Elle se tourna brusquement vers le trentenaire, le fusillant de tout son être. Il retint un soupir moqueur quand elle lui envoya qu’il ferait bien d’ouvrir les yeux sur son père. Camenko fut tenté de lui rétorquer qu’il ne s’était jamais voilé la face, contrairement à d’autres personnes dans la pièce qui avaient eu moins de chance et n’avaient pu échapper à l’emprise du dieu-Drazavic comme lui l’avait fait. L’Américaine lui donnait envie de rire jaune avec ses jolis mots. Elle ignorait tout de leur famille, croyait en comprendre le fonctionnement mais avait à peine effleuré la surface de l’iceberg. Elle se trompait lourdement en pensant que Jelenko n’assurerait pas la sécurité de sa dernière chance d’élever un héritier digne de ce nom : un fils qui suivrait ses pas, ses ordres, sa pensée. Une ultime opportunité de perpétuer sa foutue lignée avec un gosse qu’il dresserait pour ne pas avoir les déviances sexuelles de son père ou comportementales de son parrain.
Le trentenaire arqua un sourcil quand sa belle-sœur s’approcha pour dicter leur conduite à tous. Il lança un regard en coin à son frère avant de reporter son attention sur la jeune femme.
« Fous le feu à ce que tu veux, mais tu vas devoir patienter sagement quarante-huit heures. Et si c’est trop compliqué, je retourne volontiers à l’hôpital chercher de quoi te sédater. »
Il décrocha son regard du sien pour chercher un peu de soutien chez Slavenko qu’il savait suffisamment prompt à comprendre les enjeux d’une mission aussi risquée que celle qu’ils comptaient monter.
« On a une chance de réussir, et c’est notre unique créneau pour que vous puissiez vivre tranquillement. Jelenko sera peut-être mort si on va récupérer Tomas dans l’heure, mais ça n’aura servi à rien puisqu’il ne faudra pas dix minutes pour que le Klan nous tombe dessus pour une exécution en bonne et due forme. Il marqua une pause. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’être associés à sa mort. Personne ne doit savoir pour votre fils, sans quoi ça nous compromettra tous les trois. A nouveau il fixa Nina droit dans les yeux. Deux jours. Je sais que c’est compliqué, mais je ne vous laisse pas le choix. Il faut réorganiser l’emploi du temps de l’équipe de Damir, trouver un moment où Mirko sera chez lui, s’assurer qu’Aleksandra ne sera pas dans la maison, … Deux jours, et tout sera réglé. »
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Slavenko Drazavic
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 20:42
Je me change, troquant sans pudeur mon jogging pour un treillis, enfilant des chaussettes avant de remettre mes rangers. Ça fait presque un mois que je n’ai rien porté de tel mais je ne suis pas inconscient, comme Camenko semble le penser, je sais ce qui m’attend sur place et la haine brûle un peu plus fort à y penser. Longtemps j’ai pensé que je ne serais pas capable de tuer mon propre père mais cette crainte s’est brutalement envolée. Je commente sèchement la querelle de Nina et Camenko. “Ça y est ? Vous avez fini ?” Je serre mon dernier lacet, me redresse pour enfiler un tee-shirt propre et prendre ma veste.
Je me tourne vers Camenko. “Je veux que tu me donnes le plan des lieux. Maintenant. On déclenche ce qu'on a prévu et je te donne quarante huit heures pour régler les derniers détails. Fais-moi amener mon matos. J’ai besoin de me préparer. Tu as la liste. Pour les mercenaires, est-ce qu’ils sont opérationnels ? Sinon je peux en trouver. Il faut que je les briefe dès maintenant. J'ai besoin des plans et des hommes pour ça. Est-ce qu'on peut s'organiser ici ? J'ai besoin d'un QG. ” J’ai encore assez de contacts pour trouver des hommes si Camenko n’en a pas. Mon seul regret dans ce plan c'est que je ne pourrais pas gérer Damir et mon père. Je suis obligé de laisser le premier se faire buter par des hommes de main quand j'aurais voulu tuer moi même les quatre hommes qui m'ont jeté comme un chien dans la Miljacka. Mais j'aurais au moins mon père. Quant à Mirko, c'est Camenko qui va s'en charger. Je me tourne vers Nina dont je sens la révolte. Je suis aussi sèche avec elle qu'avec mon frère. Elle pourra dire plus tard que je suis passé en mode tactique, militaire mais sur le terrain, je suis bon et je fais confiance à mon instincts et mes compétences. “ Il n'y a que comme ça qu'on récupérera le petit vivant. Si Jelenko se sent acculé, il risque de le prendre en otage. On va devoir frapper fort et bien ciblé qu'il ne se doute de rien et n'ait pas le temps de réagir. Tomas ne craint rien pour l'instant. Tu vas t'occuper de déverrouiller les sécurités et surtout quand on entre, je veux que tu gère l'équipe qui s'occupera de retrouver et récupérer Tomas. Je serais occupé avec mon père.”
Nina Drazavic
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Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 21:08
Deux jours ?! Tu veux que j'attende deux jours ?! Je secoue la tête. C'est hors de question, je ne peux pas rester deux jours loin de mon fils, Dieu seul sait ce que Jelenko peut faire durant ce laps de temps, on ne retrouvera peut jamais Tomas et je ne pourrais pas le supporter. Et l'autre espèce de connard qui me prend de haut, encore. Putain je jure que s'il me traite encore comme une enfant je lui arrache la jugulaire avec les dents. Oh tu sais que c'est compliqué ?! Tu sais que c'est compliqué, mon Dieu me voilà sauvée. La seule chose qui me retient de lui éclater la tronche maintenant, avec le premier objet contendant qui me passerait sous la main, c'est la certitude d'avoir besoin de lui pour récupérer mon fils. Mais bon sang je jure qu'à la seconde où j'aurais récupéré Tomas, je le bute.
Le calme don't Slavenko fait preuve cette fois ne me met hors de moi parce qu'il semble consentir à l'idée de rester loin de son fils durant les prochaines quarante-huit heures. Pire, cette idée ne semble même pas le toucher. Ça m'est bien égal qu'il se montre froid à mon égard, je n'attend pas de lui qu'il me console, qu'il me prenne dans ses bras en m'assurant que ça va aller. La tristesse, le désespoir et l'angoisse sont enfouies bien loin sous la rage qui brûle en moi. Je n'ai jamais pu compter sur lui pour faire preuve de la moindre empathie, en revanche je pensais que le sort de son fils lui importerait plus que ça. Je me tourne vers lui, me mordant l'intérieur des joues pour ne pas hurler. Je suis à deux doigts de refuser en bloc leur plan minable, je peux leur jurer de ne tuer personne mais je veux aller retrouver mon fils. Je suis sûre que Jelenko me laisserait entrer si je prétendais vouloir m'installer chez lui. Il tenterait sans doute de m'assassiner dans le même temps mais ça m'est égal aussi. Non, ce qui m'empêche de me barrer tout de suite, c'est la dernière partie de son plan, qui implique que je reste ici pour le préparer avec eux. OK, Slavenko Drazavic, deuxième nom sur ma liste. D'accord. Je crache, et ça me brûle la langue.
Re: Living in the storm || Dramavic Dim 22 Sep - 23:18
Quarante-huit heures, c’était bien moins que ce dont il aurait réellement eu besoin pour que tout se déroule sans encombre. Mais il ne pouvait demander plus de temps, d’une part pour ne pas éloigner trop longtemps le petit de ses parents, d’autre part pour ne pas encourager Nina à faire quelque chose de stupide. Son dernier accès de folie l’avait menée droit dans les griffes de Jelenko, et cette petite crise avait clairement servi de leçon au trentenaire qui n’avait pas besoin qu’on ajoute plus de contraintes aux prochains deux jours. La brune, si pâle il y avait moins d’une heure, regagnait l’unique couleur qui semblait la définir aujourd’hui ; le rouge lui monta aux joues, ses yeux se teintèrent encore plus de colère, et Camenko fut persuadé qu’elle l’aurait exécuté sur place s’il n’y avait pas eu un témoin pour le moins embarrassant.
L’intervention divine de Slavenko qui terminait de se préparer pour partir en guerre calma l’humeur irritante de la jeune femme. Elle tourna le nez vers lui mais ne reçut aucunement le soutien auquel elle aurait pu s’attendre compte-tenu du lien qui les accrochait tous deux à Tomas. Le Slave remercia silencieusement les dieux pour leur bonne volonté, comme pour avoir donné à son frère la capacité hors du commun de savoir procéder selon la doctrine militaire en cas de perturbation majeure. Camenko passa une main à l’arrière de sa nuque pour calmer la lassitude qu’il ressentait quant au comportement de sa belle-sœur. Il hocha successivement la tête aux différentes questions et affirmations de son aîné, tantôt pour confirmer ses dires, tantôt pour appuyer ses propos.
« C’est ici ton QG. »
Jamais il n’aurait le temps de trouver un autre lieu de réunion qui soit sûr et sourd en quelques heures seulement, il n’était pas faiseur de miracles.
« J’enverrai un des hommes chercher tout ce qu’il te faut. Ils te rejoindront tous les six d’ici une heure avec le plan de la maison. Il en faudrait encore trois, idéalement, pour s’occuper de récupérer le petit. Mais je veux leur nom avant que tu entres en contact avec eux. Et je vais prévenir Cvetko pour qu’il se joigne à vous et que les autres aient sa gueule en mémoire pour ne pas l’abattre sur un malentendu. Il se redressa. J’y vais, je reviens pour le grand briefing. Envoie-moi la liste de tes contacts en attendant, je te donnerai le feu vert en fonction. »
Camenko passa à côté de Nina sans prêter attention aux poignards que lui lançaient ses yeux. Il marmonna une salutation avant de claquer la porte.
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Slavenko Drazavic
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Re: Living in the storm || Dramavic Lun 23 Sep - 9:05
Je hoche la tête, assez satisfait de l’attitude de l’un et de l’autre. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre Nina et mon frère - encore que j’ai ma petite idée parce que je les connais bien tous les deux - mais je n’ai pas besoin d’être distrait par leur querelle. Nina n’a aucune idée de ce à quoi elle se frotte. Mirko et mon père sont des dinosaures dans ce pays, des dinosaures considérés à la fois comme des héros de guerre et des monstres, selon le côté de la population où il se place. Mais depuis l’avènement de Dodik à la présidence serbe de la tripartite bosniaque, leur pouvoir s’est étendu. Camenko a raison, on doit jouer sur du velours si on ne veut pas que les tigrovi, les autres mafias ou les flics corrompus au service de Dodik ne nous tombe dessus. “Dès que ce sera fait, je me change de la branche new-yorkaise.” Je connais très bien Tiosav et Goran, le chef et le pilier de l’organisation là-bas. Je me targuer de dire que ce sont mes amis. Mirko - s’il nous échappait - ne trouverait aucun refuge là-bas. Quant au chef de la Police Bosnienne, je connais les petits secrets de son fils - aux même penchants que moi et surtout en lien avec le meurtre de David. Si je reviens dans le paysage de façon clean, il sera sous contrôle. Mon frère a parfaitement orchestré le plan. Seule la Bratva reste un danger potentiel et imprévisible. Alors nous les avons compté comme ennemis, nous préparant à réagir si Mirko les utilisait.
J’ai confirmation qu’on reste ici à la planque et que j’aurais tout le nécessaire d’ici une heure. La mention de Cvetko ne fait que durcir mon regard. Il est nécessaire pour le plan mais ça ne tiendrait qu’à moi, je ne suis pas sur que je lui laisserais la vie sauve sauf peut-être à cause de sa sœur. Enfin ce n’est p’tre même pas un service à rendre à la jeune doc’. Camenko s’en va et “ok, ce sera soit des italiens, soit des néo-nazis. Des gens fiables dans tous les cas.” Mon sourire est d’une ironie glaciale mais pourtant c’est le cas. Ce sont les seuls groupes que je connais qui ne tourneront pas leur veste pour du pognon ou par peur. Parce qu’ils ne sont pas chez eux tout simplement et que personne ne leur fait confiance.
Il est évident que j’implique Nina parce que je sais que je ne pourrais pas la tenir à l’écart. Si on la sédatait comme Camenko le dit, je suis à peu près sur qu’elle m'arracherait les tripes dès son réveil, quand bien même on récupérerait Tomas.Et puis, j’ai besoin de ses compétences en hacking pour ne pas avancer à l’aveugle. La sécurité du bébé est ma priorité. Dès que Camenko est parti, je m’empare de mon téléphone pour envoyer des messages. Ce faisant, je lance un regard à Nina pour vérifier comment elle gère.
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Re: Living in the storm || Dramavic Lun 23 Sep - 12:52
Je les écoute sans broncher tandis qu'ils règlent les détails de l'opération. Contrairement à mon mari si je ne pète pas les plombs ce n'est pas parce que je suis passée en mode militaire, c'est seulement que j'étouffe la rage, l'angoisse, le désespoir qui bouillonnent en moi. Je vais sans doute finir par imploser tant c'est douloureux de ne pas les laisser s'exprimer. Mais je sais que si je laisse entrevoir le moindre signe de faiblesse, alors ils m'évinceront. Camenko se fera une joie d'utiliser mes émotions contre moi en prétextant que je ne suis pas en état de les aider, et Slavenko l'écoutera parce qu'il ne fera qu'obéir aux ordres sans se soucier de moi. A mes yeux en cet instant, ils sont tous les deux mes ennemis et seul notre objectif est le même, ce qui me suffit en cet instant. D'ailleurs Camenko m'ignore déjà superbement, et tous deux planifient l'opération comme si je n'existais pas. Je suis déjà reléguée au rang d'élément perturbateur à canaliser, alors que c'est de mon fils qu'il s'agit !
Je m'éloigne d'eux dès que son frère sort de la pièce, mais la pression ne retombe pas vraiment après qu'il soit parti. Je suis à deux doigts de péter les plombs, je le sens avec une acuité douloureuse. Mes nerfs semblent à vif, le sang bat mes tempes avec violence, mon rythme cardiaque s'est tellement emballé que je ne sais pas comment je tiens encore debout. Quarante-huit heures. Il faut que je tienne quarante-huit heures sinon ils me mettront de côté, j'en suis convaincue. Je détourne le regard dès que Slavenko pose les yeux sur moi, et je m'éloigne de lui parce que ça devient vital en cet instant. J'ai besoin d'un moment, juste cinq minutes pour souffler, et je vais m'enfermer dans la salle de bain sans un mot pour lui. Je m'appuie au lavabo, mes mains tremblantes agrippées à la faïence comme pour m'empêcher de tomber. Je suis livide, et j'évite soigneusement d'affronter mon reflet dans le miroir. Je serre les dents, mâchoires crispées pour ne pas pleurer, il me connaît trop pour ne pas le voir et je ne veux pas avoir les yeux gonflés en sortant d'ici.
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Re: Living in the storm || Dramavic Lun 23 Sep - 14:02
Alors que j'envoie des messages, Nina évite mon regard avant de se réfugier dans la salle de bain. Je sais bien pourquoi et je n'insiste pas, ni ne lui courre après. Ce n'est pas le moment de sombrer dans l'angoisse que je canalise dans l'action. Si je la rejoins, on perdra tous les deux le peu de sang-froid qu'il nous reste et ce n'est vraiment pas le moment. Pleurer ou s'inquiéter n'est pas productif et ne résoudra rien et je renferme savamment toutes émotions parasites. Je ne garde que la rage et la haine, amies familières qui m'ont toujours été des moteurs dans la guerre. Je ne peux pas me permettre d'être timoré, diminué émotionnellement quand je le suis déjà physiquement.
Je dois absolument garder la tête froide pour monter l'opération et c'est le but - récupérer mon fils - qui me permet de le faire. Je prépare le QG en rangeant mes affaires et en préparant les lieux pour qu'on ait la table au centre de la pièce afin de pouvoir y mettre la carte que j'attends et le pc de Nina dont on aura surement besoin. Je tourne le canapé et place les chaises pour recevoir tout ce petit monde et je me calme pour ne pas avoir envie de tuer Cvetko dès que je le verrais. Je dois le traiter comme n'importe quel mercenaire. Je fourre toutes mes affaires dans un sac, prêtes à être évacuées quand on partira rapidement. Rien ne doit trainer ici. je pose mon téléphone sur la table, pour m'en servir comme horloge. Le décompte a commencé.
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Re: Living in the storm || Dramavic Lun 23 Sep - 14:17
Je suis parfaitement consciente du fait que nous n'avons pas de temps à perdre -je ne cesse de le répéter à Camenko- mais j'ai besoin de quelques minutes pour me ressaisir. Je ne peux pas me permettre de m'effondrer maintenant, pourtant Dieu sait que chaque seconde qui passe rend la tâche un peu plus ardue. Je me passe de l'eau froide sur le visage, je bois un coup au robinet, et j'attends quelques secondes d'être en mesure de respirer correctement pour quitter la salle de bain. Dans le salon, Slavenko est déjà en train de tout préparer. Je ne me souviens pas de la dernière fois que nous avons fait une mission ensemble, lui et moi, je sais que ce n'est jamais arrivé de cette façon-là, mais l'objectif est tellement vital que je ne parviens même pas à me focaliser là-dessus.
J'ouvre ma valise, en sort mon ordinateur que j'installe sur la table à manger, le branchant d'office parce qu'il va rester allumé un bon moment. Le temps que le pc s'allume, je vais préparer suffisamment de café, à la fois pour tenir les prochaines heures et pour m'occuper les mains. Je n'ai pas besoin que les mercenaires soient présents pour commencer à bosser. Jelenko a fait installer des caméras et systèmes de sécurité dans toute sa maison après la fusillade, et c'est bien ma veine parce qu'autrement nous serions aveugles et sourds. Or un système de sécurité, aussi performant soit-il, peut-être piraté. Je me sers une grande tasse de café et m'installe devant l'ordinateur, et je commence déjà par chercher un moyen d'avoir une vision sur les vidéos de surveillance sans que mon intrusion soit repérée.
Je me doutais que Jelenko ne ferait pas les choses à moitié, et le système est performant. En plus, il n'a pas été installé par Aleska, ce qui me complique la tâche parce que je sais comment ce dernier fonctionne. Il me faut une bonne heure pour réussir à afficher, sur l'écran de mon ordinateur, les différentes caméras de surveillance postées autour et à l'intérieur de la maison. Fébrile, je cherche à apercevoir Tomas en faisant défiler les images. J'ai oublié de brancher mon casque pour avoir le son, et lorsque je passe à la caméra qui surveille le salon, les pleurs du bébé envahissent l'appartement, dans un brouhaha grésillant qui me fait trembler.
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L'unique amour de sa vie
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Re: Living in the storm || Dramavic Lun 23 Sep - 15:47
Nina a l’air assez calme en sortant de la salle de bain et j’en suis soulagé. Je sais qu’elle peut être redoutablement efficace en mission pour en avoir fait avec elle, mais je sais aussi qu’elle peut facilement se laisser dominer par ses émotions. Tout comme moi, sauf que l’enjeu est trop important pour que je laisse l’angoisse tout foutre en l’air. Quand il ne s’agit que de ma vie, je fais bien ce que je veux. Mais je ne risquerais pas celle de Tomas de quelque façon que ce soit. Imitant Nina, je me sers un café et j’attends l’arrivée des premiers mercenaires. Ce sont les allemands qui arrivent en premier, le temps de leur faire le topo - à savoir qu’ils sont là pour protéger la hackeuse - les autres mercenaires se pointent avec l’équipement et les informations, donc la carte topographique non seulement des lieux mais aussi un plan d’architecte de la maison.
Le matériel est entreposé dans la chambre, et on installe les plans sur la table et sur le mur en face pour une meilleure vue de la maison. Soudain les pleurs de mon fils emplissent l’appartement et j’ai une crispation involontaire de tout le corps. Une envie de meurtre violente me tord les tripes et je me fais violence pour la refouler. Je bouge derrière Nina pour regarder la video sur son portable. D’une voix basse, contrainte de l’effort que je fais pour rester pondéré (c’est pas mon fort la pondération) je demande. “Dans quelle pièce il est ?” Je l’annote sur le plan comme cible prioritaire pour le groupe de Nina et des Allemands. Les pièces s’étalent sur l’écran, en mosaïque. “Projette au mur s’il te plait.” J’ai besoin de pouvoir noter les rondes, les postes, le nombre d’hommes, qui aussi. Je les connais tous, je connais leurs points forts, leurs faiblesses, leurs petites manies. Je sais qui sera un point faible. Je les connais par cœur, j’ai vécu un an et demi avec eux non stop avant que Nina n’arrive à Sarajevo. J’ai dirigé certains d’entre eux. Je frémis en voyant Vlad, la nouvelle coqueluche de mon père. En voilà au moins dont je pourrais me charger. C’est à ce moment là qu’arrive notre dernier élément. Cvetko.
