St Jergis et Ste Vodka - Slavina

J'ai tellement l'habitude qu'il fourre ses mains partout sur moi après l'amour que je serais vexée qu'il parvienne à s'en passer. Je m'alanguis entre ses bras, m'offrant avec bonheur à son pelotage en règle, glissant mes mains sur sa peau en retour, malaxant sa chair en soupirant de plaisir. Hum, c'est pas le truc le plus confortable qui soit, mh ? Je souris en secouant la tête, amusée. Moi je suis ravie, et même rassurée de retrouver notre frénésie d'antan, celle qui ne nous permet pas d'être raisonnables et d'attendre d'être rentrés à la maison pour nous déshabiller et nous vautrer dans le lit. Je hausse doucement les épaules. J'y suis pour rien, c'est toi qui m'a sauté dessus, j'ai même pas eu le temps de riposter. Je mords sa bouche dans un sourire, qui se mue en soupir quand sa main glisse sur ma poitrine.

Je plisse les lèvres en une moue boudeuse, faussement attristée. Si, c'est terrible, je vais avoir des courbatures affreuses... Je me penche, frotte mon visage contre son épaule en susurrant : A la maison tu vas devoir me faire un massage pour compenser... Non, je ne perds pas le Nord, moi. Jamais. D'ailleurs... Dis, mon amour... Ca t'embêterait qu'on rentre, maintenant ? Je suis pas sûre de pouvoir tenir encore longtemps, là... Mais si tu préfères je rentre seule, tu peux dormir ici. Je n'en serais pas enchantée, on ne va pas se mentir, mais s'il veut retourner faire la fête avec les Tigrovi, je ne vais certainement pas l'en empêcher.

"non, je commence à passer l'âge pour ces acrobaties." Un baiser ponctue ma phrase, mi soupir mi grognement dépité. "tu m'as trop chauffé srce...tu le sais l'effet que ça me fait quand on danse." La première fois, je ne sais même pas comment on était rentré chez moi. Sans doute parce que je ne savais pas encore totalement les délices qu'abritaient son corps, je n'en avais qu'une idée bien loin d'atteindre la réalité. Un sourire entre l'amusé et l'ironique se peint sur mon visage. Je caresse sa joue d'une pichenette de chatouilles. T'es mignonne...tu me dis de rentrer te masser et tu me proposes de rester ici. Rêve, je rentre te faire un massage.

Je me rhabille sommairement en reboutonnant mon froc et en remettant mon tee-shirt. Je passe à l'avant du véhicule en me contorsionnant, grossière erreur j'aurais du faire me tour, et je parviens quand même à force de jurer à me glisser au volant. Les clefs sont dans ma poche mais la caisse est keyless et je démarre sans avoir besoin de chercher après, j'aime bien ma Mercedes et je commence presque à oublier la blessure d'orgueil de ce cadeau dans le plaisir de la conduire. Je démarre tranquillou, nul besoin de prévenir les autres, à cette heure ci les gens disparaissent naturellement dans des activités dérivant de la Slava, du sexe pour être clair. Je me demande si Camenko est en train de rejoindre sa russe ou pas. L'appart n'est qu'à un petit quart d'heure de la fête et même si j'ai bu, je conduis facilement en mode pilotage automatique. Je connais la route par cœur.

Sauf que....

Au détour de la route, des gyrophares de la voiture du flic et on nous fait signe de se ranger sur le bas côté. Contrôle d'alcoolémie. Comment vous dire que je le sens mal. Je grimace pour Nina. "tu as le numéro de l'avocate si ça s'passe mal ?" Bon ben, je sors du véhicule et bien sur quand je me retrouve à exploser le taux de l'alcootest, me voilà bon pour la cellule de dégrisement sauf que je percute que je connais le type qui accompagne le jeune flic qui m'a fait souffler "Tiens, lieutenant Vanic, z'êtes à la circulation maintenant ?" "Slavenko Drazavic, tu tentes un nouveau record de couleur sur l'appareil ?" "Hé, c'est la Slava aujourd'hui, y a de bonnes raisons !"

​Eh, t'as choisi une jeunette, faut assumer. Je hausse négligemment les épaules, d'un air faussement innocent. Ca faisait trop longtemps qu'on n'avait pas dansé, je me souvenais plus... Je papillonne des cils avant de rire... Et puis de fondre telle une guimauve parce qu'il accepte de rentrer avec moi. J'aurais été dévastée de devoir l'abandonner maintenant, je n'aurais rien dit, je n'aurais pas cherché à le culpabiliser... Mais je crois que ça m'aurait déprimée pour le reste de la nuit. Merci, moja duša... Contrairement à lui, après m'être rhabillée, je sors de la voiture pour aller m'asseoir sur le siège passager. L'idée de conduire ne me vient même pas à l'esprit tant il bataille toujours pour ne pas être passager, il a du mal avec le fait de ne pas être derrière le volant. Et puis je crois que j'oublie qu'il a trop bu, ou bien j'oublie qu'il y a des règles dans cette ville aussi, alors même que les Tigrovi semblent la contrôler toute entière.

Je suis sincèrement surprise qu'on se fasse arrêter, je pensais qu'on repérait les plaques d'immatriculation des Drazavic et qu'ils avaient l'immunité absolue, un truc du genre. Ah, naïveté quand tu nous tiens. Mais il est absolument hors de question que je rentre sans lui ce soir. Voyant qu'il connaît le flic, je sors de la voiture à mon tour, avec un sourire d'excuse très réaliste. Dieu merci je suis parfaitement sobre et je peux encore parler serbe sans avoir l'air totalement ridicule. Bonsoir, je suis vraiment désolée, j'aurais du insister, la voiture est neuve et il était persuadé que je l'abîmerais... Je n'ai pas bu une goutte, vous nous laisseriez rentrer si je conduis ? Je ne m'adresse qu'au jeune-homme, battements de cils et sourire charmeur à l'appui. Il regarde sa collègue, visiblement mal à l'aise, soupire et me fait souffler à mon tour, pour vérifier que je suis réellement sobre. Après un regard à la femme qui l'accompagne, il cède et consent à nous laisser rentrer. Je tends la main à Slavenko en réprimant un sourire victorieux, pour qu'il me file les clés de la caisse.

Cette soirée, tout me réussit parce que malgré une situation qui aurait pu être merdique, on s'en sort très bien. Nina joue de ses charmes et moi je glisse discrètement dans une poignet de main un billet à Vanic qui est une serbe vieille école - nationalisme dans la peau et pot de vins acceptés, arrangeante avec qui il faut. Le petit flic semble se contenter du fait que Nina est sobre. Je file les clefs à Nina et je vais a caler coté passager. Elle prend le volant et comme on s'éloigne j'ai un sourire arrogant, trop saoul et trop heureux de ma chance. Je ris quand elle démarre "abîme pas ma caisse, femme !"

On rentre à la maison et on se retrouve sous la douche tous les deux parce que j'en ai bien besoin. Puis on roule dans le lit pour dormir comme des souches.