Les sommets immaculés - Slavina

​Je secoue doucement la tête. Je sais bien que ça ne te dérange pas... Mais je préférerais, moi, qu'on dorme ailleurs. Pour l'instant, je ne peux pas encore lui dire pourquoi sans gâcher la surprise. ​En tout cas j'espère que ce sera, pour lui, une bonne surprise, parce que c'est bien la seule chose que je souhaite. Et c'est la principale raison de mon retour à New-York de façon légèrement précipitée. Encore qu'il était de toute façon temps que je m'y rende. Je me tends vers lui, passe un bras autour de mon cou, délaissant la Rakija décidément trop forte pour moi, je ne suis pas vraiment d'humeur à boire de l'alcool je crois. Tu m'écriras...? Quand tu seras à Bruxelles...? C'est pour ça que j'ai toujours haï ses départs, ses voyages loin de moi, parce qu'avec lui c'est synonyme de disparition, il ne donne plus de signe de vie... Et la dernière fois qu'il est parti, ça a duré quatorze mois. Ce n'est pas le manque que je crains aujourd'hui, c'est l'angoisse de le perdre à nouveau.

​"C'est comme tu préfères mon cœur, vraiment ! L'hôtel est très bien aussi." Je reste trois jours à NY, je ne vais pas mourir de dormir là ou là. Tant qu'on ne loge pas chez Dimitri ! Ha ha que je suis drôle...

Je m'adoucis dès qu'elle passe un bras autour de mon cou, je me contorsionne pour poser mon verre sur le guéridon et pouvoir mieux la blottir dans mes bras. "J'essaierais de t'écrire oui, ou de t'appeler...mais m'en veux pas si c'est pas souvent..." Je préfère prendre les devants parce que sinon chaque fois elle est déçue. J'embrasse son front après avoir écarté ses cheveux dans un gestes doux. "Je sais jamais quoi te dire au téléphone...c'est nul le téléphone. Mais je ferais un effort."

Je regarde la Rakija qu'elle a abandonnée et je me moque gentiment d'elle, par pure provocation "humm la vraie slave a encore des progrès à faire à ce que je vois !"

Laisse-moi faire Slavo, je m'occupe de tout. Puisqu'il me laisse choisir l'hôtel, je n'ai besoin de rien d'autre, je sais déjà exactement ce que je veux faire. Et puis j'aurais pu passer trois jours dans mon appartement quand même. En plus de ça, ça me fait vraiment bizarre de l'emmener dans cet appartement que j'ai acheté après ma dernière cure, quand je ne supportais plus de vivre dans le Bronx, que je devenais folle à hanter les couloirs de l'appartement qui était le sien. Le voir chez moi c'est trop étrange, et ça éveille trop d'amertume en moi. Je ne suis pas encore assez solide sur mes appuis pour prendre ce genre de risques, mais pour éviter tout conflit je ne ressens pas le besoin de le lui dire. À quoi bon ?

Je fronce les sourcils, déçue d'avance parce que je sens qu'il n'appellera pas... Et je ne suis pas non plus sûre qu'il écrira. Non, c'est pas nul... Ça me permet d'entendre ta voix même quand t'es pas là... On a eu cette conversation cent fois à l'époque, j'ai besoin de ça, de garder ce semblant de lien entre nous quand il est loin de moi. C'est encore plus le cas aujourd'hui, après son départ... Je sais que si je n'ai pas du tout de nouvelles de lui, je vais m'effondrer. Mais je ne veux pas le dire, je voudrais que ça vienne de lui, pas qu'il se sente obligé de le faire.

Je hausse doucement les épaules, presse son corps contre le mien. Je suis encore en plein apprentissage... Je dépose un baiser sur sa joue, demande l'air de rien : Tu voudrais pas enlever ton tee-shirt...?

"Oui M'dame. ça m'arrange, j'aurais pas le temps de faire des réservations si je suis en mission et comme ça tu choisis ce que tu veux." je suis plus enclin à lâcher la bride à l'organisation, et même pour l'argent. J'ai moins besoin de contrôler, même si ça reste un gros travers chez moi.

Je suis triste de la déception que je lis dans son regard. Ne vous méprenez pas, je suis triste de ne pas réussir à lui donner ça quand c'est si peu. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça - est-ce juste une question de survie, un manque d'habitude ou suis-je simplement égoïste - mais j'ai généralement du mal à donner de mes nouvelles. Personne n'a jamais compté sur moi avant Nina, j'ai sans doute 40 ans d'habitudes de solitaire ancrées en moi. Je me promets mentalement de faire un effort, de lui envoyer au moins un sms par jour.

Je souris à sa répartie "en plein apprentissage hum ? Je t'aiderais srce moje..." Je suis en éveil dès qu'elle me glisse d'ôter mon tee-shirt. "Ouai, c'est vrai qu'il fait chaud, c'est la rakija ça... ça réchauffe." Je m'exécute, très obéissant sur ce coup là.

​J'essaie très fort de ne pas penser à notre séparation à venir, de ne pas m'angoisser d'avance même si chez moi c'est contre-nature. J'ai l'impression d'avoir été génétiquement programmée pour l'anxiété et l'anticipation négative. J'ai la trouille dès qu'il s'éloigne. Il suffit qu'il parte bosser et je me demande s'il va rentrer le soir. Savoir qu'il est capable de disparaître rend ma vie beaucoup, beaucoup plus compliquée à gérer. Alors trois jours en Europe, à des milliers de kilomètres de moi, je sais déjà que je vais baliser. Constamment. ​C'est pour ça que je pars à New-York en même temps que lui, pour ne pas être seule, pour avoir des gens vers qui me tourner, pour ne pas devenir folle.

C'est plus facile de laisser ces pensées de côté quand il obéit, retirant le tee-shirt qui lui colle à la peau pour me dévoiler sa peau nue dont la vue me fait vibrer. Il revient vers moi et je passe lentement le plat de mes mains sur ses épaules, descend le long de ses bras dans un soupir d'approbation. Tu me plais tellement si tu savais... Je crois que je te le dis pas suffisamment... Je peine à trouver les mots, les compliments pour exprimer ce que je ressens rien qu'en posant les yeux sur lui. T'es beau, Slavenko, t'es beau, et sexy et... Je remonte l'une de mes mains, glisse contre son cou. Želim te.

Ses mains sur ma peau la font tressaillir bien malgré moi quand je voudrais rester plus stoïque. La violence de mon amour et de mes réactions me remplit toujours de surprise et de désarroi. Pire encore quand elle me fait des compliments qui ont tendance à me mettre mal à l'aise et me faire rougir, des mois de relation n'y changeront rien. "tu me le dis trop mon ange"

Je frémis de joie, de ce bonheur fou qui souvent me terrifie encore. Je lui offre mon cou en me tendant vers elle."i ja volim te zlato malo. I ja sam tvoj, ako želite da." si elle n'avait pas été blessée je l'aurais attirée pour qu'elle se mette à califourchon sur moi, mais j'ai peur de lui faire mal alors je suis beaucoup moins brusque, beaucoup plus sage. je tends seulement les mains vers sa taille, me tourne pour pouvoir poser son front sur son épaule, offrant mon dos, mon cou, mes bras à ses caresses dans un geste aussi confiant que câlin. La promenade de ce matin et notre isolement ici me rendent plus vulnérable, dépouillé de mon armure, c'est pour ça qu'elle veut toujours qu'on parte à deux loin de tout, je sais très bien que je suis plus accessible comme ça, moins sur mes gardes.

​Comme il lève un peu plus la tête, se tend vers moi, je peux enfouir mon visage dans le creux de son cou, laisser courir mes lèvres là où la peau palpite, sentir son pouls sous ma bouche. Je ferme à demi les yeux, hume son odeur dont je m'enivre, ​toujours étonnée de le tenir contre moi. Une partie de moi s'attend toujours à se réveiller après un long, très long trip. Enfin un trip pareil, d'une telle intensité, qui semble si réel... Je crois que je ne m'en réveillerais pas. Et c'est tant mieux, si c'est un rêve, je préfère crever dans mon sommeil que revenir à la réalité. Mais ici il ne peut pas s'enfuir, pas vrai ? Il ne m'abandonnerait pas là, en pleine montagne, blessée, au milieu de la neige...

Mes mains arpentent sa peau sans hâte, peut-être parce que j'ai eu droit à un soulagement tout à l'heure dans la luge, mais surtout je crois parce que j'ai besoin de le réapprendre par cœur. N'est-ce pas à ça que servent ces escapades, à prendre le temps ? Contre sa gorge je murmure : Je te veux à moi, c'est tout ce que j'ai toujours voulu... Mais plus encore je veux être à lui, j'ai ce besoin viscéral de lui appartenir, depuis le jour où il m'a fait rendre les armes, depuis la laverie je crois... Du bout des doigts, je dessine les muscles qui saillent sous sa peau brûlante, se bandent au passage de mes mains. Le canapé est trop étroit pour qu'on y soit vraiment à l'aise, l'un comme l'autre, mais je peine à renoncer au feu de cheminée qui me réchauffe si bien. Pourtant je cède, parce que j'ai envie de profiter de lui cette fois. Si on allait dans la chambre ?

Je ronronne doucement sous caresses, carrément maté en instant - il est bien loin le tigre furieux - "je suis à toi". Dans ces moments là, il n'y a plus que ça qui compte, mais il y a toujours à un moment ou un autre un dur retour à la réalité. Le plus rude a été l'annonce de sa grossesse et l'avortement qui en a découlé. J'en garde encore une crainte des événements, persuadé au fond qu'on n'échappera pas à une autre catastrophe. Je n'ai plus ces illusions adolescentes du début de ma relation avec Nina pourtant, la passion est intacte, plus forte même car je la sais fragile au fond. Alors quand on a un de ces instants e paix, de communion parfaite, j'en profite à deux cent pour cent. Mon cœur s'est affolé à ses effleurements, ses baisers, mon sang pulse déjà plus fort.

"Oui, la chambre, c'est une très bonne idée ça..." Je soulève Nina dans les bras, reste penché en disant "prends la couette..." Une fois qu'elle l'a attrapée, je l'emmène dans la chambre. La chambre n'est pas loin, mais durant les quelques pas, je dévore Nina du regard. Le désir de tout à l'heure, de notre pause dans la neige, brûle à nouveau, plus fort, plus clair. Il fait chaud dans la chambre, j'y ai mis le chauffage dès qu'on arrivé au chalet et j'ai fait le lit. Je me doutais bien qu'on finirait par échouer ici. Je la pose avec délicatesse sur le matelas en suivant le mouvement. J'échoue sur le coté, tourné vers elle, frémissant, le regard réclamant sans équivoque encore ses caresses.

Un bras refermé, autour de son cou, l'autre se tend pour accrocher la couverture et s'en saisir. C'est à peine si je regarde le reste du chalet, dont je n'ai toujours pas fait le tour, tant je m'en fiche éperdument. Ce qui compte c'est d'être isolée avec lui. Que ce soit ici ou dans un cinq étoiles ça n'a pas d'importance. Au contraire, je dirais même que c'est mieux ici, il n'y a pas mille pièces, mille accessoires à découvrir, rien pour nous distraire et nous détourner l'un de l'autre. Et le contraste entre le froid polaire de l'extérieur et la douce chaleur qui se diffuse à l'intérieur me plaît beaucoup. Frileuse, je sais que je ne peux pourtant me départir de mes vêtements que si j'ai la promesse de sa peau brûlante pour me réchauffer. Nos corps sont faits pour cohabiter, pour se compléter.

Le matelas qui nous accueille est plus confortable que ce à quoi je m'attendais, en opposition avec le coussin sur lequel je pose ma tête qui est, lui, si fin qu'on pourrait le penser inexistant. Je bascule moi aussi sur le flanc, venant chercher dans ses bras la chaleur promise. Son corps massif enveloppe le mien, l'engloutit sans peine quand je me retrouve prisonnière de son étreinte. Je suis encore bien plus habillée que lui mais je ne cherche pas à y remédier pour le moment, c'est au contraire suffisamment rare pour que je veuille en profiter. Je fais courir mes doigts le long de son ventre, me repas des tressaillements qui contractent ses muscles à mon passage, et je m'emploie patiemment à défaire son treillis pour qu'il puisse l'ôter. De mes mains sur son torse, je l'incite à basculer tout à fait sur le dos, et sans octroyer un seul baiser à sa bouche, je glisse le long de son corps, ma langue traçant des arabesques mouillées sur son ventre.

Je l'enveloppe de mes bras, me niche contre elle, mon visage dans son cou, humant son odeur, frottant mon nez contre sa peau. Le désir et l'amour sont des vagues qui forment un ballet, un tourbillon synchronisé autour d'une tempête d'émotions que je laisse s'agiter sans crainte parce que Nina est dans mes bras, que ses mains caressent mes flancs. Ses gestes enflamment mon désir par anticipation. Nul besoin de beaucoup d'imagination, les souvenirs se bousculent en images d'une précision redoutable. La fébrilité me gagne et je l'aide à me déshabiller, soulevant le bassin pour qu'elle puisse ôter sans mal mon treillis. J'embrasse son cou de soie avant de me laisser pousser sur le dos, docile parce que je suis dans un état de confiance totale.

Je grogne à la fois de plaisir mais aussi de frustration parce qu'elle fuit ma bouche pour descendre le long de mon corps. Je soupire de désir, le sang brulant, irradiant de cette chaleur qui me bouffe et me réchauffe le bide comme une boule incandescente. Je tends la main, la glisse sous ses cheveux. J'enveloppe sa nuque de ma paume en baissant le regard vers Nina qui serpente le long de mon corps. La vision est divine. Je grogne et je mords ma lèvre pour m'empêcher de gémir brusquement, voir de l'implorer,je suis dans cet état d'esprit où je suis prêt à m'en remettre à elle, à jouer, en tout cas pour l'instant. Tout peu toujours basculer très vite.

A l'image de sa possessivité envers moi, sa façon de s'abandonner dans mes bras est une chose qui me manque cruellement depuis que nous nous sommes retrouvés. Il m'a fallu un temps infini pour ainsi gagner sa confiance au point qu'il accepte de s'en remettre à moi, de me laisser les rênes, pour qu'il veuille bien être vulnérable dans mes bras. Sur ce point, nous sommes tous les deux terriblement différents. J'ai accepté d'être sienne, physiquement, de lui appartenir sur le plan charnel, de m'en remettre entièrement à lui, dès la première nuit. C'est d'un point de vue émotionnel que j'ai eu bien plus de mal à rendre les armes, que je luttais sans cesse. Lui... C'est tout l'inverse. Et aujourd'hui que nous nous sommes retrouvés, j'ai la sensation qu'on doit recommencer à zéro ce long et douloureux apprentissage, cette apprivoisement mutuel. Alors à le sentir ainsi se détendre, ne pas tenter de me retenir, me laisser faire sans enrager aussi, mon rythme cardiaque s'affole.

Sous l'impulsion de sa main qui m'autorise à poursuivre, je presse ma bouche sur son entrejambe, par-dessus le tissu du boxer avec lequel je joue, me vengeant de ses taquineries quand il s'amuse à me laisser ma lingerie bien trop longtemps ! Je n'ai pas souvent l'occasion de lui rendre la pareille... Pour ne pas dire jamais, en fait. J'embrasse le sous-vêtement, le lèche, trace de ma langue les contours de sa queue déjà gonflée, dure sous mes lèvres. Mes mains crochètent ses flancs, s'y accrochent lorsqu'enfin je tire de mes dents sur l'élastique de son caleçon pour le libérer. Il lève le bassin, m'aidant à faire glisser le boxer le long de ses cuisses, et je l'ôte tout à fait parce que je le veux à moi, tout entier. Sa queue se tend vers ma bouche mais je me redresse, descends du lit où je l'abandonne un instant pour me déshabiller à mon tour. Je prends mon temps pour retirer les trop nombreuses couches de vêtements qui me séparent de sa peau, ondulant au rythme d'une mélodie imaginaire, agitant mes courbes sous son regard noir.

C'est vrai, c'est rare que je m'en remette à quelqu'un, il n'y a d'ailleurs que Nina qui parvienne à cet exploit. Hormis parfois dans ses bras, je déteste ne pas avoir le contrôle. Il y a cet image ancrée en moi que la docilité relève de la soumission ou d'un lâcher prise qui signifie reddition. On m'a trop appris à me battre jusqu'à mon dernier souffle pour que ça ne contamine pas tous les aspects de ma vie, même le sexe, même l'amour. C'est sans aucun doute ce dernier qui me permet pourtant de la laisser user de moi à sa guise, parce que je sais qu'elle ne me veut que du bien (et quel bien !) Quand on s'engueule, qu'on se fait la guerre, cette confiance s'étiole, je campe sur mes positions, méfiant de nature. Quand tout va bien, j'ai confiance aveugle dans le moindre de ses gestes.

Je me laisse aller, les yeux mi-clos et le souffle court, le cœur battant la chamade tandis qu'elle joue avec moi jusqu'à ce qu'elle se lève. Je cille, sans la quitter du regard, la dévirant tandis qu'elle ondule en se déshabillant. Je me redresse, l'oreiller trop mince pour me soutenir, j'appuie mon dos contre le bois de la tête du lit massif et ancien. Je mords à nouveau ma lèvre inférieure, dans ce geste qui trahit mon trouble, mon envie de l'appeler, de lui demander de m'embrasser, de venir contre moi. Je fourmille du désir de sentir sa peau contre moi, d'effleurer sa bouche carmin qui me donne cette envie précise qu'elle m'a fait miroiter. Je finis par souffler, ébloui de sa beauté, pétrifié par son sex-appeal "Nina, Nina, ti si divna" Je n'avais vu femme plus belle ni plus érotique. Je me damnerais milles fois pour un seul de ses gestes sensuels, un seul de ses sourires lascifs ou de ses regards noirs de volupté.

​Je guette ses réactions, le désir que je lis dans ses yeux, sur les traits de son visage qui s'assombrit. Je suis consciente de jouer avec lui, et pourtant même ce jeu reste grave, terriblement sérieux. J'ai envie de le faire languir, mais pas de sourire, encore moins de rire ! C'est trop important en cet instant, comme une nouvelle étape franchie dans la reconstruction difficile et douloureuse de notre relation. Il suffit qu'il m'appelle pour que je revienne à lui, son corps attirant le mien comme par magnétisme. Je le rejoins sur le lit, m'y installe à genoux, féline creusant les reins pour me tendre vers lui. Je crève d'envie de sa bouche, de ses mains sur ma peau, mais je ne remonte pas le long de son corps. Pas déjà.

Sans brutalité j'écarte ses jambes, juste assez pour pouvoir me glisser entre, la position le rendant plus vulnérable encore. Et je ne suis que trop consciente de la confiance qu'il me témoigne pour le pousser trop loin dans ses retranchements. Je ne le fais attendre plus longtemps avant de me pencher sur lui, glissant enfin sa queue gonflée dans le fourreau chaud de mes lèvres. Je ne le touche pas, ou si peu, ma bouche seule en contact avec sa peau. Mais à défaut de caresses possessives, je le suce avidement, en gestes langoureux, sans doute encore trop lents mais profonds, qui le font buter douloureusement au fond de ma gorge. ​

La voir s'approcher me fait tressaillir de joie, son prénom m'a échappé et je n'étais pas du tout sur qu'elle vienne déjà. Je ne résiste pas quand elle se glisse entre mes jambes, au contraire, je tends une nouvelle fois la main vers elle, incapable de résister à l'appel de son corps serpentin. Sa peau est de soie sous ma paume, et j'enroule un instant une mèche de ses cheveux autour de mon index. Mais quand sa bouche se referme sur moi, j'exhale un son étranglé de pur plaisir. Mon dos se décolle du mur, ma main se crispe sur son épaule tandis qu'elle me suce avec cette lenteur à la fois délicieuse et insupportable. Le plaisir à son paroxysme sans la possibilité de jouir : elle me connait trop bien et adopte le rythme le plus infernal qui soit. Je me tends vers elle, mon corps se voûte vers elle, alors que je fais pourtant l'effort de ne pas l'inciter à aller plus vite. Je grogne au rythme de ses avancées, brûlant de la voir entre mes cuisses. Je gronde brusquement dans un flot de mots qui m'échappe malgré moi "Nina, baise moi, je veux qu'tu m'baises, zlato, molim te." Je veux bien plus que sa bouche juste se refermant, dieu que j'ai envie du contact de son corps.

Le goûter ainsi est l'une des choses qui me plaît le plus. Cette sensation d'être maîtresse de son plaisir, d'avoir les commandes, le fait de le sentir gonfler, emplir ma bouche sous le désir qui enfle dans son ventre... Tout est absolument divin, exquis, et je prends un plaisir fou à ces caresses intimes que je ne lui refuse jamais... Ou seulement pour mieux le voir me soumettre. Je ne peux pas fermer les yeux cette fois, je n'arrive pas à me détourner de la vision de son corps voûté sur le mien, son regard noir de désir, sa mâchoire qui se crispe avant que sa bouche ne s'ouvre pour gémir. Pourtant malgré les illusions dont je me berce, je suis aussi soumise et vulnérable que lui en cet instant, parce qu'il suffit qu'il me réclame pour que je cède.

L'espace de quelques secondes, je fais durer encore, essayant vainement de semer le doute sur ma propension à accéder à ses désirs... Mais ses doigts s'enfoncent plus fort dans la chair de mon épaule, et je rends les armes. Je suis de toute façon brûlante, avide de sa peau, et je ne fais que semblant de me maîtriser encore lorsque je le libère. Je me redresse dans un mouvement d'une lenteur atroce, faisant glisser sa queue entre mes seins avant de me porter vers lui. Mon corps se presse contre le sien, j'embrasse son torse tout en m'installant sur ses cuisses, l'une de mes mains le guidant entre les miennes. Je retiens mon souffle, plante mon regard dans le sien quand je m'empale sur lui, d'une seule poussée irrésistiblement lente, savourant dans un couinement chaque centimètre de sa peau qui s'unit à la mienne. J'achève le mouvement d'un coup de reins plus brusque pour le planter plus loin au fond de mon ventre, et je m'accroche à ses épaules. Enfin, je mets un terme au supplice qui nous brûle, entamant un va-et-vient rythmé, rapide et profond. Mes halètements se mêlent aux siens et je plante mes griffes dans la chair brûlante qui tremble sous mes doigts.

J'ai un rugissement étranglé à la voir se relever alors que j'ai cru qu'elle allait continuer et me faire jouir dans sa bouche rien que pour me soumettre à sa volonté. Un rush brûlant crame mes neurones sous la vague intense d'émotions qui me submerge en même temps que le plaisir perdure. Elle vient sur moi mais dans le même temps, je me jette contre elle, entêté après sa peau. J'enfouis mon nez contre sa chair dans un soupir fou. Je me crispe, me tends quand elle s'empale sur moi, gronde encore à chaque va-et-vient que je perturbe par ma volonté de manger sa peau. Je la gêne plus que je l'aide parce que je presse ses seins dans mes mains, enfoui mon visage, frotte ma barbe à rougir son corps. Puis je malaxe son dos, ses fesses qui montent et descendent sur moi me faisant furieusement grimper dans les tours. J'enserre sa taille pour sentir ses mouvements, les accélérer quand le besoin de jouir monte trop fort et que je ne résiste plus. C'est dans un cri rauque que j'éjacule loin au creux de son corps.

Je l'enferme dans mes bras tant que les spasmes me secouent délicieusement et que mon esprit se tire alors que je balbutie des mots fous d'amours en la tenant serrée contre moi comme si elle allait fuir. Je la fais basculer sur le dos, suis le monument pour me retrouver sur elle, mon poids sur elle et que je viens prendre sa bouche dans un baiser possessif et haletant, tant je peine à retrouver mon souffle. Il se fait plus langoureux, mon corps écrasant ses seins chauds.

​Il lâche la bride, sans reprendre le contrôle, il ne me laisse pourtant plus seule maîtresse de notre étreinte. Et quand il se jette ainsi contre moi, dévore ma peau de baisers-morsures qui marquent ma chair, la lueur au fond de mon regard s'embrase de désirs bien plus sombres. La réalité se brouille dans mon esprit, les visions s'entremêlent, ses mains sont partout sur ma peau au point que je ne sache plus où finit mon corps, où commence le sien. J'enfouis mon visage quelque part contre son épaule pendant qu'il mord la mienne, et ma voix vibre dangereusement quand je m'entends gémir bien plus fort. Je ne sais pas si c'est la position, ses mouvements ou les miens, mais on trouve un angle foutrement agréable qui me fait couiner de plaisir brut, secoue mes muscles de spasmes douloureux et me laisse submergée bien trop vite par un orgasme violent.

Je m'enroule autour de lui quand il nous fait basculer, presse malencontreusement ma jambe blessée contre sa peau et feule de douleur et d'inconfort mêlés avant de retrouver une position qui ne soit pas meurtrière pour ma jambe blessée. Je la laisse finalement sagement allongée sur le matelas, n'en passant qu'une seule autour de lui pour le garder contre moi malgré tout. J'étais sur le point de reprendre mon souffle mais son baiser m'en empêche et je fonds, me liquéfiant littéralement sous la langueur de ses lèvres. Le plaisir, l'amour passionnel pulsent dans chaque micro-parcelle de mon être, suffisamment fort pour embuer mon regard, et je prends son visage en coupe entre mes mains en balbutiant d'une voix presque hallucinée : T'es là...​

J'avais oublié sa jambe dans le moment de passion et je grimace quand elle se repositionne pour que ça ne soit pas inconfortable. Je la tiens à ma merci, jolie petite proie rien qu'à moi et je me sens le plus heureux des hommes. "je suis là" Je n'ose pas ajouter pour toujours ou ce genre de promesses amoureuses auxquelles je n'ai plus droit mais je le pense très fort. J'espère que ça se lit dans mon regard grave et sérieux. Je caresse la lisière de ses cheveux, l'ovale de son visage, en la mangeant du regard. Ma bouche s'écrase à intervalles régulier sur la sienne, avec passion, jusqu'à ce que le désir renaisse encore et que je n'ai qu'à m'enfouir une nouvelle fois en elle pour qu'on assouvisse notre passion si exigeante. On passe un temps infini à faire l'amour, à s'apprendre encore, à se ré-apprivoiser. Je ne me braque pas de ses bouffées d'émotions et de trouille parce que je suis dans un de ces instants de grâce où je peux les assumer. On s'endort dans les bras l'un de l'autre, au chaud sous les couvertures, comme deux animaux repus.