[PEGI 18] FB - Lutin de perle / Sly

Reina me semble hésiter pendant une éternité avant de s’approcher et de grimper sur mes cuisses, interrompant par sa chevauchée presque soudaine le mouvement de ma main qui se dépose tranquillement sur l’accoudoir. J’écarte un peu les jambes sous ses cuisses pour la stabiliser. Sa peau encore tiède de la baisse de température corporelle due au sommeil rencontre la mienne et quelques frissons naissent du bout de ses doigts pour se faufiler sous mon épiderme. Le manque de sommeil et l’excitation évidente suscitée par les images désormais cachées par le corps de Reina ont eu le temps d’hypersensibiliser mon corps au contact d’autrui, mais c’est sa demande, directe et franche, qui attire le plus mon attention et me fait hausser les sourcils.
Qu’est-ce que c’est moche comme verbe entre ses lèvres, on dirait qu’il essaie de faire écho au film que je regardais.

« Wah, de bon matin ? Bon sang, vous les jeunes... »

Les jeunes eh bien il m’épatent ; c’est pour ça que je les baise eux plus que n’importe qui. C’est pas très bio comme manière de faire mais après tout, tant que tout le monde y trouve son compte.
Je passe la main par dessus le tissu cheap et transparent qui recouvre son entrejambe, envoie un coup de menton vers la table basse derrière lui.

« Attrape-moi une capote, tu veux. »

La femme qui dormait paisiblement jusqu’à maintenant est en fait réveillée et elle se traîne à moitié à poil et les cheveux en désordre sans doute jusqu’à la cuisine pour se faire un Bloodymary avec ce qui reste dans les placards.

« Salut chérie, tu veux venir ? » je lui demande sans la regarder, le regard de toute façon voilé par le désir qui monte, qui s’enroule et se serre autour de moi exactement comme le fait le corps de Reina.

« Nah j’ai envie de filles aujourd’hui. » me dit-elle avec un vague signe de la main.

« Bien madame. »

La réponse pourrait aller aussi bien pour ma femme que pour Reina qui me chevauche même si elle n’est munie d’aucun artifice. La douleur crispe ses muscles et je suis pris d’une flemme, de toute façon, d’y aller vite et fort. Je roule des hanches au lieu de les enfoncer dans ses reins, les yeux rivés sur elle et le visage crispé dans une grimace qui n’a rien de sexy entre la concentration, la flambée d’hormones et le désir qui en devient presque douloureux.

« Bon sang t’es serrée, bordel. »

Je ne me suis pas posé une seule fois la question d’une forme d’éthique de la situation ; après tout c’est ma femme dont le cul superbe traverse le couloir en sens inverse. Mais si je disposais d’une forme d’éthique et de respect de l’être humain, ça se saurait et croyez-moi, n’en déplaise aux gentilles personnes honnêtes, eh bien je ne serais pas si bien loti dans la vie. Mon mouvement de hanches plus doux et plus souple, quoique risqué et difficile à faire dans cette position. Il aurait été mille fois plus facile de la baiser dans un pieu, les jambes écartées et le cul offert dans une position qui a le mérite d’être moins douloureuse, moins acrobatique...moins tout en fait.
Mais je pouvais pas prévoir que quelqu’un allait interrompre ma branlette du matin hein, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.

Un halètement excité m’échappe des lèvres quand elle commente mon geste ; je poursuis alors l’initiative de celui-ci en lui saisissant les hanches pour lui faire exécuter le mouvement à son tour, plantant mes doigts dans sa peau, presque dans ses os, pour la soupeser toute en lui faisant ralentir. Sa chaleur m’inonde et fait très clairement perler quelques gouttes de sueur qui remplissent les creux de mes clavicules et ruissellent sur mon torse, dans la fournaise entre nos deux corps. J’attrape dans un geste un peu sec sa main pour l’enrouler autour de sa propre bite.

« Vas-y, ça ira mieux comme ça. »

Je dois me rappeler de réaliser à chaque foutue minute que j’ai une toute petite chose non initiée sur les cuisses et c’est aussi excitant qu’agaçant. Comme elle est penchée au dessus de moi par sa taille élancée, je tire sur mes pauvres muscles encore engourdis par la nuit la gueule de bois pour lécher sa peau salée, embrasser son côté romantique comme ses muscles timides, tirer dans le doux frottement l’un de ses tétons qui passe par là.

Je réalise quand mes entrailles se retournent à la vue de sa fine main autour de sa verge que je n’aurais pas du lui demander ça. Je dois fermer les yeux et plisser fort les paupières pour ne pas me laisser aller tout de suite, pour couper court à cette vision superbe et aux sensations inéluctables ainsi développées au creux de mon être. Mes taquineries le long de sa peau l’attisent davantage et je trouve enfin l’angle nécessaire à la poussée de ses gémissements mélodieux. Mes cuisses commencent à vibrer d’appréhension, et tout devient soudain terriblement chaud et brutal pour une baise matinale. Le corps serré et peu habitué de Reina complète merveilleusement l’atténuation des sensations conférées par le latex et je ne peux que me laisser aller en arrière contre le dossier du fauteuil qui soupire sous nos poids conjugués, me prélassant délicieusement au bord du vide. Tandis qu’elle arrive finalement à saisir le mécanisme et à savoir ce qu’elle veut de sorte qu’elle n’a plus besoin que je la soutienne, je passe ma main par dessus la sienne pour lui administrer un coup de poignet afin de la faire crier. Mes doigts s’enroulent efficacement autour de sa chair et je triche efficacement avec mon expérience, retenant mon souffle comme ma jouissance, les yeux voilés d’un désir impossible à falsifier.

L’explosion de la petite Reina contre moi valide mon choix de ne prendre ma douche que plus tard dans la matinée. La chaleur de son corps m’enveloppe du torse aux cuisses, d’une manière différente mais tout aussi intense, et ses couinements quoique discrets m’emplissent les tympans et participent à mon propre départ, maîtrisé et bref. Je mords dans ma lèvre jusqu’à ressentir le goût du sang contre mes papilles, quand enfin tout s’arrête et je reprends pieds, les larmes aux yeux d’avoir crispé si longtemps les paupières. Une migraine atroce me prend, faite d’un mélange de la gueule de bois, de la coke, de la fatigue et du sexe mais même si je ne suis pas de ceux-là, et que je voudrais juste aller m’endormir dans ma baignoire quitte à me noyer dans l’eau chaude, je garde Reina quelques instants contre moi, ne serait-ce que pour sentir encore un peu les palpitations internes qui la secouent encore et qui par réaction logique, m’étreignent également.

« T’en fais pas gamine, je suis pas une brute. » je ricane quand je surprends son geste.

Tandis qu’elle se redresse je m’étire de tout mon long et de toute la manière dont son poids sur moi me le permet, grinçant des dents alors que le sperme déversé sur mon torse commence déjà à craqueler ma peau en séchant. Quand elle démonte de mes cuisses, je me sépare dans un mouvement glamour de la barrière de latex en chemin pour une poubelle proche.

« Tu vas peut-être manger avant nan ? Il faut manger Reina, si tu prends goût à la baise et que tu baises le ventre vide, tu vas avoir des emmerdes. » je lui indique très sérieusement.

Je me redresse, heureux comme un coq finalement de ne pas m’être fait enculer hier soir et traverse le salon pour gagner le couloir qui mène à la cuisine. Arrivé sur le pas de l’arc dépourvu de porte, je m’appuie sur le chambranle comme si j’allais poser pour un magasine de cul – j’aurais pu.

« La salle de bains a pas changé de place, mais tu peux aussi rester tranquillement là pendant que je t’apporte le p’tit dej. »

Eh, je suis pas câlin, mais je suis poli avec mes plan culs ; c’est comme ça qu’on les fait revenir.
Je lui adresse un clin d’œil et m’engouffre dans le couloir. Sur le grand écran, l’un des minets doit éjaculer de manière surréaliste pour la six ou septième fois.
Je suis trop vieux pour ces conneries.

J’éclate de rire avant de me vautrer dans le canapé, lui laissant de l’intimité et savourant la mienne ; je déteste rester collé à mes partenaires, ou à qui que ce soit en fait, après avoir baisé. L’orgasme c’est comme le cinéma : c’est une transe hypnotique qui se digère seul.

« C’est maintenant que tu te dis ça ? »

Je termine à plat ventre sur le tissu doux du canapé, le cul en l’air et l’air satisfait. J’attrape une des crêpes que j’ai faites rapidement dans la cuisine pendant que je discutais vaguement avec ma femme, l’enroule autour d’elle-même pour la fourrer dans ma bouche.

« Au fait, il faut te dire il, ou elle ? »

De nos jours – alors pas à Sarajevo mais en général – il vaut mieux poser directement la question parce que les gens râlent pour un rien, surtout quand il s’agit de l’identité. Quand tu vois que des dizaines de gens passent les frontières en laissant tomber leur nom et plein d’autres trucs reliés à leur identité parce que leur vie est en jeu, tu te dis que l’Occident s’est légèrement gouré de priorités.
Mais passons ; je demande, car encore une fois je suis poli.

« Je réalise et produit des pornos gay. » je devance le regard qu’elle pourrait porter sur la télé. « Non je le regarde pas après en me branlant devant, t’inquiète. »

« Bon ben comme je suis un mec constant dans mon genre, ça sera elle. » j’annonce une fois que ma bouche est assez vide pour pouvoir bouger ma langue et parler de manière intelligible.

Dans ce gros plaid doux et chaud que je lui ai filé, elle paraît tout d’un coup très petite et fluette, alors que je l’ai vue debout et juchée sur des talons hier soir, avec le volume de sa perruque, et c’était pas la même. En fait, je me dis que j’ai eu l’occasion de la considérer dans beaucoup de perspectives différentes entre ce soir et aujourd’hui, pour quelqu’un que je ne connais pas.
Franchement la baise c’est le meilleur moyen pour connaître rapidement une personne en profondeur et voir si on l’apprécie ou pas ; on devrait tous coucher le premier soir.

J’ai une pensée pour mes propres parents qui n’en ont rien eu à faire de mon orientation sexuelle et je me demande si les drag qui ont de mauvais rapports avec leur famille se sentent comme moi : abandonnés puis ré-adoptés par quelqu’un d’autre.
Sans doute – l’avenir dira que oui.

« Non c’est pas mon travail, mon travail me fait pas bander, y’a trop de recherches. Trop de couleurs, trop de gens, de mouvements et de paillettes. Je tourne avec des drag, peut-être qu’on pourra travailler ensemble, quand tu seras plus âgée. »

P’tain parce que pour le coup dans l’industrie on déconne pas avec ça. Je hausse un sourcil.

« Peur ? T’as jamais vu de pornos de ta vie ? »

Je froufroute de rire, la bouche pleine, manque de m’étouffer.
Elle est mignonne.

« Du porno d’auteur oui, si tu veux. »

Je suis pas certain de faire des œuvres d’art, mais je m’amuse, les autres s’amusent, et on gagne du fric comme ça. C’est quand même une perspective d’avenir qui sonne vachement chouette, comme ça.
L’amusement au bout des lèvres de Reina sonne si mignon que je ne sais pas quoi en penser, c’est pourquoi je saisis la perche de la loi.

« Pour l’instant tu n’as pas l’âge, et on ne ment pas au cinéma comme on ment en boîte de nuit. Tu reviendras me voir quand tu seras plus grande. »

Je saisis un café noir comme la mort qui traitant le mal par le mal va sans doute endiguer la migraine du moins j’espère pour lui sinon je lui nique sa mère et porte la tasse à mes lèvres.

« Non je suis juste derrière la caméra en ce qui me concerne. Je ne peux pas tout faire. »

L’âge m’aurait rapidement tiré dans les coulisses de toute manière. On vieillit vite dans le monde du porno quand on est un mec, éthique ou pas. Je la regarde coller trois sucres dans son café, grimace intérieurement.
C’est vraiment la tranche basse de ce que je me tape, ça se voit.

« Oui effectivement c’est un truc qu’on ne fait pas tous les jours mais ce genre de porno est grave dans la performance. Il nourrit des choses qu’on sait impossible et les gens ont besoin de ça. On vend des orgasmes, pas de l’espoir. »

Je repose ma tasse de café, épluche une banane.

« T’as pas école ? » je plaisante à demi.