[PEGI 18] FB - Lutin de perle / Sly

J’ai une petite trentaine centimètres de queue dans le cul quand j’attrape un téléphone piailleur que j’ai oublié de mettre en silencieux avant de me vautrer sur le canap des Pendergast.

« Tu comptes réellement réellement décrocher là ? » m’interroge Harley d’une voix étrangement calme pour quelqu’un qui est en train de baiser, mais exerçant sur mes hanches une pression qui n’appelle certainement pas une réponse négative.

Je lui lance un regard noir, appuyé sur mes coudes.

« Tu comptes me faire jouir avant la dernière sonnerie ? Non ? Donc ta gueule et pilonne, tu veux ? »

Il me répond d’un franc coup de hanche qui me met les larmes aux yeux, et ça tombe bien me direz-vous, parce que comme ça je suis dans le thème pour répondre à une Reina brassée quand je décroche.

« Disons que je suis occupé mais que ça s’arrange, qu’est-ce qu’il se passe mon lapin, pourquoi tu pleures ? »

Beaucoup de choses malsaines me font jouir mais le mal-être des autres n’en fait pas partie, je serre donc les dents et cuve mon extase montante en silence, concerné par ce qui bascule ma mini-amante dans tous ses états.

Oh.
Il était temps que ça arrive, je suppose. Putain, quelle vie de chien. Je mords dans ma lèvre tandis que Harley me fait payer plus ou moins discrètement son manque d’attention.

« Je suis...chez mon voisin. Tu te rappelles comment on vient ? La porte en face. On va voir ce qu’on peut faire d’accord ? »

Je raccroche, fixant un instant l’écran d’appel qui finit par disparaître pour revenir à celui de l’accueil, essayant d’organiser mes pensées, ce qui on l’aura compris vu ma situation relève du putain d’exploit. Je passe ma main sous moi pour attraper un truc à l’allure improbable qui vibre.

« Passe la cinquième Harley, j’ai une urgence. »



Quelques temps plus tard quand la sonnerie retentit, tout l’appartement froufroute d’avidité. Je n’y étais pas seul et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de foutre. Harley garde la baraque pendant les Pendergast sont en voyages d’affaires, donc évidemment comme ce n’est pas un enfant sage, il y a trimballé toute sa petite clique de fanfreluches trop maquillées.

« MAIS C’EST UNE ENFANT ?! » s’exclame Peppermint en ouvrant la porte.

« Oh mais petite puce... » minaude Ginger qui s’est calée dans l’encadrement elle aussi, de sorte que toutes deux forment un mur infranchissable qui ne permet à personne de voir ce qu’il se passe.

« Mais poussez-vous bande de pintades, vous allez lui faire peur. » je crache, ayant à peine passé un jean. « Bianca rappelle tes poules, putain. »

« Qu’est-ce que tu les prends jeunes maintenant. » commente Sasha en s’allumant une énorme cigarette montée sur un étui ouvragé.

« Oh elle a dix-huit ans hein, quel âge elle a Scarlet, hein ? »

« Vingt-trois, connard ! » pépie l’intéressée.

Je me faufile dans la basse-cour jusqu’à atteindre le pas de la porte et la silhouette de Reina, transie et pâle, qui clairement fait peur à voir.

« Oh trésor... » je soupire. « Viens là. »

Je me suis arrêté dans ma réflexion, appuyé contre le piano à queue trônant dans le salon, sur lequel, quelques dix ans plus tard je troncherai ma femme alors que la petite Zara digne et discrète dans un coin se tiendra sur le balcon, et je contemple ce tableau étrange.
Depuis notre rencontre on a couché plusieurs fois ensemble avec Reina, mais y’avait jamais eu autant de monde autour, et surtout pas autant de monde sur la même longueur d’ondes qu’elle au mètre carré. C’est comme si toute la clique Queer affirmée du quartier s’était réunie.
Mais ce ne sont que mes principales actrices et amies, il ne faut pas exagérer. Toujours est-il que tout le monde est quasiment à poil, ou alors avec des vêtements dont on voit plus les ourlets et les élastiques que le vrai tissu, et ça doit faire assez bizarre de voir tout ce petit monde autour de soi juste après s’être fait virer de chez soi pour avoir été…
Soi-même.

« Tu couches vraiment avec elle ? » me demande une superbe brune aux boucles longues et aux vêtements très tendance d’une couleur criarde.

« Manila, s’il te plaît. »

Elle lève les mains en signe de reddition, descend du piano sur lequel elle s’était perchée pour rejoindre Latrice qui fume sur le balcon. Je me décolle du meuble pour poser une main sur l’épaule de Reina à qui notre douce Ophelia vient de filer le meilleur des réconforts après un truc pareil – enfin tout le monde dans cette pièce serait volontiers assis entre ses cuisses avec sa queue dans la bouche pour la faire sourire, mais c’est pas le projet.

« Ils sont en voyages d’affaires pendant une semaine encore. Lui, c’est Harley, c’est leur garde du corps. Il garde la maison. Et les filles, ce sont mes amies, et certaines d’entre elles tournent pour moi. Tu n’as rien à craindre. A part des remarques de Trixie sur tes hanches. »

L’intéressée m’adresse un doigt d’honneur.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? »

Il n’y a pas de compassion dans le visage des filles quand Reina s’explique enfin ; je pense que la plupart de celles qui sont présentes ici ont vécu ça. Zara est la seule je crois à avoir des parents doux et compréhensifs – enfin qui pour l’instant n’en savent rien.
C’est malheureusement un truc que je ne pourrais jamais comprendre. Parce que ça m’est arrivé, que je n’aurai jamais de chiards, et parce que je suis naturellement d’une ouverture d’esprit qui fait que j’ai naturellement fréquenté les filles comme si c’était la chose la plus normale du monde.

« Si c’est juste ça le problème mon cœur, tu n’as pas de souci à te faire, laisse ça pour l’instant. »

Je lui presse l’épaule, aussi tactile et psychologue que d’habitude, c’est à dire pas du tout. J’ai en même temps pas l’intention de psychanalyser Reina ce soir ou de lui faire sortir tout ce qu’elle a sur le cœur. Toute cette petite troupe d’olibrius autour de nous n’est pas une famille : c’est un ensemble de personnes qui se dissimulent dans des personnages pour oublier les emmerdes noires qui les attendent dehors quand ils sont sous leur identité masculine, et qui par conséquent laissent leurs problèmes dans le couloir, sur le pas de la porte, en coulisses, en bas de la scène.
Bref, pas ici.

Alyssa renifle à l’autre bout du canapé, sans doute parce que ça doit lui rappeler sa propre histoire, et Bianca doit se dire que putain l’ambiance craint, puisqu’elle se redresse en frappant dans ses mains.

« Bon, je vais nous faire une petite tournée de cocktails et on retourne baiser, on va quand même pas chialer toute la soirée. »

Elle se traîne Trixie, Peppermint, Ginger et quelques autres dans son sillage, et elles partent piailler toutes ensemble dans la cuisine comme si rien ne s’était passé. Je jette un regard par derrière à Ophelia, l’air de lui supplier silencieusement de m’aider. Elle se penche de toute sa hauteur indécente pour lui tendre la main.

« Allez viens, on va te faire belle et tu va faire la fête avec nous. »

Zara fait partie des jeunes de ce charmant petit bazar, de celles qui ne passent pas encore leur temps le cul en l’air à chercher de la queue pour oublier leurs soucis alors je laisse Reina en sa compagnie sans plus trop me soucier d’elle. Je sais qu’elle est majeure, je sais que Apolline se fiche bien d’avoir quelqu’un à la maison tant qu’elle n’a pas l’impression d’avoir des enfants, alors ce qui tracasse ma mini-amante m’importe finalement peu.
On a beau dire que l’argent ne fait pas le bonheur : il fait disparaître bien des problèmes.

Scarlet va rejoindre les filles, les plus âgées se culbutent dans la chambre d’amis des Pendergast, et Harley s’est éclipsé de manière soupçonneuse avec Ophelia. Latrice et Manila comme d’habitude, passent leur soirée à se raconter des trucs de fille et à faire des paris sur les différentes prouesses sexuelles de la soirée – j’obtiens une gâterie vite fait sur le balcon des deux en même temps, et ne reviens dans le salon en nage et satisfait que lorsque les plus grandes viennent dire au revoir pour la nuit.

« Il sont où les poussins ? » demande Bianca avec son air de femme d’affaires. « Il faut que je les ramène ? »

J’indique la chambre d’amis.

« Si elles dorment laisse-les, je m’occupe d’elles. »

Scarlet vient me faire un bisou, ses longs cheveux superbes me caressant le cou, et prend la fuite avec Bianca et toutes les autres. L’appart immense du voisin se vide de ses parfums et de ses bruits, ne proviennent que ceux de la fenêtre. Je me laisse aller dans le canapé où je me suis fais baiser tout à l’heure, les cuisses encore chaudes et pas encore marquées des crampes qui me fustigeront les reins demain une fois les muscles refroidis. Je calcule mentalement que Zara et Reina doivent dormir.
Enfin, « dormir ».

Je tourne la tête vers Reina qui s’amène. Je l’aurais finalement pas beaucoup vue ce soir. Je lui lance un briquet pour qu’elle allume la cigarette qu’elle m’a piquée, mets le cendrier à égale distance entre elle et moi sur le canapé où j’ai regroupé mes jambes après m’être allongé, et la fixe entre mes genoux écartés, la tête appuyée sur l’accoudoir comme sur un coussin.

« Harley et Ophelia sont quelque part. » Je souffle ma fumée en regardant un plafond ouvragé. « T’as couché avec Zara ? »

Je secoue la tête, lui lançant un regard flou-fatigué, mais très honnête.

« Non. Si je ne couche pas avec les gens, je ne les connais pas. »

Quel intérêt de passer son temps à bavasser pendant des heures sur des sujets abscons quand on peut découvrir les tréfonds de l’âme de quelqu’un en lui enfonçant sa queue dans le cul, vous pouvez me le dire ?
Aucun, précisément.
L’avantage de la baise, c’est que ç’a le mérite d’être agréable et de pouvoir être extrêmement rapide. Simple, efficace.
En plus tout le monde a un cul ; tout de suite, ça rapproche.

« Chez moi ? »

Je passe mon bras libre sous ma tête pour la surélever et continuer de regarder Reina dans le cadre de mes cuisses, lui jetant une œillade espiègle.

« Qui a dit que tu venais chez moi ? »

Personne, tout le monde l’a compris. Tout le monde l’a vue se jeter dans mes bras en pleurant, tout le monde a vu comment je la regardais. Comment je la couvais du regard. Si le monde était encore là, le monde verrait comment je passe mes jambes comme deux branches d’une immense pince autour de la colonne de Reina pour tirer son petit corps contre moi.

« En face, dans mon pieu, pourquoi ? »

De toute évidence cette soirée a permis de relâcher la tension glaciale qui m’avait rendu une petite Reina transie et ne sachant que faire de sa vie, puisqu’à ma plaisanterie de mauvais goût, elle décide de rire, comme si elle était assurée que je ne la laisserais pas tomber. Je sais que ce soir elle aura perdu un peu de son insouciance, mais il lui reste au fond des yeux cette espièglerie naïve de la jeunesse qui rend mes hanches toujours un peu plus brûlantes.
Voyant que Reina n’oppose ni résistance ni absence de consentement – je suis con mais pas à ce point – je serre un peu plus les cuisses autour d’elle, autant dans une forme de tendresse que pour me sentir de secondes en secondes bander un peu plus contre elle.

« Où ça ? »

Je perche ma clope agonisante au coin de mes lèvres et caresse son dos du bout de mes doigts désormais libres.

« Chez moi ou dans mon lit ? »

Le bruit des petits pas légers de Reina annonçant sa présence me fait sautiller les tripes. Je me retourne pour me la prendre en pleine poire, ses serres se crispant sur les pans encore ouverts de mon fut’ qui menacent à tout moment de me charcuter la queue de leur mâchoire dentelée. Elle grogne, et elle a l’air presque mâle soudain, sans ses artifices et avec ses volontés animales qu’on sent jusqu’ici. La faute à un comportement bien trop sage de sa part et de celles des autres poussins, cachés dans la chambre d’amis comme sur un îlot au milieu des requins.
Je lui saisis les hanches et si je lui touche à peine les lèvres dans le rire communicatif qui me secoue, je l’embrasse dans le cou avec ce qui ressemble à de la passion : je promène ma bouche contre son pouls, je sens cette odeur, sous le maquillage que lui ont prêté les petites, qui n’appartient qu’à elle, juste à l’angle de sa mâchoire.

Apolline n’est pas là ce soir ; je ne sais pas où elle est et tant que mon téléphone ne sonne pas tout va bien. Chacun fait sa vie, et moi je fais la mienne en saisissant les cuisses toutes fines de Reina pour la soulever dans mes bras.

« Je suis là. »

Je mords dans sa lèvre inférieure avec avidité et une pointe de sentiments. C’est que j’ai passé une excellente soirée, que j’ai été défoncé à la chaîne avec une telle cadence que je n’ai pas eu le temps de penser à me camer et à me bourrer la gueule pour oublier mes soucis du quotidien, je pétille simplement d’endorphines, de phéromones et d’espoir pour l’espèce humaine.

« J’ai envie de te faire l’amour. Tu sais faire ça ? Je vais te montrer comment on fait. »

Je passe mon bras sous les fesses de Reina et l’autre dans son dos comme si j’hésitais à tenir contre moi l’amante ou la gamine. C’est avec le mélange des deux que je me détourne de la salle de bains – où j’allais à la base pour être sûre qu’elle me trouve – pour aller dans la chambre. La mienne, pas celle dans laquelle elle a dormi le soir où on s’est rencontrés.
Je grimpe à genoux sur le matelas d’un lit absolument immense, laisse s’échouer sous moi, dans une marée de coussins de toutes les couleurs, le corps bondissant de Reina, toute fluette dans ses fringues trop grandes. Les différentes loupiotes qui se sont allumées dans la chambre à notre entrée creusent son visage fatigué et son corps peut-être un peu mince, mais ce n’est pas grave. Mon cerveau s’en fout, mon corps s’en fout, ma queue s’en fout.
Mon cœur s’en fout.

Ployé au dessus d’elle, aussi prédateur que protecteur, je lui attrape les lèvres et je l’embrasse, sans grâce ni douceur, mais avec une intensité qui pouvait être seulement excusée jusqu’à présent par les substances que je prenais avant – ou pendant – nos relations sexuelles. A genoux les cuisses calées contre ses fesses, je l’embrasse comme si j’allais lui promettre l’amour pour toujours parce que c’est comme ça que ça commence, c’est comme ça que ça marche, par une envie et un espoir, une promesse qu’on sait qu’on ne pourra pas tenir pour mille raisons, mais à laquelle on croit. J’abîme mon corps contre le sien, remontant du bout des doigts le tissu trop lâche de son tee-shirt sans jamais essayer de lui enlever, comptant ses côtes un peu saillantes et ses battements de cœur qui s’affolent sous mes phalanges.