Les sommets immaculés - Slavina

Les baisers qu'il parsème sur ma peau me font frissonner, et la vague d'émotion qui m'a submergée refuse catégoriquement de s'apaiser. Sous ses mains je vibre, les membres tremblants de toute la tension qui brusquement se relâche, le palpitant cognant si fort contre mes côtes qu'on croirait qu'il tente de s'extraire de ma poitrine. Je tends les mains pour, moi aussi, caresser sa peau, démêler doucement ses cheveux, effleurer ses épaules, son bras, le haut de son dos, sa nuque, l'angle de sa mâchoire. Il irradie de chaleur sous mes doigts, son corps brûlant, luisant de sueur, réchauffant le mien bien plus efficacement que n'importe quel feu. Les yeux mi-clos, alanguie sous les caresses de ses lèvres, je m'efforce de calmer ma respiration haletante, d'apaiser les spasmes de plaisir qui secouent encore mon ventre au détour d'un baiser plus appuyé. La douleur dans ma jambe s'est tue, vaincue par le combo endorphines - antidouleurs. La blessure est moins gênante que celle que j'ai pu avoir au flanc, si je ne marche pas, que je me tiens tranquille, je parviens presque à l'oublier.

Lorsque j'ai retrouvé un souffle plus ou moins normal, je glisse mes doigts sous son visage, appuie doucement sur son menton pour qu'il relève les yeux vers moi. Irrésistiblement, je l'appelle à moi, interrompant son parcours sur ma peau. Mon amour... Je le ramène plus haut, son front contre le mien, mes mains encadrant son visage bleui par endroits. Ma bouche se lie à la sienne dans un long baiser voluptueux, qui accélère une fois de plus les battements de mon cœur. Seulement cette fois ce n'est pas le désir qui est charrié dans mes veines, mais l'amour brut, viscéral, si puissant que j'ai la sensation de suffoquer quand nos corps ne sont pas si étroitement enlacés. Ja sam tvoj. Doucement, frottant mon nez contre le sien, j'ajoute : Je n'ai jamais cessé de l'être... Même lorsqu'il est parti, même dans d'autres bras. Je n'ai jamais cessé de penser à lui, de répéter que j'étais mariée, de clamer à qui voulait l'entendre que mon mari allait revenir. J'ai cherché l'oubli dans des draps inconnus sans jamais parvenir à le trouver, parce que j'ai toujours été sienne.

Elle m'interrompt pour un baiser qui ne me donne pas envie de protester.Je retrouve ces bouffées de bonheur flippantes mêlées de cette force d'amour que j'ai autrefois cru invincible. Je ne sais pas si ce qu'elle dit est vrai ou si c'est seulement qu'elle y croit à cet instant précis mais la seconde option me suffit déjà amplement. Elle a du me haïr, elle a du me maudire, mais elle m'aime aujourd'hui, maintenant et je suis heureux tout contre elle sous les caresses tendres de ses doigts. Je ronronne en réponse, amoureusement, parce que j'y crois aujourd'hui, je nous sens bien plus en paix que ces dernières semaines où la guerre parfois larvée, parfois explosive m'a miné et épuisé. A présent, je goûte le repos dans son giron "moj andjeo, ti si moja"

"Srce, ja volim te, ti si moje zlato malo i Ja sam tvoj zestoka tigar" je souris, amusé moi-même par mes propos idiots avant de me redresser pour cesser d'écraser Nina. Je l'invite à venir dans mes bras, sur mes genoux, rabattant une des couvertures colorées tricotées au crochet qui ornent les fauteuils. Je sais bien que Nina a toujours froid, même devant un feu d'enfer comme il en brule dans la cheminée en ce moment. Ma main encadre sa joue, caresse l'angle de sa mâchoire. "Je vais préparer le lit et ensuite la luge. On ira faire une balade et après on rentrera manger au chaud. Est-ce que le programme te dit ?" Je lui ai parlé en serbe mais je répète la phrase en anglais. J'ai décidé qu'il était temps qu'on pratique un peu plus la langue du pays où elle va rester vivre avec moi.

​Je gronde de rire contre sa bouche, répète, amusée : Zestoka tigar... Moj zestoka tigar ? Je suis toujours un peu maladroite concernant les conjugaisons, le féminin masculin aussi qui n'est pas forcément ce à quoi je m'attends, en anglais c'est plus facile, on ne fait pas vraiment la distinction ! ​Je crains de vexer mes interlocuteurs masculins en parlant d'eux au féminin et inversement. Encore que j'ai beaucoup plus de contacts avec des hommes, ici, qu'avec des femmes, notamment à cause de mon boulot. Les filles qui bossent pour moi parlent toutes anglais. Je me laisse tracter vers lui quand il s'assoit, dans une position plus confortable pour nous deux, et je prends place sur ses genoux.

Je fronce le nez, les sourcils plissés par la concentration quand il s'exprime en serbe, et je m'apprête à lui demander la traduction de certains mots quand il me la donne de lui-même. Figurez-vous que je n'ai pas vraiment appris à dire "luge" dans mes cours, par exemple. Je tente de lui répondre en mêlant maladroitement serbe et anglais, pour les mots dont je ne connais pas la traduction. Je veux bien faire l'effort de m'exercer avec lui, au moins quand nous sommes seuls tous les deux, parce que je ne crains pas trop qu'il se moque de moi contrairement aux Tigrovi par exemple. Oui, c'est parfait... Je préparerais à manger moi, normalement tu as tout acheté pour faire une... Fondue ? Tu as trouvé le fromage ? Je me suis dit qu'une escapade à la montagne méritait des plats riches et chauds.

​ "Toj tigar, da" C'est à elle que je veux être avant tout. j'espère concilier mon travail, ma famille, Nina en un tout gérable alors pourquoi ne pas être son tigre plutôt que seulement un tigre parmi les tigrovi?

Je la couve d'un regard fier quand elle me répond dans ma langue. Je ne sais pas si elle se rend compte comme ça me fait plaisir, comme je la trouve hyper sexy aussi quand elle me parle en serbe. Ça me plait grave et même ça m'émoustille, je dois bien l'avouer. Je trouve son accent hyper excitant. En discutant ma main se promène sur son corps et sa peau tendre. "J'ai eu du mal mais oui. Je suis allée à l'épicerie internationale en centre ville." j'attends toujours un peu avant de traduire pour qu'elle essaye d'abord de comprendre sans l'anglais. Ça rend nos conversations encore plus étranges dans le rythme mais je m'en fous bien. "On a des fromages locaux mais j'avais peur que ça aille pas." Notre nourriture est très différente de ce qu'elle connait en tant qu’américaine. Et ici dans les montagnes, c'est encore plus rustique. Elle serait bien surprise si je l'emmenais au petit shop du village! "Je suis déjà venu ici il y a très très longtemps... j'espère me souvenir encore des chemins s'ils n'ont pas changé. Mais de toute façon mon cousin m'a dit qu'il y a des cartes du coin dans le tiroir du bahut."

​Ca me fait mal de l'admettre mais je pense que tout était plus difficile à New-York vis-à-vis de son boulot notamment parce qu'il n'était pas libre de ses actes. Avec la conditionnelle, par exemple, tout ce qu'il faisait pour le Klan était d'autant plus dangereux qu'il était de toute façon surveillé par les flics. Et c'était la guerre des gangs perpétuelle. Ici au moins, les Tigrovi sont réellement sur leur territoire, et je sais bien malgré les récents événements qu'il est plus en sécurité à Sarajevo qu'il ne l'était à NY. Moi, en revanche, je le suis sans doute un peu moins, mais c'est un autre problème.

Je suis contente que Sarajevo soit une grande ville et qu'il ne m'ait pas emmenée me perdre dans un village paumé du pays. Parce qu'ici au moins, je parviens plus ou moins à trouver la nourriture à laquelle je suis habituée. Il me suffit d'aller dans les grands supermarchés, certains sont plus tournés vers l'international, notamment vers l'aéroport ou même vers l'hôtel Europe, près de l'agence. C'est vrai ? Et ça a beaucoup changé depuis...? C'est que l'endroit est tellement rustique que je l'imagine exactement de la même façon vingt ans plus tôt ! Même la petite vieille qu'on a croisée sur son pallier semble être restée coincée une époque en retard. J'ai envie de découvrir ton pays, que tu me fasses visiter... Pas seulement Sarajevo. Je veux voir la mer, et la montagne, la campagne, les autres villes, tout. Je m'efforce de ne parler qu'en serbe, même si mes phrases comptent sans doute quelques erreurs, et que je parle du coup hyper lentement, en réfléchissant parfois entre deux mots.

​"Le village n'a pas tellement changé, j'ai juste l'impression qu'il est moins habité qu'avant. Mais les maisons sont pareilles... c'était épargné de ce coté, la ligne de front était plus proche de Sarajevo. Dans les montagnes proches du sud. On bombardait de là après l'ultimatum de l'ONU. Mais je ne suis pas sur que les chemins eux n'aient pas changé, ça date" Je me perds entre souvenirs et explications.

Une nouvelle fois, mon cœur s'emballe, et je réponds gravement parce ce que ses propos m'inspirent un amour terriblement sérieux. J'ai passé un cap, je sais que c'est avec elle que je veux faire ma vie entière quelques soient les épreuves et nos choix, même si on ne se remarie jamais et même si elle devait retomber enceinte, je ne ferais pas la même erreur. Je veux vive et vieillir avec Nina, ici dans mon pays. "Mon pays c'est la Republika Srpska plus que Sarajevo... Enfin...on pourrait trouver une maison dans Srpsko Sarajevo , c'est du bon côté. Tu sais, déjà Dimanche on va à Banja Luka pour la Slava, on va avoir de la route à faire, et un jour je t'emmènerais dans mon village, à Subotica. La mer est à Neum. " je ris soudain avant d'embrasser sa gorge blanche "j'ai l'impression de te donner un cours de géographie mon pauvre amour

​Cette fois, face à mes sourcils froncés et mon air un peu perdu, il est bien obligé de me faire la traduction en anglais. Disons que j'ai tendance à perdre le fil lorsque les phrases s'allongent, et là il parle beaucoup. Bien-sûr que ça m'intéresse, c'est moi qui ai posé les questions, mais je ne parviens pas encore à tout comprendre en serbe d'une traite, la langue n'est pas un automatisme ancré dans mon cerveau. Pas encore en tout cas. Mais ça commence à venir, peu à peu. Le fait de vivre ici aide beaucoup, parce que les gens parlent serbe avant de me parler anglais quand ils voient que je ne comprends pas, j'entends la langue à longueur de journée, ça m'aide bien à me familiariser. Ca se voit, oui, que c'est assez ancien par ici.

Mon regard s'éclaire et mon palpitant s'affole à la mention de la maison, c'est la première fois qu'il en reparle, et je crois que je ne suis pas assez bonne comédienne pour cacher mon trouble tant la surprise m'étreint. Son baiser me fait frémir toute entière et je l'enlace farouchement en secouant la tête. J'aime les cours de géographie avec toi, et les cours d'histoire aussi, j'en ai besoin ! Les américains n'étudient que ce qui concerne directement leur pays, et je n'étais en plus pas une élève très assidue... J'ai honte de mes lacunes, à dire vrai, surtout face à Slavenko ! Banja Luka ça me parle... On y est allés déjà ensemble ? Pour les funérailles ? Ou tu m'en as seulement parlé et je confonds...? Le nom de la ville m'est familier mais je ne suis plus certaine d'y être allée. C'est... C'est un projet que tu avais déjà, avant que je vienne...? D'acheter une maison ailleurs...?

Elle m'enlace et j'enserre sa taille fine de mes larges mains, le visage penché pour humer sa peau. J'ai un sourire indulgent avant de répondre après un autre baiser sur sa clavicule "Pas du tout mon cœur, tu confonds. Les funérailles de ma mère étaient à Pâle. C'est à 20 bornes de Sarajevo, même pas... Banja Luka, mon oncle a une villa là-bas mais le nom doit te dire quelque chose parce que j'y ai fait une mission pendant que tu étais à New-York. C'est la capitale de la RS autant dire une ville importante. "

Sa question m'étonne et je secoue la tête "Acheter ? Non pourquoi faire? J'avais déjà du mal à passer plus de quelques heures par semaine à mon appart' alors qu'il était à 300 mètres du QG..." Je redresse la tête pour capter son regard, les sourcils froncés dans un air de concentration parce que je cherche à comprendre ce qui se passe dans sa petite tête. Les questions du genre ne sont jamais anodines chez Nina, j'ai au moins appris ça "est-ce que c'est important ?"

​Pâle je m'en souviens, bien-sûr, il m'a trop parlé de cette ville, avant même qu'on y aille ensemble, pour que je puisse oublier. Mais je savais bien que Banja Luka ne m'était pas inconnue pour autant, et je hoche la tête en me souvenant, l'enlaçant un peu plus étroitement, cherchant toujours un moyen d'avoir le plus de peau possible en contact avec la sienne. Ah oui, c'est vrai, tu étais en mission là-bas pendant que j'étais en... cure de désintox. Le mot en serbe ne me vient pas, forcément, et je m'assombris légèrement en m'en souvenant. Cette cure-là, je ne le savais pas encore à l'époque, était d'une facilité déconcertante, un jeu d'enfant, une partie de plaisir en comparaison de celles qui ont suivi son départ.

Sa réponse me rassure, évidemment, et je tire sur la couverture pour couvrir son épaule, cherchant à le préserver d'un froid imaginaire quand je sais bien qu'il meurt de chaud. Je dodeline de la tête, répond en anglais parce que j'ai encore du mal à m'exprimer en serbe pour tout ce qui touche aux sentiments, c'est trop intime. Pour moi oui, c'est important... Ça veut dire que c'est quelque chose que tu veux pour nous deux et pas juste... Pas juste un projet de vie sur lequel je viendrais me greffer.

"heu...non, je parlais de ma mission il y a deux mois. J'étais pas dans le Dakota quand tu étais en cure ? Je sais plus, c'est pas très important...Tu n'es jamais allée à Banja Luka, de ça, je suis à peu près sur, srce." Parfois mes souvenirs se mélangent, surtout ceux d'avant, j'ai tellement fait pour les occulter. Il parait que je suis doué par ça. D'ailleurs j'ai très peu de souvenirs de mon enfance, il parait que c'est un mécanisme de défense. Je trouve ça bizarre mais je vis avec ces lacunes.

Je vois bien qu'elle cherche ses mots, pour une fois que c'est pas moi qui ait du mal à m'exprimer, ça me ferait presque sourire. Je l'encourage d'une caresse tendre sur ses reins, son ventre, d'un geste non pas machinal mais instinctif. Je repasse aussi en anglais, on a déjà du mal à se comprendre sans que j'ajoute la difficulté de la langue. "Mais Nina, évidemment que c'est pour nous deux. Pourquoi j'achèterais une maison familiale pour moi tout seul ? ce serait idiot. Avant que tu viennes à Sarajevo, je suis pas sur que j'avais un projet de vie. Enfin...être un tigrovi ? Je ne sais pas si ça compte dans projet de vie..."

​Je fronce les sourcils, secoue la tête. Je crois que je mélange tout. Je hausse les épaules parce que non, en effet, ça n'a pas vraiment d'importance. Je n'ai rien oublié de nos souvenirs à deux, contrairement à lui. J'y ai pensé sans cesse, en boucle, me perdant dans les méandres de cette vie rêvée, fantasmée, pour ne pas avoir à affronter le monde sans lui. Avec le temps, j'ai fini par les magnifier, par trouver du beau même là où il n'y en avait pas. La vie sans lui était grise, terne, sans intérêt, effrayante aussi. Je préférais me shooter à l'héroïne et me nourrir de ces hallucinations dans lesquelles nous étions encore ensemble.

Je hausse doucement les épaules. Pas pour toi tout seul... Pour toi et... L'une des filles que ta famille te présentait, j'en sais rien... Il aurait peut-être fini par céder face à la pression familiale, se serait rangé si je n'étais pas revenue dans sa vie. Il se serait marié à un serbe, lui aurait fait un môme dont il ne se serait pas occupé. Mais ça ne compte plus maintenant que je suis là, n'est-ce pas ? J'esquisse un sourire, dépose un baiser sur sa joue. Je suis heureuse que ça ne soit pas le cas. Frottant un instant mon nez contre sa peau, je propose, repassant en serbe pour lui faire plaisir : Et si on allait la faire, cette balade ?

​"Il n'y a jamais eu d'autres filles avec qui faire des projets, et y en aura jamais, srce." Je peux lui promettre ceci, il n'y en aura jamais une autre qui comptera comme elle compte. Je ne dis pas que je me suis comporter en moine mais c'était juste des filles - ou mecs - de passage. Je sais que dans la mesure où mes rares amant.e.s récurrent.e.s deviennent souvent des amis - à l'instar de Sonja ou Legence - ça peut vite prêter à confusion, mais pour moi ça a toujours été très clair. Il n'y a pas de foyer à construire sans Nina.

"Mais oui, bonne idée moj andjeo. Habille toi chaudement, je vais préparer ton carrosse !" Après un dernier baiser voluptueux et un soupir - que c'est difficile de quitter la chaleur de ses bras quand je fourmille d'un millier de désirs inassouvis - je me lève et je ramène mes fringues disséminées pour me rhabiller. Mon regard caresse amoureusement le corps de Nina avant qu'elle ne le dérobe à ma vue. Je vais préparer la luge, d'abord la dépoussiérer, puis mettre une bâche pour éviter que les couvertures ne se mouillent. J'installe ensuite ces dernières. Ça me prend bien une bonne demi-heure! Avant de partir, je recharge la cheminée et je vais chercher la carte que j'examine. Dessus, tracé au stylo rouge, il y a des chemins de promenade pour les touristes. J'en reconnais un ou deux, ce qui me fait sourire. "Tu es prête srce ? Je vais t'emmener à l'ancienne bergerie, je connais la route, ça fait une bonne heure de balade." Je prends mes gants et mon bonnets, prêt pour jouer les cochers et les pousseurs de traîneau.

​Moi aussi, je suis merveilleusement bien dans ses bras, au chaud, à l'abri... Mais j'ai envie d'une balade et je suis suffisamment sereine pour l'envisager sans paniquer ou ressentir d'angoisse. C'est toujours l'effet que nos escapades me font, surtout le ou les premiers jours -selon la durée du voyage- parce que je sais que nous ne sommes pas pressés, qu'on aura bien le temps de revenir se blottir ensemble sous les draps. Sortir quand on est à la maison c'est plus compliqué, parce qu'on ne dispose souvent que de quelques heures avant que l'un de nous deux ne doive retourner bosser, et qu'on n'a pas envie de les passer dehors, au milieu de la foule quand on pourrait être seuls et se retrouver. Je quitte le canapé et récupère mes vêtements éparpillés au sol, me rhabillant de la même façon parce que je sais que je n'aurais pas froid dans la luge. Je remets donc mes sous-vêtements puis les collants de laine, la robe en laine à manches longues sous laquelle j'ai quand même mis un débardeur, et mon manteau, mes gants, mon écharpe et mon bonnet. Je crois que je suis parée pour la virée.

​Pendant que Slavenko finit de tout préparer, je m'occupe de faire du café que je fourre dans une petite gourde thermos que j'ai emportée exprès. Comme ça si on meurt de froid, on pourra se réchauffer un peu. On file une fois que tout est prêt, et je souris en avisant la luge, recouverte de couvertures épaisses. Hum je crois que tu t'en es bien sorti pour que je tienne pendant une heure de balade ! Ca a l'air hyper confortable ! Je lui vole un baiser, papillonne des cils avec mes airs de princesse capricieuse, avant de prendre place dans mon carrosse improvisé, rabattant les couvertures sur moi.

"ça devrait aller Princeza. Allez grimpe là dedans." Une fois assise, je vérifie que sa jambe blessée est bien installée et que Nina ne souffrira pas. Je rabats les couvertures, et c'est un nem de couettes qui se retrouve sur le bois de la luge-traîneau. J'ai mis des raquettes aux pieds et on s'élance - doucement - à travers les rues enneigées du village. On quitte ce dernier rapidement et on suit un chemin assez raide au départ ce qui m'oblige à pousser le traîner fort. Je suis rapidement en nage. Puis la route devient un peu plus droite en un long faux plat assez traître. Le temps est au beau, le soleil brille malgré le thermomètre négatif et la neige qui recouvre les montagnes. "Est-ce que tu as déjà fait de la luge moj andjeo ? Tu n'étais pas allée à la montagne avec tes amis quand tu étais jeune...encore plus jeune je veux dire ?" Je parle anglais pour économiser mon souffle en évitant la traduction ! Au moins j'aurais fait mon sport quotidien aujourd'hui, c'est heureux qu'être chez les Tigrovi m'oblige à une condition physique irréprochable.

La neige se fait immaculée devant nous, nul n'est passé ici depuis la dernière chute de neige qui a du avoir lieu la nuit passée. C'est magnifique. Je m'arrête un instant pour admirer la vue (et reprendre mon souffle) "Après le bouquet de sapins là-bas, il y a la vieille bergerie."

​Je lui fais confiance pour nous mener à bon port, d'autant que je n'ai de toute façon pas la moindre idée de l'endroit où on va ! Mais je ne suis jamais inquiète lorsqu'il est avec moi, j'ai depuis le départ placé ma vie entre ses mains sans trop me poser de questions... Se perdre dans les montagnes enneigées de Bosnie ne doit pourtant pas être l'idée du siècle, mais je prends le risque. Et puis il est déjà venu ici, il me l'a dit.

Emmitouflée dans mes couvertures, je plisse le nez et les yeux pour y voir clair parce qu'il y a du soleil, et que je suis rapidement éblouie avec la réverbération. Le paysage est magnifique, à couper le souffle, d'ailleurs j'en perds mes mots, moi qui suis surtout habituée à la chaleur infernale de Louisiane, ou à la grisaille New-Yorkaise... De la luge j'en ai fait, oui... Je n'ai jamais skié, par contre, mais on était partis à la neige une fois avec des amis, quand j'étais ado, on avait loué un vieux chalet... Mais ça reste un vieux souvenir et ça ne s'est jamais reproduit depuis. Pourtant la neige me fascine, les paysages montagneux sont splendides, même si j'ai toujours une préférence pour la plage. Une ancienne bergerie ? Elle est abandonnée aujourd'hui ?

Je hoche la tête à sa réponse. Je n'ai jamais été au sport d'hiver pour le plaisir, quand j'ai fait du ski - de fond - c'était à la guerre par nécessité et le dernier traîneau que j'ai poussé était chargé de nourriture et de munitions. La promenade est bien plus plaisante maintenant quand le colis est ma femme. (oui je le pense toujours dans le secret de mon âme)

"La bergerie est abandonnée depuis que je la connais. Elle avait déjà plus de toit à l'époque mais y a un puits... Enfin il est gelé l'hiver." J'inspire à plein poumons et je reprends la route, poussant vigoureusement la luge devant moi. On contourne la sapinière trop chargée de neige pour que je coupe au travers. Je préfère jouer la sécurité et prendre le chemin au large, en plus la vue est plus jolie. Quand on arrive en haute de la petite crête, la bergerie est là. C'est juste un amas de pierre, trois pans de mur effondré, sans toit. Mais en son sein, il y a un cercle de pierre et des traces de foyer, sans doute qu'en été les bergers viennent encore ici avec leurs bêtes.

Je m'arrête à nouveau mais cette fois je contourne le traîneau pour venir chercher un baiser-récompense. On est à mi-chemin, je l'ai bien mérité.

​Je me tourne vers lui pour l'observer tandis qu'il me répond, et j'esquisse un sourire émerveillé parce que je le trouve plus beau chaque fois que je pose les yeux sur lui. Je fouille dans la poche de mon manteau pour en tirer mon téléphone portable. Je n'ai pas le moindre réseau ici, mais comme je l'ai déjà dit il fait des photos magnifiques (au prix où je l'ai payé, il peut) et j'ai envie d'immortaliser ce moment. Ne bouge pas... Je souffle en extirpant mes mains des couvertures pour dégainer mon téléphone et le photographier. De là où je me trouve, je n'ai sans doute pas le plus bel angle qui soit, mais j'arrive tout de même à capturer le paysage absolument splendide dans son dos, et la luminosité fait un joli effet. Je souris, satisfaite, range rapidement le téléphone pour pouvoir de nouveau fourrer mes mains au chaud.

Je tends le cou quand il vient près de moi pour m'embrasser, et je me liquéfie sous ses lèvres qui fondent sur les miennes comme des glaçons. T'as les lèvres gelées, moja duša...

Avec un sourire gêné, je me plie de bonne grâce à ses photos. Je n'aime pas ça sauf si elle est dessus mais je sais combien elle y tient. Et puis au fond, je sais que cela montre qu'elle tient à moi, je ne vais pas m'en plaindre ! Les mains sur les cuisses je me penche pour avoir mon baiser. "gelées? Pourtant je t'assure que j'ai pas froid du tout !" Non, sous les couches de fringues, je transpire abondamment de l'exercice de chien de traîneau. Je souris, mon regard se plissant Je tends une main pour encadrer son visage, l'embrasser à nouveau. "toi aussi, ton nez est tout froid. Si on prenait un peu de ce que t'as préparé dans ta gourde ? C'est quoi ?"

J'attends qu'elle me la donne. C'est du café et je suis content, j'avais peur que ce ne soit ce chocolat sucré dont je ne raffole pas. Mais de la caféine, je ne dis jamais non. Comme m'intoxiquer les poumons d'ailleurs. C'est la pause clope au milieu de nulle part et de la blancheur immaculée du monde. Malgré les gants - exploit - je réussis à prendre mon paquet dans ma poche pour m'allumer une clope. "Alors qu'est-ce que tu dis de la balade srce ? Est-ce que la Republica Sprska te plait ? "
Attention une réponse négative à cette question est un cas de divorce - ha bah, on est déjà divorcé, ah ah...

Tu sens pas le froid parce que tu transpires ! Ça empêche pas qu'il fait quand même -8000 ! Et même s'il a chaud, à cause de l'exercice, ses lèvres restent froides. Sans doute moins que les miennes cela dit, parce que même emmitouflée dans les couvertures, je souffre du froid, ne serait-ce qu'au niveau du visage par exemple. Pour le reste, le buste ça va encore, parce que je suis bien couverte, mais je dois admettre que j'aurais peut-être dû troquer mes collants pour un pantalon... Ou mettre un pantalon par dessus mes collants. Enfin je crois que mon mari aurait crié à l'injustice face à tant d'obstacles en tissu entre nous ! Je plisse le nez, souris au contact de ses doigts, même gantés, sur ma joue. Le moindre geste qu'il fait vers moi me fait vibrer d'émotions, c'est assez déstabilisant, même pour nous. Je ne suis pas encore tout à fait remise de la sensation qui m'a envahie tout à l'heure, quand on était enlacés sur le canapé. Ma voix est d'ailleurs rauque quand je réponds, mon souffle dessinant dans l'air des volutes blanches. C'est du café. J'aurais bien fait du chocolat mais j'aurais alors été la seule à en boire.

Le nez levé vers lui, je roule des yeux en le voyant s'allumer une cigarette. J'en dis que c'est très beau... Vraiment. Je ne pensais pas qu'il y aurait tant de neige à seulement une heure de Sarajevo. Mais le sentiment d'évasion, de liberté, est total. Je me décale un peu en proposant, pleine d'espoir. Tu veux faire une pause ? Je t'offre une place dans mon carrosse si tu veux, je suis sûre qu'on y entre à deux...

"Je transpire mais ça fait du bien de faire du sport. C'est qu'on est déjà haut tu sais. Presque mille mètres. C'est pour ça qu'il y a de la neige. Dès l'hiver ça tombe ici, je suis sur qu'il va neiger cette nuit..." J'avoue qu'être ici, isolé, dans la beauté de la neige, à fumer une clope et être avec Nina me plait, me remplit d'une sérénité assez rare chez moi. C'est reposant. Cesser de faire la guerre avec Nina aussi est très reposant. Pour la première fois, je nous sens en phase et sans conflit, c'est miraculeux ! Je savoure l'instant précieux.

J'avise la place dans la luge d'un air franchement amusé. On ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de place."Si je m'installe près de toi, je n'arriverais pas à repartir srce moje...On aurait bel air coincé dans la neige." Je tire une dernière taffe de ma clope avant de la jeter dans la neige et de m'approcher de Nina. "Juste cinq minutes alors..." Je m'assieds une fesse en équilibre sur le coin de luge qu'elle me laisse, me tournant aussitôt vers elle. Pour ne pas tomber, je tiens un barreau de bois de l'arrière de la luge mais je me penche vers Nina c'est pour avoir un autre baiser. "Y a pas une princesse avec une histoire de neige...c'est pas Russe comme conte ou je confonds ?"

J'ai une grimace un peu dépitée. Moui, j'aimerais bien pouvoir faire du sport moi aussi... Malheureusement avec ma blessure, je crois que je vais devoir m'abstenir un moment. De toute façon depuis mon arrivée à Sarajevo, j'ai clairement diminué le rythme, en comparaison de ce que je pouvais faire à New-York. Je m'étais inscrite dans une salle près de l'agence et j'y allais presque tous les jours, c'était un exutoire nécessaire pour tenir le coup durant le sevrage notamment. Et c'est ensuite devenu une habitude. J'ai voulu trouver une salle ici, près de l'appartement ou de l'agence aussi, mais j'ai sans cesse reporté... Il faudra que je me renseigne lorsque je serais remise sur pied. Fronçant le nez, le regard brillant, j'acquiesce. J'aimerais bien qu'il neige cette nuit... C'est toujours très différent de profiter de la neige qui tombe quand on est en "vacances" et quand on est pris dans le quotidien sans pouvoir réellement en profiter.

Il hésite à me rejoindre et je bat des cils, tentant de l'amadouer parce que j'ai vraiment envie de l'avoir près de moi maintenant, et que je ne veux pas attendre pour ça d'être rentrée au chalet. Mon visage s'illumine. Mmh, cinq minutes, bien-sûr. Je me décale autant que je le peux sans presser ma jambe blessée contre la luge, ce qui serait affreusement douloureux. Il a à peine le temps de s'asseoir à mes côtés que je me glisse contre lui, pressant ma joue contre son épaule d'un geste câlin. Peut-être... Anastasia ? Elle est russe et y a de la neige dans l'histoire... Un peu... Je ne suis pas certaine, à tout dire, que ce soit d'elle dont il parle ! Mais elle était rousse, Anastasia, et elle se baladait pas en... Eh, si, dans le dessin animé, à un moment, y a une luge. J'suis presque sûre. Je finis par hausser les épaules dans un sourire amusé, parce que finalement ça n'a pas d'importance. Retrouvant mon sérieux, je lève le visage pour frotter doucement mon nez au sien. Merci, moja duša... De m'avoir emmenée ici...

"Il va falloir attendre que tu sois guérie pour ça srce moje. Tu sais que tu peux venir faire du sport avec moi à la salle des Tigrovi si tu veux. C'est pas si loin de la maison." J'aimerais que comme moi, elle considère le QG comme une extension de la maison même si je suis un peu optimiste en espérant ça ! Peut-être que ça viendra avec le temps et quand elle parlera mieux le serbe aussi. Contrairement à ce qu'elle croyait au départ, ils ne sont pas très nombreux à parler correctement anglais. Les étudiants et les politiques du pays, oui bien sur, mais les hommes de main comme les Tigrovi, pour beaucoup c'est plus compliqué, surtout chez les jeunes issus des milieux défavorisés.

Je lève le nez vers le ciel, bleu et blanc "ton vœu va surement être exaucé." Enfin, je suis pas météorologue mais j'ai une bonne appli météo, ha ha...

"Anastasia ? non ça me dit rien du tout" avoué-je d'un air penaud. J'ai du tout mélanger, à ma décharge, les dessins animés c'est pas vraiment mon truc. J'avais un vague souvenir d'une histoire que le lisais à Saskia quand elle était petite mais mes souvenirs sont en général très flous. J'ai un rire étouffé "on devrait regarder ce truc ensemble". Je m'assois dans la luge et je suis réconforté par Nina qui se love dans mes bras. Une bouffée d'amour explose brusquement mais je m'y attendais cette fois ! J'enfouis mon nez dans ses cheveux en la pressant contre moi "Mais de rien zlato. C'est toi qui a eu une bonne idée. Merci moj andjeo." Je reviens chercher sa bouche et ses câlineries tendres, simplement serré contre elle pour lui donner ma chaleur.

Je dodeline de la tête, pas tout à fait réfractaire à l'idée mais néanmoins hésitante malgré tout, parce que comme toujours il subsiste en moi cette crainte éternelle de déranger, de ne pas être à ma place. Il paraît que c'est dû à mon enfance, au fait que les foyers dans lesquels j'échouais m'aient constamment rejetée. Vous n'imaginez pas l'introspection que j'ai dû faire pour pouvoir sortir de cure et, notamment, convaincre que les médecins que ma place n'était pas en hôpital psychiatrique ! C'est vrai que ce serait pratique... Et puis on pourrait s'entraîner ensemble comme ça. Mais je sais pas... Ça les gênerait pas que je m'entraîne là-bas ? Je suis pas une Tigrovi... Et je voudrais un endroit où je peux aller même quand tu n'es pas là... L'idée c'est aussi de mettre à profit le temps qu'il passe en mission, par exemple. Depuis qu'il ne bosse plus pour Ymke, ses horaires sont redevenus plus exigeants, chaotiques aussi, et on se voit moins souvent.

Je ne suis pas tellement étonnée qu'il n'ait pas vu ce Disney, je ne crois pas que c'est le genre de films qu'on leur passait en taule, et il me semble que c'est encore durant ces années de prison qu'il a le plus regardé la télévision. Quand on habitait ensemble dans le Bronx, il n'y avait même pas de télé chez nous. Tu perdrais toute crédibilité si on faisait un truc pareil ! Déjà que tu me pousses dans une luge-carrosse, si en plus on sait que tu regardes des dessins animés avec moi ! Je souris, amusée, et enfouis mon visage contre sa veste tandis qu'il m'enlace. Nos lèvres se trouvent à nouveau et je soupire d'aise contre sa bouche. Je frotte mon nez contre le sien, tout doucement, et murmure en serbe une phrase dont j'ai expressément demandé la traduction à mon professeur. Tu sens bon, mon amour... J'adore ton odeur... Et oui, ça reste vrai même là, alors qu'il vient de faire un effort, je vous assure !

"Mais srce, tu peux aller quand tu veux au QG, c'est chez toi autant que chez moi." Et là j'en veux encore beaucoup mais vraiment beaucoup à Stan de sa connerie quand il a agressé ma femme. Quand je la vois encore hésiter, se sentir de trop, j'ai sévèrement envie d'aller une nouvelle fois casser la gueule de mon "camarade" con comme une tanche. "T'es pas une Tigrovi mais t'es ma femme, c'est pareil." Ne chipotons pas sur les mots et leur définition exacte. Je ne peux pas la voir autrement que comme ma femme, ça m'est impossible. Je deviendrais fou sinon.

"Crédibilité ? Hé ! je n'irais pas le raconter. Ça restera entre toi et moi. Tu crois quand même pas que je raconte tout ? Pire que ça zlato, je mens. Je dis que tu me cuisines des petits plats nue sous un tablier à fleurs. Et que je te baise sur la table de la cuisine, mais ça c'est vrai !" L'air grondant de rire intérieur, je surjoue l'homme viril (ou macho, au choix), par jeu. Son murmure me fait fondre et mon regard s'adoucit, plein d'amour. J'ôte un gant pour pouvoir toucher la peau de son visage en un geste tendre avant de protester un peu, pour la forme. "je pue la transpi..." Ma bouche effleure la sienne en un long frémissent, et doucement, je transforme cette douce sensation en un long baiser voluptueux, à se damner. Je souffle contre sa bouche, mon front contre le sien "je suis fou de toi srce moje, volim te."

Contrairement à ce qu'il pense, ce n'est pas uniquement parce que je m'entends assez mal avec sa famille, ou parce que Stan m'a agressée, que je n'ose pas trop aller au QG. C'est simplement parce que j'ai tendance à penser que c'est réservé aux Tigrovi, et à la limite aux putes qui bossent au Pussynight. Mais il insiste tellement pour m'assurer du contraire qu'il va bien falloir que je finisse par le croire ! Alors on ira s'entraîner ensemble, dès que je serais remise sur pied, ok...? Je ne peux pas sans cesse prétendre qu'il propose les choses uniquement pour me faire plaisir ou pour ne pas qu'on s'engueule, face à mes réticences à aller au QG, il n'insisterait pas tant s'il ne souhaitait pas réellement que j'y aille, n'est-ce pas ? Je veux bien faire un effort, pour lui, peut-être qu'avec le temps je finirais par réellement m'y sentir à ma place...

Mon regard brille de rire à ses protestations et je hausse les épaules. Pourquoi mentir...? Tu sais je suis parfaitement disposée à te cuisiner des petits plats, nue sous un tablier à fleurs... Puisque ça m'assure que tu me sauteras dessus ensuite. Comme si j'avais besoin de ça pour qu'il me saute dessus, ahem. Tu verras, la prochaine fois que tu rentreras du boulot plus tard que moi, je jouerais à la parfaite petite femme d'intérieur... Et mon sourire mutin sous-entend bien que c'est une version porno à laquelle je pense. Je m'attendais à ce qu'il me contredise, j'y suis habituée maintenant, et je secoue la tête, bornée. Non, tu sens bon... Je sors mes mains de sous les couvertures pour entourer son cou de mes bras, heureusement que les gants protègent mes doigts. Son baiser me liquéfie, de même que son murmure amoureux qui fait battre mon cœur plus vite. D'une voix vibrante je demande, mutine, pour masquer mon trouble : Fou ? A quel point, moja duša...?