Dive or run, and I'm running | Slavina

25 novembre ; 17h12

Le sourire accroché à mon visage s'étiole un peu lorsque je verrouille l'écran de mon téléphone portable, faisant ainsi disparaître la photo de Tomas qui s'était affichée. Lorena a rapidement compris a quel point j'étais anxieuse, et nous avons je crois la chance d'être tombés sur la perle rare en l'embauchant. Aussi dès qu'elle garde mon fils, j'ai droit à des nouvelles régulières au cours de la journée, pour m'assurer que tout va bien, me prévenir s'ils quittent la maison, ou m'envoyer quelques clichés atrocement mignons qui font fondre mon cœur de maman comme du miel. Je lui fais désormais suffisamment confiance pour la laisser seule avec Tomas toute une journée, ou toute une nuit lorsque c'est nécessaire, et j'en ai eu besoin ces derniers temps bien plus que je ne le pensais. On ne reprend pas sa vie en main en restant enfermée chez soi.

J'ai le nez baissé lorsque je passe la porte de la boîte de nuit, pourtant l'insigne lumineuse me fait revenir sur mes pas dans un froncement de sourcils. Je n'ai pas souvenir que la lumière ait été si vive autrefois, et je ressors en levant le museau vers la devanture du night club, découvrant avec sidération que le nom a été changé. Je cille, le regard écarquillé de stupeur, et je crois que je serais restée plantée là, à fixer bêtement les lettres en néon qui affichent Elektro, si le videur ne m'avait pas interpellée. Je cligne des yeux, secoue la tête. « Oui. Pardon. »

Nerveuse, un rien interloquée, je m'avance à nouveau, les talons vertigineux de mes escarpins raisonnant diablement fort dans le club, où aucune musique ne passe à cette heure. Si c'est bien un rendez-vous professionnel que j'ai proposé à Slavenko Drazavic, c'est à présent mon mari que je suis trépigne d'impatience de voir, tant mon palpitant s'est emballé dans ma cage thoracique.

Debout dans la cuisine, je regarde mon assiette d'un air agacé. Oh, je n'ai rien contre le Srpski duvec de cette pauvre Evica, elle se débrouille bien en cuisine et très franchement ça sent bon, seulement pourquoi faut-il toujours que quelqu'un m'appelle quand je trouve enfin 5 minutes pour bouffer. Je m'appuie contre le meuble de la cuisine, les reins calés contre le plan de travail tout en discutant avec l'adjoint de la Mairie de Pâle (en RS), que je ne peux décemment pas envoyer bouler. C'est le genre de "mondanité" dont je me passerais bien. J'ai découvert que le boulot de mon père ne consistait pas seulement à gérer les hommes et préparer les opérations, mais surtout à rassurer nos partenaires, les écouter, négocier les contrats, trouver des nouveaux marchés. Je me fais parfois l'impression d'être un commercial. Je me retiens de soupirer et pince mon nez entre mon pouce et mon index comme s'il y avait une chance que ça puisse faire taire l'homme au bout du fil ou que ça dissipe le mal de tête qui pointe. Mais bien sûr ça ne marche pas.

Mais la vue de Nina qui s'avance vers moi sur des talons hauts qui me donnent instantanément des idées lubriques a ce don de me faire oublier la contrariété et la migraine aussi bien que la bouffe. Je perds le fil de ce que me dit mon interlocuteur qui me répète sa phrase. Je coupe brusquement court à la conversation en m'excusant d'une urgence. Quoi de plus urgent que la plus belle femme du monde venant à moi ? Je raccroche non sans avoir promis de rappeler ce raseur, et je balance le téléphone sur la table près de mon assiette en m'avançant vers Nina. "Zlato !" (Remarquez que je me moque bien si des hommes ou putes traînent dans le coin.) Un rendez-vous professionnel, ok, mais pas sans d'abord l'embrasser à perdre le souffle. Je gronde tout bas contre sa bouche "j'adore tes chaussures."  

Je ne suis pas revenue ici, depuis les funérailles des patriarches Drazavic, mais je n’ai pas oublié les lieux qui ont été le berceau de tant de moments douloureux, d’autres plus joyeux également, bien qu’ils aient été moins nombreux. Personne ne m’a oubliée, en revanche, puisqu’on ne m’empêche pas de me diriger vers la porte menant au QG des Tigrovi, et de pénétrer l’Antre de la mafia serbe. Je salue brièvement les quelques soldats que je croise, les rares filles qui traînent ici à cette heure, et je me dirige naturellement vers les espaces communs.

La vision de Slavenko, pendu au téléphone tel le businessman qu’il semble être devenu, me tire un sourire, qui ne fait que s’élargir lorsque je vois son visage s’illuminer, son corps se tendre vers le mien. Je me coule entre ses bras à l’instant même où il raccroche, ma bouche trouvant la sienne avec ce naturel enfin retrouvé. Malgré mes talons, je suis loin de le dépasser, et je peux encore avoir la sensation de disparaître lorsque je me fonds contre lui. Je hume son odeur, les yeux mi-clos, mon sourire se faisant matois à son compliment. « Humm je me disais bien qu’elles te plairaient… J’ai sorti ma tenue de femme d’affaires pour tes beaux yeux. » Je baisse le museau, désignant mon tailleur et mes bas, une lueur espiègle dans le regard.

« Mais je suis venue pour parler affaires, alors on touche avec les yeux. » Je laisse pourtant ma bouche fondre encore un instant contre la sienne, avant de jeter un bref regard autour de nous. « Tu as un bureau ? »

"Evidemment que ça me plait..." J'ai baissé les yeux sur elle, tout en la dominant de ma stature, jouant à ce petit jeu entre nous. Je mate sans me cacher sa tenue affriolante, stricte juste ce qu'il faut pour mettre mes sens en éveil. Je suis sur qu'elle a des bas et non des collants et malgré son avertissement, je profite de son baiser pour lui peloter les fesses avant de remonter mes mains.

"Humhum..." j'ai un bureau dis-je en la retenant encore contre moi pour humer son parfum tentateur, une main dans le creux de ses reins, comme pour mieux glisser sur la courbe qui s'en suit. J'ai un geste du menton vers la porte de garage qui donne dans la ruelle latérale. "En face." En face, c'est l'ancien appartement de mon père que j'ai transformé en QG personnel ou en bureau. Là-bas j'y ai la paix pour bosser, je préfère ça au bureau de verre qui trône dans l'espace cuisine, salle à manger. Je lâche Nina à regret et attrape mon assiette avec un soupir. "Au moins j'aurais peut-être le temps de manger." Avant de partir, je préviens Stefan que je suis en face.

Il nous faut traverser la rue pour arriver à la porte blindée qui s'ouvre directement sur une volée de marches menant au premier. Tout est sécurisé ici, mon père frisait la paranoïa, mais pas assez pour lui éviter de se faire coller une balle dans la tête par son fils. Comme quoi... L'appartement est sur un seul étage et mon bureau est dans le salon. Tout est resté en l'état comme du temps où mon père l'habitait, sauf que j'ai mis mes affaires sur la table à manger: une grande carte de la ville avec des punaises, que je n'ai pas besoin de replier, j'ai une confiance absolue en Nina. Mon uniforme est accroché à son cintre, suspendu au bahut massif et ancien qui trône le long du mur latéral. Je porte mon treillis aujourd'hui, je n'avais pas besoin de faire le pingouin, Dieu merci. "Je me suis installé ici, c'est plus calme."   Le salon a deux portes closes pour l'instant, l'une qui donne sur la chambre (et ensuite la salle de bain et les toilettes), l'autre vers une cuisine.

La porte refermée, je pose l'assiette que j'avais emportée sur la table basse près du double canapé. Je me fais alors loup affamé autour de Nina qui m’intéresse mieux. "Tu es sure que je ne peux pas toucher ? Je suis sur que ça serait très bien pour commencer des négociations, vu que tu as mis pas mal d'atouts de ton côté..."

Je me mords doucement la lèvre, fière de mon effet, laissant ses mains courir sur ma peau sans chercher à les dégager, je sais qu’il ne fera rien ici, nous ne sommes pas seuls. Je suis un peu surprise en revanche, lorsqu’il m’indique une porte menant à l’extérieur pour regagner son bureau. Je ne savais pas qu’il utilisait l’appartement de son père, comme bureau ou pour autre chose d’ailleurs, mais j’ai appris à me faire une raison. Slavenko n’a jamais été, et ne sera jamais, le genre d’homme qui partage avec sa femme les moindres détails de sa vie. Je ne cesserais d’apprendre, au détour de conversations en apparence banales, des informations qui me paraissent capitales, et qu’il conserve comme autant de secrets dont je ne comprends pas le sens. Un jour, je m’en vexerais sans doute à nouveau, mais pas aujourd’hui. Je me contente de suivre, curieuse, délaissant le QG dans lequel je ne me suis jamais sentie tout à fait à mon aise.

« Tu n’as pas le temps de manger…? Tu devrais couper ton téléphone… Enfin, le couper pour tout le monde sauf pour moi. » Je plaisante, minaude, mais en réalité je ne le dérange que peu en ce moment, pour ne pas dire jamais. Je ne sais pas à quel point ses journées sont chargées, et je ne peux que deviner la pression qui pèse sur ses épaules, parce qu’il ne se confie pas beaucoup à ce sujet. Alors j’essaie, au moins, de ne pas ajouter à ses préoccupations.

Je ne suis venue ici qu’une fois, et je n’en garde pas nécessairement un bon souvenir, aussi je redécouvre les lieux avec curiosité, tentant de déceler où mon mari a apposé sa marque. « J’imagine, oui… » Je m’apprête à le gratifier d’une phrase rassurante quand il s’approche de moi, regard de fauve et sourire carnassier à l’appui. Je secoue doucement la tête, reculant très légèrement. « Justement, ce serait dommage de gâcher mes seuls atouts. » A ce jeu dangereux auquel on se prête déjà, mes reins se chauffent gentiment, mais je tiens encore la bride au désir pour l’instant. « Tu ne m’offres même pas un café ? »

Je n'ai jamais eu besoin de personnaliser un lieu pour m'y installer et l'appartement de mon père porte très clairement sa marque hormis quelques affaires à moi déposées là et que je pourrais vider en cinq minutes. Je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un endroit à moi. Même notre maison ne me convient que parce qu'elle est notre maison. Seul, elle n'aurait aucun intérêt à mes yeux. J'ai vécu trop longtemps dans des lieux impersonnels pour que ça ne me soit pas égal. Ce qui compte, c'est que Nina y soit, ... et Tomas.

Mon regard est fixé sur le haut du chemisier pas assez échancré pour être indécent mais suffisamment pour vous donner envie d'ôter un bouton supplémentaire pour qu'il le devienne. Je bougonne avec une moue souriante. "tu ne m'offres même pas une petite pipe et je devrais t'offrir un café ? Ah c'est bien les femmes !" Je souris de ma plaisanterie graveleuse à souhait, avant d'aller dans la cuisine très classique avec ses meubles en chêne massif et son carrelage traditionnel d'un brun-orangé moche. A croire qu'il a réchappé au bombardement de la guerre celui-là. Le seul objet moderne de cette pièce est une machine à café où je glisse une dosette avant de sortir une bouteille de vodka neuve du freezer. J'attrape deux verres et j'apporte l'alcool sur la table basse avant de retourner chercher le café de Nina. "On négocie avec de la vodka sinon c'est pas une vrai négo. Et avec un peu de chance, tu seras assez saoule pour défaire tes boutons..." Je m'assieds sur le bord du canapé et après avoir posé sa tasse, je m'attelle à ouvrir la bouteille de vodka gelée. "Assieds-toi moj andjeo.... Mais tu sais que je ne sais toujours pas ce que tu entendais par rendez-vous d'affaires..."

Sa répartie, toujours pleine de classe et de délicatesse, me tire un rire clair et franc, et je secoue doucement la tête, le regard brillant d'amusement. « C'est justement parce que tu espères une pipe que tu devrais faire plus d'efforts, mon amour. » Je roule des yeux, toujours agréablement surprise, heureuse en fait que nous nous soyons enfin suffisamment retrouvés pour être à nouveau complices, à même de plaisanter ensemble, de faire preuve de cet humour qui nous a trop longtemps fait défaut.

Je me mets à l'aise avant qu'il m'invite à le faire, m'installant sur le canapé, croisant les jambes, laissant dans le mouvement ma jupe remonter un peu plus haut sur ma cuisse. Il n'a le droit de toucher qu'avec les yeux, mais j'ai en revanche le droit de titiller son imagination. « Défaire un bouton, ça reste dans mes cordes... » Je fais remarquer en le remerciant d'un sourire pour le café qu'il m'apporte. Je m'emploie donc d'une main leste à défaire le premier bouton du chemisier, la tenue devenant indécente par ce simple geste. Mon regard papillonne un instant vers celui du slave, avant que je ne pousse mon verre vide vers lui, l'incitant à me servir. Je peux boire du café et de la vodka, les deux ne sont pas incompatibles dans mon monde.

J'essaie, en revanche, de retrouver un semblant de sérieux lorsqu'il aborde le sujet qui m'a amenée ici aujourd'hui. « J'ai un projet, pour relancer l'agence, disons... Annoncer sa réouverture officielle, et j'aurais besoin de ton aide. »

Il y a des lustres que nous n'avons pas joué - depuis des mois, voire des années - mais je la sens taquine et désireuse d'être à la fois sérieuse tout en me mettant à l'épreuve, autant dire que ça m'enflamme furieusement. Mais je veux bien jouer le jeu cette fois. Pour deux raisons. D'abord parce qu'elle défait aimablement son bouton et que je suis distrait par l'apparition de sa peau de soie blanche alors que dans le même temps le tissu de sa jupe crisse légèrement sur ses bas. Ensuite parce qu'elle est venue parler sérieusement et que sa phrase retient mon attention. Je la mange des yeux et j'esquisse un sourire en coin à l'égard de la beauté fatale qui me commande mine de rien de son petit air péremptoire et d'un simple geste. "Princeza..."

Je sers la vodka dans les deux shots posés sur la table, sans en gâcher une goutte, avec l'aisance que donne l'habitude. Je peux verser des verres sans renverser tout en étant bourré comme un coing, c'est une compétence digne d'un slave. Nous n'avons plus parlé de l'agence depuis un moment, non pas que je m'en désintéresse mais j'avais surtout l'impression ces derniers temps que mes questions l'angoissaient plus qu'elles ne l'aidaient. J'ai donc simplement décidé qu'elle m'en parlerait quand elle serait prêt; quoiqu'elle décide puisqu'elle n'était pas sure de sa motivation à garder son affaire. Mais me surprenant encore une fois elle s'est remise au boulot, tant pour les activités annexes que pour Come With Me. J'ai à cœur de la soutenir, aussi je ne prends pas à la légère sa venue et ce rendez-vous d'affaire même si j'ai des idées licencieuses derrière la tête.

Je lève mon verre pour trinquer "zdravlje" et vide mon verre avant de prendre mon assiette sur les genoux pour manger. Mais avant d'enfourner une bouchée, je demande à Nina "Un projet comme une soirée ou quelque chose comme ça ? En quoi puis-je t'aider zlato moje ?"

J'ai réalisé, si c'était encore à prouver, que j'avais viscéralement besoin qu'il pose ce regard-là sur moi. Désireux, envieux, carnassier, possessif, et pourtant empreint d'une tendresse que je parviens à percevoir, aujourd'hui, au-delà de tout ça. La grossesse aura été une véritable épreuve pour moi, parce qu'elle m'a dépossédée de mon corps de femme, plus encore parce que j'ai été malade, alitée, en danger constamment. Je le ré-apprivoise aujourd'hui peu à peu, mais j'ai besoin de lui pour y parvenir, parce qu'il n'y a que dans ses yeux que je parviens à trouver la confiance qui m'a tant fait défaut.

Je trinque avec lui, et m'octroie une gorgée de vodka, il est encore tôt pour vider les shots cul-sec, d'autant plus si j'escompte tenir ce rendez-vous sans finir, dans moins de dix minutes, renversée sur la table basse, la jupe retroussée sur les hanches. Je souris, savourant avec délice la douce et familière chaleur qui se diffuse dans ma poitrine chaque fois qu'il ponctue ses phrases d'un surnom amoureux. « Une soirée, oui, mais pas n'importe laquelle. J'ai l'intention d'en faire un événement exclusif, et je veux que les hommes les plus influents de la ville se battent pour obtenir une invitation. » Il y a quelques mois, j'aurais encore eu droit d'espérer les plus influents du pays, mais notre réputation s'est malheureusement étiolée, et je travaille justement à redorer notre image. « On est actuellement en train de chercher un lieu qui fasse l'affaire, je ne veux pas seulement une grande salle de réception, j'aimerais des salons... privés, en prime. Je me disais que tu penserais peut-être à des endroits qui m'échappent. Mais ce n'est pas le cœur du problème. » Je délaisse un instant ma vodka, pour boire mon café tant qu'il est chaud. « Je me demandais si tu saurais m'aider à trouver de nouvelles recrues. »

je note avec amusement qu'elle est prudente dans sa consommation de vodka, ce qui n'est pas mon cas, mais je tiens rudement bien l'alcool contrairement à elle surtout depuis sa grossesse, et c'est là où je gagne un avantage ! "Ah les lieux...tu dois connaitre aussi bien que moi depuis le temps non ? Le plus grand Club, c'est le Crystal. Pas facile de réserver leur établissement mais faisable. Sinon un hotel de luxe comme le Swissotel, on dit que le patron est sensible à ce genre de soirée...ou le Hills Sarajevo Congress. Tu te souviens ? Où on s'est revu à Sarajevo. Il y a leurs Thermes au sous-sol, et il y a déjà eu des soirées avec les bassins illuminés et un socle en verre sur la piscine en piste de danse. Ce sera pas diffile de pouvoir aménager des zones privées."

Suspendant mon repas, je pose ma fourchette et frotte mon menton mal rasé "Hummm ça dépend de ce que tu cherches comme recrue ? Tu pars toujours sur le principe du "volontariat" ? Le mieux c'est les étudiantes et les réfugiées, ça je peux t'emmener voir quelques contacts..." Mon regard se plisse, un peu plus concerné "A condition que tu me donnes quelques places pour des amis à moi à ta soirée." "Amis", façon de parler, plutôt des contacts, des gens à qui il faut sans cesse graisser la patte pour qu'ils soient de votre côté. C'est indispensable dans mon boulot si on ne veut pas finir en taule. L'avantage d'un pays comme la Bosnie, c'est que ce n'est pas très difficile, la corruption était un petit jeu national depuis de nombreuses années.

"Le pognon suffit en général, mais un contact te fera baisser le prix. Demande à Mladen Ivanić, l'ex président de la collégiale. Tu vois qui ? Il aimait bien une de tes filles...J'sais plus laquelle... Si tu l'invites, il ira voir son cher ami qui possède l'hôtel à 60% et tu auras ce que tu veux srce..." Comme toujours, ce que ma femme veut, elle l'obtient toujours. Elle a ce truc qui fait qu'on ne peut guère lui résister.

Je fronce légèrement les sourcils parce que je réfléchis. "Bah tu sais, certaines réfugiées sont éduquées et parlent anglais. Il y en a plus qu'on ne croit parce qu'elles viennent de famille suffisamment fortunées pour avoir payé le passage. Ça vaut l'coup aussi de jeter un coup d’œil, et elles seront plus que volontaires à échapper au campement." Je vais continuer quand le geste de Nina me faire taire. Mon regard noircit, fixé sur son décolleté un peu plus prononcé. Instinctivement mon corps se penche vers elle mais je réprime le mouvement de me lever pour m'asseoir près d'elle. Il parait qu'on négocie et que c'est sérieux. Il parait qu'on joue aussi.

Lentement, je me ressers une vodka. Je passe ma main dans mon col, parce que j'ai sans doute un peu chaud. Je penche la tête en avant pour porter mon verre à ma bouche et les mèches de mes cheveux trop longs tombent sur mon visage avant de repartir en arrière quand j'avale l'alcool gelé. Je renifle d'un air faussement dégagé en reposant mon verre. Un bout de langue passe sur mes lèvres pour happer une dernière goutte avant que je ne réponde. C'est dur de me concentrer, pardon... "Déjà, Macha... La fille que j'ai embauché pour gérer la boite et les filles ici.  Sa sœur est étudiante et a un réseau. Et puis Anto, un caïd du camp de Vučjak. Il connait bien les migrantes de là-bas. Il saura te trouver les filles qu'il faut. Tu as besoin de combien de filles ? "

Je plisse le museau, toujours admirative de voir à quel point mon mari peut, en réalité, être doué en relationnel, pour un peu qu'il veuille bien faire l'effort. « Mladen Ivanić. J'appelle de ta part, ou c'est inutile ? » Si je ne me débrouille pas trop mal pour ce qui est des relations sociales, moi non plus, j'ai encore du mal à comprendre les codes qui régissent la ville, et plus généralement le pays. Et puis il a malgré tout fallu que je me résigne à accepter une chose (et la féministe en moi en tremble encore), parfois, il vaut mieux laisser Slavenko parler, simplement parce que certains hommes refusent d'accorder le moindre crédit à une femme qui ouvre la bouche autrement que pour sucer. 

Dodelinant de la tête, je finis par approuver ses propos, il s'y connaît mieux que moi sur la situation du pays... Et malheureusement, il s'y connaît aussi mieux que moi sur les jeunes-femmes réfugiées ici. Je me demande si les Tigrovi recrutent toujours de nouvelles putains, mais je ne pose pas la question. 

Le regard noir qu'il pose, soudain, sur la naissance de ma poitrine, détourne de toute façon mon attention, et je me mords la joue pour ne pas sourire. Je décroise les jambes, récupère ma vodka pour boire à mon tour, amusée de voir ses joues rougir si aisément. Rassurée, aussi, de lui faire encore cet effet-là. « Je ne l'ai toujours pas rencontrée. » Je fais remarquer dans un claquement de langue, lorsqu'il mentionne la nouvelle gérante des lieux. « Pour être bien, il m'en faudrait dix. Au moins pour la soirée, ça me permettra de voir lesquelles font ou non l'affaire. » Mon regard se plisse, un sourire matois se dessinant sur mes lèvres. « Puisqu'on négocie qu'est-ce que je peux faire pour toi, en échange ? »

"Oui bien sur, tu peux appeler de ma part, Srce." Je n'ai pas de différent avec Mladen. C'est un homme politique de la RS, sans doute moins extrême que ceux pour qui je bosse habituellement, mais qui aime la bonne chère et les femmes, jeunes et jolies de préférence. Et qui a quelques secrets aussi que mon frère connaît, ce qui aide à avoir de bonnes relations. Personne n'a envie de se mettre Camenko Drazavic à dos, croyez-moi !

"Macha ? Humm c'est vrai mais ça faisait un moment que tu n'étais pas venue. Elle est très bien." J'ai procédé aux grands changements il y a peu, le temps de ruminer notre violente dispute et l'ultimatum de Nina. J'ai effacé le numéro de Legence de mon répertoire, changé le nom de la boite et renvoyé Sonja sous le prétexte de lui confier les filles de Banja Luka. Je n'en ai pas parlé à Nina, par fierté sans aucun doute. Dans le même temps j'ai engagé Macha pour s'occuper de la boite quand elle a ré-ouvert, je ne pouvais pas en plus du business m'occuper de sa gestion et des filles. Et puis c'est mieux qu'il y ait quelqu'un d'autre pour s'occuper de ces dernières, ça évite les confusions du genre Sonja...

"Dix filles ? Ok...mais tu dois savoir que le étudiantes ne seront pas forcément fiables en période d'examen, enfin certaines veulent vraiment leur diplôme ! Un mix des deux fera l'affaire. Tu veux faire ta soirée quand ? Je vais prévenir Anton de me trouver quelques filles, et tu pourras rencontrer la sœur de Macha pour voir directement avec elle. On demandera son numéro à Macha tout à l'heure."

Une nouvelle bouffée de chaleur me prend quand elle négocie. J'adore quand elle négocie comme ça. Mon cœur s'accélère brusquement, cognant sourdement dans ma poitrine. Je pourrais demander la pipe dont j'ai parlé tout à l'heure et l'idée m'effleure parce que je suis déjà chaud, mais un autre désir l'emporte et avant même que je ne m'en rend compte, je le formule à haute voix. "Une carte blanche. Toi, toute une soirée, à ma merci. Dans un hôtel hors de prix." Elle sait de quoi je parle, avant j'y avais droit mais ça fait une éternité...

Si je pose la question, c'est également pour m'assurer que ça ne lui pose pas de problème d'être associé à moi. Bien-sûr, nous portons le même nom, le lien est assez facile à faire, cependant je pourrais comprendre qu'il ne veuille pas lier les Tigrovi à mes activités, puisqu'à présent il représente le Klan. Je plisse le regard, l'interrogeant sur Macha. « Tu as eu son contact comment ? » Il n'y a pour une fois nulle jalousie de ma part, seulement la curiosité de savoir de quelle façon il est parvenu à trouver quelqu'un de fiable pour gérer l'Elektro. En fait moi aussi, je suis plutôt soulagée de savoir qu'il n'est plus en charge des filles, et qu'elles ne viendront donc pas pleurer dans ses bras en cas de problèmes.

« Un mix des deux, alors. » Certaines filles que j'étais parvenue à convaincre de me rejoindre à Sarajevo sont finalement retournées à New-York quand l'agence a commencé à battre de l'aile. D'autres, recrutées ici, ont finalement trouvé que la prostitution pure les payerait mieux qu'une patronne toujours absente, je ne peux pas les blâmer. Seule Addison reste fidèle au poste, Ashley a miraculeusement disparu, et bien-sûr Leonella, mais je ne serais pas surprise qu'elle veuille lâcher l'affaire prochainement. « Pour les fêtes de fin d'année, ce serait l'idéal. » Le délai est peut-être court, mais que voulez-vous, j'aime les challenge.

Et parlant de défi, mon regard s'assombrit soudainement face à la contrepartie qu'il réclame. Ce n'est pas arrivé depuis une éternité, quand j'étais autrefois du genre à le surprendre avec des surprises du genre... Et réciproquement. Je vide mon verre de vodka pour faire durer le suspense, quand on sait parfaitement, tous les deux, que je vais accepter. « Carte blanche, alors. Je choisirais l'hôtel... » Un sourire, carnassier, étire mes lippes, et je repose mon verre avant de me tendre vers lui pour m'installer sur ses genoux. Mon corps se love sur le sien, ma croupe calée contre son bassin, et je passe un bras autour de son cou. « Je crois que c'est le genre de deal qui se scelle d'un baiser. »

Je souris à la question de Nina, m'imaginant déjà une pointe de cette jalousie que je redoute autant qu'elle me rassure. "Je la connaissais. C'est la troisième ex-femme d'un cousin par alliance... Bien sur ça n'a pas empêché Camenko de faire les recherches d'usage." Normal, la parano règne en maître depuis les événements qui nous ont amené à reprendre le business. Mais avoir quelqu'un pour gérer tout le coté légal de l'Elektro mais aussi les petites bisbilles entre filles, c'est reposant. Ça ne fait qu'un mois mais j'ai déjà pu apprécier sa compétence en la matière quand les flics sont venus faire un contrôle de routine à la ré-ouverture. Elle est pro, et surtout elle n'a d'accointance avec aucun des Tigrovi et ne se laissera pas attendrir par l'un de mes hommes.

"Ça va venir vite, même si les fêtes chez nous sont plus tard... Tu préfères que je fasse venir les filles qu'Anton aura trouvé ici, ou bien tu veux aller voir sur place ?" Sincèrement, il faut être endurci pour visiter le camp de Vučjak. "Je peux organiser ça pour cette semaine. Et puis Macha me disait qu'elle aimerait bien une ou deux filles en plus justement... Ça fera d'une pierre deux coups."

J'ai bizarrement peur qu'elle refuse, ça fait tellement longtemps, et puis ça implique beaucoup de confiance de sa part, même si elle m'a prouvé lors de la rave qu'elle aspirait à nouveau à cette confiance absolue entre nous. "D'accord réserve pour Samedi soir, je vais organiser mon agenda et voir avec Lorena pour qu'elle garde Tomas." Je n'ai pas envie de garder cette carte très longtemps, surement parce que présentement le désir me tenaille fortement rien qu'à la vue de ses jambes gainées de bas et la naissance de ses seins dans l'échancrure de son chemisier.

Elle vient s'asseoir sur mes genoux et le flot brulant courre dans mes veines, délicieusement familier. Être parents nous obligent à être un peu plus raisonnables à la maison, on cherche encore notre équilibre et la frustration se mêle souvent à mes désirs inextinguibles. Nina a le don d'éveiller mon désir à tout heure du jour et de la nuit, parfois pour rien. Un simple regard, une moue enjôleuse, un battement de cil ou même simplement sa démarche naturellement féline provoquent chez moi des réactions excessives.

Sans répondre, j'écrase ma bouche sur la sienne dans un grondement possessif, déjà chaud comme la braise. Je fourre ma main sous le tissu de sa jupe, remontant sur sa cuisse en crispant mes doigts sur la chair tendre, chaude, sans souci d'y laisser ma marque. Son corps bleui de mes doigts m'a toujours excité, comme autant de marques d'appartenance. Ma langue fouille avidement sa bouche et je pose une main sur sa nuque pour la retenir près de moi.

Je suis bien moins jalouse aujourd'hui que j'ai pu l'être autrefois. Peut-être parce que j'ai appris, d'une bien dure manière, que toutes les promesses d'appartenance faites, toutes les mises en garde, toutes les supplications du monde ne valaient rien, et s'avèrent aussi fragiles qu'un château de cartes sous le souffle de ceux qui savent attiser le désir du slave. On rentrait de voyage, et tout allait bien entre nous lorsqu'il m'a confié s'être retrouvé chez Eden et avoir failli fauter. J'avais consenti à le rejoindre à Sarajevo depuis trois mois seulement, lorsqu'il s'est laissé approcher par Ymke. J'étais enceinte de son fils, et je venais de lui confier mes angoisses à le voir s'éloigner de moi, lorsqu'il s'est retrouvé dans ce hammam avec Legence. Slavenko arguera qu'il n'a jamais franchi la ligne, j'estime au contraire qu'il n'est pas objectif quand il s'agit de décider où se situe la ligne en question, et surtout je n'ai pas de preuves de son innocence. Alors je ne dis plus rien, concernant ses fréquentations ou ses possibles écarts. L'ultimatum n'a été posé qu'une fois, je n'ai pas l'intention de le répéter, tous mes avertissements et les larmes que je pourrais verser n'y changeraient rien. Je sais seulement que j'aurais, aujourd'hui, le courage de partir pour de bon. Disons qu'il est tombé du piédestal sur lequel je l'avais élevé, depuis notre rencontre. 

Je me contente donc de prendre les informations qu'il me donne, sans y accorder plus de poids que ça, parce que je le sais désormais trop enclin à toujours transformer la réalité pour la tourner à son avantage. « Ici, si c'est possible. » Je finis, en revanche, par oser le questionner sur les affaires, nous n'en avons pas parlé depuis la réouverture. « Ça fonctionne bien, l'Elektro, alors ? » Ils ont perdu du monde, dans les rangs du Klan, et je n'étais pas sûre de la tournure que prendraient les choses... Comme lui, j'imagine.

Le baiser qu'il m'offre se fait tout de suite avide, fébrile, et j'étouffe un gémissement de plaisir mêlé de surprise contre ses lèvres. Sa main est chaude, sur ma peau, elle est montée suffisamment haut pour dépasser le tissu des bas, suffisamment haut pour que l'indécence du geste me torde le ventre, soudain. Je me presse plus avidement contre lui, plonge ma main sous son haut pour chercher à mon tour la peau que j'aspire à goûter. Mes crocs se plantent dans sa lèvre, fureur renaissant au creux de mes reins.

"Ok, alors je dirais à Anto de les amener ici la semaine prochaine et tu pourras choisir. Pour les étudiantes, j'te laisse voir avec Macha et sa sœur..." Je hoche la tête à sa question, notant qu'elle utilise le nom d'Elektro et qu'elle a donc vu le changement d'enseigne. On sait tous les deux la vraie raison de ce changement. "Hé bien, ça ne fait que un mois que la boite de nuit a ré-ouvert au public, mais oui, ça va. Il y a la curiosité bien sur... tu sais, savoir comment se passe le changement de proprio, tu vois... ?" J'ai une moue ironique à ces curieux, ces vautours venant planer autour des restes de Jelenko et Slavenko Drazavic. Mais pour l'instant, je dois dire que le business va bien. On a redresser la barre face au Saranovic par quelques actions territoriales musclées, brutales et persuasives. A Banja Luka, la situation s'est également stabilisée, même si cette antenne est la plus touchée par notre perte de vitesse suite à notre putsch secret. Je suis obligé de déployer des trésors de diplomatie, moi qui n'en ai jamais eu l'habitude mais étonnamment je ne m'en sors pas mal. Quant aux Tigrovi, la fermeté dont Camenko et moi-même avons fait preuve en arrivant à la tête du Klan, a porté ses fruits. L'épuration de nos opposants internes a calmé les ardeurs de ceux qui auraient pu vouloir saisir une occasion, et a rassuré les fidèles. On m'a vu aussi ferme que mon père, et Camenko aussi retors que Mirko. "Globalement ça va, on a quelques nouvelles recrues triées sur le volet...c'est plutôt bon signe. C'est pour ça que j'aimerais bien une ou deux filles nouvelles pour mes hommes."

J'oublie mes affaires dès que nos corps se retrouvent en contact. Je remonte la main jusqu'à son entrejambe, emprisonnant son sexe de ma paume, le pouce pénétrant la fente de ses sous-vêtements pratiques, ceux qu'elle met pour moi. Le sang pulse furieusement dans mes tempes alors que je me tends pour mieux happer ses lèvres, le corps en extension. Je quitte sa nuque pour descendre vers ses seins, froissant le chemisier avant de fébrilement chercher un autre bouton à ôter pour me glisser contre sa peau de soie. C'est sans douceur que je m'empare d'un sein, nos baisers se faisaient plus furieux. Je gronde d'excitation quand elle me mord avant de la lâcher pour mieux l'attraper à nouveau et la renverser sous moi dans le canapé. Je quitte sa bouche pour venir lécher la peau de sa gorge alors que je continue à défaire le chemisier qui m'agace comme l'obstacle qu'il est. Une fois que c'est fait, j'utilise mes deux mains pour retrousser complètement la jupe de Nina sur ses hanches. Je mords son ventre en y laissant la trace de mes dents.

Autrefois, nos conversations étaient souvent ainsi. Interrompues, discontinues, mêlées de sous-entendus indécents et de soupirs, de baisers enflammés. Elles ne reprenaient qu'après, une fois les corps apaisés, son souffle brûlant ma peau. Aussi je n'ai pas de mal à la laisser s'éteindre, parce que je sais qu'elle reprendra plus tard, et pour l'heure je suis simplement heureuse de retrouver ces détails qui n'ont l'air de rien mais qui caractérisent pleinement ce qu'était notre mariage. Le premier.

Encore une fois, nos préliminaires sont faits de provocations, de regards aguicheurs, de cet avant durant lequel, sans se toucher, on attise le désir latent. Et les gestes du slave sont sûrs, brusques, ils me prendraient sans doute par surprise si je n'y étais pas habituée. Je gronde pourtant d'approbation, pressant ma bouche plus fort contre la sienne, quand son doigt écarte le tissu de la culotte pour se glisser entre mes cuisses. Les choses s'enchaînent, ensuite, trop vite pour que j'ai le temps de lutter ou de prendre les rênes, et je me retrouve allongée sur le canapé, le corps de Slavenko écrasé sur le mien. Un gémissement m'échappe, et tandis qu'il défait mon chemisier je m'occupe d'ouvrir la fermeture éclair de son pantalon. Je suis forcée de le relâcher lorsqu'il descend trop bas, et mon corps se crispe, se cambre, quand ses crocs se plantent dans la chair blanche de mon ventre. Je plonge une main dans ses cheveux, en geste d'encouragement, et pose une jambe sur son épaule, en invitation plus qu'explicite.

L'impatience me rend inévitablement autoritaire et la tenue de Nina me rend impatient. J'adore quand elle s'habille comme ça, surtout quand je sais qu'elle l'a explicitement fait pour moi. La sévérité de sa mise mélangé au coté sexy du chemisier légèrement transparents, de la jupe qui moule ses formes, de ses jambes gainées de soie me donnent inévitablement envie de déranger sa mise. C'est une façon de m'approprier Nina, et je ne rêve que de mes morsures sur ses seins, qui resteraient visibles dans l'échancrure pour dire à tous combien elle est moi. Ses yeux brillants, sa respiration courte m'excitent infiniment et sa façon de s'offrir fait couler du plomb liquide dans mon bas ventre, me durcissant bien mieux que n'importe quelle caresse. Elle a cette façon de s'offrir qui la fait s'abandonner à moi en même temps qu'elle me signifie combien je suis à elle, en miroir. L'amour explose dans ma poitrine, et je gémis d'amour contre sa peau alors que ma bouche se fait plus douce et plus gourmande; en récompense.

Mes doigts accrochent la culotte pour la baisser tandis qu’aussitôt je pose ma bouche sur le renflement de son sexe. Je souffle le chaud sur la partie sensible, attendant qu'elle se cabre pour m'inciter à être plus précis. Nos désirs et nos mouvements s'accordent de cette façon presque surnaturelle. Je pose mes mains sous ses cuisses pour les relever et me donner plus de latitude. Je la trouve telle belle avec sa jambe posée sur mon épaule, la jupe retroussée, offerte à mon bon plaisir. Je l'explore tout doucement, avec une lenteur frustrante aussi bien pour elle que pour moi. Mes doigts se mêlent bientôt à ma langue pour pouvoir écarter les chairs, toucher, effleurer et pénétrer en douceur dans un bruit mouillé. Je m'exclame tout bas "ti si divna scre...ja zelim te..." et de fait, je bande comme un fou mais le plaisir de la sentir mouiller sous mes attentions, est bien trop grande pour que j'y renonce déjà. Je veux la sentir palpiter sous ma bouche, gémir de plaisir et de désir frustré. J'ai vraiment bien fait de demander une carte blanche vue toutes les idées qui se bousculent en moi et les fantasmes que je ne pourrais pas assouvir maintenant.

Ma culotte a beau être fendue, le tissu n'en reste pas moins gênant pour ce genre de caresses, et je soulève le bassin pour permettre au slave de se débarrasser de l'indésirable lingerie, aussi sexy soit-elle. Dans ces instants-là, l'excitation est déjà à son comble en un seul regard, et je suis brûlante quand il pose ses lèvres sur moi. Un souffle suffit à hérisser ma chair, le frôlement de ses lèvres à tendre mon corps vers lui. Je m'autorise, à nouveau, ces gestes trop longtemps oubliés, mes mains fourrageant dans ses cheveux pour encourager ses mouvements.

Mes doigts brusquement se crispent, tressaillement de mes membres quand il s'immisce plus profondément, simulacre de l'étreinte à venir qui éveille mes fantasmes un peu plus fort. « Alors viens, viens, je te veux aussi... » Je n'ai pas de honte à l'appeler déjà, il me semble que le jeu à pris fin à la seconde où je me suis installée sur ses genoux, et je m'attendais à une étreinte brutale, rapide, mais qui soulagerait la tension de mes reins. Je réalise, pourtant, comme il ne vient pas se couler contre ma peau, que le regard de mon mari s'est assombri, et mon ventre se creuse aussitôt sous une nouvelle onde de chaleur. Je me soulève, décolle finalement mon dos du canapé pour me redresser, en appui sur mes avant-bras, et je gronde, sans savoir si j'implore, préviens ou ordonne. « Slavenko... »

Ses mains dans mes cheveux me procurent, au delà du plaisir, une intense satisfaction, une plénitude. Durant les semaines difficiles entre nous, j'avais parfois l'impression que le sexe prenait le pas sur l'amour. J'étais perdu, parce que Nina a toujours été la seule pour qui le sexe et l'amour ont toujours été intimement liés et c'est ce qui fait que c'est si bon. Le désir n'est si fort, le plaisir aussi parfait que parce que je lui appartiens, que j'ai cette certitude qu'elle m'aime et me désire pour elle. Ce simple geste de ses doigts dans mes cheveux signifie tout cela et mon cœur s'emballe avec cette fureur incontrôlable.

Je grogne de désapprobation quand elle bouge et échappe à ma bouche alors même que je commençais à sentir les tressaillements plus prononcés de sa chair. Elle se redresse et je suis forcé de me relever dans le même mouvement. De tout mon poids, je m'écrase sur elle, ma bouche sur sa bouche, avidement. J'achève de défaire mon pantalon, pour me guider fébrilement en Nina. D'une poussée brutale je m'enfonce loin en elle, sentant les chairs s'ouvrir, m'absorber dans leur chaleur brûlante et mouillée. Je gronde de plaisir "Jebote" Je me fige au fond du ventre de Nina, submergé de plaisir. Je repousse les cheveux du visage de ma femme, dégageant son regard si sombre que je m'y noie. D'une voix rauque, je parviens à parler malgré mon souffle trop court. "samedi tu seras à ma merci...tu devras m'obéir moj andjeo..." Oh oui, elle ne sais pas ce qu'elle a fait en me donnant cette carte blanche. L'idée me fait gémir et me pousse à la baiser enfin, pour soulager la tension insoutenable de ma queue et mes reins. Je le fais en à-coups brutaux et secs, au fond de son corps, collé à elle, écrasé sur elle, possessif, dominateur, bien trop excité pour lui laissé la moindre marge de manœuvre.

Je ne suis pas décidée à lui laisser le choix, je le désire déjà bien trop fort pour me contenter des caresses qu'il m'octroie. J'ai le besoin viscéral, à nouveau, de le sentir en moi, nos corps unis enfin pour chasser les nuages sombres qui ne cessent jamais vraiment de planer au-dessus de nous. J'enroule un bras autour de son cou, l'autre me servant d'appui sur le canapé, pour le ramener vers moi quand, une fois débarrassé de ses fringues, il s'enfonce entre mes cuisses jusqu'à la garde. Mon regard noir dans le sien, je secoue doucement la tête, plantant une nouvelle fois mes crocs dans sa lèvre. « Nous ne sommes pas encore samedi. » Et ma docilité n'a jamais eu de valeur que parce qu'elle n'est jamais pleinement acquise. 

Le poids de son corps sur le mien me fait basculer en arrière, et cette fois je me laisse faire, ma jambe se crochetant à sa hanche pour lui offrir plus d'amplitude. J'enfouis mon visage dans le creux de son épaule, incapable de continuer à l'embrasser quand le souffle me manque si fort. Mes doigts se plantent dans son dos, sa peau chaude seulement protégée de mes griffes par le tissu qui ose la recouvrir encore. Je gronde contre sa chair, tend mon bassin vers le sien pour accompagner ses mouvements quand la position m'empêche toute latitude. Alors je balbutie des encore qui brûlent sa gorge, jusqu'à ce que la vague me fauche, libératrice. 

Sa provocation a juste le don d'exacerber davantage mon désir. Sa jouissance provoque la mienne et j'enfouis mon nez entre ses seins pour les humer quand les spasmes me secouent. J'embrasse sa peau odorante, sa gorge, remonte sous son menton et parcoure de baiser l'angle de sa mâchoire avant de retrouver sa bouche pour un baiser possessif. Je grogne - ébloui d'amour - "ti si moja, volim te." Pour ne pas l'écraser, je me redresse mais je l'attire contre moi. Comme souvent, je ne suis pas rassasier de son contact, de son odeur, de la douceur de son corps. Je la niche contre moi, vautrés l'un contre l'autre dans ce canapé au confort discutable. Ma main glisse sur sa peau entre les pans du chemisier ouvert. Avec douceur, j'empaume un sein dans une caresse sensuelle. Je ronronne contre le cou de Nina, fou d'amour pour elle. "volim te. Ti si moje zlato, moj andjeo..." Les mots d'amour coulent à flot et je me repais de ce sentiment d'amour qui explose toujours plus fort après le sexe, mes barrières abattues par le plaisir. J'esquisse un sourire entre deux baisers alors que ma main descend de son sein à son ventre. "j'aime bien négocier avec toi..."

Mes bras enroulés autour de son cou, je me tracte vers lui, me laisse entraîner dans ses bras quand il inverse les positions dans le canapé, m'attirant sur ses cuisses. Je me niche contre lui, m'autorisant à être plus tendre à présent que le désir impatient a été comblé. Un soupir de contentement m'échappe, quand il empaume un sein de sa main chaude, et je me presse contre lui, comme pour lover ma poitrine contre sa paume. J'attends d'avoir repris mon souffle pour sourire, le nez quelque part contre sa gorge, et je hoche doucement la tête. « Mmh, moi aussi, t'es pas si difficile en affaires... » Doucement, j'embrasse la peau frissonnante, en fourrant mes mains dans ses cheveux. 

Mon ventre doucement se creuse, chatouillé par la main qui y court, joueuse, et j'aborde le sujet que j'ai tu tout ce temps, parce que je ne savais pas comment l'aborder autrement. Tout me paraît plus simple, quand nous sommes ainsi enlacés, quand nos corps se souviennent comme c'est bon. « J'ai vu... Que vous aviez changé le nom du club... » Je ne suis pas idiote, je sais parfaitement que c'est pour moi qu'il l'a fait. Peut-être pas uniquement, peut-être voulait-il prendre un nouveau départ, faire table rase du passé, donner un nouvel élan aux Tigrovi et donc à leur QG... Mais je veux croire que j'y suis, aussi, un peu pour quelque chose dans sa décision. Alors, le regard embué d'émotions, je prends son visage en coupe entre mes mains, et je viens doucement chercher sa bouche, contre laquelle je souffle tout bas. « Hvala, moja duša. »