Droit devant // ft. Élise Ivanovic

d o u c e u r ◊ 13 Août

@elsie ivanovic

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      Par-delà la vitre sombre, tâché, le doute subsistait ; pas de parapluie en prévention a porté de main. Le gris orné le ciel. Un gris perle qui convenait finalement bien à Sarajevo, particulièrement à cette heure-ci, à cette lumière encore faiblarde et à cette ambiance cotonneuse. La ville vibrait d’un bourdonnement fébrile, comme si elle s’était réveillée en retard après une gueule de bois. La pluie, peut-être, s’annoncerait-elle en journée, mais la certitude été trop faible tant l’activité de la météo n’avait pas était surveillé.
Les doigts tapèrent en rythme au son du poste télé accroché au mur, contre la tasse encore chaude d’un café fraîchement préparé et soupire las s’entendit faiblement. Maxyne n’était pas certaine que sa journée serait bonne. Comme un sentiment enfouis au plus profond. Les maigres bourdes qu’elle enchaînait depuis le début de la matinée ne faisaient qu’assurer sa suspicion à ce sujet. Le mauvais œil, ou la poisse comme dirait d’autre, elle n’en savait rien mais celui-ci s’acharnait sur sa personne comme une cible peinte sauvagement en rouge. À croire qu’il fallait a tous son lot de malchance une fois dans le mois. Peut-être justement parce que tout allait trop bien qu’il fallait rééquilibrer les choses.

La brune observa ses quelques collègues dans la salle de repos sans trop se mêler à la maigre foule qu’ils créaient. Entre ceux qui mangeaient, ceux qui riaient et les restant qui tentaient coûte que coûte de garder les yeux ouvert. Un choix assez varié pour souhaitait se fondre parmi eux et pourtant, elle resta sagement à sa place comme une nouvelle élève qui n’osait pas aborder le monde qui l’entourait. Non pas qu’elle n’en avait pas envie mais, était-ce réellement utile ? Dans cet hôpital elle n’y mettait les pieds que sur la demande de certains, si rare qu’elle en oubliait souvent le visage des nouveaux internes. Mais nombreux étaient ceux qui la connaissait – ou la reconnaissait. Cela ne la dérangeait pas, la jeune femme aimait rendre service si tant est qu’elle le pouvait. Revenir entre les murs d’un bâtiment terne, glaciale à souvent perdre la tête tant il fallait se séparer en quatre, n’avait que confirmé que ce monde-là ne lui manquait que très peu. Elle préférait – et de loin – son nouveau mode de vie qui lui permettait de prendre le temps quasi inexistant d’ordre général. Et l’afflux de patient qu’elle s’était faite en arrivant ne pouvait que confirmer ce sentiment agréable.  

L’infirmière avala d’une traite son café bien trop amer, se brulant la langue au passage, elle abandonna sa place et sa tasse, une pochette remplie sous le bras. D’un simple geste de la main elle salua ceux qu’il fallait considérer comme des collègues, sentant déjà après un pied hors de la salle les petits ragots jaser à son sujet. En soi elle faisait en sorte que personne n’est à redire quoi que ce soit sur ses faits et gestes, aussi discrète qu’une souris, ou sur le plan personnelle ou professionnelle, sans jamais se plaindre du premier mot de travers. C’était comme ça désormais. Avec le temps, il était possible de trouver cela routinier, quoi que réconfortant.

Le calme à cet étage n’était pas pour lui déplaire, il changeait des aller et venue incessant  qu’offrait le service d’urgence, l’empressement et le soin particulier à raser les murs à chaque nouveaux pas.
Le reflet de son visage s’afficha soudainement, un peu flou, contre la porte vitré légèrement entrebâillé qui séparait le long couloir. Des cernes notables sous ses yeux, des traits de fatigue qui ornait son visage, le sommeil manquant commencer se fait ressentir. La brune donner beaucoup d’importance à son travail, peut-être même un peu trop pour dépassé les limites qui lui était possible de supporter. À cela il fallait ajouter ses tracas habituel du quotidien qui pourrissait sa vie continuellement et l’empêcher d’espérer un quelconque repos largement mérité. Bientôt il serait possible de la confondre avec un zombie sorti tout droit d’un film d’horreur - soit dite en passant, un très bon moyen de repousser les quelques prétendant qui tentait vainement de lui tenir la jambe.
Maxyne laissa le jugement réprobateur de son double et avança sans plus s’attarder. La jeune femme prit l’embranchement de droite, perdu dans ses pensées elle ne put éviter la collision qui fit voltiger la moitié de ses affaires. Toutes ces feuilles qu’elle avait soigneusement rangé et classer volèrent allègrement dans tous les sens. Elle se sentit aussi idiote qu’agacé.

« дерьмо. Désolée.
 

(c) oxymort

d o u c e u r ◊ 13 Août

@elsie ivanovic

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      L’injure qui sorti de ses lèvres était plus agaçant que cinglant. Un regret aussitôt que le mot fut prononcé, elle s’en voulait de laisser distraire par des banalités et de reporter la faute sur la première chose qui pouvait croiser son chemin. Elle s’agenouilla lentement et assembla se tas de feuille qui n’avait plus aucun sens, ni même de raison avec une envie qui avait plus que disparu. C’est à peine si elle prêta attention à cette personne qui prenait la peine de lui venir en aide. Une fille qu’elle comprit au son de voix, qui aurait très bien pu simplement s’excuser sans même s’arrêter que Maxyne n’y aurait pas vu un grand changement. Pourtant, après sept secondes de silences elle dénia placer ses premiers mots à son encontre.

« Oui, oui. »

Un piètre remerciement. Une réponse qui aurait pu se traduire par un « fous-moi la paix ». La brune se mordit la langue si fortement qu’une grimace s’afficha sur son visage. Elle leva les yeux sur sa voisine, l’observant pour la première fois depuis que le contact – ou choc – fut établie. Les traits de son visage s’adoucir quelque peu, la stupidité empiéta sur le reste de ses sentiments et le malaise naissance n’aida en rien. L’infirmière passa négligemment une main dans ses cheveux, tentant une réponde plus agréable que sa précédente. Peu réellement soucieuse de l’image qu’elle pouvait accorder, l’idée d’être vu comme une charogne sans cœur n’était pas pour lui plaire.

« J’ai un peu trop la tête dans les nuages dernièrement, je crois que je commence à saturer plus qu’il ne le faut. »

Elle lâcha ceci dans un petit murmure, avant de baisser les yeux. La saturation qui lui pendait au nez aller finir par l’avoir. Il était facile de se trouver des excuses en précisant que le travail était de trop, mais au fond, elle le savait, ceci était bien loin du réel problème. Peut-être devrait-elle prendre le temps d’en discuter avec Camenko, peu certaine que ceci change quoi que ce soit, ou qu’il s’en soucie vraiment. Il n’était pas le genre de personne à considérer comme un ami avec qui parlait quand tout va mal. A vrai dire, impossible de savoir dans quelle case il fallait le situer.
La brune se racla la gorge et récupéra les dernières feuilles avant de se relever, une main tendu en direction de sa voisine.

« Maxyne, la fille qui ne regarde pas devant soi. S’exprima-t-elle avec un vague sourire. Je ne pense vous avoir fait mal mais dans le doute j’en suis désolée. »

 

(c) oxymort

d o u c e u r ◊ 13 Août

@elsie ivanovic

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      La demoiselle n’était pas en sucre, mais cela ne faisait pas de mal de s’excuser, ne serait-ce que par pure politesse. Maxyne avait beau être à cran, il lui restait un minimum de savoir vivre. Au moins, celle-ci ne lui en voulait pas pour deux sous, fort heureusement d’ailleurs, il était peu probable qu’elle ne supporte une scène à scandale pour quelque chose d’aussi bête. La brune senti un léger soulagement quand leurs mains entrèrent en contact, comme rassuré que ce désagrément infantile n’allait pas la poursuivre jusqu’à la fin des temps. Les petits ragots sans valeur commençaient toujours ainsi avant de prendre des proportions exorbitantes et, elle n’avait ni le temps, ni l’envie de s’y atteler aujourd’hui.
Ses papiers étaient désormais dans un bazar sans nom, l’idée de les remettre en ordre semblait avoir le don de la démoraliser par avance, plus particulièrement après le temps passé la première fois dessus. Et dire qu’elle avait promis au médecin Tibur qu’il les trouverait en temps et en heure sur son bureau, bien classé comme il le fallait. Quelle poisse. L’infirmière chassa cette pensée décourageante suivit d’un soupire las et hocha la tête, clairement ce n’était plus le moment de se battre là-dessus.

« J’opte pour un thé mais, oui, pourquoi pas. Il faut que je regarde autre chose que cette paperasse. »

Ça ou bien les faire passer par la fenêtre n’était pas une si mauvaise chose après tout.
Maxyne avança calmement, cette fois-ci hors de questions de se laisser distraire par son double au visage abattue et réprobateur. Tout regard avec une vitre était à proscrire jusqu’à nouvel ordre. Et puis, peut-être qu’un peu de compagnie ne pouvait pas lui faire de mal pour quelques instants.

« Alors, cela vous arrive souvent de vous faire rentrer dedans par une tête en l’air et de proposer un café ensuite ? C’est plutôt original comme manière d’approche. »

Un peu plus et la situation aurait pu être similaire à une technique de drague bien foireuse. Le genre ou l’on se demande si cela fonctionne réellement dans la « vraie vie ». Est-ce qu’on se fait offrir un café, ou est-ce que cela ne s’arrête pas à un bon vieux « pardon » avant que chacun ne reprenne sa route ? Un jour elle prendrait le temps de méditer sur cette question. Un jour ou l’ennuie serait réellement présent.

« Je crois que nous n’avons pas vraiment eue l’occasion de travailler ensemble depuis que je suis dans le coin. Je ne sais plus trop, vous êtes infirmière aussi il me semble, non ? Je suis si peu là, excusez-moi je ne retiens pas toujours les visages. »


 

(c) oxymort