Dream life - Slavina

Chaque caresse possessive de sa part me fait gémir, gronder contre sa bouche et je me tends plus fort vers lui pour qu'il ne s'imagine pas un seul instant qu'il pourrait me blesser. Il faut qu'il arrête de s'éloigner de moi sans cesse, c'est en train de me rendre folle et je ne vais pas pouvoir passer mon temps à le réconforter quand c'est moi qui souffre d'être abandonnée. Un bref instant je couine sous la morsure du tissu contre ma peau quand il arrache ma culotte avec la brusquerie qui le caractérise, déchirant le vêtement au passage. Comme on s'en doute les baisers échangés dans la ruelle ont suffi à m'enflammer toute entière et je suis déjà brûlante et moite, dévorée d'impatience.

Je me plie à ses exigences parce que je suis bien trop pressée pour me rebeller, j'ai trop besoin de lui pour envisager le jeu, ne serait-ce que quelques secondes. Je tends les bras, referme mes mains durement sur le portail auquel je m'accroche en me tendant vers Slavenko, croupe relevée et jambes légèrement écartées. Il se guide en moi d'une poussée brusque qui m'arrache un cri et je me cambre en geignant pour mieux m'offrir à lui, accompagner ses mouvements. Déchaînée et avide, je bouge pour faire claquer mes fesses contre son bassin, m'écarter de lui quand il s'éloigne pour le forcer à revenir me chercher plus fort, plus loin. A ce rythme-là et vu notre état à tous les deux, il ne nous faut pas longtemps pour jouir de concert, dans un feulement qui me presse un peu plus fort contre le portail.

L'orgasme devient une délivrance brute et je pose une main contre le portail pour me soutenir alors que l'autre se crispe sur la masse douce d'un sein, le bras venant en renfort pour soutenir Nina. Je suis collé à elle, mon souffle brûlant sans son cou que j'ai rougi de baisers. La robe de Nina retombe malgré moi sur sa peau. Je hurle Nina, nos peaux, nos odeurs "Viens." Je me rhabille sommairement pour ensuite la soulever dans mes bras et l'emporter comme le trésor qu'elle est.

Au bord de la piscine, un confortable transat nous accueille. Je retire mon tee-shirt d'un geste avant de m'attaquer à la robe de Nina. Quand nos peaux peuvent être en contact, je m'allonge contre elle, mes bras autour de son corps, ma jambe au dessus des siennes, lovée et coincée contre moi tout à la fois. Je soupire en ronchonnant vaguement, mes doigts effleurant sa peau pour l'examiner "je crois que tu as un coup de soleil dans le dos. "

J'ai le souffle si court que je manque vaciller, seul le bras de Slavenko m'empêche de m'effondrer au sol, comme souvent quand on baise debout en fait. Complètement déphasée, je le laisse m'entraîner vers le transat, nous y vautrer tous les deux sans que je sache bien comment je me suis retrouvée débarrassée de mes vêtements. Je frissonne un peu trop fort au passage de ses doigts sur ma peau, un mince sourire étirant mes lèvres à ses mots. « C'est parce que tu ne m'as pas mis la crème solaire... » Je frotte doucement mon nez contre un coin de peau, au hasard. « T'en fais pas, je suis pas restée au soleil très longtemps, ça va partir tout seul... »

Je ne me sens pas encore tout à fait apaiser, la situation est encore un peu étrange pour moi, mais je n'ai plus cette angoisse sourde qui pulse dans mon ventre. Je finis par faire remarquer tout bas : « Je crois qu'on n'ira jamais faire les courses, et qu'on va mourir de faim. » Moi, en tout cas, je n'ai plus du tout envie d'y aller. En fait je me sens brusquement fatiguée, peut-être à cause des montagnes russes émotionnelles qu'on a faites, ou des étreintes successives auxquelles mon corps n'est clairement plus habitué. J'enfouis tendrement mon nez dans le creux de son épaule. Je murmure d'une voix d'enfant boudeuse, qui cherche à l'amadouer je crois. « Je suis épuisée, en fait... Je ferais bien une sieste... Tu m'en veux, si je dors un peu ? »

"Non, tu veux que je t'en mette maintenant ?" Je n'ai pas envie de bouger et pour le moment mon corps la protège des rayons du soleil. Je la caresse en réponse à l'assertion que ça va vite partir. Sa peau fragile ne mérite pas que le soleil l'agresse.

Je souris en silence à sa remarque mais puisqu'elle est fatiguée, je hoche la tête, inquiet de sa santé "non, bien sur que non, tu devrais te reposer mon ange. J'irais faire les courses pendant ce temps. Mais mets toi à l'abri du soleil, tu va griller sinon. Est-ce que tu as envie que j'achète quelque chose en particulier ? " Je caresse son épaule d'un geste tendre, où entre ans doute de la repentance et des excuses muettes. J'embrasse son cou encore une fois. "volim te. Je fais vite."

Je me lève et me rajuste correctement en remettant mon tee-shirt. J'ai laissé les sacs par terre près du portail et c'est donc là que je les récupère avant de remonter vers la supérette, seul cette fois.

A sa proposition de me passer de la crème solaire, aussi tentante soit-elle, je secoue doucement la tête. Je suis décidée à dormir à l'ombre, moi non plus je n'ai aucune envie de rôtir au soleil. J'ai déjà eu une insolation dans ma vie, ou de sévère coups de soleil, et ce n'est pas une expérience que je souhaite réitérer, avec ma peau pâle c'est toujours très violent. Je me sens un peu coupable d'être déjà épuisée mais depuis le début, cette grossesse me fatigue, je suis forcée de l'admettre. J'ai envie de faire tout un tas de choses, et je ne supporte pas de rester immobile mais je m'épuise très vite, et je faisais déjà une sieste tous les jours avant d'être assignée à domicile. Je lui souris quand il embrasse ma peau, hoche doucement la tête, reconnaissante qu'il me laisse un peu de temps pour récupérer. A tout de suite.

J'étais trop bien dans ses bras et je crois que j'aurais préféré m'endormir là, tout contre lui. Je soupire, déjà tiraillée par le manque alors qu'il vient tout juste de s'écarter de moi. Je suis incorrigible. Je me lève à mon tour malgré ma flemme soudaine, et je rentre à l'intérieur histoire d'être vraiment à l'abri du soleil. Je ne prends pas la peine de remonter jusqu'à la chambre et je m'allonge seulement sur le canapé, lovée sur le flanc. Je ferme les yeux et sombre étonnamment vite, sans doute parce que l'angoisse m'a quittée.

Je fais les courses rapidement, parce que je me suis rendu compte que j'ai oublié mon portable à la villa et que Nina ne peut pas me joindre s'il arrive quelque chose. Je me hâte, faisant tout de même avec soin le plein de ce dont nous aurons besoin pour ne pas avoir à retourner trente-six fois à la supérette. Quand je rentre Nina dort sur le canapé et je la laisse pour aller en silence, ranger les courses et préparer quelque chose à manger pour ce midi. J'opte pour quelque chose de facile, une omelette et une salade que je lave avec un soin méticuleux. J'ai racheté de l'huile solaire protectrice en prenant en compte le fait qu'elle avait dit ne pas aimer la crème trop grasse. L'indice est un peu moins élevé mais je pense que ça ira quand même. Je ne fais pas encre cuire la préparation que je laisse au frais, j'attendrais que Nina soit réveillée pour ça, mais je vais dresser la table dehors, sous la pergola où la température devrait être supportable. L'air de la mer fait que la chaleur n'est pas étouffante.

Pendant que Nina dort et comme tout est prêt, je décide - après une clope- d'aller nager dans la grande piscine à l'eau plus fraîche. Je ne prends pas la peine de monter chercher mon maillot de bain et je laisse mes vêtements en tas près d'un transat.Je ne suis pas un grand nageur, mais c'est la seule chose que je peux faire pour me défouler un peu physiquement (si on exclut les activités à deux) J'essaye de faire des longueurs même si je ne suis pas hyper doué et que je bois la tasse plus souvent qu'à mon tour, ce qui me fait relever la tête en crachouillant. Pourtant je persévère simplement parce que ça me fait du bien de ne penser à rien d'autre que nager.

La paranoïa et la tension des derniers jours sont trop ancrés dans mon esprit pour que je dorme très profondément alors que je suis seule dans la villa. Je somnole, et c'est suffisamment reposant mais je perçois de façon lointaine les bruits dans la cuisine lorsque Slavenko est revenu. Je ne me lève pas tout de suite, je n'ai pas encore tout à fait émerger et je suis trop bien, allongée là. Je me rendors à moitié, m'éveille un peu et ainsi de suite plusieurs fois avant de ne plus réussir à dormir du tout. Je me lève et m'étire en bâillant avant de partir en quête de mon mari qui n'est plus dans la cuisine.

Je le trouve facilement à l'extérieur, en train de nager, et je m'appuie un instant contre la porte vitrée pour l'observer à la dérobée. Mon visage s'éclaire un peu parce qu'il est beau ainsi, son corps luisant d'eau sous le soleil désormais haut dans le ciel, ses muscles contractés par l'effort, son regard grave et concentré fixé au loin. Je m'approche à pas de louve alors qu'il a la tête sous l'eau, et je m'assieds sur le rebord de la piscine, les jambes dans l'eau. Il nage vers moi, d'abord sans s'en rendre compte et je lui souris quand nos regards se croisent enfin. Je tends les bras vers lui, le cœur battant déjà plus fort simplement parce qu'il s'approche de moi et que j'anticipe son contact. Je me penche, m'appuie sur ses épaules et me laisse tomber dans l'eau pour l'y rejoindre. La légère fraîcheur qui me fait frémir est rapidement effacée par la sensation de son corps contre le mien et je me serre contre lui sans un mot.

J'ai dit que ces vacances étaient pour me détendre, nous détendre et renouer avec la normalité de la vie si tant est que c'est possible. Je ne compte pas laisser l'épisode de la matinée gâcher le séjour. Les longueurs de piscine sont un bon exercice pour parvenir à retrouver la sérénité, dissiper les nuages noirs de mes pensées piranha.. J'ai de l'eau dans les yeux et Nina m’apparaît d'abord dans un brouillard qui se dissipe avec les gouttes de d'eau de mes cils. Je souris - dieu qu'elle est belle ma naïade qui vient vers moi. La grossesse n'a pas changée sa grâce surréaliste, son pas de voleuse mutine ni son air de princesse et mon cœur bondit parce qu'il lui appartient. Je pose pied dans le fond de la piscine en réceptionnant Nina qui se jette à l'eau, qui se jette dans mes bras. Cela m'arrache un petit rire parce qu'elle si frileuse que je ne pensais pas qu'elle me rejoindrait d'une traite. Je la tiens, mes mains sur elle, possessives et sécurisantes, et je l'embrasse longuement, ma bouche humide sur la sienne. Son corps est chaud contre le mien, chaud de soleil et de sieste et me réchauffe dans l'eau. Je bécote l'angle de sa mâchoire avant de demander. "hummm salut toi, bien dormi ?"

Nos bouches se trouvent, nos souffles se mêlent avant même qu'on trouve la force de se parler. Il me faut reprendre ma respiration dans la sienne pour être capable d'éloigner mes lèvres et le laisser souffler d'une voix rauque ces quelques mots qui me font hocher la tête dans un sourire. « Bien, ç'a été les courses ? Tu as trouvé tout ce que tu voulais...? » Je suis encore curieuse de connaître le programme pour le reste de la journée mais comme j'ai promis de ne pas poser de questions, je me mords la langue en attendant que la curiosité reflue.

J'enroule mes jambes autour de ses hanches, portée par l'eau qui me rend plus légère encore. Mes mains se glissent dans ses cheveux, je tiraille dessus en fronçant le nez. « Et si je te les coupais maintenant, avant de manger ? » Je suis bien dans l'eau mais si je m'écoute, je vais y passer la journée et même toute la nuit. Je l'ai entendu, il me semble, s'affairer dans la cuisine, et je suppose qu'il a ramené de quoi manger ce midi. Il m'a dit que la première surprise était dans l'après-midi, ce n'est donc pas un repas !

Je tournoie lentement dans l'eau, Nina dans mes bras. Un sourire éclaire mon visage pour de bon, éloignant les soucis loin de moi. Tout va bien, elle est là et elle n'a plus l'air si fâché ni si triste. Je fonds devant son regard, son sourire. "très bien, j'ai acheté ce qu'il fallait pour que moja ribica ne meure pas de faim..."

Mon sourire s'accentue de cette joie simple qu'on nomme bonheur quand elle tiraille sur mes cheveux (qui comme le reste, lui appartiennent). Je hoche la tête "d'accord. J'ai juste préparé une omelette qu'il ne reste qu'à cuire, ça va aller vite." On reste encore un peu dans l'eau pour que je puisse encore l'embrasser. On se laisse très lentement dériver vers les escaliers avant que finalement on ne se décide à sortir. On regagne la terrasse où j'installe le parasol. Trempé, mais vu le soleil je préfère me laisser sécher, je m'assieds sur une chaise tandis que Nina va chercher des ciseaux. "Je t'ai acheté de l'huile solaire. Je t'en mettrais pour tout à l'heure srce. On risque de passer un moment au soleil."

Je secoue doucement la tête, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres. « Avec toi je ne crains pas de mourir de faim... » C'était différent avant, parce qu'on pouvait passer des journées entières au pieu à en oublier de manger. Maintenant, mon ventre rond est toujours là pour lui rappeler qu'il vaudrait mieux éviter de me faire sauter un repas. Il suit de toute façon scrupuleusement les recommandations des médecins, depuis le premier jour. « Super, je suis sûre que ce sera délicieux. » Je lui vole un baiser avant qu'on ne se décide à sortir de l'eau ensemble. C'est dommage, je trouve que les piscines, ou l'eau en général, ont toujours eu tendance à nous rapprocher.

Je le laisse s'installer comme il le veut, et je vais chercher un peigne et des ciseaux pour m'attaquer à ses cheveux. C'est quelque chose que je n'ai jamais appris à faire mais je l'ai fait pour lui plusieurs fois, déjà quand on était à NY, et je suis rodée à présent. Je m'approche de lui, me glisse dans son dos en fronçant le nez. « Ah bon ? Pourquoi...? » J'essaie, l'air de rien, de glaner des informations. Est-ce qu'on va passer un moment au soleil parce qu'on va faire les crêpes sur les transats -ce qui m'étonnerait- ou bien pour la surprise qu'il m'a préparée ? Je meurs d'envie de savoir ! Mais il n'est pas encore 16h.

« Bon, tiens-toi tranquille, mh ? » Je souris et entreprends, d'abord, de le peigner. Il a les cheveux mouillés, ça me facilite la tâche pour les lui couper mais pas pour les démêler. Je tire doucement sur les mèches brunes devenues trop longues, les sourcils déjà froncés par la concentration.

Elle cherche à savoir et c'est un jeu qui m'amuse un peu, gentiment. Alors je réponds, énigmatique. "Parce qu'on sera surement au soleil ! Je ne sais pas exactement" C'est un piètre indice mais c'est volontaire. C'est fou qu'elle ne supporte pas les surprises. Pourtant elle m'en réclame parfois à mots couverts quand elle me reproche de ne pas être comme avant, alors je ne l'écoute pas, j'en fais encore, travaillant sa confiance pour qu'elle se laisse guider. Elle sait bien que mes surprises sont toujours romantiques. C'est leurs points communs. Celle-ci ne dérogera pas à la règle.

J'ai un rire amusé, peut-être un peu moqueur ou joueur. "mais srce, je me tiens toujours tranquille avec toi" Elle tire sur mes cheveux avec le peigne et je couine parce que les nœuds se mêlent de la partie. J'ai les cheveux trop fins pour qu'ils ne s'emmêlent pas facilement. J'ai menti parce que je me dérobe malgré moi au peigne jusqu'à ce qu'elle me rappelle à l'ordre. Je soupire alors et me tiens plus tranquille en lui jetant un long regard amoureux et confiant. J'adore quand elle me coupe les cheveux ou les coiffe, ce qui en soit est quand même foutrement étrange.

J'étouffe comme je peux un grognement dépité face à son air mystérieux. Il est bien plus doué que moi pour faire des surprises, parce que je finis toujours par cracher le morceau ! Je n'aime rien lui cacher, et surtout j'aime partager des choses avec lui, surtout quand je pense ou espère que ça lui fera plaisir. Et puis je suis bien plus démonstrative, bien plus expressive que lui surtout, c'est dans mon caractère. Ce n'était pas flagrant quand on s'est connus parce que j'étais camée jusqu'aux yeux et surtout malheureuse comme les pierres, mais c'est quelque chose qui revient toujours quand je vais mieux. Et il n'y a qu'avec Slavenko que je vais réellement bien.

Je me concentre sur ma tâche puisque je ne peux espérer aucun indice supplémentaire de sa part, et je m'emploie donc à lui couper les cheveux tout en le rappelant à l'ordre quand il gigote trop. Je le coupe un peu plus court sur les côtés pour que ça fasse propre, sérieux, professionnel... Et je laisse quelques mèches plus longues sur le dessus, parce que j'ai besoin d'avoir encore une prise sur ses cheveux, de pouvoir m'y accrocher quand on fait l'amour ou même seulement les entortiller de mes doigts quand il me prend dans ses bras. Comme ce n'est pas mon métier je suis un peu longue, j'ai peur de le couper de traviole, et il me faut presque vingt minutes pour venir à bout de sa tignasse. « Bouge pas, je vais chercher un miroir ! »

Je suis presque sage sur ma chaise, essayant de ne pas la déconcentrer quand j'aimerais qu'elle ajouter des baisers à ses chipotages qui m'enchantent. J'aime le fait qu'elle s'occupe de moi et prenne soin de moi. Il n'y a que Nina pour le faire. Sonja ne m'a coupé les cheveux que parce que j'ai avoué que je n'allais plus chez les coiffeur que parce qu'avant c'était ma femme qui me les coupait. J'ai été un peu idiot de ne pas m'imaginer ce qu'elle a pensé en voulant prendre ce rôle. Mais ce n'est pas pareil, ça n'a jamais été pareil que quand Nina me coupe les cheveux. Elle y apporte un soin tendre, de l'amour que je ressens dans toutes les terminaisons nerveuses de ma peau, de mon être. A cet instant, elle peut me demander la lune, je lui donnerais tant je suis profondément amoureux, sous le charme et complètement dépendant, accro à elle.

Je me retrouve avec plein de cheveux collés sur la peau, ça gratte. Pourtant j'attends qu'elle me ramène le miroir en m'époussetant sans grand succès. Je me lève quand même pour prendre une clope et l'allumer, savourant cette bouffée bienvenue ! J'essaye de fumer le moins possible quand Nina est là mais ce n'est pas toujours facile ! Quand elle revient, avant de me regarder dans le miroir, je demande à ma femme, avec un sourire en coin "toi tu me trouves beau là ?" C'est bien la seule chose qui compte !

Comme je ne lui ai pas coupé les cheveux depuis longtemps, la masse sombre sur le sol fait presque peur à voir, on croirait que je lui ai rasé le crâne ! Mais non, il a juste la coupe parfaite, celle que j'aime, qui allie si bien à mes yeux toutes les facettes de sa personnalité. Ouais, rien que ça dans une coupe de cheveux, je vous jure. Mon regard brille de fierté, plus envers lui que mon talent de coiffeuse d'ailleurs, et je hoche la tête dans un sourire. « Je te trouve toujours beau. Mais oui, tu l'es encore plus comme ça. » Je plisse le nez en faisant remarquer : « Mais depuis quand tu veux être beau, toi ? Je croyais que beau c'était pas pour les hommes ! Qu'est-ce qu'il faut que je dise, déjà...? Ah, oui, ta coupe est super virile, mon amour ! » Je me moque gentiment de lui, et finis tout de même par lui tendre le miroir pour qu'il se fasse son propre avis.

Je lui laisse le temps de contempler le résultat, et je propose : « Tiens, va prendre une douche pour te débarrasser des cheveux qui collent, je fais cuire l'omelette pendant ce temps. » S'il l'a déjà préparée, ça ne devrait pas être long. Je ne lui dis pas parce qu'il ne me laisserait pas faire sinon je crois, mais dès qu'il a le dos tourné je m'occupe aussi de passer le balai pour nettoyer la terrasse. Ca ne me prend pas longtemps, et je peux m'atteler à dresser la table et finir de préparer le repas.

J'ai eu peur qu'elle ne réagisse pas à ma petite plaisanterie, ces petits mots entre elle moi, blagues, appelez ça comme vous voulez, témoignent de notre complicité. Quand elle me charrie, mon cœur chavire et mon sourire s'accentue, amusé. "Viril ? Ouf, sauvé. J'ai failli être beau !" Je me regarde dans le miroir, mais au fond ça m'est égal de à quoi je ressemble, je sais que Nina a fait du mieux qu'elle pouvait avec le matos qu'on lui donne, la pauvre ! "C'est parfait srce ! merci"

je couine et je manque de râler parce que je me serais bien vu prendre ma douche avec elle vous voyez ? Mais j'obéis parce qu'elle veut manger et que c'est bien ça ! Je récupère mes affaires et je monte me débarrasser des bouts de cheveux et lavant ce qu'il reste des miens. La sensation est étrange d'avoir si peu de mèches entre les doigts, mais ça fait plaisir ! Je redescends, vêtu d'un short passé à la va vite, pieds nus et torse nu également, pour le plaisir de Nina. N'a-t-elle pas dit que je n'avais pas vraiment besoin de m'habiller ?

J'arrive attiré par l'odeur et je passe derrière Nina pour la saisir et l'embrasser fougueusement dans le cou. "Humm ça sent bon ! Je meurs de faim !" Peut-être bien parce que je n'ai rien bouffé ce matin et que les émotions et la piscine m'ont creusé.

Moi non plus, je n'aurais pas été contre une douche à deux, mais je sais déjà que si on se douche ensemble, ça va inexplicablement finir par nous entraîner au pieu, et on ne mangera jamais. Non pas que je m'en plaigne, je pourrais passer ma vie sous les draps avec lui, mais je sais que lui aussi a été très préoccupé les dernières semaines et je ne suis pas sûre qu'il ait pensé à se nourrir correctement ! J'essaie de prendre soin de lui du mieux que je peux, pour pallier à ce mal-être constant que je sens vibrer dans sa poitrine et contre lequel je ne sais pas quoi faire.

A sa façon de m'embrasser dans le cou, je suis à deux doigts de laisser tomber l'idée de manger jusqu'à la fin de mes jours, mais il s'installe finalement à table et je me résous à faire de même. Cela dit je ne tiens pas deux secondes, après le repas, avant de lui sauter dessus à nouveau. Le reste de l'après-midi s'écoule ainsi, entre étreintes sauvages, câlineries tendres et barbotages. Je ne quitte pas ses bras durant ces quelques heures, reprenant le goût de sa peau, réapprenant à vivre suspendue à ses lèvres et à chacun de ses gestes.

L'après-midi rattrape merveilleusement la matinée mal commencée. Nina mange sur mes genoux et on passe notre temps à se peloter comme des ados pour finir en étreintes affamées. Je lui mets assidûment de la nouvelle huile solaire, chaque fois qu'il le faut, l'étalage finissant en séance érotique à chaque fois. On joue dans l'eau, je la laisse même me couler et m'arroser, mon petit poisson si beau, nu dans l'eau. Le sourire est scotché à mon visage et les nuages de ce matin sont oubliés.

A seize heures nous sommes prêts et comme ça sonne - ponctuel - j’entraîne Nina vers le portail. Une calèche nous attend. Une calèche, tirée par deux chevaux, et installée de façon à que nous soyons à demi-allongés sur une banquette comblée de coussins, de trucs mous et confortables. "Ton carrosse est avancée Princeza." Je l'aide à monter, seulement pour le plaisir de la toucher et une fois que nous sommes installés, lovés l'un contre l'autre j'explique. "on va descendre vers la plage et faire un petit tour." Puisqu'elle rêvait de liberté, je pensais que ce serait une bonne idée d'activité pour mon petit bouchon de femme. Le cocher a les yeux rivés devant et après avoir accueillit ses passagers, il se montre d'une discrétion exemplaire. Il n'y a que des amoureux qui prennent ce transport !

La seule idée de découvrir enfin la surprise qu'il m'a réservée suffit à me faire bondir hors des draps pour me préparer. J'y serais bien restée toute la journée, toute la nuit, toute la vie... Mais je ne peux pas ne pas savoir. Je suis surexcitée, et je prends un soin méticuleux pour m'habiller, craignant de ne pas être assez bien, parce que je n'ai aucune idée de ce qu'on va faire. J'ai enfilé une robe rouge à fleurs blanches, au décolleté plongeant en cache-cœur, volante et légère, parfaitement estivale. Je ne pensais pas trouver de si jolies choses au rayon femmes enceintes mais j'ai été agréablement surprise et j'espère qu'elle plaît à mon mari.

Et je m'attends à tout, sauf à ça. Je bloque un instant, vraiment, en voyant la calèche et les chevaux. J'oscille dangereusement entre la crise de tétanie et le fou-rire, et je dois me faire violence pour ne pas éclater. La calèche en elle-même, déjà, ç'aurait été hilarant. Mais imaginez la vision surréaliste de ce grand serbe taillé comme une armoire à glace -j'exagère à peine- emmenant sa femme enceinte dans une calèche. Une calèche bordel ! Je le répète mentalement au moins douze fois pour me faire à l'idée tandis que Slavenko m'aide à monter. J'essaie, de toutes mes forces, de faire preuve de tact pour ne pas le vexer quand je me risque à commenter. « Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses avoir une telle idée. » Je me mords la langue. Ne rien dire de compromettant, ou qui fasse penser que c'est une mauvaise surprise. Mentir. Voilà. On peut mentir pour sauver son mariage, non ?! Je me compose donc un ravissant sourire qui n'est même pas factice puisque je suis réellement joyeuse. « C'est merveilleux, j'en avais jamais fait ! »

Moi, je suis parfois d'une naïveté désarmante. Ou stupide. Je prévois toujours des surprises trop romantiques qui saisissent Nina sans que je me rende bien compte sauf si elle se fout ouvertement de ma gueule, ce qui arrive plus souvent qu'on ne croit. Une fois, elle a cru que je retournais en taule parce que j'avais préparé un diner romantique. Tout est possible avec ma femme !

Mais là, son air joyeux me transporte et je souris, ravi de lui plaire. (Je suis heureux de ne pas lire dans les pensées, je laisse ça à ma narratrice) J'avoue à Nina avec une certaine candeur parce qu'elle s'en serait doutée ! "moi non plus." Je voulais visiter la ville sans qu'elle se fatigue et c'était sur la page de l'office de tourisme du coin. J'ai trouvé ça génial parce que la calèche ne va pas trop vite et que l'installation fait qu'il n'y a pas de cahots qui nuiraient au bébé. Je prends la main de Nina pour l'embrasser, ébloui et content comme un gosse qui offre un collier de pâtes hideux à sa mère et que celle ci fait semblant que c'est la plus merveilleuse chose du monde et que le môme la croit. "Ti si Divna moj andjeo. Bon anniversaire."

On descend par la vieille ville, la route est abrupte alors les chevaux vont doucement. Puis on s'aventure sur la promenade de la plage, la mer à notre gauche, du sable et les montagne à droite.

Je vous assure que je n'ai subitement plus du tout envie de rire, quand je vois le regard émerveillé et heureux que Slavenko pose sur moi. Il y a soudain une telle tendresse dans son regard, une lueur de joie si pure qu'elle en semble presque enfantine, comme la fierté que je crois lire dans ses yeux, celle d'avoir fait les choses correctement. Mon cœur se serre douloureusement, ma gorge se noue sous la vague d'émotion qui me traverse. J'ai les larmes aux yeux, dans cette montée hormonale que je connais bien désormais mais que je mets toujours un peu de temps à reconnaître comme elle me prend par surprise. Il a seulement pris ma main dans la sienne mais je m'appuie dessus pour me tendre vers lui, enrouler mon bras libre autour de son cou et l'embrasser à perdre le souffle. Je suis moi-même un peu surprise de l'élan qui m'a portée vers lui et je pose mon front contre le sien pour susurrer tout bas : « Merci, mon amour, c'est la plus belle surprise du monde. » C'est la plus belle parce que c'est la sienne, parce qu'il l'a organisée pour moi, parce que même si c'est étrange il est parvenu à trouver une idée originale, parce qu'il n'a pas oublié mon anniversaire. Tout se mélange dans ma tête, je sais seulement que je l'aime à en mourir à cet instant précis.

Je suis bien trop dévorée de passion pour le laisser s'éloigner, d'ailleurs. Je me glisse sous son bras, me coule contre son flanc, la tête posée sur son torse, mes doigts noués aux siens. Je dois être insupportable parce que je lève le nez vers lui toutes les trente secondes pour réclamer un baiser, frotter mon nez au sien, ou même seulement lui jeter un regard éperdu d'amour. C'est tout ce qu'il aura fallu, un sourire radieux et sincère sur son visage, pour me transporter sur un nuage de félicité dégoulinant de guimauve. Je m'efforce tout de même de profiter du paysage, après tout je crois que c'était le but de cette balade, mais mon regard revient sans cesse au slave, comme aimanté.

Son baiser me ravit, me fait ronronner intérieurement et je suis que trop heureux de succomber aux câlineries. J'ai pris l'option guimauve exprès non ? Je suis persuadé qu'au fond Nina aime mon romantisme, même quand elle s'en plaint. Je la câline, ma petite caille d'amour si jolie dans sa robe rouge et blanche.

"tu sais srce, vu ton amour de l'eau et de la mer, je ne suis pas étonné que tu sois croate. Tu préférerais habiter ici plutôt qu'à Sarajevo et en Bosnie, qui est enchâssée dans les terres, avoue ? Mais je t'amènerais aussi souvent que tu veux renouer avec tes racines." Interrompant le grignotage de ses doigts, je montre la plage "si tu veux qu'on s'arrête, on peut, sinon je crois qu'on va continuer et remonter par là. Il y a un joli panorama d'un point de vue en hauteur. "

Je préférerais habiter à Bali, mais c'était pas en option dans le package Drazavic, je crois... Je secoue la tête d'un air faussement dépité. On va me taxer de romantique moi aussi mais tout ce que je préfère, c'est vivre près de oui. Je le lui ai toujours dit, l'ai répété cent fois quand Sarajevo lui manquait mais ça n'a jamais suffit à le convaincre. Je serais venue le rejoindre ici si on m'avait laissée faire, si les Tigrovi restés à NY ne m'avaient pas fait comprendre que je n'en avais pas le droit, quand on essayait de me faire croire que personne n'était sûr qu'il soit bien à Sarajevo. Je chasse facilement la pensée importune dans un nouveau baiser. Elles sont en Louisiane, mes racines... Je proteste d'un ton vaguement boudeur. J'ai du mal à me sentir comme appartenant à un pays où je n'avais jamais mis les pieds, je ne sais toujours pas quoi faire des informations que j'ai trouvées concernant ma mère. Je laisse aussi ça de côté pour l'instant.

Je secoue la tête. Non, non on peut continuer. C'est certes ridicule mais finalement très confortable comme moyen de transport. Je suis bien, enfoncée dans les coussins, appuyée contre le corps de Slavenko. Les routes que la calèche empruntent sont en plus peu fréquentées, ça m'évite d'avoir à affronter les regards interloqués des habitants... Qui en fait doivent avoir l'habitude et s'en foutre royalement. Ce soir on ira à la plage, tu veux ? Pour un bain de minuit.

Je passe outre la légère rancœur dans la voix de Nina, je ne vais pas gâcher le moment. "Humm j'admets que Bali c'est un peu loin. Ton Drazavic de mari aurait du mal là-bas avec la chaleur humide constante. Je n'ai pas des gênes de Ribica comme toi, srce moje."

"Je ne sais pas comment c'est la Louisiane, sauf qu'ils t'ont élevée, alors c'est forcément bien. Est-ce qu'il y a des plages ? Tu as dit que tu m'emmènerais. La prochaine surprise, c'est toi qui l'organise, d'accord ? " Je me vois bien aller découvrir où Nina a grandi. Comme elle devait être mignonne gamine. Je n'ai jamais vu une seule photo d'elle enfant. A quoi ressemblait-elle, notre fils aura-t-il des traits de Nina ? Son air boudeur si craquant, son grand regard sombre. Difficile d'imaginer ça au masculin.

"oui, d'accord moj andjeo, tu sais que j'aime bien les bains de minuit, toi, moi, les vagues... mais d'abord, on a autre chose de prévu en rentrant à la maison." Difficile de dire si je parle d'assouvir une nouvelle pulsion (celle qui me pousse à la tripoter discrètement dans les coussins) ou d'autre chose.

J'ai un léger haussement d'épaules. « Je me contenterais de week-ends à la mer, alors. » Et de notre piscine, heureusement qu'elle est là ! C'est d'autant plus vrai depuis la fusillade et que je suis formellement interdite de tout sport autre que la natation, et encore pas de façon intensive. Je dois surtout limiter les chocs à tout prix, la course à pied est déjà fortement déconseillée aux femmes enceintes mais dans mon cas elle pourrait tout bonnement être catastrophique. « Il y a des plages, oui. Je t'emmènerais si tu veux, il faudra que tu puisses prendre suffisamment de congés, tu me diras... » On a aussi un voyage de noces à faire et je ne veux pas qu'il soit en Louisiane, et puis surtout il y aura Tomas... Je ne sais pas encore comment on organisera nos escapades quand il sera là !

Je soupire de bien-être en me serrant plus fort contre lui. Ses mains se baladent sous ma peau, glissent l'air de rien sous ma robe et elles n'ont pas besoin de se poser sur des zones sensibles pour éveiller tous mes sens. Je suis en alerte, gentiment à l'affût alors qu'on a littéralement passé l'après-midi à baiser, c'est quand même pas croyable. « L'autre surprise, c'est tout de suite quand on rentre...? » Cette fois ce n'est pas tant ma curiosité qui parle que l'espoir de me fondre une nouvelle fois contre sa peau avant qu'on passe à la suite du programme...