Tous les levers du jour, sans toi ne se relèvent pas - Slavina

Loin de moi l'idée de prétendre que mes différends avec la famille Drazavic sont oubliés, mais j'ai conscience cependant qu'il ne peut y avoir aucune progression, aucun avenir serein possible si je cherche à éjecter Jelenko de nos vies. Déjà, parce que c'est impossible et que Slavenko ne me laisserait pas faire. Ensuite, parce que même si par miracle il acceptait, il en serait malheureux, et ça finirait par nous péter à la figure. Je ne veux pas le rendre malheureux, je voudrais qu'on arrive à trouver un moyen de vivre ensemble, et ça veut dire accepter que son père fasse partie de sa vie, et donc par extension de la mienne. Contrairement à Slavenko qui semble enchanté de la générosité paternelle, je ne suis pas si naïve et je perçois plutôt son geste comme un moyen d'avoir encore la main mise sur son fils... Mais on va me taxer de parano, alors je ne dis rien, d'autant que ça nous dépanne vraiment beaucoup.

D'ailleurs mon visage s'illumine réellement quand il m'assure que c'est arrangé, je crois que notre voyage aurait été plus stressant si ça n'avait pas été le cas. Il me soulève dans ses bras, notre différend soudain envolé, et je plonge mes mains dans ses cheveux pour l'embrasser à perdre le souffle. Mes jambes s'enroulent autour de sa taille, et je répète, transportée de joie. On va avoir une maison à nous. Je bécote sa bouche encore de plusieurs baisers fondants. Il y a internet ici, et un pc, je peux déjà m'occuper tout à l'heure ou demain de monter le dossier pour la banque, et s'ils acceptent on ira signer les papiers en rentrant. Je ne vois pas pourquoi ça ne passerait pas, on n'a pas besoin d'emprunter beaucoup. La maison est à 400 000 BAM au départ, je ne sais pas à combien Slavenko l'a négociée, mais ça équivaut environ à 230 000$, si j'ai pas converti n'importe comment lorsque je me suis renseignée. J'ai vendu mon appartement 300 000$. Bon, tout n'est pas dans ma poche, hein, j'ai eu un crédit à rembourser, et il faut qu'on pense à avoir de l'argent pour les travaux parce que je sais déjà que je veux en faire quelques uns. On a aussi un mariage à organiser, et une voiture à racheter. Mais on est loin d'être à la rue et ce sera, je pense, un petit crédit.

J'acquiesce en répétant, ravi "Une maison à nous" C'est un rêve en passe de se réalisé, je ne sais pas bien si vous saisissez ce que ça représente pour moi.C'est presque irréel. Je suis transporté de joie et c'est assez flippant comme sensation, j'ai peur de m'y habituer. Je réceptionne Nina, la fais virevolter avant qu'elle e m'embrasse si passionnément que j'en suis chamboulé.

J'ai un petit rire à l'enthousiasme de Nina et son petit air froncé qui réfléchit déjà à la suite, s'organise, prépare un plan de bataille. "Da srce, j'ai épousé une vraie pro de l'organisation" J'ai épousé, je vais ré-épousé, bref, la conjugaison se fait floue..."On enverra à ma banque en RS, tu vas voir, ça va passer tout seul..." J'ai l'impression que c'est le matin et que le coup de téléphone nous a permis de nous recaler sur une vraie journée après plusieurs heures de sommeil. Ma bouche cherche la sienne encore, ma main glisse sur sa cuisse, remonte sous la robe froissée. Je soupire de bonheur, de désir, toutes les émotions se mélangent, trop fortes, trop intenses pour que je maîtrise quoi que ce soit. Je suis nu et difficile de prétendre que je n'ai pas envie d'elle. J'attrape ses lèvres de ma bouche, goulûment, mes doigts écartent ses chairs pour les mouiller de sa cyprine. Sans beaucoup plus de préparation, je l'amène sur moi, me guide en elle d'une poussée franche mais douce pourtant.

Je me fige au fond de son ventre, mon baiser se faisant plus langoureux. Je ne bouge pas plus que ça, laissant ma queue enfler en elle à chaque mouvement de nos corps qui vacillent accrochés l'un à l'autre. Je la tiens fermement contre moi, me fait beaucoup plus sensuel, attendant que le désir la rattrape elle aussi. Une fois en elle, je ne suis plus si pressé de mener à terme notre étreinte, j'ai bizarrement plus envie d'être en elle que de jouir. Je me risque à glisser une main plus haut pour venir empaumer un sein que je torture d'abord gentiment pour le plaisir de le sentir réagir et durcir sous mes doigts. Je me loge un peu plus loin en elle, dans sa chaleur mouillée, accueillante. J'ai toujours aimé baiser debout parce que ça la force à s'accrocher à moi et je suis quasiment sur d'avoir le contrôle.

La concrétisation de ce projet me semble surréaliste, malgré les visites ça restait un fantasme que je pensais presque irréalisable au vu de nos différends constants. Mais j'ai de plus en plus l'impression d'un réel nouveau départ entre nous, entre ce remariage qui s'annonce et maintenant l'achat de cette maison. Malgré nos failles on se comprend de mieux en mieux, on se blesse de moins en moins fort aussi, nos disputes ne tournent plus nécessairement au drame, plus depuis qu'il s'est pris une balle en tout cas, et je crois que moi aussi je fais des efforts pour ne plus que les choses dégénèrent. J'ai envie de cette nouvelle vie avec lui, et il a raison, peut-être qu'il ne sert à rien de se rendre malade. On est en train de se réapprendre, peu à peu il regagne ma confiance et je me réveillerais peut-être en matin en sachant que je veux ce bébé avec lui, et qu'on est capables d'y arriver ensemble.

Je suis encore dans ses bras quand ses mains glissent entre mes cuisses, me faisant oublier tous ces soucis d'organisation dont j'étais en train de parler. Je soupire contre ses lèvres, expire de plaisir, de bonheur quand il se loge au fond de mon ventre. Moi aussi j'aime quand on fait l'amour debout, je suis un poids plume, même blessé il n'est pas très difficile de me porter, et je le vois de toute façon dans un halo d'adoration pure, si grand, si fort que rien ne peut être difficile pour lui.

Je lèche ses lèvres, me repais de sa bouche avec avidité, sans fureur pourtant, mes mains accrochées à sa nuque, mon corps pressé contre le sien. Il n'a qu'à avancer de quelques pas pour que je puisse poser mes fesses sur le bord de la commode, ce qui nous évitera d'avoir à nous presser pour cause d'inconfort, ce que je l'incite à faire. Je tends mon bassin vers le sien pour qu'il s'enfonce plus loin encore entre mes chairs, la position facilitant sa progression. Je tremble de désir, de plaisir contenu, ma peau appelant sa bouche, ses mains, dans l'envie de le sentir partout sur moi. Contre ses lèvres je susurre tout bas des mots d'amour entrecoupés de baisers. Je murmure que je l'aime, que c'est trop bon de le sentir en moi, que je ne veux pas que ça s'arrête, et que je l'aime encore, et encore. Nos bassins ondulent à peine, je ne le laisse pas s'éloigner de moi, même pour me prendre plus fort, pas encore. Je me tends en arrière, m'appuyant à moitié contre le mur, et lentement je prends sa main dans la mienne, la guide entre mes cuisses.

J'ai besoin de laisser exulter ma joie et le sexe a toujours été le moyen pour moi de m'exprimer. C'est plus facile que les mots et quand nos corps parlent, il n'y a pas de mauvaise compréhension. On se bécote, on se mange et je la dévore de ce regard passionnel qui fait d'elle ma déesse. Elle est si merveilleuse que j'en mourrais un jour foudroyé de bonheur. Ses mots ronronnés me font un bien fou, me procurent autant de plaisir que chaque mouvement lent qui me mène au creux de son être. Je me laisse guider par ses exclamations, et ma main rejoint la sienne. Je l'effleure en soutien des légers coups de reins qui me font à peine onduler en elle. Le plaisir monte avec cette lenteur décomposée qui ne le rend que meilleur et me tire des soupirs entrecoupés de jurons et de mots d'amour. Je la sens réagir, son sexe qui pulse autour de mien, ses spasmes qui m'absorbent et je couine de plaisir contre sa bouche.

Ma langue danse une sarabande contre la sienne. Je prends le temps de lui ôter sa robe entre deux mouvements. Après cette pause qui me permet de sentir ses seins contre ma peau, j'imprime un brusque coup de rein plus brutal, et je me fige loin en elle avant d'appuyer les caresses de ma main. J'halète contre sa bouche, l'excitation à son comble, je tremble de me retenir de la prendre avec fureur mais j'ai tellement envie qu'elle jouisse avant moi que je me fais violence, les muscles bandés, le corps appuyé contre le sien. Je recommence, un coup de rein puissant qui fait trembler la commode, l'écartèle pour me livrer passage et puis un baiser et une caresse plus lente, plus douce dans une alternance schizophrène.

Il répond exactement à mes désirs, même ceux dont je n'avais pas conscience, parce que je ne suis pas à ce stade où je suis encore en état de raisonner. Lâcher sa bouche me demande un mal fou et je ne peux d'ailleurs pas m'y résoudre. Une main plaquée sur sa nuque, je garde son visage contre le mien, suçote ses lèvres entre deux soupirs de ce plaisir qui enfle et me vrille les nerfs. Mes membres tremblent, mon ventre palpite furieusement autour de sa queue, et tous mes muscles se tétanisent brusquement quand il donne un coup de rein plus brusque. Ma main libre descend, se presse sur ses reins comme pour l'inciter à recommencer, l'envie de subir encore ce délicieux supplice se bat avec le désir de le sentir plus fort, plus vite. Mais j'ai déjà perdu la bataille, je rends les armes trop rapidement, je suis en manque de lui depuis trop longtemps pour qu'il en soit autrement. Je couine sous ses caresses langoureuses, et gémis ma jouissance contre sa bouche lorsqu'il revient s'enfoncer en moi. Mon sexe se contracte douloureusement autour du sien, et tout mon corps se tend dans un spasme délicieux qui achève de cramer mes récepteurs sensoriels. Je gémis encore jusqu'à ce qu'il me rejoigne, et me perds en halètements contre ses lèvres lorsque sa bouche retrouve le chemin de la mienne.

Je ne cède que lorsque je la sens partir, et je donne en quelques coups de reins libre cours au désir jusqu'à l'explosion qui flashe un instant ma conscience pour me plonger dans ce monde de sensations pures, d'émotions pures. Il n'y a plus que l'amour brûlant, dévastateur qui me submerge avec la force d'un tsunami. Après de longue seconde à mêler mon souffle à celui de Nina, je suis en mesure de revenir sur terre. Je l'embrasse avec tendresse, laissant l'amour prendre le pas sur le plaisir fulgurant qui m'a emporté. "srce moje, ti si divna, ti si lepa, volim te..." Je souris, d'un sourire rare, émerveillé. Comment a-t-on pu se disputer hier ? Comment a-t-on pu se faire du mal encore une fois. La seule chose positive c'est qu'on a su revenir l'un vers l'autre plus vite. Il y a encore quelques semaines, on aurait été bon pour se faire la gueule des jours durant. Se faire tirer dessus remet les choses importantes en perspective.

" Tu sais quoi zlato ? On va prendre cette douche et après, je te prépare un petit déjeuner digne de ce nom pendant que tu prends le soleil sur la terrasse. La terrasse que tu veux ! " Je la porte jusqu'à cette douche et cette fois, je suis bien décidé à la laver sans qu'on se prenne le bec ! Comme toujours, ça prend des allures d'adoration, rites sur son corps de déesse avec un savonnage, tendre, doux, qui me permet d'explorer son corps encore une fois. Je l'apprends par cœur sans hâte, du bout des doigts, du bout des lèvres. Le gel douche et les bulles glissent sur son corps de soie. Je suis ravi de me rincer aussi parce que la sueur me colle à la peau, quel pays chaud ! En même temps, je parle de la maison volubile parce que je suis heureux, presque guilleret. "On a la maison pour 365.000 frais d'agence inclus, c'est une bonne proposition non ? On pourrait faire baisser plus mais ce serait prendre le risque qu'elle nous passe sous le nez. Bien sur en ville y a moins cher mais avec bien plus de travaux et avec des voisins. On sera dedans pour l'été et tu pourras te baigner srce moje."

La douche nous accueille et je m'en réjouis parce que moi aussi, je meurs de chaud. Dans la chambre, la climatisation fonctionne mais comme la salle de bain est ouverte, il ne fait jamais vraiment frais pour autant. Et ça m'est égal, j'aime mourir de chaud, je suis bien décidée à me gaver de chaleur avant de retourner à Sarajevo. Le gel douche qu'il choisit sent divinement bon et je me lave les cheveux avec un shampoing à l'odeur fruitée, sucrée. Je te fais confiance, j'ai du mal à m'habituer à votre monnaie, je ne sais pas trop ce qui est une bonne affaire ou pas. Je peux convertir en dollars bien-sûr mais ça ne voudrait pas dire grand chose puisque le coût de la vie n'est pas le même. Il me reste 170 000 de la vente de l'appartement. Dollars. En comptant l'argent dépensé pour ce voyage ! Je suis sûre qu'on ne s'en sort pas si mal. Comme personne ne m'attendais plus à la maison, j'ai fait beaucoup de missions l'année passée. Des missions dangereuses, risquées, et qui paient bien. En plus des cambriolages, et de l'argent gagné par le biais de l'agence.

Je pivote, en bonne princesse, pour qu'il puisse me savonner le dos, les épaules. Pour l'été ? Tu plaisantes, on sera dedans bien avant ! Même si on veut faire des travaux, on peut emménager dès que les proprios libèrent la maison. Je penche la tête en avant, offre ma nuque à ses mains. En parlant de travaux... J'ai plein d'idées. Mon regard pétille, c'est que j'y ai réfléchi. Je voudrais aménager un peu le jardin bien-sûr, surtout le tour de la piscine, c'est pas très joli ce qu'ils ont fait... Je veux refaire les salles de bain, aussi. Les deux. Y a quelques coups de peinture à mettre aussi, et il faut refaire la cuisine. Je suis surexcitée !

"Tu es riche srce, heureusement que tu es là pour m'entretenir". Je le dis avec ironie plutôt que dérision parce que c'est tellement vrai et que ça va tellement à l'encontre de mes principes qu'il y a quelque chose de dérangeant. Je me promets de gagner un paquet de blé en rentrant mais ça veut dire partir en mission et Nina ne va surement pas apprécié de me voir partir deux ou trois jours, si ce n'est plus. On a un équilibre en ce moment, à cause de ma convalescence, j'ai un peu peur de ce que ça donnera quand je reprendrais le taf.

Je stoppe mon savonnage, effaré. "Tout ça ? Mais qu'est-ce qu'elle a la cuisine ? Elle me semblait bien à moi... " Je reprends lentement "Ah, je ne compte pas me battre avec toi zlato ! Tu feras bien tous les travaux que tu veux, je te connais, tu es plus bornée qu'une slave. Personne habite dans la maison, les proprio ont divorcé et ont déménagé. Peut-être que d'ici un mois et demi, le temps de faire les papiers à la banque et chez le notaire, on pourra emménager ! ça va venir vite en fait... " tant mieux, Nina est encore moins patiente que moi, si on devait avoir la maison dans six mois, elle péterais un plomb. J'embrasse son cou avant de me savonner à mon tour et me laver les cheveux, je sors de la douche pour me sécher énergiquement avec une serviette. "Je vais préparer le déjeuner zlato, où est-ce que tu veux le prendre ?"

J'écarquille les yeux, faussement horrifiée. Elle te semblait bien ? M'enfin mon amour ! Le carrelage est tout moche, et les meubles aussi, ils sont tout moches ! Non, non, je veux une nouvelle cuisine. Dans une tentative pour l'amadouer, je précise, un sourire aux lèvres : Comment je ferais pour te cuisiner des bons petits plats la prochaine fois que tu seras blessé, sinon ? Oh j'espère bien qu'il ne sera plus jamais blessé aussi gravement, que ce soit bien clair ! Mais je ne me leurre pas pour autant, avec la vie qu'il mène, il a toujours des tas de bobos, et moi je suis là pour m'occuper de lui, toujours. Mon visage s'éclaire encore. Si elle est vide on pourra y retourner avant d'avoir les clés tu crois ? Pour prendre des photos, des mesures aussi... Un mois et demi, ou même deux, ça nous laisse le temps de choisir des meubles et de prévoir les travaux qu'on veut justement. Je ne suis pas autant dans la planification d'habitude mais là j'ai envie d'emménager rapidement, vraiment.

Je lui souris et coupe l'eau lorsqu'il a fini de se laver. Près de la grande piscine, celle à côté du hamac en cordes. Je meurs d'envie de me baigner depuis que nous sommes arrivés ! Comme il s'éloigne vers la cuisine pour nous préparer à manger, je fouille dans nos bagages dans le but de trouver un maillot de bain. J'en profite pour vider ma valise, remplissant les tiroirs de mes vêtements, avec cette envie de me sentir chez moi pour quelques jours au moins. Je passe finalement seulement mon bas de maillot de bain, une culotte noire simple mais échancrée, et j'emporte une robe de plage pour pouvoir me couvrir pour manger. Je ne me fais pas prier pour aller enfin piquer une tête dans la piscine, qui me fait de l’œil depuis trop longtemps !

"Moches ? ha ?... " ça ne m'a pas choqué, soit ça veut dire que ce n'était pas si hideux que ça, soit j'ai des goûts de chiottes. Si je posais la question à Nina, elle opterait pour la seconde solution, alors je ne l'interroge pas. "je pense que ça ne posera pas de problème mon ange. On pourra prendre toutes les mesures et photos que tu veux. Mais sois un amour, prends des ouvriers pour les travaux, on sait tous les deux que je ne suis pas le roi du bricolage, même s'j't'interdis de le crier sur les toits. On dira que j'ai pas le temps, c'est mieux ! ha ha..."

Je prépare du café, ramène les fruits frais et du jus de fruits, des céréales également, avec du lait et des sortes de crakers locaux. Je dispose le tout sur la table du dehors. Le temps est étrange, chaud mais pas lumineux, le ciel est bleu, gris, vert, la brume danse dans la jungle, c'est splendide, époustouflant et je me retrouve à béer devant la vue. Mais c'est avant de voir Nina arriver dans son monokini. Elle est superbe et je la mange du regard. Pour ma part, je suis resté nu, j'ai décidé que puisqu'il n'y avait que nous deux, personne ne s'offusquerait que je joue les nudistes et il fait de toute façon trop chaud pour se couvrir. On verra ça quand on voudra aller visiter et faire des activités.

​Je hausse les épaules sans m'inquiéter, il est évident que c'est plutôt moi qui vais m'occuper de la décoration, Slavenko a un droit de veto c'est tout... Non, je plaisante, il peut me dire ce qu'il aime aussi, mais je crois que la maison lui conviendrait presque en l'état, en fait ! ​Je suis soulagée qu'il ne veuille pas me faire le coup de faire les travaux lui-même, je me souviens encore du jour où il a tenté de réparer la plomberie au Chalet, un vrai fiasco. Bah non, t'as pas le temps, c'est vrai. Tu vas reprendre le taf, et quand tu bosseras pas tu seras occupé à t'occuper de moi... Tu peux pas en plus faire des travaux. Et ma phrase est lourde de sous-entendus quand je parle de s'occuper de moi, on l'aura compris bien-sûr.

Je sors de la piscine quand il apporte le petit-déjeuner sur la table. Il fait chaud c'est certain mais je ne trouve pas ça désagréable, sans doute parce qu'on est ici, pas en train de marcher justement, et que je n'ai qu'à plonger dans la piscine pour me refroidir dès que le besoin s'en fait sentir. Je secoue mes cheveux mouillés, m'approche de la table et récupère sur le dossier de la chaise le vêtement que j'ai apporté. On sait bien que contrairement à lui je n'aime pas me balader nue, je ne sais pas trop d'où je tiens cette pudeur quand on sait que j'ai habité au Red Manor... Peut-être de là, justement, j'ai eu si peu d'intimité durant ces mois-là que j'essaie de me rattraper ? J'en sais foutre rien. Je passe donc la robe, blanche en tissu ultra-fin, léger et transparent, qui finalement ne couvre pas grand chose.

"Je préfère m'occuper de toi que faire de la plomberie..." Je me retiens de rire à cette bête plaisanterie et m'en vais vaquer au petit déjeuner.

Le temps qu'elle sorte de l'eau et passe sa robe légère, je ne me gêne pas pour me rincer l’œil. Après non plus d'ailleurs, le tissu transparent colle à sa peau, épouse ses seins qui pointent sous l'effet de l'eau plus fraîche. Je lui sers un café et un jus de fruit, ainsi qu'à moi et je me risque à goûter un de ces crackers aux graines de sésame qui se révèle meilleur qu'il n'en avait l'air. Il se trouve que je meurs de faim et que je me sers des fruits que je mélange à des céréales. "Est-ce que tu as établi un programme de nos activités comme tu établis un programme pour la maison ? Je pensais ne pas bouger aujourd'hui et commencer l'exploration demain. Ça te dérange pas ? Le décalage horaire m'a cassé et j'ai envie de passer la journée à m'occuper de toi justement.

J'ai l'impression d'être en lune de miel, et je ne veux pas m'éloigner de sa peau à nouveau. Notre dispute, si on peut l'appeler ainsi, est oubliée et je refuse de laisser l'angoisse ou la mélancolie s'installer. J'attends donc qu'il soit assis pour venir m'installer sur ses genoux et passer un bras autour de son cou. J'attrape mon verre de jus de fruits en secouant la tête. Non, pas de programme... Je suis pas du genre à tout organiser ! C'est seulement que pour la maison... Je suis impatiente. Alors le fait de penser à la suite me permet de me projeter, c'est comme si on y habitait déjà un peu, c'est rendre tout ça plus réel, plus concret. Ce n'est pas tant le fait de planifier quoi que ce soit, c'est plutôt le simple fait d'en parler, en fait, peu importe si les choses ne se passent pas exactement comme je les projette.

J'avale quelques gorgées de jus de fruits, et repose mon verre pour me servir des céréales. Je réalise que je suis affamée, ce qui ne m'arrive pourtant pas souvent, mais là ça fait des plombes que je n'ai pas mangé, je n'avais pas faim dans l'avion. On n'est pas pressés, on vient juste d'arriver, même si on reste ici demain, c'est pas grave. Le lieu est si magique que ce ne serait pas, à mon sens, du temps gâché ou perdu. Surtout que nous sommes ensemble, c'est tout ce qui compte réellement. De toute façon, on n'avait pas prévu d'aller faire une sieste sur les cordes tout à l'heure ?

Je suis surpris qu'elle vienne s'asseoir sur mes genoux, c'est un geste qu'elle n'a pas eu depuis longtemps, une de ces choses perdues qui ont du mal à revenir. C'est que je dois l'admettre, elle a grandi en mon absence, beaucoup moins femme-enfant avec moi ou est-ce moi qui l'infantilise moins ? Toujours est-il que ces moments me manquent et que je souris de l'accueillir sur mes genoux. Je lui dérobe aussitôt un baiser sur son épaule et passe un bras autour de sa taille. J'ai bien assez d'une main pour manger. Comme à chaque dispute, j'ai eu très peur hier soir. Peur qu'on ne sache pas dépasser ça, qu'on réussisse à se gâcher le séjour et je suis ravi . Je commence à apprendre qu'une dispute n'est pas forcément la fin du monde, la fin de notre relation. Elle a eu beau me le dire de nombreuse fois, me demandant de revenir vers elle plutôt que rester à l'écart, j'ai toujours été très empoté à ce jeu là. J'ai l'impression d'avoir progressé même si ce n'est pas encore parfait. Avant l'accident, j'ai tout de même passé trois jours loin de la maison à ruminer.

J'en profite pour la taquiner, en la pelotant innocemment. "Ha moi j'ai cru que tu avais tout planifié. Depuis que tu es une femme d'affaires, qui jongle avec des agendas, des plannings, j'ai cru que tu organisais tout. Tant que tu me dis pas qu'on baise que le samedi de cinq à sept, ça va...Deux heures...je tiendrais jamais chérie !" Je mange un fruit que je ne connais pas et trouve très bien, j'en prends un autre morceau pour Nina et lui offre "goûte ça, c'est super bon" Quoiqu'il en soit j'approuve le programme de la journée "la sieste dans le truc de cordes ça me va très bien. Avec des coussins parce que ça doit faire mal les cordes sinon..." hé ho, je fais ma chochotte si je veux !

Ses mains sur ma peau me font ronronner de plaisir, et si je ne viens plus si souvent sur ses genoux, c'est seulement parce que j'ai toujours cette peur de ne plus avoir les mêmes droits qu'avant, et que lui n'ait plus les mêmes envies. Il est parti parce qu'il se sentait étouffé, parce que mon comportement souvent trop enfantin était un poids sur ses épaules, je dois prendre sur moi pour ne pas reproduire les mêmes erreurs... Mais dans un endroit tel que celui-là, je baisse ma garde.

Je secoue la tête. Je suis obligée pour le boulot, oui, je vais pas en plus le faire dans ma vie privée ! L'organisation est nécessaire et je m'en sors bien parce que je n'ai pas le choix, au quotidien je préfère quand même la spontanéité si c'est possible. Je lève les yeux au ciel, embrasse sa joue. Non, la plage horaire "sexe" c'est 24/24 maintenant, t'es allé te battre aux arènes, ça veut bien dire que t'es remis sur pied, mh ? Quoi ? Autant utiliser ce mensonge à mon avantage maintenant ! Je me penche pour prendre entre ses mains le morceau de fruit qu'il me tend, grignoter ses doigts au passage avant de me redresser. Des coussins, on peut même sortir une couverture et la foutre dessus pour faire un matelas, si tu veux. C'est la première fois que je vais dormir sans couverture je crois bien ! Et pour ce soir on a une soirée spéciale de prévue. Dans un sourire mutin j'avoue : J'ai pris l'option "lune de miel" en réservant.

J'ai une moue entre le dépité et le rieur à sa réflexion. "Tu oublies que je me suis fait rétamé srce...Je crois que j'ai encore besoin d'une infirmière." Moi aussi je peux utiliser des stratagèmes, même si je suis moins doué qu'elle peut-être parce que j'adore me laisser mener par le bout du nez par elle, ce que je ne vais certainement pas avouer à Nina, elle est assez Princeza comme ça !

Je mange comme un ogre, de façon méthodique qui m'est habituelle mais je prends plaisir à partager avec elle. Je me repais parallèlement de l'odeur de Nina, de la douceur de Nina. "ouai, on va faire ça, mettre la couette et les coussins." Je plisse les yeux en réfléchissant une minute "L'option lune de miel c'est celle où tu te pointes en lingerie sexy ? Qu'est-ce qui est prévu ? Tu es une cachottière, dis-moi moj andjeo... On va avoir des serveurs ou on sort au restaurant ? Que je sache si j'dois m'habiller et quand " Je ne suis pas très pudique mais quand même ! J'ai prévu dans mes affaires une tenue d'apparat si je puis dire, pas tout à fait un costard, juste un pantalon à pince noir et une chemise blanche très classe - j'ai laissé tomber l'idée de prendre la veste quand j'ai consulté google sur le climat local. Pour le reste, je me suis dit que ça pourrait être utile. Peut-être est-ce l'occasion ce soir.

​Je secoue doucement la tête, frotte mon nez à sa tempe dans un geste tendre. T'en fais pas, je suis toujours ravie de jouer les infirmières pour toi moja duša... J'aime prendre soin de lui, et je crois qu'il peut le comprendre parce que je sais qu'il aime, lui aussi, prendre soin de moi. Ça me donne la sensation de compter pour lui, de me rendre utile aussi. Et ça m'aide ​à mieux gérer mes angoisses face à son travail si dangereux, comme si mes attentions étaient capables de minimiser le danger, ce qui est ridicule, je le sais.

Non, désolée de te décevoir mais on va pas au resto, mon amour... En tout cas ça ne faisait même pas partie des options proposées et si ça l'avait été, je ne l'aurais pas choisie ! Je veux rester seule au monde avec lui. Non l'option lune de miel ça veut juste dire qu'on doit s'absenter une petite heure en fin d'après-midi pour qu'ils préparent la villa, je crois qu'ils foutent des pétales de roses dans la piscine et ailleurs, et on a un repas de préparé aussi. Pour le reste je sais pas, ce sera une surprise. Je dodeline de la tête, fronçant le nez sous la réflexion. Tu voudras qu'on s'habille bien ?

Dans jouer les infirmières, il y a jouer et j'aime assez si ça tourne au jeu sexuel avec Nina, comme on le sait, je ne m'en cache pas. Pour ce qui est de prendre soin de moi, je suis un grand garçon, mais je dois admettre que ma dernière mésaventure m'a appris à relativiser. Quand vous ne pouvez pas foutre un pied devant l'autre tout seul, accepter de l'aide est une question de survie.

"ça ne me déçoit pas, je préfère rester ici. On verra plus tard pour explorer les environs et si on se trouve un restaurant avec spécialité locale. Je ne sais pas trop ce qu'ils mangent dans le coin...me suis jamais posé la question. Puisqu'on doit s'absenter, on aura qu'à aller se promener le long de la rivière. Je ne sais pas si la cascade est assez proche pour y aller."

Cette cascade m'attire et m'intrigue. En fait cette nature luxuriante m'intrigue ! Je trouve ça tellement étonnant. Je crois que mon coté militaire ressort parce que je me demande forcément comment évoluer, combattre dans ce genre d'environnement. Je suis un habitué de la guérilla urbaine plus que de ce genre de terrain, et les seules fois où j'ai combattu hors des villes, c'était montagneux, désertique sans grande végétation.

"Bah oui, si c'est un repas genre lune de miel, on peut faire un petit effort pour bien se saper. J'ai pris de quoi ! Et j'ai pas trop envie que tu traine en culotte devant les serveurs. Humm quel est l'intérêt de mettre des pétales de roses dans la piscine ? Oh d'ailleurs tu as vu hier, les coussins faisaient des cœurs, si ça c'est pas romantique ! " Je me moque encore gentiment d'elle, chatouillant ses flancs au passage et embrassant son cou. Je suis intimement persuader que Nina est une grande romantique quoiqu'elle en dise.
​

​Je hausse les épaules. On leur demandera avant de partir, ils doivent bien savoir comment se rendre jusqu'à la cascade. On longera la rivière, et si la cascade est trop loin et qu'on ne se sent pas de faire une si longue balade, on s'y rendra plus tard dans la semaine. Il doit y avoir des milliers de choses à faire dans ce pays, mais je sais déjà qu'on n'aura ni le temps, ni l'énergie pour toutes les faire. Mais le simple fait de visiter au moins les alentours de la villa, peut-être même élargir aux villes les plus proches, ce sera amplement suffisant. Être dans ce décor paradisiaque relève du pur miracle, je ne comprends même pas qu'on arrive à se disputer même ici. Ça ne devrait pas être possible.

Je crois pas qu'ils vont en mettre seulement dans la piscine... Mais j'avais vu les photos sur le site, ça avait l'air joli... Il a raison, je suis une grande romantique au fond. Sauf que déjà, je ne le suis qu'avec lui, et en plus je ne me l'avoue pas parce que je ne pense pas avoir le droit à ce genre d'attentions. D'ailleurs je démens farouchement. Oui, j'ai pris l'option romantique +++ pour mon pauvre petit tigrovi tout amoché. Me suis dit que tu méritais bien ça, hm ? Je vous jure, c'est lui qui m'a rendue si guimauve, je ne l'avais jamais été avant ! Je me serre contre lui et propose : On va le tester ce hamac ? J'appelle ça ainsi parce que je ne sais pas quel autre nom lui donner !

On se lève finalement et on récupère dans la chambre la couverture blanche ultra moelleuse ainsi que quelques coussins, pour aller disposer le tout sur les cordes et se créer un cocon confortable. Et ça donne vraiment cette impression d'être dans un nid, perché au-dessus de la jungle. C'est splendide. Ma tunique est encore humide, il fait très chaud mais pas assez sec pour que les vêtements sèchent rapidement, et je m'allonge la première. Je me mets sur le ventre, pour pouvoir tendre le cou au-dessus du coussin et regarder en bas, fascinée.

Je grimace quand elle se moque de moi, elle s'est toujours moqué de mon soi-disant romantisme, mais aimer lui faire plaisir, lui montrer l'amour que j'ai pour elle est-ce vraiment du romantisme ? Elle avait halluciné quand j'avais réservé une chambre dans cette suite rose et rouge avec un verre à champagne en guise de baignoire. C'était pour la St Valentin. Cette année, on n'a rien fait pour cette date, et je ne fête plus non plus ces anniversaires bidons d'un mariage oublié, la dernière fois m'a suffit. J'y penserais peut-être à nouveau quand on aura une vraie date ! Mais je joue le jeu de nos petites piques amoureuses "Bien sur que je le mérite ! Je suis blessé ! Donc ils vont en mettre partout des pétales de fleurs ? Ha ha, ça va tu vas pas me faire une allergie à tant de guimauve srce ? "

Je la rejoins sur le hamac avec bien plus de prudence qu'elle n'en a. Le cordage s'enfonce sous mon poids et je me coule prudemment sur la couette tandis que Nina, intrépide se penche. Une fois installé, ça va, je n'ai pas une vraie phobie du vide - ça fait longtemps que j'ai du dépasser ça - juste une petite appréhension prudente. Dans les fait si on regarde, il y a une pente avec des feuillages fournis, si on tombait, je me demande si on rebondirait dessus. Je souris de mes pensées débiles avant de venir me coller à Nina, fronçant le nez parce que ça robe est humide. "pourquoi tu ne te débarrasse pas de ça ? Tu n'en a pas besoin...on fait la sieste."
​

Je ne sais pas s'ils vont en mettre partout, on verra bien, t'en fais pas. Peut-être que je me suis laissée aller à un excès de romantisme, je veux bien l'admettre, mais je crois que j'en ai besoin. En fait les petites attentions romantiques qu'il avait à mon égard me manquent cruellement, et je ne sais pas comment le lui dire sans lui faire de la peine ou le mettre en colère. Je sais très bien qu'il va me rappeler l'anniversaire de mariage qu'il a organisé, mais si je ne lui ai rien dit ce soir là c'est justement parce que j'étais trop touchée qu'il prenne le temps d'organiser une telle soirée et que je ne voulais pas tout gâcher. Bon, il se trouve que selon lui j'ai gâché les choses à retardement mais c'est une question de point de vue j'imagine. Si c'est trop guimauve tu me baiseras sauvagement sur la table pour équilibrer, ok ? Vous voyez, je suis quand même pleine de bonnes intentions pour ne pas virer dans le trop romantique.

Il vient se couler contre moi et ses désirs rejoignent les miens parce que je déplore justement de ne pas sentir sa peau. Humm à tes ordres. Je tourne sur le dos pour pouvoir retirer le ridicule et minuscule bout de tissu mouillé, gardant mon bas de maillot quand même parce que faut pas déconner. Je m'allonge à nouveau, sur le flanc cette fois pour me glisser entre les bras du slave et frotter mon nez contre sa peau. Lui est resté nu et je trouve que c'est une merveilleuse idée. Je passe mes mains dans son dos, déjà légèrement moite de sueur à cause de la chaleur étouffante. Dans le silence mes pensées dérivent, je songe à notre mariage à venir, au fait que je n'ai pas acheté d'alliance aussi, qu'il faudrait qu'on discute de tout ça alors je lance le sujet, mes mains se baladant sur sa peau. Tu sais quand est-ce que tu veux qu'on se marie ?

"Bah quoi, baiser sur une table avec des pétales de fleurs, c'est romantique..." Le sexe est romantique, comme s'enfermer dans le love hôtel deux jours durant. J'aimais nos escapades romantico-sexuelles. Un peu comme celle-ci sauf que celle-ci dure plus longtemps !

Je roule plus ou moins sur le coté pour faire face à Nina. Les yeux mi-clos, je niche mon nez contre son épaule, dans une posture voutée, ma jambe revient sur les siennes, je la fais prisonnière, sa peau contre la mienne. Ma main vient sur son dos, glisse vers ses fesses, chipote lentement avec le tissu de la culotte d'un geste paresseux. Je vibre de contentement à ce qu'on se touche, c'est comme une infinité de minuscules décharges électriques, un vrombissement interne absolument divin. C'est le sentiment de lui appartenir, d'être vivant aussi. La chaleur infernale et les caresses m'alanguissent.

"Humm non je n'ai pas réfléchi à une date ... Je sais pas trop combien de temps il faut pour préparer tout ça. Je devrais demander à ma petite-cousine. elle s'est mariée l'année passée. Faut voir avec le prêtre aussi, préparer les faire-parts pour la famille, trouver une salle. On devrait prendre quelqu'un pour gérer tout ça, pour ... dégrossir le terrain. Faire de la reco. Toi et moi, je suis pas sur qu'on aura le temps sans aide." Organiser un mariage orthodoxe c'est pas une mince affaire "En plus avec la maison et les travaux à gérer mais ça peut se faire pour cet été si on prend quelqu'un de compétent, toi qui a toujours froid, ribica, ce serait mieux."

C'est vrai qu'on a toujours été comme ça, à se tripoter sans arrêt, à avoir ce besoin perpétuel d'être en contact peu importe le lieu et la situation. Et ça me manque énormément. Ce n'est pas parce qu'on s'est séparés que ça a changé, c'est plutôt parce que nous vivons à Sarajevo et que là-bas, ce n'est pas la même chose qu'à New-York. On n'adopte plus que très rarement, lorsqu'on se balade dans la rue, cette allure de tortue qui était la nôtre. On ne se pelote pas dans les magasins ou dans les restaurants. Et à la maison... Et bien je ne sais pas trop, avant qu'il soit blessé, ça faisait longtemps qu'on n'avait plus été ensemble à l'appartement. Et depuis qu'il est en convalescence, c'est différent, j'ai fait en sorte d'être présente mais surtout de le laisser se reposer, alors je n'ai pas voulu me montrer trop collante.

Sa réponse sur le mariage me fait flipper parce que je ne m'attendais pas vraiment à ça. Un organisateur et des faire-parts ? Je crois qu'on n'est pas exactement sur la même longueur d'ondes, là. Tu crois que c'est vraiment nécessaire ? Je veux dire, si on fait un petit mariage tout simple ça peut s'organiser facilement, et rapidement. Combien de personnes tu comptes inviter ? Moi je voudrais inviter mes amis de New-York mais très honnêtement... Je ne sais pas combien feront le déplacement pour me voir ré-épouser Slavenko. Aucun d'entre eux ne le porte dans son cœur. Je suis déjà certaine que Rauera ne viendra pas, et je ne suis pas sûre de lui faire l'affront de l'inviter. En début d'été, ce serait bien... Je ne voudrais pas trop attendre...

Moi je crois surtout que à force de vouloir laisser respirer l'autre, avoir peur qu'il nous trouve collant, avoir peur de trop demander ou trop donner, on a perdu ces gestes qui avant étaient si instinctifs qu'ils ne nécessitaient pas de réflexion. Aujourd'hui, avant de lui prendre la main en rue je me pose la question de savoir si c'est bien, si c'est le bon moment. C'est la même chose que le fait qu'elle ne vienne plus systématiquement manger sur mes genoux. On est plus adulte sans doute, pourtant vautrés dans le hamac, on retrouve cette manie de se peloter comme des ados et j'aime ça.

"Quoi tout simple ? Mais... il y a plein de choses à prévoir ... Je ne sais pas, il y a tote ma famille, celle de ma mère, les Tigrovi, les amis de famille... On sera surement deux ou trois cent personnes et c'est pas énorme pour un mariage ! " Oui on s'est marié à deux à Las Vegas, mais j'étais seul et en conditionnelle à l'époque. Ici je suis chez moi, dans ma ville, avec ma famille, mes amis. "Je crois qu'il vraiment mieux engager quelqu'un qui sache gérer ça efficacement ! Pourquoi pas la même wedding planner que ma cousine ? Si on l'appelle tout de suite, on peut lui demander si c'est possible en juillet. Ça nous laissera que quatre mois. Septembre serait peut-être mieux ? "

J'écarquille les yeux à son annonce. Si j'avais quelque chose dans la bouche, je manquerais de m'étouffer je crois, heureusement nous ne sommes plus en train de manger. Trois cent personnes ?! Alors on n'a définitivement pas la même définition de "pas énorme", hein. Parce que quand j'envisageais notre mariage, ou plutôt ce re-mariage, je pensais qu'on sera au grand maximum une trentaine, et encore je visais large, voire très large ! Je m'étais fait une raison quant au fait que sa famille serait présente, bien-sûr, mais je n'aurais jamais imaginé qu'ils puissent être si nombreux. Les amis de sa famille, en plus ? C'est une plaisanterie. Mais j'ai aucune envie de me marier devant trois cent personnes que je ne connais pas, Slavenko. Lui les connaîtra sans doute tous, ou presque, mais moi ? Je ne peux pas être une étrangère, une inconnue à mon propre mariage, ça n'a aucun sens !

Je comprends tout de suite mieux pourquoi il pense qu'il vaut mieux faire appel à un wedding planner, en effet. Mais attends Slavenko je crois pas que tu te rendes compte, là. Tu sais combien ça coûte un mariage pareil ? Puisque je devine que je ne pourrais pas le prendre par les sentiments, j'essaie d'abord de le prendre par le porte-monnaie. On veut acheter une maison, faire des travaux dedans, on n'a pas vraiment les moyens pour un mariage princier ! Non mais trois cent personnes, il est cinglé !