[PEGI 18] FB - Lutin de perle / Sly

Une seule adresse est donc donnée au taxi qui sillonne les rues de la ville jusqu’à s’échapper vers la périphérie, une demi-ville tentaculaire qui ferait presque oublier cette sombre capitale au passé mouvementé. Le chauffeur presque surpris lui-même arrête sa carlingue devant un immeuble suspicieusement haut vu le patelin, et je lui paye sa course modeste avant de passer par dessus Apolline pour la soulever comme un sac de pommes de terre et la passer contre mes trapèze avant de refermer la porte de ce côté de la voiture d’un souple mouvement de la cheville.
Nous pénétrons dans un ascenseur d’une taille aussi petite que l’élitisme de cette société qui nous hisse jusqu’au toit du monde, où je croise un de mes vieux amis qui habite juste en face et qui me lance un de ces regards brefs où passent tous les messages du monde.

« Salut Azz. »

Il me répond d’un simple signe de tête avant de disparaître à son tour dans l’ascenseur, et j’ouvre d’un mouvement expert qui donne une bonne idée de l’habitude que j’ai de ramener ma femme dans cet état de soirée, la porte d’un appartement immense qui donne l’impression de pénétrer dans un autre monde tant il est luxueux.

« Fais comme chez toi, je vais régler ça. »

Le ça étant le corps de ma femme que je trimballe à travers les couloirs jusqu’à la chambre conjugale.

J’abandonne le quasi cadavre d’Apolline sur le lit conjugal où elle fera ce qu’elle a à faire dans la triste habitude qui nimbe nos fins de soirées depuis plusieurs années. Je ne m’attache pas à la pensée selon laquelle un couple ne peut pas durer ainsi trop longtemps - l’avenir dira qu’il tiendra encore dix ans après cette soirée – et me sépare au moins de mes pompes et de ma veste que je sème dans l’appartement où ils seront récupérés par une personne payée une fortune pour se faire.
C’est ainsi que je regagne le salon que j’ai traversé il y a quelques minutes pour y découvrir la petite silhouette de Reina rendue plus chétive encore vu le piédestal qu’elle a choisi pour mettre son joli cul le temps que je règle mes affaires.

Je vide mes poches encombrées sur une table basse, récupère le bout de carton qui s’y trouve encore et lui jette un regard distrait en m’allumant une cigarette.

« Il est connu ce club. » je fais remarquer. « C’est ça que tu fais de ta vie, alors ? »

Je me retiens de demander si on va pas encore à l’école normalement à son âge.

Elle est mignonne.
Je pensais pas que de nos jours on pouvait faire encore preuve d’autant de naïveté, même à dix-huit ans alors que les rêves commencent à s’étioler et que le véritable avenir commence à se construire, avec ses joies, ses peines, ses désillusions – surtout ses désillusions. Mais Reina ne semble pas encore affublée de cela ; elle sourit encore, les yeux pétillants comme si ce métier n’était pas risqué.

« Je réalise et je produis du porno gay. » je réponds sans préambule, lâchant l’information comme je lâche le petit morceau de carton sur la table basse.

Je finis de vider mes poches de gadgets plus ou moins colorés comme si je m’apprêtais à faire un tour de magie à un anniversaire de mômes – p’tain y’a pas de capotes, je les ai toutes utilisées dans la soirée ou quoi ? Je fais mentalement le tour des cachettes qui en dissimulent dans la pièce et je suis pas à l’abri que les interstices du fauteuil en soient pourvus.
J’ai déjà oublié la question sur les études de Reina, qui n’a de toute façon pas une tête à en faire, et déboutonne ma chemise sans grâce, clope toujours glissée au coin des lèvres, oreilles encore bourdonnantes du souvenir de la boîte.

Je n’ai plus l’habitude que quelqu’un se propose de m’aider dans cette activité qui à deux devient tout de suite plus romantique depuis mes...tous débuts avec Apolline en fait. Elle n’a jamais été tendre, moi non plus, et on s’est accordés très vite sur le fait que tout allait beaucoup plus vite et mieux dans le meilleur des mondes si les deux se désappaient dans leur coin pour se sauter dessus une fois prêts à l’emploi.
Effectivement la question sexuelle est assez drastique en ce qui me concerne. Toutefois ce ne semble pas être le cas de Reina, que je laisse lutter contre la boutonnière de la chemise encore peu ouverte. Les pans s’ouvrent peu à peu sur une peau qui commence seulement à s’affaisser et se plier, en somme une peau banale pour quelqu’un de mon âge – on retiendra que tout mon charme se situe dans ma manière de me faire remarquer, après il ne reste plus grand-chose.

Inutile donc, de demander à Reina si elle aime ce qu’elle voit, à part pour prendre plaisir à la voir rougir...ce qui entre nous ne m’apporte qu’un intérêt modéré.

« Ca va ? » je m’enquiers toutefois.

Le fait qu’elle doive s’interrompre pour répondre, ainsi que la manière dont elle laisse tomber la chemise et ait l’air de se demander quoi faire ensuite, m’informe de quelque chose dont j’aurais du me douter un peu plus tôt.

« Ooooh, je suis un sujet d’expérience, hm ? »

C’est le moment où mon ego est censé en prendre un gros coup dans la gueule, où je dois lui faire une scène, vexé d’être ainsi pris comme un bout de chair, sauf que...c’est ce que je suis ?
La douceur n’étant malheureusement pas mon fort, j’attends qu’elle ait fait claquer la ceinture qui me serre les hanches dans un cliquetis métallique pour profiter insidieusement du manque d’équilibre qu’elle mène sur ses très hauts talons et la repousser dans le fauteuil pour qu’elle y tombe.

Le cuir du meuble design soupire d’autant plus quand je grimpe sur ses genoux ; ou plutôt quand j’enjambe ses cuisses trop fines pour m’agenouiller sur l’assise, la surplombant et la dévorant du regard et des dents. J’attrape ses lèvres, l’os de sa mâchoire, la peau démarquée d’un cou maladroitement maquillé.

Un soupir avide et éloquent traverse l’atmosphère qui gagne en tension, ourle le mouvement de hanches avec lequel je suis l’activité de ses mains. Le tissu, accroché par des molécules de sueur à la peau, colle désagréablement à cette dernière, glisse dessus avec une difficulté maximisée par le relief que sa présence invasive a fait naître. L’écartement de mes cuisses empêche bientôt le pantalon de descendre plus bas, mais l’essentiel se découvre, l’appelle même sans doute, si on veut être romantique.

« Qu’est-ce que tu as là ? »

J’attrape le tissu de sa robe très courte et le fais remonter juste au dessus de ses hanches, découvrant une somme d’artifices qui auraient mérité d’être un peu plus serrés à mon sens. Ou pas ? Mon regard attrape le sien pour le lui demander, de manière muette mais insistante, de telle sorte qu’un coup d’œil devienne mille questions qui pourraient s’avérer très intimes. Je regarde les fleurs s’épancher sur ses joues, descendre dans son cou, presque atteindre le creux de sa clavicule. C’est ma main qui glisse lentement sur son ventre, passe les plis du tissu.
Et plonge entre ses jambes.

Sa poigne lâche me donne l’occasion de ressentir chacune de ses phalanges individuellement, de pouvoir séparer le bruit qui s’échappe de ses lèvres et celui que produit le frottement de nos corps encore enroulés dans le tissu, du moins les fibres recouvrant mes cuisses et qui glissent contre ses bas. Quelque chose claque délicatement – peut-être une jarretelle, peut-être mes dents contre les siennes. L’environnement se réduit à la lisière de ma vue à un tableau impressionniste tandis que je me concentre sur ce que je sens, et sur ce que, après quelques dizaines de seconde d’une lutte tranquille mais déterminée contre des sous-vêtements et de l’adhésif, je peux voir.

« C’est presque dommage de cacher ça. »

J’ai une inspiration épaisse, de celles qui capitonnent la cage thoracique et la gorge de sorte qu’on peut la voir rouler sous la peau, quand elle passe ses doigts fins et curieux sur le sommet d’une bite qui se met tranquillement à l’aise. Je prends le temps de savourer le petit arc électrique qui se déploie dans ma gorge, le long de mon dos, au creux de mes reins, au sein même de mon fondement, les dents plantées dans la lèvre, les yeux mi-clos. Une fois les fantasmes sagement esquissés sous la paupière, au fusain, repassant des coups de crayon à peine effacés de la dernière fois – je suis tristement classique – j’attrape sa main qui me branlait, baisse les yeux sur elle, léchant consciencieusement ses phalanges.

« Elle va grandir toute seule, t’inquiète. »

La force de la situation me branle à elle toute seule. Promenant ma langue sur ses phalanges je les délaisse bientôt, glisse sa main sous moi, dans une position peu naturelle mais dont j’ai l’habitude, qui nous rapproche rapidement l’un de l’autre, collant presque mon thorax à son menton.

« Désolé pour ta manucure trésor. »

J’ai une torsion du poignet, sur elle d’une main, sous moi de l’autre, et à cet instant je ne sais plus qui gémit.

L’avantage de cette façon de procéder demeure dans le fait que quelque soit la taille de ce que tu glisses à l’intérieur, tu le sens. La gêne est devenue une amie proche, une seconde nature qui me colle à la peau par la force de l’habitude, et j’ai appris à en tirer de la brûlure incendiaire ainsi manifestée, une forme de contentement, d’annonce avide, et d’appréhension délectable. Je m’assois pesamment sur ses phalanges puis sur sa paume, la sueur perlant dans mon dos, dans le creux de mes reins et jusqu’à l’arrière de mes genoux qui commencent à crier d’un inconfort que je réduis au silence au fond de mon crâne. Du haut de ces derniers, je contemple l’œuvre qui se forge, qui se sculpte dans une cire déjà si chaude qu’elle se déforme. Je serre plus vigoureusement la queue de la demoiselle qui s’épanche en couinements plus intimes et plus chauds, ces notes parfaites qui tourbillonnant dans mon cerveau, me guident vers l’extase. Ma propre respiration me semble parfaitement sonore, développée en échos insolents tout autour de nous. Quelque chose a durci entre nous en se frottant contre nos torses presque fusionnés mais ce qui m’intéresse, c’est ce qu’elle explore et par conséquent qu’elle étire délicieusement. Je la guide de mouvements de hanches, l’encourage, baissant la tête, au creux de l’oreille, de compliments graves sur sa manière de faire, sur la taille de sa queue, sur le crochetage de ses doigts qui me griffent à l’intérieur.

Si ma main dans son office récolte parfaitement ce qu’elle sème, mes mots semblent pratiquement la transpercer de toutes parts. Sentant contre ma tempe la moiteur saline des larmes qui démaquillent ses grands yeux perdus dans un autre monde, je ralentis, lui donne le loisir de respirer. J’avais presque oublié qu’elle poussait tout juste les rideaux de cette nouvelle arène, pauvre petite chose.
Ses longues mèches artificielles, moins adroitement fixées que chez une performeuse chevronnée, sont faciles à enlever. Je rejette la crinière derrière le fauteuil et elle s’écrase pitoyablement sur le sol, retirant du poids et lui donnant de l’air.

« Il faut respirer Trésor. » je ricane, déposant un baiser sur l’angle de sa mâchoire. « Enlève tes jolis doigts. »

Je froufroute du bout du nez contre son cou, bute contre la pomme d’Adam facile à dissimuler mais aussi facile à sentir quand on est plus près. Son pouls s’affole contre l’arrête de mon nez, sous laquelle s’infiltrent les fragrances d’une légère dose de peur, serrée dans le linceul chaud d’un désir puissant de découverte.
J’abandonne l’idée de la chevaucher, rustre mais pas satisfait des traumatismes, commercial du désir illicite qui plus que la baise rapide, aime à voir ses nymphes préférées revenir entre mes cuisses.
Déposant un au revoir sur son épaule du bout des lèvres, je glisse le long de son corps, démonte de ses cuisses, frotte les miennes contre ses genoux fins dans la descente, jusqu’à prier sur leur rondeur appuyée contre ma poitrine tandis que je gagne le sol.

Je lèche sans préliminaires ce qui déjà ruisselle presque douloureusement dans ma paume et et prends sa queue en bouche, les yeux rivés sur les siens que je sens déjà se révulser.

Dans sa grande habitude des cuites mâtinées de coke et de baise franche et dure, Apolline s’est très simplement endormie là où je l’ai laissée – qu’est-ce qu’elle est pratique ma femme, je vous jure : pas jalouse, indépendante, qui s’endort tout de suite. Je lui retire ses chaussures et dégrafe son soutien-gorge, rabats la couette d’une étoffe brodée et terriblement chère sur sa robe trop courte, dépose une bassine à côté du lit et son portable en chargement sur la table de nuit, ferme les volets et la porte de la chambre. Lorsque je traverse le couloir, à moitié à poil et à l’air une queue désespérément flasque, je passe par la salle de bains où je vois Reina tranquillement s’affairer.

« Je vois que tu as trouvé ce qu’il te faut. La chambre d’amis est au fond du couloir si tu veux rester pour la nuit. T’es la bienvenue, fais comme chez toi surtout. J’ai un truc à régler avec le voisin je vais en avoir pour une petite heure. Bonne nuit. »

Je prends simplement le temps de remonter mon froc pour sortir sur le palier pas trop à poil quand même et frapper chez le voisin. C’est un grand garde du corps à la peau cuivrée qui m’ouvre.

« T’es seul ? Si tu t’emmerdes j’me suis dit que tu pouvais m’enculer. »

Gilbert Harley acquiesce et me laisse pénétrer dans l’appartement Pendergast.

[slt slt c l’ellipse.]

J’ai passé plus d’une heure chez les Pendergast comme on peut s’en douter ; non pas parce qu’Harley a la baise longue et lascive, mais parce que quand il te démonte, il faut que tu te remontes. Et c’est pas facile de reprendre contenance quand tu as la condition d’un meuble ikea dont on a perdu la notice.
J’ai regagné l’appartement aux premières lueurs de l’aube dans un silence total pour finalement me vautrer...je ne sais plus où, mais quand je me suis réveillé la matinée était bien avancée et j’étais dans le fauteuil complètement à walp. D’ailleurs j’y suis resté, et alors que Reina manifeste sa présence je me suis avachi dedans, les pieds sur la table basse, zieutant d’un regard vide un banal porno gay en me branlant distraitement.
Mon regard s’éclaire devant la Nymphe.

« Oh, salut toi. »